La semaine dernière : Contre Bordeaux, les Verts décrochent leur premier bonus
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Le 15 novembre, l’équipe de France affrontera la Belgique pour un match que l’on peut qualifier de celui de la dernière chance. Tout autre résultat qu’une victoire condamnerait les Bleus à regarder le Championnat d’Europe des Nations à la télévision. A l’issue de cette rencontre, Stefan Kovacs mettra un terme à ses fonctions de directeur des sélections. Mais depuis quelques semaines déjà, les supputations vont bon train pour la succession de celui qui avait été surnommé à son arrivée en France « le docteur miracle du football français ». Bien que sous contrat avec la F.F.F. jusqu’au 30 juin 1976, le Roumain n’a pas eu l’autorisation par son pays de poursuivre sa tâche. Dès son retour à Bucarest, il aura la double mission de préparer l’équipe olympique roumaine aux futurs Jeux Olympiques et surtout d’entraîner la sélection nationale à la prochaine Coupe du monde en Argentine.
Kopa vote Batteux
Les temps ont bien changé. Si on ne se bousculait pas pour remplacer Dugauguez puis Boulogne à la tête des Bleus, aujourd’hui, l’équipe de France est devenue beaucoup plus attractive. L’après-Kovacs semble avoir ouvert les appétits. Fernand Sastre, le président de la F.F.F. consulte depuis près d’un mois. Plusieurs noms circulent dans le giron national à commencer par ceux d’Herbin, Batteux dont ce serait le grand retour, mais également Herrera, Hauss, Leduc ou encore Hidalgo. Un « attelage » Herbin-Batteux a même été évoqué. Mais une mission à la tête des Bleus semble difficilement conciliable avec les fonctions qu’il occupe à Saint-Etienne.

Quelques grandes voix du football français se veulent déjà force de propositions. Raymond Kopa est l’un de celles-là. Il vient de passer un mois de vacances en Corse avec Albert Batteux qu’il connaît mieux que quiconque. Il verrait bien l’ancien entraîneur de Reims et de Saint-Etienne reprendre du service à la tête des Bleus. « Sa personnalité et sa persuasion sont si grandes, dit-il, qu’il saurait mettre tout le monde en confiance, aussi bien entraîneurs que joueurs. On va souvent chercher bien loin ce que l’on a sous la main. » L’ancien international va même plus loin puisqu’il propose en cas de nomination de Batteux, de l’aider activement dans sa tâche.

Seule la victoire sera belle
Si les choses semblent s’activer en coulisses, Stefan Kovacs essaie d’en faire abstraction. Sa préoccupation première, c’est de préparer au mieux l’un de ses derniers matches à la tête des Bleus. Dans cette optique, la liste des seize joueurs retenus pour affronter l’Islande le 3 septembre à Nantes ne comporte aucune surprise. Encore en lice pour une qualification pour le prochain Championnat d’Europe des Nations, il ne souhaite avoir aucun regret. Pour cela, seule une victoire contre les Nordiques le 3 septembre au stade Marcel-Saupin permettra à toute une nation d’y croire encore.
Globalement satisfait de ses joueurs après la victoire contre le Real Madrid (4-1) en amical au Parc des Princes, le Roumain, tout souriant, na laissé planer aucun doute sur les seize joueurs appelés. Le seul changement concerne le Stéphanois Jean-Michel Larqué. Blessé contre Lens en Championnat, il est remplacé par le Bordelais Jean Gallice. C’est un coup d’arrêt pour le capitaine des Verts. Contre le Real Madrid, sa technique aux avant-postes avait fait merveille. Son entente avec Guillou et Michel en première mi-temps puis avec Huck et Guillou après la pause avait retenu toute l’attention de Kovacs. Ils sont donc trois pour quatre postes. Un véritable casse-tête pour Kovacs.

Emon et Rocheteau doivent confirmer
Après leur « examen de passage » réussi pour leur première apparition en bleu, Dominique Rocheteau et Albert Emon, font évidemment partie de l’expédition « nantaise ». Stefan Kovacs attend beaucoup de ses deux ailiers de métier et n’en fait pas mystère : « J’attends la pleine confirmation des deux jeunes, Rocheteau et Emon, et qu’on prouve qu’on aime chercher à marquer des buts par tous les moyens. »
Dominique Rocheteau, avec l’audace qui le caractérise, est prêt à relever ce défi. Depuis le match contre Leeds, il est en pleine confiance. Débarrassé de ses ennuis musculaires, le Stéphanois, en grande confiance, surprend au fil des matches. « C’est inexplicable, assure-t-il. En ce moment, tout me réussit. Une seule explication me saute aux yeux : j’ai bien assimilé l’école stéphanoise et je ne connais plus de « pépins » qui entravent ma marche en avant. »

Devenue la nouvelle coqueluche du public parisien, il revient humblement sur sa première sélection : « Je n’oublierai jamais ce premier but. Un but de rêve. Une passe admirable de Larqué. Un tir qui se loge en pleine lucarne. J’ai été séduit par l’ambiance qui règne au sein du club France. On m’a comparé à Garrincha, à Magnusson, à d’autres, que sais-je. C’est beaucoup trop d’honneur. Dites seulement que j’ai un bon dribble qui est venu naturellement en jouant avec les copains à La Rochelle. »
Lopez-Domenech : le jeu de la concurrence
En défense centrale, la paire Trésor-Adams semble inspirer la sérénité. Pour occuper le poste de latéral droit, Kovacs hésite entre Christian Lopez et le Lyonnais Raymond Domenech. Le Roumain apprécie beaucoup le Stéphanois parce qu’il estime qu’il peut évoluer à tous les postes de la défense, ce qui constitue un atout non négligeable. Pourtant, cette qualité n’en fait pas un titulaire indiscutable. Le sélectionneur devra choisir l’un des deux prétendants en fonction de leur forme du moment.
Emon titulaire à l’aile gauche
L’autre grande incertitude de cette sélection concerne l’ancien capitaine des Verts, Georges Bereta. Arrivé blessé au rassemblement des Bleus contre le Real Madrid à la mi-août, il n’avait pu disputer cette rencontre amicale. Albert Emon l’avait alors suppléé avec panache et réussite, sur le côté gauche de l’attaque. Comme Rocheteau, ce soir-là, le jeune Marseillais avait marqué des points aux yeux de Kovacs.
Depuis son transfert pour le moins mouvementé à l’OM, Bereta a toujours évolué au milieu dans son club. Ce n’est qu’avec les Bleus, qu’il a retrouvé son poste de prédilection : celui d’ailier gauche. La concurrence de son jeune coéquipier, même s’il s’y attendait un peu, l’a rendu un brin fataliste: « A 29 ans, je ne peux plus être un attaquant de pointe de race pure, comme le dirait mon entraîneur Jules Zvunka. A l’aile gauche, j’ai appris beaucoup de choses, j’étais un attaquant-né. Je sais très bien que les places seront de plus en plus chères en milieu de terrain du club France. »
« Bereta est un garçon merveilleux »
Albert Emon, du haut de ses 22 ans, s’émerveille encore de sa première sélection. « Je ne m’y attendais pas du tout. A Saint-Germain, j’ai eu la chance de partager ma chambre avec Georges Bereta qui est un garçon merveilleux. Il m’a donné énormément de conseils. Je ne peux que le remercier. »

Le samedi 30 août, les deux Stéphanois Christian Lopez et Dominique Rocheteau débarquent à La Baule aux alentours de 23 heures, comme tous les autres sélectionnés. Loin de Saint-Germain-en-Laye et sa forêt bucolique, c’est dans un décor balnéaire que les Bleus ont pris leur quartier pour quelques jours.
« On n’est pas là pour rigoler «
Les choses sérieuses commencent dès le dimanche matin. Stefan Kovacs dirige le premier entraînement de ce stage. A l’assistance présente, il lance en souriant : « On n’est pas là pour rigoler. » Dominique Rocheteau s’en aperçoit assez vite. Victime d’un coup sur le genou, il doit quitter ses partenaires pour se faire soigner.

Le lundi 1er septembre, Kovacs annonce l’équipe qui débutera la rencontre contre l’Islande. Aucune surprise n’est à déplorer. Rocheteau, malgré la petite alerte du lundi matin, est titularisé au poste d’ailier droit. « Aucune inquiétude à avoir à son sujet, rassure le Roumain. C’était un petit « bobo » déjà oublié. Et j’en suis ravi car sa présence me paraît nécessaire pour confirmer le bien-fondé de l’ « expérience » madrilène. »
« La naissance d’une équipe »
En revanche, Christian Lopez devra une nouvelle fois se contenter du banc de touche. Le sélectionneur s’en explique : « J’ai maintenu Domenech arrière droit. Le Lyonnais n’est peut-être pas supérieur intrinsèquement à Lopez, mais à partir du moment où l’on devine la naissance d’une équipe, il convient de ne pas la bousculer pendant ses premiers matches. »
Balade au bord de l’Océan
Mardi 2 septembre. La matinée est consacrée à la détente. Kovacs a emmené tout son petit monde se promener une heure au bord du littoral. Cette balade semble redonner des couleurs à Dominique Rocheteau, toujours aussi nostalgique de « son » Océan Atlantique.

Après la victoire contre les Madrilènes, Kovacs avait déclaré : « J’attends maintenant que mon équipe transpose à l’occasion d’un match officiel, toute l’énergie et toutes les qualités montrées devant l’équipe madrilène. » Ses joueurs ne vont pas le décevoir.

Ce mercredi 3 septembre, la température est estivale au stade Marcel-Saupin. A sa descente du bus, Stefan Kovacs apprend une nouvelle qui lui donne du baume au coeur. Les Espoirs français viennent de faire match nul contre leurs homologues roumains (1-1) à Ploesti. Ce partage des points ravit autant le sélectionneur des Bleus qu’il est que le citoyen roumain qu’il demeure.

Ils sont 20 000 spectateurs -dont 2 500 scolaires invités par la Fédération Française de Football- à s’être drapés de bleu-blanc-rouge pour encourager les Tricolores. Henri Michel, promu capitaine en l’absence de Georges Bereta, honore sa 44e sélection d’une carrière débutée dans ce même stade face à la Belgique (1-1) alors qu’il n’avait que 20 ans.
Jean-Marc Guillou à la baguette
Le premier quart d’heure ne répond pas aux attentes de Kovacs. Ses joueurs bafouent leur football par maladresse ou précipitation. Jean-Marc Guillou prend alors le contrôle des opérations. A lui seul, le numéro 10 français force le destin des Bleus. A la 20e minute, l’ex-Angevin récupère un ballon, accélère et, après un relais avec Michel, dribble deux adversaires pour délivrer les siens (1-0, 20e). Les Islandais subissent les assauts français mais plus rien ne sera marqué jusqu’à la pause.
Rocheteau se voit refuser un but
A leur retour sur le terrain, les hommes de Kovacs ont un objectif précis : se mettre à l’abri d’une mauvaise surprise. A la 60e minute, Rocheteau fait admirer au public son art du dribble avant qu’Emon, une minute plus tard, échoue à son tour sur le gardien islandais. A la 65e minute, le Stéphanois, toujours aussi insaisissable sur son aile, sert un caviar à Berdoll qui a remplacé Molitor à la pause. Malheureusement pour les Bleus, l’attaquant angevin fait le mauvais choix face au but. Sur la contre-attaque, Huck centre pour Rocheteau qui inscrit le deuxième but français de la tête. M. Victor, l’homme en noir, le refuse à juste titre pour une charge violente sur Stefansson, le gardien islandais.

Guillou double la mise
A l’approche du dernier quart d’heure, Jean-Marc Guillou, en véritable patron, lance une nouvelle offensive. Après un relais avec Emon, il s’en va battre une nouvelle fois Stefansson (2-0, 74e). Le Niçois réalise par la même occasion son premier doublé en Bleu.
Berdoll clôture la soirée
A la 87e minute, Rocheteau s’échappe une nouvelle fois sur son aile droite. Son centre trouve Berdoll qui clôture de belle manière la soirée des Bleus (3-0, 87e).
Stefan Kovacs est satisfait de sa soirée. Les Bleus ont rempli leur contrat. Grâce à cette victoire, l’équipe de France maintient l’espoir, aussi infime soit-il, d’une qualification pour le prochain Championnat d’Europe des Nations.
Rocheteau et Emon ont réussi leur examen
Dominique Rocheteau, seul joueur stéphanois présent sur le terrain au coup d’envoi, a une nouvelle fois fait le match que Kovacs attendait de lui. Ses dribbles et ses débordements sur son aile droite ont souvent déstabilisé ses adversaires. Il ne fait aucun doute que le stagiaire stéphanois d’il y a quelques mois est devenu un international en puissance. A 20 ans, l’avenir semble lui appartenir.

Albert Emon aussi a pleinement confirmé la confiance que lui a accordé Stefan Kovacs. Son éclosion au plus haut niveau n’a-t-il pas fait une première victime ? Georges Bereta a bien du souci à se faire.
Enfin, la blessure de Jean-Michel Larqué a pleinement profité à Jean-Noël Huck. Au four et au moulin, son entente avec Jean-Marc Guillou, son coéquipier de club, a fait merveille.

Spectateurs : 20 000. Arbitre : M. Albert Victor (Lux). Buts.- France : Guillou (20e, 74e), Berdoll (87e).
FRANCE : Baratelli – Domenech, Adams, Trésor, Bracci – Michel, Huck, Guillou – Rocheteau, Molitor (Berdoll, 45e), Emon.
ISLANDE : Stefansson – Olle Sigurvinsson, Torfasson, Geirsson, Petursson – Hilmarsson (Thordarsson, 61e), Leifsson, A. Sigurvinsson, Edvaldsson – Thordarsson, Halgrinsson Geirsson, 75e).

Thierry CLEMENCEAU
Liens pour suivre la rencontre :
1ère mi-temps :
2e mi-temps :
https://www.youtube.com/watch?v=cyhue7DuMJA
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Pendant ce temps-là…
♦ Convoqué par Henri Guérin avec les Espoirs pour affronter les Espoirs roumains à Ploesti, Gérard Janvion a dû décliner cette sélection. L’état de santé préoccupant de sa mère a conduit le Martiniquais à se rendre à son chevet.
Le 3 septembre, sans le défenseur stéphanois, les jeunes poulains d’Henri Guérin ont obtenu un match nul encourageant (1-1). Le but français a été l’oeuvre du Niçois Daniel Sanchez (10e).
France : Charrier – Zvunka, Gardon, Courbis, Bossis – Platini, Bathenay, Bousdira – Sanchez (Zaremba, 75e), Soler (Noguès, 79e), Gemmrich (Maillard, 46e).
♦ Le FC Nantes, après un début de saison très moyen, est à la recherche d’un joueur offensif. Après avoir essuyé le refus du Stade de Reims concernant le transfert de Daniel Ravier, les dirigeants nantais ont sondé l’ailier gauche stéphanois Patrick Revelli.
Th.C.
La semaine prochaine :
Marseille-Saint-Etienne : les Verts tombent au Vélodrome
Plus de 94 000 visiteurs ont parcouru le Musée des Verts depuis son ouverture le 20 décembre 2013. Et vous ?

Je me souviens de cette époque comme si c’était hier ,(sauf que les dates sont un peu embrouillées pour moi)et depuis deux questions me taraudent l’esprit et auxquelles je n’ai jamais pu apporter une réponse. Alors si ce blog peut y répondre j’en serais ravi. J’adorais la fameuse « garde noire » de l’équipe de France avec : Janvion,Trésor,Adams,…..et là j’ai perdu le quatrième!!!
Ensuite, Jean Pierre Adams avait eu un problème à un genou et devait se faire opérer à Lyon il me semble.
Suite à cette opération ,il était hélas tombé dans un coma profond.A l’époque j’avais essayé par tous les moyens dont on disposait de savoir la suite de cette tragique affaire afin d’apporter mon soutient à lui et à sa famille. Je n’y suis jamais parvenu et le temps a passé……
Mes souvenirs sont encore là mais il manque des pièces au puzzle , alors si vous pouviez combler ce vide j’en serais très content.
Amicalement Jean-Jacques
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Bonjour Thierry et Jean -Jacques ,
C’est seulement la charnière centrale ( Trésor -Adams ) qui était surnommée la garde noire . Stéphane Kovacs utila un très grand nombre de défenseurs :RIo -Domenech -Janvion -Bossis -Lopez -Repellini -Merchadier -Curbello -Bracci ,et bien d’autres, souvent pour une seule titularisation.
Amicalement : Michel.
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Le typo de l’Equipe n’avait pas dû regarder le match car à trois reprises il le situe à Mantes et non à Nantes dans l’article de l’excellent Robert Vergnes . Amusant de noter la réflexion du regretté Thierry Roland à la fin du match qui déplore les poteaux ronds de Marcel Saupin après un tir de Jean-Noël Huck . Il aura l’occasion quelques mois plus tard de déplorer cette fois qu’ils ne soient pas ronds à Hampden Park . Enfin Patrice Rio et Maxime Bossis n’ont jamais été sélectionnés par Stefan Kovacs . leur première sélection date du premier match de Michel Hidalgo France-Tchecoslovaquie le 27 mars 1976 en même temps qu’un certain … Michel Platini . Idem pour Carlos Curbelo qui connaîtra 2 sélections sous Hidalgo (Pologne et Hongrie 1976 ) devant renoncer car il avait été international Uruguayen junior .
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