Objectif Glasgow 76 – Saint-Etienne-Dynamo Kiev : Jour J – La ville est en fête

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Dernier blog : Rocheteau s’entraîne

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Mercredi 17 mars. A Saint-Etienne, c’est le grand jour. L’excitation dans la ville est plus que palpable. Les heures qui précèdent la rencontre sont interminables. Pour faire patienter toute une ville, une région et une bonne partie de la France, une programmation exceptionnelle radiophonique et télévisuelle a été orchestrée. Toute la journée, Saint-Etienne vit au rythme de ses Verts : la France sportive a l’oreille collée à son transistor. Les directs se succèdent à un rythme effréné.

La télévision et la radio occupent la ville

Dès 9 heures, FR3 et Bruno Alix ouvrent les micros. Il interviewe en direct Claude Abbes, l’ancien gardien stéphanois des années 50. Le comédien Claude Piéplu intervient à son tour sur le plateau. Depuis le lundi, il a investi le théâtre de la Comédie pour y jouer avec Philippe Laudenbach la pièce de Roland Dubillard, « Les diablogues ».

Europe 1 occupe la place

 A 9 h 15, en direct de Manufrance, Denise Fabre, tout de noir vêtue, anime « L’émission sourire ». Grippée, la célèbre animatrice qui ne se départit jamais de sa bonne humeur, lance le marathon radiophonique. « L’antenne me dope, c’est le meilleur des remèdes. », dit-elle. C’est parti pour une heure trois-quarts d’antenne. Le thème est tout trouvé puisque les auditeurs interviennent sur la fabrication des armes, du cycle et de la machine à coudre. Le timing est serré, Denise sait qu’elle n’a pas droit à une minute de plus.

A 11 heures, Christian Morin, en direct de l’Office d’accueil, prend le relais. Rue Gérentet, la foule est au rendez-vous. L’animateur radio débute son émission « Pile ou face » . Hier auditeurs, les Stéphanois ont aujourd’hui la chance de suivre le jeu en direct. Les 85 400 F. de la cagnotte en font saliver plus d’un. Personne ne trouve la fameuse « voix mystérieuse ». L’émission se termine et Christian Morin repart avec sa cagnotte de 86 100 F.

Il est 12 heures. A la salle des Mutilés, Harol Kay, Jean-Marc Epinoux et Jean-Paul Rouland animent le jeu de Pierre Bellemare « 20 millions cash ». Les trois animateurs doivent user de leur professionnalisme pour que leur émission se déroule dans les meilleures conditions possibles. En effet, des étudiants en grève scandent à deux reprises leurs revendications. C’est d’ailleurs l’un d’eux du nom qui décroche la somme d’1 millions d’anciens francs pour avoir répondu brillamment au jeu de la « chanson-stop. »

« Fermé pour cause de Coupe d’Europe »

A Saint-Etienne, les commerçants ne sont pas en reste. Les jours de Coupe d’Europe, les magasins tirent le rideau dès 14 heures. Certains mêmes ont fait imprimer de grands écriteaux où l’on peut lire :

« Fermé pour cause de Coupe d’Europe »

Les chefs d’entreprise aménagent les horaires de leurs employés. Toute la ville se met au diapason pour ne plus faire qu’une. Une édition spéciale du journal du club ASSE Actualités  tirée exceptionnellement à 20 000 exemplaires, est distribuée par les 3 000 Membres Associés que compte la capitale du cycle. «La Coupe d’Europe à Saint-Etienne, c’est l’affaire de tous : on n’assiste plus aux matches, on y participe. C’est ainsi que le public stéphanois est devenu dans l’espérance du succès, un des grands arguments de l’ASSE», dit Albert Batteux.

Dans son édition du 16 mars, l’hebdomadaire FranceFootball et la radio RMC ont réalisé conjointement un mini-sondage aux quatre coins de Saint-Etienne. Voici l’opinion d’une ville qui y croit dur comme fer.

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A 14 heures, Danièle Gilbert reprend l’antenne. Toujours en direct de l’Office d’accueil, elle répond aux questions des auditeurs sur des sujets aussi divers que variés. La chanteuse italienne Gigliola Cinquetti intervient en direct depuis Paris. Dans la salle, une chorale de supporters entonne des « Allez les Verts ! Allez Danièle ! » Et il y a tous ceux qui n’ont pas pu rentrer dans la salle. Ceux-là écoutent le déroulé de la journée dans leur voiture ou l’oreille près de leur poste-radio. Il est bientôt l’heure de rendre l’antenne pour l’animatrice courageuse. Elle doit désormais faire face à la nuée de spectateurs qui souhaitent un autographe en guise de souvenir. Elle s’exécute et s’interroge entre aller prendre un bain de soleil ou un bon grog.

A 16 h 30, le premier moment tant attendu par les Stéphanois. En direct du Palais des Sports, Jean-Loup Lafont et Jean-Michel Desjeunes animent le super show de la journée. Ils sont 4 000 privilégiés à avoir récupéré le précieux sésame. La salle est plus que remplie. Le service d’ordre doit face à de nombreuses bousculades alors que le service médical évacue les personnes qui s’évanouissent. Europe 1 a réuni un plateau exceptionnel pour son émission hebdomadaire « Tout peut arriver ». Ils sont neuf à avoir fait le déplacement en avion spécial depuis Paris : Joe Dassin, le groupe « Il était une fois », Daniel Guichard, Julien Clerc, Sacha Distel, Nicolas Peyrac, Martin Circus, Gérard Lenorman et Guy Bedos sont bien là.

« A Paris, nous n’avons jamais tant de vedettes »

© Dessin de Robert Déro. Collection particulière.
L’Equipe, 19 mars 1976. © Dessin de Robert Déro. Collection particulière.

Seuls manquent à l’appel, Dalida, malade et Alain Barrière. Jean-Michel Desjeunes ne s’offusque pas plus que ça de ces deux défections même s’ils les regrettent : « A Paris, dit-il, nous n’avons jamais tant de vedettes. » Les huit stars de la chanson française se succèdent sur la scène pour chanter leurs derniers succès. Daniel Guichard est habillé d’un beau manteau de fourrure alors que Joe Dassin a préféré la tenue en jean. Seul bémol : les sifflets à l’encontre de Guy Bedos. L’humoriste ne fait pas l’unanimité et quand il ose la phrase « Je n’aime pas le football », à Saint-Etienne, on n’apprécie guère. Surtout pour un jour aussi important pour une ville qui ne vibre que pour son football depuis plusieurs semaines.

Herbin chez Chancel

A 17 heures, France Inter diffuse la célèbre émission « Radioscopie » de Jacques Chancel. L’invité est Robert Herbin. Extraits.

Jacques Chancel : « Dans trois heures trente, le match. Enervé ?
Robert Herbin : 
« Je me suis aperçu que je devenais mauvais lorsque je me laissais gagner par l’énervement et, à plus forte raison, par la colère. La haine ? Connais pas, sinon, quelquefois, quand je reçois des lettres d’insultes anonymes (ça m’arrive). La violence ? Ce n’est pas le genre de la maison.

– Confiant ?
– Comme on peut l’être quand on sait, par expérience, que les équipes aux rouages les mieux huilés peuvent perdre subitement de leur superbe si elles sont tant soit peu bousculées.

– Un métier le football, vraiment ? Si c’était à refaire ?
624402de7fe06f4a76e0d4f7a73d3de4-300x282– Je referais sûrement la même chose, mais je m’arrangerai tout de même pour étudier plus attentivement le solfège. Mon père est professeur au Conservatoire de Nice et je crois que dans le domaine qui est le sien, il ressent des joies aussi grandes que celles que je peux moi-même connaître. Mais le football est aussi un art et les footballeurs sont des créateurs. Du moins, à mes yeux. C’est bien pourquoi je lui ai sacrifiés, en partie, mes études. Mais vous savez tout se rattrape : je bouquine, je visite les musées, je me promène dans la nature. Mon livre de chevet ? Le dictionnaire ! Non, ce n’est pas une blague ! Au début, c’était pour l’orthographe (pas toujours parfaite), mais, maintenant, c’est pour le plaisir. Un jour, je ferai, peut-être, le tour du monde en bateau. Ravi de savoir, Jacques Chancel, que depuis quelques années, les sportifs s’expriment aussi bien que certains savants ou certains politiciens…

– Un homme, ça n’a pas de prix. Comment peut-on faire du commerce sur le dos d’un homme qui joue au football ?
– En football, on ne joue pas en « play back ». Les vedettes de la chanson chantent sur du velours et gagnent infiniment mieux la vie. Qui s’en indigne ? Il faudrait que les gens puissent vivre au sein d’un club pour comprendre réellement ce qu’est un footballeur digne de ce nom. En tout cas, à Saint-Etienne, le football n’est pas un commerce. C’est bien pourquoi j’y suis resté.

« Quand on donne quelque chose de beau au public, il est capable de l’accueillir. »

Jacques Chancel

– Le trac ?
– Surtout au moment de composer l’équipe. Il faut savoir bannir tout sentiment et ne penser qu’à l’équipe dans son ensemble. Or, ça ne se voit peut-être pas, mais je suis assez sentimental. Et ce n’est pas toujours facile d’expliquer à un joueur pourquoi on ne l’a pas choisi, surtout quand il s’agit d’une intuition.

– Ces joueurs qui s’embrassent… En rugby, on est plus sobre.
– Je trouve ce genre de réaction tout à fait légitime. Contrairement à ce que l’on croit, ces embrassades sont parfaitement spontanées. Une sorte de délivrance. Parfois, de mon banc de touche, j’ai envie d’y participer.

– Et si le succès vous tournait le dos ?
– Je crois que Saint-Etienne est armé pour le succès, mais, également pour l’échec dans la mesure où nos structures sont suffisamment solides pour ne pas nous enliser dans un déclin définitif. Ici, je crois qu’on peut toujours aller de l’avant et c’est bien pourquoi j’ai préféré songer d’abord à une équipe de club plutôt qu’à l’équipe nationale. Cela dit, je pense que l’équipe nationale n’a pas joué sur sa vraie valeur toutes ces dernières années.

– Votre vie privée ?
– Je la protège de toutes mes forces. Mais je veux bien vous dire que, rentré à la maison, nous ne parlons pas football, ma femme, ma fille et moi. Ma femme accepte pourtant de venir aux matches maintenant que je n’entre plus sur le terrain. Ma fille veut devenir journaliste.

– La vieillesse ?
– A l’entraînement, avec mes joueurs, je me sens encore aussi jeune que ceux qui ont dix ans de moins que moi. Je vais essayer de continuer dans cette voie. »

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Enfin, à 19 h 20, Etienne Mougeotte, qui a investi un bureau du stade Geoffroy-Guichard, s’entretient avec Michel Durafour, le maire de la ville.

Thierry CLEMENCEAU

       

Dans moins de 24 heures, revivez le 1/4 de finale retour entre Saint-Etienne et le Dynamo de Kiev.

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Le Chaudron se visite aussi

Le Musée des Verts a fêté son deuxième anniversaire. Vous pouvez visiter le stade Geoffroy-Guichard. Le billet d’entrée combiné « stade Geoffroy-Guichard/Musée des Verts » permettra aux supporters de visiter le stade et le musée le même jour ou de visiter le musée ultérieurement, votre ticket étant valable un an à compter de la date d’achat.

Pendant une heure, les supporters des Verts pourront découvrir les coulisses du Chaudron au cours d’une visite guidée exceptionnelle: salle de presse, vestiaire de l’ASSE, couloir d’accès au terrain avec la mythique inscription « Ici, c’est le Chaudron », bord de pelouse, salon des Présidents… Ils pénétreront ainsi dans les lieux habituellement réservés aux joueurs, staffs, dirigeants et officiels.

Rénové dans le cadre des quatre rencontres de l’Euro 2016 programmées à Saint-Etienne, le stade Geoffroy-Guichard appartient à la communauté d’agglomération Saint-Etienne Métropole. Cette rénovation est l’œuvre des architectes de Chaix & Morel et Associés et une réalisation de la société Léon-Grosse. Geoffroy-Guichard est un stade mythique mais désormais également design et écologique.

TARIFS
Plein tarif :
15€.
Tarif réduit : 12€ (+ de 60 ans, -18 ans, étudiants, PMR, demandeurs d’emploi, CE de 20 personnes et plus, groupes de 10 personnes et plus).
Etablissements scolaires et clubs de football amateurs : 10€.
Pack « famille » (2 adultes + 2 enfants) : 42€.

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« C’est notre plus belle victoire… »

Quatorze anciens Verts se sont retrouvés au Musée des Verts pour le vernissage de l’exposition « 40 ans après… Retour sur l’épopée des Verts », visible jusqu’au 15 mai 2016. L’occasion pour les instigateurs de la meilleure saison de l’histoire du club de se remémorer les moments qui ont façonné l’une des plus belles pages du sport français. Retrouvez les anciens Verts sur :

ASSE.fr

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Plus de 112 480 visiteurs ont parcouru le Musée des Verts depuis son ouverture le 20 décembre 2013. Et vous ?

http://www.museedesverts.fr

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Auteur : surlaroutedesverts

Comme Obélix, tout petit, je suis tombé dans le Chaudron. Et je n’en suis jamais sorti. Mon premier souvenir d’un match des Verts remonte au 17 mars 1976. Ce soir-là, Saint-Etienne s’offre une qualification pour les demi-finales de la plus prestigieuse des Coupes d’Europe face au Dynamo de Kiev. Quel plus beau cadeau, le jour de mes 9 ans, que de voir Dominique Rocheteau, Charentais maritime comme moi, faire exploser le stade Geoffroy-Guichard. A travers ce blog, je vous propose de revivre huit décennies de moments forts de l’histoire du club, d’anecdotes croustillantes, de personnages emblématiques et de  matches inoubliables dans une ambiance unique en France…

6 réflexions sur « Objectif Glasgow 76 – Saint-Etienne-Dynamo Kiev : Jour J – La ville est en fête »

  1. Un très bon souvenir télévisé en famille (pour ma part j’avais huit ans). Le foot-buisness était beaucoup moins buisness, les ambiances chaleureuses mais jamais haineuses… bref une belle époque. Allez les Verts 76 sur la scène européenne ! L’équipe favorite de mon père. On vibrait ensemble des exploits et des renversements de situation dont les Stéphanois s’étaient fait les spécialistes. Geoffroy-Guichard : beaucoup de chaleur humaine et d’intenses moments de sport et de vie. Ah, le 3ème but… je nous revois encore devant le poste !

    Un Lyonnais (comme quoi…)

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  2. Souvenir qui restera gravé à jamais dans ma mémoire. j’avais 12 ans et nous avions été voir le match chez un voisin car il avait la télé couleur.
    A cette époque le maillot était mouillé, ils avaient les trippes nouées à l’entrée dans le chaudron…
    Ce 3ème but … UNE JOIE IMMENSE … MERCI LES VERTS…

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  3. Moi, j’avais 16 ans et c’est mon pere qui m’a donné le virus vert !
    on écoutait les matchs a la radio et les ambiances étaient terribles …….
    Avec des verts qui à l’époque ne renoncaient jamais à GG
    Moi qui était banlieusard à l’époque je suis devenu VERT A JAMAIS !!!!!

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  4. Drole de souvenir!
    Ce jour là j’étais au stade avec mes frères et ma soeur. Quelle Joie.
    De retour à la maison, triste nouvelle: Papa avait fait un infarctus au deuxième but et était décédé. Lui supporter des verts n’aura jamais su.

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  5. Déjà 40 ans…j’avais 8 ans en mars 1976 et ces soirées resteront toujours dans ma mémoire et mon cœur. Chaque fois que passe à la radio (encore hier matin sur RTL) un extrait du match et notamment le but de Rocheteau, j’ai les larmes aux yeux.
    Aucun événement depuis l’épopée des Verts ne m’a donné de si fortes émotions. Sans doute la nostalgie de l’enfance et d’une époque heureuse mais surtout l’amour d’un club, d’une équipe unique…
    Allez les verts !

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  6. j avais 19 ans! je faisais la queue à Geoffroy-Guichard la nuit pour avoir des places!!! c’était la magie stephanoise!! Merci les Verts pour tous ses souvenirs graves dans le coeur a tout jamais !!!

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