Dernier blog : Fortunes diverses chez les Bleus
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Lundi 26 avril. Robert Herbin est impatient de retrouver ses internationaux même s’il sait qu’il devra encore patienter vingt-quatre heures supplémentaires. Ce lundi matin, les journalistes et photographes sont présents au stade Geoffroy-Guichard. Faute de participants, l’entraîneur stéphanois leur donne rendez-vous vingt-quatre heures plus tard. « Ce lundi après-midi, pas d’entraînement, mais demain toute la journée au travail », assure-t-il.
M. Gust, un journaliste allemand venu spécialement d’Hambourg pour le journal « Der Spiegel » en est lui aussi pour ses frais. Avant de quitter le stade, il entend axer son article sur l’importance qu’a donné le football à une ville pourtant industrielle : avant la qualification de son équipe pour la finale de la Coupe d’Europe, Saint-Etienne n’était pas tellement connue en Allemagne.
Glasgow et nul lieu ailleurs
L’UEFA a confirmé officiellement le maintien de la finale de la Coupe d’Europe. Ce sera bien Glasgow… au grand dam des Bavarois qui souhaitaient que la finale se déroule à Berne, Milan, Rome ou, plus surprenant, à Paris.
« S’il n’y avait eu que moi, nous aurions proposé Paris, le Parc des Princes. Cela prouvait que le Bayern avait du panache et le public nous en aurait su gré. »
Dettmar Cramer (Bayern Munich)
A vouloir « décentraliser » la finale, les Bavarois ne se sont pas fait que des amis ou tout du moins des supporters. La demande allemande, jugée vexante par les Ecossais, augmente un peu plus la popularité des Verts.
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Quoi de neuf à Munich ?

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Les sueurs froides de « Garo »
En Ecosse, Pierre Garonnaire a bouclé à 90 % le futur séjour des Stéphanois. Rentré tard dans la soirée de jeudi, il avait demandé à ce qu’on lui expédie les 20 000 billets réservés au club français. Alors qu’il attendait patiemment l’avion pour Lyon-Satolas via Londres, il a eu la surprise de voir arriver deux porteurs de valises escortés par des policiers. Elles contenaient les billets de la finale. L’intendant stéphanois n’était pourtant pas au bout de ses surprises mais surtout de ses frayeurs. Après un vol sans encombre, l’homme à tout faire de l’ASSE patiente pour récupérer les fameuses valises. « J’ai eu grand peur à Lyon, en constatant que l’une des valises était détériorée et j’ai dû attendre mon arrivée au siège pour savoir s’il ne manquait pas des billets, mais il s’agissait bien d’un accident. »
Jacques Foix s’occupe du Sud-Ouest

Garonnaire aurait pu ramener 20, 30, 40 000 billets qu’ils auraient tous trouvés preneurs tant les demandes affluent au siège du club. Un club français en finale d’une coupe européenne ne se produit pas chaque année. De ce fait, de nombreuses entreprises ont fait la démarche d’emmener leurs employés à Glasgow. Pour beaucoup, la déception sera sans doute à la hauteur de leurs espérances. Dans le Sud-Ouest, les supporters de Jean-Michel Larqué et de Christian Sarramagna seront bien au rendez-vous. « Finalement, ce sont deux Caravelles qui s’envoleront à l’aérodrome de Pau le 12 mai, annonce fièrement le capitaine stéphanois. Et c’est Jacques Foix qui a été chargé de se procurer les billets d’entrée. »
Pierre Garonnaire est un homme prévoyant. « Puisque nous avons battu les Rangers à Glasgow, nous jouerons la finale ici le 12 mai », avait-il dit au directeur de l’hôtel où séjournait les Stéphanois. Il a tenu parole et lors de son séjour en Ecosse, il est retourné à l’Esso Motor Hôtel pour effectuer la réservation. Comme en octobre 1975, les Verts seront logés à dix kilomètres de Glasgow.

Poty et Filiol s’affairent
Mardi 27 avril. Lopez, Bathenay et Janvion sont rentrés de Moscou. L’effectif stéphanois est désormais quasi au complet, ce qui n’est pas pour déplaire à Robert Herbin. Les deux matches internationaux contre la Pologne pour les uns et les Soviétiques pour les autres ont laissé des traces. Ce mardi matin, ce sont une fois encore le docteur Poty et le kiné Filiol qui sont les plus à l’ouvrage. Dominique Bathenay est gêné par sa cheville droite alors que Jean-Michel Larqué se plaint du mollet gauche. Moins grave mais tout aussi ennuyeuses sont les blessures de Patrick Revelli et Gérard Farison. Le premier est en délicatesse avec sa cheville alors que le second souffre de la dernière phalange du petit doigt de sa main gauche.
A Saint-Etienne, les traditions perdurent. A l’issue de l’entraînement matinal, « Tachan » alias Gérard Farison, comme le surnomment ses coéquipiers, a offert le Champagne à ses partenaires pour fêter sa première sélection.
Curkovic récompensé par les Membres Associés

L’après-midi, les portes du stade Geoffroy-Guichard sont fermées. Herbin a accordé une demi-journée de repos à ses joueurs pour qu’ils puissent recharger les batteries. Pour Ivan Curkovic, il n’est pas question de profiter de la sieste. En milieu d’après-midi, il a rendez-vous au Novotel d’Andrézieux-Bouthéon. Auteur d’un mois d’avril exceptionnel avec, en point d’orgue, son match phénoménal à Eindhoven, il a été élu meilleur joueur du mois par les Membres Associés. Dans les salons de l’établissement, Georges Elbeck, leur président, se charge de remettre au gardien yougoslave la traditionnelle « panthère noire ». Devant une foule venue nombreuse et avant le verre de l’amitié, Roger Rocher prononce un discours très élogieux à l’encontre de son gardien. Il souligne l’admiration qu’il a pour le joueur mais aussi pour l’homme qui honore sa profession et représente un exemple pour tous.
Dès leur arrivée à l’aéroport de Glasgow situé à une vingtaine de kilomètres du centre-ville, les Stéphanois veulent remporter la bataille des supporters. Pour satisfaire en temps et en heure tous les impatients, les dirigeants des Membres Associés ne comptent plus leurs heures. Pour eux, les jours sont trop courts et les nuits pas assez longues. « Nous expédions dans toute la France une moyenne de soixante-dix colis de gadgets par jour », reconnaît M. Elbeck.

Mercredi 28 avril. Glasgow, c’est le 12 mai. Mais avant d’avoir la tête complètement à la finale, les Verts doivent encore disputer deux rencontres de Championnat. La première à Strasbourg dès ce vendredi et la deuxième contre Nîmes le 4 mai. Pour le premier déplacement, Robert Herbin devra composer sans les deux Dominique, Bathenay et Rocheteau. Le forfait du premier offrira à Jacques Santini de retrouver une place dans le milieu de terrain au côté de Larqué et Synaeghel. Le forfait de Rocheteau en attaque sera lui compensé par la titularisation de Christian Sarramagna qui devrait occuper l’aile gauche au côté des frères Revelli en attaque.

Au siège du club, les grands sacs de courriers arrivent un peu plus nombreux chaque jour. Dominique Rocheteau devance toujours ses camarades au nombre de lettres reçues. Ce mercredi matin, Christian Lopez, visiblement encore marqué par sa prestation avec les Espoirs français, hésite à ouvrir la cinquantaine de lettres qui lui sont destinées. « Je croyais que c’étaient des reproches. Ce ne sont que des encouragements », dit-il en poussant un « ouf ! » de soulagement.
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Quoi de neuf à Munich ?

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Herbin est méfiant
Jeudi 29 avril. Robert Herbin attache beaucoup d’importance à ce déplacement en terre alsacienne. « Si nous étions sûrs de gagner la Coupe d’Europe, ce qui nous permettrait d’être automatiquement qualifiés pour la disputer de nouveau la saison prochaine, nous pourrions nous désintéresser du Championnat, assure l’entraîneur stéphanois. Mais ce n’est pas le cas. Alors, il ne faut pas que nous perdions notre titre. Nous savons que du fait de nos succès en Coupe d’Europe, tous nos adversaires rechercheront l’exploit en nous battant, et vendredi soir, à Strasbourg, nous nous attendons à une tâche très difficile. »

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STRASBOURG EN BREF
Le 19 novembre 1975, Strasbourg s’inclinait 2 à 1 au stade Geoffroy-Guichard. L’entraîneur alsacien s’appelait Hendrikus Hollink. L’accumulation des mauvais résultats de son équipe avait fini par lui coûter son poste. Pour le remplacer, les dirigeants strasbourgeois ont alors fait appel à Paul Frantz. Malgré une victoire contre Lyon 5 à 0, le choc psychologique escompté n’a pas eu lieu et aujourd’hui, Strasbourg lutte pour ne pas descendre à l’étage inférieur. Avant-dernier au classement, Gyora Spiegel et ses coéquipiers accueillent ce vendredi l’AS Saint-Etienne.
Gemmerich le pressentait

Depuis le début du mois d’avril, l’équipe entraînée par Paul Frantz souffle le chaud et le froid. Le 2 avril, après un match nul à Reims (1-1), le moral des joueurs du RCS était au plus bas. Les Alsaciens n’avaient pas perdu mais Monaco et Troyes, les deux autres candidats au maintien (Avignon est déjà condamné), s’étaient imposés. Malheureux sur le terrain ce soir-là, Albert Gemmrich, alors meilleur buteur du club avec six buts, lançait avec un culot certain : « Mais personne ne sait que nous allons gagner à Monaco. » Boutade ou pressentiment ? Toujours est il qu’une semaine plus tard, les Strasbourgeois obtenaient leur première victoire à l’extérieur de la saison en Principauté (2-1). L’espoir était de retour en même temps qu’un peu de sérénité. La 31e journée de Championnat allait pourtant replonger le club alsacien dans ses angoisses du moment. La lourde défaite chez le voisin messin (5-0) a laissé des traces dans les organismes mais aussi dans les têtes. Cette déroute tombe mal à la veille de recevoir l’équipe finaliste de la Coupe d’Europe des Clubs Champions.
En cette fin avril, le seul qui a le sourire au RCS, c’est le trésorier du club. La location pour ce match de gala bat son plein, ce qui n’était plus arrivé depuis très longtemps. Il faut dire que les récents exploits en coupe d’Europe des hommes d’Herbin plaident en leur faveur. Partout où les Verts se déplacent, les stades affichent complet. Celui de La Meinau n’échappera pas à la règle.

« Contre Saint-Etienne, nous n’avons rien à perdre. Tout à gagner. »
Paul Frantz

Paul Frantz veut croire en un sursaut de son équipe contre Saint-Etienne. Une victoire face au champion de France permettrait d’entretenir la flamme de l’espoir. « Nous nous efforcerons de ne pas entrer dans le jeu technique de Saint-Etienne. Nous jouerons physique, annonce Frantz. Je crois que les Stéphanois penseront déjà beaucoup à la finale de la Coupe d’Europe qu’ils disputeront dans 15 jours. » L’entraîneur strasbourgeois fera confiance aux treize joueurs des dernières journées pour tenter l’impossible exploit et entretenir la flamme.
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Quoi de neuf à Munich ?
A Munich, rien ne laisse encore supposer que le Bayern va disputer une finale de Coupe d’Europe. On est très loin de l’effervescence qui gagne un peu plus chaque jour la cité stéphanoise. Le club bavarois distille les infos au compte-gouttes. Ce jeudi, ni le lieu de résidence en Ecosse ni le nombre de places demandées par les supporters n’ont été divulgués.
« Mettez le champion de France en garde contre Gerd Müller. Il forme à lui seul une équipe. »
Ladislas Kubala (sélectionneur de l’Espagne)
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Vendredi 30 avril. Pierre Garonnaire a fait le déplacement en Alsace avec le groupe stéphanois. Pour gonfler à bloc les joueurs avant la rencontre, il a affiché dans le vestiaire la page du journal des Glasgow Rangers où M. Wadell, le manager des Blues, a demandé aux Ecossais d’encourager les Français le 12 mai prochain.
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Le compte-rendu du quotidien L’Equipe

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STRASBOURG-SAINT-ETIENNE : 0-2
Spectateurs : 16 497. Recette : 327 806 F. Arbitre : M. Heliès. Buts.- Hervé Revelli (73e), Lopez (77e).
Strasbourg : Dropsy – Marx, Specht, Spiegel, Dugueyperoux – Deutchmann, Ehrlacher, Lehmann – Tanter, Wagner, Gemmrich. Entr. : Frantz.
Saint-Etienne : Curkovic – Janvion, Piazza, Lopez, Farison – Larqué, Santini, Synaeghel – P. Revelli, H. Revelli, Sarramagna. Entr. : Herbin.
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Au stade de la Meinau, Saint-Etienne s’est imposé 2 à 0 contre Strasbourg. Face à une équipe alsacienne courageuse mais beaucoup moins fringante qu’au match aller, les Stéphanois ont maîtrisé leur adversaire sans grande difficulté. Les craintes de Robert Herbin ont ainsi été levées et son équipe repart d’Alsace avec les deux points de la victoire. Peu disert sur la prestation des siens, Robert Herbin se projette déjà sur la réception de Nîmes, ultime répétition avant Glasgow.
« Le match de mardi contre Nîmes arrive à point nommé. Ce fut une bonne préparation à huit jours de Glasgow. »
Robert Herbin
De son côté, Roger Rocher regrette que ses joueurs n’aient pas inscrit le troisième but synonyme de bonus. « Dommage de n’avoir pas accéléré plus tôt. On aurait quand même dû ramener le bonus, compte-tenu des occasions créées. »
Lopez ouvre son compteur-buts
Christian Lopez a retrouvé le sourire. Son but inscrit à la 77e minute, même s’il n’efface pas totalement sa prestation moscovite, atténue quelque peu un début de semaine difficile. « J’avais peur de faire des bêtises. On a beaucoup parlé de mes erreurs de Moscou. C’est normal mais les critiques m’avaient marqué. Finalement, tout s’est bien passé et je marque mon premier but de la saison. L’an passé, à cette époque, j’en avais déjà réussi quatre. Il me reste trois buts à remonter. »

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Quoi de neuf à Munich ?

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Thierry CLEMENCEAU
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Pendant ce temps-là…
♦ Le CO Le Puy, à la recherche d’un entraîneur pour la saison 1976-77, est entré en contact avec le Rouennais Georges Polny. Un retour dans la région ne déplairait pas à l’ancien défenseur stéphanois, champion de France avec les Verts à cinq reprises.
♦ A Saint-Etienne, l’équipe réserve stéphanoise n’a pu faire mieux que match nul dans le derby qui l’opposait au voisin lyonnais. En ouvrant le score à la 75e minute, Boury pensait avoir donné la victoire à son équipe. Mais à trois minutes de la fin, Ferrigno remettait les deux équipes à égalité.
♦ L’Olympique Avignonnais a officialisé la venue d’Albert Batteux dans le Vaucluse. L’ancien entraîneur de l’ASSE a donné son accord pour assurer la direction technique du club.
♦ En finale aller de la Coupe UEFA, dans son stade d’Anfield, Liverpool a disposé de Bruges 3 à 2.
♦ L’Olympique de Marseille n’ambitionne plus de remporter le titre de champion de France de D1. Qualifié pour la finale de la Coupe de France, le club du président Méric ambitionne de décrocher une place pour la coupe UEFA. L’ancien Stéphanois Georges Bereta pense que l’objectif affiché est à la portée des Olympiens. « Nantes a son problème Bargas, Nice est victime de la suspension de Katalinski, Saint-Etienne, par force, pense à « sa » finale… Nous, nous avons une grande communion d’esprit ! Vous allez le voir, les copains de l’OM vont faire parler d’eux ! »
Th.C.
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Le Chaudron se visite aussi
Le Musée des Verts a fêté son deuxième anniversaire. Vous pouvez visiter le stade Geoffroy-Guichard. Le billet d’entrée combiné « stade Geoffroy-Guichard/Musée des Verts » permettra aux supporters de visiter le stade et le musée le même jour ou de visiter le musée ultérieurement, votre ticket étant valable un an à compter de la date d’achat.
Pendant une heure, les supporters des Verts pourront découvrir les coulisses du Chaudron au cours d’une visite guidée exceptionnelle: salle de presse, vestiaire de l’ASSE, couloir d’accès au terrain avec la mythique inscription « Ici, c’est le Chaudron », bord de pelouse, salon des Présidents… Ils pénétreront ainsi dans les lieux habituellement réservés aux joueurs, staffs, dirigeants et officiels.
Rénové dans le cadre des quatre rencontres de l’Euro 2016 programmées à Saint-Etienne, le stade Geoffroy-Guichard appartient à la communauté d’agglomération Saint-Etienne Métropole. Cette rénovation est l’œuvre des architectes de Chaix & Morel et Associés et une réalisation de la société Léon-Grosse. Geoffroy-Guichard est un stade mythique mais désormais également design et écologique.
TARIFS
Plein tarif : 15€.
Tarif réduit : 12€ (+ de 60 ans, -18 ans, étudiants, PMR, demandeurs d’emploi, CE de 20 personnes et plus, groupes de 10 personnes et plus).
Etablissements scolaires et clubs de football amateurs : 10€.
Pack « famille » (2 adultes + 2 enfants) : 42€.
« C’est notre plus belle victoire… »
Quatorze anciens Verts se sont retrouvés au Musée des Verts pour le vernissage de l’exposition « 40 ans après… Retour sur l’épopée des Verts », visible jusqu’au 15 mai 2016. L’occasion pour les instigateurs de la meilleure saison de l’histoire du club de se remémorer les moments qui ont façonné l’une des plus belles pages du sport français. Retrouvez les anciens Verts sur :
Plus de 123 330 visiteurs ont parcouru le Musée des Verts depuis son ouverture le 20 décembre 2013. Et vous ?
http://www.museedesverts.fr