Saint-Etienne-Monaco : histoires princières

Samedi à 17 heures, l’ASSE accueille Monaco pour le compte de la 27e journée de Ligue 1. Cette semaine, je vous propose de revivre la première rencontre à Geoffroy-Guichard en 1934. En 1969, les hommes d’Albert Batteux s’octroient un troisième titre consécutif, ce qui constitue une première en France. Bernard Gardon, champion de France avec Nantes et Monaco, remporte un troisième titre avec les Verts alors que Patrick Battiston, ancien joueur de l’ASSE et de l’ASM, dès qu’il signe dans un club, remporte immédiatement le titre. Enfin, après 26 longues années d’attente, les Verts de Laurent Roussey, en s’imposant 4-0 contre l’ASM en 2008, retrouvent l’Europe. Bonne lecture.

 

Une victoire synonyme d’espoirs

8 avril 1934. Saint-Etienne-Monaco : 4-2.
Ce 8 avril 1934, Saint-Etienne et Monaco se rencontrent pour la première fois de leur histoire à Geoffroy-Guichard. Le vainqueur de cette quatorzième et dernière journée du championnat de deuxième division du groupe Sud doit permettre à son vainqueur de disputer la poule d’accession à la première division. Albert Locke, l’entraîneur de Saint-Etienne, est privé des services de Stevanovitch et Veyssade. Le Britannique Rivers, demi-centre, remplace Pollard en défense. Le club dirigé par Pierre Guichard ne peut se contenter d’un match nul, troisième derrière son hôte du jour au goal-average, seule la victoire sera belle. Environ 1 500 spectateurs se sont déplacés pour ce match au sommet.

Chavildan, auteur d'un doublé contre Monaco.
Chalvidan, auteur d’un doublé contre Monaco.

Saint-Etienne impose rapidement sa loi en inscrivant le premier but par Locke sur un centre de Champier après huit minutes de jeu. Monaco égalise par son ailier droit Salvetti dans le but vide. Les deux équipes regagnent les vestiaires à la pause sur ce score de parité. A la reprise, sur un nouveau centre de Champier, Locke inscrit de la tête son second but de la journée. Chalvidan, l’attaquant stéphanois, inscrit deux autres buts pour asseoir définitivement la victoire des siens. A deux minutes de la fin, Monaco réduit le score par Szentmiklossy. Au terme de cette saison, aucun club n’a glané le moindre point à Geoffroy-Guichard. Saint-Etienne accède aux barrages contre les deux clubs du Nord-Est Strasbourg et Mulhouse. Deux défaites et deux matches nuls privent l’ASSE de l’accession à la première division. Qu’importe, pour leur première saison à ce niveau, l’ASSE a fait bonne figure.

Buts.- Saint-Etienne : Locke (2), Chalvidan (2); Monaco : Bella, Szentmiklossy.
Saint-Etienne : Henric – Boutet, Rivers – Mogliezzi, Szeman, Biechert – Champier, Kurtz, Locke, Chalvidan, Hartmann. Entr.: Locke.
Monaco : Lorenzi – Biancheri, Sclavi – Taro, Szanislo, Miglioretti – Salvetti, Champourney – Szentmiklossy, Moselli, Cazal. Entr.: Szanislo et Szentmiklossy.

 

Une première en France

7 juin 1969. Saint-Etienne-Monaco : 1-1.
Pour l’avant-dernière journée du championnat, l’AS Saint-Etienne, le leader, reçoit Monaco… l’avant-dernier de Division 1. Il manque un petit point aux hommes d’Albert Batteux pour réaliser une première en France : s’octroyer pour la troisième fois consécutive le titre de champion de France.
Ce match revêt donc des airs de grande finale du championnat. L’Equipe ne s’y trompe pas en titrant dans son édition du 7 juin :

CELTIC

L’entraîneur stéphanois aligne, à une exception près (Polny à la place de Camérini), la même équipe qui s’était imposée devant le Celtic (2-0) en début de saison en Coupe des Champions (2-0). Doit-on y voir un signe?
Ce Saint-Etienne-Monaco, dernier match officiel des Verts à Geoffroy-Guichard, ne restera pas dans les annales sur le plan sportif. Malgré le mauvais temps, 10 369 spectateurs ont fait le déplacement à Geoffroy-Guichard.

Robert Herbin
Robert Herbin participe pleinement au troisième succès consécutif en Division 1 des Stéphanois.

Les Stéphanois font le plus dur en ouvrant le score par Aimé Jacquet (41e), en position de hors jeu. Le but est pourtant validé. Mais Rostagni, des vingt mètres, rétablit la parité en ajustant Carnus pour l’égalisation (60e). Les deux équipes en restent là. Le match nul des Girondins de Bordeaux à Ajaccio (1-1) sacre les Verts à une journée de la fin. Déçus de leur prestation, les joueurs n’effectuent pas de tour d’honneur.

Dans son édition du 9 juin, on peut lire en Une de L’Equipe :

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Ce troisième titre consécutif est aussi le cinquième de l’équipe stéphanoise, le quatrième de Robert Herbin et le huitième d’Albert Batteux (six avec Reims dont le premier acquis en 1949 comme joueur).

Buts.- Saint-Etienne : Jacquet (41e) ; Monaco : Rostagni (60e).
Saint-Etienne : Carnus – Durkovic, Mitoraj, Bosquier, Polny – Herbin, Jacquet – Fefeu (Camerini, 77e), Revelli, Keita, Bereta. Entr.: Batteux.
Monaco : Carayon – Blanc (Socoia, 77e), Forcherio, Rostagni, Maccio – Mosca, Casolari – Simian (Blanc, Hauscknecht, Buffat, Dell’oste. Entr.: Pironi.

 

Gardon, la bonne pêche stéphanoise

Mai 1980. Bernard Gardon est à l’AS Monaco depuis trois saisons. Le club entraîné par Gérard Banide termine le championnat à la quatrième place. Alors que des joueurs comme Dalger, Emon, Christophe ou Courbis, voire Moizan, Milla et Chaussin, envisagent de poursuivre leur carrière sous d’autres cieux, Onnis tout comme Gardon, attendent les propositions du club avec lequel ils ont été champions de France en 1978.

L'AS Monaco championne de France 1978.
L’AS Monaco championne de France 1978. Debout de g. à d. : Ettori, Gardon, Correa, Courbis, Vitalis, Moizan. Accroupis de g. à d. : Petit, Dalger, Onnis, Nogues et Chaussin.

Du côté de Saint-Etienne, on s’active sur le marché des transferts. Si l’année précédente, des joueurs à caractère offensif tels que Platini et Rep avaient été engagés, le club souhaite, pour la prochaine saison, renforcer une défense qui a connu de grosses difficultés avec 50 buts encaissés dont 21 à Geoffroy-Guichard. Beaucoup trop pour un prétendant au titre.

Pour stabiliser cette défense défaillante, Patrick Battiston, le libéro messin, a donné son accord aux Verts pour trois ans.

Mais il ne sera pas le seul international à signer dans le club du président Rocher. En effet, Bernard Gardon, las d’attendre un signe de ses dirigeants, rejoint à son tour les Verts pour deux années. A 29 ans, ce stoppeur de métier, formé au Stade Clermontois, a une belle carte de visite : champion de France avec le FC Nantes en 1973, il en obtient un second avec l’AS Monaco en 1978, un an après l’accession du club de la Principauté en Division 1. Dans FranceFootball du 17 août 1980, Pierre Garonnaire ne tarit pas d’éloges au sujet de ses nouvelles recrues : « Nous avons pris un maximum de renseignements sur Gardon et Battiston. Ils n’ont fait que confirmer ce que nous savions déjà. Gardon a une santé et une mentalité extraordinaires. Chez nous, il va prendre une autre dimension et progresser.

Bernard Gardon, la nouvelle recrue stéphanoise.
Bernard Gardon, la nouvelle recrue stéphanoise.

Quant à Battiston, il va devenir un super. C’étaient exactement les deux hommes qu’il nous fallait. »
Un des moments forts de sa carrière stéphanoise est sans conteste son duel avec Horst Hrubesch lors de la double confrontation contre le Hambourg SV en huitièmes de finale de la Coupe de l’UEFA en 1980.
Sous la houlette de Robert Herbin, il remporte un troisième titre de champion de France en 1981, ce qui en fait le premier joueur français à remporter trois titres de champion sous trois maillots différents. Avant lui, quatre Stéphanois avaient conquis le titre à deux reprises : Jacques Foix avec Nice (1959) et Saint-Etienne (1962), Bernard Bosquier et Georges Carnus avec Saint-Etienne (1967, 1968, 1969 et 1970) et Marseille (1972) et enfin, Yves Triantafilos, malgré son statut de remplaçant, avec Saint-Etienne (1975) et Nantes (1977).
En mai 1982, il met un terme à sa carrière.

 

Battiston : jamais deux sans trois…

En provenance de Metz en 1980, Patrick Battiston a évolué durant trois saisons à l’AS Saint-Etienne. Dès sa première année, il remporte le titre de champion de France avec les Verts.

Patrick Battiston, l'homme des titres.
Patrick Battiston, l’homme des titres.

En 1983, il quitte le club du Forez pour les Girondins de Bordeaux. Comme à Saint-Etienne, dès sa première saison en Gironde, il ajoute une nouvelle ligne à son palmarès en remportant un nouveau titre de champion.
En 1987, il quitte les Girondins pour l’AS Monaco. Le défenseur international ne déroge pas à l’adage : « Jamais deux sans trois ».
Un an après son arrivée en Principauté, il décroche avec l’ASM un nouveau titre de champion.

 

Quand Janot égale Curkovic

Le 5 août 1980, Saint-Etienne se déplace à Bastia pour la troisième journée de championnat de Division 1. Les Verts sont défaits 2-1. En Corse, Ivan Curkovic dispute son 383e et dernier match avec l’AS Saint-Etienne. De 1972 à 1981, en championnat, il a disputé avec les Verts 303 matches.
Le 1er mai 2011, les Verts accueillent Monaco pour le compte de la 33e journée de Ligue 1. Ce match revêt un caractère particulier pour Jérémie Janot. En effet, à l’occasion de cette rencontre, le portier stéphanois égale le record de Curkovic. Les Verts se contentent  d’un match nul 1-1.

Jérémie Janot
Contre l’AS Monaco, Jérémie Janot égale le nombre de matches joués par Ivan Curkovic.

26 ans après, les Verts retrouvent l’Europe

17 mai 2008. Saint-Etienne-Monaco : 4-0.
Les derniers Verts à avoir disputés la Coupe UEFA avaient pour nom Castaneda, Janvion, Mahut, Rep ou Roussey. Vingt-six ans plus tard, l’AS Saint-Etienne retrouve la Coupe d’Europe. Les nouveaux Verts ont pour nom Perrin, Matuidi, Feindouno ou Gomis pour ne citer que ceux-là.

26 ans après, les Verts retrouvent l'Europe.
26 ans après, les Verts retrouvent l’Europe.

Pour se qualifier, les Verts ont réalisé une fin de saison presque parfaite en ne concédant aucune défaite lors des dix derniers matches. Pourtant, au soir de la 24e journée, ils n’occupaient qu’une… seizième place, loin de l’objectif fixé par le club en début de saison : une place dans les huit premiers.

Stéphane Ruffier, le portier monégasque, ne s'attendait pas à passer une soirée cauchemardesque.
Stéphane Ruffier, le portier monégasque, ne s’attendait pas à passer une soirée cauchemardesque.

En se déplaçant dans la Loire lors de cette 38e et ultime journée de championnat, Stéphane Ruffier, le gardien monégasque, ne pensait pas qu’il allait vivre une soirée aussi cauchemardesque. Le premier à exécuter le gardien monégasque se nomme Gomis. Dès la 4e minute, sur un centre de Payet, la panthère stéphanoise ne lui laisse aucune chance.

La panthère Gomis pose sa griffe sur le match

Le meilleur buteur stéphanois récidive trois minutes plus tard. Bien lancé par Landrin, il accentue son compteur buts en inscrivant au passage son quatrième doublé de la saison, ce qui porte son total à 16 buts. Gomis buteur laisse place à Gomis passeur pour Dernis qui met les Verts à l’abri d’un retour monégasque. Pour que la soirée soit encore plus belle, le magicien Feindouno y va également de son petit but en fin de match (82e).

Pascal Feindouno laisse éclater sa joie dans les bras de Geoffrey Dernis après ce large succès synonyme de qualification européenne.
Pascal Feindouno laisse éclater sa joie dans les bras de Geoffrey Dernis après ce large succès synonyme de qualification européenne.

Sans un grand Ruffier, le score aurait pu être beaucoup plus lourd. Lille ne réussissant qu’un match nul à Lorient (1-1), les Verts terminent la saison à la 5e place avec 58 points, synonyme de qualification pour la Coupe Europa. Ils devancent Rennes qui totalise le même nombre de points mais qui compte un goal-average inférieur et Lille (57 points).
Laurent Roussey a réussi son pari : les Verts retrouvent l’Europe vingt-six ans après l’avoir quittée.

Laurent Roussey (avec Pascal Feindouno) a réussi son pari : retrouver l'Europe avec l'ASSE.
Laurent Roussey (avec Pascal Feindouno) a réussi son pari : retrouver l’Europe avec l’ASSE.

Tard dans la soirée, les joueurs et le staff fêtent leur qualification au balcon de la mairie devant plusieurs milliers de spectateurs avant de s’envoler, le surlendemain pour l’Océan Indien : destination l’Île de La Réunion et l’Île Maurice.
Buts.- Gomis (4e, 7e), Dernis (33e), Feindouno (82e).
Saint-Etienne : Viviani (Janot, 87e) – Perrin, Sall, Tavlaridis, M. Dabo – Landrin, Matuidi, Payet (Tiéné, 70e) – Feindouno, Dernis, Gomis. Entr.: Roussey.
Monaco : Ruffier – Cufré, Sambou, Monsoreau (Mongongu, 46e), Berthod – Meriem, Pokrivac, M. Martin (Gonzalez, 58e) – Fabio Santos, Bakar, Nenë. Entr. : Ricardo.

Vidéo des 4 buts stéphanois et scènes de joie à la fin du match :

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Bastia-Saint-Etienne : le Vertige corse

Ce samedi, le Sporting Club de Bastia reçoit l’AS Saint-Etienne pour le compte de la 26e journée de Ligue 1. Sûr l’île de Beauté, Rachid Mekloufi achève sa carrière en 1968, Oswaldo Piazza y dispute son dernier match officiel en 1979. Mais entre Corses et Stéphanois, de nombreux échanges de joueurs ont également émaillé l’histoire de ces deux clubs. En 1972, ils se disputent le transfert du Yougoslave Ivan Curkovic. A la fin de la saison 1977, dans le cadre du transfert de Jacques Zimako à Saint-Etienne, Jean-François Larios, Dominique Vezir et Félix Lacuesta effectuent le chemin inverse. ils imitent Jean-Louis Cazes transféré quelques années plus tôt. Bonne lecture.

 

Forza Bastia !

Saison 1976-77. Nantes est champion de France. Les Verts terminent la saison à la cinquième place. Seule consolation : la victoire en Coupe de France contre Reims (2-1). Bastia, de son côté, grâce à sa belle troisième place en championnat, retrouve l’Europe. La Corse est en fête. Mais voilà, le club insulaire connaît des difficultés financières et accuse un lourd déficit. Pour le combler, le club bastiais se trouve dans l’obligation de vendre plusieurs joueurs. Dragan Djazic et Jacques Atre, dit Zimako, qui ont pris une part prépondérante dans le succès de leur équipe, sont donc sur le départ. Pourtant, ces deux attaquants ont permis au SCB de terminer meilleure attaque de Division 1 avec 82 buts. L’international yougoslave, après deux saisons en Corse, retrouve son pays natal et signe à l’Etoile Rouge de Belgrade, son club formateur. Zimako a des contacts avancés avec l’ASSE. Herbin est intéressé par le feu-follet calédonien aux accélérations déroutantes. Un coup dur pour Bastia qui doit donc repenser toute son animation offensive. Pour remplacer leurs deux ailiers, les dirigeants bastiais recrutent deux autres joueurs de qualité : Yves Mariot de Lyon et… Johnny Rep, un Hollandais de 25 ans, en provenance du FC Valence. Vainqueur de la Coupe d’Europe avec l’Ajax en 1973 et finaliste de la Coupe du monde en 1974, il se présente comme le digne successeur du magicien yougoslave. Cette nouvelle paire d’ailiers s’annonce tout aussi redoutable que sa devancière.

Johnny Rep, un vice-champion du monde à Bastia.
Johnny Rep, un vice-champion du monde à Bastia.

Une passerelle s’établit alors entre l’île de Beauté et le Forez. Saint-Etienne se dit intéressé par un autre attaquant : François Felix. En échange, Sarramagna, Schaer et Lacuesta pourraient effectuer le chemin inverse. Sans suite… En revanche, trois jeunes Stéphanois vont quitter leur club formateur pour rejoindre le SEC Bastia. Ils rejoignent ainsi sur l’île de Beauté un ancien de la maison verte : Jean-Louis Cazes. Ils vont participer, à des degrés divers, à l’épopée européenne de leur nouveau club. Petit tour d’horizon.

Larios, l’avenir devant lui

Comme tous les ans, l’ASSE teste plusieurs jeunes en vue d’intégrer le centre de formation. L’été 73 ne déroge pas à la règle. Parmi ceux-là, un jeune Palois : Jean-François Larios. A 17 ans, Garonnaire l’a supervisé à la Jeanne d’Arc de Pau. Le recruteur des Verts a soufflé à Nantes et Bordeaux ce numéro 10 longiligne promis à un bel avenir. L’ASSE lui fait signer un contrat de stagiaire. Quatre ans plus tard, alors que Saint-Etienne s’apprête à disputer la finale de la Coupe de France contre Reims au Parc des Princes, Felix Lacuesta, Jean-François Larios et Dominique Vézir viennent d’obtenir le titre de champion de France de Division 3. A la mi-juin, dans le cadre du transfert de Zimako à Saint-Etienne. Pour convaincre les dirigeants bastiais, l’ASSE met dans la balance Jean-François Larios. Le Palois n’est pas enclin à quitter Saint-Etienne mais le président Rocher ne lui laisse pas le choix. Il signe un contrat pro avec l’ASSE et dans la foulée, il est prêté pour une saison. Bastia récupère donc un joueur qui a déjà goûté aux compétitions européennes puisqu’il a disputé les 8e de finale aller contre le PSV Eindhoven la saison précédente. Son année bastiaise lui sert de tremplin pour la suite de sa carrière. Il revient à Saint-Etienne encore plus fort.

Jean-François Larios
Jean-François Larios, auteur du premier but contre le Carl Zeiss Iena en Coupe de l’UEFA.

Vezir, meilleur jeune footballeur

Dominique Vezir l’accompagne. Comme Larios, Garonnaire l’avait repéré à la Jeanne d’Arc de Pau dont l’entraîneur n’est autre que le père de Jean-Michel Larqué. Le Palois, lauréat du concours du plus jeune footballeur en 1970, récidive l’année suivante avec le concours du jeune footballeur. Et comme souvent dans pareil concours, Garonnaire n’est jamais très loin. Il engage des discussions avec les dirigeants palois en vue d’une future venue du jeune Vezir dans le Forez. Mais les dirigeants du Sud-Ouest préfèrent que le jeune Dominique poursuive ses études avant de partir. Vezir ne rejoint Saint-Etienne qu’en 1974. Il quitte le club stéphanois en 1977 et suit Larios en Corse.

Bastia version 1977-78 : debout de g. à d. : Lacuesta, Marchioni, Hiard, Cazes, Guesdon, Orlanducci. Accroupis : Larios, Papi, Franceschetti, Mariot, Krimau.
Bastia 1977-78 : debout de g. à d. : Lacuesta, Marchioni, Hiard, Cazes, Guesdon, Orlanducci. Accroupis : Larios, Papi, Franceschetti, Mariot, Krimau.

Lacuesta, le technicien

Arrivé en 1974 à l’âge de seize ans à l’AS Saint-Etienne, Félix Lacuesta possède toutes les qualités que recherche Garonnaire : il est grand et surtout athlétique. Tout comme Sarramagna avant lui, il aurait pu embrasser une carrière dans le rugby. Le recruteur stéphanois, sur le cas Lacuesta, avait été devancé par Monaco qui lui avait fait faire un essai… sans succès.

A Saint-Etienne, il découvre un autre monde et progresse avec l’équipe réserve au côté de Rocheteau et Larios entre autres. Hasard du calendrier ou flair de Robert Herbin, c’est à Monaco le 30 novembre 1975 qu’il foule pour la première fois une pelouse de Division 1 mais avec le maillot vert. L’entraîneur stéphanois le fait rentrer pour les vingt dernières minutes du match. En 1977, Saint-Etienne négocie avec Bastia le transfert de l’ailier calédonien Jacques Zimako. Dans la transaction, le club du président Rocher veut inclure Lacuesta mais ce dernier refuse de rejoindre Larios et Vézir sur l’île de Beauté. Alors qu’il a commencé la préparation d’avant-saison avec les Verts, fin juillet, Jules Filippi revient à la charge. « Garo » invite Lacuesta à faire le voyage en Corse. Séduit par la ville, il rejoint ses deux compères Larios et Vézir et signe un contrat de trois ans avec le club bastiais. Le mercredi 3 août, lors de la première journée du championnat, Bastia, à Furiani, s’incline devant… Monaco (0-2). Félix Lacuesta, arrivé quelques jours avant en Corse, n’est pas inscrit sur la feuille de match par son nouvel entraîneur Pierre Cahuzac.

Félix Lacuesta
Félix Lacuesta pose avec le maillot bastiais.

Cazes, le malchanceux

Pierre Garonnaire, l’incontournable recruteur des Verts, est toujours à l’affût lorsqu’il s’agit de faire venir un joueur susceptible de renforcer l’ASSE. En 1973, on lui signale un très bon jeune de Bayonne susceptible d’intéresser l’ASSE. Son nom : Felix Lacuesta. Garonnaire fait le déplacement dans le Pays Basque. Mais, finalement, il inscrit un autre nom sur son calepin : Jean-Louis Cazes, un arrière droit de 22 ans. Doté d’une excellente détente et d’un très bon jeu de tête, il rejoint les Verts au début de l’été 74. Robert Herbin l’incorpore tout de suite dans le groupe qui va disputer un match de Coupe d’Eté à Prague contre le Slavia.
Au contact des professionnels stéphanois, il progresse rapidement. Herbin lui donne sa chance le 29 octobre 1974 lors d’un match de championnat à Rennes. Les Verts s’inclinent 3-1 en terre bretonne. Cazes dispute ce soir-là son seul match avec les Verts. Malheureusement pour  lui, à Saint-Etienne, il y a pléthore de défenseurs. Au terme de la saison, les Verts sont champions de France de Division 1 et 3.

En août 1975, cet arrière droit tape dans l’oeil des dirigeants bastiais lors d’une demi-finale du championnat de troisième division entre Saint-Etienne et Bastia. L’ASSE l’autorise à effectuer un essai en Corse. Bastia rencontre le Gazelec au stade Mezzavia (2-1) sous les yeux de Raymond Kopa, en vacances sur la rive sud du golfe d’Ajaccio. L’essai s’avère concluant. Jean-Louis Cazes quitte Saint-Etienne.

Thierry CLEMENCEAU

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Jean-Louis Cazes a trouvé un nouveau port d’attache en Corse.

 

Bastia et Saint-Etienne se disputent Curkovic

Le 19 mai 1972, Gérard Migeon, l’un des gardiens stéphanois fait part au président Rocher de son intention de quitter l’ASSE au terme de la saison. Bien qu’il lui reste encore un an de contrat à honorer, celui qui a été la doublure de Carnus pendant trois ans avant de lui succéder après « l’affaire Carnus-Bosquier » exprime l’envie de changer d’air. Les dirigeants stéphanois comprennent Migeon et se mettent immédiatement en quête d’un nouveau gardien pour la prochaine saison. Dans pareille situation, Garonnaire n’est jamais pris au dépourvu. Depuis deux saisons, il suit un gardien confirmé qui évolue au Partizan Belgrade : Yvan Curkovic. Ce gardien de taille moyenne (1,77 m) a reçu l’Oscar récompensant de meilleur footballeur de l’année dans son pays. Il a réussi l’exploit de jouer huit années consécutives au Partizan sans manquer le moindre match, que ce soit officiel ou amical. Il doit disputer un match amical avec son club à Monaco. Garonnaire fait le déplacement pour prendre contact. Malheureusement, un orage éclate sur la Principauté et le match est annulé. Le recruteur des Verts en a vu d’autres, il repart à Saint-Etienne. Les contacts entre les différentes parties sont réels mais traînent en longueur. Ce 21 juin 1972, le quotidien L’Equipe annonce que le gardien international du Partizan de Belgrade, Ivan Curkovic rejoint les Verts pour trois ans.

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Saint-Etienne pense tenir en Curkovic, une valeur sûre. Il a débuté comme junior au Velez de Mostar avant de rejoindre le Partizan de Belgrade avec lequel il a disputé 416 matches. En sélection, il a joué 23 matches. Robert Herbin, avec cette recrue de choix, compte stabiliser sa défense. C’est sans compter sur le Sporting Etoile Club de Bastia qui estime avoir négocié bien avant l’ASSE le transfert du gardien. Bastia apporte la preuve de sa bonne foi en supposant qu’un intermédiaire a versé une somme d’argent pour ce transfert. Le joueur, lui, n’a rien signé avec le club corse et souhaite rejoindre celui du président Rocher. Bastia ne lâche pas l’affaire. Les dirigeants stéphanois et bastiais sont convoqués par la commission juridique du Groupement à Paris. Cette dernière souhaite que les deux clubs trouvent un arrangement et mettent l’affaire en délibéré. Le 23 juillet, la Commission valide son transfert à l’AS Saint-Etienne. Ivan Curkovic paraphe un contrat de trois ans avec l’AS Saint-Etienne.

Thierry CLEMENCEAU

Ivan Curkovic avec Pierre Stéphanois, le recruteur des Verts qui l'a fait venir à Saint-Etienne.
Ivan Curkovic avec Pierre Garonnaire, le recruteur des Verts qui l’a fait venir à Saint-Etienne.

 

Mekloufi, nouvelle idole corse

Le 12 mai 1968, l’AS Saint-Etienne affronte les Girondins de Bordeaux en finale de la Coupe de France. Si Mekloufi a perdu de son efficacité en attaque, Albert Batteux, l’entraîneur stéphanois, se rappelle d’une finale en 1950, où, lui-même, joueur en fin de carrière à Reims, avait été aligné par son entraîneur non seulement pour « services rendus » mais surtout pour ses qualités. Le flair de Batteux offre à Mekloufi, qui n’a plus remis les pieds à Colombes depuis un certain France-Belgique en 1956, la possibilité de quitter les Verts avec le trophée qui manque à son palmarès. Le natif de Sétif, qui avait été recommandé à Jean Snella en 1954, éblouit de son talent cette finale en inscrivant les deux buts victorieux de son équipe et réussit le match rêvé pour refermer sa belle page stéphanoise. Saint-Etienne remporte un nouveau titre de champion de France devant Nice et clôt une saison particulièrement riche.

Vidéo INA : résumé de la finale de la Coupe de France opposant Saint-Etienne aux Girondins de Bordeaux (2-1) le 12 mai 1968 à Colombes.

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Dans le même temps, le championnat de Division 2 rend également son verdict : Bastia termine à la première place et accède à l’étage supérieur. Le club corse se met tout de suite en quête de joueurs d’expérience. Et le premier se nomme… Rachid Mekloufi. La rumeur fait son chemin mais le principal intéressé reste évasif sur cette possible destination. Roger Rocher, son président, ne souhaite pas voir partir Rachid dans un éventuel club concurrent et évoque avec lui la possibilité d’une reconversion au sein du club s’il décidait de mettre un terme à sa carrière professionnelle. Dans son édition du 20 juin, L’Equipe relate une conférence de presse de Roger Rocher. Ce dernier évoque l’avenir de son joueur. IMG_0657 Le samedi 3 août 1968, c’est la grande rentrée à l’ASSE. Dirigeants, staff et joueurs se retrouvent au stade Geoffroy-Guichard pour un apéritif en guise de premier contact. Pour Mekloufi, de retour de vacances de Tunis, ce rassemblement amical est le dernier. Il prend en effet contact avec Bastia et le Servette de Genève entraîné par un certain Jean Snella. Dans un premier temps, le club suisse a la faveur du président Rocher mais exigerait que le joueur ne lui coûte pas un franc, ce que Rocher refuse. Le numéro 10 stéphanois repart en vacances en Algérie. Dans son édition du 23 août 1968, L’Equipe annonce le transfert de Mekloufi à Bastia « fait à   99 % ».

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Les dirigeants bastiais ne manquent pas d’idées. Ils demandent à René Ferrier, Bastiais depuis 1965 et ex-coéquipier de Rachid lors de l’obtention du premier titre des Verts en 1957 de contacter Mekloufi pour tenter de le convaincre de rejoindre le club insulaire. Jules Filippi, le directeur sportif du club corse, reprend contact avec le président Rocher et effectue plusieurs allers et retours à Saint-Etienne avec l’espoir de trouver un accord. Le dimanche 25 août, de retour de vacances, Mekloufi s’envole pour la Corse afin d’y parapher un contrat de quatre ans.

Rachid Mekloufi entouré de Jean-Claude Blanchard à sa gauche et Jean-Pierre Serra à sa droite.
Rachid Mekloufi entouré de Jean-Claude Blanchard à sa gauche et Jean-Pierre Serra à sa droite.

Le 29 juin 1998, en pleine ferveur de la Coupe du monde, Aimé Jacquet, dans le journal L’Equipe, confiait à propos de son ex-coéquipier stéphanois : « Quand Mekloufi a quitté Saint-Etienne, personne ne voulait porter son maillot. Alors, je l’ai pris, j’ai pris ce numéro 10, mais sans songer à faire ce qu’il faisait. On ne remplaçait pas Mekloufi. »

Thierry CLEMENCEAU

Les adieux de Piazza à Furiani

Le 1er juin 1979. Bastia-Saint-Etienne : 0-2. Le 22 mars 1972, Pierre Garonnaire s’envole pour l’Amérique du Sud. Toujours avide de dénicher un talent avant tout le monde, ses recherches s’orientent vers Buenos Aires, Montevideo et Rio. Saint-Etienne souhaite frapper un grand coup sur le marché des transferts et engager deux grands étrangers. Les joueurs sud-américains sont recherchés par les clubs européens. « Garo » croise entre autres, le recruteur du Standard de Liège. La concurrence est sévère. Le 4 avril, de Buenos Aires, le recruteur des Verts, fait parvenir une liste de noms à son président via l’ex-joueur de Nice, Ruben-Bravo, en partance pour Cannes avec les juniors argentins. Début mai, une rumeur en provenance de Lima annonce la signature dans le Forez d’un Péruvien : Julien Menendez évoluant à Boca Juniors pour la somme de 40 000 dollars. Garonnaire n’ayant pas délégation de signature, c’est à Charles Paret et Roger Rocher, respectivement directeur général et président du club, que revient cette tâche. Les deux hommes espèrent bien s’envoler pour le continent sud-américain le 11 mai, soit le jeudi de l’Ascension pour parapher des contrats. L’info est aussitôt démentie par Rocher. Garo, en bon baroudeur, assiste à plusieurs matches dont un d’entraînement entre une sélection de Buenos Aires et l’équipe d’Argentine qui prépare la mini-Coupe du monde au Brésil. De la capitale argentine, le recruteur des Verts a envoyé une douzaine de profils avec photos de joueurs potentiellement intéressants pour le Verts parmi lesquels figure en bonne place l’avant-centre de l’équipe nationale argentine Fischer.

Oswaldo José Piazza, un Argentin à Saint-Etienne.
Oswaldo José Piazza, un Argentin à Saint-Etienne.

Le 15 mai, Le quotidien L’Equipe annonce la signature d’un Argentin mais pas celui que l’on croyait. Il n’est pas attaquant mais défenseur. La nouvelle recrue des Verts est Argentin, certes, mais s’appelle Oswaldo José Piazza. Âgé de 25 ans, il évolue à Buenos Aires-Lanus , international Espoirs et sélectionné pour la mini Coupe du monde au Brésil. Garo devance Boca Juniors et quelques autres clubs sur le coup.

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Recommandé par Angel Rambert, l’ancien joueur de l’Olympique Lyonnais, Pierre Garonnaire l’a supervisé quatre ou cinq fois. Alors que tout semble réglé, un contretemps vient contrecarrer les projets stéphanois.

Le 20 mai, L’Equipe annonce que Piazza n’a pas l’autorisation de rejoindre l’ASSE.

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En effet, la Fédération argentine de football souhaite stopper l’exode de ses meilleurs joueurs et refuse de signer la lettre de sortie de Piazza pour Saint-Etienne. Un autre Argentin, Cesar Laraignée en partance pour Reims, est dans la même situation. Piazza n’a que 25 ans et la Fédération argentine refuse de laisser partir ses joueurs avant leur 28 ans. Saint-Etienne ne lâche pas l’affaire et à force de persévérance et surtout de patience, obtient que le néo-international argentin s’envole pour la France le jeudi 27 juillet. Pierre Garonnaire attend avec impatience sa nouvelle recrue à Orly. Surpris de ne pas voir Piazza, il repart dans le Forez via un vol à destination de Lyon. De retour à Saint-Etienne, il réunit les dirigeants stéphanois au Grand Hôtel. Pourtant, Piazza est bien arrivé comme prévu en France mais les deux hommes se sont loupés. L’Argentin prend un avion direction Saint-Etienne. Il pose ses valises sur le sol stéphanois à 21 h 30 et rejoint ses futurs dirigeants à l’hôtel.

Le 9 août, L’Equipe annonce la qualification du néo-Stéphanois.

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Robert Herbin, promu entraîneur à la place d’Albert Batteux, tient en Oswaldo Piazza, un véritable leader en défense. Sa carrière à l’AS Saint-Etienne est couronnée de trois titres de champion de France (1974, 1975 et 1976), trois Coupes de France (1974, 1975 et 1977) et une finale de Coupe des Clubs Champions perdue contre le Bayern Munich (0-1). Il dispute son dernier match officiel avec les Verts au stade de Furiani le vendredi 1er juin 1979. L’Argentin quitte le championnat de Division 1 sur une victoire.

Buts : Repellini (36e), Elie (83e).

Bastia : Hiard – Cazes, Orlanducci, Knayer, Burkhard – Desvignes, Nativi (Andrietti, 80e), Papi – Wamai, Rep, Borel (Ihily, 56e). Entr.: Cahuzac.
Saint-Etienne : Curkovic – Janvion, Piazza (J. Borel, 58e), Lopez, Farison – Santini, Larios, Elie – Rocheteau, Repellini, Zimako. Entr.: Herbin.

Thierry CLEMENCEAU

Saint-Etienne-Marseille : amours et désamours

Les Saint-EtienneMarseille sont un grand classique de notre championnat. Si l’affiche n’a pas jaunie, elle a souvent été colorée. Des dizaines de pages ne suffiraient pas à raconter tous les épisodes qui ont alimenté ces rencontres pas comme les autres. Aujourd’hui, j’ai choisi sept rencontres : du premier match à Geoffroy-Guichard en 1938 au quadruplé d’Alex un soir de décembre 1999. Avec la complaisance de Georges Bereta. Bonne lecture.

 

Premier flirt à Geoffroy-Guichard

7 novembre 1938. Saint-Etienne-Marseille : 1-0.

Habitué aux joutes de la deuxième division, l’AS Saint-Etienne connaît enfin les joies de la division nationale. Le club présidé par Pierre Guichard a la particularité d’être le seul club du centre de la France à évoluer en Division 1. Une hôte de marque se présente à Geoffroy-Guichard ce dimanche après-midi de novembre : l’Olympique de Marseille.

A cette occasion, le trésorier du club se frotte les mains : le record de spectateurs pour un match de football à Saint-Etienne est battu : 16 976  personnes ont acheté leur billet, pour une coquette somme de 146 142 Francs. Le précédent record remontait au match contre Le Havre la saison précédente avec 103 000 F.

Saint-Etienne joue sans Hummemberger, Charbit et Beck et l’animation offensive est confiée à Odry. Les Provençaux font confiance au demi-centre Bruhin et, par conséquent, se privent des services de Kohut, les clubs ne pouvant en effet aligner que deux étrangers. Ils ont renforcé leur défense au détriment de l’attaque. A se contenter de défendre et de renvoyer de longs ballons à ses attaquants, un peu esseulés, les Olympiens finissent par craquer à cinq minutes de la fin. Sur une action rondement menée par le duo Snella-Cabannes, Tax inscrit l’unique but de cette rencontre. Un but qui donne aux Stéphanois la place de leader.

Pasquini, l'ailier droit stéphanois tente sa chance mais son tir est stoppé par le gardien Vasconcellos et le défenseur Henri Conchy.
Pasquini, l’ailier droit stéphanois tente sa chance mais son tir est stoppé par le gardien Vasconcellos et le défenseur Henri Conchy.

Le public découvre les rencontres de haut niveau. Enthousiastes, les supporters redoublent d’encouragements pour chacune des attaques stéphanoises.

Les Verts poursuivent leur progression : à l’issue de ce match, ils caracolent seuls en tête devant Lille qui compte un match en moins.

classement

But.- Saint-Etienne : Tax (85e).

Saint-Etienne : Llense – Gardet, Rolhion – Snella, Odry, Rich – Pasquini, Tax, Cabannes, Hess, Roux. Entr.: Duckworth.
Marseille : Vasconcellos – Patrone, Henry Conchy – Olej, Bruhin, Gonzalès – Zermani, Ben Barek, Max Conchy, Aznar, G. Dard. Entr.: Kohut et Gascard.

 

Bereta-Rocher : l’amour vache

 Le 3 mai 1975 : Saint-Etienne-Marseille : 4-1.

Le samedi 3 mai 1975, Georges Bereta revient à Geoffroy-Guichard pour la première fois depuis son transfert à l’OM en décembre 1974. Celui qui est né à quelque 500 mètres du Chaudron, a grandi dans le Forez et marié à une Stéphanoise, appréhende ce retour avec l’OM. Avec Saint-Etienne, il a disputé la bagatelle de 245 matches. Il faut dire que son transfert a fait l’effet d’une bombe dans le football français. Une de plus entre les deux clubs. Après celle qui a opposé les présidents Rocher et Leclerc au sujet du double départ de Saint-Etienne vers l’OM de Bosquier et Carnus, puis le transfert du Malien Salif Keita vers ce même club de Marseille.

A Saint-Etienne, Georges Bereta a laissé beaucoup d'amis.
A Saint-Etienne, Georges Bereta a laissé beaucoup d’amis.

Georges Bereta se souvient : « Carnus et Bosquier sont partis parce qu’ils étaient libres, Rocher les a punis parce qu’ils négociaient secrètement avec Marseille. Salif Keita, ça été difficile, lui, ils voulaient le garder et moi ils ne voulaient plus de moi. Sarramagna était prêt. Et comme je pense que Saint-Etienne a reçu une offre de l’OM, l’occasion était trop belle pour Rocher de me transférer et récupérer de l’argent. Il faut dire qu’à l’époque, les joueurs n’avaient pas leur mot à dire sur les transferts. Moi, je voulais rester à Saint-Etienne, j’étais natif de Saint-Etienne. Je réalisais de très bons matches et il en a profité pour renflouer les caisses avec mon transfert. »

Un véritable crève-coeur

« Cela a été un déchirement pour moi de quitter mon club formateur même si j’ai été très heureux à Marseille. Mais quitter le club et la ville où j’ai grandi, ça a été très dur. J’en ai voulu à Rocher au point de ne jamais lui pardonner. »

Arrivé la veille en bus avec l’OM, c’est la première fois qu’il prépare une rencontre à Geoffroy-Guichard depuis son hôtel. Un joueur a failli ne jamais disputer ce choc, le fantasque Brésilien Paulo Cesar. Georges Bereta se souvient : « On part à Saint-Etienne en car mais on s’aperçoit rapidement que Paulo Cesar n’est pas là. Il était à la plage. On l’a récupéré au Prado, il est monté dans le car en maillot de bain et les photographes présents en ont profité pour faire quelques photos insolites. La scène était assez cocasse. Paulo Cesar, contrairement à son compatriote Jairzhino manquait de ponctualité. » (rires)

Bereta avec Paulo Cesar et Jaïrzhino
Bereta avec les deux Brésiliens de l’OM : Paulo Cesar et Jaïrzhino

A son arrivée au stade, le regard de Georges Bereta croise celui de Roger Rocher, son ex-président. Les deux hommes s’évitent soigneusement.

 « Bereta une chanson« 

L’environnement est hostile à l’enfant du pays qui est accueilli par des sifflets, des quolibets durs à supporter. Son transfert est présent dans toutes les têtes. Lui, fait comme si de rien n’était, garde son sang-froid. « Quand je suis revenu à Saint-Etienne avec Marseille, le public m’a sifflé. Roger Rocher était super fort pour faire passer ses messages via la presse. En plus d’être un bon dirigeant, il savait manipuler les médias. Il a fait en sorte pour que l’on croit que c’était moi qui avais demandé à quitter le club. J’ai été transféré un peu contre mon gré mais en même temps, à 29 ans, l’OM me proposait de doubler mon salaire et un contrat de trois ans et demi. D’autant qu’à l’époque, une blessure pouvait vous laisser du jour au lendemain dans la panade. »

Vidéo INA : Georges Bereta évoque son transfert à Marseille.

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Le match peut commencer. Chaque ballon touché par le petit gaucher est accompagné d’une bronca dans le Chaudron. Ceux qui l’acclamaient quelques mois auparavant, le chahutent avec véhémence. Cela n’empêche nullement l’ailier gauche marseillais d’accomplir une première mi-temps fantastique. Inspiré, il fait régner la terreur sur son aile, comme au bon vieux temps. Bathenay, très ami avec Bereta, a la lourde charge de le marquer.

Les Verts dominent mais Paulo Cesar débloque le compteur-buts peu après le premier quart d’heure. Les Verts égalisent par Patrick Revelli (27e). Score de parité à la mi-temps.

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Bereta, le petit gauche de l’OM, tente de déborder Gérard Janvion.

Témoignage de Bereta : « Ce match, je ne devais pas le jouer mais j’ai fait appel auprès de la Ligue pour reporter cette suspension et pouvoir disputer la rencontre. Même si je savais ce qui m’attendait, pour rien au monde, je n’aurais voulu louper ce retour. J’étais avant tout un compétiteur. Ceci dit, chaque fois que je touchais le ballon, le public me sifflait. Je n’ai pas eu l’impression de faire un grand match et j’avoue que ces sifflets m’ont quelque peu déstabilisé. »

Sur le terrain comme dans les tribunes, ce match au sommet suscite beaucoup d’intensité.

Comme l’OM, il repart avec une défaite de son ex-jardin. Avec cette victoire, Saint-Etienne possède quatre points d’avance et quatre matches à disputer contre deux à leur dauphin. Sauf cataclysme, les Verts se dirigent vers un huitième titre de champion.

Si les hommes de Robert Herbin sont heureux d’avoir fait un grand pas vers le titre, en revanche, ils n’ont pas apprécié les hostilités à l’encontre de leur ex-coéquipier.

Bereta quitte Geoffroy-Guichard avec un cadeau des Membres Associés et quelques fleurs. Christian Lopez lui offre son maillot en souvenirs. Une dernière accolade de ses ex-coéquipiers et il repart pour Marseille.

A la fin du match, le public réclame un tour d’honneur à ses « héros ». Georges, très ému, le visage crispé, court éperdument en direction du vestiaire. Le calvaire a assez duré pour lui.

Buts.- Saint-Etienne : P. Revelli (27e), Lopez (66e), Larqué (63e), Bathenay (71e) ; Marseille : Paulo Cezar (18e).
Saint-Etienne : Curkovic – Janvion, Piazza, Lopez, Farison – Larqué, Bathenay, Synaeghel (Santini, 72e) – P. Revelli, H. Revelli, Sarramagna. Entr.: Herbin.
Marseille : Charrier – Lemée, V. Zvunka, Trésor, Bracci – Buigues, Eo, Bereta – Emon, Jaïrzinho, Paulo Cezar. Entr.: J. Zvunka.

 

JOYEUSES PÂQUES

 1er avril 1972. Saint-Etienne-Marseille : 2-1

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L’Equipe du 31 mars 1972

Cette distinction, aussi honorifique soit-elle, passerait presqu’inaperçue à Saint-Etienne. En effet, deux faits footballistiques occupent les esprits. Le premier concerne Salif Keita : le Malien serait sollicité par le club hollandais de Feyenoord. Les Stéphanois ne veulent pas voir leur joueur fétiche partir sous d’autres cieux. Une pétition circule dans toute la ville. Plus de 5 000 personnes l’ont signée avant son dépôt à la mairie. Pour atténuer cette rumeur grandissante, celui qui n’a plus joué avec son club depuis le 13 février fait son grand retour contre l’OM.

L'Equipe du 1er avril 1972
L’Equipe du 1er avril 1972

Et comme souvent contre Marseille, le stade est copieusement garni. Le retour des places invendues sur la Canebière fait le bonheur des Stéphanois en quête du précieux sésame.

Une fois encore, le match s’annonce explosif : les grillages des tribunes dites populaires ont été surélevés afin d’éviter tout débordement.

L’OM compte 42 points contre 32 aux Stéphanois.

Le joker Synaeghel

Le retour de Keita laisse supposer que Sarramagna ou Santini seront « sacrifiés ». Albert Batteux, l’entraîneur stéphanois, crée la surprise en laissant les deux au repos au profit de Christian Synaeghel.

Pour l’OM, cette rencontre ne se présente pas sous les meilleures auspices. Skoblar est toujours blessé et depuis la veille, Marcel Leclerc, le président olympien, a limogé Lucien Leduc, son entraîneur ! Enfin, pas tout à fait : en fait, Leclerc a intronisé Zatelli à la place de Leduc qui devient son second. Les rôles sur le banc sont inversés.

ST ETIENNE-MARSEILLE(2-1)
Mario Zatelli (à droite) remplace Lucien Leduc sur le banc de l’OM.

Mais ce match marque surtout le retour du duo Carnus-Bosquier à Geoffroy-Guichard.

Petit retour en arrière : l’AS Saint-Etienne se dirige vers un septième titre de champion de France. Le 6 mars 1971, le bon match nul obtenu au stade Vélodrome (2-2) conforte les Verts dans leur quête. Marcel Leclerc, le président de l’OM, décide alors d’abattre sa dernière carte : il sait que les Stéphanois Bosquier et Carnus seront libres dans quelques mois. Il prend contact avec les deux joueurs.

L’affaire Carnus-Bosquier

Une indiscrétion révèle que le gardien et le libero des Verts ont passé un accord verbal avec le président olympien Marcel Leclerc pour rejoindre le club phocéen. Le 6 mai, le quotidien local La Tribune-Le Progrès annonce qu’un accord a été trouvé entre l’OM et les deux Stéphanois. Le 14 mai, Roger Rocher, hors de lui, prend une décision irréversible : il décide de résilier le contrat des deux hommes contre l’avis d’Albert Batteux, son entraîneur. L’affaire fait scandale.

A huit journées de la fin du championnat, Saint-Etienne possédait trois points d’avance sur l’OM. Au soir de la 38e journée, Marseille est champion avec 55 points contre 51 pour les Verts. Le club du président Rocher n’inscrira donc pas un cinquième titre d’affilée à son palmarès.

BASTIA-ST ETIENNE (1-6)
Roger Rocher, le président de l’ASSE ne fait pas dans la demi-mesure : il vire Carnus et Bosquier.

 Le 1er avril 1972, les deux hommes reviennent à Geoffroy- Guichard mais avec le maillot de l’OM. A chaque prise de balle pour Carnus ou intervention pour Bosquier, ils subissent les foudres des 31 999 supporters stéphanois. Ces derniers ne leur pardonnent pas la perte du titre presqu’un an plus tôt alors qu’ils évoluaient avec le maillot vert. Mes ces huées ne semblent pas perturber plus que ça les deux hommes.

Carnus et Bosquier "virés" par Rocher reviennent à Geoffroy-Guichard mais avec le maillot de l'OM.
Carnus et Bosquier « virés » par Rocher reviennent à Geoffroy-Guichard mais avec le maillot de l’OM.

L’amour a ses raisons

Saint-Etienne engage les débats, se rue à l’attaque mais ne sait comment faire sauter le verrou marseillais. Les attaquants stéphanois permutent beaucoup ce qui déstabilise quelque peu la défense marseillaise. Le match est engagé, à la limite du correct : Sanlaville sèche Verdonk, Bonnel assène un coup de poing au visage de Larqué qui vient de le passer. Keita tente de prendre les choses en mains, chipe la balle du milieu de terrain, élimine quatre adversaires et décroche une frappe qui rase les montants de Carnus (34e). Une minute plus tard, ce diable de Keita place une tête encore détournée par le gardien olympien. Lopez s’essaie à son tour avant que Keita trouve la transversale et que Carnus, toujours autant hué, stoppe deux tirs de Larqué. Mi-temps.

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Keita en fait voir de toutes les couleurs à Lopez et Bosquier.

Après la pause, Verdonk refroidit l’ambiance en trompant Migeon (57e).

 But refusé à Patrick Revelli

Dix minutes plus tard, Carnus prend le pied de Patrick Revelli qui réclame un penalty. M. Frauciel, l’arbitre, n’accorde… qu’un corner. Sur celui-ci, le même Revelli trompe à nouveau l’ancien portier stéphanois. L’homme en noir refuse de valider le but sous prétexte qu’il n’avait pas donné l’ordre de le tirer. L’ambiance, monte encore d’un cran.

Finalement, à sept minutes du coup de sifflet final, le petit gaucher, Georges Bereta égalise avant que Patrick Revelli (86e) se voit enfin accorder un but par M. Frauciel et délivre tout un stade.

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Patrick Revelli libère tout un stade en inscrivant le deuxième but.

A la fin du match, les onze Stéphanois qui n’ont guère goûté les quolibets accompagnant pendant les quatre-vingt-dix minutes Carnus et Bosquier, quittent le terrain avec leurs ex-coéquipiers pour mieux montrer leur désaccord.

Buts.- Marseille : Verdonk (56e) ; Saint-Etienne : Bereta (83e), P. Revelli (86e).
Saint-Etienne : Migeon – Broissart, Sanlaville, Lopez, Farison – Synaeghel, Herbin – Revelli, Larqué, Keita, Bereta. Entr.: Batteux.
Marseille : Carnus – Lopez, Bosquier, Zvunka, Kula – Novi, Gress – Magnusson, Bonnel, Couécou, Verdonk (Hodoul, 85e). Entr.: Zatelli.

 

Les larmes d’amour faites à Durkovic

 11 novembre 1972 : Entente Saint-Etienne-OM-Sélection yougoslave : 3-1.

L'Equipe du 19 juillet 1967
L’Equipe du 19 juillet 1967

 Pendant trois saisons, Vladimir Durkovic participe activement aux différents titres glanés par les Verts sous l’ère Batteux. Sa fureur de vaincre ont séduit spectateurs, dirigeants et joueurs stéphanois. Le 26 juin 1971, lors de l’ultime rencontre de championnat, ses coéquipiers demandent à Albert Batteux, leur entraîneur, de lui offrir le brassard de capitaine de Robert Herbin. Sous les couleurs stéphanoises, il a disputé 155 matches.

Vladimir Durkovic  restera quatre ans à Saint-Etienne
Vladimir Durkovic restera quatre ans à Saint-Etienne.

Le 22 juin 1972, Vladimir Durkovic, ancien libero des Verts, sort d’un établissement nocturne à Sion en compagnie de son compatriote et ami Pantelic. En allant défendre ce dernier aux prises avec d’autres clients de l’établissement, un policier en état d’ivresse sort son arme et fait feu sur l’ex-Stéphanois. « Vladi », comme l’appelaient ses coéquipiers stéphanois, s’écroule et décède.

Dur mais sentimental

« Durko », homme de caractère, franc et loyal, dur sur le terrain, comme pour mieux justifier la première syllabe de son nom, était avant tout un grand sentimental. Il avait le regard noir quand les choses se passaient mal. En revanche, il n’hésitait pas à donner une bonne tape dans le dos les bons jours. Bereta, à propos du Serbe : « C’était un défenseur très dur, tant à l’entraînement qu’en match. Albert Batteux évitait de nous faire jouer l’un contre l’autre à l’entraînement au risque de ne pas terminer la séance. A l’époque, les tacles par derrière n’étaient pas automatiquement sanctionnés d’un carton. S’il était moins véloce qu’à ses débuts, en revanche, il était encore plus dur qu’un Domenech, par exemple. »

L'Equipe du 23 juin 1972
L’Equipe du 23 juin 1972.

L’AS Saint-Etienne prend l’initiative d’organiser un match en faveur de la veuve de Durkovic. Le président Rocher propose aux dirigeants marseillais de s’associer à cet hommage pour composer à cinquante pour cent l’équipe qui affrontera une sélection yougoslave. Seule entorse, Fleury Di Nallo de l’OL, vient renforcer l’Entente Saint-Etienne-Marseille. Cette équipe sera formée par Robert Herbin et Mario Zatelli. Plusieurs joueurs, retenus par leur sélection respective manquent à l’appel ainsi que Magnusson parti précipitamment en Suède pour des obsèques.

L’entente Saint-Etienne-Marseille

Après une minute de silence, la mémoire de Durkovic est honorée. Les deux équipes s’appliquent à disputer un match sérieux. Bosquier est de retour à Saint-Etienne sept mois après la rencontre houleuse entre Stéphanois et Marseillais. Cette fois, le public est plus modéré à son encontre. Dès la première minute, Trivic sur coup franc offre au public le premier des quatre buts de la soirée. La sélection stéphano-marseillaise inscrit trois buts par les Stéphanois Sarramagna sur penalty (35e) et Sanlaville bien servi par Di Nallo (56e). Le Lyonnais Di Nallo qui a proposé ses services pour ce match, assure définitivement le score (78e).

A la fin du match, un homme propose 50 000 anciens Francs au président Rocher pour l’obtention du ballon souvenir de ce match hommage.

A Saint-Etienne aujourd’hui, à quelques encâblures du stade,  une rue porte le nom de Wladimir Durkovic.

Buts.- sélection Saint-Etienne-OM: Sarramagna (35e, s.p.), Sanlaville (56e), Di Nallo (78e); sélection yougoslave : Trivic (1ère).
Sélection Saint-Etienne-OM : Castel – Farison, Piazza, Bosquier, Kula – Bonnel (Le Boedec), Herbin (Repellini) – Sanlaville, Franceschetti, Di Nallo, Sarramagna.
Sélection Yougoslave : Pantelic – Seles, Damjanovic, Mihajlovic, Savkovic – Trivic, Melic – Bajic, Skoblar, Osim, Antic. Sont entrés en seconde mi-temps : Lazarevic, Mojlov, Koescak, Santrac.

 

Cubaynes rompt la belle histoire d’amour

28 mars 1987. Saint-Etienne-Marseille : 0-1.

Les Verts sont de retour en Division 1 après deux ans de purgatoire. C’est soir de fête à Geoffroy-Guichard. Les coéquipiers de Jean Castaneda s’attendent à une partie difficile face à l’armada marseillaise composée entre autres de Bell, Förster, Domergue, Giresse, Sliskovic et Papin.

La dernière victoire des Marseillais dans l’antre stéphanois remonte au 8 octobre 1950. Ce jour-là, les hommes de Snella avaient perdu par 2 buts à 1. L’OM, lors des quinze derniers déplacements dans le Forez, a connu autant de défaites.

Les hommes d’Henrik Kasperczak sont invaincus chez eux. Ce qui ne les empêche pas d’être à un petit point du premier relégable. Pour ce match, pas moins de 44 820 spectateurs ont répondu présent pour ce match au sommet. L’OM est premier ex-aequo avec Bordeaux.

On est loin de l’affaire Carnus-Bosquier, du transfert houleux de Bereta, du bras d’honneur de Salif Keita en direction de Rocher. Les clubs ont connu des fortunes diverses depuis les années 70. Toujours à la recherche de grandes affiches, Lucien Leduc et Albert Batteux ont fait le déplacement.

Jean-Pierre Papin aux prises avec le défenseur stéphanois Jean-Philippe Primard.
Jean-Pierre Papin aux prises avec le défenseur stéphanois Jean-Philippe Primard.

Les Marseillais jouent un match sérieux face à de valeureux hommes verts qui, s’ils mettent toutes leurs forces dans la bataille, sont limités. Les Verts se lancent à corps perdu dans la bataille mais se heurtent à une défense marseillaise expérimentée, bien regroupée autour de l’Allemand Förster.

A la 42e minute, Dimitrov, le défenseur bulgare des Verts, concède un coup franc sur Diallo. Blaz Sliskovic le frappe et dépose le ballon sur la tête de Cubaynes. Marseille a réalisé le plus dur.

Après la pause, Saint-Etienne tente bien de revenir mais la frappe de Musquère est renvoyée par la barre transversale de Joseph-Antoine Bell, impeccable d’un bout à l’autre de la rencontre. Les Verts s’accrochent.

A la 59e minute, Kasperczak veut apporter un peu de sang neuf. Il invite son milieu Françoise à sortir. Ferri piaffe d’impatience de fouler la pelouse. L’ex-Niçois refuse son remplacement. Il y croit jusqu’au bout et ne veut pas quitter ses coéquipiers. Malgré les derniers assauts, Saint-Etienne s’incline à domicile face à l’OM depuis un peu plus de trente-six ans.

Pascal Françoise, le milieu de terrain de l'ASSE, refuse de quitter le terrain.
Pascal Françoise, le milieu de terrain de l’ASSE, refuse de quitter le terrain.

Les Verts devront donc lutter jusqu’au bout pour ne pas retomber en Division 2… au risque de voir partir Dimitrov qui a prévenu qu’il n’évoluerait pas à l’étage inférieur. Ils sont donc prévenus !

Le mot de la fin revient à Joseph-Antoine Bell : « L’ASSE possède un stade et un public extraordinaires. S’il fallait que je compare le public stéphanois à celui de Marseille, je dirais que le premier est capable d’encourager son équipe jusqu’au bout, ce qui n’est pas toujours le cas au Stade-Vélodrome ».

Comble de l’histoire, quelques années plus tard, l’international camerounais aura l’occasion de vérifier ses dires.

But.- Cubaynes (42e).
Saint-Etienne : Castaneda (cap.) – E. Clavelloux, Primard, Dimitrov, Gros – Françoise, Peycelon, Ribar – Bénédet, Krimau, Musquère. Entr.: Kasperczak.
Marseille : Bell (cap.) – Bonnevay, Förster, Domergue, Bade – Passi (Francini, 59e), Giresse, Sliskovic, Diallo – Papin, Cubaynes. Entr.: Banide.

 

Fournier : l’appel des cigales

Le 24 avril 1990. Saint-Etienne-Marseille : 0-0.

En novembre 1989, l’OM cherche un joker. Bernard Tapie, président de l’OM, a jeté son dévolu sur le milieu de terrain stéphanois Laurent Fournier.

André Laurent, le président stéphanois, surpris de cette rumeur, n’a nullement l’intention de se séparer de l’une de ses pièces maîtresses. Pour couper court à la rumeur, il lâche : « Marseille me proposerait trois milliards que je ne lâcherais pas Laurent. En revanche, à six milliards… » Dont acte.

Laurent Fournier freine l'élan de Philippe Vercruysse.
Laurent Fournier, le battant, freine l’élan de Philippe Vercruysse.

Le 24 avril 1990, Les Verts accueillent l’OM. C’est l’ambiance des grands soirs comme à chaque fois que le club phocéen se déplace dans le Forez. Les drapeaux s’entremêlent. Des « Allez les Verts » retentissent comme à la belle époque.

Le maintien est pratiquement assuré. Lolo Fournier, l’un des chouchous de Geoffroy-Guichard, sait qu’il va être observé et chacun de ses gestes vont être épiés. De quoi le motiver encore un peu plus.

Casta ovationné

Les Marseillais ne sont pas dans un grand soir mais ils savent qu’ils peuvent compter sur leur gardien. En effet, Jean Castaneda, dit « Casta », a passé une dizaine de saisons dans la maison verte. Le public ne s’y trompe pas et l’ovationne comme il se doit.

Les hommes de Robert Herbin ne sont pas à l’aise dès qu’il s’agit de faire le jeu. Devant une affluence record (44 633 spectateurs), les deux équipes se neutralisent et le score nul et vierge semble satisfaire tout le monde. Fournier a fait son match… sans plus.

Quelques semaines plus tard, il s’engagera avec l’OM pour trois saisons.

Après deux ans à Saint-Etienne, l’ex-capitaine de l’équipe de France Juniors championne d’Europe en 1983 évoluera à son poste de prédilection, milieu droit.

Saint-Etienne : Beaufreton – Deguerville, Sivebaek, Haon, Courault – Geiger (cap.), Pouliquen, Fournier – Witschge, Tibeuf, Mendy. Entr.: Herbin.
Marseille : Castaneda – Amoros, Mura, Sauzée, Di Meco – Tigana, Germain, Vercruysse – Francescoli (Deschamps, 83e), Papin, Waddle. Entr.: Gili.

 

Alex fait sa déclaration d’amour

Le 12 décembre 1999, Saint-Etienne bat l’OM 5-1.

Pour recevoir l’OM, Robert Nouzaret doit recomposer son attaque. José Aloisio et Nestor Subiat sont indisponibles. Le petit Brésilien Alex et Revelles sont donc associés en attaque. En défense, Jean-Guy Wallemme est également absent.

Les Marseillais ne sont pas au mieux en ce mois de décembre. Mais pour eux, le pire est à venir. Ils sont loin d’imaginer qu’ils vont passer une soirée cauchemardesque dans le Chaudron à cause d’un petit lutin vert débarqué à Saint-Etienne six mois plus tôt.

Alex sait que le match est retransmis au Brésil. L’occasion est trop belle pour la laisser passer.

Le stade affiche complet. Les supporters marseillais ont fait le déplacement en nombre, comme souvent à Geoffroy-Guichard.

Mais rapidement, les Stéphanois anéantissent leurs chants ainsi que les espoirs de leur équipe. La faute à un homme : Alex Dias de Almeida dit Alex. Dès la cinquième minute, sur un centre de Revelles, il ouvre son compteur-buts de la soirée (1-0). Bien imité cinq minutes plus tard par son capitaine Lionel Potillon de la tête (2-0). Le stade exulte.

Le défenseur Lionel Potillon inscrit le deuxième but dans un stade ivre de bonheur.
Le défenseur Lionel Potillon inscrit le deuxième but pour les Verts dans un stade ivre de bonheur.

A la 21e minute, Alex, de l’intérieur du gauche, marque de près et assomme les Marseillais. Le Brésilien imite le geste de la panthère pour mieux montrer sa joie. Les supporters provençaux, dépités, jettent boulons et barres de fer sur leurs homologues stéphanois. Des sièges volent sur la pelouse. Des fumigènes sont échangés entre supporters des deux camps. Le match est interrompu. M. Garibian renvoie les vingt-deux acteurs aux vestiaires.

A la 29e minute, Alex continue son festival. Pédron, d’un retourné acrobatique lance Revelles sur l’aile droite qui centre pour Alex. Le Brésilien contrôle son ballon et lobe Porato pour son troisième but de la soirée.

La panthère sort ses griffes

4-0 à la mi-temps. Le speaker du stade appelle les chauffeurs de bus marseillais. A leur retour sur la pelouse, les joueurs tentent d’apaiser les ardeurs des supporters. La seconde mi-temps se jouera sans les supporters marseillais. Ils sont reconduits sous escorte jusqu’à leur bus et repartent immédiatement en Provence.

Alex, le grand bonhomme de la soirée.
Alex, le grand bonhomme de la soirée.

La deuxième mi-temps n’est qu’une formalité. Le héros du jour, sur une ouverture de Boudarène crucifie Porato de l’intérieur du droit (62e). Alex inscrit le premier quadruplé de la saison en championnat.

La réduction du score de Dalmat dans les arrêts de jeu est anecdotique.

Vidéo des six buts de ce Saint-Etienne-Marseille :

Les « Allez les Verts, Allez les Verts » pour ce dernier match du siècle dans le Chaudron sentent bon le renouveau de l’AS Saint-Etienne. Cela faisait vingt ans que les Verts n’avaient plus battu l’OM à Geoffroy-Guichard. C’était le 16 décembre 1979, ce soir-là, ils s’étaient imposés 3-0 grâce à des buts de Zimako, Rep et Larios.

Dans son édition du lundi 13 décembre, L’Equipe donne la note maximale de 6 à Alex.

En inscrivant quatre buts dans un même match, Alex rejoint les René Alpsteg, Foix, Herbin, Hervé Revelli (3 fois), Keita (3 fois), Patrick Revelli et Platini. Seuls Keita avec 6 buts et Herbin (5) ont fait mieux.

Buts.- Saint-Etienne : Alex (5e, 21e, 29e, 62e,), Potillon (10e) ;
Marseille : Dalmat (90+ 2).
Saint-Etienne : Alonzo – Llacer, Mettomo, Kvarme, Potillon (cap.) – Sablé (Boudarène, 61e), Sarr – Guel, Pédron (Ferhaoui, 79e) – Alex (Chavériat, 76e), Revelles. Entr. : Nouzaret.
Marseille : Porato – Pérez, Berizzo, Gallas, Martin (Reina, 62e) – Luccin, Brando (Montenegro, 46e) – Dalmat, Pirès – Dugarry, Maurice (Bakayoko, 68e). Entr.: Castoni.

Toulouse-Saint-Etienne : un parfum de violette

Vendredi, en match avancé de la 24e journée de championnat, Toulouse accueille Saint-Etienne au Stadium. Cette rencontre est l’occasion de revenir sur le Challenge des Champions disputé le 7 juin 1957 ainsi qu’une défaite « salutaire » des Verts à Toulouse en 1963. Christian Lopez, joueur emblématique de l’épopée des Verts des années 70, a quitté Sainté pour le Téfécé en 1982. Récit d’un transfert. Bonne lecture.

 

A la bonne franquette

7 juin 1957. Challenge des Champions. Toulouse-Saint-Etienne : 1-2.
Depuis sa création en 1954-55, le Challenge des Champions oppose le champion de France au vainqueur de la Coupe de France. Les bénéfices de ce match sont reversés à la Caisse de sécurité et de secours des joueurs.

Saint-Etienne est dirigé par Manuel Fernandez, l’entraîneur des amateurs stéphanois, appelé à remplacer temporairement Jean Snella parti dans le Nord au chevet de sa mère, gravement malade. Fernandez doit composer sans Njo-Léa, retenu pour des épreuves universitaires et Lefèvre, blessé. Aussi, parmi les cinq militaires partis en Grèce, seuls Ferrier et Goujon sont rentrés indemnes. Pour Toulouse, ce match est l’occasion de présenter à son public la Coupe de France remportée face à Angers (6-3) au stade de Colombes.

L’ambiance est bon enfant et les 11 254 spectateurs découvrent deux nouveaux joueurs. Le premier est toulousain : il s’agit de Casanova, tout juste arrivé de Casablanca, qui remplace Di Loretto, parti en vacances en Argentine. Le second est Cristobal, un avant-centre en provenance d’Orléans mis à l’essai par les Verts.

A Toulouse, Richard Tylinski était dans un jour "sans".
A Toulouse, Richard Tylinski était dans un jour « sans ».

D’entrée, les deux équipes jouent l’attaque et s’octroient quelques libertés avec le marquage. Dès la 6e minute, les Stéphanois ouvrent la marque par Oleksiak mais Casanova signe ses débuts en égalisant dix neuf minutes plus tard. Avant la pause, Fouillen, de la tête, sur un centre de Goujon, redonne l’avantage aux Verts. Malgré une nette domination des locaux en deuxième mi-temps, le score n’évolue plus.

Saint-Etienne remporte le Challenge des Champions et peut préparer sereinement la Coupe latine. Les Toulousains, dès le lendemain, s’envolent pour une tournée en Turquie.

Buts.- Toulouse : Casanova (25e) ; Saint-Etienne : Oleksiak (6e), Fouillen (38e). Toulouse : Roussel – Boucher, Pleimelding, Nungesser – Bouchi, Cahuzac – Brahimi, Dereuddre, Casanova, Rytkonen, Bouchouk. Entr. : Bigot.
Saint-Etienne : Abbes – Cassado, R. Tylinski, Wicart – Domingo (Vernier), Ferrier – Rijvers, Goujon, Fouillen, Oleksiak, Cristobal. Entr. : Fernandez.

 

Christian Lopez : Ô Toulouse

« Qu’il est loin mon Forez, qu’il est loin,
Parfois au fond de moi se raniment
L’âme verte du Stade Geoffroy-Guichard
et la fumée de ses cheminées »

Si Claude Nougaro chantait Toulouse, Christian Lopez aurait pu entonner ce couplet quand il a quitté l’AS Saint-Etienne, son club formateur, pour le TFC.

Christian Lopez au milieu de ses coéquipiers sous les ordres de Robert Herbin.
Christian Lopez au milieu de ses coéquipiers sous les ordres de Robert Herbin.

En 1970, l’AS Saint-Etienne remporte la Coupe Gambardella. Dans ses rangs, elle compte une bande de jeunes talentueux recrutés par Pierre Garonnaire, parmi lesquels Merchadier, Patrick Revelli, Sarramagna, Synaeghel, Santini et… Christian Lopez. A l’âge de huit ans, en pleine guerre d’Algérie, il quitte son pays natal avec sa famille direction Cannes. Mais c’est à l’Entente Cannet-Rocheville qu’il débute dans le football. Le jeune homme ne laisse pas indifférents les recruteurs, notamment marseillais. C’est alors que Pierre Garonnaire, dénicheur de jeunes talents pour les Verts, flaire la bonne affaire et le fait venir dans le Forez en novembre 1969, avec l’accord de son père. Début juillet 1972, le club dirigé par le président Rocher fait signer à tous ces jeunes joueurs prometteurs un contrat « longue durée. »

Le 7 juillet 1972, L’Equipe révèle la signature de la « promotion stéphanoise »

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Avec l’ASSE comme avec l’équipe de France, il gravit tous les échelons qui le mènent à la gloire. Avec les Verts, il a tout connu ou presque jusqu’à ce printemps 1982 et la crise qui a secoué la maison verte. Il est très attaché au maillot vert qui a fait grandir l’homme et le footballeur et façonné son image.

Le 12 septembre 1981, Christian Lopez confie à ASSE-Actualités, le magazine officiel du club : « Mon contrat s’achèvera en juin 1983. J’aurai alors 30 ans et je l’espère, quelques bonnes années encore devant moi. Je souhaiterai évidemment à cette époque signer un nouveau  contrat de 3 ans avec l’ASSE. Si ça n’est pas possible, j’envisagerai de jouer ailleurs au plus haut niveau, mais je n’y pense pas car j’ai le plus vif désir de rester à Saint-Etienne non seulement parce qu’il s’agit  du meilleur club de France, que j’y suis profondément attaché mais aussi parce que j’y ai confectionné ma vie. »

Christian Lopez avec Jacques Santini lors d'une séance d'étirements à Geoffroy-Guichard.
Christian Lopez avec Jacques Santini lors d’une séance d’étirements à Geoffroy-Guichard.

Un an plus tard, le discours n’est plus le même. La belle idylle avec le club du président Rocher bat de l’aile. Ce dernier apprécie toujours celui qui a débarqué un jour de novembre 1969 en provenance de Rocheville. A bientôt trente ans, Lopez souhaite prolonger son contrat chez les Verts et pour cela, s’entretient avec son président. Embarrassé, ce dernier lui conseille d’aller voir Herbin pour en discuter. Si « Roby » n’est pas contre le fait que son défenseur accomplisse sa dernière année de contrat, sans doute comme titulaire, en revanche, il ne peut lui promettre pareil confort pour la suite s’il reste à l’ASSE. Sa défense centrale ne lui donne pas entière satisfaction et il envisage de la remodeler. Dans l’esprit de l’entraîneur stéphanois, Patrick Battiston sera amené à moyen terme à occuper son poste.

L'AS Saint-Etienne. De g. à d. :
L’AS Saint-Etienne 1980. De g. à d. : Gardon, Janvion, Battiston, Santini, Castaneda, Lopez. Accroupis : Rep, Larios, Paganelli, Roussey, Platini.

Lopez sur le marché des transferts

A un an du terme de son contrat, le libéro des Verts acquiesce et se dit que s’il veut encore jouer quelques années au plus haut niveau, il doit quitter Saint-Etienne. Le désarroi est grand. Plus proche de son président que de son entraîneur, est-il victime du différend qui oppose Rocher à Herbin dans la crise stéphanoise ? Toujours est-il que pour favoriser son futur transfert, le conseil d’administration du club, réuni le 24 mai au soir, lui fait cadeau de sa dernière année de contrat. Triste consolation.

Derniers matches en Vert

Moins d’un mois après les premiers remous au club, une rumeur fait état d’un intérêt de l’AS Monaco pour le Stéphanois . Très attaché à la Côte d’Azur, il ne lui déplairait pas de se rapprocher de son milieu familial. Le 8 mai 1982, Monaco remporte le titre de champion de France au nez et à la barbe des Stéphanois pourtant larges vainqueurs de Metz (9-2). Lopez qui vient de disputer les trente-huit rencontres de championnat fait ses adieux, ce soir-là, aux supporters du stade Geoffroy-Guichard. Le titre envolé, le défenseur stéphanois espère bien décrocher une quatrième victoire en Coupe de France le 15 mai contre Paris-SG, histoire de boucler la boucle. Mais là encore, elle lui échappe lors de la séance des tirs au but. Son penalty est détourné par Dominique Baratelli, son coéquipier en Bleu. Fin de l’histoire en Vert.

PSG-ST ETIENNE (2-2 (6-5))
Baratelli, le gardien parisien détourne le penalty de Lopez, la Coupe de France s’envole pour le Verts.

 L’heure est à la réflexion

Le 18 mai. Sa décision est prise : après treize ans de bons et loyaux services, il quitte les Verts. Lui qui souhaitait prolonger et négocier un dernier bon contrat avec les Verts ne verra pas son voeu exaucé. Il est en contact avec quelques clubs de Division 2 : Cannes, le Montpellier du président Nicollin qui lui propose une reconversion après sa carrière ou Nice. Néanmoins, les clubs de Monaco, Paris-SG et Metz, clubs de Division 1, sont les plus en rapport avec ce qu’il recherche. Les négociations sont bien avancées avec Monaco mais elles traînent en longueur. L’Espagne l’attire également d’autant qu’il possède la double-nationalité par son grand-père.

bathenay (dominique) lopez (christian)

Sélectionné avec l’équipe de France qui va disputer le Mondial en Espagne, il part trois semaines en stage en altitude à Font-Romeu. Il est donc libre comme l’air qu’il va humer dans les Pyrénées Orientales.

Le 19 mai. Toulouse vient d’accéder à la Division 1 et recherche des joueurs expérimentés. Parmi ceux susceptibles de rejoindre la ville rose, Philippe Mahut.

Vidéo INA : Christian Lopez prépare le Mondial avec les Bleus à Font-Romeu. Il évoque ses contacts en vue de son futur transfert (minute 4 : 40).

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Le 27 mai, les Tricolores sont en pleine préparation. Ils reçoivent la visite de Daniel Visentin, le président toulousain. Le but avoué de ce dernier est clair : concrétiser verbalement les pourparlers avec plusieurs joueurs parmi lesquels Gérard Soler, Philippe Mahut et… Christian Lopez. L’homme fort du TFC repart de son court séjour avec un seul accord : celui du Bordelais Soler. Concernant le Stéphanois, une petite divergence concerne la durée de son contrat. Lui souhaite un bail de quatre ans alors que Toulouse ne lui en propose que trois. Aussi, il émet une condition : jouer libero au côté du Hongrois Balint, un autre libero mais qui occupe le poste de stoppeur. Il s’accorde un temps de réflexion d’autant qu’un autre club, le Servette de Genève, verrait d’un bon oeil son arrivée sur les bords du lac Léman. Mais sa préférence va finalement au club toulousain.

Toulousain pour 4 ans

Le mercredi 2 juin, les Bleus sont au Stadium de Toulouse pour y disputer un match de préparation contre le Pays de Galles. Si les joueurs de Michel Hidalgo s’inclinent 1-0, en revanche, pour Christian Lopez, ce voyage dans la ville rose s’annonce décisif. Le lendemain matin, il est reçu par le président haut-garonnais. Les deux hommes s’entendent sur un contrat de quatre ans comme le relate le journal L’Equipe dans son édition du 4 juin :

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Une page se tourne pour le célèbre défenseur des Verts. Avec l’AS Saint-Etienne, « Jeannot » comme l’appellent encore les Stéphanois, surnom que lui avait donné Bernard Bosquier en 1969 qui lui trouvait une ressemblance avec Jean Baeza, le joueur de l’OM, possède un des plus beaux palmarès du football français. En treize ans à l’ASSE, il a remporté une Coupe Gambardella (1970), quatre titres de champion de France (1974, 1975, 1976 et 1981), trois Coupes de France (1974, 1975 et 1977) et disputé une finale de Coupe d’Europe (1976).

 

Une défaite salutaire

7 septembre 1963. Toulouse-Saint-Etienne : 4-0.
Toulouse est leader après la première journée de championnat ! Rien d’anormal. Saint-Etienne est onzième : rien d’étonnant après un match nul contre Valenciennes (1-1). Le promu stéphanois, à l’occasion de la deuxième journée, se déplace en Haute-Garonne. Blessé lors du premier match, Pierre Bernard, leur nouvelle recrue au poste de gardien, effectue ses grands débuts. Malgré cette rentrée, Jean Snella dénombre beaucoup de blessés, ce qui l’oblige à emmener deux joueurs amateurs : le défenseur Georges Polny et l’attaquant Jean Masson. Mais ces deux joueurs se sont rendus à Toulouse sans licence. Ils ont dû apposer leur signature sur la feuille de match pour pouvoir jouer. Toulouse ne fait d’ailleurs aucun problème à cet oubli malencontreux. Autre époque !

Robert Herbin, l'une des rares satisfactions stéphanoises de ce match.
Robert Herbin, l’une des rares satisfactions stéphanoises de ce match.

Côté toulousain, Baraffe joue avec le poignet gauche bandé suite à une chute lors d’une séance d’entraînement au Bataillon de Joinville. D’entrée, Toulouse imprime un rythme soutenu que les Stéphanois ont du mal à suivre. Groschulski (5e) malgré une position de hors-jeu, Dorsini (27e), Baraffe (38e) scellent le sort de ce match en première mi-temps. Richard Tylinski n’est pas dans un bon jour et l’absence de Ferrier se fait sentir au fil des minutes. Le quatrième but de Groschulski (78e) est anecdotique. Sans un Bernard en grande forme et un Herbin omniprésent, l’addition aurait été beaucoup plus lourde. A l’issue de cette rencontre, Toulouse s’empare seul de la première place et les Stéphanois ferment le classement avec un seul petit point.

Le train n’attendant pas, les hommes de Snella n’ont pas le temps de gamberger. Dès le coup de sifflet final, ils ont vingt-cinq minutes, pas une de plus, pour se doucher et regagner la gare de Montabiau. Escortée par une voiture de police-secours, la délégation stéphanoise repart à temps. Visiblement, cette défaite a été salutaire pour eux. Le retour des blessés et une meilleure organisation de la défense redonnent des couleurs au promu. Pour preuve, après le naufrage toulousain, ils alignent sept victoires et quatre nuls, soit onze matches sans connaître la défaite.

Buts.- Groschulski (5e),Dorsini (27e), Baraffe (38e), Groschulski (78e).
Toulouse : Roussel – Mouthon, Simon, Redin – Bocchi, Bruneton – Wojciak, Mahi, Groschulski, Baraffe, Dorsoni. Entr. : Deladerrière.
Saint-Etienne : Bernard – Cassado, Tylinski, Polny – Domingo, Herbin – Foix, Hartmann, Guy, Mekloufi, Masson. Entr. : Snella.