Saint-Etienne-Valenciennes : il suffira d’un « cygne »

Samedi prochain, Valenciennes sera l’hôte de Saint-Etienne pour le compte de la 23e journée. Depuis leur première confrontation dans le Chaudron en 1935, les oppositions entre Stéphanois et Valenciennois ont souvent été animées.

Plusieurs entraîneurs ont également connu leur premier match contre le club valenciennois, symbolisé par le cygne blanc. C’est ainsi que Jean Snella, après un passage en Suisse, retrouve en 1963, le banc stéphanois à l’occasion d’un « Sainté-VA » . En novembre 1981, quelques jours après la victoire des Bleus contre les Pays-Bas (2-0) qualificative pour le Mondial espagnol, Platini éclabousse de toute sa classe le match Saint-Etienne-Valenciennes en inscrivant quatre buts. Enfin, lors de la deuxième journée de championnat en 2007, Laurent Roussey prend place pour la première fois sur le banc à Geoffroy-Guichard. Bonne lecture.

 

Une première pour Valenciennes à Geoffroy-Guichard

14 avril 1935. Saint-Etienne-Valenciennes : 0-1.
Saint-Etienne et Valenciennes ne se sont jamais rencontrés au stade Geoffroy-Guichard avant ce 14 avril 1935. Ils ont néanmoins un point commun : celui d’avoir adhéré en 1933 au statut professionnel. Les deux clubs sont alors en deuxième division et ont un but avoué : accéder à la division supérieure.
Corrigés au match aller 6-0 dans le Nord, les Verts de Saint-Etienne ont à coeur d’effacer cette déroute.

Kovacs, l'attaquant stéphanois, aux prises avec le gardien adverse.
Kovacs, le milieu offensif stéphanois, aux prises avec le gardien adverse.

Malgré toute leur bonne volonté, les hommes de Rivers sont surclassés dans tous les domaines de jeu et s’inclinent logiquement 1-0 sur un but de Whitehouse inscrit à la 9e minute.
Au terme de cette saison 1934-35, Saint-Etienne se classe 9e avec 23 points dans une division qui comporte quinze clubs.
But.- Whitehouse (9e)
Saint-Etienne : Guillard – Kovacs, Magnon, Stévanovitch, Odry, Woehl – Polge, Szeman, Chalvidan, Guillon, Saint-Georges. Entr.: Rivers.
Valenciennes : Parmentier – Heil, Thiéry – Poliak, Peiffert, Tison – Pinteau, Whitehouse, Moëtschmann, Ignace, Waggi. Entr. : Griffiths.

 

Course poursuite dans le Chaudron

10 mars 1957. Saint-Etienne-Valenciennes : 5-4
Il y a des matches qui méritent d’être vécus. Ce Saint-Etienne-Valenciennes fait partie de cette légende. Les spectateurs sont passés par toutes les émotions : de la joie aux sueurs froides.
Eliminés sans gloire par Roubaix (4-1) en Coupe Drago le week-end précédent, les Verts ne sont pas au mieux malgré une place de leader.

Le Bataillon retient Mekloufi et Ferrier

Pour recevoir le club entraîné par Robert Domergue, Jean Snella ne sait quelle équipe il alignera pour affronter les Nordistes. En effet, Mekloufi et Ferrier, deux pièces maîtresses, sont retenus par le Bataillon de Joinville pour disputer le Challenge Kentish. En revanche, l’Armée a libéré Oleksiak, Peyroche et Michel Tylinski. Njo-Léa, blessé, est forfait. Seule bonne nouvelle à ce tableau pour le technicien stéphanois : les rentrées de Rijvers et Lefèvre.
Valenciennes, en revanche, se déplace dans la Loire avec un effectif au complet.

Rachid Mekloufi retenu par le Bataillon de Joinville ne peut participer à cette rencontre.
Rachid Mekloufi retenu par le Bataillon de Joinville ne peut participer à cette rencontre.

Trois buts en six minutes

Les 9 763 spectateurs du stade Geoffroy-Guichard sont vite rassurés. A la pause, les Verts mènent… 4-0. Fouillen par deux fois (31e et 39e) et Rijvers (42e), le petit lutin hollandais, régalent le public pour sa rentrée. Juste avant le repos, Peyroche enfonce un peu plus des Valenciennois (45e) aux abois.

Le vent tourne

A la reprise, Saint-Etienne pêche par excès de confiance. Les Nordistes entament une véritable course-poursuite. Ils réduisent d’abord la marque par Statko (48e) avant que Van Rhijn ne redonne espoir à son équipe. L’autre Hollandais de ce match, ne trompe Abbes à deux reprises en cinq minutes (71e et 76e). Il n’y a pas encore le feu dans la maison verte mais la menace se fait de plus en plus pressante. Jean Snella n’est pas au bout de ses émotions.
La défense stéphanoise cède une quatrième fois avec un but de Puccar (77e). Menés 4-0, les Valenciennois reviennent à 4-4.

Quatre buts en sept minutes

Alors que les hommes de Domergue ont pris l’ascendant sur les Stéphanois, contre toute attente, leur capitaine René Domingo inscrit le cinquième but des Verts malgré les protestations de leurs adversaires. Ces derniers estiment qu’il y a une faute sur leur gardien. Finalement, le match se termine dans la confusion.

René Domingo, l'emblématique capitaine des Verts, inscrit le cinquième but, synonyme de victoire.
René Domingo, l’emblématique capitaine des Verts, inscrit le cinquième but, synonyme de victoire.

Cette victoire constitue une première pour Saint-Etienne contre Valenciennes en championnat. En effet, les Verts n’avaient jamais gagné contre les Nordistes.
Grâce à ce succès, Saint-Etienne maintient son écart avec ses poursuivants Lens et Reims et continue sa course en tête, celle qui mène au titre de champion de France.

Le 11 mars 1957, Le journal L’Equipe titre :

11 mars 1957

Buts.- Saint-Etienne : Fouillen (31e, 39e), Rijvers (42e), Peyroche (45e), Domingo (78e) ; Valenciennes.- Statko (48e), Van Rhijn (71e et 76e), Puccar (77e).
Saint-Etienne : Abbes – M. Tylinski, R. Tylinski, Wicart – Cassado, Wassmer – Peyroche, Domingo, Fouillen, Rijvers, Lefèvre. Entr. : Snella.
Valenciennes : Hugues – Cauwelier, Foix, Kryske – Toris, Chiarelli – Césari, Puccar, Westwood, Stako, Van Rhijn. Entr. : Domergue.

 

Le grand retour de Snella à Saint-Etienne

Samedi 31 août 1963. Saint-Etienne-Valenciennes : 1-1

Saint-Etienne retrouve la Division 1 après un an de purgatoire à l’étage inférieur. Roger Rocher est un homme heureux. Il a réussi à convaincre Jean Snella de revenir à Saint-Etienne. Quatre ans d’exil pour celui qui a conduit les Verts à leur premier titre de champion de France en 1957, c’est long. Mais depuis Genève où il entraînait le Servette, il s’est toujours tenu au courant de ce qui se passait dans la cité minière. Comme s’il savait qu’il reprendrait sa place sur le banc du stade Geoffroy-Guichard.

Jean Snella est de retour à Saint-Etienne. Il est assis à côté de Roger Rocher, son président.
Jean Snella est de retour à Saint-Etienne. Il est assis à côté de Roger Rocher, son président.

Place aux jeunes

Le club n’a pas les moyens de pratiquer une politique de vedettes, Aux Mekloufi, Foix, Ferrier, Tylinski, Herbin, Domingo, il compte bien associer les jeunes Polny, Epalle, Mitoraj, Sbaïz ou encore Veggia. La seule « entorse » que s’est autorisé l’ASSE concerne l’arrivée du gardien international nîmois Pierre Bernard. Comme à son accoutumée, le club stéphanois pourra compter sur un grand gardien.

Pierre Bernard blessé

En ouverture du championnat, Saint-Etienne reçoit Valenciennes. Son nouveau gardien s’est blessé contre Grenoble en Coupe de la Ligue. Pour le remplacer, il peut compter sur Donoyan dont le statut amateur n’en fait pas moins un gardien d’un bon niveau.
Snella préfère Sbaïz à Polny qui effectue son service militaire.

Pierre Bernard, un gardien international dans les buts stéphanois.
Pierre Bernard, un gardien international dans les buts stéphanois.

Le tandem Herbin-Mekloufi

7 241 spectateurs se sont déplacés pour le retour de « Monsieur Jean » à Saint-Etienne. Parmi eux, Henri Guérin, le sélectionneur de l’équipe de France, est venu superviser quelques prétendants à la sélection.
Face à une valeureuse équipe valenciennoise, Saint-Etienne impose son jeu grâce à l’inspiration et le dynamisme de son duo Herbin-Mekloufi qui s’entendent comme larrons en foire.
Contre le cours du jeu, les hommes de Domergue ouvrent le score par Bonnel sur un tir anodin. Le gardien remplaçant des Verts juge mal la trajectoire du ballon et concède un but « stupide ».
Il faut attendre la 42e minute pour voir Epalle, pourtant dans un jour « sans », égaliser. Malgré des tentatives de Mekloufi, Foix ou Domingo, les Verts se contentent d’un match nul. Jean Snella espérait sûrement mieux pour son grand retour à Geoffroy-Guichard.
Henri Guérin, quant à lui, a été impressionné par la vitalité de Robert Herbin qui a une nouvelle fois éclaboussé par son talent le match.

Buts.- Epalle (42e) pour Saint-Etienne ; Bonnel (31e) pour Valenciennes.
Saint-Etienne : Donoyan – Casado, Tylinski, Sbaïz – Domingo, Ferrier – Hartmann, Herbin, Epalle, Mekloufi, Foix. Entr. Snella.
Valenciennes : Labalette – Mayet, Provelli, Matzki – Piumi, Kocik – Valnet, Bonnel, Preseau, Breuvart, Guillon. Entr. : Domergue.

La belle semaine de Michel Platini

22 novembre 1981. Saint-Etienne-Valenciennes : 5-1.

Le 18 novembre 1981, L’équipe de France de Michel Hidalgo affronte les Pays-Bas de l’ancien stratège des Verts des années 50, Kees Rijvers.
Si les Bleus s’imposent, les portes du Mondial espagnol seront grandes ouvertes. Pourtant, il faut attendre la 51e minute pour voir les Bleus obtenir un coup franc bien placé sur la droite du but de Van Breukelen, le gardien néerlandais. Michel Platini se charge de le tirer. D’un tir brossé au dessus du mur à mi-hauteur, il laisse le portier adverse sans réaction. Six (82e) achève les coéquipiers du Stéphanois Johnny Rep. Une dernière victoire contre Chypre et la France obtiendra son ticket pour le Mondial.

Vidéo de l’INA : le coup-franc de Michel Platini contre les Pays-Bas le 18 novembre 1981.

http://player.ina.fr/player/embed/VDD09039995/1058813/0d738dc1a75988da48900212e15cb897/560/315/0/148db8

Quatre jours après ce match international, les Stéphanois reportent leurs efforts sur le championnat. Robert Herbin retrouve ses cinq internationaux pour recevoir Valenciennes. Avant cette dix-neuvième journée, ils sont déjà champions d’automne.

Dans L’Equipe du 21 novembre 1981, Jean-Louis Zanon, le défenseur des Verts, parle des coup-francs de son « professeur ».

ZANON

A domicile, les Stéphanois sont intraitables depuis quelques mois. Castaneda n’a encaissé qu’un seul but dans le Chaudron depuis le début du championnat.
Il ne faut que vingt-six minutes aux Verts pour voir le Danois Benny Nielsen tromper Bas, le gardien nordiste avant que le sauveur des Bleus ne commence son show. Il inscrit quatre buts tous aussi différents les uns des autres. Le numéro 10 des Verts est en état de grâce et achève sa semaine de la plus belle des manières.

Michel Platini auteur de quatre buts contre Valenciennes. En second plan, Jean-Louis Zanon.
Michel Platini auteur de quatre buts contre Valenciennes. En second plan, Jean-Louis Zanon.

Le 12 mai 1973, Michel Platini a inscrit ses deux premiers buts en Division 1 avec Nancy contre… Lyon. Avec ce quadruplé contre Valenciennes, il porte son total à 148 réalisations dont 50 sous le maillot vert.

Au terme des matches allers, Saint-Etienne est champion d’automne avec 29 points, soit trois de plus que ses poursuivants Monaco et Sochaux, possède la meilleure attaque (43 buts), la meilleure défense (17 buts) et le meilleur buteur avec Platini (14 buts).

Buts.- Saint-Etienne : Nielsen (26e), Platini (37e, 45e, 60e, 76e) ; Valenciennes : Jacques (58e).
Saint-Etienne : Castaneda – Battiston, Oleksiak, Lopez, Janvion – Zanon, Larios, Platini, Nogues (Paganelli, 46e), Nielsen, Rep. Entr. : Herbin.
Valenciennes : Bas – Duez, Gillot, Sokal, Tihy – Rabier, Zaremba (Lefebvre, 65e), Pesin – Jacques, Tyc, Nagiel. Entr. : Wilczek.

 

Laurent Roussey seul aux commandes

Le 11 août 2007. Saint-Etienne-Valenciennes : 3-1.

Le 1er juin 2007, Laurent Roussey, l’ex-prodige des années 80 de l’AS Saint-Etienne, devient le nouvel homme fort du domaine technique stéphanois. Âgé de quarante-cinq ans, l’ancien adjoint du Tchèque Ivan Hasek, démis de ses fonctions, ne manque pas d’ambition et espère bien le démontrer au sein du club qui l’a révélé le 19 novembre 1975, alors qu’il n’avait pas encore quatorze ans.

Le 21 novembre 1975, L’Equipe relate les premiers pas de Laurent Roussey à Geoffroy-Guichard à l’occasion d’un match amical entre les juniors de Saint-Etienne et ceux du Dynamo Kiev .

Roussey EQ

Un peu moins de trente-deux ans après sa première apparition en vert, Laurent Roussey va connaître son baptême du feu sur le banc de Geoffroy-Guichard à l’occasion de la venue de Valenciennes lors de cette deuxième journée de championnat. Il veut s’inscrire dans la lignée de ses illustres prédécesseurs qu’étaient Herbin, Batteux ou encore Snella.

Laurent Roussey, le nouvel entraîneur des Verts.
Laurent Roussey, le nouvel entraîneur des Verts.

Pour ses débuts à Geoffroy-Guichard devant plus de 30 000 spectateurs, ses joueurs ne le déçoivent pas. Gomis (19e) puis Feindouno (70e et 90 +1) enchantent le Chaudron en offrant à leur nouvel entraîneur une victoire annonciatrice d’une belle saison.

Buts.- Saint-Etienne : Gomis (19e), Feindouno (70e, 90 + 1) ; Audel (87e) pour Valenciennes.
Saint-Etienne : Janot – Perrin (cap.), Varrault, Nivaldo, Tavlaridis, Dabo – Matuidi, Landrin, Payet (Guarin, 59e), Feindouno – Ilan, Gomis (Sall, 72e). Entr. : Roussey.
Valenciennes : Penneteau – Ducourtioux, Ouaddou (cap.), Chelle, Mater (Rippert, 77e) – Doumeng, Jeovanio, Sanchez, Bezzaz (Belmadi, 57e)- Savidan (Audel, 68e), Pujol. Entr. : Kombouaré.

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Bordeaux-Saint-Etienne : une histoire de transferts

Bordeaux et Saint-Etienne, fraîchement éliminés de la Coupe de France, se rencontrent dimanche pour le compte de la 22e journée du championnat. Les confrontations entre les deux clubs ont souvent engendré leur lot d’anecdotes. En 1984, Après une défaite au stade Chaban-Delmas, Jean Djorkaeff a été démis de ses fonctions.

Plusieurs échanges de joueurs ont marqué l’histoire et les relations entre les deux clubs. Parmi ceux-ci, Roland Guillas, éternel jeune homme, nous éclaire sur son transfert à rebondissements de Bordeaux à Saint-Etienne.

Roland Guillas, l’homme qui valait 40 millions

Roland Guillas est né à Lorient en 1936. Dès l’âge de 15 ans, ce fils de marin évolue avec l’équipe de CFA du FC Lorient. En 1954, les dirigeants bordelais, en visite dans le Morbihan pour superviser un avant-centre, Armand Fouillen, remarquent un petit inter droit : Roland Guillas. Dans un premier temps, il signe un contrat de stagiaire au siège du club bordelais, situé sur le cours Clemenceau.

En 1956, il connaît les affres d’une descente avec les Girondins. Paradoxalement, c’est en deuxième division qu’il honore sa première sélection avec l’équipe de France. Le « petit Kopa« , comme on l’appelle, en référence à ses dribbles courts, sa frappe de mule et la justesse de ses passes, demeure en Gironde durant sept années. « C’était flatteur pour moi d’être comparé à Kopa, alors au sommet de sa carrière. Mais pas la meilleure chose pour moi qui débutais la mienne. J’étais un peu jeune pour être comparé à Raymond Kopa. L’un et l’autre avions nos propres qualités. Kopa, c’était Kopa, et Guillas, c’était Guillas ! » La mise au point a le mérite d’être claire.

Les Girondins de Bordeaux 1959-60. debout; fiori (raymond), casties (jean claude), navarro (francisco), moevi (gilbert), cazebonne (jacques), rey (claude) accroupis; hédiart (jean), guillas (roland), anderson (gunnar), abossolo (gabriel), robuschi (laurent)
Les Girondins de Bordeaux 1959-60.
Debout : de g. à d. : Fiori, Casties, Navarro, Moevi, Cazebonne, Rey.
Accroupis : de g. à d. : Hédiart, Guillas, Anderson, Abossolo, Robuschi.

A l’automne 1959, las des résultats de son équipe, il exprime des envies de départ.

Un demi-siècle plus tard, Roland Guillas, avec son accent du Sud-Ouest, bien que Breton d’origine, a accepté de revenir avec franchise sur la genèse à rebondissements de Bordeaux à Saint-Etienne.

 

Bordeaux au bord du gouffre

Début novembre 1959. Bordeaux connaît de graves difficultés financières. Pour combler une partie du déficit, on évoque un éventuel transfert de Roland Guillas.

« Les Girondins de Bordeaux avaient un déficit colossal. Pour le combler, ils étaient dans l’obligation de vendre. International, j’avais une certaine valeur marchande. Les dirigeants n’avaient d’autre solution que de me transférer. Au risque de mettre la clé sous la porte. »

Roland Guillas lors d'un Bordeaux-Valenciennes.
Roland Guillas lors d’un Bordeaux-Valenciennes.

Paul Nicolas, le sélectionneur français, conseille vivement au Breton de quitter la Gironde s’il veut continuer sa progression. « Aussi, pour continuer à jouer en sélection, je devais rejoindre un club plus huppé. »

Roland Guillas connaît sa première sélection nationale le 3 décembre 1958 contre la Grèce à Athènes lors d’un match qualificatif pour les Championnats d’Europe (1-1).

Le 17 décembre 1959, la France reçoit l’Espagne en amical au Parc des Princes. La ligne d’attaque française est composée de Vincent, Fontaine, Kopa, Douis et… Guillas. Les Français surclassent les Espagnols 4-3. Guillas ne marque pas mais ses dribbles courts affolent souvent la défense espagnole. L’Equipe titre le lendemain : « Une des plus belles pages du football français« .

17 DEC 59

 

Les courtisans se font légion

Guillas excelle en club et confirme en sélection. Plusieurs clubs flairent la bonne affaire. Lyon, Angers, Saint-Etienne, Monaco, le Stade Français et Strasbourg se manifestent. Ce dernier tient la corde mais le prix à payer pour s’attacher les services du Girondin est élevé : 25 à 30 millions d’anciens francs.

Les dirigeants bordelais stoppent les discussions avec leurs homologues angevins en leur signifiant qu’un déplacement en Gironde serait inutile. Monaco, de son côté, déclenche une nouvelle offensive en proposant Roy ou Hidalgo ou Courtin dans la balance. Mais cette offre est loin de celle du Racing qui, après avoir proposé Mahjoub, Sadat et Bamana, offre Topka. Les clubs intéressés par la venue du petit Bordelais sont prêts à tout pour le faire signer.

 

Monaco et le Racing ont sa préférence

Guillas ne se voit pas continuer sa carrière en Alsace. Adieu Strasbourg. En revanche, il ne serait pas contre porter les couleurs rouge et blanc de Monaco ou bien celles bleu ciel et blanc du Racing.

Quelques jours plus tard, ils ne sont plus que trois clubs à vouloir convaincre Guillas de rejoindre leurs rangs : Sochaux, le Racing et… Saint-Etienne. Les arguments des Parisiens restent inchangés et les Sochaliens, très entreprenants, proposent Bourdoncle et 10 millions environ.

Roland Guillas fait admirer sa technique lors d'un Bordeaux-Sochaux.
Roland Guillas fait admirer sa technique lors d’un Bordeaux-Sochaux.

Les dirigeants stéphanois ne dévoilent pas leurs arguments.

« Charles Paret en personne pour Saint-Etienne se déplace dans le Sud-Ouest pour discuter avec mes dirigeants. » Il repart dans la Loire sans la certitude de voir Guillas en Vert.

Le 7 novembre 1959, Bordeaux et Saint-Etienne reprennent les discussions. Cette fois, l’offre stéphanoise est dévoilée : l’ASSE propose Oleksiak, Cristobal et 5 millions en plus. Mais, M. Darchand, le dirigeant bordelais, aurait une préférence pour Oleksiak et Liron. Les négociations continuent de plus belle.

 

Les compteurs s’affolent

Quelques jours plus tard, les dirigeants foréziens reviennent à la charge et changent de stratégie : ils ne proposent plus qu’un seul joueur : Oleksiak. En revanche, ils surenchérissent en proposant 20 millions d’anciens francs dans la corbeille. Les compteurs s’affolent. De quoi faire tourner les têtes aussi. Guillas souhaite plus que jamais être transféré. Il menace et met un peu plus la pression sur ses dirigeants : « Ou je quitte Bordeaux ou je ne joue plus cette saison« . On évoque également une prime importante à la signature pour le joueur. Les clubs s’offusquent alors du montant réclamé.

 

« L’affaire Guillas »

Le « transfert de Guillas » devient alors « l’affaire Guillas ». La Ligue Nationale s’empare du dossier et décide de trancher rapidement afin de stopper cette escalade financière.

Le 10 novembre, elle rend son verdict : Roland Guillas est condamné à rester à Bordeaux jusqu’à la fin de la saison alors que le départ du Breton pour Saint-Etienne est pratiquement conclu. La décision est irrévocable.

Mais dans cette « affaire », la Ligue Nationale a-t-elle outrepassé ses droits? Peut-elle interdire le transfert de Guillas à Saint-Etienne ? Oui. Le nouveau règlement en vigueur depuis la saison précédente, proscrit, en effet, toute prime au joueur à la signature. Alex Fontanilles, le dirigeant stéphanois, se voit, à cette occasion, retirer sa licence de dirigeant par la Ligue Nationale.

Le principal intéressé, convoqué avec l’équipe de France B à Belfast, se réserve le droit de réagir après ce match international. Les dirigeants bordelais, en proie à de graves difficultés financières, se disent lésés par cette décision. En effet, un transfert de leur international permettrait de renflouer considérablement les caisses du club. Enfin, Pierre Guichard, le dirigeant stéphanois, se dit surpris par une telle issue.

 

Encadré extrait du journal L’Equipe paru le 16 février 1960

19 FEV 1960

 

De retour de Belfast, le joueur bordelais est prié d’aller s’expliquer boulevard de Courcelles à la Ligue.

Très affecté, il tient à répondre à ses détracteurs. Pour lui, tout ce qui a été dit et écrit sur ses prétendues exigences financières est insensé. Mais faute de preuves puisque les négociations se sont déroulées verbalement, il ne peut demander réparation.

Cette situation ne l’empêche pas de donner le meilleur de lui-même. Bordeaux écrase Monaco 4-2 en championnat et bien que blessé au coude, il est à l’origine des quatre buts girondins.

 

 Têtu comme un Breton

Nouvelle année. Mêmes envies. Au printemps, Guillas clame à nouveau son envie d’ailleurs. Mais le ton est plus modéré. Il souhaite toujours partir mais seulement à la fin de la saison. Il ne peut en être autrement. Visiblement, le moral est au plus bas dans l’équipe girondine. A la mi-mars, elle occupe la dernière place en championnat. Les fins de mois sont difficiles et les sautes d’humeur de plus en plus fréquentes. Le club bordelais est au bord de la faillite. Un audit sur l’état des finances bordelaises a même été commandité par la Ligue.

Fin mai, le championnat rend son verdict : Saint-Etienne termine à la 12e place et les Girondins de Bordeaux descendent en deuxième division.

Roland Guillas avec le maillot au scapulaire face au Lemée du Stade Français.
Roland Guillas avec le maillot au scapulaire face au Lemée du Stade Français.

Début juin, le SCO d’Angers n’oublie pas le petit Bordelais et revient à nouveau à la charge en offrant 30 millions à Bordeaux pour son « Petit Kopa ».

Quinze jours plus tard, tous les joueurs de Bordeaux, à l’exception du défenseur Carra, demandent à être placés sur la liste des transferts. Saint-Etienne repasse à l’offensive sur le dossier Guillas.

Le 19 juin, Guillas, donne son accord pour jouer avec l’AS Saint-Etienne. Il ne reste plus qu’à obtenir l’aval de la Ligue Nationale pour que le transfert soit effectif. Ce qui fut fait aussitôt permettant aux Girondins de Bordeaux d’officialiser le transfert de Guillas à Saint-Etienne.

 

Vive l’Armée !

Avant de connaître les joies de la sélection nationale, il se révèle au grand public dans l’équipe du Bataillon de Joinville avec en point d’orgue, une finale des Championnats du monde militaires. Ses copains d’armée, principalement des Stéphanois, ne sont pas étrangers dans son transfert chez les Verts.

« Au Bataillon de Joinville, je côtoyais beaucoup de Stéphanois : Herbin, Ferrier, Richard Tylinski ou Peyroche. On avait déjà des automatismes sur le terrain. On était tout le temps ensemble avec Fredo (Ferrier) et Tylinski. Ils m’ont convaincu de les rejoindre. »

Roland Guillas (au centre avec le survêtement France) au milieu de ses camarades du Bataillon de Joinville.
Roland Guillas (au centre avec le survêtement France) au milieu de ses camarades du Bataillon de Joinville.

Transfert record

Le 30 juin, après un septennat chez les Girondins de Bordeaux, Roland Guillas est officiellement muté à l’AS Saint-Etienne pour un montant avoisinant les 40 millions d’anciens francs. En France, jamais un joueur français n’avait été acheté aussi cher.

Le journal L’Equipe, daté du 30 juin, annonce la signature de Guillas à Saint-Etienne.30 JUIN 1960

 

Le premier « gros » transfert de Roger Rocher

« J’ai négocié moi-même mon transfert à Saint-Etienne. Je n’avais pas d’agent. J’ai simplement fait appel à un avocat pour les négociations salariales. Je ne voulais pas me mettre en porte-à-faux avec le président stéphanois Roger Rocher.

J’ai été le premier gros transfert réalisé par le président Rocher, fraîchement élu à la tête du club. J’ai signé mon contrat en présence du président, de Charles Paret et de Pierre Garonnaire.

Jusqu’au dernier moment, des clubs ont cru pouvoir me faire changer d’avis. Mais j’avais donné ma parole et elle valait plus qu’une signature. »

Saint-Etienne a consenti un gros effort de recrutement durant cette intersaison. A l’arrivée de Guillas, est venue s’ajouter celle de Rijvers, de retour dans la Loire après trois années d’exil à Feyenoord aux Pays-Bas.

Guillas s’acclimate très vite à son nouvel environnement et à son nouveau club.

« A mon arrivée en 1960, il y avait encore les mines de charbon. On m’avait dit : « Tu mets une chemise blanche le matin, le soir elle est grise ». Ca voulait tout dire ! Quand je suis arrivé à Saint-Etienne je me suis un peu demandé où je mettais les pieds. Au bout de quinze jours, c’était extraordinaire, je m’étais adapté. L’été 1960, il y avait plusieurs mariages à l’ASSE : Tylinski, Oleksiak, Ferrier, entre autres. On arrosait les enterrements de vie de garçon au point que je me demandais si j’étais venu pour jouer au football ou pour faire la fête !« 

 

Le 21 août, Saint-Etienne en ouverture du championnat gagne 2-1 contre Nîmes. Guillas justifie pleinement son transfert S’il ne marque pas, en revanche, il est dans tous les bons coups, frappant même la transversale du gardien nîmois Roszak (47e).

Les mauvais résultats s’enchaînent. Vernier, l’entraîneur stéphanois, adepte du turn-over, provoque la fronde de ses joueurs. Il est remplacé par Wicart en cours de saison. L’ASSE termine le championnat à la 5e place.

A l’intersaison, Saint-Etienne affronte en Coupe de l’Amitié franco-italienne le club de Spal Ferrare. Les Verts l’emportent 2-1 à Geoffroy-Guichard et 4-0 en Italie. Conquis par Guillas et Liron, les dirigeants italiens veulent recruter les deux Stéphanois. Roger Rocher s’y oppose.

Vidéo INA : reportage en 1962 avant la finale de la Coupe de France.

http://player.ina.fr/player/embed/CAF92072456/1/1b0bd203fbcd702f9bc9b10ac3d0fc21/560/315/0/148db8

Sa seconde saison dans le Forez est plus compliquée.

« On jouait bien en championnat mais les résultats ne suivaient pas. Aussi, nous sommes descendus à l’issue de la saison. Nous ne comprenions pas ce qui se passait. L’ASSE comptait pas moins de huit internationaux dans ses rangs. En deux saisons, j’ai côtoyé trois entraîneurs : Vernier, Wicart et Guérin. Notre seule consolation, c’est notre victoire en finale de Coupe de France contre Nancy (1-0). La première dans l’histoire du club. »

Les vainqueurs de la Coupe de France 1962 : Ferrier, Tylinski, Domingo, Liron, Casado, Guillas, Baulu
Les vainqueurs de la Coupe de France 1962 : Ferrier, Tylinski, Domingo, Liron, Casado, Guillas, Baulu

 

 A la fin de la saison, Roland Guillas est contacté par Grenoble qui vient de monter en Division 1. La municipalité iséroise veut bien aider financièrement le club mais à une condition : qu’il attire un joueur de niveau international. Guillas, qui connaît alors des problèmes extra-sportifs, signe dans le club entraîné par Albert Batteux.

« J’ai quitté Saint-Etienne pour Grenoble moyennant la somme de 40 millions d’anciens francs. Avec mon transfert, l’ASSE n’a pas perdu d’argent.

Quand Batteux a signé à Saint-Etienne en 1967, j’étais en contacts avec le président Rocher. J’ai failli revenir dans le Forez. Cela ne s’est finalement pas fait. »

Roland Guillas a disputé sous le maillot vert 81 matches et inscrit 15 buts. Il compte également à son palmarès dix sélections en équipe de France.

Le 3 septembre 1999, au stade Lescure à Bordeaux, l’homme aux 2 000 matches officiels, excusez du peu ! a fêté son jubilé à l’âge de 62 ans ! Chapeau l’artiste !

Il peut à nouveau ressortir son harmonica et s’adonner à l’une de ses passion : la musique.

 

Une défaite fatale à Djorkaeff

Ce 31 mars 1984, Saint-Etienne se déplace en Gironde avec l’espoir d’y obtenir un bon résultat. Les hommes de Jean Djorkaeff sont 16e à 2 points du premier relégable à six journées de la fin du championnat. Les Bordelais, moins en verve depuis quelques matches retrouvent soudainement leur efficacité offensive. Les hommes de l’ex-Stéphanois Aimé Jacquet réalisent un véritable festival en infligeant un 7-0 à des Stéphanois impuissants. Dieter Müller, le canonnier allemand s’offre même un triplé. Ce match constitue le plus gros carton de la saison en Division 1. L’entraîneur stéphanois, désabusé, ne trouve pas les mots pour expliquer cette raclée. Les Verts repartent dans le Forez en position de relégation.
Le 3 avril, comme tous les matins, Jean Djorkaeff se rend au stade Geoffroy-Guichard. Après un entretien avec le président André Laurent, il est suspendu immédiatement de ses fonctions et remplacé sur le champ par Robert Philippe. Djorkaeff était en sursis, selon les dires du président stéphanois. La défaite en terre girondine a fini de sceller son sort.

31 mars 1984. Girondins de Bordeaux-Saint-Etienne : 7-0.
Buts.- Giresse (14e), Muller (15e, 27e, 28e), Memering (22e), Girard (71e), Lacombe (79e).
Girondins de Bordeaux : Delachet – Thouvenel, Rohr, Battiston, Tusseau – Girard, Tigana, Giresse – Muller, Lacombe, Memering. Entr.: Jacquet.
Saint-Etienne : Castaneda – Wolff (Chillet, 46e), Mahut, Perez, Zanon – Oleksiak, Moizan, Kupcewiecz – Sanchez (Carrot, 60e), Bellus, Daniel. Entr.: Djorkaeff.

Jean Djorkaeff n'a pas survécu à la débâcle des Stéphanois à Bordeaux.
Jean Djorkaeff n’a pas survécu à la débâcle des Stéphanois à Bordeaux.

Histoires de transferts

 

Bernard Lacombe : une saison et puis s’en va…

En juin 1978, Bernard Lacombe, après neuf années de bons et loyaux services à l’Olympique Lyonnais, débarque dans le Forez. Saint-Etienne a délié les cordons de la bourse pour se l’offrir. Ils pensent ainsi tenir un « nouveau Revelli » mais sa première saison sous le maillot vert est décevante. A l’intersaison suivante, le staff stéphanois s’offre Platini et Rep. Robert Herbin, l’entraîneur de l’époque, souhaite modifier son équipe, notamment l’animation offensive jugée trop classique. Il compose son attaque avec le trio Rocheteau, Rep et Zimako qui lui donne entière satisfaction. Au départ, Lacombe souhaitait rester mais il comprend qu’il ne fait plus partie des plans de l’entraîneur stéphanois. Aussi, les arrivées de Rep et Platini ont coûté cher au club présidé par Roger Rocher. Ce dernier verrait d’un bon œil le départ de l’international français et tout cela au grand dam des supporters verts qui l’avaient adopté.
Le 21 juillet, les dirigeants bordelais se déplacent à Saint-Etienne pour rencontrer leurs homologues stéphanois. A 17 heures, Bernard Lacombe était Bordelais pour les trois prochaines saisons.

Bernard Lacombe, un petit tour et puis s'en va
Bernard Lacombe, un petit tour et puis s’en va

Battiston n’a que l’embarras du choix

Février 1983. Saint-Etienne vit au rythme des révélations de la caisse noire. Les joueurs stéphanois ne savent pas de quoi leur avenir sera fait. Patrick Battiston, en fin de contrat en juin de cette même année, est annoncé au Paris-SG, à Monaco, voire à Bordeaux.
Robert Herbin est annoncé, de son côté, à Nice, Monaco, Toulouse ou Lyon. En cas de départ du « Sphinx » pour Monaco, Battiston, très lié à son entraîneur, pourrait le suivre en Principauté.
Paris-SG, un moment en pôle position pour accueillir l’international stéphanois, estime que son salaire est trop élevé et abandonne les négociations. Le club suisse de Lausanne se positionne mais Battiston veut encore jouer au plus haut niveau. Finalement, il signe à Bordeaux en juin un contrat de trois ans. Il rejoint Bernard Zénier et Thierry Tusseau, autres recrues internationales des Girondins.

Bell, un Lion indomptable en cage

Arrivé à Bordeaux en 1989, Joseph-Antoine Bell, le gardien des Girondins se sent bien en Gironde… jusqu’à l’arrivée fin juin 1991 de Gaëtan Huard en provenance de Marseille. « Un gardien, on en veut ou on n’en veut pas » dit-il à l’époque. La descente des Girondins pousse le club du président Grange à revoir sa masse salariale. Une proposition inférieure à son actuel contrat lui est faite mais le Camerounais la refuse. Les Bordelais se séparent de l’international camerounais.
Il n’aura pas longtemps à attendre pour retrouver un autre club.
En effet, l’AS Saint-Etienne, à la recherche d’un gardien pour, dans un premier temps, suppléer Ceccarelli, profite de l’aubaine et contacte Bell.
Le 1er juillet, il arrive au siège du club, les négociations se déroulent normalement. Contrairement aux Girondins, le doyen des gardiens des gardiens du championnat de France accepte une baisse de salaire et paraphe un contrat de deux ans. Son objectif est d’aider le club à retrouver son lustre d’antan. A 36 ans, le Lion Indomptable n’est pas venu à Saint-Etienne en pré-retraite.
A Saint-Etienne, Gilbert Ceccarelli est surpris. Il pensait être le titulaire, il voit débarquer un gardien chevronné. Le danger plane sur son avenir en tant que numéro 1. Avec raison…

Bell, un Lion Indomptable à Saint-Etienne.
Bell, un Lion Indomptable à Saint-Etienne.

Ferreri, plusieurs fois annoncé…

En avril 1986, Jean-Marc Ferreri joue à l’AJ Auxerre. Il lui reste un an de contrat avec son club formateur. Au printemps, on l’annonce à Saint-Etienne mais finalement, il signe aux Girondins de Bordeaux.
En 1988, les Verts effectuent un départ de championnat catastrophique. Dans l’entourage du club, on regrette qu’un joueur comme Ferreri ne porte pas le maillot vert d’autant que le club possède les liquidités pour se l’offrir.
En mars 1989, on annonce à nouveau le Bordelais du côté de Geoffroy-Guichard. Originaire de Roanne, le joueur girondin ne serait pas opposé à signer dans le club du président Laurent et se rapprocher ainsi de sa ville natale. Mais ses prétentions financières font capoter le transfert. Ferreri a souvent été annoncé à Saint-Etienne et pourtant il n’y a jamais joué.

La rumeur Lizarazu

En juillet 1993, une rumeur fait état d’un intérêt de l’AS Saint-Etienne pour l’international bordelais Bixente Lizarazu. Les envies de départ chez le milieu de terrain girondin ne sont pas une surprise. L’arrivée à l’ASSE de Jean-Michel Larqué, originaire du Pays-Basque, peuvent créditer l’arrivée du joueur formé au club. Patrick Battiston, un ancien de la maison verte, directeur sportif du club des Girondins dément la rumeur. Le petit Basque ne rejoindra jamais l’ASSE.

 

Feindouno rejoint son mentor à Saint-Etienne

Eté 2004. Pascal Feindouno estime qu’il a fait le tour de la question girondine. Il clame haut et fort qu’il souhaite quitter Bordeaux. Pour cela, il met tout en oeuvre pour parvenir à ses fins, notamment en refusant de s’entraîner durant plusieurs jours pour mieux montrer son envie d’ailleurs. Il souhaite rejoindre l’AS Saint-Etienne. Devant une telle obstination, Les négociations entre le club bordelais, M6, l’actionnaire principal et l’ASSE sont ouvertes. Finalement, le fantasque Guinéen est cédé sous la forme d’un prêt payant d’un an. A 23 ans, il retrouve à Saint-Etienne retrouve Elie Baup, l’entraîneur qui l’a lancé en L1 en 1998. Il portera le numéro 14 et occupera le poste de demi offensif.
Le 26 septembre 2008, Saint-Etienne laisse partir Pascal Feindouno à Al-Saad (Qatar). Estimé à 8 millions d’euros, il est transféré pour 5 millions. Le club qatari engage également Nivaldo, le Brésilien de l’ASSE, pour 3 millions. La commission que doit percevoir Bordeaux s’élève à 750 000 euros. Une somme que Bordeaux conteste. Les dirigeants bordelais estiment qu’il vaut beaucoup plus. Ils suspectent alors leurs homologues stéphanois d’avoir volontairement sous-estimé la valeur du Guinéen afin qu’ils perçoivent une commission moindre.
La commission juridique de la Ligue est saisie. Elle rejette la demande girondine.

Pascal Feindouno, un artiste en Vert !
Pascal Feindouno, un artiste en Vert !

Une dernière pour la route.

En 2010, Laurent Blanc a fêté contre Saint-Etienne son centième match en L1 sur le banc bordelais.

Les Verts ne perdent pas le Nord

Vendredi soir, l’AS Saint-Etienne accueille le Lille Olympique Sporting Club pour la 21e journée du championnat. Les confrontations entre les deux clubs depuis la fin des années 30 ne sont jamais des matches insipides. L’occasion de revenir sur deux matches entre les Verts et les Dogues lillois qui ont pimenté le championnat de Division 1. C’est l’occasion pour moi de revenir sur un transfert majeur entre Lille et Saint-Etienne : celui de Jean Snella en 1938.

 

Snella : un Ch’ti chez les Verts

A l’issue de la saison 1937-38, l’AS Saint-Etienne accède pour la première fois de son histoire en première division et recherche des joueurs confirmés. L’objectif est de bien figurer dans le championnat national. Les dirigeants engagent, entre autres, trois internationaux : Llense, le gardien sétois, Hess, un Tchèque en provenance de Metz et Hummemberger, un Autrichien qui évoluait à Strasbourg.
Pour compléter cette armada de capés, Pierre Marey, le dirigeant stéphanois, pense à un jeune Nordiste pour renforcer son milieu de terrain : Jean Snella.

 L’Auto du 13 août 1938 présente l’AS Saint-Etienne version 1938-39.

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Le 16 juillet, les dirigeants lillois et stéphanois négocient la double arrivée à Saint-Etienne de Jean Snella et Janos More.
Document extrait du livre Les Verts, les objets de la légende, Ipanema Editions, 2011.

SNELLA 16 JUIL 38 - 1

Finalement, le 26 juillet, Jean Snella appose sa signature et devient Stéphanois. On ne sait pas encore tout ce qu’il va apporter à son nouveau club. Quant à Janos More, un télégramme annule son transfert.
Document extrait du livre Les Verts, les objets de la légende, Ipanema Editions, 2011.

SNELLA 25 JUIL 38 - 2

 

Jean Snella est né en Allemagne en 1914. Fils de mineur polonais, Il arrive dans le Nord de la France à l’âge de six ans. Il intègre jusqu’en cadets le Polonia de Dourges, ville dans laquelle il réside. Cette équipe est constituée uniquement d’émigrés polonais. En juniors, il évolue avec l’équipe de Hénin-Liétard avant de poursuivre sa carrière au poste de demi-centre avec le RC Arras durant deux saisons.
Ses qualités indéniables attirent l’attention des dirigeants de l’Olympique Lillois qui l’intègrent à leur effectif pendant l’été 1936. Snella change alors de statut et devient professionnel. Il change également de poste et évolue à celui de demi-aile. En parallèle, il s’engage avec le 3e Génie d’Arras et remporte trois championnats militaires. En semaine, il joue avec ses camarades militaires du 3e Génie et le dimanche, il retrouve ses coéquipiers de l’Olympique Lillois !

Grâce à cette double activité footballistique, il connaît sa première sélection au sein de l’équipe de France militaire (Il a acquis la nationalité française le 21 octobre 1935).
En 1936-37, Snella effectue une saison honnête avec son club.

Jean Snella
Jean Snella

La saison suivante, après un très bon début de saison, il connaît les joies d’une sélection en équipe de France « B ». Au cours d’une manoeuvre avec son régiment, il se blesse aux pieds. Après plusieurs mois d’immobilisation, il termine la saison avec l’équipe réserve de l’Olympique Lillois.
Jean Snella perd la confiance de ses dirigeants. L’offre de l’AS Stéphanoise tombe ainsi à point nommé pour relancer sa carrière. Cet été 1938 constituera un tournant majeur pour l’histoire du club.

Document extrait du livre Les Verts, les objets de la légende, Ipanema Editions, 2011.

LICENCES3D

 Snella retrouve les siens

30 octobre 1938. – Saint-Etienne-Lille : 2-0
L’Olympique Lillois se déplace à Saint-Etienne pour la première fois de son histoire. Les hommes de Konrad, sont invaincus et occupent la première place du championnat. Le promu stéphanois, fort d’un recrutement judicieux avec les arrivées du gardien sétois René Llense ou le Messin Hess, a des arguments à faire valoir.

Souvent pris de vitesse, les Nordistes n’arrivent pas à contenir les assauts de Tax, dans tous les bons coups. Les Stéphanois se montrent supérieurs techniquement dans les phases offensives où Tax et Pasquini imposent leur loi. Ce dernier ne se fait pas prier pour ouvrir le score dès la 15e minute.
En seconde mi-temps, Roux (70e) double la mise et assure la victoire des Foréziens. Un dernier tir de Bigot pour les Lillois échoue sur la barre transversale de Llense.
Après sept journées, le promu Saint-Etienne demeure invaincu dans son antre de Geoffroy-Guichard. Lille perd sa première place au profit de Marseille.
Buts.- Pasquini (15e), Roux (70e).
Saint-Etienne : Llense – Gardet, Rolhion – Snella, Odry, Rich – Pasquini, Tax, Cabannes, Hes, Roux. Entr.: Duckworth.
Lille : Darui – Vandooren, Laurent – Madani, Moré, Cléau – Delamoy, Cheuva, Bigot, Carli, Kalocsai. Entr.: Konrad

L'AS Saint-Etienne 1938-39
L’AS Saint-Etienne 1938-39

 

Avis de tempête pour Lille

2 mai 1948. Saint-Etienne-Lille : 8-3.
Les matches entre Saint-Etienne et Lille suscitent toujours un intérêt dans le Forez. Celui-ci connaît une effervescence sans précédent. Les Lillois n’ont jamais gagné à Geoffroy-Guichard et la tâche s’annonce encore ardue. La meilleure équipe de l’après-guerre rend visite à une équipe de Saint-Etienne qui connaît un net regain de forme. Des joueurs comme Cuissard, Alspteg ou Huguet ont retrouvé la grande forme et Lauer confirme tout son talent au poste d’avant-centre. Ils viennent d’infliger une lourde défaite au Red Star sur ses terres  5-0.
Les Lillois sont confrontés à un vaste dilemme. Qualifiés pour la finale de la Coupe de France face à leur voisin lensois huit jours plus tard, André Cheuva, l’entraîneur du LOSC s’interroge : doit-il laisser certains cadres au repos au risque de laisser filer le championnat et dire adieu à un éventuel doublé ou jouer sur les deux tableaux ?… au risque de tout perdre.

Saint-Etienne en arbitre

Avant cette rencontre, Lille est le dauphin de l’OM à un petit point seulement (44 contre 43), talonnés par le Stade de Reims (42). Les Stéphanois sont quatrièmes mais décrochés avec 37 points. Pour ce match, on bat un record de spectateurs à Geoffroy-Guichard : 20 560 entrées payantes.

Vents contraires

Avant le coup d’envoi, Saint-Etienne remporte le toss et décide de jouer avec le vent. Une décision surprenante mais qui s’avère payante. Lauer (7e), Rodriguez (26e) et Huguet (30e) donnent un net avantage aux Verts. A la pause, les hommes de Tax mènent 3-1.

Guy Huguet à l’entraînement.

Pluie d’incidents

En seconde mi-temps, les Lillois réduisent d’abord le score puis égalisent par Baratte, auteur d’un triplé sur penalty à la 55e minute. Ce penalty est lourd de conséquences. Les spectateurs ne digèrent pas ce coup du sort alors que peu avant la mi-temps, une action similaire pour les Stéphanois ne fait l’objet d’aucune sanction de la part de M. Tordjmann, l’arbitre du match.

Un public en colère

Dix minutes plus tard, sur un centre d’Alpsteg, Firoud marque dans une ambiance électrique. Du moins, le croit-on. Devant les protestations des Lillois, l’arbitre refuse le but. Nouvelle bronca de l’assistance en colère. On pense alors que les Stéphanois vont craquer devant tant de… vents contraires.

Jean Baratte, auteur de trois buts avec Lille, ne peut empêcher une lourde défaite à Geoffroy-Guichard.
Jean Baratte, auteur de trois buts avec Lille, ne peut empêcher une lourde défaite à Geoffroy-Guichard.

Finalement, les Lillois tombent. Portés par un public qui gronde, les attaquants stéphanois retrouvent l’efficacité. Ils se surpassent et infligent aux Nordistes une avalanche de buts. Bien alimentés par leur capitaine Cuissard, Firoud (65e), Alpsteg (70 et 74e), Jankowski (81e) et Rodriguez (88e) atomisent une défense lilloise aux abois.

Le club nordiste subit l’une des plus lourdes défaites de son histoire. A deux matches du terme de la compétition, Marseille compte 45 points, Reims 44 et Lille 43.
Ce dimanche 2 mai, Saint-Etienne en écrasant Lille, puis en gagnant contre Reims quinze jours plus tard, offre son deuxième titre de champion de France à Marseille. Lille termine le championnat à la deuxième place, à… un point du champion phocéen. Il se console avec la Coupe de France.

Saint-Etienne termine le championnat à une honorable quatrième place avec 41 points à sept longueurs de l’OM. L’attaque des Verts a été prolifique avec 72 buts dont 15 pour son meilleur buteur  Rodriguez.
Buts.- Lauer (7e), Rodriguez (26e), Huguet (30e), Firoud (65e), Alpsteg (70e, 74e), Jankowski (81e), Rodriguez (88e) pour Saint-Etienne ; Baratte (21e, 50e, 55e) pour Lille.
Saint-Etienne : Jacquin – Huguet, Vernay, Mathieu – Cuissard, Calligaris – Firoud, Jankowski – Alpsteg, Lauer, Rodriguez. Entr.: Tax.
Lille : Wittowski – Jadrejak, Prévost, Garcia – Bigot, Sommerlinck – Roeder, Tempowski – Vandooren, Baratte, Lechantre. Entr.: Cheuva.

France-Football daté du 2 juin 1948 titre en Une : « Marseille champion par la grâce de St-Etienne ». Les bons résultats de l’ASSE contre Lille et Reims lors des dernières journées ont contribué à l’obtention du deuxième titre de son histoire à l’Olympique de Marseille.

2 juin 48

 

Tibeuf, le Vert brisé

Guingamp et Saint-Etienne se sont rencontrés seulement trois fois en championnat au stade du Roudourou à Guingamp et Saint-Etienne n’y a jamais gagné. Quelques joueurs ont porté le maillot des deux équipes. Parmi eux, Philippe Tibeuf, le Breton formé dans les Côtes-d’Armor,  s’est révélé au plus haut niveau avec l’AS Saint-Etienne. En toute modestie, il a accepté de revenir sur son parcours amateur et professionnel.

 

Thiboeuf ? Thibeuf ? Non, Tibeuf tout simplement. Philippe Tibeuf.
« A l’origine, il y a plusieurs écritures. Un jour, mon père en a eu marre et il d’abord supprimé le H puis le O. Sans rien demander à personne. Ecrivez bien T-i-b-e-u-f. » (rires)

 

De Saint-Jacut au Roudourou

Philippe, le gamin de Saint-Jacut, grandit dans cette commune des Côtes d’Armor. Il fait toutes ses classes de jeune footballeur à Plancoët avant de franchir une première étape qui le mène à Guingamp, pensionnaire de Division 2.
« J’ai signé à Guingamp en 1979. J’y ai connu deux entraîneurs : René Cédolin et Raymond Kéruzoré. Le premier aimait s’appuyer sur des joueurs confirmés alors que Kéru, lui, préférait composer avec les jeunes. Ca me convenait mieux. »
Il ne veut pas mettre toutes ses billes dans le même sac. En parallèle, il poursuit ses études de professeur de sport à Rennes. Les nombreux allers et retours lui pèsent d’autant qu’ils représentent un véritable coût. Pour les financer, tous les étés, il aide son frère qui tient un café.
« Ce travail saisonnier explique en partie mes débuts de saison mitigés. En juin, on acquiert le foncier qui va vous servir pour le restant du championnat. »
En décembre 1983, FranceFootball lui décerne le titre de meilleur joueur promotionnel de l’année.

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En 1983-84, avec son statut amateur, il réalise une saison pleine avec l’En Avant et prend pleinement conscience de ses capacités. Son culot et son opportunisme le rendent plus réaliste. Pour sa dernière saison à Guingamp, il inscrit 18 buts. Kéruzoré reconnaît en Tibeuf un peu de Josip Skoblar, le buteur marseillais des années 70. Le trait est sûrement un peu exagéré mais l’entraîneur breton sent qu’il a le potentiel pour effectuer une belle carrière.

 

1984 : L’appel du large

L’heure du départ a sonné. Laval le contacte, mais il rêve de jouer au Stade Rennais pour concilier études et football. Finalement, sur les conseils de son beau-frère, c’est à Monaco qu’il débarque.
« Mon beau-frère pensait que Monaco serait un bon club pour mon épanouissement. Un concours de circonstances a voulu que Monaco, dans le même temps, pensait à moi. M. Le Graët, le président de l’En Avant, souhaitait me garder. J’en ai parlé avec Kéruzoré. Il m’a dit que si j’avais une bonne opportunité, il fallait la saisir. Il comprenait mon envie de tenter l’aventure au niveau supérieur. » Loin de sa Bretagne natale.

En 1984, le club de la Principauté termine le championnat à la deuxième place derrière Bordeaux synonyme de qualification pour une Coupe d’Europe. Tibeuf change de planète. Ce n’est pas pour autant que les étoiles vont briller pour lui. Il signe un contrat de cinq ans.
Soumis à la concurrence, Stefan Kovacs, l’entraîneur monégasque, ne lui accorde que rarement sa confiance. Le 17 août 1984, il dispute son premier match en Division 1 avec l’ASM à Bastia (0-1).
« A Monaco, les joueurs qui composaient l’équipe étaient pour la plupart champions d’Europe 1984 avec l’équipe de France. Ils avaient déjà un beau palmarès et une forte personnalité comme Bravo, Bellone, Amoros, Ettori ou Genghini. Ma première saison est correcte. Je peux dire que j’ai réussi à m’imposer. Les deux suivantes, j’ai subi des blessures à répétition. Pas évident pour progresser. »
Après deux saisons, le Breton envisage de quitter la Principauté. Saint-Etienne se positionne, prêt à l’accueillir. Mais l’arrivée de Stefan Kovacs change la donne et le Roumain le convainc de rester une saison supplémentaire.
En trois saisons sous les couleurs rouge et blanc, il inscrit seulement sept buts pour 55 matches. Il dispute deux matches de Coupe d’Europe et remporte une Coupe de France en 1985. Trop peu pour ce joueur avide de temps de jeu et de buts. Il regrette d’avoir arrêté ses études pour le football professionnel.

Vidéo de la finale entre Monaco et le Paris-SG disputée au Parc des Princes le 8 juin 1985. L’ASM l’emporte 1-0. Tibeuf est titulaire. Il marque un but mais il est refusé par l’arbitre qui siffle le coup de sifflet final.

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A l’automne 1986, son nom est cité du côté de la Beaujoire pour remplacer un certain…. Patrice Garande, victime d’une fracture du péroné de la jambe droite lors d’un match à Monaco. Deux anciens Stéphanois sont également pressentis : Laurent Roussey qui se morfond à Toulon et Bernard Genghini, exilé au Servette de Genève. Finalement il termine la saison sur le Rocher.

 

1987-88 : Chez les Verts, Rocheteau est pressenti, c’est Tibeuf qui arrive

En 1987, les Verts renouent avec leur passé tout se projetant vers l’avenir. Robert Herbin, après plus de quatre ans d’exil, revient dans la maison verte. Le Sphinx s’attèle a reconstituer une attaque qu’il espère plus prolifique que celle qui vient de terminer le dernier championnat.
Pierre Garonnaire a une idée en tête : faire revenir Dominique Rocheteau, alors au Paris Saint-Germain, à Saint-Etienne. Mais l »Ange Vert » décline la proposition et opte pour Toulouse. Le staff stéphanois doit donc changer son fusil d’épaule. Le 4 juin, les supporters découvrent Philippe Tibeuf. Le Breton signe pour quatre ans à Saint-Etienne. L’aventure stéphanoise ne lui fait pas peur. Il est prêt à relever le défi. Pour cela, il sera aidé par un ex-pensionnaire du centre de formation, Patrice Garande qui revient à ses premières amours. Les deux hommes également peuvent compter sur une autre recrue de choix pour les épauler, le Marocain Mustapha El-Haddaoui. Avec Sivebaek en défense, Garonnaire a réussi pour moins de 6 millions de francs une belle campagne de recrutement.

Tibeuf et Garande à l'entraînement.
Philippe Tibeuf et Patrice Garande lors d’un entraînement à Saint-Etienne.

« Saint-Etienne correspondait au club idéal pour moi. Il n’y avait pas la même pression qu’à Monaco. L’objectif n’était pas le titre. Et puis les recrues avaient soif de revanche, que ce soit Patrice (Garande) ou moi-même. On avait envie de prouver notre vraie valeur. »
Les débuts de Tibeuf sont difficiles dans le Forez. Plusieurs blessures retardent son intégration et son entente avec Garande tarde à se confirmer. Mais débarrassé de ses pépins physiques, les deux compères rattrapent le temps perdu. Comme s’ils avaient toujours joué ensemble. « Patrice fixait les défenseurs et moi je prenais les espaces. Quelle complémentarité« , s’exclame Tibeuf.
A eux deux, ils inscrivent 29 buts pour leur première saison en Vert. Garonnaire et Herbin peuvent se réjouir de leur pari gagnant.
Saint-Etienne finit à une 4e place, pas encore qualificative pour une Coupe d’Europe. Qu’importe.

PRESENTATION ST ETIENNE

 

1988-89 : Une saison en demi-teinte.

La saison suivante, le Breton ne connaît pas la même réussite. El Haddaoui, le métronome stéphanois, est transféré à Nice. Personne ne comprend ce choix. Fournier, Geiger, et Chaouch rejoignent le Forez. Une entorse du genou l’éloigne des terrains pendant plus d’un mois. La malédiction des débuts de saison continue. Son retour contre Toulon le 1er octobre sonne comme une véritable résurrection. Les Verts sont derniers du championnat après cinq nuls et huit défaites. Ils s’imposent 2-1. Tibeuf inscrit le premier but, Garande le second.
Avec ce retour, les Stéphanois effectuent une spectaculaire remontée. En mars 1989, Tibeuf inscrit même un triplé contre Caen. Alors que tout semble tourner dans le bon sens, la malchance refait surface. Pressenti en équipe de France A’, il se blesse aux adducteurs sous les yeux de Roger Lemerre, venu le superviser. Il inscrit quand même 11 buts pour 28 matches disputés.

MONTPELLIER-ST ETIENNE (3-3)
La joie du buteur.

1989-90 : Première sélection en Bleu

La saison 1989-90 démarre en trombe pour lui. Associé à Etienne Mendy, il marque but sur but et sa hargne, sa vélocité et son efficacité ne laissent pas insensible Michel Platini, le sélectionneur de Bleus.
Le 28 mars 1990, le natif de Saint-Jacut connaît sa première cape à l’occasion du dernier match international de la saison contre la Hongrie à Budapest. Pour cette rencontre amicale, Platini rappelle Luis Fernandez, deux ans après sa dernière convocation en Bleu et fait appel à deux petits nouveaux : Fabrice Divert (Caen) et Philippe Tibeuf pour compenser l’absence de Papin et Vahirua en attaque. Le Stéphanois est associé au Montpelliérain Eric Cantona. S’il ne marque pas, il frappe la transversale. Titulaire, il est remplacé par Divert à la 63e minute. La France s’impose en Hongrie 3 buts à 1.
La saison est ponctuée par une demi-finale de Coupe de France face à Montpellier. Nouvelle désillusion à domicile. Les Verts s’inclinent 1-0. Ils ne verront pas le Parc des Princes.

Philippe Tibeuf en Bleu.
Première sélection en Bleu pour Philippe Tibeuf en Hongrie et première victoire (3-1).

1990-91 : Maudit dimanche

Christian Sarramagna remplace Herbin à la tête de l’équipe professionnelle. Moravcik signe chez les Verts. Cette saison sera-t-elle la bonne pour Tibeuf ? Tout semble à croire. Il enchaîne les bons matches et marque régulièrement. Cela n’échappe pas à Michel Platini.
Le 17 novembre, il le sélectionne à nouveau pour disputer un match éliminatoire pour l’Euro 92 contre l’Albanie à Tirana. Il compte bien profiter des absences de Cantona et Papin pour s’imposer en équipe de France. L’Euro en Suède se profile. C’est une occasion pour lui de saisir sa chance. Il ne marque pas mais sa prestation est honorable. Il est remplacé par Ginola à 66e minute. La France s’impose en Albanie 1-0.

Albanie-France : 0-1 (éliminatoires pour l'Euro 92). Deuxième et dernière sélection pour Philippe Tibeuf.
Albanie-France : 0-1 (éliminatoires pour l’Euro 92). Deuxième et dernière sélection pour Philippe Tibeuf.

Avec Saint-Etienne, il vit une nouvelle saison « galère ». Les Verts se morfondent dans les profondeurs du classement. Le club connaît des moments de turbulence. Sarramagna est-il toujours l’homme de la situation? Tibeuf y croit toujours, certain qu’un jour, Saint-Etienne retrouvera son lustre d’antan. En fin de contrat au terme de la saison, on évoque un départ.
« J’étais en fin de contrat. L’ASSE souhaitait me garder. Mon sentiment sur le sujet était plus mitigé. J’adorais ce club mais le problème c’est que l’on galérait beaucoup. Je pense que les choix dans le recrutement n’ont pas toujours été très judicieux. Hormis El Haddaoui la première année et Lubo Moravcik en 1990. Après avoir goûté à l’équipe de France, j’avais envie de disputer des rencontres de haut niveau plus souvent. »

ST ETIENNE-MARSEILLE
Tibeuf tente de déborder Amoros lors d’un Saint-Etienne-Marseille.

Dimanche 24 février. Cet après-midi d’hiver, les Verts reçoivent Nantes. Dans un choc violent avec Marraud, le gardien nantais, son genou gauche est touché. Rupture des ligaments croisés. Saint-Etienne perd son capitaine. Tibeuf ses derniers espoirs de côtoyer les sommets. Il rêvait de disputer l’Euro en Suède avec les Papin, Cantona et Ginola. Sa carrière s’achève donc un dimanche après-midi sur une action anodine mais terrible de conséquences.

Avec l’AS Saint-Etienne, Philippe Tibeuf a disputé 128 matches et inscrit 39 buts.

 

La reconstruction physique et morale

Une autre vie commence. Il a toujours considéré que le foot n’était qu’une parenthèse dans sa vie. Cette philosophie l’aide d’autant mieux pour tourner la page.
« Les deux ans qui ont suivi ma blessure, j’ai rééduqué ma jambe. C’était très dur moralement. Il a fallu se reconstruire. J’ai beaucoup joué au golf. Je résidais toujours dans la région stéphanoise mais il m’était impossible d’aller voir un match à Geoffroy-Guichard. Regarder mes potes jouer m’était insupportable. La blessure était encore trop vivace dans mon esprit. »
Finalement, il ne franchira les grilles de Geoffroy-Guichard que le 7 mai 1994 à l’occasion de Saint-Etienne-Paris-SG. Soit plus de trois ans après ce maudit dimanche.

 

Il y a une vie après le foot

De 1994 à 1998, il réside dans la Loire. La proximité avec la montagne et le Sud de la France qu’il affectionne l’attire toujours, ne l’incite pas à déménager.
« J’ai travaillé comme représentant pour diverses marques d’articles de sport. Ensuite, j’ai créé une société de marchands de biens dans l’immobilier. En 2002, j’ai racheté une usine à Izeure dans l’Allier pour la transformer en zone commerciale. »

 

Après quelques années passées dans l’Hérault, le Breton est de retour à Saint-Etienne. Mais pas question pour lui de replonger dans le monde sportif.
Des regrets ? « Oui bien sûr que j’ai des regrets. Surtout par rapport à ma fin de carrière. J’aurais préféré une autre sortie. En revanche, je ne regrette pas d’avoir rejoint Saint-Etienne en 1987. L’environnement, le public, c’est fabuleux ! »

 

Les Verts ne se sont jamais imposés à Guingamp.  Lors des trois confrontations en championnat en terre bretonne, ils ont connu par deux fois la défaite et obtenu un match nul en 2000. A quand une première victoire ?

 

Les Verts coulent au Roudourou

Les Verts ont besoin de points. Entre Guingamp qui reste sur trois défaites en championnat et une élimination en Coupe de France et Saint-Etienne qui fleurte dangereusement avec la zone des relégables, le match tourne en faveur des Bretons. Le manque de rigueur flagrant des hommes d’Elie Baup ne laisse pas entrevoir le moindre coin de ciel bleu.

20 janvier 1996. Guingamp-Saint-Etienne : 3-0.
Guingamp : A. Hugues – Foulon, H. Fournier, Mihali, Candela – C. Michel, Baret, Coridon (R. Lecomte, 76e) – Carnot, Dallet (Ray, 87e), Gravelaine. Entr. : Smerecki.
Saint-Etienne : Coupet – Vasseur, P. Moreau, Mannucci, S. Santini, Bastou (Aulanier, 73e) – Séchet, Delpech (Soucasse, 84e), Moravcik – Thimothée, Sandjak. Entr. : Baup.
Buts.- Coridon (21e), Gravelaine (61e, s.p.), Mihali (90e).

Stéphane Carnot échappe à Stéphane Santini.
Stéphane Carnot échappe à Stéphane Santini.

Les Verts tombent pour la première fois

Les deux équipes évoluent en Division 2. L’En Avant Guingamp réalise l’exploit de cette journée. Les Verts, invaincus (11 victoires et 9 nuls) jusqu’à ce 5 décembre en championnat, tombent au Roudourou sur un tir canon au premier poteau de Fiorèse. Les hommes de Smerecki échouent plusieurs fois sur un très bon Jérôme Alonzo. Les Verts repartent de Bretagne avec une courte défaite. Un simple accident dans leur parcours de champion.

5 décembre 1998. Guingamp-Saint-Etienne : 1-0.
Guingamp : Thomas – Bourdeau, Jozwiak, Patouillard, Anselmini – Michel (cap.), Baret, Deplace – Tamazout (Tasfaout, 67e), Fiorèse (Hervé, 90e), Celdran. Entr. : Smerecki.
Saint-Etienne : Alonzo – Billong, Fichaux, Potillon, Guillou – Sablé (Obinna, 46e), Boudarène, Ferhaoui, Robert (Sarr, 46e) – Fayolle, Revelles. Entr. : Nouzaret.
But.- Fiorèse (24e).

L’En Avant y a cru…

Pour son retour en Division 1 après deux ans d’absence, l’En Avant Guingamp débute par un match nul encourageant. Longtemps menés au score, les Verts égalisent en toute fin de partie grâce à un but marqué contre son camp par Jozwiak (86e). Le partage des points est logique.

29 juillet 2000. – Guingamp-Saint-Etienne : 2-2
Guingamp : Loussouarn – Ferrier, Jozwiak, Fournier, Joseph-Augustin (Bourdeau, 78e) – C. Michel, Baret, Tasfaout, Van Ankeren – Fiorèse (Deplace, 46e), B. Rodriguez (Guyot, 70e). Entr. : G. Lacombe.
Saint-Etienne : Levytsky – Olesen (C. Sanchez, 73e), Wallemme, Mettomo, Kvarme – Sablé, Sarr, Guel (Fellahi, 68e), Pédron – Aloisio, Panov (Boudarène, 87e). Entr. : Nouzaret.
Buts.- Guingamp : Fournier (12e), Tasfaout (39e) ; Saint-Etienne : Aloisio (8e), Jozwiak (86e, c.s.c.).

Cannes-Saint-Etienne : la Palme aux Verts

En Coupe de France, Saint-Etienne et Cannes se sont rencontrés une seule fois. En revanche, au début des années 60, les deux clubs se sont affrontés dans une autre Coupe : la Coupe Drago du nom de Charles Drago, son inventeur.
Dans les années 50, les clubs éliminés de la Coupe de France se sont consolés en disputant des matches amicaux les jours de Coupe. Mais la désaffection du public devant le spectacle proposé par ces matches « d’entraînement » a fait interroger les instances du football français. Moins prestigieuse que la Coupe de France, la Coupe Drago a permis aux clubs éliminés avant les quarts de finale d’être reversés dans cette compétition et, par conséquent, disputer des matches à enjeu et donner un peu de piment à ces confrontations. Dans ce cadre, la Ligue nationale de football crée la Coupe Drago en 1952-53.
Les Verts ont remporté ce trophée en 1955 et 1958. Au cours de l’existence de cette Coupe, ils ont affronté par deux fois l’AS Cannes.

La Coupe Charles Drago
La coupe Drago exposée dans la salle des trophées du Musée des Verts.

Le festival des Verts

Coupe Drago (2e tour).

10 mars 1963. Cannes (D2) – Saint-Etienne (D2) : 0-4.
Pour cette première confrontation entre ces deux pensionnaires de Division 2, les Verts n’ont pas fait dans la demi-mesure. Une mi-temps a suffi aux hommes de Wicart pour éliminer de cette Coupe Drago des Cannois fébriles défensivement. Robert Herbin, comme à chaque fois qu’il revenait sur la Côte d’Azur, a montré l’étendue de ses qualités.
Buts.- Baulu (2e), Ferrier (22e), Guy (39e), Bordas (40e).

Cannes : Simeoni – Millet, Baeza, Lamberti – Chembri, Laugier – Faynot, Bertrand, Muro, Robert, Moresco. Entr.: Muro.
Saint-Etienne : Philippe – Courbon, Tylinski, Polny – Domingo, Bordas – Faivre, Herbin, Guy, Ferrier, Baulu. Entr. : Wicart.
L’AS Saint-Etienne est éliminée par Sochaux (4-1) en quarts de finale.

debout: tylinski (richard) cassado (juan) domingo (rene) donoyan (rene) sbaiz (nello) polny (georges) accroupis: foix (jacques) guy (andre) mekhloufi (rachid) epalle (gerard) oleksiak (jean)
L’ASSE, saison 1962-63.
Debout (de g. à d.) : R. Tylinski, Cassado, Domingo, Donoyan, Sbaiz, Polny.
Accroupis: Foix, Guy, Mekloufi, Epalle, J. Oleksiak.

 

Epalle et Balboa, les sauveurs stéphanois

Coupe Drago (2e tour).

1er mars 1964. Cannes (D2)-Saint-Etienne (D1) : 0-2.
Un an après sa large victoire en terre sudiste, les Stéphanois reviennent à Cannes. Snella a remplacé Wicart à la tête de l’équipe. Comme la saison précédente, les deux formations se rencontrent au 2e tour de cette Coupe Drago. Mais contrairement à 1963, la rencontre est de qualité inférieure. Les Stéphanois sont privés de Mekloufi, Herbin et Bernard. A l’image de l’édition précédente, les Stéphanois assurent leur qualification pour le 3e tour en première mi-temps grâce à Epalle (28e) suite à une mésentente entre Simeoni, le portier cannois et l’un de ses défenseurs. Avant le repos, sur un excellent travail de Salen, Balboa assure le succès des Verts (42e).
Buts.- Epalle (28e), Balboa (42e).
Cannes : Simeoni – Baeza, Mori, Moscadelli – Amand, Mistre, Bellone, Muro, Sporn Laugier, Yansanne. Entr.: Muro.
Saint-Etienne : Philippe – Courbon, Tylinski, Mercatti – Jacquet, Masson – Balboa, Hartmann, Epalle, Salen, Baulu. Entr. : Snella.

L’AS Saint-Etienne est éliminée à Forbach (1-0) au 3e tour.

Manuel Balboa, auteur du deuxième but.
Manuel Balboa, auteur du deuxième but.

Mistral gagnant pour les Verts

Coupe de France (seizièmes de finale).

18 février 1973. Saint-Etienne (D1)-Cannes (D2) : 1-0 à Marseille.
Ce Saint-Etienne-Cannes, le premier entre les deux clubs en Coupe de France, se déroule sur terrain neutre au stade Vélodrome à Marseille. Moins de 5 000 spectateurs (4 166) bravent les intempéries (mistral glacial) pour ce seizième de finale. Ces conditions climatiques ne sont pas idéales pour disputer un match de football.

Caméra d’or : Pierre Garonnaire

Pierre Garonnaire, présent dans les tribunes, a une mission particulière : il est chargé de superviser les vues filmées du match à la demande de Robert Herbin.
Face à des Cannois recroquevillés en défense, les Verts maladroits en attaque, sont incapables de provoquer le moindre danger. L’absence de Patrick Revelli, blessé au tendon d’Achille, se fait cruellement sentir. Après une mi-temps insipide et une un début de deuxième aussi terne, les Cannois ont failli créer la surprise. Après avoir éliminé Strasbourg, club de Division1, au tour précédent, ils étaient tout près de rééditer leur exploit. L’ailier Broggini catapulte le ballon sur la barre de Curkovic. Ils viennent de laisser passer leur chance.

Prix de la mise en scène : Georges Bereta

Comme souvent, quand l’attaque des Verts ne tourne pas rond, Georges Bereta est au four et au moulin. Le petit stratège forézien est omniprésent. Ses reprises de volée font passer de mauvais moments au portier cannois. A la 88e minute, sur un bon service de Larqué, il exécute d’un maître-tir du pied gauche Griffoni.

L’aventure cannoise s’achève au Stade Vélodrome. Celle des Stéphanois prendra fin en quarts de finale contre le FC Nantes.

Georges Bereta qualifie les Verts en toute fin de match.
Georges Bereta qualifie les Verts en toute fin de match.

But.- Bereta (88e).
Saint-Etienne : Curkovic – Broissart, Merchadier, Piazza, Farison – Larqué, Jacquet – Parizon, Santini, Synaeghel, Bereta. Entr.: Herbin.
Cannes: Griffoni – Sporn, Pietri, Muzzi, Van Zeveren – Ahache, Girod – Broggini, Dundov, Khaldi, Tiberi. Entr.: Lerda.