Le voyage africain des Verts

La trêve hivernale est l’occasion pour les joueurs professionnels de recharger les accus. Après le temps des agapes, quelques clubs choisissent l’air de la montagne pour faire le plein d’oxygène, d’autres le soleil comme Saint-Etienne en cette fin d’année 1971. Depuis qu’Albert Batteux entraîne l’équipe professionnelle, c’est la première fois qu’elle n’est pas championne d’automne. Neuf points séparent les Verts (7e) de l’Olympique de Marseille, le leader. Cette situation n’est pas sans poser quelques interrogations au sein de l’état major stéphanois.

Albert Batteux restera-t-il à la tête des Verts ? Les rumeurs l’annoncent à Reims, à l’étranger, en équipe de France mais lui dément. Salif Keita est en discussions avec ses dirigeants pour une prolongation de contrat jusqu’en juin 1976. La tournée en Afrique noire tombe à point pour resserrer les liens et renforcer la cohésion de l’équipe mais aussi pour préparer au mieux la deuxième partie de saison.

A l’instar d’Ajaccio et Valenciennes, l’AS Saint-Etienne a choisi l’Afrique. Au programme : le Sénégal et le Mali. Ce séjour s’annonce passionnant et enrichissant à plus d’un titre : jouer contre des adversaires dont elle ignore tout ou presque mais aussi aller à la découverte de civilisations différentes.

 

Bathenay invité de la dernière heure

Tous les joueurs de l’ASSE sont convoqués pour le dimanche 26 décembre. Tous sauf un : Christian Sarramagna qui souffre d’une angine, déclare forfait pour cette tournée. Pour le remplacer, ses dirigeants pensent tout de suite à un nom : Dominique Bathenay. Alors qu’il s’apprête à réveillonner en famille près de Tournon, un télégramme lui apprend qu’il s’envolera le dimanche matin pour l’Afrique avec les professionnels. Le pensionnaire de l’équipe de troisième division dirigée par Robert Philippe ne pensait pas que le Père Noël serait aussi généreux en cette fin d’année. A 17 ans, ce milieu gauche, repéré par Pierre Garonnaire un an plus tôt dans la sélection cadets du Lyonnais, va découvrir la grande équipe professionnelle de Saint-Etienne. Sa convocation tardive fait qu’il sera le seul de la délégation à ne pas porter le costume officiel du club. Mais qu’importe…

Dominique Bathenay, de Tournon à Bamako
Dominique Bathenay, de Tournon à Bamako.

Albert Batteux emmène donc un groupe de dix-huit joueurs : Castel, Migeon, Repellini, Merchadier, Herbin, Farison, Polny, Larqué, Broissart, Sanlaville, Parizon, Revelli, Keita, Bereta, Synaeghel, Santini, Lopez et Bathenay. A cette liste, il faut ajouter le docteur Poty, Pierre Garonnaire, quelques dirigeants et journalistes.

 

Embarquement immédiat

Le 27 décembre, à peine le réveillon de Noël digéré, une délégation de vingt-six personnes s’envole vers les onze heures de l’aéroport de Lyon-Bron via Orly, pour dix jours. Première destination : Dakar, avec au menu, un match contre Jaraaf, le leader du championnat sénégalais.

 

Les imprévus de Dakar

L’arrivée à Dakar est rocambolesque. Le bus affrété par la délégation stéphanoise ne peut l’accueillir dans sa totalité. Il faut donc faire appel à plusieurs taxis pour compléter l’étroitesse du bus. Direction l’hôtel.

Là encore, les Verts ne sont pas au bout de leurs surprises. L’hôtel réservé avec soins par Pierre Garonnaire quelques mois auparavant ne contient qu’une dizaine de chambres disponibles à leur arrivée. Les joueurs sont finalement logés dans trois hôtels à des lieux différents, voire même parfois éloignés. Les plus chanceux héritent de bungalows en bord de mer. La ponctualité et la rigueur de « Garo » sont mises à mal.

Si pour la grande majorité des joueurs, Dakar est une découverte, il en est un qui connaît déjà les lieux. En effet, Georges Polny a déjà foulé la pelouse du stade de l’Amitié pour y être venu disputer un match avec l’équipe de France amateurs aux Jeux de l’Amitié en 1963.

Pierre Garonnaire
Pierre Garonnaire n’apprécie guère les péripéties sénégalaises.

Jaraaf : un bon galop d’essai

Finalement, c’est sous les yeux d’Abdou Diouf, Premier ministre du Sénégal, que les Verts disputent le premier match de leur tournée africaine contre Jaraaf de Dakar. Le leader du championnat sénégalais compte sept internationaux dans ses rangs. Un bon galop d’essai pour les Stéphanois qui s’imposent 3-1 grâce à des buts de Larqué (20e) après un une-deux avec Keita, Bereta (53e), sur un centre de Parizon et Sanlaville (59e) d’une frappe tendue de trente mètres. M’Baye Fall (35e) réduit le score pour Jaraaf.

A l’applaudimètre, Patrick Parizon remporte la palme loin devant Keita l’Africain. Ses envolées, ses débordements et centres ont séduit les 25 000 spectateurs de Dakar.

le 29 décembre, L’Equipe titre en Une : « 25 000 Sénégalais ont applaudi Saint-Etienne ».

28 décembre 1971. Saint-Etienne-Jaraaf de Dakar : 3-1 (1-1).

Buts.- Jaraaf de Dakar : M’Baye Fall (35e) ; Saint-Etienne : Larqué (20e), Bereta (53e), Sanlaville (59e).

JARAAF : Ibnouk – Tidiane, Attila, Issa, I. Ba (dit Eusebio) – Diaye (puis Da Silva), Camara (puis Sakho) – N’Diaye, Sanbon (Délégué), M’Baye Fall, Diagne.

SAINT-ETIENNE: Migeon (Castel) – Broissart, Herbin, Lopez (puis Repellini), Farison (puis Polny) – Larqué, Sanlaville – Parizon, Bereta, Keita, Synaeghel (puis Santini). Entr. : Batteux.

Patrick Parizon, le Stéphanois le plus en vue à Dakar.
Patrick Parizon, le Stéphanois le plus en vue à Dakar.

Dernières péripéties avant Bamako

Première escale, première victoire, de quoi apaiser les esprits et surtout calmer Garo. Pourtant, il n’est pas au bout de ses surprises. Le lendemain matin, il apprend que la liaison Dakar-Bamako ne peut s’effectuer qu’en deux vols espacés de vingt-quatre heures d’intervalle. Si Albert Batteux prend les choses avec philosophie, en revanche, pour l’organisateur de cette tournée, c’en est trop. Garo n’apprécie guère tous ces aléas et brandit la menace d’un retour express en France. Les joueurs voulaient voir Bamako, sous le coup de la colère, il leur promet Saint-Etienne.

Finalement, les choses s’arrangent : une heure et demie plus tard, toute la délégation stéphanoise foule le sol de Bamako.

 

Sur les terres de Salif

Les Stéphanois sont pris en charge à l’aéroport par Salif Keita. Celui qui a inscrit 17 buts en autant de rencontres lors des matches aller, est fier de recevoir ses coéquipiers sur ses terres. L’arrivée des Verts provoque un véritable engouement, notamment chez les jeunes Maliens. Depuis l’arrivée de Salif Keita à Saint-Etienne en 1967, les dirigeants stéphanois réfléchissaient à un séjour au Mali. C’est chose faite.

Salif Keita de retour dans son pays natal avec les Verts.
Salif Keita de retour dans son pays natal avec les Verts.

Des marchés de Bamako à l’ambassade de France

Salif Keita se transforme en guide auprès de ses coéquipiers. Il est fier de faire visiter sa ville, de faire partager à ses camarades de club l’ambiance de ce pays qui l’a vu naître. Grâce à lui, les joueurs stéphanois peuvent profiter des rues pittoresques, du jardin zoologique ou des nombreux marchés implantés à Bamako pour s’imprégner de la culture locale. Mais il n’oublie pas de leur montrer la maison familiale et le terrain vague où il avait fait ses premiers pas de footballeur. On est loin de Saint-Etienne et son hiver souvent rigoureux.

L’agenda est plutôt chargé pour cette deuxième étape. Ils sont reçus à l’ambassade de France. Autre moment fort de leur tournée, les joueurs stéphanois ont la surprise de voir débarquer à leur hôtel les dirigeants du Real de Bamako, club d’origine de Salif Keita. Ils ne sont pas venus les mains vides puisque chaque hôte reçoit des cadeaux de leurs visiteurs d’un jour.

A la demande de la fédération malienne, Albert Batteux, fort de son expérience, prodigue une conférence aux entraîneurs maliens sur le thème : « Le rôle et la mission de l’entraîneur de football ».

Albert Batteux distille ses bons conseils.
Albert Batteux distille ses bons conseils.

Salif Keita contre les siens

Avant le passage à la nouvelle année, les Verts disputent le premier des deux matches prévus contre la sélection nationale malienne. Comme à Dakar, le président du pays assiste à ce premier rendez-vous. Les 25 000 spectateurs veulent voir Salif Keita, l’enfant du pays. Ce dernier est la grande attraction de cette première confrontation pour des Maliens qu’ils n’ont jamais vu à l’oeuvre avec son club d’adoption. Keita se révèle de surcroît de saison en saison, comme l’un des meilleurs footballeurs au monde. L’AS Saint-Etienne s’est engagée à libérer le Malien dès la fin janvier pour la Coupe d’Afrique des Nations à laquelle son pays participe.

 

Vidéo : Albert Batteux évoque l’arrivée de Salif Keita à Saint-Etienne. Autoportrait du Malien.

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La chaleur orageuse n’a pas raison des Stéphanois moins fringants qu’à Dakar. Le public malien était impatient de revoir celui qui est la fierté de tout un continent. Ils ne le voient que par intermittence.

Rapidement menés 2-0, les coéquipiers de Bereta rétablissent l’équilibre par Revelli et Larqué. A nouveau menés, Synaeghel arrache le nul à huit minutes de la fin. Le public de Bamako reste sur une impression mitigée.

31 décembre 1971. Mali et Saint-Etienne : 3-3 (3-2).

Buts.- Mali : Diallo (5e), Touré (7e, 31e) ; Saint-Etienne : Revelli (8e), Larqué (24e), Synaeghel (82e).

Mali : M. Keita – Coulibaly, I. Maïga, C. Traoré, M. Maïga – A. Traoré (K. Keita, Yattassaye – Koné (M. Traoré), Diallo, Touré, Diakité.

Saint-Etienne : Migeon – Broissard, Merchadier  (Lopez), Herbin, Polny (Farison – Larqué, Sanlaville (Synaeghel), Parizon, Revelli (Santini), Keita, Bereta.

Les Stéphanois, bien qu’à 5 000 kilomètres de Saint-Etienne, fêtent dignement le passage à la nouvelle année. Les dirigeants, Charles Paret en tête, ont pris soin de leurs joueurs en les invitant dans l’un des meilleurs restaurants de Bamako.

Dominique Bathenay, Salif Keita et Patrick Revelli au bord de la piscine.
Dominique Bathenay, Salif Keita et Patrick Revelli se détendent au bord de la piscine avant d’affronter le Mali pour la deuxième fois en trois jours.

Keita joue et marque contre les Verts

Pour leurs retrouvailles avec le public malien, les Stéphanois sont privés de leur « perle noire ». Comme convenu, Keita joue avec la sélection malienne contre ses coéquipiers de club. La chaleur qui règne sur la capitale du Mali n’empêche pas les joueurs d’Albert Batteux de pratiquer un jeu plus conforme à leur réputation. Albert Batteux l’a dit et répété. Pour lui, cette tournée n’a rien d’un séjour touristique. Elle sert avant tout à préparer la deuxième partie de saison. Ses joueurs l’ont bien compris. A la 51e minute, Larqué douche d’un tir foudroyant l’enthousiasme des 20 000 spectateurs du stade omnisports qui n’ont d’yeux que pour Salif Keita. Chaque dribble, chaque envolée sont ponctués de clameurs. Et c’est justement le Malien de Saint-Etienne qui joue un mauvais tour à ses adversaires d’un après-midi. Comme Synaeghel deux jours auparavant, l’idole de tout un peuple profite d’un mauvais dégagement de Castel pour égaliser. Le Mali et Saint-Etienne se quittent donc en bons amis sur deux résultats nuls.

Le 2 janvier 1972. Mali-Saint-Etienne : 1-1

Buts. – Mali : S. Keita (82e) ; Saint-Etienne : Larqué (51e).

Mali : M. Keita – Coulibaly, Diane, K. Dialolo, Sangare – O. Traore, I. Maïga – C. Diallo, Salif Keita, Touré, K. Keita (puis Diakité).

Saint-Etienne : Castel – Broissart (puis Farison, Lopez, Herbin, Repellini – Synaeghel, Sanlaville – Parizon, Santini (puis Revelli), Larqué Bereta.

Salif Keita affronte sa sélection avec les Verts.
Salif Keita, le Stéphanois, auteur de l’égalisation pour sa sélection nationale.

Le bilan de cette tournée est globalement positif : une victoire à Dakar et deux nuls à Bamako. Le 4 janvier 1972, les Verts reprennent l’avion direction Lyon-Bron avec des souvenirs plein la tête. Albert Batteux, s’il ne veut tirer de conclusions hâtives de ce séjour particulier, repart tout de même avec quelques certitudes. Pour Pierre Garonnaire, le séjour se termine mieux qu’il n’avait commencé. Un moindre mal.

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L’arbre de Noël des Verts

L’arbre de Noël de l’AS Saint-Etienne est une tradition. C’est l’occasion pour les joueurs accompagnés de leurs femmes et enfants de rencontrer le Père Noël avant de passer les fêtes de fin d’année loin des terrains. Organisé sous la présidence de Roger Rocher au début des années 70, le club délègue ensuite la prise en charge de l’évènement à M. Georges Elbeck, le président des Associés supporters. Ces derniers sont répartis en fédération régie par la loi 1901 qui a pour objectif de rassembler et fédérer les supporters et clubs de supporters de l’ASSE.

Jean-Michel Larqué, Patrick et Hervé Revelli, Georges Bereta à l'occasion de l'Arbre de Noël.
Jean-Michel Larqué, Patrick et Hervé Revelli, Georges Bereta et leurs enfants à l’occasion de l’arbre de Noël en 1973.

En décembre 1973, l’emblématique président de l’ASSE profite de cette réception pour féliciter les joueurs pour leur titre honorifique de champions d’automne mais aussi encenser Robert Herbin pour son excellent travail, notamment auprès des jeunes qu’il a lancés. Mais l’arbre de Noël chez les Verts, c’est aussi l’occasion de remettre la médaille du travail au gardien du stade pour services rendus pendant plus de vingt-cinq ans.

En décembre 1975, une tête de Piazza et une victoire 1-0 contre Metz pour clore les matches aller rend l’arbre de Noël encore plus beau. Les politiques ne manquent pas ce rendez-vous. Si M. Durafour, ministre du Travail et maire de Saint-Etienne, n’est pas présent, en revanche, M. Neuvirth, député de la Loire, ne manque pas cette réunion organisée de main de maître par les membres associés du club. L’occasion est aussi propice pour y présenter une brochure sur l’épopée des Verts.

Les joueurs de l'ASSE et leurs enfants autour du président Rocher
Les joueurs de l’ASSE et leurs enfants autour du président Rocher fin décembre 1976.

Alex Mahinc, ancien président des membres Associés de Saint-Etienne, est supporter des Verts depuis l’âge de neuf ans. Il en a aujourd’hui soixante-quinze. A la demande de Pierre Garonnaire, il filme tous les matches de l’ASSE à Geoffroy-Guichard depuis 1972. Pour lui qui a organisé nombre de ces arbres de Noël, ces moments privilégiés représentent des bons souvenirs  : « A l’époque, il était ouvert uniquement aux joueurs professionnels. Ils se présentaient à l’arbre de Noël dans leur plus beau costume. Cela se déroulait dans les salons du stade Geoffroy-Guichard. Les joueurs venaient avec leurs enfants. Le père Noël distribuait les jouets, c’était une vraie fête pour les enfants mais aussi pour les joueurs. »

Dominique Rocheteau et le Père Noël.
Dominique Rocheteau et le Père Noël fin décembre 1978

Quand Michel Platini et Johnny Rep signent à l’ASSE en 1979, leur premier arbre de Noël est une véritable réussite. Jamais la fête n’a été aussi joyeuse qu’en cette fin d’année. Il est vrai que tout est réuni pour qu’elle soit belle. Quatre jours auparavant, les Verts se qualifient pour les quarts de finale de la Coupe d’Europe, et la veille, ils  s’imposent devant l’OM (3-1) pour s’octroyer la deuxième place du classement.

Alex Mahinc raconte : « Je me souviens d’un arbre de Noël animé avec un orchestre où Michel Platini jouait de la trompette. Tout près du célèbre numéro 10, Bernard Pivot fumait le cigare. C’était l’occasion pour les joueurs de faire « un boeuf » et surtout de bien finir l’année. La fête prit fin au petit matin. Aujourd’hui, l’arbre de Noël est ouvert à tous les enfants du club, des poussins aux enfants des joueurs professionnels. Je pense que c’est une belle évolution. Cette année, les festivités se sont déroulées dans un parc d’attraction. »

En 1980, on assiste à l’intronisation au rang de « l’Ordre des grands amis de l’ASSE » de cinq personnalités qui ont œuvré le plus pour la réputation des Verts. Parmi celles-ci, Pierre Legalery, journaliste et correspondant au journal L’Equipe, Bernard Pivot, critique littéraire, ou Jacques Monty, compositeur de la chanson « Allez les Verts ».

Enfin, en décembre 1981, l’arbre de Noël de l’AS Saint-Etienne est l’occasion de fêter le titre de champion de France. Le dernier des dix remportés par les Verts.

Saint-Etienne-Nantes : retour vers le futur

 

 

 

Un match entre Saint-Etienne et Nantes, c’est toujours un rendez-vous particulier. On l’attend un peu comme on attend un derby. On se remémore les confrontations des années 60-70, voire du début des années 80 où les deux clubs se disputaient les premières places, glanaient les titres, alimentaient l’équipe de France. Aujourd’hui, si l’affiche a perdu de son lustre, elle ne demande qu’à reverdir. En attendant, je vous propose de replonger dans  l’histoire de quelques matches ou anecdotes qui ont alimenté les rencontres de championnat entre les deux clubs.

 

Naissance d’une rivalité

5 mai 1963. Saint-Etienne-Nantes : 0-1.

Ce jour de mai, Saint-Etienne et Nantes s’affrontent pour la première fois en championnat de Division 2 à Geoffroy-Guichard. Nantes possède un point d’avance sur les Verts mais compte trois matches de plus à trois journées de la fin. Privés de plusieurs titulaires, José Arribas et ses hommes vont se charger de réparer l’humiliation subie au match aller (0-4). Bien aidé par Philippe, le gardien stéphanois, Boukhalfa signe la victoire nantaise (47e) devant les 16 711 spectateurs présents. Il a donc fallu attendre la 36e journée pour voir les hommes de François Wicart subir leur première défaite de la saison à domicile. Au terme de cet exercice, les deux clubs accèdent logiquement à la Division 1. L’ASSE termine champion avec 58 points, soit quatre de plus que Nantes, beau second.

But.- Nantes : Boukhalfa (47e).

Saint-Etienne : Philippe – Courbon, Tylinski, Sbaiz – Domingo, Ferrier – Balboa, Herbin, Guy, Mekloufi, Foix. Entr. : Wicart.

Nantes : Eon – Bout, Gonzales, Jort – Le Chenadec, Markiewicz – Gondet, Guillot, Blanchet, Suaudeau, Boukhalfa. Entr. : Arribas.

6263
L’AS Saint-Etienne 1962-63

Feu d’artifice pour les 49 ans de M. Snella

8 décembre 1963. Saint-Etienne-Nantes : 6-1.

C’est le match des deux promus. Saint-Etienne est leader devant Monaco après quatorze journées. Snella enregistre la rentrée de Ferrier et reconstitue à l’occasion le trio Ferrier-Herbin-Mekloufi. Arribas, l’entraîneur nantais, en revanche, ne peut compter sur Le Chenadec et Boukhalfa, blessés. A la veille de ses 49 ans, Jean Snella ne pensait pas que ses joueurs allaient tirer un véritable feu d’artifice. Grâce à son fameux tandem Mekloufi-Herbin, les futurs champions de France dynamitent leur hôte d’un soir 6-1.  Le score est très lourd pour des Nantais qui ont inquiété à plusieurs reprises Pierre Bernard, le gardien stéphanois, notamment en première mi-temps. A Geoffroy-Guichard, si les Nantais n’ont pas été à la fête, Jean Snella et René Ferrier, nés le même jour, peuvent fêter leur anniversaire ensemble dans la joie.

Buts.- Saint-Etienne : Herbin (13e), Mekloufi (33e), Foix (38e), Guy (73e, 83e), Ferrier (85e) ; Nantes : Gondet (63e).

Saint-Etienne : Bernard – Casado, Tylinski, Courbon – Domingo, Ferrier – Baulu, Herbin, Guy, Mekloufi, Foix. Entraîneur : Snella.

Nantes : Eon – De Michele, Budzinski, Siatka, Le Chenadec, Suaudeau – Simon, Guillot, Santos, Gondet, Blanchet. Entraîneur : Arribas.

 

« Tintin » de retour chez les siens

Le 17 octobre 1975 : Saint-Etienne-Nantes : 2-2.

Le 20 septembre, Nantes décroche enfin sa première victoire en championnat contre Bastia (1-0). Malgré cela, les dirigeants nantais se réunissent sitôt le match terminé pour discuter d’un éventuel transfert de Triantafilos sur les bords de l’Erdre. L’idée est venue de Stefan Kovacs, le sélectionneur, qui avait soufflé son nom aux dirigeants nantais lors d’un stage de l’équipe de France à La Baule quelques semaines auparavant. Cependant, le Stéphanois, qui est en concurrence avec Patrick Revelli, est également annoncé aux Girondins de Bordeaux. M. Fonteneau, président du FCN, doit faire vite et traiter directement avec M. Rocher, son homologue ligérien. La venue du « Grec » (surnom donné en référence aux origines grecques de son père), permettrait de compenser le départ d’Hugo Curioni et faire taire les critiques qui se sont abattues après le transfert de l’Argentin au FC Metz à l’intersaison. Le 23 septembre, Yves Triantafilos effectue plusieurs aller-retours au siège du club stéphanois. Les tractations battent leur plein. Fort d’un contrat de cinq ans à l’ASSE, il n’en est qu’au début de sa deuxième saison. Les Verts laisseront-ils partir celui qu’ils avaient été chercher à l’Olympiakos ? Finalement, le lendemain matin, il donne son accord pour rejoindre les Canaris et paraphe un contrat de trois ans et dix mois, soit la même durée qu’il lui restait à effectuer dans le Forez.

Yves Triantafilos le Stéphanois.
Yves Triantafilos le Stéphanois.

Débuts de Schaer, retour de « Tintin » à Geoffroy-Guichard

Ce 17 octobre, un avant-goût de coupe d’Europe plane sur Geoffroy-Guichard. Avant de recevoir les Glasgow Rangers, les Verts reçoivent le FC Nantes. Pour les hommes de Claude Arribas, l’exploit serait de faire tomber les champions de France en titre sur leur pelouse. En effet, les Verts sont invaincus depuis cinquante matches à domicile. Il faut remonter au 24 mars 1973 pour voir un adversaire repartir victorieux de Geoffroy-Guichard et cet adversaire  s’appelle … Nantes vainqueur 2-1. Cette rencontre n’attire que 15 639 spectateurs. La faute au mauvais temps et surtout à une grève des tramways. Robert Herbin, l’entraîneur des Verts, lance dans le grand bain un petit nouveau : Jean-Marc Schaer. Mais ce soir-là, tous veulent revoir « Tintin » (autre surnom de Triantafilos). Moins d’un mois après son départ, le nouveau Canari revient sur les terres de ses exploits. Personne n’a oublié ses deux buts contre Split en Coupe des Clubs Champions le 6 novembre 1974 pour l’un des plus beaux renversements de situation du football français. Ni Schaer, le débutant, ni Triantafilos, le revenant, n’ont marqué… Et les Verts augmentent d’une unité leur invincibilité à domicile.

"Tintin" revient à Geoffroy-Guichard avec le FC Nantes.
« Tintin » revient à Geoffroy-Guichard avec le FC Nantes.

Buts.- Saint-Etienne : P. Revelli (77e et 85e) ; Nantes : Lopez (43e, c.s.c.), Bargas (89e).

Saint-Etienne : Curkovic – Janvion, Piazza, Lopez, Farison – Larqué, Bathenay, Synaeghel – Rocheteau, Schaer, P. Revelli. Entraîneur : Herbin.

Nantes : Bertrand-Demanes – Osman, Bargas, Rio, Bossis – Michel, Van Straelen, Rampillon – Amisse, Triantafilos, Gadocha. Entraîneur : Arribas.

 

Décor de Noël pour match de gala

12 décembre 1976. Saint-Etienne-Nantes : 2-0.

Tradition oblige, à l’occasion du dernier match de l’année à Saint-Etienne, un immense arbre de Noël trône dans les salons du stade Geoffroy-Guichard. Mais il n’y a pas que dans les salons que le décor est planté. Ce 12 décembre, il fait un temps à ne pas mettre un Canari dehors. C’est par une température négative (-7 degrés) et une pelouse couverte d’un manteau blanc que se déroule ce Saint-Etienne-Nantes. En cette période de fête, les deux équipes ne se font pourtant aucun cadeau. Portés par plus de 30 000 supporters qui ont bravé les intempéries, les hommes de Robert Herbin s’imposent 2-0 grâce à ses défenseurs Farison (22e) et Lopez (82e).

Buts.- Saint-Etienne : Farison (22e), Lopez (82e).

Saint-Etienne : Curkovic – Janvion, Piazza, Lopez, Farison – Larqué, Bathenay, Santini – Rocheteau (Sarramagna, 46e), P. Revelli, Synaeghel. Entraîneur : Herbin.

Nantes : Bertrand-Demanes – Denoueix, Rio, Bargas, Bossis (Tusseau, 87e) – Michel, Rampillon, Sahnoun – Gadocha (Triantafilos, 56e), Baronchelli, Amisse. Entraîneur : Vincent.

Dominique Bathenay échappe à Rampillon sous les yeux de Gadocha.
Dominique Bathenay échappe à Gilles Rampillon sous les yeux de Robert Gadocha.

 

Fin de carrière pour Tibeuf

24 février 1991 : Saint-Etienne-Nantes : 1-3.

Avant de se déplacer à Geoffroy-Guichard, Nantes n’a pris que deux points à l’extérieur. Jean-Claude Suaudeau a remplacé Blazevic à la tête de l’équipe professionnelle. Sarramagna, l’entraîneur des Verts, aligne Etienne Mendy et Philippe Tibeuf en attaque. Tout est prêt pour un beau dimanche de football. Seul bémol : moins de 10 000 spectateurs sont présents pour cette affiche On joue la dixième minute de jeu, Philippe Tibeuf est à la lutte avec Marraud, le gardien nantais. Après une tentative de tir en pivot, il s’écroule. Le capitaine des Verts sort du terrain à cloche-pied. Le bilan est terrible : rupture des ligaments croisés du genou gauche. Son indisponibilité est estimée dans un premier temps à six mois. Des complications post-opératoires l’éloignent définitivement des terrains. Il met un terme à sa carrière de footballeur à l’âge de 30 ans.

Buts.- Saint-Etienne : Kastendeuch (26e, s.p.) ; Nantes : Ferri (25e), Fernier (56e, s.p., 62e).

Saint-Etienne : Ceccarelli – Deguerville – Sivebaek, Kastendeuch, Gros – Pouliquen, Laurey, Lambert – Moravcik, Tibeuf (Corroyer, 12e), E. Mendy. Entraîneur : Sarramagna.

Nantes : Marraud – Ferri, Desailly, Bossis, Capron – Eydelie, Le Guen, Fernier (Lima, 80e), N’Doram (Loko, 63e) – Jacovlevic, Youm. Entraîneur : Suaudeau.

Dernier match en professionnel pour Philippe Tibeuf.
Dernier match en professionnel pour Philippe Tibeuf.

 

18 titres de champion de France à leur palmarès

Entre 1957 et 2013, l’AS Saint-Etienne et le FC Nantes se sont partagé la bagatelle de dix-huit titres à eux deux. Si le dernier titre des Nantais remonte à 2001, en revanche, pour les Verts, il faut remonter à 32 ans pour voir inscrite la dernière ligne de champion.

Saint-Etienne : 10 : 1957, 1964, 1967, 1968, 1969, 1970, 1974, 1975, 1976 et 1981.

Nantes : 8 : 1965, 1966, 1973, 1977, 1980, 1983, 1995, 2001.

Sarramagna : le Basque au coeur vert

« Au Pays Basque, il y a deux sports majeurs : la pelote basque et le rugby. Finalement, j’ai choisi le football ». L’homme qui prononce cette phrase s’appelle Christian Sarramagna. De ses débuts à l’Aviron Bayonnais, des heures de gloire à Saint-Etienne à sa fin de carrière à Montpellier-La Paillade, le Basque, avec la gentillesse qui le caractérise, a accepté de me parler de ses jeunes années.

 

Choix cornélien

« A l’époque, j’étais assez frêle comme beaucoup de gamins. Ma mère avait toujours peur qu’il m’arrivât un accident grave au rugby. Elle me disait : « Je veux bien que tu pratiques le rugby en semaine mais en compétition, je préférerais que tu joues au football. » Pour faire plaisir à tout le monde, j’ai participé à plusieurs compétitions. » En scolaires, je jouais au rugby,  à l’ouverture ou à l’arrière avec le numéro 15. Et le week-end, je disputais le championnat de foot avec mes copains de l’Aviron Bayonnais.

 

Les parties de pelote basque avec monsieur le curé

Adolescent, j’étais en pensionnat au collège. Le soir, M. Goyenetche, le curé de l’établissement, venait me chercher pour jouer à la pelote basque. Pendant que mes camarades révisaient leurs leçons, moi je donnais le change à M. le curé. Je me défendais plutôt bien. Mais sitôt la partie terminée, je filais au presbytère jusqu’à 23 heures pour rattraper mes cours et être à jour pour le lendemain matin.

Christian Sarramagna à l'entraînement
Christian Sarramagna à l’entraînement

 M. Sorin, un grand éducateur

Le destin a voulu qu’à l’Aviron, j’ai croisé la route de M. Jacques Sorin, grand éducateur. Il a toujours cru en moi et voulait absolument que je participe au concours du « Jeune footballeur. Il m’a préparé pour essayer de réaliser ce concours. Et j’ai franchi les différentes étapes : ici, à Bayonne puis à Orthez sur le plan départemental et enfin, à Bordeaux, je finis second derrière un certain … Alain Giresse sur le plan régional. Et on s’est retrouvés à Paris pour la finale.
Je n’étais pas prédestiné à jouer au football. Mes entraîneurs me reconnaissaient certaines facilités, quelques qualités, notamment ma pointe de vitesse et mes crochets déroutants. Je me souviens que j’étais le seul joueur cadet de la Ligue du Sud-Ouest à avoir le droit à un surclassement pour jouer en équipe séniors. Mais s’il n’y avait pas eu le concours de jeune footballeur, je ne pense pas que j’aurais continué dans cette voie. Vous savez, le football représentait peu dans notre région. On en parlait peu. Comme je vous l’ai dit, le Pays Basque est une terre de rugby et de pelote avant tout.

 

En route pour Colombes

La finale se déroulait à Colombes. Le samedi, une pluie fine s’abattait sans discontinuer sur le stade. Ce jour-là, j’étais en totale réussite. Je me rappelle que c’était M. Georges Boulogne de la Fédération qui notait les concurrents. Ce jour-là, Il s’avança vers moi et me lança : « D’où viens-tu ? Quel est le nom de ton formateur ? » Il réalisait lui-même que j’étais en état de grâce, que j’avais réalisé de très belles performances sur les deux ou trois jours.
Pierre Garonnaire, comme tous les ans, était présent. Je ne le connaissais pas. Je me souviens de cet homme qui s’approche vers moi. Il se présentait comme le recruteur de l’AS Saint-Etienne. La saison précédente, il avait laissé filer le lauréat, un certain Serge Chiesa. Il m’avait vu évoluer la dernière journée du concours. Il m’avait trouvé très intéressant et demandé s’il pouvait prendre contact avec mes parents pour aller faire un premier stage à l’AS Saint-Etienne.

Pierre Garonnaire au milieu des joueurs de l'ASSE
Pierre Garonnaire au milieu des joueurs de l’ASSE

Garonnaire a convaincu mes parents

Tout est parti finalement du concours du « Jeune footballeur ». Quand mon père a vu l’intérêt qu’on me portait suite aux résultats que je venais d’avoir sur les deux dernières saisons y compris le concours du « jeune footballeur, forcément, il n’avait plus envie de me retenir à la boulangerie. Mais on en a souvent parlé tous les deux.
Le recruteur de l’ASSE est venu dans le Pays Basque pour rencontrer mes parents. Forcément, mes parents acceptaient que je quitte Bayonne pour Saint-Etienne mais à une condition : que je poursuive mes études en parallèle. Pour les rassurer, M. Garonnaire leur a proposé que j’effectue trois stages dans le Forez.
En revanche, ce qu’il ignorait, c’est que j’avais aussi été contacté par les Girondins de Bordeaux. Figurez-vous que mon père, un peu naïf sur ce coup-là, avait déjà signé un pré-accord avec le club bordelais.
Les deux clubs ont fait valoir leurs droits, et moi, je ne pouvais être qualifié ni pour l’un, ni pour l’autre. Il a fallu que ce soit la commission juridique à Paris qui tranche. Comme je n’avais pas passé de visite médicale avec les Girondins, finalement, j’ai pu opter pour l’AS Saint-Etienne.
Je quittais Bayonne et son rugby pour Saint-Etienne et son football. A la fin du premier stage qui s’était avéré très concluant, ils m’ont fait signer un premier contrat stagiaire.

 

Quand la poisse s’en mêle…

Comme je vous l’ai dit, je bénéficiais d’un surclassement en cadet pour évoluer en équipe première à l’Aviron. j’ai disputé un dernier match avec mon club formateur à Bayonne contre Dax. J’ai voulu disputer un ballon de la tête mais je suis retombé sur ma cheville qui a tourné. Bilan : arrachement des ligaments et une année pour m’en remettre. Mais cela n’a pas remis en cause les engagements avec Saint-Etienne. Ils ont pris ma rééducation en charge. Et c’est pour ça que je me suis très bien remis.

Le jeune Sarramagna au début des années 70.
Le jeune Sarramagna au début des années 70.

Aimé Jacquet le grand frère

Aimé, humainement, c’était extraordinaire. Il a toujours été très proche des jeunes du centre de formation. Il était toujours de bon conseil, toujours là pour nous aider, nous encourager, nous apporter le petit plus par rapport à des séances ou des matches difficiles. Forcément, ça a été notre grand frère. On lui en est tous extrêmement reconnaissants, moi le premier. Ca a été et cela reste une grande et belle personne. On aimait bien échanger, partager nos idées dans l’approche des matches, dans les analyses, c’était la personne qui nous faisait la plus belle impression.

Aimé Jacquet avec Georges Bereta (à gauche)
Aimé Jacquet avec Georges Bereta (à gauche)

« Ah Dodo ! »

Quand je suis arrivé à Saint-Etienne, Frédéric N’Doumbé fut sûrement le joueur qui m’a le plus impressionné. Il faut savoir que c’est un garçon qui s’entraînait pieds nus alors que tous les autres avaient des chaussures à crampons. Il avait certaines attitudes. Il ne tombait jamais de par son centre de gravité assez court et ses membres extérieurs (bras) assez longs. Avec ses bras, il avait toujours un support des deux côtés qui lui permettait de repartir quand on le taclait. Il n’avait peur de rien.

 

Premier trophée

Le 29 mai 1970, nous affrontions l’Olympique Lyonnais de Bernard Lacombe et des frères Domenech. C’était chaud ! Un véritable derby, très engagé et très accroché. On menait 3-1 à neuf  minutes de la fin et on termine à 3-3. On a gagné aux tirs au but grâce à un dernier penalty de Jacques Santini. Je revois le ballon heurter le poteau et franchir la ligne. Premier trophée.

 

Le Bataillon de Joinville teinté de Vert !

Quels beaux souvenirs ! Au Bataillon, on était pas moins de six Stéphanois :  Santini, Merchadier, Synaeghel, Repellini et Patrick Revelli. On a gagné le Challenge Kentish. Contre la Belgique, on s’impose 2-1et je marque les deux buts . Puis, on joue les Anglais à Colmar, on les écrase 4-0. Là encore, j’inscris un but tout comme Christian (Synaeghel). On avait une très belle équipe. Ca fait partie des très très bons souvenirs.

 

Deuxième match en pro, but du pied… droit !

J’ai disputé mon premier match professionnel contre Nice à Geoffroy-Guichard le 14 octobre 1970. J’étais titulaire et l’on s’est ‘imposé 2-1.
Pour mon deuxième match en pro, quatre jours plus tard, on revevait l’OM, le leader du championnat, devant plus de 35 000 spectateurs. Un moment absolument incroyable. Herbin, qui possédait un excellent pied droit, inscrit un but magnifique du pied… gauche. Skoblar pour l’OM avait égalisé. A la 66e minute, j’ai brossé un coup franc qui est passé de peu à côté. Et deux minutes plus tard, j’ai repris un centre de Durkovic et, moi le gaucher, je marque le but victorieux du pied… droit.
Après le match, j’étais tellement heureux que j’ai pleuré. Mes coéquipiers ont eu beaucoup de difficultés à me consoler.

 

La confiance des dirigeants

La signature d’un contrat de longue durée (7 ans) était une belle marque de confiance. Les dirigeants croyaient très fort en la génération 70. Robert Herbin, jeune entraîneur, nous a intégrés à l’effectif professionnel mais aussi, nous a faits jouer. On ne peut que lui en être reconnaissant.

PRESENTATION ST ETIENNE
Christian Sarramagna pose avec le célèbre maillot vert Manufrance.

Les Vertes années

C’était une véritable histoire d’hommes. C’était l’union sacrée. Un esprit de camaraderie à des degrés incroyables. Au-delà d’un palmarès. Quand on est un joueur professionnel, on en rêve mais quand on le réalise, c’est fabuleux. Il y a un véritable esprit d’équipe, une valeur collective. Nous, on a toujours eu le bonheur de vivre ensemble, d’être ensemble, de partager les choses ensemble, de communiquer : c’était l’union sacrée. Et c’est ça qui faisait la force de ce groupe, de cette équipe. Il se dégageait de ce groupe, une telle force, un tel capital que ça se multipliait.
On avait une ambition démesurée en nous, on croyait en nous et on avait une vraie force collective. Elle a fait l’histoire et le mythe qui nous a permis de renverser des situations jugées insurmontables pour beaucoup. Pour nous, on avait toujours cette croyance, cette force.

Sarramagna devance Horsman de la tête en finale de la Coupe des Clubs Champions le 12 mai 1976.
Sarramagna devance Horsman de la tête en finale de la Coupe des Clubs Champions le 12 mai 1976.

 Trois sélections en Bleu et un visa pour souvenir

En 1977-78, j’ai réalisé une bonne saison. Le sélectionneur Michel Hidalgo avait pensé à moi pour la Coupe du monde en Argentine. Malheureusement, le destin s’acharne. Le 22 février 1978, contre Rouen, il restait deux à trois minutes à jouer en première mi-temps et je me suis blessé gravement : double fracture ouverte de la jambe. Le rêve argentin s’envole. J’ai gardé mon visa en souvenir. Mon compteur en Bleu est resté bloqué à trois sélections.

Vidéo : le 21 novembre 1973 : La France s’impose devant le Danemark 3-0 au Parc des Princes en amical. Sur le deuxième but, Christian Sarramagna fait parler sa vitesse de pointe.

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Rocher grand seigneur

Dans le vestiaire, on me désinfectait la plaie et  j’ai vu le président arriver. J’étais en pleurs. M. Rocher me dit alors ces mots réconfortants malgré l’instant grave : « Christian, ne pleure pas et ne t’inquiète pas sur ton avenir. A partir de maintenant, tu fais partie intégrante de la famille. Je te prolonge le contrat d’une année supplémentaire et aux mêmes conditions. Cela te permettra de te remettre de ce grave accident. » Je me voyais complètement perdu pour le football. Le professeur Imbert ne pouvait pas m’assurer d’un avenir en disant que j’allais récupérer à 100 %. Je partais dans l’inconnu. Au final, des complications m’ont valu une nouvelle opération avec une greffe osseuse. C’est pour ça que ça été si long pour m’en remettre.

Roger Rocher, l'homme à la pipe et Pierre Garonnaire, le recruteur
Roger Rocher et Pierre Garonnaire, respectivement président et recruteur de l’AS Saint-Etienne.

Un dernier contrat à Montpellier-La Paillade

En 1979, j’arrivais en fin de contrat et l’ASSE avait d’autres projets avec l’arrivée de Michel Platini et Johnny Rep. J’avais deux contacts en première division avec des clubs de bas de tableau. J’ai signé à Montpellier-La Paillade, en deuxième division qui avait de grosses ambitions. Je ne me suis pas trompé puisqu’à la fin de la deuxième année, on est remonté en division 1.
Cette même saison, le tirage au sort nous a désigne l’ASSE en quarts de finale de la Coupe de France. Après un match nul (0-0) au stade de la Mosson à l’aller, on est allé chercher notre qualification au stade Geoffroy-Guichard. Je me souviens que c’est Jacky Vergnes marque (1-1). Encore de beaux souvenirs. Ce jour-là, on avait éliminé une très grosse équipe de Saint-Etienne.
Après ces trois belles années à Montpellier, j’ai décidé de mettre un terme à ma carrière de joueur. »

Christian Sarramagna sous les couleurs de La Paillade.
Christian Sarramagna sous les couleurs de Montpellier-La Paillade.

Son palmarès :

– concours du jeune footballeur (1968).

– Coupe Gambardella (1970).

– Championnat de France (1973-1974, 1974-1975, 1975-1976).

– Coupe de France (1974,1975,1977).

– Finaliste de la Coupe des Clubs Champions (1976).

Sélections : trois (contre l’Argentine, la Hongrie, le Danemark) et une participation au match de l’UNFP contre Hambourg.

 

Alpsteg, un montagnard dans le Forez

Saint-Etienne reçoit Evian-Thonon-Gaillard samedi à Geoffroy-Guichard. Si l’hôte des Verts est haut-savoyard, un joueur originaire de cette région a marqué l’histoire du club : René Alpsteg.

L’été 44 est le plus bel été pour des millions de Français enfin délivrés de la terreur allemande. Les sélections Pascot ont vécu. L’équipe fédérale « Lyon-Lyonnais » mise en place par le régime de Vichy est dissoute à la Libération. Tous les joueurs retrouvent leurs clubs respectifs. Saint-Etienne évolue alors dans la zone Sud du championnat qui débute en novembre.

Pour bien figurer dans cette compétition d’après-guerre, les dirigeants Stéphanois recrutent deux attaquants. L’un est natif de Saint-Etienne mais arrive de Rennes, Antoine Cuissard, l’autre est Haut-Savoyard, René Alpsteg.

L'AS Saint-Etienne de l'après-guerre. René Alpsteg, accroupis (3e en partant de la gauche)
L’AS Saint-Etienne de l’après-guerre. René Alpsteg, accroupis (3e en partant de la gauche)

Alpsteg, dont le nom signifie « Chemin des Alpes », âgé de 24 ans, fait ses premiers pas de footballeur à Bonneville, ville dont il est originaire. Mais c’est à Annemasse que les dirigeants stéphanois le remarquent en 1942. Peu enclin à quitter rapidement sa Haute-Savoie natale, il ne rejoint le club stéphanois qu’à l’automne 1944 et joue alors ailier droit.

A ses débuts à l’ASSE, Ignace Tax, l’entraîneur stéphanois le fait jouer tantôt au poste de centre-avant, tantôt ailier droit au côté d’Antoine Rodriguez. Mais son poste de prédilection est sur l’aile droite. Il a du mal à franchir le cap d’amateur à professionnel. et ses débuts sont décevants. A tel point qu’on l’annonce sur le départ. Sète se positionne pour l’accueillir mais il veut réussir à Saint-Etienne. A force de persévérance et de travail acharné, le jeune Alpsteg, surnommé « Kiki », se sent de mieux en mieux avec sa nouvelle équipe. Avec son compère d’attaque, il forme un duo redoutable. A l’issue de sa première saison sous le maillot vert, il termine deuxième meilleur buteur du club avec 8 buts, juste derrière l’autre recrue, Antoine Cuissard (10 buts).

Footballeur mais aussi vernisseur au tampon

Cependant, il ne se contente pas de jouer au football. En dehors des terrains, ses journées sont bien occupées. Il est vernisseur au tampon de son métier. Il possède un atelier dans la ville et quand il ne travaille pas le bois, il entraîne les jeunes du collège de Saint-Michel à Saint-Etienne.
Aussi, il aime arriver plus tôt aux rendez-vous fixés par Jean Snella, son entraîneur, pour jouer avec les gamins à qui il donne de précieux conseils.

Tout cela n’empêche pas l’homme d’être très professionnel. Pour preuve, même un match amical n’est jamais pris à la légère. Lors de sa neuvième sélection avec les Bleus de l’équipe de France contre la Suisse, il déclare dans L’Equipe du 11 octobre 1951 : « Pour moi, Savoyard, il est un match que je tiens à gagner: celui-ci. Si par malheur, l’équipe de France était battue, je n’oserais pas aller passer mes prochaines vacances à Annemasse dans ma famille car on me reprocherait encore l’échec du onze national. Dimanche, il y aura plus de quinze mille Savoyards à Genève et les bergers descendront de leur montagne armés de leurs grosses cloches pour encourager l’équipe française. Je serai spécialement visé par eux puisque je suis le seul Savoyard de l’équipe et que j’ai joué à Bonneville et à Annemasse en tant qu’amateur. »

René Alpsteg, un ailier droit vif et souvent inspiré.
René Alpsteg, un ailier droit vif et souvent inspiré.

Il faut dire qu’Annemasse n’est situé qu’à quelques kilomètres de Genève et que la rivalité sportive entre Savoyards et Suisses reste grande.

Trois jours plus tard, la France l’emporte 2-1 en Suisse. Si Alspteg, lui, le Haut-Savoyard ne marque pas, il pourra néanmoins passer ses vacances en Haute-Savoie et s’adonner à ses deux grandes passions : l’alpinisme et le vélo.

Début avril 1947. Ses bonnes performances ne laissent pas indifférents les sélectionneurs mais également les recruteurs, notamment lillois. Malgré les sollicitations, il poursuit l’aventure en vert.

 

Première sélection en Bleu

Le 29 avril, confortablement installé chez lui, il apprend sa sélection avec l’équipe de France B qui doit affronter le Portugal à Bordeaux. La France l’emporte 4 à 2, match durant lequel il inscrit deux buts.

Il fête sa première cape en bleu le 26 mai de la même année contre les Pays-Bas (4-0). Une première convaincante pour l’avant-centre tricolore ponctuée d’un but à la 17e minute. Il s’agit du premier des quatre qu’il inscrit durant les onze autres sélections qui suivront.

 

Vidéo du premier but de René Alpsteg avec l’équipe de France :

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En 1948, il est rejoint au club par son frère Léon qui évoluait précédemment à Annemasse.
Pendant les quatre années où les frères Alpsteg évolue ensemble, ils marquent leur passage de leur empreinte. Le 2 janvier 1949, contre Metz, René réussit un doublé et Léon inscrit le troisième but. Victoire des Verts 3-1.

Quatre mois plus tard, Contre le CO Roubaix Tourcoing, les rôles sont inversés : Léon réussit le doublé et René se contente d’une réalisation. Victoire de l’ASSE 6-0.

A l’intersaison 1950, Alpsteg est à nouveau convoité. Mais Pierre Guichard, le président de l’AS Saint-Etienne, convainc la municipalité de lui allouer 10 millions. Cet argent frais permet au club de retenir ses joueurs cadres, notamment ses internationaux Cuissard et Alpsteg.

Un quadruplé contre l’OM

Le 16 septembre 1951, l’ASSE se déplace à Marseille. A la pause, l’OM mène 3-2. Liberati, Le gardien olympien, pas encore remis d’une fracture du bras gauche, garde quand même les cages. Alpsteg s’aperçoit de la faiblesse du portier olympien. Dès qu’il a le ballon, il saisit sa chance. Bien lui prend puisqu’il inscrit quatre buts en seconde mi-temps. Le score final est sans appel 10-3 pour les hommes de Snella.

Alpsteg, auteur de 87 buts sous le maillot vert.
Alpsteg, auteur de 87 buts sous le maillot vert.

Buteur du premier derby

Un mois plus tard, en octobre 1951, grande première à Gerland : Lyon reçoit l’ASSE pour le premier derby de l’histoire. L’ASSE s’incline 4-2 au stade de Gerland. Positionné arrière droit en première mi-temps, Jean Snella, son entraîneur, le replace inter droit après la pause, poste qu’Alpsteg affectionne. Meilleur joueur côté stéphanois, il inscrit l’un des deux buts pour les Verts.

Le 23 mars 1952, Saint-Etienne reçoit cette fois-ci Lyon. René joue défenseur. Son frère Léon marque le seul but du derby mais se blesse gravement. Ce match met un terme à sa carrière stéphanoise.

Pour l’aîné des Alpsteg, l’histoire avec l’AS Saint-Etienne s’achève à l’été 1953. Il quitte le Forez pour le club de Besançon. Durant les huit saisons passées sous le maillot vert, il dispute 244 matches et inscrit 87 buts.

 Thierry CLEMENCEAU 

A la conquête de l’Ouest

Ce mercredi 4 décembre, Saint-Etienne défie le Stade Rennais sur ses terres. Si les Verts se sont imposés à plusieurs reprises, ils ont également connu quelques mésaventures. Ce match est l’occasion de redécouvrir Henri Guérin, une grande figure du football français, qui a entraîné le Stade Rennais et l’AS Saint-Etienne.

 

 Guérin : un « roc armoricain » à Sainté !

Le 17 avril 1961, Roger Rocher est élu à la présidence de l’AS Saint-Etienne et succède à Pierre Guichard. Une de ses premières missions est de trouver un successeur à François Wicart, intérimaire de René Vernier, écarté à l’automne 1960. Le club ne s’est toujours pas remis du départ de Jean Snella, deux ans plus tôt.
Face à l’île du Guesclin, lieu de villégiature de Léo Ferré en Bretagne, un homme se repose. Cet homme n’est autre qu’Henri Guérin, futur entraîneur de l’équipe de Saint-Etienne. Dans sa maison, près de Dinard, il soigne ses problèmes de vertèbres.
En mai, on annonce des contacts entre Henri Guérin et le club présidé par Roger Rocher. L’homme jouit de la même popularité à Rennes qu’un Jean Snella à Saint-Etienne.
En juin, Guérin effectue le voyage dans le Forez pour y rencontrer les dirigeants stéphanois, donner son accord verbal et ses premières recommandations pour les semaines à venir. Il repart en Bretagne aussitôt pour continuer de s’y soigner.

Henri Guérin assis sur le banc du Stade Rennais.
Henri Guérin assis sur le banc du Stade Rennais.

En attendant l’arrivée du Rennais, François Wicart assure l’intérim pour le stage d’avant-saison à Saint-Anthème sur les monts du Forez. Mais très vite, des dissensions apparaissent au sein du groupe stéphanois. La tournée en Autriche laisse apparaître les mêmes lacunes que lors de la précédente saison : si l’équipe joue bien, elle manque toujours de réalisme. Certains mouvements de joueurs sont mal gérés et sèment le trouble. Robert Herbin, encore sous les drapeaux en Afrique du Nord pour deux mois, est en concurrence avec Richard Tylinski, pour le poste d’arrière central. Le choix se portera sur Herbin. Ce dernier est donc placé sur la liste des transferts. Mais, pour des raisons personnelles, il refuse d’aller jouer à Strasbourg. Or, sans ce départ, l’ASSE ne peut acquérir l’avant-centre et l’ailier droit qui lui font défaut.

C’est dans ce climat qu’Henri Guérin arrive le 15 août à Saint-Etienne. Bien remis de ses ennuis de santé, il signe son contrat et dirige immédiatement ses premiers entraînements.
Si l’homme est reconnu pour sa franchise et sa simplicité, il va devoir user de psychologie pour espérer obtenir des résultats rapidement. Il n’a plus de temps à perdre : les Verts se déplacent à Monaco pour le premier match de la saison dès le 20 août.

Henri Guérin quitte la Bretagne en août 1961 pour rejoindre Saint-Etienne.
Henri Guérin quitte la Bretagne en août 1961 pour rejoindre Saint-Etienne.

Le début de championnat est plutôt convaincant au point que le tout Saint-Etienne pense avoir retrouvé l’équipe championne de France de 1957.
Fin septembre, Guérin reçoit les renforts, plutôt onéreux, de deux joueurs offensifs : le Valenciennois Baulu et un Rennais qu’il connaît bien : Faivre.

Il retrouve « sa » Bretagne

Le 21 octobre, Henri Guérin retrouve sa Bretagne. La 13e journée de championnat voit le Stade Rennais accueillir Saint-Etienne. Il y a un réel engouement pour le retour de Guérin au stade de la Route de Lorient. Un évènement pour celui qui fit ses premiers pas de footballeur ainsi que ses premières armes d’entraîneur Chez les Rouge et Noir.
Autre particularité de ce match : le face-à-face entre Antoine Cuissard, un « Stéphanois » sur le banc rennais et Henri Guérin un « Rennais » sur le banc stéphanois. Les deux hommes se quitteront sur un score de parité (1-1).

« La crise était inévitable »

Mais au fil des mois, les résultats en dents de scie de l’ASSE plongent le club dans les profondeurs du classement. Insuffisant aux yeux des dirigeants. Les belles promesses entrevues avec l’arrivée de Guérin ne sont plus qu’un leurre. Tout Saint-Etienne reste nostalgique des années Snella. Le Breton ne réussit pas mieux que Vernier. Il compte pourtant sur le soutien de M. Rocher, son président.
Dans L’Equipe du 7 février 1962, il déclare : « La crise était inévitable. Pourquoi ? Parce qu’on ne passe pas de l’adolescence à l’âge adulte sans transition. En 1957, les jeunes talents comme Tylinski, Herbin et Ferrier profitèrent surtout de l’élan donné par les hommes de base qu’étaient Rijvers, Mekloufi, Abbes, Njo-Léa, Wicart et Domingo. ».
Cependant, il ne cherche pas d’excuses. L’homme est trop franc pour cela. « Je le répète, si je suis venu ici, c’est parce que j’estimais pouvoir y faire du bon travail. Je ne prétends pas faire oublier l’œuvre en profondeur de Snella, mais avec les éléments dont je dispose, je ne peux pas croire à un échec. ».
L’ombre de Jean Snella plane plus que jamais sur le Forez dont on annonce avec de plus en plus d’insistance le retour.

Le derby fatal !

Le 25 mars 1962, un grand rendez-vous attend les Verts : le traditionnel derby au stade de Gerland. Saint-Etienne est au final balayé par son voisin lyonnais : 4-0. Une défaite de trop pour les dirigeants stéphanois. Dès le lendemain, Henri Guérin est remercié. Il paie donc une intersaison ratée. Il possède une défense solide, sans doute aussi la meilleure paire de demis française : Herbin et Ferrier. En revanche, l’attaque n’est pas au diapason. Les trois « feux follets » Rijvers, Guillas et Baulu se ressemblent trop. Bien que talentueux, leur manque de complémentarité les rend inefficaces.

François Wicart assure une nouvelle fois l'intérim.
François Wicart assure une nouvelle fois l’intérim.

Drôle de fin de saison

Wicart assure une nouvelle fois l’intérim. Le changement n’empêche pas l’ASSE de connaître les affres de la descente en Division 2. Seule consolation : le 13 mai, Saint-Etienne remporte la finale de la Coupe de France devant Nancy (1-0) à Colombes sous les yeux d’un certain … Henri Guérin. Maigre consolation !
Henri Guérin, lui, est appelé au chevet de l’équipe de France en remplacement d’un certain… Albert Batteux.

 

 Quelques galettes bretonnes…

3 poteaux et… une défaite !

2 décembre 1956. Invaincu durant les douze premières journées de championnat, Saint-Etienne se déplace à Rennes. Forts de dix victoires et deux matches nuls pour 47 buts inscrits pour seulement 17 encaissés, les hommes de Jean Snella sont tout naturellement les leaders incontestés de la Division 1.
Mais c’est sans compter sur un certain… Henri Guérin. L’entraîneur rennais avait son plan pour contrer les Stéphanois : ne pas laisser la moindre latitude à Eugène Njo-Léa, déjà auteur de 16 buts. L’arrière Imbernon se transforme donc en garde du corps intraitable du Camerounais.
Malgré trois tirs sur les montants de Rijvers par deux fois et Mekloufi, Saint-Etienne s’incline sur un but de l’avant-centre breton Guy Méano à la… 89e minute. Pour la plus grande joie des 15 000 Bretons présents.

Richard Tylinski lors du Rennes-Saint-Etienne en 1956.
Richard Tylinski lors du Rennes-Saint-Etienne le 2 décembre 1956.

Quand l’histoire se répète… 

21 décembre 1969. 18 matches sans connaître la moindre défaite. Mais, voilà, comme en 1956, l’ASSE se déplace à Rennes. Et comme l’année du premier titre de champion, les Verts s’inclinent pour la première fois de la saison en terre bretonne. Et cette année-là, le buteur s’appelle Rodighiero. Si Meano avait inscrit le but victorieux à la 89e minute treize ans plus tôt, cette fois, Rodighiero inscrit le but victorieux à la… 85e minute d’une belle frappe qui laisse Carnus sans réaction pour la plus grande joie de Louison Bobet, venu de Quiberon encourager les Rouge et Noir.

Georges Carnus s'incline sur une belle frappe de Rodighiero.
Georges Carnus s’incline sur une belle frappe de Rodighiero.

Keita roi de Bretagne

11 octobre 1970. Rennes accueille Saint-Etienne. Une affiche qui passionne toujours la Bretagne. Parmi les spectateurs attentifs, José Arribas et Henri Guérin, l’ancien entraîneur de l’ASSE. Si les deux entraîneurs Jean Prouff et Albert Batteux reçoivent une belle ovation à leur entrée sur la pelouse, la vedette de ce choc se nomme Salif Keita. Alors que le match semble bridé, l’international malien ouvre la marque avant la pause. Mais c’est en deuxième mi-temps qu’il éclabousse la rencontre de toute sa classe en inscrivant un but prodigieux. A la 62e minute, il récupère un ballon dégagé par Farison et s’envole vers le but breton. Poursuivi, harcelé voire bousculé, il résiste, se présente seul face à Aubour qu’il dribble et marque son deuxième but de la soirée. Le public de la Route de Lorient ne s’y trompe pas, et applaudit l’artiste. La classe. Saint-Etienne s’impose 3-0.

Ce Salif Keita marque deux buts et reçoit l'ovation du public rennais.
Le 11 octobre 1970, Salif Keita inscrit deux buts et reçoit l’ovation du public rennais.

Feindouno vainc la malédiction

17 décembre 2005. La dernière victoire en terre bretonne de l’ASSE remontait au 25 mai 1991. Soit plus de quinze ans de disette au stade de la Route de Lorient. Les hommes de Christian Sarramagna, grâce à deux buts de Cuervo (84e) et Kastendeuch 87e, sur penalty) s’étaient imposés 2- 0 lors de la dernière journée. Rennes est déjà condamné à la  Division 2.
Une malédiction que les joueurs d’Elie Baup souhaitent stopper. C’est chose faite grâce à un but de Pascal Feindouno (67e).