Blog 11 – Reims – « Quel match ! »

Qu’il est difficile d’être leader ! Aussi paradoxal que cela puisse paraître, Saint-Etienne vient d’en faire la difficile expérience ce dimanche contre Metz. Bien que vainqueur 2 à 0, les spectateurs du stade Geoffroy-Guichard ont quitté le stade en faisant la fine bouche. Face à une équipe messine qui a souvent bétonné en défense en alignant huit joueurs dans sa moitié de terrain, les attaquants stéphanois n’ont pu trouver la faille aussi souvent qu’ils l’auraient souhaité. Jean Snella reconnaît après coup : « Je peux le dire maintenant, je craignais beaucoup cette rencontre où nous avions tout à perdre et si le résultat me satisfait, en revanche, je ne suis qu’à demi content du jeu de notre équipe. »

L’indispensable Kees Rijvers

Absent contre Metz, le Hollandais avait dû renoncer à tenir sa place. La faute à une douleur sur le coup de pied subie contre le Racing. Remplacé par le jeune Mekloufi, l’expérience tentée par Snella n’a pas été une franche réussite. Davantage buteur qu’organisateur, Rachid n’a que rarement pesé sur le jeu. Par son absence, Kees Rijvers a montré, s’il en était besoin, qu’il est pour beaucoup dans l’excellent début de saison de son équipe. La précision de ses passes et ses ouvertures en profondeur font souvent le bonheur de ses attaquants.

« Dimanche prochain, pour rencontrer Reims, nous aurons Rijvers dans nos rangs. Nous serons peut-être battus, mais de toute façon, nous jouerons beaucoup mieux. » Ce constat fait par Jean Snella est partagé par son capitaine René Domingo. « Avec l’équipe de Reims, on est certain de bien jouer. Et lorsque les adversaires jouent bien, il est rare que nous n’en fassions pas autant. »

Jean Snella ne manque d’humour. En massant consciencieusement ses joueurs avant un match, Jean Snella s’est exclamé : « Ca ne sert à rien, mais ça leur donne le moral. »

 

A match exceptionnel, préparation exceptionnelle. Ce dimanche se joue la première place au classement. Mais cette rencontre est aussi la confrontation de la meilleure attaque, celle de Saint-Etienne, à la meilleure défense, celle de Reims.

 

Bilan après six matches

Saint-Etienne est le leader incontesté de la Division 1. Avec 5 victoires et 1 match nul, le club ligérien est digne de ses prédécesseurs. Marseille et Toulouse en 1954, Reims et Bordeaux en 1953 et Roubaix en 1951 avaient fait aussi bien. Seuls Nice en 1955 et Lille en 1949 avaient fait mieux.

Depuis le 19 août, date du début de la compétition, les Verts ont inscrit 26 buts, soit une moyenne de 4,33 buts par match. Un an auparavant, le futur champion de France niçois avait inscrit le même nombre de buts. Avec 9 buts à son passif, elle occupe, en revanche, la 5e place derrière Reims (4), Nîmes (6), Lyon et Sochaux (8).

 

Depuis le milieu de la semaine, Jean Snella fait travailler durement ses joueurs à raison de deux séances quotidiennes. Les joueurs, à l’image de l’influent Kees Rijvers, ont un moral d’acier. A Reims, ils auront à cœur de démontrer que la « maigre » victoire contre Metz (2-0) n’était due qu’à une fatigue passagère engendrée par leur déplacement à Paris.

 

« En sept ans, nous n’avons été battus qu’une seule fois, à Reims, et de justesse du fait d’un penalty. Nous y avons obtenu trois victoires au cours des trois dernières saisons et trois matches nuls. Pourquoi ferions-nous plus mal cette saison, alors que notre équipe est en belle forme ? »

René Domingo, capitaine de l’ASSE

En milieu de semaine, l’Amicale des Supporters de l’ASSE a communiqué qu’elle n’organisera pas de déplacement pour ses supporters à Reims. Faute d’encouragements, les Stéphanois ont accueilli avec soulagement que Kees Rijvers tiendra bien sa place au stade Auguste-Delaune. Autre bonne nouvelle : Eugène N’Jo-Lea, victime d’une contracture à une cuisse, sera lui aussi du voyage. Son duel avec le demi-centre rémois Robert Jonquet est très attendu, surtout par ce dernier qui a en souvenir leur duel de la dernière saison qui avait tourné à l’avantage du Stéphanois, auteur d’un but.

 

Saint-Etienne peut remercier Reims

Le dimanche 10 juin 1956, Saint-Etienne peut remercier le Stade de Reims. Avant le dernier acte du Championnat de France Amateurs (CFA), Mulhouse compte 2 points d’avance sur son deuxième Saint-Etienne (4).

En déplacement à Reims, il suffit d’une victoire ou d’un nul aux Alsaciens pour s’adjuger le titre. De leur côté, les Stéphanois qui reçoivent Bordeaux n’ont d’autre alternative que de gagner pour espérer dépasser Mulhouse à la différence de buts.

Mulhouse, alors invaincu dans la poule finale de CFA, chute lourdement en Champagne 6 à 1. Dans le même temps, Saint-Etienne vainqueur de Bordeaux 3 à 0 rejoint Mulhouse à la première place. Les Stéphanois sont sacrés champions de France 56 grâce à une meilleure différence de buts (+ 8 contre – 2).

« Olek » obtient une « perm’ »

Jean Oleksiak a reçu un ordre de mutation lui demandant de quitter son régiment d’aviation d’Aulnat pour le Bataillon de Joinville où sont regroupés tous les sportifs susceptibles de participer aux matches internationaux militaires. La tuile pour l’ASSE : il devait intégrer sa nouvelle unité militaire dès ce samedi. Sur insistance de Jean Snella, le club stéphanois a demandé et obtenu que son intégration soit repoussée au lundi. L’inter droit stéphanois regagnera donc la capitale dès le dimanche soir mais contrairement à ses coéquipiers qui repartiront en wagon-couchettes à Saint-Etienne, il passera la nuit dans la capitale.

L’équipe alignée par Snella chez le co-leader sera par conséquent la même que celle qui s’était brillamment imposée à Sedan (6-2).

 

« Le terrain de Reims nous réussit si bien qu’au cours des sept dernières années, nous y avions gagné trois fois, obtenu trois matches nuls et perdu une seule fois. Encore faut-il préciser que cette défaite fut la conséquence d’un penalty immérité accordé aux Rémois et d’un but qui nous fut injustement refusé. »

Alex Fontanilles

 

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Le Stade de Reims

Début mars 56, la rumeur d’un probable transfert de l’attaquant-vedette du Stade de Reims Raymond Kopa au Real Madrid prend forme. L’international argentin Alfredo Di Stefano ne cache plus son admiration pour l’attaquant tricolore : « Kopa est déjà un ami. Je souhaite ardemment sa venue au Real, car c’est pour moi l’un des deux ou trois meilleurs joueurs du monde. Et je puis vous garantir que tous mes partenaires pensent la même chose. »

Début avril, Reims, le champion 1955, perd ses dernières illusions sur le plan national en s’inclinant 1 à 0 à Marseille. « C’est fini et bien fini », lâche le président Germain désabusé.

Le 13 juin, Raymond Kopa dispute l’un de ses derniers matches avec son club. Au Parc des Princes, le club champenois dispute la première finale de la Coupe d’Europe au Real Madrid. Devant 40 000 spectateurs, le futur club de l’international français s’impose 5 à 4. Après la rencontre, Kopa s’interroge : « Après ce que je viens de voir au Parc des Princes, je me demande si le Real a besoin de moi. » Quelques mois plus tard, Reims cède aux avances du club espagnol. Raymond Kopa s’engage avec le grand Real Madrid pour 3 ans moyennant 50 millions de francs (dont 19 pour le joueur). Autre départ estival, celui de l’ailier gauche Jean Templin pour Lens.

Avant de prendre congé du club pour quelques semaines, les Rémois s’envolent pour une tournée en Indonésie. A leur retour, Henri Germain renouvelle tous les contrats à l’exception de Jean Templin, futur pensionnaire du RC Lens et de Paul Sinibaldi.

REIMS-HIBERNIAN EDIMBOURG (2-0)
Albert Batteux (au centre) est en grande discussion avec son président Henri Germain (à gauche) et Armand Penverne (à droite). (Photo PRESSE SPORT / Reproduction interdite)

 

Ces deux mouvements confirment qu’une nouvelle ère s’ouvre à Reims. « Peut-être étions-nous tentés de nous laisser aller et de croire que les années fastes dureraient toujours, dit Henri Germain, le président rémois. Nous acceptons toutefois d’être ramenés brutalement aux réalités et nous lutterons pour maintenir notre réputation et ne pas nous laisser dépasser. »

Kopa et Templin partis, Reims, comme la plupart des clubs français, a également dû faire face au départ massif de ses militaires pour l’Afrique du Nord. Parmi les quatre jeunes réquisitionnés dont deux internationaux, l’avant-centre René Bliard et l’inter Leblond (auxquels il faut ajouter  Giraudo et Siatka). « Sur le papier, notre équipe de Championnat 1956-57 n’a pas mauvaise allure malgré l’absence de quatre militaires, a tenté de rassurer le président Germain. Avec Reims, les clubs du Championnat de France trouveront encore à qui parler. »

Vincent et Fontaine débarquent

Pour combler cette demi-douzaine de départs -dont quatre temporaires-, Henri Germain a dû dépenser l’argent récolté par le transfert du seul Kopa. Les 31 millions tombés dans l’escarcelle du club ont servi à attirer dans ses filets le Niçois Just Fontaine (10) en disgrâce à Nice. Après avoir essuyé un refus poli de Nancy pour Roger Piantoni, Reims a obtenu le transfert du Lillois Jean Vincent (21 millions de francs) après la descente du LOSC en Division 2.

Maouche l’inconnu

« Maouche, que vous ne connaissez pas, est chez nous depuis le 27 mai. Il vient de Saint-Eugène d’Alger. Il a 20 ans et tout à fait le type athlétique de Pierre Sinibaldi. » Henri Germain est fier de sa trouvaille. Si Mohamed Maouche est Rémois aujourd’hui, il peut remercier les dirigeants de Saint-Eugène. En effet, en 1953, quand le petit Maouche débarque à Paris pour y disputer le Concours du Jeune Footballeur, il est immédiatement repéré par Nice. Classé 4e, les dirigeants azuréens lui font signer un contrat de non-sollicitation. Le club algérien refuse alors de libérer son jeune talent naissant. Au fil des mois, le natif d’El Biar se fait une place dans le onze de l’équipe première alors entraînée par le Français Paul Baron. Invité à disputer une rencontre amicale à Alger contre le Gallia, Reims a tenté d’incorporer le jeune joueur… sans succès. Les dirigeants français, loin d’être résignés, ont alors fait venir Maouche à Reims pour disputer une rencontre contre les Brésiliens du Botafogo. Convaincant, il s’est engagé avec l’équipe la plus prestigieuse de ces dernières années.

 

« Encore une fois, j’ai eu l’impression que c’était le Diable qui avait la charge du but stéphanois. »

Simon Zimny maudit Claude Abbes après la défaite du Stade de Reims contre Saint-Etienne (1-2) au stade Auguste-Delaune le 15 avril 1956.

Aller-retour Reims-Lisbonne

Le Stade de Reims n’a préparé dans des conditions idéales son match contre Saint-Etienne… Large vainqueur de Sedan 4 à 0 au stade Emile-Albeau lors de la 6e journée de Championnat de D1, les joueurs et dirigeants champenois ont alors dîné ensemble avant de s’envoler dès le lundi pour Lisbonne. Invité par le club de Belenenses à inaugurer son nouveau stade de Reatelo à 23 heures, heure. Les hommes d’Albert Batteux se sont inclinés 2 à 0. Ils sont rentrés en France dès le mercredi en fin de soirée.

Le jeudi matin, au Parc Pommery, les visages paraissent fatigués. Les habitués des entraînements ont du mal à croire que leurs joueurs s’apprêtent à jouer la première place au leader stéphanois. Après une séance de culture physique, Albert Batteux propose à ses joueurs des petits matches disputés à trois contre trois. Encore las du déplacement à Lisbonne, Robert Jonquet prétexte un problème à une cheville, Léon Glovacki se contente d’arbitrer ses camarades tandis que Michel Hidalgo accepte l’exercice mais à contrecoeur : « J’ai des ampoules aux pieds », dit-il en bougonnant. Seul Vincent arbore un large sourire.

A Lisbonne, Armand Penverne a effectué sa rentrée. Il a disputé la totalité de la rencontre mais ce jeudi matin, il semble souffrir de son genou. Pour son entraîneur : « Rien d’inquiétant à ce sujet. Armand s’est ressenti de son manque d’activité et il est normal qu’il ait témoigné d’une condition physique inférieure à celle qu’exige la compétition. »

 

Quand les Verts jouaient les arbitres…

Le 29 mai 1948, au stade Geoffroy-Guichard, se joue un mélodrame. Le Stade de Reims, encore en lice pour le titre de Champion de France, se déplace à Saint-Etienne lors de l’ultime journée de la saison 1947-48. L’équipe d’Henri Roessler est classée 2e (46 points) à une unité du leader Marseille (47). « Nous gagnerons » disent en chœur Pierre Flamion et Robert Jonquet. Ce que les Rémois avaient oublié, c’est que les Stéphanois avaient corrigé Lille (8-3) le 2 mai. Bons joueurs, les Stéphanois

D’entrée de jeu, les Rémois sont dépassés et après cinq minutes, Alpsteg et ses coéquipiers mènent déjà 2 à 0 grâce à deux buts d’Antoine Cuissard (2e et 5e). Cueillis à froid, ils en encaissent un troisième vingt minutes plus tard par Lauer (19e). Albert Batteux et ses coéquipiers ne s’attendaient pas à une telle réception. Les Rémois inscrivent deux buts mais s’inclinent finalement 3 à 2. Au coup de sifflet final, Henri Roessler est furieux : « C’est votre faute, dit-il à ses joueurs. Toi, Petitfils, les Stéphanois eux-mêmes t’avaient pourtant mis en garde gentiment… contre le « danger Cuissard ». Le pire de l’histoire, voyez-vous, c’est que nous venons de concéder notre première défaite à Saint-Etienne en Championnat national ! Elle nous a fait perdre non seulement la première place, mais encore… la seconde au profit des Lillois. »

DEPART FRANCE AVANT PORTUGAL
Le 29 mai 1948, les Rémois s’inclinent à Saint-Etienne. Antoine Cuissard est le principal protagoniste de leur défaite. (Photo PRESSE SPORT / Reproduction interdite)

Ce 29 mai 1948, Reims n’a pas perdu le titre à Saint-Etienne. Marseille a obtenu le point qu’il était venu chercher à Sochaux (2-2) pour s’assurer de finir à la première place. En revanche, ce que les Rémois n’avaient pas prévu, c’est qu’ils seraient coiffés sur le poteau pour la deuxième place par Lille, vainqueur à Sète (2-1). Saint-Etienne termine, quant à lui, à une belle 4e place

♦ ♦ 

Ce dimanche 30 septembre, la Champagne est en ébullition en cette période de vendanges. Si le stade Auguste-Delaune affiche complet (15 318 spectateurs), le record d’affluence pour une rencontre de football dans l’enceinte rémoise ne tombe pas. Le précédent record détenu par un certain… Sedan-Saint-Etienne (22 046) en Coupe de France disputé le 25 février 1951 a encore de beaux jours devant lui.

Duels d’internationaux avant France-Hongrie

Paul Nicolas et Pierre Pibarot, respectivement directeur et entraîneur de l’équipe de France ont pris place dans la tribune d’honneur. En effet, se profilent à l’horizon plusieurs matches internationaux à commencer par le France-Hongrie le 7 octobre à Colombes. Plusieurs joueurs sont en balance pour un poste de titulaire en équipe de France, notamment Rachid Mekloufi (20 ans) et Léon Glovacki pour celui d’inter droit. Même si le jeune Stéphanois a été invité à rallier Paris dès le mardi suivant la rencontre pour rejoindre les Espoirs, il est probable que le plus convaincant des deux sera sélectionné pour rejoindre les « A » .

REIMS-ST ETIENNE (4-5)
A Reims, Claude Abbes a encaissé quatre buts, mais au final, c’est Saint-Etienne qui est sorti vainqueur de ce duel au sommet avec Reims. (Photo PRESSE SPORT / Reproduction interdite)

Stade de Reims-Saint-Etienne : 4-5 (3-3)

Spectateurs : 15 318. Recette : 3 930 395 F. Arbitre : M. Guigue. Buts.- Reims : Fontaine (17e, 21e, 35e), Glovacki (84e) ; Saint-Etienne : N’Jo-Lea (1ère), Rijvers (15e), Mekloufi (27e, 73e, 90e).

Reims : Jacquet – Zimny, Jonquet, Schollhammer – Cicci, Davanne – Hidalgo, Glovacki, Fontaine, Barutto, Vincent. Entr. : Batteux
Saint-Etienne : Abbes – Wicart, Tylinski, Wasmer – Ferrier, Domingo – Oleksiak, Mekloufi, N’Jo-Lea, Rijvers. Entr. : Snella.

1ère : N’Jo-Lea s’échappe sur l’aile gauche, crochète Jonquet et refroidit d’entrée le stade Delaune (0-1).
17e : Fontaine se joue de Tylinski sur le côté droit. Il se présente seul face à Abbes. Sa tentative de lob trouve Hidalgo plus prompt que Wassmer. Le but est accordé à Fontaine (1-1).
21e : Fontaine, en position d’inter gauche, évite Ferrier et décroche un tir somme toute bénin. Claude Abbes plonge mais le ballon lui passe sous le ventre. Reims prend l’avantage (2-1).
25e : N’Jo-Lea alerte Lefèvre sur son aile gauche. Lancé à toute vitesse, il élimine Zimny et sert Rijvers en position d’avant-centre. Le Hollandais ne se fait pas prier pour tromper Jacquet (2-2).
27e : Lancé en profondeur par Wassmer, Mekloufi brûle la politesse aux défenseurs rémois ; sa frappe laisse Jacquet sans réaction (3-2).
35e : Reims obtient un coup franc. Fontaine le tire et sert Glovacki qui remet à Fontaine, lequel d’une volée, loge le ballon dans la lucarne droite d’Abbes (3-3).
73e : Sur un contre rondement mené par Rijvers, Mekloufi prend de vitesse la défense rémoise et redonne l’avantage aux Stéphanois (3-4).
84e : Schollhammer centre pour Glovacki. Abbes hésite à sortir puis se jette dans les pieds de Glovacki. Les deux hommes se percutent mais le ballon roule en direction du but vide et franchit la ligne (4-4).
90e : N’Jo-Lea s’aide de la main pour emmener le ballon. Bloqué par Cicci, Domingo prend le relais et sert Lefèvre. Le gaucher stéphanois fait mine de passer le ballon à N’Jo-Lea mais sert Rachid. L’inter droit des Verts feinte Jonquet et à dix mètres de buts de Jacquet, inscrit le but victorieux pour Saint-Etienne (4-5).

 

A Reims comme à Saint-Etienne, on n’est pas prêt d’oublier cette rencontre. Les spectateurs en ont eu pour leur argent tant les renversements de situations ont été nombreux. Entre deux équipes très joueuses, il ne pouvait en être autrement. Même si beaucoup s’accordent à dire qu’un match nul aurait semblé plus équitable, à Reims, les Stéphanois ont frappé un grand coup. Depuis le début du Championnat, les hommes d’Albert Batteux n’avaient concédé que 4 buts. En 90 minutes, ils viennent d’en encaisser 5. Une fois encore, l’attaque-mitrailleuse stéphanoise a fait feu de tout bois, symbolisée par un N’Jo-Lea des grands jours.

REIMS-ST ETIENNE
Face à la concurrence de Mekloufi pour une place en équipe de France, Léon Glovacki (qui déborde René Domingo) jouait gros contre Saint-Etienne. (Photo PRESSE SPORT / Reproduction interdite)

Paul Nicolas n’a pas fait le déplacement pour rien. Même s’il se garde bien de donner quel que nom que ce soit, Mekloufi est sorti grand vainqueur ce dimanche. Le choix s’annonce délicat. Mekloufi, auteur d’un match plein, a visiblement marqué des points. « Nous allons être très embarrassés pour confectionner l’attaque, reconnaît M. Nicolas, surtout l’aile droite, mais il y aura peut-être aussi du nouveau dans la ligne de demis. Entre Mekloufi et Glovacki, il y a eu aujourd’hui la différence de l’efficacité. Autant le petit Stéphanois m’avait déçu à Nancy, autant aujourd’hui, il m’a fait bonne impression. Glovacki a été, à mon sens, moins bon. »

Mekloufi et Ferrier ont marqué des points

Dans le vestiaire rémois, les décisions de M. Guigne, l’arbitre de la rencontre, alimentent les conversations. Les buts refusés à Hidalgo puis Jonquet ainsi que le but de la victoire accordé à Mekloufi restent en travers de la gorge des dirigeants et joueurs champenois. Mais très vite, les contestations laissent place à l’analyse. Albert Batteux reconnaît que « Saint-Etienne a très bien joué. Notre défense a flanché trop fréquemment et puis nous avons manqué de réussite. Nous avons souvent dominé et trop souvent aussi nous avons été victimes de cette domination. »

Chez les vainqueurs, Jean Snella ne cache pas sa satisfaction. « Même si nous avions fait match nul, même si nous avions été battus, je serais content, car nous avons joué comme j’entends que nous jouions toujours, en attaque surtout. Ce ne sont ni le résultat ni le succès qui comptent pour moi mais l’esprit dans lequel il ont été obtenus. »

Thierry CLEMENCEAU

 

Résultats 7e journée de Division 1

Reims-Saint-Etienne : 4-5 ; RC Paris-Nancy : 6-1 ; Lyon-Nîmes : 4-1 ; Marseille-Sochaux : 2-3 ; Strasbourg-Toulouse : 0-0 ; Metz-Angers : 0-1 ; Lens-Sedan : 3-2 ; Rennes-Nice : 2-3 ; Monaco-Valenciennes : 6-0.

Classement.1. SAINT-ETIENNE : 13 pts ; 2. Reims, RC Paris, Lyon, 10 ; 5. Strasbourg, Sochaux, Marseille, Angers, 8 ; 9. Nîmes, Lens, 7 ; etc.

 

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Brèves en stock

 A Saint-Etienne, Eugène N’Jo-Lea se sentira moins seul. Arrivé à Paris en provenance du Cameroun le vendredi 30 septembre, son frère Auguste vient poursuivre ses études en France. Footballeur comme son aîné, il était pensionnaire de l’AS PTT et occupe le poste d’ailier. Mais à Saint-Etienne, Eugène aura la charge de veiller sur lui et à la question de savoir s’il jouera à l’ASSE, il répond sans ambigüité : « Probablement. Il ne jouera que si ses études sont satisfaisantes, car c’est surtout pour elles et non pour jouer au football qu’il est venu en France. »

 Le Perpignanais Abdallah Henni attise les convoitises. Parmi les clubs intéressés, figure en bonne place, l’AS Saint-Etienne. L’offre stéphanoise n’a pour le moment recueilli aucun écho de la part des dirigeants catalans. Affaire à suivre…

 Chez les Grands Amateurs, Saint-Etienne recevait Draguignan. Auteurs de trois victoires sur quatre par un seul but d’écart, les hommes de Fernandez étaient taxés de « gagne-petit ». Ce dimanche, au stade Geoffroy-Guichard, ils ont mis les choses au point en s’imposant 8 à 1 contre une équipe qui venait d’inscrire 12 buts en… 2 matches.

 Le 2e tour de la Coupe de France a fait plusieurs victimes parmi lesquelles Lorient et Roche-la-Molière.

 Dans le dernier bulletin des supporters de Valenciennes, on a pu lire :  « Si le Stade Français se rendait compte bien vite qu’il n’a plus aucune chance d’accéder à la Première division et nous vendait ainsi Baulu, nous aurions une belle attaque : Baulu, Abderrazack, Cesari, Stako, Van Rhyn. »

 Nice s’est brillamment qualifié pour les 8e de finale de la Coupe d’Europe en disposant d’Aarhus 5 à 1. L’ancien Stéphanois, Jacques Foix a ouvert le score dès la 2e minute.

Th.C.

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Si ce blog vous intéresse ou vous passionne, n’hésitez pas à en parler autour de vous. Amicalement Vert.

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Le Chaudron se visite aussi

http://www.museedesverts.fr/

Visite guidée du Musée des Verts avec le Conservateur

Découvrez ou redécouvrez le Musée des Verts comme vous ne l’avez jamais vu !

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ASSE Musée des Verts - Visite guidée du Musée des Verts avec le Conservateur

Événements marquants ou méconnus, objets de légende ou insolites, anecdotes sur les matches et les joueurs… A l’occasion d’une visite, venez  discuter et tester vos connaissances auprès du Conservateur du Musée des Verts, Philippe Gastal.

Visite guidée : mardi 8 novembre 2016 à 14h30
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Durée : 1h30
Tarif : de 12 € (10 € en tarif réduit)

Privilège carte membre : gratuit contre contre 500 étoiles. 

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Blog 10 – Metz – Un seul être vous manque…

Saint-Etienne a connu sa première défaite devant le Racing (3-2) au Parc des Princes. Visiblement, ce mercredi 19 septembre 1956, les joueurs stéphanois n’avaient pas totalement récupéré de leur voyage retour du déplacement dans les Ardennes. « Nous avons payé nos efforts de Sedan je crois, dit René Domingo. Je crois et surtout la fatigue due à une nuit passée dans le train pour rentrer à Saint-Etienne. Nous ne savions pas, en effet, que nous jouerions à Paris le mercredi suivant. Sinon, nous nous serions arrêtés dans la capitale. » A peine le temps de récupérer de la fatigue accumulée dans les Ardennes, qu’il leur fallait repartir pour Paris dès le mercredi matin.

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Blog 6 – Lens – Les Verts s’installent en tête

 

Un match nul à Nice, une victoire contre Marseille à domicile, il n’en faut pas plus aux supporters stéphanois pour rêver d’un premier titre de champion de France. Les deux premiers matches de la saison confirment l’excellente forme des petits hommes verts. De quoi donner le sourire à la triplette Faurand-Fontanille-Snella. Les trois hommes, plus que satisfaits d’avoir pu conserver « Gégène » N’Jo Lea, ne regrettent nullement les départs d’éléments confirmés tels que Foix, Ferry et De Cecco. Le pari audacieux de Jean Snella de rajeunir son effectif  s’avère déjà payant. Bien encadrés par l’expérimenté Kees Rijvers (29 ans) et Rachid Mekloufi pétri de talent à seulement 20 ans, les jeunes poulains de maître Snella ont tenu la dragée haute aux expérimentés olympiens.

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Blog 5 – Marseille – Saint-Etienne, puissance 6

Ce dimanche 19 août, l’AS Saint-Etienne a réussi son entrée dans le championnat de Division 1 en obtenant un brillant match nul à Nice (2-2). Mais à Saint-Etienne, les amateurs de sport ont également vibré pour leur champion cycliste : Roger Rivière. En Belgique, le champion de France de poursuite a remporté le premier Tour d’Europe des amateurs.

La veille, il est un peu plus de 17 heures au stade de la Citadelle à Namur quand Roger Rivière franchit triomphalement la ligne d’arrivée.

« Nous tenons là, je crois, un futur grand champion… »

M. Boncourt, le médecin du clan tricolore

Considéré aujourd’hui comme un champion complet, ce Stéphanois de souche, né le 23 février 1936 à Saint-Etienne, a pris sa première licence en 1953 au Vélo Club stéphanois. En trois ans il s’est hissé au premier plan du cyclisme international. Pendant que les Verts de Jean Snella tenaient tête aux Niçois sur leur terrain, Rivière rentrait tranquillement dans la cité du cycle au volant d’une magnifique « Goliath », voiture allemande qui a récompensé le vainqueur de la compétition. Un champion qui n’est pas pressé de rentrer dans sa ville natale. Et pour cause… Depuis quelques jours, il sait qu’une enveloppe est arrivée à son domicile pour lui signifier son incorporation pour dix-huit mois au Centre Sportif de l’Armée.

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Blog 4 – Nice – premier coup de chaud

A Saint-Etienne, les saisons se suivent et se ressemblent. En ouverture du Championnat 1955-56, le calendrier avait désigné le Stade de Reims, champion de France en titre, comme adversaire des Verts. Le 19 août, c’est à Nice, autre champion en titre, que les Stéphanois devront débuter la saison.

Les bas de laine ont fondu

Durant l’intersaison, bon nombre de joueurs ont changé de clubs. Outre la paire Foix-Ferry (Saint-Etienne) qui a rejoint Nice pour 25 millions d’anciens francs, plusieurs clubs se sont renforcés notablement. C’est le cas de Reims qui, pour compenser les départs de Raymond Kopa au Real Madrid (50 millions) et Jean Templin à Lens (7 millions), a recruté le Lillois Jean Vincent (21 millions) et le Niçois Just Fontaine (10 millions). Pour compléter le tableau des plus gros transferts de cette période estivale, le Strasbourgeois Raymond Kaelbel a signé à Monaco pour 15 millions et le Troyen Fernand Devlaminck à Lille pour 12 millions.

Les entraîneurs ne sont pas en reste non plus. Plusieurs présidents de club ont souhaité apporté un peu de nouveauté à leur équipe première.

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Blog 3 – Les Verts vainqueurs du tournoi d’Evian

Jacques Foix et Koczur Ferry ont quitté Saint-Etienne pour Nice. Jean De Cecco est parti à Nantes alors que Joseph Ibanez a rejoint Perpignan. Au rayon des arrivées, seul le Lillois Bernard Lefèvre a posé ses valises à Saint-Etienne. Le recrutement estival stéphanois s’arrêtera-t-il à une seule arrivée pour quatre départs ? Le compte n’y est pas pour les supporters. Pourtant, ce déséquilibre ne semble nullement inquiéter Jean Snella. L’entraîneur stéphanois est bien décidé à faire confiance aux jeunes formés au sein du club. En ce début août 1956, ses seules préoccupations sont tournées vers les matches de préparation, à commencer par celui contre Grenoble qui se tiendra à Dunières. En Haute-Loire, il va pouvoir jauger des forces qu’il aura à sa disposition cette saison. S’il ne souhaite pas dévoiler l’équipe qui débutera la rencontre, il concède : « Je m’accorde encore vingt-quatre heures de réflexion, je puis tout de même vous dire que dix-sept ou dix-huit joueurs seront du déplacement et seront présents sur le terrain pendant au moins une mi-temps. »

Un avant-centre marocain à l’essai

A Dunières, outre les jeunes du club qui devraient constituer une belle curiosité, l’attraction de cette rencontre estivale contre Grenoble pourrait peut-être venir d’une potentielle recrue. « Il est possible que nous mettions à profit ce premier match de la saison pour essayer un nouveau joueur, un avant », confie Pierre Faurand. Déjà testé par Nîmes lors de l’intersaison 1955, Ali Djelloul, ex-pensionnaire du F.U.S. Rabat, pourrait être testé pour l’occasion. Les contacts avec ce joueur remontent au 8 janvier 1956 lorsque Saint-Etienne avait arraché sa qualification en Coupe de France à Casablanca contre le WAC (2-1 après prolongations).

 Saint-Etienne-Grenoble : 3-1 (2-0)

Buts.- Saint-Etienne : Lefèvre (15e, 32e), Peyroche (62e) ; Grenoble : Mendez (83e).

1ère mi-temps :
AS Saint-Etienne : Abbes – Wicart, Wassmer – Domingo, R. Tylinski, Ferrier – Goujon, Mekloufi, Fouillen, Rijvers, Lefèvre. Entr.: Snella.
FC Grenoble : Rouxel – Hermann, Matthey – Piatek, Blazyk, Tissot – Battistella, Sarrin, Lewandowitch, Carrier, Miet. Entr. : Dupraz

2e mi-temps :
AS Saint-Etienne : Ferrière – M. Tylinski, Wassmer – Domingo, Fellahi, Ferrier ; Da Silva, Oleksiak, Djelloul, N’Jo Lea – Peyroche.
FC Grenoble : Rouxel – Hermann, Matthey – Piatek, Blazyk, Tissot – Battistella, Genin, Guidoni, Passina, Mendez.

Doublé de Lefèvre

Devant une belle chambrée, a-t-on coutume de dire, Saint-Etienne s’impose 3 à 1 contre Grenoble. Le caractère amical de cette rencontre donne quelques certitudes à Jean Snella. Auteur de son premier doublé sous ses nouvelles couleurs, Lefèvre a montré en une mi-temps que l’on pouvait compter sur lui. Son entente avec Rijvers promet des lendemains enchanteurs.

Orphelin depuis peu de Ferry, joueur formé à La Combelle comme les frères Tylinski et lui entre autres, Domingo a déjà trouvé en Ferrier le parfait complément au milieu de terrain. N’Jo Lea, revenu récemment du Cameroun, semble, quant à lui, déjà très affûté. Enfin, Ali Djelloul, testé lors de la deuxième mi-temps, n’a guère convaincu. Sa condition physique précaire n’a pas permis à l’entraîneur stéphanois de se faire une idée précise des capacités du joueur.

Le rendez-vous d’Evian

Cette première revue d’effectif terminée, Jean Snella a déjà les yeux tournés vers Evian. Les 11 et 12 août, l’ASSE a été invitée au tournoi international d’Evian. Elle aura pour adversaires Bruges (Belgique), Seimering de Vienne (Autriche) et le FC Zurich (Suisse).

Jeudi 9 août. La météo est estivale à Saint-Etienne. Pour parfaire la forme de ses joueurs, Jean Snella programme un petit match d’entraînement au stade Geoffroy-Guichard. A dix jours du déplacement à Nice, il souhaite se faire une idée plus précise de l’équipe qui sera amenée à débuter le Championnat. Alors qu’il capte ses premiers ballons dans les airs et effectue ses premiers dégagements au pied, Claude Abbes se plaint de l’épaule. Le gardien des Verts vient de se froisser un muscle. L’entraîneur stéphanois décide alors de ne prendre aucun risque avec son international. Pour le premier match contre Zurich à Evian (tel en a décidé le tirage au sort), Jacques Ferrière gardera les cages.

Fouillen et Peyroche restent à la maison

Samedi 11 août. Il est 9 h 50 -pas une minute de plus- quand les joueurs convoqués par Snella prennent la direction de la Haute-Savoie. Deux joueurs manquent toutefois à l’appel : Armand Fouillen et Georges Peyroche. Le premier qui devait être essayé au poste d’avant-centre, est victime de furoncles. Le second se plaint du genou et doit se résoudre à consulter le médecin du club qui diagnostique une légère entorse du genou. Au repos pour dix jours, il ratera le déplacement à Nice le 19 août.

L’école hôtelière comme Résidence

Claude Abbes est du voyage. Il prendra une décision en fin de soirée concernant sa participation ou non au match de dimanche. A son arrivée dans la ville thermale, aux alentours de 16 heures, la délégation stéphanoise prend possession de l’école d’industrie hôtelière qui leur servira de lieu de villégiature pendant deux jours.

Les Verts impitoyables pour Zurich

Après leur succès sur Grenoble (3-1), les Verts démontrent contre Zurich qu’ils possèdent une attaque de premier plan. Victorieux 7 à 2 du club suisse, le public savoyard est conquis par les dribbles de Mekloufi, la clairvoyance et les contrepieds de Rijvers ou encore les envolées de N’Jo Lea. Jean Snella commence même à se demander si son équipe ne devrait pas disputer tous ses matches en nocturne. En finale, Saint-Etienne affrontera les Autrichiens de Vienne, difficiles vainqueurs de Bruges 3 à 2.

Saint-Etienne-Zurich : 7-2

Saint-Etienne : Ferrière – Wicart, R. Tylinski, Wassmer – Domingo, Ferrier – Goujon, Mekloufi, N’Jo Lea, Rijvers, Lefèvre.

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Le ballon de la finale du tournoi d’Evian le 12 août 1956. Musée des Verts.

Lefèvre est reparti à Lille

En finale, Jean Snella a sensiblement modifié son onze de départ. Abbes, Michel Tylinski et Oleksiak ont remplacé Ferrières, Wassmer et Lefèvre. Comme convenu, la nouvelle recrue stéphanoise est repartie à Lille pour effectuer son déménagement et prendre définitivement résidence à Saint-Etienne.

« On n’a pas tous les jours 20 ans… »

Ce dimanche 12 août 1956, Rachid Mekloufi a 20 ans. Et comme le chantait si élégamment Berthe Silva en 1935, ce dimanche d’août, Rachid Mekloufi fête son anniversaire. Cet évènement ne pouvant passer sous silence, avant cette finale contre Vienne, dirigeants et joueurs stéphanois offrent une belle gerbe de fleurs à leur coéquipier, ému par ce geste affectueux.

Mekloufi signe un doublé

Pris à la gorge d’entrée de jeu, les joueurs de Vienne n’hésitent pas à user de la force pour stopper -souvent irrégulièrement- les attaquants virevoltants de Saint-Etienne. Dès la 20e minute, François Wicart est le premier à faire les frais de la fougue autrichienne. Blessé, le défenseur stéphanois est remplacé par Assassi Fellahi. A la 25e minute, la beauté du jeu pratiquée par les Verts est récompensée par un but de Rachid Mekloufi. Le score ne bougera plus jusqu’à la pause.

A la reprise, Jean Snella procède à un changement : René Ferrier cède sa place à Emile Wassmer. A la 60e minute, Rachid, comme on l’appelle le plus souvent, déjà affûté, signe son premier doublé de la saison. Menés de deux buts, les Autrichiens se lancent -enfin- à l’assaut des cages gardées par Claude Abbes. A jouer leur va-tout, ils libèrent des espaces qui profitent aux attaquants stéphanois. Auteur de plusieurs arrêts décisifs, le gardien viennois ne peut rien en revanche sur une nouvelle tentative de Domingo (76e). Ce troisième but assure ainsi le succès des Stéphanois dans ce tournoi.

On en reste là. M. Louis, l’adjoint aux Sports de la Mairie de Saint-Etienne, félicite les vainqueurs. Puis, l’épouse du préfet de Haute-Savoie remet un magnifique objet d’art  qui récompense le club du président Faurand.

Jean Snella est tout sourire. A travers ces deux rencontres, ses joueurs lui ont démontré, s’il en était besoin, qu’ils étaient fin prêts pour débuter la saison à Nice.

Saint-Etienne-Vienne : 3-0

Saint-Etienne : Abbes – M. Tylinski, Wicart (Fellahi, 20e) – Domingo, R. Tylinski, Ferrier – Goujon, Mekloufi, N’Jo Lea, Rijvers, Oleksiak.

Le lundi matin, aux alentours de 9 heures, la délégation stéphanoise regagne la préfecture de la Loire avec un premier succès qui est amené à en appelé d’autres. Inévitablement.

Thierry CLEMENCEAU

Brèves en stock

Lors de la première journée de Championnat le 19 août, deux matches se disputeront en nocturne. Toulouse-RC Paris (21 h 30) et Toulon-Aix (21 h).

Courtisé un temps par Saint-Etienne et surtout Reims, Bruno Bollini demeurera encore stadiste lors de la saison 1956-57. Les avances du Toulouse FC (on parle de 8 millions d’anciens francs) n’ont pas réussi à faire fléchir les dirigeants parisiens.

 

Bordeaux : objectif remontée

Le 7 mai 1950, le club des Girondins de Bordeaux fêtait son premier titre de champion de France. Six ans plus tard, le club aquitain quitte à nouveau la Division 1 par la petite porte. De l’équipe du titre, il ne reste aujourd’hui que Garriga, Kargu, De Harder et Doye. Il faut remonter à la saison 1946-47 pour voir les Bordelais connaître pareille mésaventure. Remontés deux ans plus tard, ils avaient tenu dignement leur rang en se classant 1er en 1950, 2e en 1952, 3e en 1953 et 1954 et 6e en 1951 et 1955.

Les dirigeants Bordelais, convaincus que leur place est en Division 1, ont réussi à conserver De Harder, véritable métronome. Gérard est demeuré entraîneur. La ligne d’attaque a, en revanche, été recomposée. Le grand espoir Couronne (ex-Béziers) a débarqué en Gironde ainsi que l’ailier gauche paraguayen de Toulon, Unzaïn. Ils seront ainsi associés au très remuant Roland Guillas et Domenger. En défense, Gérard pourra compter sur les expérimentés Pierre Bernard et Kargu.

 

Transféré de l’Etoile Sportive de La Talaudière à l’ASSE en 1951, l’ancien attaquant stéphanois Raymond Haond revient à ses premières amours. Autrefois « chouchou » du stade Geoffroy-Guichard, il terminera sa carrière à La Talaudière.

Th.C.

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Le Chaudron se visite aussi

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Visite guidée du Musée des Verts avec le Conservateur

Découvrez ou redécouvrez le Musée des Verts comme vous ne l’avez jamais vu !

ASSE Musée des Verts - Visite guidée du Musée des Verts avec le Conservateur

Événements marquants ou méconnus, objets de légende ou insolites, anecdotes sur les matches et les joueurs… A l’occasion d’une visite, venez  discuter et tester vos connaissances auprès du Conservateur du Musée des Verts, Philippe Gastal.

Visite guidée : mardi 8 novembre 2016 à 14h30
Public : adultes
Durée : 1h30
Tarif : de 12 € (10 € en tarif réduit)

Privilège carte membre : gratuit contre 500 étoiles. 

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Bastia-Saint-Etienne : Mekloufi retrouve les siens

Ce samedi 2 mai 2015, Saint-Etienne se déplace sur l’île de Beauté pour le compte de la 35e journée de Ligue 1. Contre Bastia, les Verts auront à cœur de conforter leur quatrième place, synonyme de qualification pour l’Europa League. Le 24 novembre 1968, les Stéphanois d’Albert Batteux se déplaçaient pour la première fois de leur histoire à Bastia où évoluaient René Ferrier et Rachid Mekloufi. Récit.

FranceFootball, 26 novembre 1968
FranceFootball, 26 novembre 1968

Le 12 mai 1968, l’AS Saint-Etienne affronte les Girondins de Bordeaux en finale de la Coupe de France. Si Mekloufi a perdu de son efficacité en attaque, Albert Batteux, l’entraîneur stéphanois, se rappelle d’une finale gagnée par Reims contre le Racing (2-0) à Colombes en 1950, où, lui-même, joueur en fin de carrière à Reims, avait été aligné par son entraîneur non seulement pour « services rendus » mais aussi pour ses qualités indéniables. Le flair de Batteux offre à Mekloufi, qui n’a plus remis les pieds à Colombes depuis un certain France-Belgique en 1956, la possibilité de quitter les Verts avec le trophée manquant à son palmarès. Le natif de Sétif, recommandé à Jean Snella en 1954, éblouit de son talent cette finale en inscrivant les deux buts victorieux de son équipe et réussit le match rêvé pour refermer sa belle page stéphanoise. Saint-Etienne remporte ainsi un nouveau titre de champion de France devant Nice et clôt une saison particulièrement riche.

Vidéo INA :

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Dans le même temps, le Championnat de Division 2 livre son verdict : Bastia termine à la première place et accède à l’étage supérieur. Après avoir manqué en 1966-67 l’accession automatique en Division 1, le S.E.C.B. a cette fois atteint son objectif.

La rumeur Mekloufi

Pour faire bonne figure et obtenir des résultats en Division 1, le club corse se met tout de suite en quête de joueurs d’expérience. Et le premier se nomme… Rachid Mekloufi. La rumeur fait son chemin mais le principal intéressé reste évasif sur cette possible destination. Roger Rocher, le président de l’ASSE, ne souhaite pas voir partir Rachid dans un éventuel club concurrent et évoque avec lui la possibilité d’une reconversion au sein du club s’il décidait de mettre un terme à sa carrière professionnelle. Dans son édition du 20 juin 1968, le quotidien L’Equipe relate une conférence de presse du premier dirigeant stéphanois. Ce dernier évoque l’avenir de son joueur. IMG_0657

Le samedi 3 août 1968, c’est la grande rentrée à l’ASSE. Dirigeants, staff et joueurs se retrouvent au stade Geoffroy-Guichard pour un apéritif en guise de premier contact. Pour Mekloufi, de retour de vacances de Tunis, ce rassemblement amical est le dernier. Il prend en effet contact avec Bastia et le Servette de Genève entraîné par un certain Jean Snella. Dans un premier temps, le club suisse a la faveur du président Rocher mais exigerait que le joueur ne lui coûte pas un franc, ce que Rocher refuse naturellement. Le numéro 10 stéphanois repart en vacances en Algérie. Dans son édition du 23 août 1968, L’Equipe annonce le transfert de Mekloufi à Bastia « fait à   99 % ».

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René Ferrier comme intermédiaire

Lucien Jasseron et les dirigeants bastiais ne manquent pas d’idées. Ils demandent à René Ferrier, Bastiais depuis 1965 et ex-coéquipier de Rachid lors de l’obtention du premier titre des Verts en 1957, de contacter le milieu de terrain des Verts afin de tenter de le convaincre de s’installer en Corse. Jules Filippi, le directeur sportif du club corse, reprend contact avec le président Rocher et effectue plusieurs allers et retours à Saint-Etienne avec l’espoir de trouver un accord. Le dimanche 25 août, de retour de vacances, Mekloufi s’envole pour la Corse afin d’y parapher un contrat de quatre ans.

Rachid Mekloufi entouré de Jean-Claude Blanchard à sa gauche et Jean-Pierre Serra à sa droite.
Rachid Mekloufi (au centre) est entouré de l’ex-Rémois  Jean-Claude Blanchard (à gauche) et l’ancien Niçois Jean-Pierre Serra (à droite).

Mekloufi n’est plus Stéphanois mais son cœur est toujours teinté de Vert. Lors de la rencontre de Coupe d’Europe entre l’ASSE et le Celtic, le 18 septembre, il assiste en spectateur passionné, à la victoire de ses ex-coéquipiers (2-0). Quinze jours plus tard, après l’élimination des Verts au Celtic Park (0-4), il déclare : « L’an passé, après le 1 à 0 devant Benfica, nous pensions avoir compris jusqu’où il fallait parfois aller pour se qualifier. La défaite de Glasgow montre que nous ne savons pas encore jouer à ce terrible jeu-là. » Pas de doute, Rachid a toujours la fibre verte.

Mekloufi : « La tension va monter »

Fin novembre, Bastia s’apprête à recevoir pour la première fois de son histoire l’AS Saint-Etienne. Depuis quelques jours, deux hommes sont impatients d’y être. René Ferrier et Rachid Mekloufi, champions de France en 1957 avec l’ASSE, ont quitté les brumes du Forez pour le soleil de l’île de Beauté. Pour eux, recevoir le club qui les a formés reste un honneur. Face à leurs anciens coéquipiers, ils auront à coeur de briller de mille feux. « C’est la première fois que je jouerai contre mes anciens coéquipiers, dit Mekloufi. Pour l’instant, je n’y pense pas tellement. Je me dis que c’est une rencontre comme une autre, qu’il faudra gagner parce que c’est vital pour notre équipe. Mais dans les prochaines heures, la tension va monter. J’aborderai ce match avec un peu plus de conviction, non pas parce que je suis un ancien Stéphanois, mais parce que cette confrontation pour nous, a des chances de marquer un nouveau point de départ. Il faut bien avouer que ce match sortira de l’ordinaire, ne serait-ce que parce que je me trouverai pour la première fois en face de mes amis stéphanois. A Bastia, on ne parle que de cette rencontre. »

Rachid Mekloufi sous le maillot de Saint-Etienne.
Rachid Mekloufi sous le maillot de Saint-Etienne.

Ferrier : « Un pincement au coeur »

Avant de s’engager avec Bastia à l’été 1965, René Ferrier a tout connu avec Saint-Etienne. « Avant de venir à Bastia, je n’avais pas connu d’autre club que Saint-Etienne, où j’ai passé onze ans. Qu’on le veuille ou non, ce n’est pas sans un pincement au coeur que je me produirai, moi aussi pour la première fois, contre mon ancien club. Je crois que l’on peut s’attendre à une grande partie, puisque nous trouverons en face de nous une équipe qui ne triche pas. »

RACING-ST ETIENNE
René Ferrier a joué à l’AS Saint-Etienne de 1954 à 1965. Sous le maillot vert, il a disputé 315 matches officiels.

Carnus retrouve sa place

A Saint-Etienne, Albert Batteux dispose de tout son effectif pour ce déplacement difficile en Corse. Georges Carnus, victime d’une entorse à une cheville, n’a pas disputé les trois derniers matches de son équipe. Néanmoins, il espère être du voyage et succéder à Gérard Migeon dont l’intérim a été particulièrement réussie.

MARSEILLE-ST ETIENNE (2-2)
Georges Carnus, après plusieurs semaines d’absence, retrouve sa place pour le premier match entre Bastia et l’ASSE.

Robert Herbin qui ne souffre plus de problèmes musculaires, réintègre le milieu de terrain aux côtés de Jacquet, Camérini et Larqué. Ce dernier, qui récupère le numéro 10, est bien remis de son voyage au Mexique avec l’équipe de France amateurs. Batteux compte sur son jeune joueur pour redonner du punch à un secteur offensif en mal d’inspiration depuis quelques matches.

N’Doumbé et Bereta écartés

Pour le coach stéphanois, l’heure des choix est venue en attaque. Cinq joueurs se disputent trois places : Fefeu, N’Doumbé, Revelli, Keita et Bereta. Si l’abondance de biens ne nuit pas, Batteux n’est pas complètement satisfait de leur rendement, a tranché : N’Doumbé et Bereta, les deux ailiers, cèdent leur place à Fefeu et Keita. « Je dois faire des roulements, explique l’entraîneur stéphanois. Alors, je commence par celui de mes avants qui m’a semblé le plus émoussé. Cela me permet de faire l’essai à l’aile gauche de Keita qui s’y est avéré très à l’aise. »

FRANCE-SUEDE
Georges Bereta ne jouera pas le premier Bastia-Saint-Etienne de l’histoire. Albert Batteux, l’a écarté au profit de Fefeu.

Une attaque en panne d’efficacité

A Bastia, c’est la douche froide. Les espérances d’un recrutement prometteur ont laissé place à la déception. Les Corses n’ont glané que 9 points en autant de journées et occupent une piètre 14e place peu conforme avec les ambitions de leurs dirigeants. Le quartet offensif Serra, Blanchard, Mekloufi et Blezziri n’arrive pas à dynamiter les défenses adverses.

L'Equipe, 23 novembre 1968.
L’Equipe, 23 novembre 1968.

Ce forfait de dernière minute contraint Batteux à modifier son milieu de terrain. Les supporters bastiais seront donc privés d’un duel qui s’annonçait très prometteur. En effet, durant une douzaine d’années, Herbin et Mekloufi ont constitué une doublette exceptionnelle au sein du club stéphanois. Le duel entre les deux hommes était attendu. Herbin absent, Camérini aura la lourde tâche de faire déjouer l’ex-meneur de jeu stéphanois.

ST ETIENNE-CAGLIARI
Frappé par un deuil familial, Robert Herbin n’a pas pris l’avion avec la délégation stéphanoise.

Comme à l’accoutumée en déplacement, les Stéphanois ont utilisé la voie des airs. Ils ont atterri à Bastia le samedi vers 16 h 30. A leur hôtel, ils ont eu la visite d’un certain… Rachid Mekloufi.

FranceFootball, 24 novembre 1968.
FranceFootball, 24 novembre 1968.
le jeune Claude Papi, joueur péti de talent, est promis à un grand avenir.
Le jeune Claude Papi, joueur pétri de talent, est promis à un grand avenir. – Photo L’Equipe.

Albert Batteux est déçu par ce résultat nul mais reconnaît toutefois : « On a à la fois bien et… mal joué. C’était assez bon dans l’élaboration, mais insuffisant dans la finition, même si nous avons marqué trois buts. » Le Saint-Etienne du premier tiers du Championnat est loin du niveau de celui, plutôt fringant, qui a remporté le doublé Coupe-Championnat six mois plus tôt.

Avant de raccompagner les Stéphanois à l’aéroport, Rachid Mekloufi qui a conservé de nombreuses attaches au sein du club, tente un début d’explication. « Je suis à la fois bien et mal placé pour juger. Cela se comprend. Ce qui m’a frappé chez eux, après le match chez nous, c’est leur absence à peu près complète d’accélérations dans le cours du jeu. L’aspect collectif est toujours aussi fouillé, sérieux, la défense toujours aussi précise dans les renvois, mais ce qui s’élabore à une certaine cadence au centre du terrain se termine à peu près au même rythme devant les buts. Il y a peut-être certains garçons qui accusent leur fatigue à la suite des matches de Championnat, Coupe d’Europe et de l’équipe de France. »

« C’est peut-être moi qui ne convient pas »

Bastia, avec ce nouveau point abandonné sur son terrain, fait du surplace. Mekloufi, la voix posée, tente un début d’explication : « C’est peut-être moi qui ne convient pas exactement au SECB à l’heure actuelle. Je veux dire que je ne suis pas encore très bien adapté au jeu de cette équipe ou réciproquement, ce qui revient au même. J’ai toujours joué, en quelque sorte, dans un triangle, en prenant appui sur l’une ou l’autre des deux têtes de ce triangle. Or, je n’ai pas encore trouvé cette troisième tête. Et cela me dépayse sur le terrain. Il y a des fois où je sens comme un grand vide dans le dos sans même avoir à me retourner. »

L'Equipe, 26 novembre 1968.
L’Equipe, 26 novembre 1968.

« On ne remplaçait pas Mekloufi »

Le 29 juin 1998, en pleine ferveur de la Coupe du monde, Aimé Jacquet, dans le journal L’Equipe, confiait à propos de son ex-coéquipier stéphanois : « Quand Mekloufi a quitté Saint-Etienne, personne ne voulait porter son maillot. Alors, je l’ai pris, j’ai pris ce numéro 10, mais sans songer à faire ce qu’il faisait. On ne remplaçait pas Mekloufi. »

Thierry CLEMENCEAU

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Rencontrer Salif Keita (à gauche) et Rachid Mekloufi (à droite), deux légendes stéphanoises des années 50 et 60, quel beau moment. Merci Messieurs.

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photo : asse.fr

Plus de 81 000 visiteurs ont parcouru le Musée des Verts
depuis son ouverture le 20 décembre 2013. Et vous ?

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Saint-Etienne-Nantes : duel au sommet

Ce dimanche 12 avril 2015, l’AS Saint-Etienne reçoit le FC Nantes pour le compte de la 32e journée de Ligue 1. Après leur élimination en demi-finale de la Coupe de France mercredi contre le Paris-SG (1-4), les Verts ont désormais un seul objectif : une qualification pour une place européenne en 2015-16.

Le 9 octobre 1966, le champion de France nantais se déplaçait au stade Geoffroy-Guichard. Snella et Arribas, les co-entraîneurs d’une équipe de France se disputaient la première place de Division 1. Récit.

Football Magazine
Football Magazine

Le départ d’Henri Guérin du poste de sélectionneur de l’équipe de France et la démission de Jacques Georges le 3 septembre, avaient contraint la Fédération Française de Football à mettre en place une Commission de l’équipe de France comprenant entre autres, MM. Clerfeuille et Rocher, respectivement présidents de Nantes et de Saint-Etienne.

Jean Snella et José Arribas au chevet des Bleus

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(blog mai 2014)

HONGRIE-FRANCE (4-2)
José Arribas (à gauche) et Jean Snella (à droite) au chevet de l’équipe de France. A Budapest, Hervé Revelli connaît sa première sélection avec les Bleus.

Le 5 octobre 1966, la Commission de l’équipe de France, chargée de trouver les meilleurs moyens de la diriger, décide de poursuivre l’aventure avec les hommes en place.

L'Equipe, 6 octobre 1966.
L’Equipe, 6 octobre 1966.

« Il ne nous feront pas de cadeaux »

En marge de la réorganisation de l’équipe de France, Jean Snella et José Arribas ne se quittent plus. A la différence que cette fois-ci, ils sont adversaires. En effet, le 9 octobre au stade Geoffroy-Guichard, Saint-Etienne reçoit le le champion de France en titre : le FC Nantes. Récent vainqueur de Reykjavik (5-2) en seizièmes de finale de la Coupe d’Europe des Clubs Champions, l’actuel leader a bien préparé ce match au sommet. Arribas et ses joueurs savent qu’ils sont attendus. Pour eux, la partie s’annonce difficile  comme le reconnaît Francis Magny, l’avant-centre du FC Nantes, auteur d’un doublé contre les Islandais : « Les Stéphanois voudront absolument gagner contre nous, car ils ont été mortifiés dimanche dernier contre Lyon. Ils retrouveront leur public, ce que constituera un atout non négligeable ; de plus, une nouvelle défaite les reléguerait à trois points… Pour toutes ces raisons, il ne nous feront pas de cadeaux. »

L'Equipe, 7 octobre 1966.
L’Equipe, 7 octobre 1966.

« Nous saurons si les ambitions étaient démesurées »

A Saint-Etienne, Snella veut effacer la désillusion du week-end précédent. Au stade de Gerland, les Verts se sont lourdement inclinés 3 à 0. Di Nallo, Rambert et consorts ont mis à mal la défense stéphanoise qui n’avait encaissé jusque-là que cinq buts en huit rencontres. Malgré ce revers, Snella ne souhaite rien remettre en question pour autant : « Je fais confiance à cette équipe pour recevoir Nantes. Par contre, j’ai tenu ce langage à mes joueurs : ce match contre Nantes est un tournant dans notre saison. Il est capital pour nous plus que pour les Nantais. Nous saurons si les ambitions qu’avait fait naître notre beau début de saison étaient démesurées, ou si elles étaient valables. A vous de le démontrer. »

FranceFootball, 4 octobre 1966.
FranceFootball, 4 octobre 1966.

Cette défaite dans le derby ne semble pas avoir affecté les supporters. Durant toute la semaine, un va-et-vient continuel au siège du club a fait penser que l’on s’apprêtait à battre des records d’affluence. Charles Paret, le secrétaire du club, avait même de bonnes raisons de penser que le précédent record, vieux de dix ans avec la venue du Stade de Reims, tomberait. Le 24 février 1957, 23 000 billets avaient alors été vendus avant l’ouverture des guichets.

En ce début octobre, la meilleure affluence pour un match de football au stade Geoffroy-Guichard est toujours détenue par le derby entre l’ASSE et l’OL. Le 16 février 1964, 33 526 spectateurs avaient franchi les barrières du stade.

L'Equipe, 8 octobre 1966.
L’Equipe, 8 octobre 1966.

Clerfeuille est confiant

A Nantes, tous les feux sont au… vert. Qualifiés en Coupe d’Europe, le leader de la Division 1 s’est défait de Valenciennes (3-1) lors de la dernière journée. Le président Clerfeuille aborde ce déplacement sans pression particulière : « Si nous avions été battus et que Saint-Etienne eût triomphé de Lyon, une seconde défaite, dimanche, aurait eu des conséquences catastrophiques : cinq points de retard. »

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Pour ce déplacement, Arribas ne sait pas encore s’il pourra compter sur la présence de Robert Budzinski, touché à une hanche. Son forfait entraînerait naturellement la titularisation de Claude Robin au poste d’arrière central.

La révélation Henri Michel

Le 28 octobre, Henri Michel fêtera ses 19 ans. Et déjà, José Arribas place en lui de grands espoirs. Transfuge d’Aix-en-Provence, il semble être le digne successeur d’un certain Boukhalfa, Nantais de 1962 à 1965. Meilleur junior français aux tournois internationaux en Allemagne en 1965 et en Yougoslavie en mai 1966, ce futur grand joueur peut évoluer à plusieurs postes. Aussi bien à l’aise à l’aile droite qu’à gauche, son poste de prédilection se situe au milieu de terrain. Les Stéphanois sont prévenus.

ST ETIENNE-NANTES (3-3)
Le jeune Henri Michel, transfuge d’Aix-en-Provence, se pose en futur titulaire chez les Champions de France 1966.
8 OCT 66 UNE
L’Equipe, 8 octobre 1966.

Le discours de Jean Snella

Jean Snella prépare dans le calme ce match au sommet. Pour répondre présent et s’éviter un nouvel écueil, il sait que ses hommes devront être prêts psychologiquement. « Bien sûr qu’il n’y a pas de déshonneur à se faire battre par le Champion de France qui est aussi le leader actuel du Championnat, a-t-il dit à ses joueurs. Mais il y a beaucoup plus de gloire à glaner en obtenant sur lui la victoire. Vous nous avez démontré au cours des huit premiers matches que vous pouviez prétendre à la succession des Nantais au titre de champion. L’occasion vous sera belle de le démontrer. Sinon, il faudra reconnaître que vos adversaires sont les plus forts et travailler encore pour parvenir à les égaler. »

REPORTAGE ST ETIENNE
Jean Snella, l’entraîneur de Saint-Etienne, en grande discussion avec Pierre Bernard, son gardien de but.

Snella et Revelli honorés

L’entraîneur des Verts reste persuadé que ses joueurs peuvent réaliser l’exploit. Comme il sait que l’attente est grande à Saint-Etienne. Si les onze titulaires contre Lyon devraient être reconduits, en revanche, il ne sait pas encore s’il pourra compter sur Hervé Revelli. Touché dans le derby, le meilleur buteur du club (8 buts) boitait bas à la fin du match. Le souci pour Snella, c’est que dès la fin de la rencontre, son joueur avait dû abandonner ses coéquipiers pour rejoindre le Bataillon de Joinville où il est incorporé. Son absence serait préjudiciable à son équipe bien sûr, mais également aux organisateurs de la remise de l’Oscar Byrhh.

L'Equipe, 10 octobre 1966.
L’Equipe, 10 octobre 1966.

Budzinski renonce

Robert Herbin, en délicatesse avec un genou récalcitrant, devrait bien tenir sa place, ce qui ne sera pas le cas de Robert Budzinski. souffrant d’une entorse à la hanche et déjà absent contre Reykjavik. Budzinski n’est pas le seul pensionnaire de l’infirmerie nantaise. A Saint-Etienne, Arribas devra composer sans son gardien titulaire Eon mais également sans Gondet et Prou, tous les deux opérés d’un genou et absents depuis de longues semaines. Enfin, Magny (problèmes d’adducteurs) semble apte pour le service.

Ce Saint-Etienne-Nantes sera, à coup sûr, l’évènement sportif le plus commenté du week-end. Tous les quotidiens nationaux ont dépêché un envoyé spécial qui prendra place dans la tribune suspendue au-dessus de celle des officiels. Aux diverses radios également présentes, Thierry Roland sera aux commentaires pour la télévision.

8 OCT 66

Musée des Verts.
Musée des Verts.

Au point de vue arithmétique, Nantes ne compte qu’une seule défaite et n’a inscrit que quatre buts à l’extérieur. Malgré cela, il possède une différence de buts de + 8. Saint-Etienne, son second, a inscrit 13 buts (dont 7 à domicile). Avec 13 buts marqués en 9 matches, les attaquants stéphanois n’est qu’en 6e position au classement de la meilleure attaque loin derrière Lens (22 buts).

Le duel entre les deux entraîneurs de l’équipe de France, la dizaine d’internationaux que comptent les deux formations peut donc commencer.

ST ETIENNE-NANTES (3-3)
Ce dimanche 9 octobre, la foule des grands jours se presse au stade Geoffroy-Guichard pour voir tomber le leader nantais.

Grosse affluence à Geoffroy-Guichard

Ce dimanche 9 octobre, les 28 175 spectateurs présents au stade Geoffroy-Guichard ne vont pas regretter de s’être déplacés. Hervé Revelli, bien que grippé, est également présent.

France Football, 4 octobre 1966.
France Football, 4 octobre 1966.

D’entrée, les Stéphanois emballent la partie. Entre la 1ère et la 25e minute, tour à tour, Revelli, Mekloufi sur coup franc, Bosquier, N’Doumbé et Fefeu mettent à mal André Castel, l’étonnant gardien nantais. Ces derniers littéralement étouffés par le rythme frénétique des Stéphanois, s’en sortent tant bien que mal.

ST ETIENNE-NANTES (3-3)
Les quelques 30 000 spectateurs présents au stade Geoffroy-Guichard sont conquis par la domination stéphanoise durant les trente premières minutes.

A la 20e minute, Herbin entend son genou droit craquer. Il glisse alors à l’aile droite et se contente d’un rôle de figurant. Invectivé par deux spectateurs assis sur des chaises au bord du terrain, Jean Snella se lève de son banc et s’explique sèchement avec les personnes concernées.

France Football, 11 octobre 1966.
France Football, 11 octobre 1966.
L'Equipe, 11 octobre 1966.
L’Equipe, 11 octobre 1966.

Deux minutes plus tard, l’excellent ailier « de métier » André Fefeu ouvre la marque pour les Verts. Il profite d’une incroyable mésentente entre le défenseur nantais Grabowski et Castel pour ouvrir le score (1-0, 22e).

ST ETIENNE-NANTES (3-3)
André Fefeu, félicité par Hervé Revelli, a profité d’une grosse domination stéphanoise pour ouvrir le score pour les siens (22e).

Saint-Etienne domine, Nantes mène au score

Les Nantais, piqués au vif, se reprennent quelque peu. A la 27e minute, Simon envoie un missile dans les buts de Bernard et crée la panique dans la surface de réparation stéphanoise. Après un énorme cafouillage, le gardien international des Verts est tout heureux de voir le ballon s’éloigner de ses cages. Trois minutes seulement après cet énorme raté nantais, De Michèle tire un coup franc qui provoque un nouveau cafouillage devant le but de Bernard. Cette fois, Magny ne laisse pas passer l’aubaine pour égaliser (1-1, 30e).

ST ETIENNE-NANTES (3-3)
Francis Magny, égalise pour le champion de France nantais à la 30e.

Les Stéphanois accusent le coup et les Nantais en profitent pour aggraver la marque par Blanchet (1-2, 36e) dans des conditions similaires. En six minutes, la défense stéphanoise vient de craquer à deux reprises. Sa solidité est mise à rude épreuve.

L'Equipe, 10 octobre 1966.
L’Equipe, 10 octobre 1966.

Le coup de pouce de M. Carette

Après le repos, les vingt-deux acteurs tentent d’imprégner le même rythme mais accusent nettement le coup après la débauche d’énergie dépensée en première mi-temps. A la 60e minute, Mekloufi, le maître à jouer à des Verts, tente une reprise de volée qui touche involontairement la main de Grabowski. M. Carette, l’arbitre de la rencontre, désigne immédiatement le point de penalty. La sanction est contestée par les Canaris qui estiment que c’est le ballon qui a été à la main de l’infortuné Grabowski et non l’inverse. Bosquier ne se pose pas la question et remet les deux équipes à égalité (2-2, 60e).

ST ETIENNE-NANTES (3-3)
A la 60e minute, Bosquier égalise pour Saint-Etienne et relance ce match au sommet.

Jacquet réussit le geste parfait

Ce coup du sort redonne un moral d’acier aux joueurs de Snella. La dernière demi-heure va ponctuer une rencontre magnifique. Ragaillardis, les Verts se lancent à l’assaut des buts de l’excellent Castel. A l’entame du dernier quart d’heure, Aimé Jacquet reçoit un centre millimétré de N’Doumbé. Le jeune Stéphanois, d’une reprise de volée parfaite, redonne l’avantage aux siens et fait lever comme un seul homme les 30 000 spectateurs présents (3-2, 75e). Le buteur est ovationné pendant de longues minutes.

Aimé Jacquet, d'une magistrale reprise de volée à la redonne l'avantage aux Stéphanois.
Aimé Jacquet, d’une magistrale reprise de volée à la 75e minute, redonne l’avantage aux Stéphanois.

Kovacevic à la conclusion

On s’achemine vers la fin du match. Saint-Etienne tient son exploit mais Nantes ne veut pas en rester là. Tour à tour, Grabowski, Le Chenadec et De Michèle prêtent main-forte à leurs attaquants. Sur l’une de leurs dernières contre-attaques, un long centre de Michel trouve Kovacevic, assez effacé jusque-là et pas encore adapté au football français. L’attaquant nantais, en position idéale, trompe Bernard de la tête et arrache le match nul somme toute mérité (3-3, 86e).

Football Magazine
Football Magazine

Quand M. Carette siffle la fin de cette rencontre, Stéphanois et Nantais ont la satisfaction du devoir accompli. A Saint-Etienne, les vingt-deux acteurs ont démontré, s’il en était besoin, que le football français avait encore de beaux jours devant lui.

L'Equipe, 10 octobre 1966.
L’Equipe, 10 octobre 1966.

A Saint-Etienne, le FC Nantes a franchi le premier quart du Championnat. A huit jours près (le 17 octobre 1965), les futurs champions de France avaient bouclé leur premier cycle de dix matches. Ils comptaient alors 18 points sur 20 possibles (8 victoires et 2 nuls). A la différence de la saison précédente, Nantes n’est pas seul en tête du classement puisque Lens le devance seulement au goal average. Le club du président Clerfeuille compte 14 points.

Saint-Etienne suit à un point (13) et reste à l’affût des deux leaders. A pareille époque, les Verts comptaient également 13 points mais n’occupaient que la 6e place. En revanche, ils avaient inscrits 25 buts contre 16 aujourd’hui. L’absence de Robert Herbin se fait durement sentir du côté de Geoffroy-Guichard.

L'Equipe, 13 octobre 1966.
L’Equipe, 13 octobre 1966.

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Toulouse-Saint-Etienne : un exploit sans précédent

Ce samedi 28 février 2015, l’AS Saint-Etienne affronte le Toulouse Football Club. Après leur match nul contre Marseille (2-2) à domicile, les Verts de Christophe Galtier se déplacent en Haute-Garonne avec l’ambition d’y prendre les trois points. Le 22 décembre 1957, les coéquipiers de René Domingo se déplaçaient à Toulouse, le dernier vainqueur de la Coupe de France,  pour y rencontrer une équipe en proie à des doutes extra-sportifs. Récit.

ST ETIENNE 1957
L’AS Saint-Etienne : Debout (de g. à d.) : R. Tylinski, M. Tylinski, Abbes, Wicart, Domingo, Ferrier. Accroupis : (de g. à d.) : Goujon, Mekloufi, Njo-Léa, Oleksiak, Lefèvre.

Le 15 décembre 1957, Saint-Etienne décroche un bon match nul à Angers (2-2) et termine les matches allers invaincu. En Anjou, le jeune Robert Herbin inscrit son premier but avec l’AS Saint-Etienne. « C’était mon premier but, rappelle l’ancien pensionnaire du Cavigal de Nice. Je n’avais pas eu de réussite jusqu’ici. Maintenant, ça va aller. »

« Monte, monte »

Mais Jean Snella, l’entraîneur stéphanois, peut aussi remercier son défenseur Richard Tylinski. Alors que les Verts étaient menés 2 à 1 à deux minutes du coup de sifflet final, Tylinski surgit alors pour égaliser et prolonger ainsi l’invincibilité des siens dans ce Championnat de France. « Je suis content du jeu et du résultat. On me disait sur la fin : « Monte, monte ». Quelque chose m’a dit : « Vas-y ! » Alors j’y suis allé et j’ai réussi », explique le dernier buteur des Verts sitôt la rencontre terminée.

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A la 88e minute, Richard Tylinski, le défenseur stéphanois, inscrit le but égalisateur à Angers (2-2). Il permet à Saint-Etienne de prolonger sa série d’invincibilité.
L'Equipe, 16 décembre 1957.
L’Equipe, 16 décembre 1957.

4 victoires et 13 défaites

A mi-parcours, les Stéphanois comptent 21 points. Ils terminent les matches allers à la 5e place à cinq longueurs du leader rémois. S’ils n’ont pas connu la moindre défaite, ils n’ont gagné que 4 matches et partagé 13 fois les points. Orpheline de son stratège Kees Rijvers reparti dans sa Hollande natale, l’AS Saint-Etienne ne marque plus ou peu. A titre de comparaison, à la fin des matches allers de la saison 1956-57, elle avait inscrit 52 buts. Après le déplacement à Angers, le compteur buts en affiche seulement 28, soit 24 de moins.

17 DEC 57
L’Equipe, 17 décembre 1957.

Le meilleur buteur du club s’appelle René Ferrier (5 buts). Eugène Njo-Léa, si prolifique lors de la saison du titre, n’a plus inscrit le moindre but depuis le 24 novembre et le match nul obtenu par les Verts à Sedan (1 à 1). Pour en finir avec les comparaisons, un an plus tôt, Mekloufi et Njo-Léa avaient déjà inscrit 18 buts chacun.

18 DEC 57
L’Equipe, 18 décembre 1957.

Un seul joueur à l’entraînement

Après chaque rencontre dominicale, les joueurs stéphanois se reposent le lundi. Privé de Mekloufi, Richard et Michel Tylinski, Ferrier, Oleksiak et Peyoche, ses militaires partis disputer un match avec l’équipe de l’armée à Sarrebruck, Snella est embarrassé pour diriger sa séance d’entraînement. Et pour cause, seul François Wicart est présent ! Domingo et Herbin sont blessés alors que Njo-Léa est déjà reparti suivre des cours à la Faculté de Droit à Lyon.

Lefèvre en disgrâce

Bernard Lefèvre, arrivé à Saint-Etienne en 1956 en provenance de Lille, n’a plus les faveurs de son entraîneur. Ecarté par Snella depuis le 10 novembre et le match nul contre l’OM (1-1), il ne s’entraîne plus avec ses coéquipiers et son départ est évoqué du côté du stade Geoffroy-Guichard.

L'Equipe, 20 décembre 1957.
L’Equipe, 20 décembre 1957.

 Robert Philippe arrive en prêt

Claude Abbes, héros malheureux du match Angleterre-France (4-0) est absent depuis le 27 novembre. Blessé aux reins, il attend le feu vert du service médical du club pour reprendre le chemin de l’entraînement. Maryan Paszko, son remplaçant, assure parfaitement l’intérim, ce qui n’empêche pas les dirigeants stéphanois de rechercher un troisième gardien au cas où… C’est dans cette optique qu’ils se sont mis d’accord avec leurs homologues strasbourgeois pour accueillir Robert Philippe. Barré par Visioli dans les cages alsaciennes, cet étudiant, âgé de 20 ans, est prêté jusqu’à la fin de la saison.

L'Equipe, 19 décembre 1957.
L’Equipe, 19 décembre 1957.

Le désarroi de M. Puntis

A la veille de recevoir Saint-Etienne, rien ne va plus à Toulouse. Le club haut-garonnais est en effet en proie à de graves difficultés menaçant son existence même. M. Puntis, grand argentier qui préside aux destinées du club depuis son sauvetage à la fin de la saison 1950-1951, est à deux doigts de jeter l’éponge.

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Monsieur Puntis, l’homme au chapeau, menace de quitter le Toulouse Football Club.
L'Equipe, 20 décembre 1957.
L’Equipe, 20 décembre 1957.

Les raisons de son désengagement sont plus morales que matérielles. Jean-Marie Puntis est, semble-t-il, très désabusé par la soudaine désaffection des supporters toulousains se traduisant par une baisse significative des recettes du club. Les supporters ne sont pas satisfaits par la tactique de jeu mise en place par l’entraîneur M. Bigot, ancien joueur stéphanois de 1940 à 1942. En effet, ce dernier privilégie une approche défensive et non offensive comme le souhaiteraient les soutiens du club. Ce désaccord majeur conduit à une désaffection du stade lors des matches du club.

L'Equipe, 20 décembre 1957.
L’Equipe, 20 décembre 1957.

La seconde raison réside dans le conflit ouvert entre M. Puntis et les dirigeants des différents clubs de rugby de la ville. Le TFC utilise de manière exclusive depuis neuf années les terrains du Stadium municipal de Toulouse contraignant les rugbymen, véritables idoles dans la cité rose, à s’exiler en banlieue. Le summum de ce conflit se trouve à un moment précis : pour pouvoir accueillir le match international France-Tchécoslovaquie de rugby, le Stade Toulousain a dû payer pas moins de 300 000 francs au TFC. Ces frais de location restent en travers de la gorge des dirigeants du rugby toulousain. qui attendent avec impatience la fin de l’exclusivité du terrain du Stadium municipal prévu pour cette saison 1957-1958…

L'Equipe, 21 décembre 1957.
L’Equipe, 21 décembre 1957.

Retrouver la sérénité

C’est dans cette atmosphère particulière que Jules Bigot a tenté de préparer cette rencontre. Auteur d’un bon match nul à l’aller (1-1), l’équipe toulousaine reste sur deux victoires : à Monaco (2-0) et contre Valenciennes (3-2). Pour Bigot et ses joueurs, l’objectif est double : faire revenir les spectateurs au Stadium municipal et être les premiers à faire tomber les Stéphanois cette saison.

Herbin au repos

Jean Snella, contrairement à ses habitudes, a eu beaucoup de mal à former son équipe. Entre blessés et militaires, son effectif s’est réduit à peau de chagrin. S’il a été rassuré par son capitaine René Domingo et l’état de fraîcheur de ses bidasses, en revanche, après le dernier entraînement vendredi, il a pris la sage décision de laisser au repos Robert Herbin, son jeune inter gauche. « Huit jours de repos supplémentaires ne feront pas de mal à Herbin, explique-t-il. Il faut le ménager car il n’a pas encore 19 ans et il relève de blessures. »

Le jeune Robert Herbin.
Le jeune Robert Herbin, blessé, n’est pas du déplacement à Toulouse. Il s’est vu accorder huit jours de repos par Jean Snella.

Cette absence contrarie quelque peu ses plans mais ne fait pas que des malheureux. Eugène Njo-Léa, déplacé sur l’aile gauche lors des trois dernières rencontres, délaisse ainsi ce poste qu’il n’affectionne que moyennement au profit du Hongrois Ferenc Nyers. Le Camerounais retrouve ainsi une place d’avant-centre occupée jusqu’alors par Yvon Goujon qui glisse de ce fait à l’aile droite.

A Toulouse, Saint-Etienne a un double objectif : ne pas perdre bien sûr mais aussi et surtout essayer de préserver cette invincibilité record en Division 1.

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Au Stadium, Eugène Njo-Léa et Yvon Goujon en tête, espèrent bien poursuivre leur série d’invincibilité.

Retour des spectateurs au Stadium

Pour la venue de Saint-Etienne, 12 882 spectateurs se sont déplacés au Stadium. Est-ce la promesse faite par Bigot de jouer l’attaque ou l’envie de voir tomber pour la première fois de la saison les Verts de Mekloufi ? Ils n’ont pas à le regretter. D’entrée, le TFC prive son adversaire de ballons. Bouchouk (2e) et Schultz (4e) manquent d’un crampon d’ouvrir le score.

Njo-Léa d’entrée

Mais à trop attaquer, les coéquipiers de Cahuzac s’exposent aux contre-attaques meurtrières de leur adversaire. Dès la 5e minute, sur une passe en profondeur de Mekloufi, Njo-Léa échappe à son vis-à-vis Bruat et trompe Roussel, le gardien toulousain (0-1, 5e).

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Maryan Paszko, le gardien stéphanois, repousse l’une des offensives toulousaines.

Malheureux après ce coup du sort, Bigot voit son équipe handicapée par la blessure à la cheville de son demi Bocchi suite à un tacle de Georges Peyroche. Repositionné au poste d’ailier gauche, ce dernier se contente d’un rôle de figurant. Ce handicap n’altère en rien les ardeurs toulousaines.

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Quelques minutes après le premier but inscrit par Njo-Léa, le Toulousain Bocchi se blesse. Il se contente d’un rôle de figurant jusqu’à la fin du match.

A la 27e minute, Njo-Léa, totalement retrouvé, tente un lob qui frôle les poteaux de Roussel.

Mekloufi à la baguette, Nyers à la conclusion

Sa ligne d’avants, composée de la triplette Di Loretto, Muller et Schultz, bien épaulée par le demi Cahuzac, se rue à l’assaut des buts stéphanois. Aux attaques toulousaines, les Verts répliquent par des contre-attaques. Sur l’une d’elles, la troisième seulement, Mekloufi, très inspiré et pour une fois délaissé par Cahuzac, profite de l’aubaine. Il s’empare du ballon et sert Njo-Léa. L’avant-centre stéphanois transmet à Nyers qui inscrit le second but (0-2, 38e).

A la pause, Saint-Etienne mène 2 à 0 contre le cours du jeu.

Toulouse domine, Saint-Etienne marque

La seconde mi-temps est à l’image de la première. Toulouse impose son jeu malgré un terrain très lourd. A la 70e minute, Njo-Léa, à la limite des dix-huit mètres, déclenche une belle frappe du gauche. Roussel plonge pourtant du bon côté mais ne peut que constater les dégâts (0-3, 70e).

Quatre minutes plus tard, les Toulousains sont enfin récompensés de leurs efforts. Suite à un coup franc indirect dans la surface de réparation concédée par Wicart, Muller, à l’affût, réduit le score (1-3, 74e).

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La défense stéphanoise a longtemps résisté aux assauts toulousains. Elle cède une première fois à la 74e minute.

Six minutes plus tard, ce même Wicart loupe totalement son dégagement mais pas Muller qui reprend le ballon de volée et trompe une seconde fois l’infortuné Paszko (2-3, 80e). Ces deux buts coup sur coup de l’avant-centre méridional ont le don de galvaniser le public. La fin de la rencontre se joue dans une véritable ambiance de Coupe de France. Malgré quelques dernières velléités toulousaines, les Verts demeurent invincibles. Ils sont désormais à 18 matches sans défaite.

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Bien articulée autour de Domingo et Tylinski, la défense stéphanoise permet à Saint-Etienne de rester invaincu.

Grâce à une attaque retrouvée et le renforcement de la défense articulée autour de Wicart, des frères Tylinski, bien soutenue par Ferrier et Domingo, Saint-Etienne conserve son invincibilité. « Et c’est nous qu’on accuse de faire le béton » s’exclame M. Puntis, satisfait malgré la défaite de son équipe.

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René Domingo et Pierre Cahuzac.

A Toulouse, Snella a retrouvé l’entente entre Njo-Léa et Mekloufi qui avait fait la force de son équipe championne de France 1957. Auteurs à eux deux de 75 buts en 1956-57, les deux hommes étaient en froid depuis le début de la saison. Cette mésentente se répercutait sur le terrain. Avant le match à Toulouse, Njo-Léa n’avait inscrit que 4 buts et Mekloufi… un seul. Une franche explication entre les deux hommes peu de temps avant le déplacement en Haute-Garonne a permis de mettre fin à cette guerre froide.

VIDEO Dailymotion :

compte-rendu sonore de la rencontre

Saison 1957-1958 TFC-ASSE par TOULOUSEFOOTBALLCLUB

 

Quelques jours après ce succès à Toulouse, Bernard Lefèvre quitte l’AS Saint-Etienne pour Nancy. Sous les ordres de Jean Snella, il a disputé 41 rencontres et marqué 14 buts dont 3 doublés.

L'Equipe, 24 décembre 1957.
L’Equipe, 24 décembre 1957.

Saint-Etienne connaîtra seulement sa première défaite en Championnat le 26 janvier 1958 contre le RC Paris (0-1). Le club du président Faurand sera donc resté invaincu 21 journées.

Thierry CLEMENCEAU

Pour les retardataires, il n’est jamais trop tard…

Toulouse-Saint-Etienne : un parfum de violette

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Sur la route des Verts est désormais sur Twitter

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LA PHOTO

En compagnie de Gérald Passi, ex-joueur du TFC (1985-90) et de l'ASSE (1992-95) lors du dernier ASSE-Lens (3-3).
En compagnie de Gérald Passi, ex-joueur du TFC (1985-90) et de l’ASSE (1992-95) lors du dernier ASSE-Lens (3-3). Musée des Verts.

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depuis son ouverture le 20 décembre 2013. Et vous ?

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Saint-Etienne-Marseille : le leadership contesté

Ce dimanche 22 février 2015, l’AS Saint-Etienne reçoit l’Olympique de Marseille pour le compte de la 26e journée de Ligue 1. Entre les deux clubs, ce sera la centième confrontation en Championnat. Le dimanche 18 octobre 1970, les Marseillais, alors leaders du Championnat de France, se déplaçaient au stade Geoffroy-Guichard avec un seul petit point d’avance sur leur hôte d’un jour. Récit.

ST ETIENNE-MARSEILLE (2-1)
Salif Keita dispute un ballon dans les airs à Jacky Novi sous le regard de Robert Herbin.

Le 30 août 1970, en France, se joue la 5e journée du Championnat de Division 1. Un seul match n’a pas lieu : celui qui oppose Saint-Etienne et Marseille. La raison en est toute simple : ce week-end-là, les Verts d’Albert Batteux disputaient le Tournoi Mohamed-V à Casablanca où ils étaient invités au même titre que l’Atletico Madrid et le Standard de Liège. A ce moment de la compétition, l’OM était classé 4e et Saint-Etienne occupait seulement la 8e place de D1. Ce dimanche 18 octobre à 15 heures 30, ce qui aurait dû être un match de début de saison s’est transformé en véritable choc du Championnat.

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L’Equipe, 12 août 1970.

« Voilà qui va assurer la recette »

Après leur victoire à Rennes (3-0) une semaine auparavant, les Stéphanois étaient particulièrement heureux, à commencer par Pierre Garonnaire : « Voilà qui va assurer la recette de notre match qui sera disputé dimanche prochain contre Marseille. » Ce n’est pas la victoire contre Nice à domicile (2-1) lors de la journée suivante qui freinera la passion populaire qui s’est emparée de ce match. Grâce à cette victoire, ils restent sur une belle dynamique de quatre succès pour autant de matches. Cette fois, c’est sûr, les coéquipiers de Robert Herbin ont pris leur vitesse de croisière.

Dans le couloir qui mène au vestiaire stéphanois, Albert Batteux et ses joueurs demandent immédiatement le résultat de Marseille, leur futur adversaire. Alors que l’entraîneur stéphanois livre ses premières réactions sur la rencontre qui vient de se terminer, on lui annonce que l’OM n’a pu faire mieux que match nul contre Sochaux (2-2).

« Il faudra éviter de somber »

Batteux esquisse alors un léger sourire qui en dit long. Son équipe revient à un petit point seulement des Olympiens. Une victoire contre les protégés de Mario Zatelli les propulserait seuls en tête du championnat. « Pour nous, dit l’entraîneur stéphanois, cela va être une tout autre paire de manches que devant Nice. Il faudra éviter de sombrer quelque peu comme cela nous est arrivé devant les Niçois après un si bon départ, car les Marseillais, qui viennent de se laisser surprendre chez eux, ne nous laisseront aucun répit. C’est une équipe capable de profiter de la moindre défaillance. »

Avant de penser totalement à cette rencontre au sommet, Batteux a accordé une journée de repos à ses joueurs. L’ex-Rémois, de son côté, en a profité pour se rendre dans sa propriété du côté de Grenoble et y ramasser quelques noix. Rien de tel pour décompresser avant un tel choc.

Revenu le vendredi matin, il a retrouvé ses joueurs sur le terrain du stade Geoffroy-Guichard pour un entraînement collectif. Au menu, une opposition à huit contre huit.

Après la trêve internationale, Albert Batteux retrouve ses nombreux internationaux et peut diriger une séance d'entraînement classique.
Après une journée repos suite au match contre Nice, Albert Batteux a retrouvé ses joueurs le vendredi matin au stade Geoffroy-Guichard.

Batteux compte sur Revelli

Absent contre Nice, Hervé Revelli est bien présent. « Hervé est précieux car il occupe toujours du monde, même s’il ne marque pas. Il reste un danger permanent pour l’adversaire. Revelli a une furieuse envie de jouer ce match. » L’avant-centre stéphanois, originaire de Gardanne, bouillonne d’envie de jouer cette rencontre : « D’abord, dit-il, parce que je suis un peu Marseillais, ensuite, parce qu’il ne me déplairait pas de contribuer à une victoire de mon club. J’en ferais presque volontiers une affaire personnelle. Mais je ne veux jouer ce match que si je suis en pleine possession de mes moyens. » Patrick Parizon, qui avait suivi le match contre Nice des tribunes avec Aimé Jacquet et Hervé Revelli, autres blessés, retrouve lui aussi sa place à l’aile droite.

Christian Sarramagna à l'entraînement
Christian Sarramagna, ici à l’entraînement, s’apprête à disputer son premier match de Division 1 au stade Geoffroy-Guichard.

 « A cet âge, j’aurais joué tous les jours »

L’attaque stéphanoise chargée de faire sauter le verrou marseillais sera donc composée de Parizon, Revelli, Keita et Sarramagna. Le jeune ailier gauche, qui a disputé son premier match en professionnel contre Nice, vient de jouer son troisième match en huit jours. Il risque de payer un manque de fraîcheur physique. Cet argument ne semble pas convaincre son entraîneur : « A vingt ans, on récupère vite et, à cet âge, j’aurais joué tous les jours. »

le 17 OCT
L’Equipe, 17 octobre 1970.

 Broissart et Jacquet absents

Seule ombre au tableau pour Albert Batteux, son défenseur José Broissart se ressent du genou droit. Tout comme Aimé Jacquet, il est donc forfait pour cette rencontre. Enfin, la place du douzième homme devrait revenir à Polny ou Samardzic qui faillit devenir marseillais deux ans auparavant.

17 OCT 70 B
L’Equipe, 17 octobre 1970.

10 000 supporters marseillais attendus

Si 35 000 spectateurs sont attendus ce dimanche après-midi, les joueurs marseillais ne se déplaceront pas seuls à Saint-Etienne puisque 10 000 supporters olympiens sont attendus. Trois trains spéciaux en partance de la gare Saint-Charles, des dizaines de cars et des centaines de voitures particulières au départ de toute la Provence sont annoncées sur les routes qui relient Marseille à Saint-Etienne.

La billetterie bat son plein

A Saint-Etienne, le service billetterie du stade ne chôme pas. Depuis la victoire des Verts sur Nice et le nul de l’OM face à Sochaux, les demandes de places affluent au siège du club stéphanois. « 7 000 billets ont été vendus à Marseille, et en tenant compte de ceux qui ont été cédés par correspondance ou ont été achetés par des amis stéphanois, on peut estimer à 10 000 les Marseillais qui seront au stade Geoffroy-Guichard », assure Charles Paret, le secrétaire général de l’ASSE, au sortir d’une réunion avec le service d’ordre. Du côté de Marseille, la demande est telle que ce même Paret n’a pu satisfaire toutes les demandes. Il a dû renvoyer plus de 700 chèques ou mandats en provenance de la Provence. Le stade Geoffroy-Guichard ne contient en effet que 10 000 places assises et un peu plus de 26 000 debout.

Record de spectateurs à Geoffroy-Guichard pour la venue de Reims
Le 24 février 1957, le match Saint-Etienne-Reims (0-0) avait attiré 30 968 au stade Geoffroy-Guichard.  Un record. Contre l’Olympique de Marseille, le stade sera à nouveau plein à craquer. Plus de 36 000 places ont été vendues.

 Charly Loubet incertain

C’est dans cette ferveur que les joueurs marseillais se préparent. Le dernier entraînement disputé le vendredi sous un beau soleil n’a pas permis à Mario Zatelli, l’entraîneur provençal, d’en savoir plus sur le cas Charly Loubet. Son ailier gauche est en délicatesse avec son genou. En cas de forfait, c’est le jeune Daniel Leclercq qui le remplacerait.

ST ETIENNE-MARSEILLE(2-1)
Mario Zatelli, l’entraîneur marseillais, assis à côté de Lucien Leduc,  n’est nullement stressé par ce choc au sommet au stade Geoffroy-Guichard.

Malgré ce tracas, Zatelli n’est pas plus inquiet à 48 heures de ce premier grand match de vérité. Pour preuve : il a regardé tranquillement vendredi après-midi son feuilleton favori avant d’aller promener sa chienne « Maya » dans les allées du Prado.

« Dimanche, nous allons nous efforcer de montrer que notre place n’est nullement usurpée, lâche-t-il. J’ai lu qu’à Saint-Etienne, on nous comparait à Cagliari. C’est beaucoup d’honneur qu’on nous fait là et peut-être bien, après tout, que notre équipe se comportera à la manière des Sardes. »

16 OCT 70 UNE
La Une du quotidien L’Equipe du 16 octobre 1970.

Le samedi, soit la veille de la rencontre, les dirigeants et joueurs marseillais avaient rendez-vous à la gare Saint-Charles à 14 h 18. Ils étaient attendus en fin d’après-midi dans la capitale du cycle.

Le dimanche matin, aux alentours de 8 heures, ils sont plus de cinq cents supporters marseillais à avoir investi la Grand-place de Saint-Etienne. Ils réclament un salut de leurs joueurs du balcon de leur hôtel.

16 OCT 70
L’Equipe, 16 octobre 1970.

Il est 13 heures 30 au stade Geoffroy-Guichard. Avec 36 147 spectateurs, cette rencontre a frôlé le record stéphanois mais ne l’a pas battu. Celui-ci est toujours la propriété de Saint-Etienne-Legia Varsovie avec 38 309 entrées payantes. Depuis le début de la saison, c’est la deuxième fois seulement que plus de 30 000 spectateurs sont présents à un match de football. Le premier remonte à la dernière journée où 36 208 avaient assisté à Marseille-Sochaux (2-2).

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Programme du match. Musée des Verts.

Le soleil est au rendez-vous pour le lever de rideau qui oppose la troisième équipe de l’ASSE à celle du Coteau, une équipe de Promotion. Cette dernière a le soutien des 10 000 supporters Marseillais présents.

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Les supporters marseillais se sont déplacés en nombre au stade Geoffroy-Guichard. Ils font entendre leurs voix pour encourager leur équipe.

« Aux armes citoyens… »

A 15 h 30, quand les deux équipes font leur apparition sur le terrain, une centaine de banderoles fleurit aux quatre coins du stade. Le speaker du stade tente vainement d’annoncer les 22 joueurs mais les chants entonnés ici et là couvrent le son des haut-parleurs. Les 10 000 supporters marseillais entonnent alors La Marseillaise pour mieux marquer leur territoire. On n’avait encore jamais vu ça pour un match de Championnat.

ST ETIENNE-MARSEILLE (2-1)
Les joueurs stéphanois, à l’image de Keita, Bosquier ou Carnus, sont concentrés. En cas de victoire sur l’OM, ils leur ravirait la première place au classement.

Dans les tribunes, Pierre Pibarot, Jean Baeza et Fleury Di Nallo ont fait le court déplacement de Lyon pour superviser l’OM. Claude Abbes et Jean Oleksiak, les anciens Verts, sont également présents.

ST ETIENNE-MARSEILLE (2-1)
Salif Keita, tel un félin, s’en va porter le danger dans le camp marseillais. Déjà auteur de neuf buts depuis le début de la saison, contre l’OM, il n’ajoutera pas une unité à son compteur-buts.
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L’Equipe, 19 octobre 1970.
ST ETIENNE-MARSEILLE
Lors de ce Saint-Etienne-Marseille, Georges Carnus, le gardien stéphanois, sous le regarde de Francis Camérini, l’un de ses défenseurs, a souvent été mis en danger. Mais, comme à son habitude, le gardien international a effectué quelques parades décisives.

Après cette victoire stéphanoise (2 à 1), les Marseillais ne décolèrent pas. Tous ont l’impression d’avoir été volés par M. Frauciel, coupable de mansuétude à l’égard des Stéphanois. Pour Marcel Leclerc, le bouillant président olympien : « Cette rencontre et son environnement ont démontré qu’il n’y a pas de crise du football, mais qu’en revanche, il existe une grave crise de l’arbitrage. J’espère, poursuit-il, que la bande filmée sur la partie établira d’irréfutable façon que les deux fautes qui, selon moi, auraient dû être réprimées par la sanction suprême, étaient caractérisées et intentionnelles. » Pour Jacky Novi : « Un point accordé à Saint-Etienne et un point refusé à Marseille, ça fait deux points de différence ; c’est nous qui devrions être en tête. »

ST ETIENNE-MARSEILLE
A la 16e minute, Robert Herbin, d’une magnifique frappe du pied gauche, ouvre le score pour l’AS Saint-Etienne.

Chez les Verts, on préfère évoquer la qualité de l’adversaire. Pour Francis Camérini : « Marseille est une équipe complète. Elle m’a impressionné. C’est une équipe d’hommes. Comme Skoblar. Elle sait se faire respecter et sait profiter de toutes les occasions qui s’offrent à elle. » Une analyse confirmée par Robert Herbin : « L’OM nous a fait souffrir. Avec une telle équipe, nous ne sommes pas du tout certains de remporter le Championnat, bien que mon plus cher désir soit que mes camarades et moi fassions tout pour conserver notre titre une cinquième année consécutivement. »

19 OCT 70 B
L’Equipe, 19 octobre 1970.
Salif Keita n'a pas marqué de but cette fois, mais il fut l'un des plus brillants acteurs de ce Saint-Etienne-Marseille (2-1).
Salif Keita n’a pas réussi le penalty sifflé par M. Frauciel en faveur des Verts mais il fut l’un des plus brillants acteurs de ce Saint-Etienne-Marseille (2-1).

Sarramagna a déjà tout d’un grand

Ce dimanche 18 octobre, au stade Geoffroy-Guichard, contre l’OM, Christian Sarramagna a tenu toutes les promesses placées en lui. Il s’est notamment signalé par sa finesse de touche de balle, par ses frappes puissantes dont l’une s’est transformée en but (68e) sans oublier de défendre sur chaque attaque marseillaise. Ses deux prestations contre Nice et Saint-Etienne ont convaincu son entraîneur. Jean Cornu, dans le quotidien L’Equipe, relate le bel après-midi du jeune Basque.

19 OCT 70V
L’Equipe, 19 octobre 1970.
ST ETIENNE-MARSEILLE (2-1)
Christian Sarramagna, ici dans le vestiaire stéphanois avant la rencontre. Le remplaçant de Georges Bereta, qui n’a pas encore 19 ans, a réussi une bonne prestation au stade Geoffroy-Guichard.

 

 Le résumé vidéo du match

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Grâce à cette victoire, en une semaine, Saint-Etienne est passé de la 7e à la première place au classement !

« Être au niveau supérieur le jour, où il le faut. » Cette phrase prononcée par Albert Batteux peu de temps après la défaite des Stéphanois survenue à Cagliari en Coupe des Clubs Champions a cette fois trouvé son application dans cette victoire de prestige.

Thierry CLEMENCEAU

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La Une du quotidien L’Equipe du 19 octobre 2015.

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photo : asse.fr

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