Saint-Etienne-Kiev : l’incroyable exploit des Verts

Ce jeudi 2 octobre 2014, l’AS Saint-Etienne retrouve la Ligue Europa. Au stade Geoffroy-Guichard, les Verts de Christophe Galtier reçoivent les Ukrainiens de Dniepropetrovsk. Le 17 mars 1976, les hommes de Robert Herbin éliminaient en quarts de finale de la Coupe des Clubs Champions le Dynamo Kiev d’Oleg Blokhine au terme d’un match héroïque. Je vous propose de revivre l’un des plus grands exploits européens des Verts. Bonne lecture.

 ST ETIENNE-DYNAMO KIEV

Ce mercredi 17 mars 1976, l’AS Saint-Etienne dispute contre Kiev son trentième match de Coupe d’Europe. La première rencontre européenne remonte au 4 septembre 1957 contre les Glasgow Rangers, alors champions d’Ecosse. Avant ce match retour, le club du président Rocher comptait 14 victoires, 3 nuls, 12 défaites toutes compétitions européennes confondues.

Quinze jours auparavant, les Verts se sont inclinés 2-0 dans l’enfer de Simferopol. Mais chaque joueur stéphanois rêve de l’exploit qui marque les esprits. On peut commencer par Ivan Curkovic, qui dans L’Equipe du 5 mars 1976, déclare : «Il faut réfléchir, analyser, ne pas se presser, discuter entre nous avant d’appliquer la tactique adéquate pour revenir à la hauteur de Kiev, le 17 mars. Peut-être faudra-t-il faire du pressing lors de la dernière demi-heure de jeu. Peut-être faudra-t-il tabler sur leur relatif manque d’expérience internationale, que sais-je? » Deux jours après le match aller à Simferopol en quarts de finale de la Coupe des Clubs Champions contre Dynamo Kiev. Là-bas, les Verts ont été dominés mais pas surclassés. Le rêve est donc permis.

http://player.ina.fr/player/embed/CAB7600264201/1058813/0d738dc1a75988da48900212e15cb897/560/315/0/148db8

Sarramagna et Rocheteau incertains

Lors de la dernière journée de Championnat, les Verts ont fait match nul à Nice (1-1). Au-delà de ce bon résultat à l’extérieur, Robert Herbin doit malheureusement déplorer le lendemain matin à l’entraînement l’absence de ses deux ailiers : Dominique Rocheteau et Christian Sarramagna. Le docteur Poty semble réservé sur la présence ou non le mercredi 17 mars contre Kiev de son ailier droit, blessé au mollet droit. Le président Rocher, inquiet lui aussi, dit à Rocheteau : « Il est préférable que tu ne joues pas, car à choisir, nous préférerions perdre la Coupe d’Europe que de te perdre pour le reste de la saison.»

Le samedi 13 mars, Robert Herbin assiste au match de Division 3 qui voit les réservistes stéphanois s’imposer 6 à 1 face au Red Star. Ce jour-là, si le jeune Boury a inscrit quatre buts, Roby vient surtout observer l’état de forme de Patrick Revelli.

La ville s’habille en vert

A évènement exceptionnel, dispositif exceptionnel. La ville s’est en effet parée de Vert et Blanc pour ce rendez-vous européen. Roger Rocher a rencontré les sociétés de taxis de la ville. Le but est que le jour J, toutes les voitures soient enrubannées d’une guirlande verte. L’association philatélique stéphanoise participe à sa façon à l’évènement en faisant éditer des cartes timbrées au 17 mars 1976 avec la photo de l’équipe stéphanoise.

009

Le Tupolev qui transporte les joueurs de Kiev atterrit à l’aéroport de Lyon-Satolas le lundi après-midi. La délégation ukrainienne, composée de 24 personnes dont 16 joueurs et un journaliste, est accueillie par un dirigeant de l’ASSE, M. Hubermann, ainsi qu’un interprète. Tout ce petit monde loge dans un grand hôtel à Saint-Etienne.

Les Ukrainiens en reconnaissance au stade Geoffroy-Guichard

Les hommes de Lobanovski ont rendez-vous au stade Geoffroy-Guichard pour une mise en jambes. L’entraîneur russe ne cache pas son objectif: «Nous sommes venus dans l’intention d’obtenir le match nul qui nous qualifierait pour les demi-finales. Un score de 2-2 par exemple donnerait satisfaction aux spectateurs et cela prouverait que le jeu a été très bon.» Pas sûr que les Stéphanois l’entendent de cette oreille. Ils se sont entraînés devant plusieurs centaines de spectateurs. Les coéquipiers de Blokhine, le Ballon d’Or FranceFootball, et Onitchenko, ce dernier annoncé incertain et finalement présent, se contentent d’un léger entraînement.

Herbin refait le match au cinéma

Le mardi matin, Robert Herbin procède à une remise en forme jusqu’à 11 heures sous l’œil attentif des journalistes et photographes. Sarramagna semble avoir récupéré des coups reçus à Nice en championnat. Sitôt la séance d’entraînement terminée, les joueurs sont conviés au cinéma. Confortablement assis, ils assistent à une projection du match aller filmé par Jean-Claude Schamberger, bijoutier de profession, et commenté par Pierre Garonnaire.

Après le déjeuner, ils repartent en bus dans un château situé à une quarantaine de kilomètres de Saint-Etienne. Pour cet évènement, Roby n’a pas souhaité de mise au vert plus longue.

ST ETIENNE-HADJUK SPLIT (5-1)
Osvaldo Piazza en grande discussion avec Robert Herbin, son entraîneur.

Les petits malheurs d’Osvaldo

L’après-midi, les Verts quittent la ville et se retirent dans leur lieu de retraite, tout près de l’aérodrome. Loin de toute l’agitation qui gagne Saint-Etienne, ils y séjourneront jusqu’au mercredi 17 heures. Dans cet endroit paisible, il y en a un qui est sûr de mieux dormir qu’à Simféropol, c’est Osvaldo Piazza. En Crimée, l’Argentin avait hérité d’un lit trop petit et avait dormi deux nuits parterre…

Dans leur retraite, ils trouvent le temps de dépouiller le nombreux courrier d’admirateurs et d’admiratrices qui leur est destiné. La palme revient à Dominique Rocheteau, ce qui fait dire à Gérard Janvion : « Zut, c’est presque tout pour Rocheteau !« 

001

30e match européen des Verts

Pour ce trentième match de Coupe d’Europe des Verts, les 38 000 places du stade Geoffroy-Guichard ont trouvé preneurs depuis plus d’un mois. L’ambassadeur d’URSS en France est présent ce 17 mars. En revanche, la centaine de places qu’il souhaitait acquérir pour sa délégation, n’a pu être satisfaite. Les hôtels de la ville et des environs, eux aussi, affichent complet depuis belle lurette. Le mardi après-midi, la délégation soviétique est reçue à l’hôtel de ville de Saint-Etienne par M. Michel Durafour, député-maire et ministre du Travail.

« Fermé pour cause de Coupe d’Europe « 

Dans la capitale du cycle, les commerçants ne sont pas en reste. Les jours de Coupe d’Europe, les magasins ferment boutique à 14 heures. Certains mêmes ont fait imprimer de grands écriteaux où l’on peut lire : «Fermé pour cause de Coupe d’Europe». Les chefs d’entreprise aménagent les horaires de leurs employés. Toute la ville se met au diapason pour ne plus faire qu’un. Une édition spéciale du journal du club ASSE Actualités tiré exceptionnellement à 20 000 exemplaires, est distribuée par les 3 000 Membres Associés que compte la ville stéphanoise. «La Coupe d’Europe à Saint-Etienne, c’est l’affaire de tous : on n’assiste plus aux matches, on y participe. C’est ainsi que le public stéphanois est devenu dans l’espérance du succès, un des grands arguments de l’ASSE», dit Albert Batteux.

Dans son édition du 16 mars, l’hebdomadaire FranceFootball et la radio RMC ont réalisé conjointement un mini-sondage aux quatre coins de Saint-Etienne. Voici l’opinion d’une ville qui vit pour ses joueurs :

011

014

Comme à l’habitude, le banquet du mercredi midi est préparé par les quatre grands chefs cuisiniers de la Loire : Troisgros, Péronnet, Randoing et Coudeul.

Robert Herbin chez Jacques Chancel

A 17 heures, soit à trois heures trente du coup d’envoi, une interview enregistrée de Robert Herbin est diffusée dans l’émission Radioscopie. Avec un aplomb déconcertant, il se prête au jeu des questions de l’animateur Jacques Chancel. Il évoque sa carrière de footballeur, son père musicien, la difficulté de cette profession, sa volonté de réussir, l’équipe qu’il entraîne aujourd’hui, ce que lui a apporté le football. «Un métier le football, vraiment ? Si c’était à refaire ?» Roby répond : «Je referais sûrement la même chose mais je m’arrangerais tout de même pour étudier plus attentivement le solfège. Mon père est professeur au Conservatoire de Nice et je crois que dans le domaine qui est le sien, il ressent des joies aussi grandes que celles que je peux moi-même connaître. Mais le football est aussi un art et les footballeurs sont des créateurs. Du moins à mes yeux. C’est bien pourquoi je lui ai sacrifié, en partie, mes études. Mais vous savez tout se rattrape : je bouquine, je visite les musées, je me promène dans la nature. Mon livre de chevet ? Le dictionnaire.»

http://player.ina.fr/player/embed/PHD96003945/1058813/0d738dc1a75988da48900212e15cb897/560/315/0/148db8

Dominique Rocheteau est bien là

Aux alentours de 18 heures, le car qui emmène les joueurs stéphanois au stade est accueilli par une immense clameur. Les supporters juchés sur le mur d’entrée de l’enceinte aperçoivent Dominique Rocheteau. Rassurés, ils se disent qu’avec lui, les rêves les plus fous sont permis comme si un match ne pouvait dépendre que d’un seul joueur.

untitled
Le programme du match. Document : Musée des Verts

L’heure du match approche. Aux abords du stade, la déferlante commence. Des hommes, des femmes, des enfants, venus de toute la France, drapeaux à la main ou avec des banderoles sur lesquelles on peut lire : « ASSE, c’est du Rocher« .

ST ETIENNE-DYNAMO KIEV
Le public du stade Geoffroy-Guichard attend ce quart de finale retour contre le Dynamo Kiev avec impatience. La qualification contre Split en 1974 est restée dans toutes les mémoires.

Les embouteillages monstres dans toute la ville et aux abords du stade retardent l’arrivée de M. Sergio Gonella, l’arbitre central, et de ses deux juges de touche. Finalement, ils ne franchissent les portes de l’enceinte qu’à une heure vingt minutes du coup d’envoi.

1976 - ASSE-Dynamo Kiev
Un billet du match qui oppose Saint-Etienne au Dynamo Kiev le 17 mars 1976 en quart de finale de la Coupe des Clubs Champions. Document : Musée des Verts.

Pour beaucoup de supporters, les heures sont interminables ce jour-là. Les dirigeants ont tout prévu. Pour les faire patienter, en lever de rideau, ils ont convié une sélection des cadets-juniors de Mazargues où évolue un certain… Laurent Roussey pour donner la réplique à son homologue stéphanoise.

http://player.ina.fr/player/embed/CAB7600146501/1/1b0bd203fbcd702f9bc9b10ac3d0fc21/560/315/0/148db8

Il est 20 h 30. Les champions de France sont dos au mur. Ils ont deux buts de retard sur le Dynamo Kiev. Les supporters sont prêts à aller au bout de leurs forces pour voir les leurs remonter ces deux buts. Ils sont 38 000, peut-être 40 000 dans le stade mais combien devant leur poste de télévision ou bien l’oreille collée à la radio ? Les Verts doivent trouver au moins trois fois la faille dans la défense ukrainienne.

ST ETIENNE-DYNAMO KIEV
Les Verts et leur capitaine Jean-Michel Larqué en tête, ont 90 minutes, voire 120 pour réaliser l’exploit.

Ivan Curkovic peut compter sur le soutien des anciens gardiens de but Georges Carnus, Julien Darui et François Remetter. Autre personnalité présente : Louison Bobet, ami personnel du président Rocher. Egalement installés dans les tribunes, les ex-Stéphanois André Fefeu, Léon Glovacki ou encore Jacques Foix. Enfin, Albert Batteux a fait le déplacement de Grenoble pour soutenir les Verts.

ST ETIENNE-DYNAMO KIEV
Les deux capitaines échangent les fanions.

Le Dynamo Kiev est fébrile

D’entrée de jeu, contrairement à leurs habitudes, les coéquipiers d’Oleg Blokhine ne respirent pas la sérénité. Les Verts prennent le taureau par les cornes et un vent de panique s’empare des hommes de Lobanovski. Ils sont fébriles, à l’image de leur gardien Rudakov qui multiplie les maladresses, chose inhabituelle chez lui. Le premier quart d’heure est totalement stéphanois. Le chaudron frémit. Les Verts l’avaient annoncé après le match aller : «Nous prendrons les Soviétiques à la gorge, nous ne les laisserons pas respirer un seul instant et, dans ces conditions, il n’est pas possible qu’ils ne s’affolent pas et que nous ne trouvions pas une faille dans leur cuirasse toute aussi solide qu’elle soit.»

La mi-temps est sifflée sur le score de 0-0. Curkovic n’a pas eu un seul arrêt à effectuer. Malgré une domination sans partage, les Verts ont toujours deux buts de retard à remonter. Depuis Split, on sait que rien n’est impossible à Saint-Etienne. Personne dans le stade n’imagine « ses » Verts éliminés de la Coupe d’Europe.

DYNAMO KIEV-ST ETIENNE  (2-0)
Après 45 minutes, les Verts n’ont toujours pas trouvé l’ouverture. Pour Hervé Revelli et ses coéquipiers, tout reste à faire.

L’excès d’individualisme de Blokhine

La seconde mi-temps repart sur les mêmes bases. Les Stéphanois exercent un pressing qui ne laisse pas respirer les Ukrainiens. Sarramagna, blessé dans un choc avec Onitchenko en première période, cède sa place à Patrick Revelli (46e). Les Verts reprennent leur marche en avant. Dans les gradins, personne ne veut céder au découragement.

ST ETIENNE-DYNAMO KIEV
Oleg Blokhine pèche par excès de confiance.

On joue la 60e minute et aucun but n’est encore marqué. Plus pour très longtemps. Quatre minutes, c’est le temps pour Blokhine d’éliminer Janvion et de laisser Lopez sur place. Deux solutions s’offrent alors à lui : tirer au but ou passer le ballon à Onitchenko. Au final, il tente un nouveau crochet sur Lopez. Cet excès d’individualisme de l’Ukrainien permet à Lopez de reprendre le ballon et de relancer pour Piazza dont la montée rageuse trouve Hervé Revelli qui devance Reschko et Fomienko pour l’ouverture du score. Saint-Etienne reprend espoir. Les « Allez les Verts » redoublent alors d’intensité dans le stade. Le cours de cette 21e Coupe d’Europe est peut-être en train de changer.

http://player.ina.fr/player/embed/VDD09038457/1058813/0d738dc1a75988da48900212e15cb897/560/315/0/148db8

Larqué comme Triantafilos

A la 71e minute, un coup franc est accordé aux Verts. On se met alors à rêver d’un scénario à la Split quand, seize mois plus tôt, Triantafilos, lui aussi sur coup-franc (104e), avait délivré les Verts. Cette fois, Jean-Michel Larqué, le capitaine valeureux s’attèle à la tâche. Sa frappe glissante et travaillée du pied droit contourne le mur soviétique et laisse Rudakov sans réaction. «Ce coup franc, j’ai senti que j’allais le mettre», dit-il après coup. Ce deuxième but des Stéphanois remet les deux équipes à égalité sur l’ensemble des deux matches.

http://player.ina.fr/player/embed/VDD09039981/1/1b0bd203fbcd702f9bc9b10ac3d0fc21/560/315/0/148db8

L’intensité est à son comble dans ce stade Geoffroy-Guichard qui en a pourtant vu d’autres. On vit un scénario à la Hitchcock. Piqués au vifs, les Ukrainiens se mettent à jouer et tentent de forcer la décision pour éviter la prolongation. Le ballon circule d’une surface de réparation à l’autre. On a cru même au penalty lorsque Piazza, au terme d’une énième montée rageuse, s’écroule dans la surface à trois minutes de la fin. M Gonella, l’arbitre italien de ce quart de finale, ne s’en laisse pas compter. Il siffle la fin du match sur ce score d’égalité parfaite sur l’ensemble des deux matches.

ST ETIENNE-DYNAMO KIEV
Les Verts mènent 2 à 0 à la fin du temps réglementaire. Gérard Janvion et ses coéquipiers ont trente minutes pour s’ouvrir le chemin de la demi-finale.

Il faut jouer la prolongation. Hajduk est dans toutes les têtes. Et si les Verts renouvelaient l’exploit réussi en 1974 ? Piazza et Rocheteau sont victimes de crampes, Blokhine souffre aussi du même mal. Tous ont été au bout de leurs forces. Le public le sait et redouble d’encouragements. « Ce n’est pas le public qui marque des buts » aime à répéter Robert Herbin, mais il y contribue…

Des crampes au but victorieux de Rocheteau

On joue la 112e minute. Jacques Santini, auteur d’un grand match, embarque deux défenseurs soviétiques pour laisser le champ libre à Patrick Revelli, plus frais que ses partenaires. Sur son aile droite, il élimine Fomienko et centre en retrait à destination de Rocheteau pour le troisième but stéphanois, celui de la délivrance. Ce dernier, pris de crampes dévastatrices, avait demandé son remplacement à son entraîneur quelques minutes plus tôt. Le banc stéphanois se lève alors comme un seul homme. Roger Rocher, fou de joie, serre Garonnaire dans ses bras. Herbin reste stoïque.

http://player.ina.fr/player/embed/VDD09039982/1/1b0bd203fbcd702f9bc9b10ac3d0fc21/560/315/0/148db8

Il reste huit minutes à tenir, c’est court et long à la fois. Huit minutes pour une qualification. C’est fini ! Les Verts sont en demie. Une fois encore, ils sont présents au rendez-vous. Une fois encore, ils ont comblé les attentes les plus folles. Ce 17 mars, ils ont écrit une page inoubliable de leur épopée européenne.

ST ETIENNE-DYNAMO KIEV
Dominique Rocheteau, pris de crampes, avait demandé son remplacement quelques minutes avant son but.

« équipe réalise le rêve de toute ma vie »

Pour Robert Herbin, l’entraîneur comblé des Verts : « Cette équipe réalise le rêve de toute ma vie« . « Le propre des miracles, dit Bathenay, le milieu de terrain stéphanois, est précisément de ne pas se renouveler. Dynamo Kiev en 1976, après Hajduk Split en 1975. C’est bien la preuve que nous devons nos qualifications plus à nos vertus propres qu’à des circonstances favorables

Dominique Rocheteau, le buteur de la délivrance, n’a pas connu Split. « J’imaginais à peu près ce que pouvait représenter le poids d’un public  enthousiaste et inconditionnel, mais ce que j’ai vécu face à Kiev va beaucoup plus loin, après un quart d’heure de jeu, ma blessure au mollet s’est réveillée. Dans tout autre match, j’aurais été tenté de renoncer, là, j’ai surmonté ma douleur et porté par le public, j’ai tenu jusqu’au bout… malgré des crampes effroyables durant la prolongation. » Enfin, pour Gérard Janvion : « Notre public vaut largement un but. Avant que ne débute le match, il avait déjà fait une bonne partie du sien en créant une ambiance impossible pour les Soviétiques et en nous gonflant à bloc

Michel Hidalgo, présent le 17 mars au stade Geoffroy-Guichard, voit les héros du soir en finale. « Ils ont fait un truc formidable. Il est vrai qu’ils avaient la foi et lorsqu’on a la foi, on parvient souvent à réussir de grandes choses. Je crois sincèrement que Saint-Etienne peut jouer cette saison la finale de la Coupe d’Europe même si son adversaire Eindhoven est peut-être plus fort que certains ne le pensent. Les Stéphanois sont désormais capables de bien des choses.»

Les exploits ne naissent pas au hasard

Giacinto Facchetti, le capitaine de la Squadra, dans FranceFootball du 23 mars se fend du commentaire suivant : «J’estime qu’à Saint-Etienne, il y a quelques choses essentielles : la foi, l’ambition, l’ambiance et, bien sûr, le jeu. Il faut avant tout y croire. Herbin doit avoir très bien travaillé ses hommes sur le plan psychologique. » Il est convaincu que les exploits ne naissent pas au hasard. Il estime que l’entraîneur des « Verts » après avoir travaillé en profondeur, créé une école, donné un jeu et un moral à son équipe, récolte simplement le bon grain qu’il a semé. « C’est le sérieux, dans tous les domaines qui est payant. A Saint-Etienne, on a réuni l’esprit professionnel et l’esprit amateur

Piazza s’offre une 606 Peugeot

Avec sa prime de victoire et de qualification contre Kiev, Osvaldo Piazza, l’arrière robuste des Verts, s’est offert une magnifique 604 Peugeot. Un tel achat lui a valu d’offrir le Champagne à ses partenaires.

Une semaine plus tard, Roger Rocher, pas peu fier de cette qualification, se repassait le match dans sa totalité. Peut-être pour mieux se convaincre que « ses » Verts sont en demi-finale de la Coupe des Clubs Champions.

Thierry Clemenceau

LOGO MUSEE_horizontal_avec logo ASSE

http://museedesverts.fr/

Déjà plus de 53 500 visiteurs au Musée des Verts en neuf mois.

– See more at: http://surlaroutedesverts.blogs.lequipe.fr/?p=2230#sthash.EIwQlG53.dpuf

Publicité

Une entente « OM-Saint-Etienne » défie le roi Pelé

Dimanche 28 septembre 2014, l’AS Saint-Etienne se déplace à Marseille pour y affronter le leader du championnat. Après le partage des points jeudi contre les Girondins de Bordeaux (1-1), Christophe Galtier et ses joueurs espèrent vaincre la malédiction du stade Vélodrome. En attendant ce grand classique du championnat, je vous propose de revivre l’entente « OM-Saint-Etienne » contre le Santos du grand Pelé en 1971. Bonne lecture.

SANTOS-MARSEILLE ST ETIENNE (0-0)

Le « Roi » Pelé à Paris ? On en parle depuis le début de l’année 1971. Certes, il ne s’agit pas du transfert du meilleur joueur de tous les temps dans la capitale, mais les premiers bruits d’un match amical avec l’équipe brésilienne de Santos, organisé par « Télé 7 Jours » qui s’apprête à fêter ses dix ans. Cette manifestation de bienfaisance serait organisée au profit de l’Association pour le développement de la recherche sur le cancer à Villejuif et la recette intégralement reversée à cette cause.

Santos oui, mais contre qui ?

Ce n’est pas la première fois que Santos ferait le déplacement dans la capitale. Entre 1960 et 1964, le club brésilien des Zito, Mauro ou encore Gilmar avaient déjà fait le long  voyage du Brésil pour y disputer le Tournoi de Paris organisé par le Racing. Face à elle, l’hebdomadaire TV a arrêté trois pistes qui lui semblent les plus en harmonie avec l’évènement : inviter l’équipe de France, solliciter l’AS Saint-Etienne alors renforcée par quelques bons éléments du championnat ou bien encore réunir une sélection française à laquelle viendraient se joindre deux ou trois talents étrangers évoluant dans le championnat de France.

Pelé, huit ans après…

Pour Pelé, ce serait son grand retour à Colombes, huit ans après un France-Brésil (2-3) qui l’avait vu inscrire trois buts à Georges Carnus, le gardien tricolore. Dans L’Equipe du 30 mars 1971, il raconte : « Si je me souviens de ce match que j’ai joué en 1963, contre Pelé ? Je ne l’oublierai jamais. Tout d’abord parce que c’était mon premier avec l’équipe de France. Il m’a marqué les trois buts de l’équipe du Brésil, deux sur des tirs croisés au deuxième poteau et le troisième sur penalty. »

Foot – L’Equipe Légendes – Le long règne du Roi Pelé

 

Une entente « OM-Saint-Etienne » pour défier le Santos de Pelé

Après concertation, la solution retenue pour ce match de gala verra Santos opposée à une entente « OM-Saint-Etienne » le 31 mars 1971 au stade Yves-du-Manoir de Colombes.

Mais une entente entre l’OM et Saint-Etienne, « frères ennemis » sur le plan national, n’est pas sans poser quelques soucis. Marcel Leclerc, le président marseillais, se réjouit de cet évènement. Néanmoins, il souhaite que seuls ses joueurs évoluent avec une publicité sur leur maillot du nom de l’hebdomadaire de télévision dont il est le propriétaire : « Télé-Magazine« . Un souci majeur apparaît : l’organisateur de cette rencontre est un concurrent direct de celui que dirige le président olympien…

Autre point d’achoppement, le montant versé par la télévision pour les deux clubs. D’ordinaire, l’indemnité maximum prévue pour une retransmission télévisée est de 70 000 F. M. Leclerc estime que la valeur de l’affiche vaut bien 105 000 F. et en cas de refus, il menace de retirer son équipe. Finalement, les choses s’arrangent et après tractations, il obtient gain de cause.

ST ETIENNE-CAGLIARI
Marcel Leclerc (OM) et Roger Rocher (Saint-Etienne), les deux présidents de l’Entente « Marseille-Saint-Etienne).

Roger Rocher, le président stéphanois, s’il laisse son homologue marseillais gérer ces problèmes de gros sous, y va aussi de son couplet, mais cette fois, sur un ton beaucoup plus humoristique. Avec un large sourire et une pointe d’ironie, il propose que chacune des deux équipes joue une mi-temps : « Nous accepterions même de faire la première, histoire d’user l’adversaire et de rendre la tâche plus facile à l’OM ».

Batteux et Leduc sélectionneurs d’un soir

Les deux sélectionneurs d’un jour, Albert Batteux pour les Verts et Lucien Leduc pour l’OM, sont chargés de mettre sur pied une équipe homogène pour tenir tête à Santos. Ils sont face à un véritable casse-tête. Quelle équipe proposer qui soit la plus cohérente et surtout comment choisir les hommes sans que cela crée quelque susceptibilité chez les uns et les autres?

MARSEILLE-STRASBOURG
Lucien Leduc, l’entraineur olympien mènera l’entente OM-Saint-Etienne avec son homologue stéphanois Albert Batteux.

Petite revue des effectifs

Dans les buts, Carnus, le gardien stéphanois, s’impose comme une évidence. En défense, le choix est épineux entre Durkovic et Lopez, l’international olympien. Même l’évidente charnière centrale Novi-Bosquier est remise en question par l’ex-sociétaire du Cavigal de Nice Camérini. Le défenseur stéphanois a l’expérience du haut niveau. Après avoir contenu des adversaires aussi coriaces que Johnstone (Celtic) ou Müller (Bayern) il se sent prêt à défier Pelé. Enfin, le rapide défenseur stéphanois Farison est en concurrence directe avec le défenseur Kula, plus technique.

Au milieu de terrain, on imagine mal Batteux et Leduc se passer de Gilbert Gress, plus gros transfert de l’intersaison 1970-71, de Bonnel, international habitué des grands matches ou encore de Robert Herbin qui accomplit l’une de ses plus belles saisons.

ST ETIENNE-CAGLIARI
Robert Herbin, au sommet de sa forme, a été désigné capitaine de l’entente « OM-Saint-Etienne.

Enfin, la ligne offensive semble la plus compliquée à coucher sur le papier. Les deux équipes comptent pléthore de grands attaquants. Une attaque avec Magnusson, Skoblar, Keita, Bereta, écarterait l’international stéphanois Hervé Revelli. En revanche, si Revelli entre dans le quatuor, c’est l’autre tricolore stéphanois Bereta qui serait sacrifié. Le duo d’entraîneurs peut-il se passer et priver le public de Colombes des dribbles dévastateurs de Magnusson ? Improbable là aussi.

IMG_8257
L’Equipe du 26 mars 1971

Le 26 mars, les responsables des deux clubs français annoncent la liste des joueurs sélectionnés. Sans grande surprise : Carnus se présentera comme le dernier rempart de cette entente, tandis que Durkovic, Bosquier, Novi et Farison seront chargés de contenir les assauts brésiliens.

Pour le défenseur latéral stéphanois, ce sera la deuxième fois qu’il jouera au stade de Colombes. La première, a eu lieu en 1963 en demi-finale de la Coupe Gambardella avec Saint-Etienne. Le hasard faisant bien les choses, c’était le 28 avril 1963, en lever de rideau d’un certain… France-Brésil « le jour où Pelé marqua trois buts« , se souvient Farison.

Au milieu, Gress et Herbin ont été retenus. Le Stéphanois aura l’honneur du capitanat de cette entente. Enfin, la ligne d’attaque sera emmenée par le quatuor Magnusson, Skoblar, Revelli, Keita. A une ou deux exceptions près, la sélection française constitue de ce qui se fait de mieux dans le championnat français. Ce match réunit pas moins de quatorze internationaux : neuf dans la sélection OM-Saint-Etienne et cinq chez les Brésiliens.

Herbin : « Jamais deux sans trois« 

S’il y en a un qui se fait une joie de retrouver Pelé, c’est bien Robert Herbin. Pour la troisième fois, il va se retrouver face au Brésilien. La première, c’était lors du tournoi de Paris le 9 juin 1960. L’arrière central stéphanois disputait alors cette compétition avec le… Racing Club de Paris qu’il renforçait pour l’occasion. La seconde, déjà à Colombes, lors du France-Brésil de 1963.

013
L’Equipe du 31 mars 1971

Dans FranceFootball du 30 mars 1971, il se souvient de sa confrontation avec Pelé: « J’ai été particulièrement émerveillé du tandem de Santos : Pelé-Coutinho. Ces deux gaillards avaient réussi des « trucs » que j’ai rarement vu faire sur un terrain de football et que je n’aurai sans doute plus l’occasion de revoir jusqu’à la fin de ma carrière.  »

La seconde, c’était avec les Bleus, au stade de Colombes. Le 28 avril 1963, lors du France-Brésil (2-3). Dans L’Equipe du 29 mars 1971, il se remémore ce match : « J’ai joué demi gauche, et fort heureusement, je ne fus pas chargé de « le » marquer ! J’aurais sans doute attrapé un torticolis. Pelé fut, bien entendu, sensationnel, puisqu’il inscrivit les trois buts du Brésil, mais, déjà, on avait pu déceler une certaine évolution. : le buteur Pelé devenait de plus en plus le stratège Pelé. Incomparable meneur de jeu ! Je vais vous avouer une chose : jouer contre Pelé, c’est le rêve de tous les footballeurs du monde entier. Je ne manquerais pas ce match pour un empire !« En 1971, Pelé n’a sans doute plus cette fantastique vivacité de 1960, mais il a compensé cette « perte » par une clairvoyance exceptionnelle. J’avoue que je me régale, à l’avance, d’avoir l’occasion de me mesurer avec lui. C’est une chose que je ne veux absolument pas manquer: en France, on ne rencontre pas Pelé tous les jours. Hélas! »

014
L’Equipe du 31 mars 1971

Première nocturne à Colombes

Avec cet OM-Saint-Etienne contre Santos, le stade Yves-du-Manoir va connaître une première : un match de football se disputera en nocturne à Colombes.

006
L’Equipe du 29 mars 1971

Barrau : « Pourvu que je ne sois pas de garde ou de corvée« 

Ce match de prestige dépasse le cadre footballistique. Toujours dans FranceFootball, les rugbymen, après leur déconvenue contre le Pays de Galles à Colombes (5-9) comptant pour le Tournoi des Cinq Nations, se livrent à quelques commentaires et pronostics. Pour Pierre Villepreux : « Ce match est une aubaine pour le football français. A mon avis, il y aura beaucoup de buts. Mon pronostic : 3-3. » Cantoni : « C’est bien la première fois que je suis attiré par une rencontre de football. Pelé ? Quel grand trois-quarts aura-il pu être… »

Pour le militaire Barrau : « Mon Dieu, pourvu que je ne sois pas de garde ou de corvée, ce soir-là ! Pelé va encore donner la leçon à tous. Je plains le gardien adverse. » Enfin, pour Claude Spanghero : « Moi, je dis comme le frère (Walter). Pelé va voler le spectacle. Et Santos va largement gagner. »

IMG_8253
L’Equipe du 30 mars 1971

Le château de la Voisine comme lieu de villégiature

Réunis seulement pour 48 heures, la sélection des deux meilleures équipes nationales séjourne dans le cadre idyllique du château de la Voisine, propriété de la famille Ricard, à l’orée de la forêt domaniale de Rambouillet. Seuls absents : Samardzic et Durkovic, les yougoslaves de Saint-Etienne ainsi que les Marseillais Loubet et Couécou, tous blessés.

Et soudain, Pelé entre dans le vestiaire…

Il est 18 h 44, à une minute vingt-trois secondes d’intervalle, les bus des deux équipes, escortés par des motards depuis le pont de Saint-Cloud, franchissent les portes du stade.

A 19 h 30, la sélection stéphano-marseillaise a l’énorme surprise de voir Pelé en personne venir saluer ses adversaires d’un soir. Le geste du Brésilien est très apprécié, notamment de Salif Keita, qui lui voue une admiration sans faille.

SANTOS-MARSEILLE ST ETIENNE (0-0)
Sous le regard de Robert Herbin, son coéquipier à Saint-Etienne, Hervé Revelli, l’avant-centre tricolore, reçoit des mains du « Roi » Pelé, l’Oscar Byrrh récompensant le meilleur joueur du mois.

Il est 20 h 30. Le vieux stade de Colombes brille de mille feux. La télévision est bien présente. Les commentaires sont assurés par deux Michel : Drucker et Drhey. Pour les téléspectateurs, c’est le deuxième évènement de choix en quatre jours à Colombes après le France-Galles de rugby.

09 - FF UNE 30 MARS 71

 

Le show-biz a rendez-vous à Colombes

Pour cette grande soirée de football, Georges Cravenne, grand organisateur des soirées parisiennes depuis plus de vingt ans, a été chargé de la partie festive. Il a fait déplacer tout le show-biz parisien. On peut y voir Alain Delon, Henri Salvador, Pierre Perret, Serge Gainsbourg, Michel Sardou, Robert Lamoureux ou encore les metteurs en scène Pierre Grimblat ou Edouard Molinaro croiser le cycliste Louison Bobet, l’athlète Michel Jazy ou le jockey Yves Saint-Martin.

TOURNOI ST ETIENNE-SANTOS-MARSEILLE
Brigitte Bardot donne le coup d’envoi du match qui oppose l’entente « OM-Saint-Etienne » à Santos.

Brigitte Bardot donne le coup d’envoi

Mais la star incontestée s’appelle Brigitte Bardot. Appelée à donner le coup d’envoi de la rencontre, elle arbore un magnifique chemisier bleu, un short blanc et des bottes rouge. Tout est réuni pour que cette soirée soit une belle réussite, aussi bien sur le plan sportif que… lucratif. Avec les 30 000 personnes qui ont pris place dans les gradins, Georges Cravenne table sur une recette qui avoisinerait les 90 millions d’anciens francs.

http://player.ina.fr/player/embed/I12289160/1/1b0bd203fbcd702f9bc9b10ac3d0fc21/560/315/0/148db8

L’arbitre de ce match pas comme les autres s’appelle M. Kitabdjian. Il a déjà arbitré deux fois Pelé et l’a toujours vu inscrire un but. Alors jamais deux sans trois? Toujours est-il qu’il doit retarder le coup d’envoi de quelques minutes. Les photographes dépêchés pour l’occasion usent de leur appareil photos pour immortaliser B.B. chargée de donner le coup d’envoi.

Ça ne collait pas…

S’il y a un joueur qui est tout heureux de faire partie de cette fête du football, c’est bien Salif Keita. Le numéro 10 malien est fier de pouvoir se comparer à un autre numéro 10 de classe mondiale : le roi Pelé. Mais avant le match, son maillot flanqué du 1 et du 0 dans le dos ne compte plus qu’un seul chiffre le 0. Rocher voyant cela, dit alors à son joueur : « Tu ne vas pas jouer avec le numéro 0 sur le dos. Enlève-le« . Ce qui n’est pas dans les intentions du Malien qui, à grands coups de sparadrap, réussit à recoller le chiffre défectueux. Il n’est pas le seul à connaître des petits soucis avec le numéro: Revelli, à son tour, abandonne son numéro 9 suivi par Bosquier et enfin d’Herbin !

SANTOS-MARSEILLE ST ETIENNE (0-0)
Pelé, même diminué, et le FC Santos sont prêts à donner le change à l’entente « OM-Saint-Etienne ».

Le début du match est assez monotone car les deux équipes s’observent. Santos évolue dans un 4-3-3 où Pelé, diminué par une cuisse douloureuse, est chargé d’organiser le jeu. A 31 ans, s’il éclaire le jeu de son équipe, il joue aussi par intermittence. Pelé, plutôt discret, les spectateurs peuvent déjà se régaler du talent de Magnusson et de l’autre perle noire : Salif Keita. A 24 ans, le Malien continue une ascension déjà fulgurante.

« Keita, Keita ! »

A la 34e minute, Pelé entre en action : il réussit deux feintes qui déséquilibrent totalement Novi et sert Rogerio et met Carnus en difficulté. Une minute plus tard, Keita, dans un grand soir, délivre une passe millimétrée à destination de Skoblar qui d’une belle frappe, place le ballon sur le poteau de Joël. Le match est lancé. Le public de Colombes ne s’y trompe pas  qui scande des « Keita, Keita ! »

SANTOS-MARSEILLE ST ETIENNE (0-0)
Pelé face à Keita, un duel de géants.

Au fil des minutes, il éclipse le « Roi » Pelé, son idole. Sur le terrain, le grand numéro 10 n’est pas celui que l’on croyait. Malgré le festival offert par les joueurs de la sélection stéphano-marseillaise, à l’heure de jeu, aucun but n’est marqué.

Le maillot du « Roi » Pelé pour Camérini

Batteux et Leduc opèrent de nombreux changements dont le remplacement de Magnusson par Bereta. Sans plus de succès. A sept minutes de la fin, Revelli puis Skoblar ratent d’un rien l’ouverture du score. 0-0 : on en reste là, enfin le croit-on. Les joueurs regagnent les vestiaires, Francis Camérini, en tête, tout heureux d’avoir récupéré, en guise de trophée, le maillot du célèbre numéro 10 brésilien au grand dam de Salif Keita.

Pelé veut tirer les cinq penalties

Le règlement de cette soirée veut qu’il y ait un vainqueur. On procède donc à une série de tirs au but. Pelé se propose même de tirer les cinq pour Santos, ce qui lui est naturellement refusé. Finalement, la sélection française s’impose 3 à 1 et remporte la Coupe Télé 7 Jours. Cette victoire n’atténue cependant pas la déception, voire la frustration des 30 000 spectateurs de Colombes. Certes, ils ont vu le grand Pelé, mais le spectacle proposé n’a pas été à la hauteur que les espérances d’une telle affiche laissaient entendre.

SANTOS-MARSEILLE ST ETIENNE (0-0)
Brigitte Bardot et Bernard Bosquier lors de la remise du trophée « Télé 7 Jours »

« Pelé ? Parlez-moi plutôt de Keita ! »

Après ce match exhibition, Pelé est l’objet de toutes les conversations. Pour Salif Keita : « Il n’a pas eu son rayonnement de la Coupe du monde, mais ses inspirations géniales en font encore le numéro un mondial« . Gérard Farison est plus modéré : « Visiblement, il est resté en dedans de son action« . Enfin, pour Magnusson : « Pelé ? Parlez-moi plutôt de Keita ! »

423
Maillot offert à Jean-Michel Larqué par le milieu de terrain du FC Santos, Lima (beau-frère du Roi Pelé) lors du match entente OM-Saint-Etienne le 31 mars 1971 à Colombes. Document : Musée des Verts

Après une nuit à Orly, l’entente OM-Saint-Etienne se sépare en bons amis. La rivalité entre les deux meilleurs clubs français peut reprendre ses droits.

Le roi Pelé au château du Roi Soleil

Les Brésiliens, de leur côté, après une réception à la FFF, profitent de leur séjour pour visiter le château de Versailles. Le roi Pelé au château du Roi Soleil, cela paraît comme une évidence.

eqp19710401.tif

Revivez l’intégralité du match entre l’entente « OM-Saint-Etienne »-Santos.

LOGO MUSEE_horizontal_avec logo ASSE

http://museedesverts.fr/

Déjà plus de 53 000 visiteurs au Musée des Verts en neuf mois.

Saint-Etienne-Bordeaux : quelle affaire !

Ce jeudi 25 septembre 2014, l’AS Saint-Etienne, forte de son succès contre Lens (1-0) au stade de la Licorne à Amiens, reçoit les Girondins de Bordeaux. L’équipe au scapulaire, désormais entraînée par Willy Sagnol, formé à l’ASSE, se déplace au stade Geoffroy-Guichard en co-leader du championnat. En septembre 1966, le match entre Saint-Etienne et Bordeaux s’était soldé par un match nul. Didier Couécou, l’avant-centre girondin, avait déclenché la polémique. Fin 1982, avant la réception de Bordeaux, les supporters stéphanois manifestent sur la pelouse du stade pour que Michel Platini reste à « Sainté ». Bonne lecture.

 

Saint-Etienne-Bordeaux : quelle affaire !

En ce début septembre 1966, la France du football est en crise. Après l’élimination prématurée en Coupe du monde en Angleterre, elle n’a plus de sélectionneur ni d’entraîneur. Henri Guérin a en effet été remercié par le Bureau Fédéral. Jean Snella et José Arribas, respectivement entraîneurs de l’AS Saint-Etienne et de Nantes, sont pressentis pour reprendre le flambeau ou tout du moins en assurer l’intérim.

ANNONCE COMPOSITION FRANCE
Jean Snella (à gauche) et José Arribas au chevet de l’équipe de France.

En championnat, Saint-Etienne est déjà confortablement installé en tête de la Division 1 avec 3 victoires pour autant de matches disputés. Ce début de saison rappelle étrangement celui de la saison 1956-57 qui avait vu les Verts terminer les matches aller invaincus.

A l’intersaison, les arrivées de Bernard Bosquier (Sochaux) en défense ainsi que celle d’André Fefeu (Stade Français) en attaque conjuguées à l’efficacité retrouvée d’Hervé Revelli laissent augurer de belles choses pour la saison à venir.

ST ETIENNE
L’AS Saint-Etienne version 1966-67.

Les Girondins de Bordeaux, quant à eux, viennent d’abandonner leur premier point sur leur terrain face à Monaco et occupent la 5e place à une longueur des Stéphanois.

Des absents chez les Verts…

Jean Snella, l’entraîneur stéphanois, n’est pas serein. Si la quasi totalité de son groupe a bien récupéré du match rugueux disputé à Nice (victoire 3-1) trois jours auparavant, il compte quelques absents pour affronter les Girondins de Bordeaux. Fefeu, arrivé à l’entraînement en boitant, semble incertain. Herbin soigne toujours son genou droit, Larqué est au Brésil, Triantafilos à Annecy pour raisons personnelles et Wisnieski et Tylinski sont toujours réfractaires alors que Mitoraj n’a pas encore trouvé d’accord pour prolonger son contrat à l’ASSE.

STADE FRANCAIS-SOCHAUX (1-1)
Fefeu, blessé lors du déplacement à Nice, est incertain pour la réception des Girondins de Bordeaux.

De Bourgoing et Montès également forfaits

Salvador Artigas, l’entraîneur bordelais, connaît également son lot de pépins et non des moindres. Après Montès, Moevi, De Bourgoing, Péri, Texier, Taieb, il doit composer avec le forfait de Rey, son défenseur central, pour ce déplacement périlleux dans le Forez. Afin d’éviter de la fatigue supplémentaire, les Bordelais ont rejoint la Loire dès le vendredi soir par avion.

Le meilleur éclairage de France défaillant

Le temps froid et pluvieux du début de semaine a laissé place à un beau soleil de fin d’été. Ce changement de température ne convient pas toujours à l’éclairage d’un stade. Même si celui de Geoffroy-Guichard possède le meilleur éclairage de France, 16 projecteurs n’ont pas résisté à ces différences de climat. et comme ceux commandés en Allemagne n’ont pas été livrés dans les temps, les 22 acteurs doivent composer sans.

125RRRRRRRRR4
Document : Musée des Verts

Avec Couécou, tout est possible…

Ce 3 septembre, ce match que l’on annonçait depuis plusieurs semaines comme un premier tournant dans cette saison qui s’annonce palpitante, devient rapidement une parodie cauchemardesque. Bordeaux, souvent loué depuis quelques temps pour son excellent état d’esprit, retombe dans l’abîme de la honte. La faute à qui ? Un seul joueur : Didier Couécou. L’attaquant girondin, s’il ne se considère pas comme un joueur méchant, reconnaît toutefois qu’il lui arrive d’être un peu brutal dans ses gestes. Son esprit bagarreur lui vaut parfois certaines « inimitiés » avec le corps arbitral. A lui seul, en quatre-vingt dix minutes, il peut ternir l’image de ses coéquipiers et par voie de conséquence, celle de son club.

ST ETIENNE-BORDEAUX (1-1)
Didier Couécou, en compagnie de Robert Herbin et Chorda avant le match.

Et cela se produit une nouvelle fois lors de ce choc entre Saint-Etienne et les Girondins de Bordeaux. En 45 minutes, le jeune avant-centre girondin a cristallisé sur lui toutes les attentions, à commencer par celle du public du stade Geoffroy-Guichard.

Malgré cela, dans ce climat délétère, Hervé Revelli a le mérite d’ouvrir le score pour les Verts sur une passe de Mekloufi (39e). Jusque-là, malgré quelques velléités des hommes de Jean Snella, Michelena, le gardien bordelais, n’a guère été sollicité.

416
Peu avant la mi-temps, Hervé Revelli exulte. Il vient d’ouvrir le score pour les Stéphanois.

Couécou convoqué par l’arbitre à la mi-temps

A la mi-temps, M. Dhumerelle, l’arbitre de la rencontre, las des actes d’antijeu et des provocations gratuites de Couécou, convoque le principal accusé et Calléja, son capitaine. L’homme en noir demande alors au jeune Girondin de changer d’attitude, ce qu’il semble faire à son retour sur le terrain.

L’accident de la 65e minute

Hélas, les bonnes résolutions sont de courte durée. A la 65e minute, Roland Guillas, l’ancien joueur stéphanois, est fauché par l’arrière droit Fernand Barek. Dans la continuité de l’action, Didier Couécou, toujours dans les bons coups (!), blesse malencontreusement Barek. Le défenseur stéphanois reste à terre. Le diagnostic est terrible : fracture du tibia droit. Il est transporté immédiatement à la polyclinique de Saint-Etienne. L’attaquant bordelais reste pourtant sur le terrain sous les huées redoublées du public stéphanois médusé par la clémence de M. Dhumerelle.

410
Fernand Barek se blesse malencontreusement dans un choc avec Didier Couécou à la 65e minute.

« Sur le moment, a déclaré Couécou après coup, je ne l’ai pas cru. J’ai pensé que c’était impossible car, dans l’action, après avoir effectué un tacle sur mon partenaire Guillas, c’est lui qui, étant à terre, a essayé de me reprendre le ballon alors que je venais de le lui enlever. Sa jambe a heurté mon pied. Mais croyez bien que j’ai été très peiné, d’autant que Barek est un adversaire correct et loyal. »

Un but contesté et… contestable

Ironie du sort, alors qu’il ne reste qu’une minute à jouer, Guillas adresse une belle transversale à destination de… Couécou qui, de la tête, trompe Pierre Bernard. Le gardien international conteste vivement cette égalisation pour une faute de main préalable du Girondin. Sans succès. A dix contre onze une partie de la seconde mi-temps, Saint-Etienne doit se contenter du point du match nul (1-1).

415
La joie de Didier Couécou, auteur du but égalisateur pour les Girondins de Bordeaux.

Les Girondins sortent du vestiaire sous les huées

Par la faute d’un joueur, ce match, tant prometteur, ne laisse qu’un goût très amer aux 20 755 spectateurs présents. Comme cela était à craindre, le retour aux vestiaires est houleux. Il faut également l’intervention des forces de l’ordre pour que les Bordelais regagnent leur bus sous les « Couécou assassin« . Ambiance.

412
Les joueurs de Bordeaux regagnent difficilement leur bus. Ils sont attendus par les supporters stéphanois excédés par le comportement de l’avant-centre girondin.

 

012
L’Equipe du 5 septembre 1966

Rocher menace de porter plainte

Le lendemain du match, une rumeur traverse la ville entière. Une plainte en justice contre Couécou aurait été déposée par Roger Rocher, le président des Verts. Ce dernier, dans le quotidien L’Equipe du 6 septembre 1966 tient à démentir tout en précisant : « Je ne l’ai pas encore fait, bien qu’un commissaire qui assistait au match me l’ait conseillé. J’attends la réunion de notre comité qui décidera. En revanche, Barek qui est amateur et qui ne pourra pas travailler pendant trois mois est en droit de déposer une plainte en justice. 20 000 personnes sont prêtes à témoigner qu’il s’agissait d’une agression et non d’un accident. Couécou a sauté sur la jambe étendue au sol.

D’autre part, sa tenue agressive durant tout le match et les avertissements que lui a donnés l’arbitre seront retenus à sa charge. Il faut faire un exemple, sinon nous ne trouverons plus de jeunes joueurs pour devenir professionnels. Nous avons déjà beaucoup de difficultés pour convaincre le père de notre joueur Larqué qui ne veut pas que son fils embrasse la carrière de footballeur.

Nous voulons former des jeunes mais nous ne voulons pas les laisser massacrer. Une condamnation en justice serait plus salutaire que des avertissements rarement suivis de sanction. »

Les propos acerbes du président Rocher ont fait réagir dans la capitale girondine. Dans L’Equipe du 7 septembre, les dirigeants bordelais tiennent à apporter les précisions suivantes :

020

M. Dhumerelle, l’arbitre du match, n’ayant rien signalé de particulier dans son rapport, la Commission de discipline, réunie le 8 septembre, décide de suspendre Didier Couécou dans l’attente d’informations complémentaires. En attendant d’éventuelles sanctions, il se voit dans l’obligation de renoncer au derby de l’Atlantique entre Bordeaux et Nantes.

BORDEAUX-NANTES (0-1)
Privé de derby de l’Atlantique, Didier Couécou s’entretient avec le Nantais Philippe Gondet.

José Arribas lui conseille la modération

A cette occasion, José Arribas, co-entraîneur de l’équipe de France en a profité pour avoir une discussion avec lui. Il lui conseilla même pour l’avenir d’être un peu plus modéré. Avec sa franchise habituelle, le Bordelais a reconnu avoir réalisé, au stade Geoffroy-Guichard, des gestes gratuits qui ne riment à rien. « Le Canari déchaîné« , bulletin des supporters du FC Nantes, lui consacre un article intitulé : « Couécou: un garçon curieux« . Dans ce programme d’avant-match, il reconnaît avoir marqué le but contre Saint-Etienne de la main.

L'Officiel de l'ASSE du 23 septembre 1966
L’Officiel de l’ASSE du 23 septembre 1966

 La Commission de discipline clémente

Une semaine plus tard, les membres de ladite Commission se réunissent à nouveau pour statuer et entériner définitivement cette affaire. Après avoir entendu les différentes parties, à savoir l’AS Saint-Etienne, Fernand Barek, le joueur blessé, M. Dhumerelle, l’arbitre, le délégué du match ainsi bien sûr que Couécou, elle suspend le joueur pour deux matches. Barek, lors de son audition, reconnaît que sa blessure était due à un accident et non une faute volontaire.

Thierry Clemenceau

027
L’Equipe du 16 septembre 1966

 

 ♦ LE COIN DES ANECDOTES ♦

 

« Michel reste avec nous !« 

Le samedi 27 mars 1982, Saint-Etienne inflige un cinglant 5-0 aux Girondins de Bordeaux. Michel Platini y va de son traditionnel coup-franc. Dans le sprint final pour le titre de champion de France, le célèbre numéro 10 stéphanois est au sommet de son art. En 90 minutes, l’homme-orchestre des Verts fait étalage de toute sa classe : accélérations, débordements, centres, passes millimétrées qui se transforment en buts sur trois d’entre elles. Tout y passe. Les supporters stéphanois ont bien compris qu’il leur sera difficile de conserver leur protégé à l’issue de la saison.

ST ETIENNE-BORDEAUX (5-0)

Avant la rencontre, comme à chaque « grand-messe » au stade Geoffroy-Guichard, des supporters venus de toute la France se donnent rendez-vous aux alentours du stade.

A quelques minutes du coup d’envoi, une scène dans le Chaudron vaut bien les cinq buts inscrits ce soir-là. Des supporters, pour la plupart Membres Associés des Verts, brandissent des pancartes sur les lesquelles ont peut y lire : »Michel reste avec nous. » Ils viennent d’Annecy, de Paris et d’ailleurs et défilent sur la pelouse pour demander à Michel Platini de rester chez les Verts à l’issue de la saison.

Même si la période des transferts n’ouvre que le 7 avril, le départ de leur maître à jouer se précise. La rumeur l’envoie au Paris-SG, ce qui ne réjouit guère Roger Rocher qui préfère le voir avec lui que contre lui. On le comprend aisément.

 

Quand l’histoire se répète…

On connaît l’attachement de Saint-Etienne à la Coupe d’Europe. On se souvient du retournement de situation des Verts contre Hajduk Split le 6 novembre 1974. Battus 4-1 à Split au match aller en 8e de finale de la Coupe des Clubs Champions, les coéquipiers de Bereta avaient réalisé un de ces fameux exploits qui marquent l’histoire d’un club. Au match retour, au stade Geoffroy-Guichard, ils renversent une situation qui paraissait compromise et s’imposent 5 à 1 après prolongations.

En 1982, Hajduk Split se dresse à nouveau sur le chemin d’un autre club français : les Girondins de Bordeaux. Comme les Verts huit ans plus tôt, les Girondins avaient été battus 4 à 1 à Split au match aller lors du 2e tour de la Coupe de l’UEFA. Et comme les Verts, les Girondins avaient renversé la vapeur au match retour en s’imposant 4-0. Quand l’histoire se répète…

Th.C.

 

LOGO MUSEE_horizontal_avec logo ASSE

http://museedesverts.fr/

Déjà plus de 52 000 visiteurs au Musée des Verts en neuf mois.

Lens-Saint-Etienne : l’UEFA en toile de fond

006
Photo : Miroir des Sports – 14 septembre 1937

Dimanche 21 septembre, l’AS Saint-Etienne se déplace au stade de la Licorne à Amiens pour y affronter Lens en championnat. Trois jours après leur déplacement à Qarabag en Ligue Europa, comment les Verts vont-ils digérer ce long déplacement en Azerbaïdjan ? En 1977, Lens et Saint-Etienne luttaient en championnat pour une place qualificative en Coupe de l’UEFA. Je vous propose de revenir sur ce match au sommet de la Division 1. Bonne lecture.

LENS-ST-ETIENNE (1-1)
Christian Sarramagna aux prises avec Pascal Françoise.

Lens-Saint-Etienne : l’UEFA en toile de fond

Le 16 mars 1977, les Verts de Robert Herbin s’inclinent 3-1 au stade d’Anfield à Liverpool. Vainqueurs 1-0 à l’aller, les champions de France sont éliminés en quarts de finale de la Coupe d’Europe des Clubs Champions.

La fin de l’aventure européenne des Verts continue pourtant de faire la fortune de tous les trésoriers des clubs de l’hexagone. La preuve : plus d’un mois avant leur déplacement au stade Félix-Bollaert à Lens, l’engouement est tel que le club artésien a dû refuser plus de 30 000 demandes de tickets. Pas de doute, les Verts font toujours recette.

Les Verts comme le Real Madrid

En préambule du match qui les attend dans le Nord le 17 mai, ils disputent une rencontre à domicile contre Sochaux. Devant 18 133 spectateurs, les Stéphanois s’imposent 3-1. Ce quart de finale retour de Coupe de France constitue un record pour l’AS Saint-Etienne. En effet, depuis le 24 mars 1973 et un revers face à Nantes (1-2) en championnat, les hommes de Robert Herbin ont disputé 100 matches au stade Geoffroy-Guichard, toutes compétitions confondues, sans connaître la moindre défaite. En Europe, seul le Real Madrid a fait mieux avec 143 matches d’invincibilité au stade Chamartin de février 1957 à mars 1965.

001
FranceFootball du 17 mai 1977

Malheur au vaincu

Cette rencontre au stade Félix-Bollaert comporte un enjeu majeur : les deux clubs sont au coude à coude en championnat pour une place qualificative pour la Coupe UEFA. Le perdant -s’il y a un perdant- risque d’abandonner toute chance de retrouver l’Europe. Pour les Verts, seule une victoire en Coupe de France serait alors synonyme de qualification pour la Coupe des Coupes.

Six : entre Lens et Sainté, son coeur balance

En coulisses, une autre bataille est engagée. Les deux clubs se disputent le jeune ailier gauche valenciennois Didier Six. L’international, âgé de 23 ans, hésite entre Lens, le Paris-SG et… Saint-Etienne.

Mais l’incertitude concernant son futur transfert est vite levée. Le 19 mai, dans le quotidien L’Equipe, il déclare : « Pierre Garonnaire que j’avais rencontré la semaine dernière m’a fait savoir que l’AS Saint-Etienne n’était pas d’accord avec mes conditions financières. Je le regrette sincèrement car j’aurais bien aimé jouer dans l’équipe des Verts. »

280661
Le Valenciennois Didier Six ne manque pas de propositions. En France, Saint-Etienne, Lens et le Paris-SG sont intéressés par le gaucher.

Le joueur au pied gauche dévastateur exclut un départ à l’étranger. A un an de la Coupe du monde en Argentine, il ne souhaite pas s’exiler en Allemagne ou en Belgique au risque de compromettre ses chances de disputer ce rendez-vous planétaire. Si Paris ne le laisse pas insensible, sa préférence va au RC Lens. L’achat d’une ferme à une vingtaine de kilomètres de Lens laisse supposer que cet enfant du pays a déjà choisi sa destination.

Sab et Françoise, révélations lensoises

Depuis leur élimination en Coupe de France à Nantes, les Lensois éprouvent de la colère. Les Verts sont prévenus, sur leur route, ils rencontreront des joueurs déterminés comme Pascal Françoise ou Robert Sab, deux des révélations de la saison. Avec 41 points, ils ne sont qu’à une petite longueur de Bastia, le second au classement. Daniel Leclercq, le grand défenseur blond lensois, prévient : « Battons Saint-Etienne samedi, gagnons ensuite à Nantes le 27 mai… et nous serons en Coupe d’Europe ! »

Pages de LENNNNNNNNNNS-ASSE 77 1

Larqué écarté, Repellini avant-centre

Pour ce sommet de la 34e journée de Division 1, Arnold Sowinski, l’entraîneur des « Sang et Or » ne peut toujours pas compter sur Marx et Elie, victime d’une angine. Herbin, toujours en conflit avec Larqué, compte sur le retour de l’indispensable Janvion pour contenir les assauts lensois. En revanche, Rocheteau est toujours indisponible alors que Synaeghel n’est pas encore apte à débuter la rencontre.

Avant de rejoindre le Pas-de-Calais par la voie des airs, Robert Herbin organise une séance vidéo des phases de jeu qui ont bien fonctionné contre Sochaux en Coupe de France. Secrètement, il espère que l’ASSE sera la première équipe à s’imposer à Lens cette saison.

010
L’Equipe 21 mai 1977

Le stade est plein comme un oeuf. 29 021 spectateurs ont pris place dans une enceinte qui pourra en accueillir jusqu’à 41 000 en 1978. L’ambiance des grands soirs est au rendez-vous. Le coup d’envoi est donné par une vedette de la chanson bien connue des « gens du Nord » : Enrico Macias, grand amateur de football.

LENS-LAZIO ROME (6-0)
Les supporters des « sang et or » sont mobilisés pour ce match au sommet entre Lens et Saint-Etienne.

A chacun sa mi-temps

Face aux jeunes lensois quelque peu crispés par l’enjeu, les Stéphanois, plus expérimentés et habitués aux grands rendez-vous, dominent les quarante-cinq premières minutes. Leur bonne maîtrise du jeu est concrétisée par un but de l’avant-centre Pierre Repellini qui, d’un maître tir de vingt mètres, laisse Tempet, le gardien lensois, sans réaction (14e). Les champions de France 76 pensent alors avoir fait le plus dur.

LENS-ST-ETIENNE (1-1)
Patrick Revelli, l’ailier stéphanois, tente de déborder le Lensois Pascal Françoise.

Au retour des vestiaires, les Nordistes retrouvent des couleurs à l’image de ce diable de Fares Bousdira. Le numéro 10 lensois, déjà auteur de quelques coups de boutoir, égalise (60e) après plusieurs ratés des défenseurs stéphanois. Le stade Félix-Bollaert reprend espoir.

LENS-ST-ETIENNE (1-1)
Dominique Bathenay, le milieu de terrain stéphanois, se lance à l’assaut des buts de Jean-Pierre Tempet.

Un nul qui ne satisfait personne

Les deux équipes ont tout tenté pour forcer la décision. En vain. Au coup de sifflet final, les deux clubs font déjà les comptes pour arriver à la même conclusion : ce match nul n’arrange aucune des deux équipes. Pire, elle remet en selle une autre formation pour une place européenne : l’Olympique Lyonnais d’Aimé Jacquet.

007

La troisième place qualificative est désormais hors de portée des Stéphanois. Leur dernier espoir d’être européens en 1977-78 repose désormais sur une victoire en Coupe de France.

                                                                                                                           Thierry Clemenceau

Lens-Saint-Etienne : 1-1. Buts.- Saint-Etienne : Repellini (14e) ; Lens : Bousdira (60e).
Lens : Tempet – Hopquin, Leclercq, Flak, Lhote – Sab, Krawczik (Llorens, 46e), Bousdira – Jankovic, Françoise, Keiser. Entr.: Sowinski.
Saint-Etienne : Curkovic – Janvion, Lopez, Piazza, Farison – Santini, Bathenay, H. Revelli – P. Revelli, Repellini, Sarramagna. Entr.: Herbin.

 

Le chiffre : 1

Ce 6 octobre 1979, Yves Ehrlacher, l’attaquant lensois, fête ses 25 ans. Michel Platini, depuis qu’il porte le maillot vert, n’a pas encore connu la défaite en championnat. Ehrlacher s’offre un beau cadeau d’anniversaire en inscrivant deux buts alors que Platini y va du sien. Insuffisant cependant pour les Verts qui, ce soir-là, s’inclinent au stade Félix-Bollaert 4-3.

PRESENTATION ST ETIENNE
Michel Platini lors de la présentation de la saison 1979-80.

 

 La vidéo de l’INA :

 http://player.ina.fr/player/embed/R10253927/1/1b0bd203fbcd702f9bc9b10ac3d0fc21/560/315/0/148db8

Pierre BACHELET qui a écrit la chanson « Les corons » évoquant la vie dans les mines dans la région Nord Pas de Calais a rendu visite à d’anciens mineurs de Fouquières les Lens. Il leur explique pourquoi il a écrit cette chanson, eux lui parlent de leur vie dans ces corons, des coups de grisou…Cette rencontre est entrecoupée de scènes tournées dans les corons et les paysages miniers où Pierre BACHELET interprète des extraits de sa chanson.

 

 La phrase :

« On est vachement content de recevoir Saint-Étienne. Le mythe à Bollaert : quoi de mieux pour présenter une nouvelle équipe que de jouer une telle affiche ? »

Gervais Martel – L’Equipe du 14 août 2004

LOGO MUSEE_horizontal_avec logo ASSE

http://museedesverts.fr/

Déjà plus de 50 000 visiteurs au Musée des Verts en huit mois.

Saint-Etienne-Caen : Patrice Garande : un espoir déçu

Samedi 13 septembre 2015, l’AS Saint-Etienne reçoit le Stade Malherbe de Caen pour le compte de la 5e journée du championnat de Ligue 1. Patrice Garande, l’entraîneur normand, a débuté chez les Verts à l’âge de 14 ans. Aujourd’hui, je vous propose de revivre sa première partie de carrière. Bonne lecture.

MAGAZINE FRANCE

 

 

Patrice Garande : un espoir déçu…

Le 21 mai 1977, en demi-finale retour  de la Coupe nationale Cadets, la sélection Méditerranée où évoluent Bellus et Olivier Roussey, entre autres, s’impose 3-0 et se qualifie pour la finale. Face à elle, se trouve la sélection du Lyonnais dans laquelle évolue un certain Patrice Garande, jeune joueur de l’AS Saint-Etienne.

A Saint-Etienne, on parle beaucoup de Laurent Roussey et Didier Derigon, les deux grands espoirs du club. Pourtant, le centre de formation, confié à Guy Briet, ne manque pas de talents. En attendant de voir les Bellus, Lestage, Wolff, Colleu ou encore Zanon, frapper à la porte des pros, Patrice Garande, le 3 février 1978, fait ses grands débuts avec l’équipe fanion au stade Marcel-Saupin. Nantes s’impose 1-0 devant l’AS Saint-Etienne (24e journée de championnat de Division 1). A 17 ans, le junior stéphanois fait ses premiers pas chez les « grands » en remplaçant Boury (83e). Il est promis au plus bel avenir.

NANTES-ST ETIENNE (3-1)
Le 3 février 1978, Patrice Garande joue les sept dernières minutes du match qui oppose Nantes à Saint-Etienne.

Repéré par Robert Philippe

Patrice Garande est né le 27 novembre 1960, à Oullins, dans la périphérie lyonnaise. Tout petit, déjà, il voulait devenir footballeur professionnel. Dès l’âge de 6 ans, il est en tenue et signe sa première licence à la JS Irigny avant de rejoindre le Cascol Oullins. Comme beaucoup de gamins de son âge, il rêve de devenir un jour footballeur professionnel.

Sélectionné Cadets du Lyonnais, le talent du jeune joueur, âgé de 14 ans, n’échappe pas à Robert Philippe : il lui propose de venir faire un essai à l’ASSE qui s’avère concluant. Comme tout jeune nouvel arrivant, il poursuit ses études et loge chez l’habitant. En cadets, son entraîneur s’appelle Jean Oleksiak, ancien joueur de l’ASSE (1955-63) et père de Thierry. Il joue souvent en lever de rideau de l’équipe pro et s’imprègne de l’ambiance du stade Geoffroy-Guichard.

Lors de la saison 1976-77, il dispute un match de Coupe Nicolas contre le voisin lyonnais. Il inscrit deux buts mais l’ASSE s’incline aux tirs au but. A la fin du match, Garande pleure toutes les larmes de son corps. La déception est immense. « Je me souviendrai toujours de cette élimination, dit-il, mais elle m’a appris beaucoup de choses car en m’obligeant à réagir, elle m’a permis de grandir sur le plan moral. »

A 16 ans, il signe un contrat d’aspirant tout en continuant son apprentissage sous les ordres de Guy Briet. « Je dois dire que la venue de M. Briet a changé beaucoup de choses dans mon comportement. A l’issue du premier entraînement avec lui, je me suis dit : « C’est pas possible, il va nous tuer avant l’heure. Et pourtant, à chaque séance, je suis passé au-dessus de mes limites parce que je ne voulais pas céder, pas plus que mes camarades qui souffraient autant que moi. »

007
Robert Philippe, l’homme qui a découvert le jeune Patrice Garande. (photo ASSE-Actualités)

En tournée à l’Île de La Réunion

En novembre 1977, Roger Rocher, en voyage d’affaires sur l’île de la Réunion, reçoit un accueil chaleureux. Pour répondre aux sollicitations du président de la Ligue de football de la Réunion qui souhaite accueillir un jour l’équipe professionnelle des Verts, le président stéphanois promet alors d’envoyer les jeunes qui composent son centre de formation.

Promesse tenue. Le 21 juillet 1978, les Verts s’envolent pour l’océan Indien. Garande participe à cette belle expédition. Comme dit le proverbe : « Les voyages forment la jeunesse. » C’est également le cas pour les jeunes footballeurs de l’AS Saint-Etienne. Sur cette île de l’Océan Indien, avec Zanon, Oleksiak, Merulla et Paganelli, entre autres, il dispute deux matches contre les équipes de Saint-Pierre (2-2), Saint-Denis (2-1) et un contre la sélection de l’Île de la Réunion (1-0).

012
Les jeunes Verts en tournée sur l’île de la Réunion. Patrice Garande y participe activement (le troisième accroupis en partant de la gauche). (Photo ASSE-Actualités).

Pensionnaire de la Troisième division des Verts, il n’est nullement intimidé, ce qui lui permet de réaliser une progression physique étonnante. « La Troisième division, parce qu’elle comporte des joueurs « mûrs » ou sur le retour, est une merveilleuse école au plan physique. L’engagement est sérieux et il s’agit avant tout de se faire respecter sinon on sombre. Cela exige de solides qualités morales et une préparation très rigoureuse. A partir de ces affrontements, je me suis rendu compte du chemin qu’il restait à accomplir pour évoluer au niveau professionnel. On dit que le fossé séparant les deux divisions est très important mais cette opinion agit sur moi comme un stimulant. Le football est un métier difficile entre tous. Il procure des avantages, c’est vrai mais on ne les acquiert pas sans souffrir... »

Le 15 août 1978, les Verts affrontent l’équipe des Forces Armées Royales du Maroc. Privé de nombreux internationaux, Robert Herbin teste quelques jeunes prometteurs de l’équipe réserve parmi lesquels Laurent Paganelli (15 ans) et Patrice Garande (17 ans).

Les Verts ne renouvellent pas son contrat

Fin mai 1979, l’équipe réserve stéphanoise, qui évolue en troisième division, termine son championnat à une 5e place peu conforme avec les ambitions de ses dirigeants. Pour la commission sportive du club dont font partie Herbin et Garonnaire, certains jeunes n’atteindront pas le niveau « Coupe d’Europe » en 1982. Par conséquent, plusieurs d’entre eux parmi lesquels Olivier Roussey, Jacky Merulla ou Patrice Garande sont invités à se chercher une nouvelle destination. Seuls Castaneda et Borel signent un contrat professionnel à l’issue de la saison écoulée.

Dans ASSE-Actualités du 29 mai 1979, Guy Briet, son entraîneur au centre de formation, confirme ces départs : « C’est vrai, plusieurs jeunes vont quitter le centre, soit parce qu’ils ne répondent pas aux espoirs placés en eux, soit parce qu’ils sont las d’être ici comme Yves Camus qui a résilié son contrat : ce sont Jacky Merulla, Patrice Garande, Fournier, Olivier Roussey, Patrick Rampillon et Xavier Voirin. »

Guy Briet, l'entraîneur de Patrice Garande (photo ASSE-Actualités)
Guy Briet, l’entraîneur de Patrice Garande au centre de formation (photo ASSE-Actualités)

Patrice Garande n’est pas rancunier, pourtant, il en veut à Pierre Garonnaire pour son manque de confiance accordé. Ses rêves de disputer la Coupe d’Europe avec les Verts s’envolent. Quand il voit l’ascension fulgurante d’un Laurent Roussey, par exemple, cela lui laisse bien des regrets. Les arrivées de Platini et Rep dans le Forez ne lui laissent guère d’espoir d’éclore au plus haut niveau à l’ASSE.

En deux ans, Robert Herbin, ne l’a sollicité qu’à cinq reprises… comme remplaçant. L’heure est à la déception.

001
Photo ASSE-Actualités

Hervé Revelli l’accueille au Chênois

L’AJ Auxerre de Guy Roux vient aux renseignements. Depuis le transfert de Jean-Marc Schaer à l’AJA, l’entraîneur bourguignon garde un oeil attentif aux éventuelles pépites « laissées pour compte » par le centre de formation de l’ASSE. Paul Orsatti, le nouvel entraîneur du GFC Ajaccio, souhaite également le mettre à l’essai. Mais c’est en Suisse qu’il va poursuivre sa carrière. Hervé Revelli, l’ex-buteur des Verts des années 60-70, et nouvel entraîneur du Chênois, fait appel au jeune espoir stéphanois. L’ancien buteur des Verts connaît bien Garande pour l’avoir côtoyé au quotidien à l’ASSE lorsqu’il entraînait les attaquants stéphanois.

Hervé Revelli, nouvel entraîneur du Chenois, n'hésite pas à faire confiance à Patrice Garande.
Hervé Revelli, nouvel entraîneur du Chênois, n’hésite pas à faire confiance à Patrice Garande.

En Suisse, avec son statut d’amateur, tous les matins, il s’adonne volontiers à des séances personnalisées de frappes sous les ordres de son ex-mentor à l’ASSE et s’entraîne avec ses coéquipiers le soir. Malgré une bronchite qui l’éloignera durant plusieurs semaines des terrains, il inscrit 12 buts dans le championnat helvétique (plus 3 en Coupe contre Zurich, ce qui constitue son meilleur souvenir suisse).

Sa réussite commence à donner des regrets à Herbin et Garonnaire. Mais un drame familial perturbe sa progression. Aussi, l’éloignement avec sa région natale lui pèse. Il fait souvent des allers et retours entre la banlieue de Genève et sa région natale.

Orléans comme rampe de lancement

Finalement, il ne reste qu’une saison dans le club genevois. Il décide de tenter sa chance sous d’autres horizons. Contacté par plusieurs clubs, il pose ses valises dans le Loiret, plus précisément à Orléans. Le dernier finaliste de la Coupe de France, qui évolue en Division 2, cherche un buteur. Le club accueille donc le transfuge du Chênois qui paraphe un contrat de 3 ans. En parallèle, il travaille au service des sports de la ville d’Orléans.

Ses grands débuts à l’USO sont très convaincants. A 20 ans, l’ex-Stéphanois s’affirme rapidement. Au stade de La Source, il réalise un triplé contre… Caen. Son but avoué est d’inscrire une bonne quinzaine de buts, soit la moyenne de ses réalisations quand il évoluait en Division 3 sous le maillot vert. Dans FranceFootball du 19 août 1980, il déclare : « En pro (à l’ASSE), j’ai joué cinq fois comme remplaçant durant une dizaine de minutes. Avant l’arrivée de Platini et de Rep, M. Garonnaire m’a dit qu’il valait mieux que je tente ma chance ailleurs. C’est pourquoi la saison dernière, j’avais rejoint Hervé Revelli en Suisse. »

PRESENTATION AUXERRE
Guy Roux (à droite) en compagnie de Jean-Marc Ferreri, a suivi avec attention la carrière de Patrice Garande jusqu’à son arrivée à l’AJA.

Guy Roux ne l’a pas oublié

Sous les ordres de Jacky Lemée, il fait trembler les filets à 20 reprises et termine troisième buteur de Division 2. Il n’en faut pas plus pour attirer les convoitises de clubs de Division 1. Guy Roux qui a toujours gardé un oeil sur lui, notamment lorsqu’il évoluait en Juniors et 3e Division chez les Verts – revient à la charge et lui fait signer un contrat de stagiaire-pro.

L’entraîneur bourguignon ne tarit pas d’éloges à l’égard de sa nouvelle recrue : « C’est un garçon charmant. Il a eu une excellente formation durant trois ans à Saint-Etienne. C’est un buteur certain. »

Il dispute son premier match sous ses nouvelles couleurs le 24 juillet 1981 : ce jour-là, Montpellier et Auxerre font match nul 0-0. Il inscrit son premier but le 31 octobre à Valenciennes (1-3). Conscient qu’il a encore quelques lacunes à combler, notamment sur le plan technique, il progresse au contact d’Andrzej Szarmach qui le prend sous son aile. L’international polonais termine deuxième buteur du championnat (24 buts) derrière Delio Onnis (29). Pour sa première saison à l’AJA, Garande inscrit 6 buts en 21 matches.

340750_eq_02
Patrice Garande (à l’extrême gauche) et ses coéquipiers auxerrois semblent dubitatifs envers M. Vautrot, l’arbitre international.

Retenu par Mésonès et Roux

Sa première saison en Bourgogne le laisse sur sa faim. Il envisage même un nouveau départ. Le rôle d’ailier droit dans lequel son entraîneur l’a confiné, ne le satisfait guère. Serge Mésonès lui demande alors de s’accrocher, tandis que Guy Roux lui conseille d’être patient.

A la fin de la saison 1981-82, avant son incorporation militaire à Fontainebleau, il signe un contrat professionnel avec l’AJA (avec Danio et Ferreri). Il met à profit son année sous les drapeaux pour continuer sa progression, notamment avec des joueurs comme Daniel Bravo ou encore Bruno Bellone, autres bidasses à Fontainebleau. Avec l’AJA, il inscrit 8 buts en 24 matches disputés.

A Auxerre, ses coéquipiers le surnomment « Le Suisse » suite à son passage au Chênois… Le 19 août, il épouse Ina, une ravissante danoise qu’il a rencontrée lors de son passage chez les Helvètes. Son témoin de mariage n’est autre que Jacky Lemée, l’entraîneur qui lui a permis de relancer sa carrière. Une belle reconnaissance.

« Au Bataillon de Joinville avec des artistes« 

L’homme est épanoui et le joueur débute la saison 1983-84 de la meilleure des façons. Il marque à chaque match ou presque. Fin août, il est en tête du classement des buteurs de Division 1. En près d’un mois, il totalise presqu’autant de buts (6) que toute la saison précédente. Dans un entretien accordé à Gérard Etcheverry pour l’hebdomadaire FranceFootball daté du 30 août 1983, il confie : « Vous savez, j’ai tout de même progressé. Se retrouver au Bataillon de Joinville avec des artistes tels que Bravo, Ferreri et Bellone ne peut pas faire de mal. A force de répéter les mêmes gestes techniques, on s’améliore. Mais surtout, j’ai compris qu’un avant-centre ne pouvait plus se permettre de rester dans les dix-huit mètres pour attendre le ballon mais qu’il fallait qu’il participe davantage au jeu. »

Premier retour à Saint-Etienne… avec Auxerre

Le 5 février 1984, l’AJ Auxerre se déplace à Saint-Etienne. Avec ce match, Garande signe son premier retour au stade Geoffroy-Guichard depuis son départ du club stéphanois. Blessé la saison dernière, il n’avait pu faire son grand retour dans le Chaudron. Une semaine après leur élimination en Coupe de France contre les Verts à Clermont-Ferrand (0-1), les hommes de Guy Roux quittent le Forez avec un match nul (0-0). Pour l’ex-Vert, la nostalgie n’est pas au rendez-vous. Trop de choses ont changé depuis son passage à Saint-Etienne.

MAGAZINE ST ETIENNE
Avec l’AJA, Patrice Garande revient à Saint-Etienne pour la première fois depuis son départ. Il sert la main d’André Laurent, le président des Verts.

A Garande le 200e but de l’AJA en Division 1

Le 7 avril 1984, contre Sochaux, Garande inscrit un but qui a une saveur particulière : c’est le 200e but de l’AJA en Division 1 depuis son accession en 1980. Comme tout footballeur ambitieux, Patrice Garande, même s’il n’ose l’avouer qu’à demi-mots, pense un peu plus chaque jour à une convocation en équipe de France : « Evidemment, l’équipe de France, c’est l’ambition de tout footballeur, alors naturellement, il m’arrive d’y songer. Mais je n’en fais pas une obsession. Je pense que si cela doit arriver, ça viendra tout seul, c’est-à-dire, grâce à ce que j’aurais pu faire de bien. »

351699eq1
Patrice Garande ou la joie du buteur.

Meilleur buteur de Division 1

A l’issue de cette saison 1983-84, l’AJ Auxerre se classe 3e de Division 1 et se qualifie pour la Coupe de l’UEFA. Garande termine meilleur buteur du championnat (à égalité avec Delio Onnis) avec 21 réalisations pour 37 matches disputés. Il met ainsi un terme à l’hégémonie des buteurs yougoslaves ou argentins. Depuis quatorze ans, un Français n’avait jamais terminé à une telle place honorifique. Le dernier Français à décrocher ce titre n’est autre que… Hervé Revelli lors de la saison 1969-70. L’avant-centre Stéphanois avait alors inscrit 28 buts. Beau clin d’œil de l’histoire. Son flair, son adresse devant le but ainsi qu’une réelle prise de conscience de ses possibilités font de lui la grande révélation du championnat. Garande est de l’étoffe dont on fait les buteurs. Il possède des qualités physiques honnêtes ( 1,76 m, 70 kg), une technique d’un très bon niveau : frappe de balle des deux pieds et très bon jeu de tête.

Vidéo Youtube de ses 21 buts avec l’AJA.

Champion olympique avec les Bleus à L.A.

L’équipe de France remporte l’Euro qu’elle organise. Patrice Garande n’est pas de la fête mais début juillet, l’Auxerrois attend avec impatience la liste des joueurs appelés à disputer les Jeux Olympiques de Los Angeles. Quand Henri Michel prononce son nom, il ne cache pas sa satisfaction.

FRANCE-QATAR
Patrice Garande inscrit le premier but des Bleus face au Qatar.

Durant la compétition, il ne joue que 90 minutes et inscrit un but contre le Qatar (2-2) à Annapolis. C’est le premier but des Français dans ce tournoi. Une blessure au tendon l’éloigne des terrains. Il ne réapparaît que lors de la finale gagnée contre le Brésil (2-0). C’est la première fois qu’une médaille d’or est remportée par une équipe de sport collectif. Henri Michel lui permet de jouer les 9 dernières minutes pour participer à la fête. Peu importe, l’aventure est belle et il revient en Bourgogne auréolé d’une médaille d’or olympique.

FRANCE OLYMPIQUE-BRESIL OLYMPIQUE
L’équipe de France championne olympique en 1984.

Débuts européens en pensant aux Verts

Fort de ce succès, le meilleur buteur du dernier championnat, prend du galon au sein de son équipe : il devient délégué syndical, succédant à Yves Cuperly.
Septembre 1984. Patrice Garande s’apprête à vivre un autre moment exceptionnel. Disputer son premier match de Coupe d’Europe. Le tirage au sort a désigné le Sporting Portugal comme adversaire de l’AJA en Coupe de l’UEFA.

Dans FranceFootball du 18 septembre 1984, il se remémore un souvenir de parfum d’Europe vécu à Geoffroy-Guichard : « J’avais joué en lever de rideau de Saint-Etienne – Glasgow Rangers (2-0, le 22 octobre 1975). Je crois que l’on avait battu Montluçon 11-1. Quelque chose comme ça. J’avais dû inscrire ce jour-là quatre ou cinq buts. Devant quarante mille spectateurs. C’était fou. Indescriptible. C’était nous les meilleurs. Le maillot vert sur le dos transfigurait les gars. Mais je me souviens aussi que j’ai eu peur ce soir-là. Au point d’être incapable de bouger pendant dix bonnes minutes. La paralysie…

Les supporters stéphanois avaient le chic pour vous faire soulever des montagnes. Les plus grosses. Et l’on plaignait à l’époque l’adversaire devenu un jouet dans leurs mains. « Je pense que je ne vivrai plus jamais cela. Ce n’est pas possible. Des spectateurs aussi dingues, aussi chauds, aussi chaleureux pour leur équipe n’existent nulle part ailleurs qu’à Saint-Etienne. Du moins je n’en ai jamais rencontré d’autres.

l
Quelques années plus tard, Patrice Garande se remémore les grandes heures européennes des Verts.

 « Je penserai à mes souvenirs de gosse… »

Cela paraît banal, mais c’est pourtant la vérité, ce public constituait un capital important dans l’investissement des joueurs sur le terrain. Ceux-ci le savaient et inconsciemment se transcendaient. Plus le match était difficile, plus le public poussait ses gars. Honnêtement, .je crois qu’il n’y a qu’en Angleterre que l’on peut voir encore un tel phénomène.
Dans quinze jours, lorsque je rentrerai sur le terrain, je penserai à mes souvenirs de gosse. Je songerai à Rocheteau victime de crampes contre Kiev et qui trouve les ressources nécessaires pour aller au bout de lui-même.
J’aurai encore en mémoire la volonté d’un Piazza. Une vraie bête cet homme-là. Et j’essaierai de communiquer ces sensations à mes partenaires.»

ST ETIENNE-DYNAMO KIEV
Le 17 mars 1976, Dominique Rocheteau, épuisé, inscrit contre Kiev le but de la qualification pour les demi-finales de la Coupe d’Europe des Clubs Champions.

Le revers de la médaille

La saison 1984-85 s’annonce comme celle de la confirmation pour lui. Mais il déchante. Il connaît une grosse baisse de régime et n’a plus la même réussite (1 but en 4 mois). Le changement de système de l’AJA qui évolue à nouveau avec trois attaquants, oblige Garande à s’excentrer sur le côté gauche… ce qui lui vaut quelques discussions orageuses avec son coach. Mais il sait être patient et attend sagement son heure. Les temps changent.

Au total, il dispute 31 matches et inscrit seulement 10 buts. L’Auxerrois a payé, comme beaucoup de ses copains médaillés d’or, un lourd tribut à son titre de champion olympique.

ST ETIENNE-AUXERRE
En Coupe de France, Andrzej Szarmach à la lutte avec Alain Moizan.

Szarmach part, Garande en première ligne

A l’intersaison 1985, Szarmach quitte les bords de l’Yonne et s’engage avec l’En Avant Guingamp. A 25 ans, l’heure du natif de Oullins a sonné. Le tandem qui a fait le bonheur de l’AJA pendant 5 ans a vécu. Garande avait prévenu : il ne jouerait pas une saison de plus à l’aile. Avec le départ du Polonais, il retrouve le numéro 9.

351699
Patrice Garande, héros de l’AJA en coupe d’Europe contre le Milan AC. A cette occasion, il inscrit deux buts.

Après un début de saison laborieux, à l’image de son équipe, il fait parler de lui lors du match de Coupe d’Europe qui oppose l’AJA au Milan AC le 18 septembre 1985. Il inscrit deux buts aux hommes de Liedholm et permet à son club de s’imposer (3-1).
Sa saison est gâchée en partie par une inflammation d’un muscle du nerf fessier.

340750
Szarmach parti à Guingamp, Patrice Garande ne connaît plus la même réussite.

La solitude du chasseur de but

Fin avril, les Ajaïstes laissent s’envoler leurs derniers espoirs d’être européens. Le club du président Hamel décide de se séparer de Ferreri et Garande.

Au club depuis cinq ans, auteur de 58 buts, l’ancien Stéphanois est arrivé au bout d’un cycle avec Auxerre. Son parcours est rectiligne avec un titre de meilleur buteur en 1984. Seule ombre au tableau, le désamour d’une partie du public du stade de l’Abbé-Deschamps. Comme Szarmach un an avant lui, il subit les sifflets des supporters bourguignons. Guy Roux, son entraîneur explique : « Le divorce entre une partie du public et Garande a été l’un des points noirs de la saison. Son départ risque de poser bien des problèmes de succession. »

Plus tard, ce même Guy Roux déclarera : « Garande est pour moi davantage qu’un bon joueur, c’est un ami avec qui je serai heureux d’entretenir des relations après le football. Si nos finances l’avaient permis, je l’aurais conservé à Auxerre. »

Nantes à la relance

Michel Le Milinaire et Laval verraient d’un bon oeil l’arrivée du Bourguignon. Mais c’est Nantes, orphelin de Vahid Halilhodzic, qui convainc Patrice Garande de rejoindre les bords de l’Erdre. Il signe pour 4 ans. Il est rejoint par le Sochalien Philippe Anziani.

Le 13 septembre 1986, lors d’un match à Monaco, il est victime d’une fracture du péroné de la jambe droite. Nantes se lance immédiatement à la recherche d’un remplaçant. Deux joueurs sont pressentis : Laurent Roussey (Toulon) et Philippe Tibeuf (Monaco).

Suite à son indisponibilité à durée indéterminée, il accompagne ses coéquipiers nantais lors du déplacement des Canaris au stade Geoffroy-Guichard. Il y retrouve de nombreux amis rencontrés lors de son passage dans le Forez. Après cinq mois d’indisponibilité, une première pour lui, il ne refoule les pelouses de Division 1 que le 28 février 1987 où il dispute le dernier quart d’heure à Bordeaux.

ST ETIENNE-NANTE (0-0)
Au stade Francis-le-Blé à Brest, un espion nommé Pierre Garonnaire.

Garonnaire n’est jamais très loin…

Le 9 mai 1987, Nantes se déplace à Brest. Dans les tribunes du stade Francis-Le-Blé, un spectateur est attentif : Pierre Garonnaire. Il a fait le déplacement de Saint-Etienne dans le Finistère pour observer deux joueurs : le milieu brestois Maurice Bouquet, originaire du Puy-en-Velay et un certain … Patrice Garande. Les deux hommes s’entretiennent assez longuement.

Chez les Canaris, il a disputé 21 rencontres et inscrit 4 buts.
Plus de dix ans après son arrivée à Saint-Etienne, l’ex-pensionnaire du centre de formation de l’ASSE va-t-il revenir sur les terres de ses premières amours ?

                                                                                                                          Thierry Clemenceau

A l’occasion du match retour au stade D’Ornano de Caen, vous retrouverez la suite de la carrière de Patrice Garande.

 

 

 

Victoire heureuse pour les Verts

20 janvier 1935, Saint-Etienne-Stade Malherbe de Caen : 2-1.
Pour la première fois de son histoire, l’équipe de Caen se déplace au stade Geoffroy-Guichard pour y affronter l’AS Saint-Etienne, tous deux pensionnaires de la Deuxième division.

Ce dimanche 20 janvier, il fait un froid de canard dans le Forez. Le thermomètre qui ne cesse de dégringoler donne des idées aux marchands de marrons qui installent leurs braseros devant les tribunes du stade. Malgré ces températures négatives, le public se déplace tout de même en nombre.

Des doutes sur la tenue du match

La pelouse, d’ordinaire en bon état, est gelée au point que le matin même, les dirigeants caennais se demandent s’ils ne vont pas regagner la Normandie sans disputer le moindre match.

En début d’après-midi, la rencontre peut quand même se dérouler. Dans de telles conditions, ce sont les Caennais qui pratiquent le meilleur football. Mais il y a des jours où ce ne sont pas les meilleurs sur le terrain qui l’emportent. Pourtant, dès la 15e minute, les Normands ouvrent la marque par leur ailier droit Rode. Mais ont-ils à peine le temps de savourer leur avantage que les Stéphanois égalisent par leur attaquant Chalvidan (19e). Galvanisés par ce but, les coéquipiers de Stevanovitch prennent l’avantage six minutes plus tard par Polge (25e). Ils sont cependant tout heureux de regagner les vestiaires sur cet avantage.

Les Verts dominés ne lâchent rien

En seconde mi-temps, les Caennais, supérieurs dans le jeu, tentent de refaire leur retard mais la bonne défense mise en place par Rivers ne lâche rien. Henric, le portier des stéphanois, réalise quelques exploits et accomplit par la même occasion, son meilleur match depuis son arrivée à Saint-Etienne. Jusqu’au bout, les Caennais tentent de refaire leur retard. En vain. Côté Stéphanois, l’entente Polge-Chavildan s’est avérée encore décisive. A l’issue de cette rencontre, l’AS Saint-Etienne compte 17 points et occupe la 7e place.

                                                                                                                                             Th.C.

Buts.- Saint-Etienne : Chalvidan (19e), Polge (25e) ; Caen : Rode (15e).
Saint-Etienne : Henric – Capelle, Boutet – Stevanovitch, Odry, Szeman – Saint-Georges, Woehl, Kovacs, Chavildan, Polge. Entr.: Rivers.
Stade Malherbe de Caen : Mayer – Carabeuf, Lopez – Carbonnel, Fraji, Falize – Dellesse, Krebbs, Szefes – Leperier, Rode.

 

Le coin des anecdotes…

Un banc sans gardien

Le 26 octobre 2002, l’AS Saint-Etienne reçoit le Stade Malherbe de Caen (13e journée de Ligue 2) au stade Geoffroy-Guichard. Pour cette rencontre, Frédéric Antonetti et Patrick Remy, respectivement entraîneurs de l’ASSE et du Stade Malherbe de Caen, prennent le même risque : celui de n’inscrire aucun gardien remplaçant sur la feuille de match. Les Verts s’imposent 2-1 grâce à des buts signés Hellebuyck (12e) et Alex (63e). Janot et Elana, les gardiens titulaires, ont joué 90 minutes.

 

Wohlfarth enfin…

A Saint-Etienne, il était attendu comme le messie. Roland Wohlfahrt, l’ex-buteur du MSV Duisbourg et surtout du Bayern Munich (160 buts en Bundesliga), a été recruté par Jean-Michel Larqué en août 1993. Après deux mois de disette due en partie à des problèmes physiques, il inscrit son premier but en vert au stade Geoffroy-Guichard contre… Caen. Ce 6 octobre 1993, les Verts dynamitent les Normands 5-0 et s’évitent une nouvelle crise.

LOGO MUSEE_horizontal_avec logo ASSE

http://museedesverts.fr/

Déjà plus de 50 000 visiteurs au Musée des Verts en huit mois.