Saint-Etienne-Metz : le dernier match de M. Snella

Ce dimanche 26 octobre 2014, l’AS Saint-Etienne reçoit le FC Metz à l’occasion de la onzième journée de Ligue 1. En 1979, Jean Snella devenait le grand patron sportif du club lorrain. Son dernier club. Bonne lecture.

FRANCE CHEZ ESSO
Jean Snella, un homme au service du football.

« Nous voulons Jean Snella« . Aimé Dumartin, le successeur de Carlo Molinari à la présidence du FC Metz depuis 1978, souhaite structurer son club et lui faire franchir une nouvelle étape vers le professionnalisme. En France, ses modèles s’appellent Nantes et Saint-Etienne. Pour cela, il souhaite s’attacher les services d’un technicien de haut niveau, un véritable patron sportif.

Premiers contacts avec Metz

Depuis le mois de mars 1979, il est entré en contact avec Jean Snella, l’ancien entraîneur de Saint-Etienne et Nice entre autres. Grand pédagogue, ennemi de la manière forte, il a toujours préféré convaincre à imposer. Avec un technicien de cette qualité doublé d’un homme de grande valeur humaine, le FC Metz pourrait envisager l’avenir avec sérénité.

ENTRAINEMENT NICE
Jean Snella, libre de tout contrat, est en contacts avancés avec le FC Metz.

Le 5 mai 1979, Roger Rocher a réservé une place en tribune d’honneur à son ancien entraîneur pour assister au match de Division 1 entre Saint-Etienne et Metz (1-0, but de Rocheteau, 25e). Pour lui, c’est un véritable come-back puisqu’il assiste pour la première fois depuis cinq ans à une rencontre en France. Au stade Geoffroy-Guichard, Aimé Dumartin et Jean Snella se sont parlés et le président lorrain est désormais pleinement  convaincu qu’il est l’homme de la situation.

Jean Lauer, l’ami de Snella

Pour le persuader un peu plus de rejoindre son club, il compte sur un atout de poids et non négligeable. Jean Lauer, l’ex joueur de Metz (1937-39) et Saint-Etienne (1943-49), installé dans le Forez et ami personnel de Snella, est chargé de convaincre ce dernier d’accepter le rôle de directeur sportif que souhaite lui confier Dumartin. S’il ne donne pas un « oui » définitif au dirigeant messin, en revanche, il semble emballé par l’envie de bâtir sur du solide et du durable chez les Lorrains.

La Division 1 à la radio ou dans la presse

Depuis le mois de mars, il n’est plus lié au club algérien d’Hussein Dey qu’il entraînait depuis plus de quatre ans. Enrichi par ce séjour, il déclare : « Pour un homme de terrain, le travail est passionnant dans ce pays. Le football est là-bas une seconde religion. » S’il a été coupé du football français pendant quelques années, cela ne l’a pas empêché de suivre les matches de Division 1 à la radio ou lire les comptes-rendus par voie de presse.

NICE-NANTES (3-0)
Jean Snella s’engage pour une saison avec Metz.

Snella signe pour un an

Retenu plus longtemps que prévu en Algérie pour régler les conditions de sa séparation à l’amiable, il donne son accord au FC Metz le 2 juillet et appose sa signature pour une année. Les conditions financières proposées lui conviennent parfaitement. Dès le lendemain, il part à Berne assister à la Coupe des Alpes où joue le FC Metz. A cette occasion, Rastoll, l’entraîneur lorrain, fait confiance à Patrick Battiston dans le rôle de libéro. Le Néerlandais Suurbier parti aux Etats-Unis et ni Kasperczak ni Mahut n’ayant convaincu à ce poste, « Battiste » hérite donc du numéro 5.

MARSEILLE-METZ
Le jeune Patrick Battiston, valeur montante du football français.

« Quand je sème quelque chose, je veux voir la récolte« 

Jean Snella a encore le virus du football dans le sang. A 65 ans, cet amoureux du beau jeu souhaite toujours faire partager sa passion. « Quand je sème quelque chose, je veux voir la récolte » aime-t-il à répéter. Son seul regret est de n’avoir pu suivre quelques joueurs et gérer au mieux la période des transferts.

Sa venue en Lorraine n’a cependant pas eu pour conséquence le départ de tel ou tel entraîneur en poste. Avec Marc Rastoll, l’entraîneur de l’équipe première et Marcel Husson, celui du centre de formation, les relations sont au beau fixe. A Metz, ville ouvrière, il retrouve un peu la chaleur qu’il a connue durant les vingt ans passés à Saint-Etienne.

ST ETIENNE-METZ
Après vingt ans passés à Saint-Etienne, Jean Snella n’a gardé que des amis dans la ville dont sa femme est originaire.

La joie de revenir à Saint-Etienne

Le vendredi 17 août, Metz se déplace à Saint-Etienne. Snella et son équipe s’inclinent 2-1 dans le Chaudron devant 33 225 spectateurs. Platini le Lorrain et néo-Stéphanois, inscrit son premier but à domicile. Pour Snella, cette rencontre est l’occasion d’émouvantes retrouvailles avec un club qui l’a vu connaître ses plus belles joies. « C’est toujours une joie pour moi de revenir à Saint-Etienne qui est la ville de mon épouse. Pour ma part, j’y ai passé environ vingt ans de ma vie et, chaque fois que je la revois, j’ai l’impression de ne l’avoir jamais quittée. Ce qui me fait plaisir, c’est que le temps n’a pas effacé les sentiments d’amitié. A l’hôtel, pendant deux jours, j’ai reçu de nombreuses visites et j’y ai été très sensible. Ce qui me fait plaisir également, c’est que la foi, la passion du football n’ont pas quitté le public stéphanois. Il est tel que je l’ai connu et apprécié avec toutefois plus d’agressivité dans le comportement. »

Il revoit avec plaisir Robert Herbin pour lequel il a le plus grand respect : « Roby est un homme qui n’a pas changé moralement. Les succès ne lui ont pas tourné la tête. Il reste le même et sa conduite vis-à-vis des hommes n’a jamais changé. »

PRESENTATION ST ETIENNE
A l’occasion de la venue de Metz, Michel Platini inscrit son premier but à Geoffroy-Guichard avec ses nouvelles couleurs.

Fin septembre, les Messins se traînent dans les profondeurs du classement. Curioni et Braun n’ont pas été remplacés et l’absence d’un buteur est criante. Malgré cette situation, Jean Snella ne doute pas.

L’ami Kees Rijvers

Mi-octobre, il reçoit la visite d’un homme qu’il n’avait pas revu depuis longtemps. Le Hollandais Kees Rijvers, l’un des stratèges du premier titre de champion de France de l’ASSE en 1957, n’a pas oublié son entraîneur : « Je suis très heureux d’avoir repris contact avec Jean, que je n’avais pas vu depuis longtemps, et auquel me lie une grande amitié« . Son ancien joueur en profite pour l’inviter à assister, le 24 octobre, au seizième de finale aller de la Coupe UEFA qui va opposer le PSV Eindhoven à … l’AS Saint-Etienne. Snella, poliment, décline l’invitation et préfère se déplacer à Nantes pour y superviser son futur adversaire qui dispute un match aller de Coupe des Coupes contre le Steaua Bucarest (3-2). Snella ne laisse jamais rien au hasard.

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Photo : ASSE-Actualités du 28 novembre 1979

Le samedi 10 novembre, lors de la 16e journée de Division 1, Laval s’impose à Metz 4-1. Jean Snella est absent. Le matin même, il a été hospitalisé pour un mal incurable qui le ronge depuis des mois. Sur son lit d’hôpital, il regardera à la télévision, une dernière fois l’AS Saint-Etienne disputer un match de Coupe d’Europe chez son ami Kees. Il décède le 20 novembre 1979. Les hommages affluent du monde entier : « Un homme d’exception » revient souvent dans les témoignages. Roger Rocher, qui a été son président à Saint-Etienne, a appris la nouvelle alors qu’il était en déplacement professionnel à Conakry. Bouleversé, il ne trouve les mots pour exprimer son émotion. Robert Herbin, quant à lui, perd son maître et la France du football un grand entraîneur.

Thierry CLEMENCEAU

EQ 21 NOV
L’Equipe du 21 novembre 1979
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France Football du 27 novembre 1979.

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Hajduk Split – Saint-Etienne : le naufrage des Verts

Ce jeudi 23 octobre 2014, l’AS Saint-Etienne se déplace au stade Giuseppe-Meazza pour y rencontrer l’Inter Milan en Ligue Europa. Après deux matches nuls lors des deux premières journées, les hommes de Galtier auront le soutien de plus de 10 000 supporters stéphanois en Italie. Quarante ans après, jour pour jour, je vous propose de revivre le match aller des huitièmes de finale opposant Saint-Etienne à Hajduk Split. Bon récit.

HADJUK SPLIT-ST ETIENNE (4-1)
Gérard Farison et Dominique Bathenay sont en grande difficulté face aux attaquants de Split.

« A ce niveau de la compétition, tous les adversaires sont dangereux, mais je reconnais qu’un club britannique m’inquiéterait le plus. En revanche, Saint-Etienne me paraît capable de s’exprimer davantage devant toutes les autres nations européennes, y compris les Hollandais, Allemands et même Espagnols, renforcés, comme on le sait, par Cruyff et Neeskens« . Ainsi parle Robert Herbin dans L’Equipe du 4 octobre 1974 après le match nul contre le Sporting Lisbonne la veille (2-0 au match aller, 1-1 au match retour) synonyme de qualification pour les huitièmes de finale de la Coupe d’Europe des clubs champions.

4 OCTOBRE 1974
La Une de L’Equipe du 4 octobre 1974

Une première pour Garonnaire

Le surlendemain, l’hôtel Rhône à Genève, lieu habituellement réservé aux affaires de la finance, est pour une fois le point de ralliement des dirigeants européens du football.
Les trois clubs français encore qualifiés dans les différentes compétitions européennes, à savoir Nantes et Lyon pour la Coupe de l’UEFA et Saint-Etienne pour la Coupe des clubs champions attendent fébrilement de connaître le nom de leur futur adversaire. Le club champion de France est représenté par Pierre Garonnaire. Pour la première fois, le dirigeant-recruteur des Verts, assiste à un tirage au sort. Nantes hérite des Tchécoslovaques du Banik Ostrava et Lyon du Borussia Mönchengladbach.

Roger Rocher, l'homme à la pipe et Pierre Garonnaire, le recruteur
Pierre Garonnaire (à d.), ici avec le président Roger Rocher, représente l’AS Saint-Etienne lors du tirage au sort de la Coupe d’Europe à Genève.

Saint-Etienne hérite du Hajduk Split

Saint-Etienne, au grand soulagement d’Herbin, échappe à un club britannique mais hérite du Hajduk Split. Pour l’émissaire de l’ASSE, la tâche semble difficile mais pas insurmontable : « Nous sommes, certes, assez mal tombés, mais j’avoue que si notre tâche paraît ardue, je préfère encore les Yougoslaves de Split aux Espagnols de Barcelone ou aux Anglais de Leeds. J’irai superviser deux fois notre futur adversaire, une première fois le 16 octobre, quand il rencontrera, en Coupe de Yougoslavie, Belgrade OFK et le 20 octobre avec Robert Herbin, lorsque Hajduk recevra Proleter en Championnat. D’ores et déjà, je sais que l’explication sera rude et risque de se jouer sur un coup de dés. »

La mise en garde de Beckenbauer

Franz Beckenbauer, de passage à Paris à l’occasion de la remise des Souliers d’Or, d’Argent et de Bronze décernés par France Football et Adidas, met en garde les Stéphanois : « J’ai vu et longuement admiré cette équipe il y a quatre semaines lorsqu’elle a accompli l’extraordinaire tour de force de surclasser les Hollandais de Feyenoord par 3-0. C’est un exploit qui devrait servir d’avertissement au champion de France et l’inciter à la prudence. La seule grande chance des Stéphanois est celle qui consiste à disputer la seconde manche à domicile. » Split est une ville qui aime le football et qui vit pour le football… comme Saint-Etienne.

L'Equipe du 5 octobre 1974
L’Equipe du 5 octobre 1974

Roby, Curko et Garo à Split

Depuis ce 4 octobre, Ivan Curkovic, le gardien yougoslave des Verts, est sollicité de toute part. Il n’a pas le souvenir d’avoir reçu autant de coups de téléphone pour une rencontre de football. Qu’ils soient journalistes ou supporters, tous veulent avoir des renseignements sur cette équipe de Split. Comme l’avait laissé entendre Pierre Garonnaire après le tirage au sort, une délégation stéphanoise composée de Herbin, Curkovic et lui-même s’est envolée à destination de Split pour assister au match opposant Hajduk et Bor (0-0). Durant leur absence, Robert Philippe est chargé de l’entraînement des Verts.

Vladimir Durkovic  restera quatre ans à Saint-Etienne
Vladimir Durkovic, décédé tragiquement, n’a pas été oublié par les dirigeants stéphanois.

Recueillement sur la tombe de Durkovic

Sur place, ils ont pu se faire une première idée de la valeur de leurs futurs adversaires européens. Curkovic a rappelé qu’il avait disputé son deuxième match de Championnat contre Split avec le Velez Mostar (2-2), son premier club en Yougoslavie. Herbin a remarqué que les joueurs des deux équipes ont commis beaucoup de fautes. Pierre Garonnaire ne laissant jamais rien au hasard, les trois hommes en ont profité, lors d’une escale à Belgrade, pour aller se recueillir sur la tombe de Vladimir Durkovic, l’ancien défenseur des Verts (1967-1971) décédé le 22 juin 1972 à Sion.

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L’Equipe du 16 octobre 2014

Patrick Revelli marque sous les yeux d’Ivic

Le 18 octobre, les hommes de Robert Herbin se déplacent à Nice (12e journée de Championnat). Pour eux, il s’agit d’une répétition générale avant leur match aller en Yougoslavie. Miroslav Ivic, l’entraîneur de Hajduk Split, a fait le déplacement avec un caméraman pour jauger la valeur de son prochain adversaire. Au stade du Ray, les Verts font match nul (1-1). Patrick Revelli inscrit le but des Stéphanois à la 44e minute et fête de la plus belle des façons la naissance son fils Arnaud. Après le match, l’entraîneur yougoslave fait le constat suivant : « Saint-Etienne est une grande formation européenne, et je dois avouer sincèrement que j’ai peur du match de demain et surtout de la rencontre du 6 novembre en France. »

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Hervé Revelli (à g.) et son frère Patrick, auteur du but stéphanois à Nice.

Pour le président Rocher, ce déplacement à Nice « a permis de vivre dans les conditions idéales la prochaine rencontre européenne. Nice et la Méditerranée, avec leur climat doux ressemblent beaucoup à Split et à l’Adriatique où nous nous trouverons mardi. » Esad Dugalic, le gardien remplaçant, prévient les siens : « A Split, le public est terrible. C’est pire qu’en Amérique du Sud« .

Bathenay dit « oui »

Le samedi après-midi, Robert Herbin se rend au stade Geoffroy-Guichard pour suivre l’équipe réserve des Verts et la voir corriger Gien (8-0) dans le Championnat de Division 3. Cependant, il ne peut assister à la totalité de la rencontre. Il doit se rendre, avec toute l’équipe stéphanoise, à l’église à 17 heures pour assister au mariage de Dominique Bathenay.

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ASSE-Actualités du 31 octobre 1974

Une première pour un club français

Le lendemain, Garonnaire effectue son second voyage sur les bords de l’Adriatique pour superviser à nouveau Hajduk Split contre Proleter (1-1), une équipe classée dernière du Championnat yougoslave. Comme Ivic à Nice, il a pris soin d’emmener Jean-Claude Schamberger, le caméraman attitré du club. Pour la première fois, en effet, un club français prend l’initiative de filmer le dernier match de Championnat joué par son adversaire et de le projeter à ses joueurs pour mieux analyser son jeu.

Garonnaire déchante quelque peu. En effet, le match joué sous une pluie diluvienne et un vent violent, n’apporte pas les enseignements escomptés. De plus, Oblak et Holcer, les deux internationaux yougoslaves sont blessés et ne disputent pas la rencontre. Leur participation pour le match contre les Verts semble même compromise, ce qui fait dire à Dugalic : « Si Oblak ne joue pas, ce sera une bonne chose pour nous« .

Hajduk ne perd plus

Après ce match nul, le bilan d’Hajduk dans le Championnat yougoslave est très parlant : sept victoires, un nul, aucune défaite (22 buts marqués, 2 encaissés). Pourtant, les Verts n’ont pas à rougir des résultats de leur futur adversaire : en Division 1, les coéquipiers de Curkovic n’ont plus perdu depuis le 27 août (0-2 à Lille) et sont donc prêts pour cette double confrontation.

Comme à chaque fois qu’il supervise un adversaire, Garonnaire, plutôt confiant, rend compte de ses bonnes notes à son entraîneur. Mais ce dernier connaît trop bien son superviseur pour ne pas s’enflammer. Au sujet de son proche collaborateur, Roby déclare : « Je me méfie de Pierre Garonnaire qui est l’optimisme en personne lorsqu’il s’agit de notre équipe ! » L’entraîneur stéphanois a certainement en tête que ni Valence en 1972-73 (C1), ni Leeds (C2) en 1973-74 n’ont réussi à faire trébucher les Yougoslaves dans leur stade.

Les mésaventures du caméraman

Jean-Claude Schamberger, caméra au poing, tente de filmer quelques images de cette rencontre. Mais sa mission est  loin de se dérouler comme un long fleuve tranquille. Quarante ans plus tard, il se souvient très bien de toutes les péripéties de cette soirée : « Pendant le captation du match, la pluie est tombée par intermittence. Les gens, pour se protéger, ouvraient et fermaient sans cesse leur parapluie, ce qui gênait mon enregistrement. De surcroît, j’ai également rencontré des problèmes électriques. Il faut dire qu’à l’époque, il n’y avait pas de batterie, mon appareil, une sorte de gros magnéto, fonctionnait avec du 220 volts. Les coupures d’électricité étaient fréquentes. Pour enregistrer le plus d’images possible, j’ai alors dû brancher mon magnéto sur la prise d’un lampadaire situé derrière la tribune.  »

Mais ses malheurs ne s’arrêtent pas là. A la fin du match, les deux représentants stéphanois, au vu des conditions météo, ne sont pas mécontents de rejoindre leur hôtel. Une fois sur place, Jean-Claude Schamberger s’aperçoit qu’une bobine a été oubliée au stade. « Avec Pierre Garonnaire, nous sommes repartis illico à la recherche de la bobine perdue. Malheureusement, notre recherche a été vaine. » Jamais à court d’idées, décide alors de rester à Split et d’attendre la délégation stéphanoise sur place.

Les joueurs quittent une ville en effervescence

Le 22 octobre, c’est de l’aérodrome de Saint-Etienne à 9 h 30 que s’envole à bord d’une Caravelle la délégation française. Joueurs et dirigeants laissent une ville en effervescence à la veille de cette première confrontation européenne entre les deux clubs. Depuis que la presse a annoncé la retransmission du match à la télé (17 heures), les demandes de permissions de quitter le travail à 16 heures affluent sur le bureau des employeurs.

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Un peu avant midi, ils posent le pied sur le sol yougoslave, accueillis comme il se doit par Pierre Garonnaire, le superintendant de l’ASSE. Ils gagnent en autocar l’hôtel Lav, situé à 7 kilomètres de Split, au bord de l’Adriatique. Comme à son habitude, Pierre Garonnaire a tout préparé d’une main de maître. « Je préfère contrôler la situation avant que l’équipe arrive. Cela me permet de rectifier les petits détails qui clochent et de prévoir un emploi du temps sans temps mort« .

Le repas avalé, Robert Herbin ne laisse guère de répit à ses joueurs. Il leur propose un petit entraînement avant un moment de détente et une visite de la ville de Split. A leur retour à l’hôtel, ils visionnent au magnétoscope les fameuses images du match. Enfin, la cinquantaine de minutes seulement filmée par l’infortuné caméraman.

L'Equipe du 23 octobre 1974
L’Equipe du 23 octobre 1974

Le stade, situé au coeur de la vieille ville, a le même âge que le club qu’il abrite. Hajduk Split est le plus populaire mais aussi le plus ancien club de Yougoslavie (1911). Pour satisfaire toutes les demandes, des gradins en bois ont dû être ajoutés. L’ambiance promet d’être électrique. La pluie qui s’est abattue depuis plusieurs jours sur la ville a transformé le terrain en véritable bourbier. Les kilos de sable déversés dans les surfaces de réparation n’ont pas totalement réussi à cacher la boue.

23 OCT 1974
La Une de L’Equipe du 23 octobre 1974

Record de recette pour Hajduk Split

A 16 heures, la pluie cesse enfin de tomber. Une demi-heure plus tard, les projecteurs du stade sont allumés. Les drapeaux aux couleurs locales s’entremêlent avec les feux de Bengale et autres pétards. Dugalic avait donc raison. Les Verts sont promis à un véritable enfer. Avec 27 000 spectateurs, le club d’Hajduk Split bat son record de recette avec un million de dinars enregistrés aux guichets.

A 17 heures, les vingt-deux joueurs pénètrent sur le terrain gorgé d’eau. Bereta, le capitaine des Verts, gagne le toss et choisit la moitié de terrain dont la surface de but est la moins abîmée.

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Georges Bereta et les Stéphanois s’apprêtent à disputer un combat âpre à Split.

Surjak en fait voir de toutes les couleurs à Merchadier

D’entrée de jeu, les joueurs d’Ivic imposent leur maîtrise technique et asphyxient des Stéphanois qui ont bien du mal à tenir debout. Après sept minutes, Split se crée trois grosses occasions par Boljat, Surjak et Mijac. Le premier quart d’heure est terrible pour les Verts qui résistent tant bien que mal.

Merchadier, au marquage de l’ailier gauche Surjak, lui impose un traitement de choc, ce qui lui vaut de concéder plusieurs coups francs.

Curkovic victime des quatre pas

Les Stéphanois sont prévenus mais cela n’empêche pas les attaquants splitois de faire le siège dans la surface de réparation de Curkovic. 24e minute : sur une nouvelle attaque des joueurs locaux, le gardien stéphanois récupère le ballon et le dégage haut et loin. M. Babacan, l’arbitre turc, siffle un coup franc indirect dans la surface de réparation contre lui, estimant que le portier des Verts a transgressé la règle des quatre pas autorisés. Les Stéphanois ne comprennent pas. Jerkovic, technicien hors pair, à quinze mètres, ne laisse aucune chance au dernier rempart des Verts (1-0). Ce coup du sort récompense la domination des hommes d’Ivic.

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Ivan Curkovic dégage des deux poings un ballon chaud dans sa surface de réparation.

Hervé Revelli redonne l’espoir aux Verts

Le stade explose mais la joie des supporters yougoslaves est de courte durée. A la demi-heure de jeu, les Stéphanois sortent enfin la tête de l’eau. Le capitaine Bereta adresse une passe à Patrick Revelli qui sert son frère Hervé en embuscade. Le buteur stéphanois profite de la maladresse des arrières latéraux Buljan et Dzoni pour tromper d’un pointu le géant Meskovic (1-1, 34e).

Les Stéphanois, ragaillardis par cette égalisation, sont même tout près d’ajouter un second but. Synaeghel, après un raid solitaire ballon au pied, s’infiltre dans la surface de réparation avant d’être crocheté par Buljan. Un frisson parcourt le stade mais l’étonnant M. Babacan ne bronche pas et laisse le jeu se dérouler. Le score de parité à la mi-temps est un moindre mal pour des Stéphanois empruntés handicapés par les conditions de jeu.

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Surjak, l’insaisissable ailier gauche de Split, échappe à Lopez et Merchadier.

Surjak, passeur décisif

Les hommes de Robert Herbin reviennent sur le terrain avec de meilleures intentions. Sur une pelouse de plus en plus lourde, ils prennent des risques et s’exposent aux contres splitois. A la 56e minute, Surjak, toujours à l’affût, se rappelle au bon souvenir des défenseurs stéphanois. Il intercepte un ballon au milieu de terrain, élimine Merchadier, résiste à une charge de Piazza et adresse un centre tendu qui trouve l’ailier droit Zungul à la conclusion (2-1). Tout est à refaire pour Bereta et ses hommes qui partent à l’abordage pour tenter d’égaliser. Neuf minutes plus tard, ce pêché d’orgueil profite à Surjak, encore lui, qui dribble deux défenseurs sur le côté droit et adresse un long centre pour son capitaine Jerkovic qui reprend à bout portant (3-1, 65e).

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Alain Merchadier, le défenseur stéphanois, n’est pas à la fête avec ce diable de Surjak, l’ailier de Split.

Le cauchemard de Curkovic sur sa terre natale

Embourbés dans ce marécage, les Stéphanois tentent de réagir par Jean-Michel Larqué dont la reprise de volée fuse au-dessus des buts de Meskovic (61e). Il reste dix minutes à tenir pour les hommes de Robert Herbin. C’est court et long à la fois. Jerkovic ne se pose pas la question. Il intercepte une balle dans les pieds stéphanois et lance Mijac qui d’un tir à ras de terre, trompe ainsi une quatrième fois Curkovic qui voit le ballon lui passer sous le ventre (4-1, 80e). Un dernier tir désespéré de Bereta et M. Babacan siffle la fin du calvaire stéphanois.

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M. Babacan avertit d’un carton jaune à Georges Bereta, le capitaine stéphanois.

Robert Herbin, d’ordinaire imperturbable, déclare dans L’Equipe du 24 octobre : « Les joueurs d’Hajduk n’auront peut-être pas au match retour une ambiance aussi favorable et un arbitre comme M. Babacan. Vous savez que ce n’est pas mon genre de critiquer l’arbitre. Je me contenterai donc de dire que le match a été télévisé et que chaque téléspectateur aura pu juger de visu. »

Ivan Curkovic, qui a encaissé quatre buts sur sa terre natale, préfère revenir sur le coup franc qui a amené le premier but : « L’arbitre me sanctionne parce que j’ai fait six pas, deux d’abord, quatre ensuite. Mais sur un terrain pareil, c’est compréhensible, non? L’arbitre aurait dû me prévenir. Sur un terrain de football, on n’a pas besoin d’un acteur, mais d’un directeur de jeu clairvoyant, psychologue, compétent. »

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Ivan Curkovic, sauve une nouvelle fois son équipe en dégageant du poing.

Le mot de la fin revient à Pierre Garonnaire, un brin fataliste. En descendant de l’avion qui ramène les Stéphanois sur leur terre, il concède : « La seule conclusion de ce match est que nous avons perdu 4-1. Et que nous devons tout mettre en oeuvre pour rétablir la situation le 6 novembre« .

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Georges Bereta en Une de L’Equipe du 25 octobre 1974 annonce la couleur pour le match retour.

« Hajduk » signifie guerrier. Le 6 novembre, ce sont bien les Stéphanois qui devront, à leur tour se montrer comme de valeureux guerriers s’ils veulent se qualifier pour un nouveau tour européen.

Thierry CLEMENCEAU

Hajduk Split b. Saint-Etienne : 4-1 (1-1). Buts.- Hajduk Split : Jerkovic (24e et 65e), Zungul (56e), Mijac (80e) ; Saint-Etienne : H. Revelli (34e).
HAJDUK SPLIT : Meskovic – Kurtela, Buljan, Dzoni, Rozsic – Muzinic, Boljat, Jerkovic – Zungul, Mijac, Surjak. Entr.: Ivic.
SAINT-ETIENNE : Curkovic – Merchadier, Piazza, Lopez, Farizon – Bathenay, Larqué, Synaeghel – P. Revelli, H. Revelli, Bereta. Entr.: Herbin.

 

Vidéo Youtube des cinq buts de ce match.

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Lorient-Saint-Etienne : objectif Ligue 1

Ce samedi 19 octobre 2014, le FC Lorient accueille l’AS Saint-Etienne en Ligue 1. Pour les Verts, un bon résultat serait le bienvenu avant le périlleux déplacement à San Siro pour y affronter l’Inter Milan en Ligue Europa. En 2004, les Verts, alors 3es de Ligue 2, se déplacent au stade du Moustoir. Outre la défaite (2-0), la fin de match est marquée par une bagarre générale. Récit. Je vous propose également un petit retour sur le lien qui unit le FC Lorient à l’AS Saint-Etienne. Bonne lecture.

 

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L’AS Saint-Etienne 2003-2004. Debouts (de g. à d.) : Sablé, Jau, Compan, Hognon, Hernandez, Carteron. Accroupis (de g. à d.) : Marin, Mendy, Bridonneau, Janot, Hellebuyck.

A Saint-Etienne, le début d’année 2004 ne commence pas sous les meilleurs auspices. La DNCG, le gendarme financier du football français, a rappelé aux dirigeants stéphanois quelques engagements non tenus à ce jour, notamment le budget prévisionnel toujours dans le rouge. Thomas Schmider, nommé président du club depuis depuis quelques semaines (19 décembre 2003), et ses deux nouveaux actionnaires, Jean-Claude Perrin et Bernard Caïazzo, sont donc sommés d’assainir les comptes de l’ASSE.

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Thomas Schmider, le nouveau président de l’ASSE.

L’ASSE interdit de recrutement

Le club, interdit de recrutement, a pourtant repris espoir quand le Comité National Olympique et Sportif Français (CNOSF) a rendu un avis contraire à celui de la DNCG. Mais la Ligue est restée ferme sur sa position en maintenant toute interdiction de nouvelle signature. Cela n’empêche pas toutefois Frédéric Antonetti d’effectuer quelques essais. C’est ainsi que Daye Prince, un attaquant libérien âgé de 25 ans, passé par Bastia (1997 à décembre 2002) s’entraîne avec la réserve des Verts.

Le 4 janvier, le tirage au sort a proposé Dijon, club de National entraîné par un ancien de la maison verte, Rudi Garcia (1999-2001). Les Verts sont défaits sans gloire dans l’épreuve des tirs au but (0-0 a.p., 3-1 aux t.a.b.). Dans le même temps, Lorient, autre club de Ligue 2, s’incline à Brive (1-1 a.p., 3-1 aux t.a.b.), club pensionnaire de CFA. Une semaine plus tard, les hommes de Christian Gourcuff s’inclinent à nouveau en Championnat au Havre (1-0). Contre Nancy, pour son centième match à la tête des Verts, toutes compétitions confondues, Frédéric Antonetti ne peut hélas célébrer cet anniversaire. Sous les yeux d’Alain Bompard, l’ancien président de l’ASSE (1997-2003), de retour pour la première fois de la saison au stade Geoffroy-Guichard, ses joueurs n’ont pu faire mieux qu’un match nul (0-0).

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Le président Bompard revient pour la première fois de la saison au stade Geoffroy-Guichard.

Nice pour oublier Dijon

Le 14 janvier, les coéquipiers de Julien Sablé se qualifient pour la demi-finale de la Coupe de la Ligue en éliminant Nice (2-0) qui évolue à l’étage supérieur. Une première dans l’histoire du club qui fait oublier quelque peu la contrariété de l’élimination en Coupe de France. Ce succès, au-delà du résultat, permet au club d’empocher une coquette somme fort appréciable, au vu de la précarité des finances du club. Lilian Compan, auteur du deuxième but sur penalty, ne se trompe pas d’objectif : « On savoure, bien sûr, cette qualification. Mais Lorient arrive vite. Il faut donc sans délai se remettre au travail. »

ST ETIENNE-NICE (2-0)
Jau, buteur contre Nice, est félicité par son capitaine Sablé, Citony et Compan.

Sommet de Ligue 2 au stade du Moustoir

C’est dans ce contexte particulier que Stéphanois et Lorientais se retrouvent pour l’un des sommets de la Ligue 2 le dimanche 18 janvier en clôture de la 21e journée. Les Verts sont sur le podium et s’accrochent pour rester au contact du leader Istres. Les Merlus, à deux points seulement de leur hôte du jour, on fait le plein de points au stade du Moustoir (9 victoires). Leur attaque est la meilleure de Ligue 2 avec 37 buts inscrits.

En pleine période de Coupe d’Afrique des Nations (CAN), Antonetti doit composer sans Frédéric Mendy, sélectionné avec le Sénégal. L’entraîneur corse de Saint-Etienne déplore aussi l’absence de dernière minute de Lilian Compan, le meilleur buteur du club (8 réalisations). Blessé à un genou, il a dû déclarer forfait pour le déplacement dans le Morbihan.

ST ETIENNE-ANGERS (0-0)
Lilian Compan, le meilleur buteur stéphanois, est forfait pour ce match au sommet de Ligue 2 à Lorient.

Christian Gourcuff, de son côté, n’a pas le souci de la CAN puisque ses joueurs ivoiriens ne sont pas qualifiés pour cette compétition. Il peut donc compter sur son meilleur buteur, Baky Koné (7 buts).

Trois ex-Stéphanois avec les Merlus

Cette rencontre est aussi celle des retrouvailles. Trois anciens Stéphanois évoluent aujourd’hui à Lorient : Stéphane Pédron, de retour d’exil après un passage de deux ans par Saint-Etienne (1999-2001), Lens (2001-2003) et Paris (2003), Anthony Gauvin (1997-98) et Tchiressoua Guel (1999-2001). Pour le premier cité, ce retour en terre bretonne ne constitue nullement une sorte de préretraite. Blessé la première partie de la saison, il s’est fixé comme challenge de faire monter le FCL en Ligue 1. Il veut également faire profiter à ses coéquipiers de l’expérience engrangée en division supérieure. « C’est clair que mon statut a changé : la première fois où je suis arrivé, j’étais inconnu. Là, je reviens après avoir fait mes preuves. J’ai beaucoup de responsabilités. »

TROYES-LORIENT (3-3)
Tchiressoua Guel ouvre le score contre ses anciens coéquipiers.

Ce dimanche 18 janvier, avec 12 792 spectateurs, le stade du Moustoir connaît sa meilleure affluence de la saison.

D’entrée de jeu, les Lorientais veulent montrer à leurs adversaires que leurs neuf succès consécutifs à domicile ne sont pas le fait du hasard. Janot est mis une première fois à contribution par Koutouan. Puis Koné, le lutin virevoltant des Merlus, adresse une balle à Guel. L’ancien Stéphanois, malgré un sauvetage désespéré de Janot puis de Hernandez, inscrit son cinquième but de la saison (1-0, 22e). Le défenseur stéphanois, blessé aux adducteurs, laisse sa place à Morestin à la mi-temps.

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Tchiressoua Guel, l’ancien Stéphanois, ouvre le score pour les Merlus contre ses anciens coéquipiers.

En seconde période, l’expérience des Merlus leur permet de gérer leur avantage. A la 72e minute, Koutouan, bien servi par Joris Marveaux, slalome dans la défense stéphanoise avant de servir Koné qui, malgré une frappe dévissée, trompe Janot pour la seconde fois (2-0).

Quelques minutes plus tard, c’est au tour de Stéphane Pédron de se rappeler aux bon souvenir de ses anciens coéquipiers. En charge de l’exécution d’un coup franc excentré, le petit gaucher breton manque d’un rien de corser l’addition.

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Stéphane Pédron, autre ancien Vert, a démontré qu’il n’avait rien perdu de ses qualités.

Une fin de match houleuse

Les Stéphanois placent quelques contre-attaques mais leur réveil est beaucoup trop tardif. La fin de match se durcit et les coups pleuvent de part et d’autre. Hognon et Koné en viennent même aux mains et s’échangent quelques gifles. Après le coup de sifflet final de M. Picirillo, une bagarre générale éclate sur la pelouse. Fabrice Jau est touché à l’arcade sourcilière.

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Damien Bridonneau (dans les bras d’Antonetti) et Vincent Hognon (au second plan) sont impliqués dans les incidents qui ont émaillé la fin du match.

Frédéric Antonetti, légèrement énervé, concède : « Ce soir, on a vu la jeunesse de notre effectif. Je crois qu’on a manqué de lucidité pour négocier nos ballons favorables. Quand le public se met à siffler son équipe, c’est bien le signe que vous, visiteurs, avez la maîtrise du jeu. On a perdu ce match sur la naïveté ».

TROYES-LORIENT (3-3)
Après cette victoire, Christian Gourcuff et ses joueurs sont plus que jamais candidats à l’accession en Ligue 1.

A l’inverse, Christian Gourcuff est satisfait de la prestation de ses joueurs : « Dans la mesure où nous ne parvenons pas à enchaîner à l’extérieur, nous n’avions de toute façon pas le choix à domicile. Je pense que cette victoire, obtenue dans des conditions difficiles avec tous nos blessés, est logique ».

Les Lorientais poursuivent leur série d’invincibilité à domicile : 10 succès en 10 matches (25 buts marqués pour seulement 6 encaissés). Désormais à trois points d’Istres, le leader, les Bretons sont plus que jamais candidats à une des trois places synonymes d’accession à la Ligue 1.

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Vincent Hognon et  Damien Bridonneau, les deux Stéphanois, sont convoqués par la commission de discipline de la LFP.

Le 29 janvier, à la suite des échauffourées ayant émaillé la fin du match, et après visionnage des images, trois joueurs sont convoqués par la Commission de discipline : Hognon et Bridonneau côté stéphanois, Koné côté lorientais. Après délibération, les trois protagonistes écopent de deux matches de suspension ferme. C’est un coup dur pour l’ASSE à quelques jours de la réception de Sochaux (L1) en demi-finale de la Coupe de la Ligue. Considérant le jugement trop sévère, les deux clubs décident de faire appel. « Un jugement à la Ponce Pilate ».

Marcel Le Mentec, le président des Merlus considère cette sanction comme « un jugement à la Ponce Pilate« .

Toutefois, une question importante demeure : malgré l’appel, Hognon et Bridonneau ont-ils le droit de jouer ? L’imbroglio juridique est à son comble. Pour Christian Villanova, directeur sportif du club, l’appel est suspensif de la sanction et permettra aux deux joueurs d’être présents face à Sochaux. Mais la Ligue de football professionnel ne l’entend pas de cette oreille. Dans un communiqué, la LFP confirme la sanction et explique que l’appel ne serait suspensif que si une exécution provisoire n’était pas prononcée. Au final, c’est seulement le lundi 2 février en début de soirée que l’ASSE a été officiellement informée de l’exécution provisoire. Les deux joueurs ne pourront donc pas participer à la demi-finale de la Coupe de la Ligue contre Sochaux.

Thierry CLEMENCEAU

 

 Cuissard : un mareyeur breton à Saint-Etienne

Dimanche 9 mars à 17 heures, le FC Lorient accueille l’AS Saint-Etienne au stade du Moustoir pour le compte de la 28e journée de championnat. Aujourd’hui, je vous emmène à la rencontre de la famille Cuissard. De Caroline, la grand-mère, vendeuse de poissons aux halles de Saint-Etienne et fondatrice du FCL, à Antoine, le petit-fils, mareyeur à Lorient et joueur international à Saint-Etienne. Bonne pêche.

 

Dans la famille Cuissard, on est poissonnier de génération en génération. Jugez plutôt : Jacques Coste, le père de Caroline Cuissard, fondatrice du FC Lorient, travaillait à la mine avant de se lancer dans l’activité poissonnière. Sa fille, avant de quitter le Forez pour la Bretagne, vendait du poisson à Saint-Etienne.

Mais qui était Madame Cuissard ?

Dans les années 20, Caroline Cuissard tient un étal de poissons dans les halles de la ville de Saint-Etienne dont elle est originaire. Mais son principal fournisseur est un couple de Lorientais d’un âge avancé. N’ayant aucun repreneur pour leur activité de mareyage, ils proposent à Madame Cuissard de reprendre l’affaire. Cette dernière, à court de moyens financiers, hésite. Finalement, les mareyeurs bretons qui souhaitent ardemment la reprise de leur affaire par Madame Cuissard en qui ils ont une pleine confiance, acceptent quelques arrangements pour régler la succession.

L’affaire conclue, elle quitte Saint-Etienne et ses Halles et rejoint la cité de pêche de la côte bretonne de l’Atlantique.

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Les anciennes halles de Saint-Etienne et la colline Sainte-Barbe

Madame Cuissard : du poisson au ballon rond

A la tête de sa nouvelle activité, elle décide de fonder avec plusieurs mareyeurs de l’Estacade, en 1925, une équipe corporative de football qui a pour nom « La Marée Sportive. » L’emblème de ce nouveau club est un poisson : le grondin.

Un an plus tard, devant le succès de cette équipe corporative, Caroline Cuissard et Joseph, son fils, décident d’aller plus loin. Le club fondé un an avant passe du statut corporatif au statut amateur. Dans l’arrière-salle du café Eon, rue Carnot, à Lorient, Jean Cuissard , un cousin de la famille, signe les premiers statuts. Le 2 avril 1926, le Football Club Lorientais (FCL) est né. Le grondin laisse la place au merlu, poisson jugé plus noble s’il en est, mais aussi parce qu’il est l’un des plus vendus en Bretagne. Sa fondatrice met alors à la disposition de son club un parc, propriété qu’elle possède au coeur de la ville. Afin de réaliser quelques économies, elle donne des vieux filets de chalut en guise de filets de but.

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En bonne mère de famille, Madame Cuissard couve ses joueurs, les réunit chez elle, les invite à dîner après les matches et allant même jusqu’à leur procurer du travail dans l’entreprise familiale. Le club comprend alors 5 membres de la famille de sa fondatrice : 3 Cuissard, 1 Nioche et 1 Goujon. Au point que le FCL était surnommé le « Famille Cuissard Lorient ».

Antoine Cuissard fait ses classes à Lorient

Comme Caroline Coste, sa grand-mère paternelle, Antoine Cuissard, le petit-fils, est né à Saint-Etienne le 19 juillet 1924. Néanmoins, il quitte rapidement la région stéphanoise avec ses parents à l’âge de 2 ans pour rejoindre une partie de la famille en Bretagne.

Licencié comme pupille à l’âge de 9 ans au FC Lorient, le jeune Antoine joue dans le club familial jusqu’à l’âge de 14 ans. Footballeur élégant et rapide, il se fait très vite remarquer.

Retour à Saint-Etienne

En 1944, il repart dans sa ville natale où il aide sa famille qui tient une… poissonnerie. Il propose ses services à M. Marey, un dirigeant influent de l’ASSE, et signe sa licence dans le club de première division qui joue alors les premiers rôles dans son championnat. Il occupe le poste d’inter droit (aujourd’hui appelé milieu offensif) et devient rapidement l’un des piliers de cette équipe entraînée par Ignace Tax.

C’est au cours d’un match à Geoffroy-Guichard contre Strasbourg qu’il remplace son coéquipier Amar, blessé, au poste d’arrière central. Cela ne lui pose aucun problème puisqu’il excelle également en défense.

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L’AS Saint-Etienne 1947-48 : debout : de g. à d. : Firoud, Fernandez, A. CUISSARD, Jacquin, Calligaris, Huguet. Accroupis : de g. à d. : Lauer, Hanus, Alpsteg, Jacowsky, Rodriguez.

 Cuissard, un Vert chez les Bleus

En 1946, Tax lui confie même le rôle de demi-centre, un poste inhabituel pour lui. Cela ne perturbe nullement le joueur qui est alors qualifié d’interchangeable. Toujours est-il que ses bonnes performances ne laissent pas indifférent Gaston Barreau, le sélectionneur de l’équipe de France, qui le convoque le 6 avril pour affronter la sélection nationale de Tchécoslovaquie à Colombes. Antoine Cuissard, seul Stéphanois appelé, fait partie des quatre nouveaux « bleus » avec Grillon, Prouff et Leduc. A 21 ans et 8 mois, il est le plus jeune joueur de cette sélection.

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Première sélection en équipe de France pour Antoine Cuissard (le premier en tête) lors du France-Tchécoslovaquie à Colombes le 6 avril 1946.

Pour la première fois de son histoire, la France s’impose devant les Tchèques 3-0. Dans les buts adverses, le gardien se nomme Karl Finek, un géant d’un mètre 96 et futur coéquipier de Cuissard à Saint-Etienne. S’il ne marque pas ce jour-là, le Stéphanois est à créditer d’un match sérieux. M. Valousek, le vice-président de l’équipe tchécoslovaque, ne tarit pas d’éloges au sujet de Cuissard : « En lui, vous possédez un élément excessivement précieux (…) Il s’imposera progressivement et deviendra un grand demi-centre. » D’autres rendez-vous internationaux suivront.

Vidéo de l’INA du match France-Tchécoslovaquie (3-0) le 6 avril 1946.

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Cuissard : meilleur demi-centre français

Début juin, Saint-Etienne termine le championnat de Division 1 à une brillante deuxième place derrière Lille. Quelques jours plus tard, le quotidien L’Equipe établit le bilan de la saison et place Cuissard comme le meilleur demi-centre français.

Fin juin, Jean Snella, son coéquipier à l’ASSE, suit un stage fédéral à Reims avec comme objectif d’obtenir ses diplômes d’entraîneur.

Jean Snella fait ses premiers pas d'entraîneur au FC Lorient.
Jean Snella quitte l’AS Saint-Etienne et effectue ses premiers pas d’entraîneur au FC Lorient.

Snella et Cuissard : un duo stéphanois chez les Merlus

Le 28 juin 1946, L’Equipe annonce : « Cuissard à Lorient ». Il pourrait être accompagné de Jean Snella dont le nom a été soufflé par le petit-fils à sa grand-mère. Mais le néo-entraîneur ne veut pas s’aventurer seul dans une région et un club dont il ne connaît rien. Il s’engage donc avec les Merlus en compagnie de « Tatane ».

Ce départ du Stéphanois pour Lorient fait l’effet d’une bombe. En pleine gloire internationale, il quitte la Division 1 pour aller jouer en Division d’Honneur.

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Le 4 juillet, L’Equipe rencontre le Stéphanois ou plutôt le néo-Lorientais qui, de retour dans le Morbihan, se consacre pleinement à l’activité familiale.

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Le lendemain, Max Urbini, pour le journal L’Equipe, se déplace à Lorient pour essayer de comprendre les motivations qui ont poussé Antoine Cuissard à quitter Saint-Etienne pour rejoindre la Bretagne. Extraits :

« Je viens de démissionner de Saint-Etienne et de signer une licence au FC Lorientais. Cette décision est définitive. Je l’ai prise il y a trois semaines pour des raisons majeures. Ma grand-mère a besoin de moi pour assurer la bonne marche de notre grosse affaire de mareyage. (…) Je reviens ici, également au FC Lorientais que fondèrent en 1926 mon père et ma grand-mère. N’oubliez pas que j’étais seulement réfugié à Saint-Etienne où j’ai refusé de signer un contrat professionnel. Je devais un jour ou l’autre, revenir à Lorient. »

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Le nouveau mareyeur effectue donc la saison 1946-47 dans le Morbihan. Sous la houlette de Jean Snella, son nouvel entraîneur, il s’entraîne deux ou trois fois par semaine. Dans la Ligue de l’Ouest, il est incontestablement la vedette au point que son nom figure sur les affiches d’avant-match en gros caractères. A ses débuts à Lorient, il occupe le poste d’arrière central avant de retrouver un poste d’inter droit plus conforme à ses aspirations. A 22 ans, s’il renonce momentanément au professionnalisme, il espère continuer à jouer pour le maillot frappé du coq.

Le 17 mars 1947, Gaston Barreau communique sa sélection pour affronter le Portugal dix jours plus tard à Colombes. Le lendemain, L’Equipe annonce au Lorientais sa sélection.

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Le demi-droit déclare sitôt l’annonce de la bonne nouvelle : « Je n’y croyais plus guère à cette sélection. (…) J’espère justifier ma sélection contre le Portugal. En tout cas, je ne quitterai le terrain qu’après avoir donné le meilleur de moi-même et je ne serai content que si je n’ai plus la force de délasser mes chaussures après la rencontre… et après la victoire. »

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Antoine Cuissard (le deuxième en partant de la gauche) malgré son statut d’amateur, continue de garder la confiance de Gaston Barreau, le sélectionneur français.

Un p’tit tour au Moustoir et puis s’en va…

Alors qu’Antoine Cuissard dit « Tatane » (surnom donné par un cousin) réalise une très belle saison à Lorient, au printemps, la presse stéphanoise annonce le retour de l’enfant prodigue.

Au terme de sa saison bretonne, comme il l’avait plus ou moins annoncé en quittant Saint-Etienne, il revient dans le Forez, avec pour principal objectif de disputer la prochaine Coupe du monde. Il confie dans l’édition du quotidien L’Equipe du 20 juin 1947 : « Si je retourne en équipe pro, ce ne peut être qu’à Saint-Etienne. Ceci pour plusieurs raisons. Je vais là-bas pour installer et développer une affaire de marée que ma grand-mère a l’intention de monter. (…) La Coupe du monde approche. Il faut y songer« .

La signature de l’international à Saint-Etienne est effective aux alentours du 20 juillet. A Vannes, il paraphe un contrat professionnel de cinq ans moyennant la coquette somme de 5 millions de francs et par-là même abandonne donc son statut d’amateur.

FranceFootball daté du 7 août 1947 lui consacre sa Une :

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De retour à Saint-Etienne, il n’occupe pas le poste d’arrière central comme avant son départ mais bien celui de demi-droit, dans un rôle plus ou moins de finisseur.

Footballeur professionnel oui, mais il n’oublie pas de temps à autres, d’aller donner un coup de mains à son oncle qui tient dans la halle de la ville un magasin dont l’enseigne s’appelle « Maison Cuissard. »

René Alpsteg, arrivé dans le Forez la même année que son grand ami, le prend même comme modèle. Il faut dire que Cuissard prend une part importante dans le jeu de son équipe. Il n’oublie cependant pas Lorient où il passe tous ses étés.

Au printemps 1949, un autre rejeton de la famille pointe le bout de son nez : il s’appelle Nioche, il a 15 ans et vient de s’imposer aux éliminatoires de la Loire du Concours du Jeune Footballeur. Son père, oncle de Tatane, était l’un des meilleurs avant-centres de Lorient.

Christiane Cuissard, plus populaire que son père ?

Mais à Saint-Etienne, c’est une demoiselle de deux ans qui est en passe de voler la vedette à son international de père : Christiane, la fille d’Antoine. Chaque match à domicile de l’ASSE, elle procède au tirage de la tombola réservée aux acheteurs du programme édité par l’Amicale des Supporters stéphanois, ce qui la rend très populaire auprès du public de Geoffroy-Guichard.

A la fin de cette saison 1949-50, l’AS Saint-Etienne termine à la 11e place de Division1. Cuissard, plutôt efficace les saisons précédentes, évolue à un poste plus reculé et par conséquent, n’inscrit qu’un seul petit but.

Antoine Cuissard
Antoine Cuissard n’inscrit qu’un seul but en 1949-50. Une statistique peu conforme pour celui qui a pour habitude d’inscrire une dizaine de buts par saison.

Sélectionné à plusieurs reprises en équipe de France, il ne connaît pas les joies de la phase finale de la Coupe du monde puisque les Bleus sont éliminés dès les éliminatoires.

En juillet 1950, le club attend de la municipalité stéphanoise qu’elle lui octroie une subvention de 3 millions de francs en plus d’un prêt de 7 autres millions. Demande qui lui est refusée. Furieux, les dirigeants placent l’ensemble de l’effectif sur la liste des transferts.

Les vacances de Monsieur Cuissard

« Tatane » repart en Bretagne pour y passer ses vacances, et bien que toujours stéphanois, malgré les sollicitations de Sochaux qui souhaiterait s’assurer ses services, il décide de prolonger son séjour dans le Morbihan. Ce qui n’est guère du goût de Pierre Guichard, qui a repris les rênes du club.

Antoine Cuissard prolonge ses vacances à Lorient.
Antoine Cuissard prolonge ses vacances à Lorient.

Snella rentre au bercail

Mi-août, tous les joueurs sont sur le pont. Mais un changement majeur s’opère au sein du club stéphanois. Tax n’est plus l’entraîneur des Verts. Il est remplacé par un certain… Jean Snella de retour de Lorient où il avait fait ses premières armes d’entraîneur.

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Jean Snella, l’homme fort de Saint-Etienne, au côté d’Albert Batteux dans la tribune de Geoffroy-Guichard.

La saison 1951-52 ne lui est guère favorable. « Tatane » connaît quelques problèmes de santé qui l’éloignent des terrains. Il ne dispute qu’onze matches. Il porte le maillot de l’ASSE une dernière fois le 17 février contre Sochaux (4-1), achevant ainsi sa carrière stéphanoise.

Antoine Cuissard dispute son dernier match contre Sochaux le 17 février 1952.
Antoine Cuissard dispute son dernier match contre Sochaux le 17 février 1952.

L’ASSE termine 9e du championnat. C’est alors qu’Antoine Cuissard émet à ses dirigeants des envies d’ailleurs. Comme en 1950, la municipalité stéphanoise ne verse aucune subvention au club phare de la ville, alors que le club, a besoin de liquidités pour renforcer sa ligne d’attaque peu performante la saison écoulée. Pour cela, ils songent à un échange Cuissard-Bengtsson avec Nice. Une proposition qui ne laisse pas insensible le club de la Côte d’Azur qui proposent au club forézien la somme de 6,5 millions de francs. Un chiffre jugé insuffisant les dirigeants stéphanois.

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Antoine Cuissard, comme à son habitude, part en vacances à Lorient. Mais fin juillet, une rumeur ne l’envoie plus à Nice, mais dans un autre club de la Côte d’Azur : Cannes. Mais comme en 1950, le Breton prolonge ses vacances au bord de l’océan Atlantique.

L’Equipe du 29 juillet annonce son transfert à l’AS Cannes, club de seconde division, où il souhaite jouer au football mais aussi ouvrir… une poissonnerie.

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Finalement, dans son édition du 13 août 1952, L’Equipe annonce qu’un accord est conclu entre les deux clubs pour le transfert définitif d’Antoine Cuissard moyennant la somme de 8,5 millions de francs.

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Mariage d’amour pour l’enfant du pays

Après plusieurs saisons à Nice (1953-55) où il remporte la Coupe de France contre l’OM en 1954, soit le seul trophée de sa carrière. Il termine sa carrière à Rennes où il joue jusqu’en 1959. Après l’Îlle-et-Vilaine, il regagne le Morbihan et Lorient, cette fois en qualité d’entraîneur en 1959-60.

A la bleu Méditerranée, Antoine Cuissard a toujours préféré l’océan Atlantique de ses parents et de ses grands-parents.

Lorient s’ouvre au professionnalisme et confie son équipe à un jeune entraîneur qui connaît parfaitement la maison. La boucle est ainsi bouclée.

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Antoine Cuissard, au milieu de ses joueurs, revient à Lorient en 1959 pour entraîner les Merlus et faire progresser le club.

Antoine Cuissard quitte le football

Le 12 mai 1960, le quotidien L’Equipe annonce :

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Pour conclure ce récit d’un joueur dont les allers et retours entre Lorient et Saint-Etienne ont ponctué une grande partie de sa jeunesse, une dernière anecdote racontée par ce personnage aussi attachant qu’imprévisible : « Ma grand-mère avait aussi un magasin à Saint-Etienne que j’ai d’ailleurs tenu un moment, et de temps en temps, elle disait à ses fils, donc mes oncles : « Il faut absolument que j’aille voir comment marche mon magasin de Saint-Etienne. » Et elle partait les laissant là. A vrai dire, elle venait à Saint-Etienne parce qu’elle savait qu’il y avait ce-jour-là un match intéressant ».

Passion quand tu nous tiens…

Thierry CLEMENCEAU

 

 Sa fiche signalétique

Antoine Cuissard, né le 19 juillet 1924 à Saint-Etienne.

Clubs successifs : Saint-Etienne, Nice, Rennes comme joueur ; Rennes, Lorient, AC Ajaccio, Vevey (Suisse), Rennes comme entraîneur.

Il achève sa carrière en 1978.

Postes : arrière central, demi-centre ou avant-centre.

Palmarès : vainqueur de la Coupe de France avec Nice en 1954.

Sélections : 27 dont 1 en tant que capitaine.

Le 3 novembre 1997, quelques jours après Roger Marche, un autre grand international, Antoine Cuissard décède à Saint-Brieuc.

La Ville de Saint-Etienne lui a rendu hommage : tout près du stade Geoffroy-Guichard, une rue porte le nom d’Antoine Cuissard.

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Pour l’anecdote : la famille Cuissard possède une particularité : trois joueurs descendants de Madame Caroline Cuissard ont évolué en équipe de France. Ses petits-fils, Antoine Cuissard (27 sélections) et Yvon Goujon (11) et son arrière petit-fils, Yannick Stopyra (33) ont porté le maillot frappé du coq.

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France : capitale Saint-Etienne

Samedi 11 octobre 2014, la France s’est imposée 2-1 devant le Portugal au Stade de France. Cette trêve internationale est l’occasion de revenir sur une rencontre entre l’équipe de France version « stéphanoise » et le Bayern Munich disputée au stade Geoffroy-Guichard le 27 août 1968. Bonne lecture.

 

Aimé Jacquet avec Georges Bereta (à gauche)
Aimé Jacquet et Georges Bereta (à gauche), deux Stéphanois susceptibles de composer l’ossature des Bleus.

Le jeudi 15 août 1968 à Vichy, l’AS Saint-Etienne s’impose devant la Roumanie par 3 buts à 2. Louis Dugauguez, le sélectionneur national, a effectué le déplacement dans l’Allier pour superviser les hommes d’Albert Batteux. « Je me suis déplacé surtout pour reprendre contact avec les joueurs« , déclare-t-il. Il peut constater la grande forme d’Hervé Revelli. L’attaquant stéphanois plaît beaucoup à l’ancien entraîneur des Juniors et des Espoirs français.

Le 27 août, l’équipe de France doit rencontrer le Bayern Munich au stade Geoffroy-Guichard en amical. Le vainqueur de la Coupe des vainqueurs de Coupe 1967 semble être le sparring-partner idéal pour les Tricolores.  Cette rencontre lance la saison internationale des Bleus qui, un mois plus tard, seront confrontés à l’Allemagne de l’Ouest, toujours en amical, à Marseille. Cette double confrontation franco-allemande doit leur servir à se préparer pour les futurs matches éliminatoires de la Coupe du monde 70 organisée par le Mexique.

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Louis Dugauguez (au premier plan) avec Robert Herbin en costume-cravate.

Duguaugez joue la carte stéphanoise

Pour bâtir son équipe, Dugauguez a l’intention de s’appuyer sur les Verts de Saint-Etienne qui ont remporté trois titres sur quatre possibles au niveau national en deux ans : deux titres de champions de France et une Coupe de France.  Le 22 août, il confirme son choix avec sept Stéphanois sur les quinze joueurs retenus. On trouve parmi eux cinq titulaires (Bosquier, Herbin, Jacquet, Revelli et Bereta) et deux remplaçants (Carnus et Mitoraj).

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L’Equipe du 23 août 1968

L’idée de former l’ossature de sa sélection avec des joueurs d’une même équipe, en l’occurrence des Stéphanois, n’est pas récente. Le 24 avril 1968 déjà, avant un Yougoslavie-France (5-1), il souhaitait incorporer à haute dose les joueurs d’Albert Batteux avant finalement de se raviser. La prestation de ces derniers contre Angoulême en Coupe de France au Parc des Princes 1-1, le 17 avril 1968 ; match rejoué le 1er mai : 2-1) n’avait pas été à la hauteur des espérances du sélectionneur. Djorkaeff avait alors été préféré à Jacquet et Guy à Revelli. Cette fois, il est allé au bout de son idée.

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Saint-Etienne 1968-69 : l’ossature de l’équipe de France avec cinq titulaires (médaillon rond) : Jacquet, Bosquier, Herbin, Revelli, Bereta et deux réservistes (médaillon carré) : Mitoraj et Carnus. Photo : L’Equipe.

Rouen et Sochaux les précurseurs

Ce n’est pas la première fois qu’un entraîneur tente une telle expérience. Avant-guerre, Gaston Barreau a composé des sélections dites « rouennaises » ou « sochaliennes » (1937). Le 26 mai 1945, les Bleus avaient arraché un valeureux match nul à Wembley contre les Anglais (2-2) avec six joueurs du RC Paris. A l’époque du grand Reims de 1954 à 1959, sept joueurs champenois avaient été appelés à plusieurs reprises par les tandem Gaston Barreau-Jean Rigal et Paul Nicolas-Albert Batteux. Enfin, en 1967, Just Fontaine, l’éphémère sélectionneur des Bleus, a tenté, lui aussi, de s’appuyer sur une sélection formée de joueurs du FC Nantes pour composer sa sélection.

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Aujourd’hui, Louis Dugauguez veut tenter l’expérience stéphanoise dont la maturité et l’équilibre tactique lui inspirent confiance et sûreté pour l’avenir. Il ne veut pas se « louper » car il sait très bien qu’une contre-performance contre une équipe étrangère de club sera interprétée comme un échec.

Aimé Jacquet, l’enfant chéri stéphanois, est appelé pour la première fois en équipe nationale pour disputer ce match d’entraînement.

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FranceFootball du 27 août 1968

La sérénité d’Albert Batteux

Pour le club présidé par Roger Rocher, compter nombre d’internationaux dans ses rangs est un signe de reconnaissance. Mais cela comporte aussi quelques inconvénients, à commencer par la répétition des matches et la fatigue engendrée. Les Verts vont devoir batailler sur tous les fronts : Championnat, Coupe de France et surtout Coupe des clubs Champions. Cette succession de matches n’inquiète pourtant pas Albert Batteux qui a déjà connu pareille situation par le passé : « J’ai connu le même problème avec Reims. Et nous ne nous en sommes pas mal tirés à l’époque. »

Fin août, à Saint-Etienne comme dans beaucoup de grandes villes françaises, ses habitants sont encore en vacances. Malgré cette période estivale, le petit monde du football français a les yeux tournés vers la capitale du cycle.

Un rassemblement en deux temps

Contrairement à un rassemblement classique où tous les joueurs sont réunis au même endroit, les sept Stéphanois retenus par Dugauguez, continuent de s’entraîner sous les ordres d’Albert Batteux à Saint-Etienne. Les huit « non Stéphanois » (Aubour, Djorkaeff, Quittet, Baeza, Loubet, Szepaniak, Hausser et Di Nallo), après une première prise de contacts à la gare de Lyon-Perrache, préparent ce rendez-vous à Lyon. Marcel Aubour a dû écourter son séjour à Besenfeld, dans la Forêt Noire, où il était en stage avec son club de l’OGC Nice et est arrivé le premier.

Les Bleus à La Poularde

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De g. à d. : Pierre Garonnaire, Albert Batteux et Lucien Dugauguez.

Le lundi, veille du match, la jonction entre les deux groupes s’effectue à l’Hôtellerie de La Poularde à Montrond-les-Bains, située à 25 kilomètres de Saint-Etienne. Dugauguez profite de ce lieu paisible pour essayer de convaincre Albert Batteux de le seconder dans sa tâche. Il souhaite constituer un tandem à l’image de celui que ce dernier formait avec Paul Nicolas en 1958. Un entretien est improvisé entre Rocher, Sadoul, Dugauguez, Boulogne et Batteux. Aucune décision n’est prise, les Stéphanois s’accordent quelques jours de réflexion.

Le Bayern Munich au Grand Hôtel

Les joueurs du Bayern Munich, quant à eux, arrivent le lundi tard dans la soirée. Après un vol Munich-Genève, ils ont parcouru les 250 kilomètres qui relient Genève à Saint-Etienne en autocar. Ils établissent leurs quartiers en plein centre-ville de Saint-Etienne et logent au Grand Hôtel. Contrairement aux joueurs français qui n’ont pas encore débuté le Championnat, les Allemands, arrivent déjà avec une victoire dans le derby munichois contre Munich 1860 (3-0).

Beckenbauer s’improvise gardien de but

Le matin du match, l’état-major bavarois, malgré la fatigue du voyage, part en reconnaissance au stade Geoffroy-Guichard. Keita et ses coéquipiers non sélectionnés qui disputaient un petit match d’entraînement, laissent alors le champ libre aux Allemands. A la surprise des joueurs stéphanois, spectateurs attentifs, ce n’est pas Sepp Maier qui enfile les gants mais … Franz Beckenbauer. Ce dernier régale alors l’assistance présente, ce qui fait dire à l’habituel gardien titulaire du Bayern : « Nous voilà rassurés ; l’équipe d’Allemagne vient de découvrir à Saint-Etienne le gardien qui lui manquait depuis longtemps « . Durkovic en profite, de son côté, pour converser avec Branko Zebec, l’entraîneur du Bayern. Les deux compatriotes se connaissent bien et s’apprécient. L’ex-international yougoslave (65 sélections dont 4 contre la France) et le défenseur des Verts ont été partenaires à l’Etoile Rouge de Belgrade.

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Claude Abbes en lever de rideau

Comme à l’habitude, un lever de rideau est programmé. Sous les yeux des internationaux français arrivés au stade Geoffroy-Guichard à 18 h 30, l’AS Saint-Etienne rencontre l’équipe de Montélimar. Durant une demi-heure, les spectateurs stéphanois peuvent revoir Claude Abbes. Bien qu’ayant mis un terme à sa carrière en 1967, l’ancien gardien international des Verts a accepté de remettre les gants pour garder les buts de Montélimar le temps d’un match.

FF 20 MAI 1958

Près de 20 000 spectateurs dans un stade en chantier

La venue de l’équipe de France a déplacé 19 597 spectateurs dans un stade en quête d’une seconde jeunesse. La nouvelle tribune Henri Point, qui pourra accueillir 7 000 personnes, n’est pas encore ouverte au public.

Le coup d’envoi est donné par M. Eyroulet, l’arbitre de la rencontre. Dès la 8e minute, Hervé Revelli, l’homme en forme de ce début de saison, manque d’un rien d’ouvrir le score. Sur un coup franc de Bosquier, il reprend de la tête un ballon qui frôle les poteaux de Sepp Maier. Les Français, moins en jambes que leurs adversaires, tentent de combler ce handicap par une envie de bien faire manifeste.

FRANCE
Hervé Revelli, l’attaquant stéphanois est déjà très affûté en ce début de saison.

Hervé Revelli répond à Gerd Muller

A la 23e minute, à la suite d’un corner concédé par Bosquier, Muller place une tête décroisée qui ne laisse aucune chance à Aubour (0-1). Ce but n’entame pas la belle détermination des Tricolores : sur un coup de pied arrêté de Loubet, Szepaniak égalise de la tête pour les Bleus (1-1, 34e). Trois minutes plus tard, Herbin, à la lutte avec un défenseur munichois, s’écroule dans la surface allemande. L’homme en noir accorde généreusement un penalty aux Français. Hervé Revelli, chargé de la sentence, le frappe mais Maier détourne magistralement en corner.

A la pause, Carnus, Mitoraj et Di Nallo font leur apparition sur le terrain.

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A la mi-temps, Georges Carnus remplace Marcel Aubour.

Les Français victimes de la chaleur

Herbin et Revelli, très actifs à leur poste respectif, se démènent comme de beaux diables pour tenter de forcer la décision. Sur un tir de l’avant-centre stéphanois, Maier voit le ballon effleurer son poteau gauche. Le manque de compétition et la chaleur étouffante commencent à se faire sentir côté français. La partie, très alerte jusque-là, baisse en intensité.

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Sepp Maier, meilleur joueur bavarois à Geoffroy-Guichard.

Les Allemands tentent alors d’en profiter. Franz Beckenbauer réalise une belle percée et élimine plusieurs Bleus mais trouve Carnus sur son chemin. C’est au tour de Gerd Muller de mener un raid solitaire qui connaît le même sort. Le gardien stéphanois veille au grain. Les Tricolores ont même l’occasion de forcer la décision à la 83e minute. Sur une attaque rondement orchestrée par Szepaniak, Herbin sert idéalement le petit Lyonnais Di Nallo mais ce dernier enlève trop sa frappe. On en reste là.

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L’Equipe du 28 août 1968

Pour sa première sortie internationale, la sélection de Louis Dugauguez a livré un bon match d’entraînement. Aimé Jacquet, quant à lui, a effectué une prestation très sobre et efficace au milieu de terrain. Travailleur inlassable, la justesse de ses passes et sa disponibilité ont plu à Louis Dugauguez. Il devra encore attendre un petit mois pour connaître sa première sélection.

FRANCE-BAYERN MUNICH
Aimé Jacquet (à droite) assis à côté de Baeza (au centre) et Bereta (à gauche) a réussi ses grands débuts avec l’équipe de France contre le Bayern Munich.

Herbin : « Six Stéphanois, c’est la sécurité « 

Robert Herbin, dans Le Miroir des Sports du 18 septembre 1968, confie à Pierre Lagoutte : « Pour ma part, je considère qu’une ossature stéphanoise, c’est-à-dire six joueurs de mon club en équipe de France, c’est la sécurité. Avec une telle formule, nous ne serons pas toujours les meilleurs, mais je suis non moins certain qu’il ne pourra pas y avoir de catastrophe. Voyez-vous, je connais par cœur la façon de se comporter de Bosquier, de Mitoraj, de Jacquet et des autres. Quand l’un amorce une action les autres savent, automatiquement, comment ils doivent se placer« .

Tout n’a pas été parfait, loin de là, mais les promesses entrevues au stade Geoffroy-Guichard ont quelque peu rassuré le sélectionneur. A un mois de recevoir l’Allemagne au stade Vélodrome à Marseille, puis l’Espagne à Lyon le 17 octobre, l’expérience « stéphanoise » n’a pas déçu.

Thierry Clemenceau

France-Bayern Munich : 1-1. Buts.- Bayern Munich : Muller (23e) ; France : Szepaniak (34e).
FRANCE : Aubour – Djorkaeff, Quittet, Bosquier, Baeza – Jacquet, Herbin – Loubet, Revelli, Szepaniak, Bereta.
BAYERN MUNICH : Maier – Kupferschmidt, Beckenbauer, Schwarzenbeck, Pumm – Olk, Schmidt – Ohlhauser, Muller, Starek, Brenninger.

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La passion des Verts ne se dément jamais. Pour le mois de septembre, vous avez été plus de 50 200 à visiter mon blog. Je tenais à travers cette page, à vous remercier vivement pour l’intérêt que vous portez à ces pages toujours plus riches pour relater la grande histoire des Verts.

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Déjà plus de 54 000 visiteurs au Musée des Verts en neuf mois.

Saint-Etienne-Toulouse : En 1937 déjà…

Dimanche, l’AS Saint-Etienne reçoit Toulouse à 14 heures au stade Geoffroy-Guichard. Trois jours après leur match nul en Ligue Europa contre Dnipropetrovsk (0-0), les coéquipiers de Loïc Perrin retrouvent la Ligue 1. En 1937, l’ASSE accueillait pour la première fois le club haut-garonnais. Retour sur ce match d’avant-guerre. En 1992, contre Toulouse, Maurice Bouquet a inscrit l’un des plus beaux buts de sa carrière. Bonne lecture.

 

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Photo : Nos Sports.

Le dimanche 3 octobre 1937, l’AS Saint-Etienne reçoit le Toulouse FC pour le dernier match de la phase aller de la poule Sud de la Deuxième Division. Après sa victoire à Montpellier (3-1), club contre lequel les joueurs de la Cité Rose s’étaient lourdement inclinés 5-0, les Stéphanois partagent la première place avec Nice.

Pasquini, le grand absent

L’ossature de cet outsider toulousain, dirigé par M. Cazal, est composée d’anciens « Dauphins » sétois parmi lesquels on peut citer Blanco, Camarata, Sintès, Monsallier, Stévanovitch et Chalvidan.

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L’Auto du 3 octobre 1937

M. Vago, l’entraîneur stéphanois, a fait le choix de Guillard au détriment de Favier pour garder les buts. En revanche, il doit se passer de son attaquant Pasquini, alors que Beck, est légèrement grippé. Le jeune Varraud, grand espoir et pur produit stéphanois, fait ses grands débuts en Vert.

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André Guillard, le gardien stéphanois. Photo : Nos Sports.

Charbit en lever de rideau

En ce dimanche d’automne, près de 6 000 spectateurs se sont déplacés au stade Geoffroy-Guichard laissant la somme de 37 246 francs aux guichets. En lever de rideau, la réserve stéphanoise était opposée à l’équipe de Côte Chaude, un quartier situé à l’ouest de Saint-Etienne. C’est l’occasion de retrouver Max Charbit, le demi stéphanois, qui après avoir été en conflit avec ses dirigeants, a signé une nouvelle licence avec l’ASSE.

Les Verts frappent d’entrée contre le TFC

D’entrée, les coéquipiers de Rolhion prennent le jeu à leur compte. Dès la 5e minute, Roux, l’attaquant des Verts, bien servi par Hermann, trompe son homonyme méridional (1-0). Il inscrit par la même occasion, son premier but sous le maillot vert. Les Stéphanois usent et redoublent de passes courtes qui gênent considérablement les Toulousains. Hermann, le demi-centre autrichien des Verts, élimine deux adversaires et loge le ballon sous la barre de Roux qui ne peut que constater les dégâts. Après une demi-heure de jeu, les hommes de Vago mènent déjà 2 à 0.

Quelques minutes plus tard, Roux, à la lutte avec Laurent, s’écroule au grand dam du défenseur toulousain. M. Vézolles, l’arbitre de la rencontre, siffle un coup franc en faveur du premier buteur de la soirée. Biéchert l’exécute pour Beck, plutôt discret jusqu’alors. D’une belle tête, il inscrit le troisième but des Verts. La mi-temps survient sur le score logique de 3 à 0.

Tax inscrit son 30e but avec Saint-Etienne

A la reprise, le scénario ne varie pas, les Verts enfoncent définitivement leurs hôtes par Beck qui réalise un doublé. Tax alourdit un peu plus l’addition en reprenant de la tête un centre de Roux (5-0). Il porte ainsi son total de buts sous le maillot stéphanois à 30.

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L’Auto du 4 octobre 1937

Les Verts seuls leaders

Sans un hors-jeu contestable du jeune Varraud, Roux aurait même pu inscrire son deuxième but de la soirée. Avec cette victoire, Saint-Etienne s’empare seul de la première place avec 9 points devant Alès et Nice (7).

Beck : premier Stéphanois titulaire en équipe de France

Le lendemain, Gaston Barreau, le directeur de l’équipe de France, dévoile l’équipe qui sera amenée à jouer contre les Suisses. A cette occasion, il a décidé d’abandonner la tactique du W.M. Yvan Beck sera confiné dans un rôle de relayeur au poste d’inter-droit. C’est la première fois que l’AS Saint-Etienne aura un joueur titulaire en équipe de France. Charbit avait failli connaître cette joie mais il était resté sur le banc. Beck retrouve les Tricolores deux ans après les avoir quittés. Il évoluait alors à Sète. Il s’agit d’une belle récompense pour ce joueur qui évolue en Deuxième Division.

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L’Auto du 5 octobre 1937

 

♦ Le coin des anecdotes ♦

 

Le chef d’œuvre de Bouquet

Le 22 août 1992, Saint-Etienne reçoit Toulouse en Division 1. Maurice Bouquet s’échauffe longuement derrière les buts de Joseph-Antoine Bell. Le public du stade Geoffroy-Guichard, qui l’apprécie énormément, scande son nom et souhaite le voir sur le terrain. A 21 minutes de la fin, Jacques Santini, l’entraîneur stéphanois, décide de remplacer Moravcik, fatigué, par Bouquet. Dans la minute qui suit, il s’illustre déjà en lançant Molnar qui obtient un corner. Sur celui-ci, la défense toulousaine renvoie le ballon sur Gérald Passi qui sert « Momo » à 30 mètres. Le remplaçant de Lubo ne se pose pas de questions et envoie un bolide qui ricoche sur l’arête intérieure droite des buts gardés par Pédemas. Les Verts s’imposent 3-2.

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Premier but en Division 1 pour Aimé Jacquet

Le 28 mai 1961, Saint-Etienne s’impose 1-0 devant Toulouse au stade Geoffroy-Guichard. A la 78e minute, Roussel, le gardien toulousain, hésite à quitter sa ligne de but pour se porter au devant d’une balle haute expédiée par Ferrier, en position de demi-gauche. Quand il se décide à y aller, il se heurte à Aimé Jacquet, en position d’avant-centre. Le gardien toulousain relâche le ballon qui file doucement derrière sa ligne. Jacquet inscrit alors son premier but avec l’équipe professionnelle stéphanoise.

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Aimé Jacquet, inscrit son premier but en Vert contre Toulouse. Il permet à Saint-Etienne de s’imposer 1-0.

 

Le chiffre : 1

Le 2 avril 1997, l’AS Saint-Etienne a perdu l’un de ses présidents historiques : Roger Rocher. Le samedi 5 avril, les Verts ne peuvent faire mieux qu’un match nul (1-1) face au Toulouse FC. Avant la rencontre, les quelques 10 000 supporters stéphanois présents au stade Geoffroy-Guichard sont invités à rendre un dernier hommage à l’homme à la pipe et honorer par une minute de silence celui qui a contribué à la gloire du club. « Merci pour votre passion des Verts » peut-on lire sur l’une des banderoles qui fleurissent dans les tribunes.

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Roger Rocher, l’homme de plusieurs décennies glorieuses des Verts.

 

La photo

Patrice Lestage

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Patrice Lestage à joué à l’AS Saint-Etienne de 1977  à 1983. Après deux ans passés à Tours sous les ordres de Guy Briet, il rejoint le Toulouse Football Club où il reste six saisons (1985-1991).

 

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