Ce dimanche 19 août, l’AS Saint-Etienne a réussi son entrée dans le championnat de Division 1 en obtenant un brillant match nul à Nice (2-2). Mais à Saint-Etienne, les amateurs de sport ont également vibré pour leur champion cycliste : Roger Rivière. En Belgique, le champion de France de poursuite a remporté le premier Tour d’Europe des amateurs.
La veille, il est un peu plus de 17 heures au stade de la Citadelle à Namur quand Roger Rivière franchit triomphalement la ligne d’arrivée.
« Nous tenons là, je crois, un futur grand champion… »
M. Boncourt, le médecin du clan tricolore
Considéré aujourd’hui comme un champion complet, ce Stéphanois de souche, né le 23 février 1936 à Saint-Etienne, a pris sa première licence en 1953 au Vélo Club stéphanois. En trois ans il s’est hissé au premier plan du cyclisme international. Pendant que les Verts de Jean Snella tenaient tête aux Niçois sur leur terrain, Rivière rentrait tranquillement dans la cité du cycle au volant d’une magnifique « Goliath », voiture allemande qui a récompensé le vainqueur de la compétition. Un champion qui n’est pas pressé de rentrer dans sa ville natale. Et pour cause… Depuis quelques jours, il sait qu’une enveloppe est arrivée à son domicile pour lui signifier son incorporation pour dix-huit mois au Centre Sportif de l’Armée.
Ce dimanche 12 avril 2015, l’AS Saint-Etiennereçoit le FC Nantes pour le compte de la 32e journée de Ligue 1. Après leur élimination en demi-finale de la Coupe de France mercredi contre le Paris-SG (1-4), les Verts ont désormais un seul objectif : une qualification pour une place européenne en 2015-16.
Le 9 octobre 1966, le champion de France nantais se déplaçait au stade Geoffroy-Guichard. Snella et Arribas, les co-entraîneurs d’une équipe de France se disputaient la première place de Division 1. Récit.
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Le départ d’Henri Guérin du poste de sélectionneur de l’équipe de France et la démission de Jacques Georges le 3 septembre, avaient contraint la Fédération Française de Football à mettre en place une Commission de l’équipe de Francecomprenant entre autres, MM. Clerfeuille et Rocher, respectivement présidents de Nantes et de Saint-Etienne.
José Arribas (à gauche) et Jean Snella (à droite) au chevet de l’équipe de France. A Budapest, Hervé Revelli connaît sa première sélection avec les Bleus.
Le 5 octobre 1966, la Commission de l’équipe de France, chargée de trouver les meilleurs moyens de la diriger, décide de poursuivre l’aventure avec les hommes en place.
L’Equipe, 6 octobre 1966.
« Il ne nous feront pas de cadeaux »
En marge de la réorganisation de l’équipe de France, Jean Snella et José Arribas ne se quittent plus. A la différence que cette fois-ci, ils sont adversaires. En effet, le 9 octobre au stade Geoffroy-Guichard, Saint-Etienne reçoit le le champion de France en titre : le FC Nantes. Récent vainqueur de Reykjavik (5-2) en seizièmes de finale de la Coupe d’Europe des Clubs Champions, l’actuel leader a bien préparé ce match au sommet. Arribas et ses joueurs savent qu’ils sont attendus. Pour eux, la partie s’annonce difficile comme le reconnaît Francis Magny, l’avant-centre du FC Nantes, auteur d’un doublé contre les Islandais : « Les Stéphanois voudront absolument gagner contre nous, car ils ont été mortifiés dimanche dernier contre Lyon. Ils retrouveront leur public, ce que constituera un atout non négligeable ; de plus, une nouvelle défaite les reléguerait à trois points… Pour toutes ces raisons, il ne nous feront pas de cadeaux. »
L’Equipe, 7 octobre 1966.
« Nous saurons si les ambitions étaient démesurées »
A Saint-Etienne, Snella veut effacer la désillusion du week-end précédent. Au stade de Gerland, les Verts se sont lourdement inclinés 3 à 0. Di Nallo, Rambert et consorts ont mis à mal la défense stéphanoise qui n’avait encaissé jusque-là que cinq buts en huit rencontres. Malgré ce revers, Snella ne souhaite rien remettre en question pour autant : « Je fais confiance à cette équipe pour recevoir Nantes. Par contre, j’ai tenu ce langage à mes joueurs : ce match contre Nantes est un tournant dans notre saison. Il est capital pour nous plus que pour les Nantais. Nous saurons si les ambitions qu’avait fait naître notre beau début de saison étaient démesurées, ou si elles étaient valables. A vous de le démontrer. »
FranceFootball, 4 octobre 1966.
Cette défaite dans le derby ne semble pas avoir affecté les supporters. Durant toute la semaine, un va-et-vient continuel au siège du club a fait penser que l’on s’apprêtait à battre des records d’affluence. Charles Paret, le secrétaire du club, avait même de bonnes raisons de penser que le précédent record, vieux de dix ans avec la venue du Stade de Reims, tomberait. Le 24 février 1957, 23 000 billets avaient alors été vendus avant l’ouverture des guichets.
En ce début octobre, la meilleure affluence pour un match de football au stade Geoffroy-Guichard est toujours détenue par le derby entre l’ASSE et l’OL. Le 16 février 1964, 33 526 spectateurs avaient franchi les barrières du stade.
L’Equipe, 8 octobre 1966.
Clerfeuille est confiant
A Nantes, tous les feux sont au… vert. Qualifiés en Coupe d’Europe, le leader de la Division 1 s’est défait de Valenciennes (3-1) lors de la dernière journée. Le président Clerfeuille aborde ce déplacement sans pression particulière : « Si nous avions été battus et que Saint-Etienne eût triomphé de Lyon, une seconde défaite, dimanche, aurait eu des conséquences catastrophiques : cinq points de retard. »
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Pour ce déplacement, Arribas ne sait pas encore s’il pourra compter sur la présence de Robert Budzinski, touché à une hanche. Son forfait entraînerait naturellement la titularisation de Claude Robin au poste d’arrière central.
La révélation Henri Michel
Le 28 octobre, Henri Michel fêtera ses 19 ans. Et déjà, José Arribas place en lui de grands espoirs. Transfuge d’Aix-en-Provence, il semble être le digne successeur d’un certain Boukhalfa, Nantais de 1962 à 1965. Meilleur junior français aux tournois internationaux en Allemagne en 1965 et en Yougoslavie en mai 1966, ce futur grand joueur peut évoluer à plusieurs postes. Aussi bien à l’aise à l’aile droite qu’à gauche, son poste de prédilection se situe au milieu de terrain. Les Stéphanois sont prévenus.
Le jeune Henri Michel, transfuge d’Aix-en-Provence, se pose en futur titulaire chez les Champions de France 1966.L’Equipe, 8 octobre 1966.
Le discours de Jean Snella
Jean Snella prépare dans le calme ce match au sommet. Pour répondre présent et s’éviter un nouvel écueil, il sait que ses hommes devront être prêts psychologiquement. « Bien sûr qu’il n’y a pas de déshonneur à se faire battre par le Champion de France qui est aussi le leader actuel du Championnat, a-t-il dit à ses joueurs. Mais il y a beaucoup plus de gloire à glaner en obtenant sur lui la victoire. Vous nous avez démontré au cours des huit premiers matches que vous pouviez prétendre à la succession des Nantais au titre de champion. L’occasion vous sera belle de le démontrer. Sinon, il faudra reconnaître que vos adversaires sont les plus forts et travailler encore pour parvenir à les égaler. »
Jean Snella, l’entraîneur de Saint-Etienne, en grande discussion avec Pierre Bernard, son gardien de but.
Snella et Revelli honorés
L’entraîneur des Verts reste persuadé que ses joueurs peuvent réaliser l’exploit. Comme il sait que l’attente est grande à Saint-Etienne. Si les onze titulaires contre Lyon devraient être reconduits, en revanche, il ne sait pas encore s’il pourra compter sur Hervé Revelli. Touché dans le derby, le meilleur buteur du club (8 buts) boitait bas à la fin du match. Le souci pour Snella, c’est que dès la fin de la rencontre, son joueur avait dû abandonner ses coéquipiers pour rejoindre le Bataillon de Joinville où il est incorporé. Son absence serait préjudiciable à son équipe bien sûr, mais également aux organisateurs de la remise de l’Oscar Byrhh.
L’Equipe, 10 octobre 1966.
Budzinski renonce
Robert Herbin, en délicatesse avec un genou récalcitrant, devrait bien tenir sa place, ce qui ne sera pas le cas de Robert Budzinski. souffrant d’une entorse à la hanche et déjà absent contre Reykjavik. Budzinski n’est pas le seul pensionnaire de l’infirmerie nantaise. A Saint-Etienne, Arribas devra composer sans son gardien titulaire Eon mais également sans Gondet et Prou, tous les deux opérés d’un genou et absents depuis de longues semaines. Enfin, Magny (problèmes d’adducteurs) semble apte pour le service.
Ce Saint-Etienne-Nantes sera, à coup sûr, l’évènement sportif le plus commenté du week-end. Tous les quotidiens nationaux ont dépêché un envoyé spécial qui prendra place dans la tribune suspendue au-dessus de celle des officiels. Aux diverses radios également présentes, Thierry Roland sera aux commentaires pour la télévision.
Musée des Verts.
Au point de vue arithmétique, Nantes ne compte qu’une seule défaite et n’a inscrit que quatre buts à l’extérieur. Malgré cela, il possède une différence de buts de + 8. Saint-Etienne, son second, a inscrit 13 buts (dont 7 à domicile). Avec 13 buts marqués en 9 matches, les attaquants stéphanois n’est qu’en 6e position au classement de la meilleure attaque loin derrière Lens (22 buts).
Le duel entre les deux entraîneurs de l’équipe de France, la dizaine d’internationaux que comptent les deux formations peut donc commencer.
Ce dimanche 9 octobre, la foule des grands jours se presse au stade Geoffroy-Guichard pour voir tomber le leader nantais.
Grosse affluence à Geoffroy-Guichard
Ce dimanche 9 octobre, les 28 175 spectateurs présents au stade Geoffroy-Guichard ne vont pas regretter de s’être déplacés. Hervé Revelli, bien que grippé, est également présent.
France Football, 4 octobre 1966.
D’entrée, les Stéphanois emballent la partie. Entre la 1ère et la 25e minute, tour à tour, Revelli, Mekloufi sur coup franc, Bosquier, N’Doumbé et Fefeu mettent à mal André Castel, l’étonnant gardien nantais. Ces derniers littéralement étouffés par le rythme frénétique des Stéphanois, s’en sortent tant bien que mal.
Les quelques 30 000 spectateurs présents au stade Geoffroy-Guichard sont conquis par la domination stéphanoise durant les trente premières minutes.
A la 20e minute, Herbin entend son genou droit craquer. Il glisse alors à l’aile droite et se contente d’un rôle de figurant. Invectivé par deux spectateurs assis sur des chaises au bord du terrain, Jean Snella se lève de son banc et s’explique sèchement avec les personnes concernées.
France Football, 11 octobre 1966.L’Equipe, 11 octobre 1966.
Deux minutes plus tard, l’excellent ailier « de métier » André Fefeu ouvre la marque pour les Verts. Il profite d’une incroyable mésentente entre le défenseur nantais Grabowski et Castel pour ouvrir le score (1-0, 22e).
André Fefeu, félicité par Hervé Revelli, a profité d’une grosse domination stéphanoise pour ouvrir le score pour les siens (22e).
Saint-Etienne domine, Nantes mène au score
Les Nantais, piqués au vif, se reprennent quelque peu. A la 27e minute, Simon envoie un missile dans les buts de Bernard et crée la panique dans la surface de réparation stéphanoise. Après un énorme cafouillage, le gardien international des Verts est tout heureux de voir le ballon s’éloigner de ses cages. Trois minutes seulement après cet énorme raté nantais, De Michèle tire un coup franc qui provoque un nouveau cafouillage devant le but de Bernard. Cette fois, Magny ne laisse pas passer l’aubaine pour égaliser (1-1, 30e).
Francis Magny, égalise pour le champion de France nantais à la 30e.
Les Stéphanois accusent le coup et les Nantais en profitent pour aggraver la marque par Blanchet (1-2, 36e) dans des conditions similaires. En six minutes, la défense stéphanoise vient de craquer à deux reprises. Sa solidité est mise à rude épreuve.
L’Equipe, 10 octobre 1966.
Le coup de pouce de M. Carette
Après le repos, les vingt-deux acteurs tentent d’imprégner le même rythme mais accusent nettement le coup après la débauche d’énergie dépensée en première mi-temps. A la 60e minute, Mekloufi, le maître à jouer à des Verts, tente une reprise de volée qui touche involontairement la main de Grabowski. M. Carette, l’arbitre de la rencontre, désigne immédiatement le point de penalty. La sanction est contestée par les Canaris qui estiment que c’est le ballon qui a été à la main de l’infortuné Grabowski et non l’inverse. Bosquier ne se pose pas la question et remet les deux équipes à égalité (2-2, 60e).
A la 60e minute, Bosquier égalise pour Saint-Etienne et relance ce match au sommet.
Jacquet réussit le geste parfait
Ce coup du sort redonne un moral d’acier aux joueurs de Snella. La dernière demi-heure va ponctuer une rencontre magnifique. Ragaillardis, les Verts se lancent à l’assaut des buts de l’excellent Castel. A l’entame du dernier quart d’heure, Aimé Jacquet reçoit un centre millimétré de N’Doumbé. Le jeune Stéphanois, d’une reprise de volée parfaite, redonne l’avantage aux siens et fait lever comme un seul homme les 30 000 spectateurs présents (3-2, 75e). Le buteur est ovationné pendant de longues minutes.
Aimé Jacquet, d’une magistrale reprise de volée à la 75e minute, redonne l’avantage aux Stéphanois.
Kovacevic à la conclusion
On s’achemine vers la fin du match. Saint-Etienne tient son exploit mais Nantes ne veut pas en rester là. Tour à tour, Grabowski, Le Chenadec et De Michèle prêtent main-forte à leurs attaquants. Sur l’une de leurs dernières contre-attaques, un long centre de Michel trouve Kovacevic, assez effacé jusque-là et pas encore adapté au football français. L’attaquant nantais, en position idéale, trompe Bernard de la tête et arrache le match nul somme toute mérité (3-3, 86e).
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Quand M. Carette siffle la fin de cette rencontre, Stéphanois et Nantais ont la satisfaction du devoir accompli. A Saint-Etienne, les vingt-deux acteurs ont démontré, s’il en était besoin, que le football français avait encore de beaux jours devant lui.
L’Equipe, 10 octobre 1966.
A Saint-Etienne, le FC Nantes a franchi le premier quart du Championnat. A huit jours près (le 17 octobre 1965), les futurs champions de France avaient bouclé leur premier cycle de dix matches. Ils comptaient alors 18 points sur 20 possibles (8 victoires et 2 nuls). A la différence de la saison précédente, Nantes n’est pas seul en tête du classement puisque Lens le devance seulement au goal average. Le club du président Clerfeuille compte 14 points.
Saint-Etienne suit à un point (13) et reste à l’affût des deux leaders. A pareille époque, les Verts comptaient également 13 points mais n’occupaient que la 6e place. En revanche, ils avaient inscrits 25 buts contre 16 aujourd’hui. L’absence de Robert Herbin se fait durement sentir du côté de Geoffroy-Guichard.
Ce dimanche 22 février 2015,l’AS Saint-Etiennereçoit l’Olympique de Marseille pour le compte de la 26e journée de Ligue 1. Entre les deux clubs, ce sera la centième confrontation en Championnat. Le dimanche 18 octobre 1970, les Marseillais, alors leaders du Championnat de France, se déplaçaient au stade Geoffroy-Guichard avec un seul petit point d’avance sur leur hôte d’un jour. Récit.
Salif Keita dispute un ballon dans les airs à Jacky Novi sous le regard de Robert Herbin.
Le 30 août 1970, en France, se joue la 5e journée du Championnat de Division 1. Un seul match n’a pas lieu : celui qui oppose Saint-Etienne et Marseille. La raison en est toute simple : ce week-end-là, les Verts d’Albert Batteux disputaient le Tournoi Mohamed-V à Casablanca où ils étaient invités au même titre que l’Atletico Madrid et le Standard de Liège. A ce moment de la compétition, l’OM était classé 4e et Saint-Etienne occupait seulement la 8e place de D1. Ce dimanche 18 octobre à 15 heures 30, ce qui aurait dû être un match de début de saison s’est transformé en véritable choc du Championnat.
L’Equipe, 12 août 1970.
« Voilà qui va assurer la recette »
Après leur victoire à Rennes (3-0) une semaine auparavant, les Stéphanois étaient particulièrement heureux, à commencer par Pierre Garonnaire : « Voilà qui va assurer la recette de notre match qui sera disputé dimanche prochain contre Marseille. » Ce n’est pas la victoire contre Nice à domicile (2-1) lors de la journée suivante qui freinera la passion populaire qui s’est emparée de ce match. Grâce à cette victoire, ils restent sur une belle dynamique de quatre succès pour autant de matches. Cette fois, c’est sûr, les coéquipiers de Robert Herbin ont pris leur vitesse de croisière.
Dans le couloir qui mène au vestiaire stéphanois, Albert Batteux et ses joueurs demandent immédiatement le résultat de Marseille, leur futur adversaire. Alors que l’entraîneur stéphanois livre ses premières réactions sur la rencontre qui vient de se terminer, on lui annonce que l’OM n’a pu faire mieux que match nul contre Sochaux (2-2).
« Il faudra éviter de somber »
Batteux esquisse alors un léger sourire qui en dit long. Son équipe revient à un petit point seulement des Olympiens. Une victoire contre les protégés de Mario Zatelli les propulserait seuls en tête du championnat. « Pour nous, dit l’entraîneur stéphanois, cela va être une tout autre paire de manches que devant Nice. Il faudra éviter de sombrer quelque peu comme cela nous est arrivé devant les Niçois après un si bon départ, car les Marseillais, qui viennent de se laisser surprendre chez eux, ne nous laisseront aucun répit. C’est une équipe capable de profiter de la moindre défaillance. »
Avant de penser totalement à cette rencontre au sommet, Batteux a accordé une journée de repos à ses joueurs. L’ex-Rémois, de son côté, en a profité pour se rendre dans sa propriété du côté de Grenoble et y ramasser quelques noix. Rien de tel pour décompresser avant un tel choc.
Revenu le vendredi matin, il a retrouvé ses joueurs sur le terrain du stade Geoffroy-Guichard pour un entraînement collectif. Au menu, une opposition à huit contre huit.
Après une journée repos suite au match contre Nice, Albert Batteux a retrouvé ses joueurs le vendredi matin au stade Geoffroy-Guichard.
Batteux compte sur Revelli
Absent contre Nice, Hervé Revelli est bien présent. « Hervé est précieux car il occupe toujours du monde, même s’il ne marque pas. Il reste un danger permanent pour l’adversaire. Revelli a une furieuse envie de jouer ce match. » L’avant-centre stéphanois, originaire de Gardanne, bouillonne d’envie de jouer cette rencontre : « D’abord, dit-il, parce que je suis un peu Marseillais, ensuite, parce qu’il ne me déplairait pas de contribuer à une victoire de mon club. J’en ferais presque volontiers une affaire personnelle. Mais je ne veux jouer ce match que si je suis en pleine possession de mes moyens. » Patrick Parizon, qui avait suivi le match contre Nice des tribunes avec Aimé Jacquet et Hervé Revelli, autres blessés, retrouve lui aussi sa place à l’aile droite.
Christian Sarramagna, ici à l’entraînement, s’apprête à disputer son premier match de Division 1 au stade Geoffroy-Guichard.
« A cet âge, j’aurais joué tous les jours »
L’attaque stéphanoise chargée de faire sauter le verrou marseillais sera donc composée de Parizon, Revelli, Keita et Sarramagna. Le jeune ailier gauche, qui a disputé son premier match en professionnel contre Nice, vient de jouer son troisième match en huit jours. Il risque de payer un manque de fraîcheur physique. Cet argument ne semble pas convaincre son entraîneur : « A vingt ans, on récupère vite et, à cet âge, j’aurais joué tous les jours. »
L’Equipe, 17 octobre 1970.
Broissart et Jacquet absents
Seule ombre au tableau pour Albert Batteux, son défenseur José Broissart se ressent du genou droit. Tout comme Aimé Jacquet, il est donc forfait pour cette rencontre. Enfin, la place du douzième homme devrait revenir à Polny ou Samardzic qui faillit devenir marseillais deux ans auparavant.
L’Equipe, 17 octobre 1970.
10 000 supporters marseillais attendus
Si 35 000 spectateurs sont attendus ce dimanche après-midi, les joueurs marseillais ne se déplaceront pas seuls à Saint-Etienne puisque 10 000 supporters olympiens sont attendus. Trois trains spéciaux en partance de la gare Saint-Charles, des dizaines de cars et des centaines de voitures particulières au départ de toute la Provence sont annoncées sur les routes qui relient Marseille à Saint-Etienne.
La billetterie bat son plein
A Saint-Etienne, le service billetterie du stade ne chôme pas. Depuis la victoire des Verts sur Nice et le nul de l’OM face à Sochaux, les demandes de places affluent au siège du club stéphanois. « 7 000 billets ont été vendus à Marseille, et en tenant compte de ceux qui ont été cédés par correspondance ou ont été achetés par des amis stéphanois, on peut estimer à 10 000 les Marseillais qui seront au stade Geoffroy-Guichard », assure Charles Paret, le secrétaire général de l’ASSE, au sortir d’une réunion avec le service d’ordre. Du côté de Marseille, la demande est telle que ce même Paret n’a pu satisfaire toutes les demandes. Il a dû renvoyer plus de 700 chèques ou mandats en provenance de la Provence. Le stade Geoffroy-Guichard ne contient en effet que 10 000 places assises et un peu plus de 26 000 debout.
Le 24 février 1957, le match Saint-Etienne-Reims (0-0) avait attiré 30 968 au stade Geoffroy-Guichard. Un record. Contre l’Olympique de Marseille, le stade sera à nouveau plein à craquer. Plus de 36 000 places ont été vendues.
Charly Loubet incertain
C’est dans cette ferveur que les joueurs marseillais se préparent. Le dernier entraînement disputé le vendredi sous un beau soleil n’a pas permis à Mario Zatelli, l’entraîneur provençal, d’en savoir plus sur le cas Charly Loubet. Son ailier gauche est en délicatesse avec son genou. En cas de forfait, c’est le jeune Daniel Leclercq qui le remplacerait.
Mario Zatelli, l’entraîneur marseillais, assis à côté de Lucien Leduc, n’est nullement stressé par ce choc au sommet au stade Geoffroy-Guichard.
Malgré ce tracas, Zatelli n’est pas plus inquiet à 48 heures de ce premier grand match de vérité. Pour preuve : il a regardé tranquillement vendredi après-midi son feuilleton favori avant d’aller promener sa chienne « Maya » dans les allées du Prado.
« Dimanche, nous allons nous efforcer de montrer que notre place n’est nullement usurpée, lâche-t-il. J’ai lu qu’à Saint-Etienne, on nous comparait à Cagliari. C’est beaucoup d’honneur qu’on nous fait là et peut-être bien, après tout, que notre équipe se comportera à la manière des Sardes. »
La Une du quotidien L’Equipe du 16 octobre 1970.
Le samedi, soit la veille de la rencontre, les dirigeants et joueurs marseillais avaient rendez-vous à la gare Saint-Charles à 14 h 18. Ils étaient attendus en fin d’après-midi dans la capitale du cycle.
Le dimanche matin, aux alentours de 8 heures, ils sont plus de cinq cents supporters marseillais à avoir investi la Grand-place de Saint-Etienne. Ils réclament un salut de leurs joueurs du balcon de leur hôtel.
L’Equipe, 16 octobre 1970.
Il est 13 heures 30 au stade Geoffroy-Guichard. Avec 36 147 spectateurs, cette rencontre a frôlé le record stéphanois mais ne l’a pas battu. Celui-ci est toujours la propriété de Saint-Etienne-Legia Varsovie avec 38 309 entrées payantes. Depuis le début de la saison, c’est la deuxième fois seulement que plus de 30 000 spectateurs sont présents à un match de football. Le premier remonte à la dernière journée où 36 208 avaient assisté à Marseille-Sochaux (2-2).
Programme du match. Musée des Verts.
Le soleil est au rendez-vous pour le lever de rideau qui oppose la troisième équipe de l’ASSE à celle du Coteau, une équipe de Promotion. Cette dernière a le soutien des 10 000 supporters Marseillais présents.
Les supporters marseillais se sont déplacés en nombre au stade Geoffroy-Guichard. Ils font entendre leurs voix pour encourager leur équipe.
« Aux armes citoyens… »
A 15 h 30, quand les deux équipes font leur apparition sur le terrain, une centaine de banderoles fleurit aux quatre coins du stade. Le speaker du stade tente vainement d’annoncer les 22 joueurs mais les chants entonnés ici et là couvrent le son des haut-parleurs. Les 10 000 supporters marseillais entonnent alors La Marseillaise pour mieux marquer leur territoire. On n’avait encore jamais vu ça pour un match de Championnat.
Les joueurs stéphanois, à l’image de Keita, Bosquier ou Carnus, sont concentrés. En cas de victoire sur l’OM, ils leur ravirait la première place au classement.
Dans les tribunes, Pierre Pibarot, Jean Baeza et Fleury Di Nallo ont fait le court déplacement de Lyon pour superviser l’OM. Claude Abbes et Jean Oleksiak, les anciens Verts, sont également présents.
Salif Keita, tel un félin, s’en va porter le danger dans le camp marseillais. Déjà auteur de neuf buts depuis le début de la saison, contre l’OM, il n’ajoutera pas une unité à son compteur-buts.L’Equipe, 19 octobre 1970.Lors de ce Saint-Etienne-Marseille, Georges Carnus, le gardien stéphanois, sous le regarde de Francis Camérini, l’un de ses défenseurs, a souvent été mis en danger. Mais, comme à son habitude, le gardien international a effectué quelques parades décisives.
Après cette victoire stéphanoise (2 à 1), les Marseillais ne décolèrent pas. Tous ont l’impression d’avoir été volés par M. Frauciel, coupable de mansuétude à l’égard des Stéphanois. Pour Marcel Leclerc, le bouillant président olympien : « Cette rencontre et son environnement ont démontré qu’il n’y a pas de crise du football, mais qu’en revanche, il existe une grave crise de l’arbitrage. J’espère, poursuit-il, que la bande filmée sur la partie établira d’irréfutable façon que les deux fautes qui, selon moi, auraient dû être réprimées par la sanction suprême, étaient caractérisées et intentionnelles. » Pour Jacky Novi : « Un point accordé à Saint-Etienne et un point refusé à Marseille, ça fait deux points de différence ; c’est nous qui devrions être en tête. »
A la 16e minute, Robert Herbin, d’une magnifique frappe du pied gauche, ouvre le score pour l’AS Saint-Etienne.
Chez les Verts, on préfère évoquer la qualité de l’adversaire. Pour Francis Camérini : « Marseille est une équipe complète. Elle m’a impressionné. C’est une équipe d’hommes. Comme Skoblar. Elle sait se faire respecter et sait profiter de toutes les occasions qui s’offrent à elle. » Une analyse confirmée par Robert Herbin : « L’OM nous a fait souffrir. Avec une telle équipe, nous ne sommes pas du tout certains de remporter le Championnat, bien que mon plus cher désir soit que mes camarades et moi fassions tout pour conserver notre titre une cinquième année consécutivement. »
L’Equipe, 19 octobre 1970.Salif Keita n’a pas réussi le penalty sifflé par M. Frauciel en faveur des Verts mais il fut l’un des plus brillants acteurs de ce Saint-Etienne-Marseille (2-1).
Sarramagna a déjà tout d’un grand
Ce dimanche 18 octobre, au stade Geoffroy-Guichard, contre l’OM, Christian Sarramagna a tenu toutes les promesses placées en lui. Il s’est notamment signalé par sa finesse de touche de balle, par ses frappes puissantes dont l’une s’est transformée en but (68e) sans oublier de défendre sur chaque attaque marseillaise. Ses deux prestations contre Nice et Saint-Etienne ont convaincu son entraîneur. Jean Cornu, dans le quotidien L’Equipe, relate le bel après-midi du jeune Basque.
L’Equipe, 19 octobre 1970.Christian Sarramagna, ici dans le vestiaire stéphanois avant la rencontre. Le remplaçant de Georges Bereta, qui n’a pas encore 19 ans, a réussi une bonne prestation au stade Geoffroy-Guichard.
Grâce à cette victoire, en une semaine, Saint-Etienne est passé de la 7e à la première place au classement !
« Être au niveau supérieur le jour, où il le faut. » Cette phrase prononcée par Albert Batteux peu de temps après la défaite des Stéphanois survenue à Cagliari en Coupe des Clubs Champions a cette fois trouvé son application dans cette victoire de prestige.
Ce dimanche 21 décembre 2014, Saint-Etienne accueille Evian-Thonon-Gaillard pour le compte de la 19e et dernière journée des matches allers de la Ligue 1. Le 26 octobre 1984, les Verts recevaient Thonon-les-Bains, l’équipe surprise du début de saison en Division 2. Bonne lecture.
L’AS Saint-Etienne 1984-85 : debout (de g. à d.) : Oleksiak, E. Clavelloux, Primard, Gilles, Ferri et Castaneda (c.). Accroupis (de g. à d.) : Bellus, Daniel, Ribar, Milla et Peycelon.
Saint-Etienne débute la saison 1984-85 en Division 2. Cela ne lui était plus arrivé depuis la saison 1962-63. Début août, les pronostics vont bon train pour la remontée immédiate en Division 1. Deux clubs ont les faveurs des spécialistes. Le premier d’entre eux, l’Olympique Lyonnais, est entraîné par l’ex-entraîneur mythique des Verts, Robert Herbin. Le club rhodanien compte dans ses rangs deux anciens Stéphanois : Félix Lacuesta et Jean-François Larios. Le second club, Nice, s’est renforcé en conséquence avec les arrivées de Dominguez, Gemmrich et Dalheb.
Saint-Etienne et Nîmes outsiders
Derrière ces deux équipes, Saint-Etienne et Nîmes font figure d’outsiders. Les Verts ne souhaitent pas végéter en D2 avec le risque de s’y enliser. Malgré la crise qui a secoué les Verts, même en Deuxième Division, le club conserve un certain standing. Si sur le terrain, l’ASSE souhaite repartir du bon pied, en revanche, en coulisses, André Laurent, le président de l’ASSE, s’active pour retrouver une assise financière qui lui fait toujours défaut.
L’Equipe, 21 octobre 1984.
Pour tenter de remettre son navire à flot, le président stéphanois, a confié l’équipe première à Henrik Kasperczak en provenance de Metz. L’entraîneur polonais aux 62 sélections a pour mission de redorer un blason abîmé par la crise qui a secoué le club stéphanois depuis le printemps 1982.
France Football, 14 août 1984.
Malgré les renforts de Gilles (OM), Cangini (Metz), Moyroud (Villefranche) et de l’international camerounais Roger Milla, les débuts dans cette division 2 sont plus difficiles que prévus.
France Football, 14 août 1984.
Thonon, l’équipe surprise
La grosse surprise du début de saison provient de Thonon. Le club haut-savoyard a le vent en poupe et sa place dans le premier tiers du classement n’est pas usurpée. Après une remarquable carrière en Coupe de la Ligue qui lui a permis d’atteindre les quarts de finale (battus par Monaco, 1-2), Lucien Muller, l’entraîneur monégasque a décelé de la qualité chez son adversaire d’un soir : « J’ai découvert une formation qui me semble de taille à rivaliser avec les meilleures équipes de Division II et qui paraît en tout cas aussi bien armée que Nice le grand favori. » L’équipe dirigée par Canzio Capaldini, le remplaçant de Jean-Pierre Carayon, compte une véritable armada internationale : le Tchèque Ondrus, le Polonais Lazurowicz, le Yougoslave Nikolic, l’Espagnol Espareil et le Chilien Zurita.
Thonon-les-Bains peut compter sur Gilles de Rocco, un gardien expérimenté au service de la Division 2.
Thonon est donc armé pour faire souffrir les meilleurs et l’appétit venant en mangeant, s’est découvert des ambitions somme toutes raisonnables. « Nous visons la sixième place » avance M. Perracino, le successeur de M. Fossard à la présidence du club. Capaldini, lui, se veut plus mesuré : « Finir 8e ne serait déjà pas si mal ». Deux anciens Stéphanois se sont croisés à l’intersaison : Patrick Parizon a tourné la page thononaise alors que Dominique Vésir a posé ses valises sur les bords du lac Léman.
Henrik Kasperczak, ici à l’entraînement, tente d’insuffler un nouveau souffle à ses joueurs.
Kasperczak joue les superviseurs
Avant de recevoir l’actuel 3e du groupe B de la Division 2, Saint-Etienne est méfiant. Les Haut-Savoyards viennent en effet de s’imposer 4-1 contre Cannes et restent à l’affût d’un éventuel faux-pas du leader niçois. La défaite à Sète (1-0) lors de la dernière journée de Championnat n’a pas atteint le moral d’Henrik Kasperczak. Il s’est efforcé toute la semaine de redonner confiance à ses joueurs. Dès son retour de Sète, il a repris la route pour aller assister au match opposant Thonon à Cannes. « Une équipe de Thonon qui m’a impressionné par sa force collective telle que je la conçois, dit-il. Certes, elle sera privée de deux de ses meilleurs joueurs suspendus mais je crois que nous devrons nous méfier d’elle malgré cela. » Ondrus et Augustin suspendus, Zurita blessé, la tâche s’annonce difficile pour Thonon.
7 720 spectateurs seulement ont fait le déplacement pour voir Thonon, l’une des meilleures équipes du moment, dans un stade Geoffroy-Guichard qui sonne creux. Ils n’auront pas à le regretter. Dès la 7e minute, Roger Milla, sur une belle ouverture de Daniel, ouvre la marque pour Saint-Etienne. Après avoir purgé ses trois matches de suspension après son exclusion lors du derby Saint-Etienne-Lyon : 0-0, 8e j., la nouvelle coqueluche des supporters stéphanois est bien le leader d’attaque qu’attendait Kasperczak.
Roger Milla, souhaite faire profiter Saint-Etienne de son expérience pour faire remonter le club en Division 1.
Bellus double la mise
Plus entreprenants, les Verts multiplient les initiatives et Bellus est tout près de doubler la mise pour les siens (11e). Les coéquipiers de Castaneda dominent outrageusement et ce même Bellus, encore bien servi par Daniel, ne laisse pas passer l’opportunité de doubler la mise pour les Stéphanois (2-0, 20e).
Quatorze minutes plus tard, les Stéphanois toujours par Bellus assomment définitivement les Montagnards (3-0, 34e). Bien que la cause semble entendue, les hommes de Kasperczak ne veulent pas s’arrêter en si bon chemin et Ferri (35e et 43e) puis Daniel (42e) sont tout près d’alourdir une addition déjà bien corsée. Dominique Vésir, pour son grand retour au stade Geoffroy-Guichard, est remplacé à la pause par Girard.
Eric Bellus, auteur de deux buts en première mi-temps, a souvent porté l’estocade devant les buts de Gilles de Rocco, le gardien thononais.
En deuxième mi-temps, les Haut-Savoyards se reprennent quelque peu mais la marque ne bougera plus. Le seul point négatif de la soirée pour Kasperczak concerne la blessure de Gilles Peycelon. Après s’être fait marcher sur le bras, une fracture du cubitus a nécessité la pause d’un plâtre.
« Rien à dire »
Après cette défaite, Canzio Capaldini ne cherche pas d’excuse : « Rien à dire, sinon que le remplacement forcé de Ondrus, Augustin et Zurita par trois joueurs manquant de compétition nous a manifestement beaucoup coûté. » Gilles de Rocco, le gardien thononais, malgré ses trois buts encaissés, s’estime presqu’heureux : « Franchement, lorsque j’ai vu que nous étions menés 0-3 au bout d’une demi-heure, et voyant que nous ne cessions de reculer face à une équipe stéphanoise très entreprenante, j’ai eu peur que nous n’entrions au bout du compte dans le Livre des records ! »
Chez les Verts, le ton est plus joyeux. « C’est bien pour nous, dit Thierry Oleksiak. Reste maintenant à obtenir à l’extérieur le résultat qui nous permettra de franchir un nouveau palier de notre résurrection. »
Avec cette victoire, les Stéphanois remontent à la 9e place du Groupe B de Division 2. Si l’attaque est encore loin de son rendement maximum avec seulement 12 buts inscrits en autant de rencontres, en revanche, l’ASSE possède la meilleure défense avec 7 buts encaissés.
Inauguré le 20 décembre 2013, le Musée des Verts fête aujourd’hui son premier anni-Vert-saire. A l’occasion de cette journée spéciale, découvrez le premier musée consacré à un club de football en France ou redécouvrez le comme vous ne l’avez jamais vu grâce à des visites spéciales organisées toute la journée du samedi 20 décembre 2014.
photo : asse.fr
Plus de 62 843 visiteurs ont parcouru le Musée des Verts depuis son ouverture le 20 décembre 2013. Et vous ?
Ivan Curkovic, Amabassadeur à vie de l’ASSE, en visite le 22 décembre 2013 : «L’ASSE est un grand club, qui oeuvrait à ce projet depuis une dizaine d’années. Au final, ce travail collectif a permis de donner vie à un endroit magique qui sera un atout supplémentaire pour la ville et la région.»
En compagnie d’Ivan Curkovic lors de l’inauguration du Musée des Verts, le 20 décembre 2013, soit un an jour pour jour.
Aimé Jacquet, Ambassadeur à vie de l’ASSE, en visite le 20 décembre 2013 : « La création du Musée des Verts est une idée géniale, quelque chose d’exceptionnel. En le visitant, j’ai ressenti pas mal d’émotions. La joie de revivre tous ces grands moments mais aussi de revoir en images des personnes qui ont marqué l’histoire de l’ASSE. Les racines sont maintenant indélébiles et cela permettra aux nouvelles générations de s’identifier.»
Jean-Michel Larqué, Ambassadeur à vie de l’ASSE, en visite le 20 décembre 2013 : « Souvent, dans tels endroits, on voit des trophées exposés les uns à côté des autres. Ici, c’est totalement différent, les lieux allient modernité et souvenir. Ils permettent de revivre de A à Z l’histoire de l’ASSE. Le Musée des Verts enracine encore un peu plus l’ASSE dans la ville, dans la région et même en France. »
Ivan Curkovic et Aimé Jacquet, deux ambassadeurs à vie de l’ASSE au Musée des Verts.
Bernard Pivot, Président de l’Académie Goncourt, en visite le 17 mai 2014 : « C’est un musée très moderne. A la fois d’avant-garde et de la nostalgie. J’ai trouvé très amusant l’écran dans le pare-brise de la voiture de Curkovic. Et je suis épaté par la mémoire du conservateur Philippe Gastal. Ce musée est fascinant et admirablement fait. J’ai appris des tas de choses »
Christian Prudhomme, Directeur du Tour de France, en visite le 17 juillet 2014: « Je suis né en 1960, j’ai pris de plein fouet l’épopée des Verts et la légende de l’AS Saint-Étienne. J’ai beaucoup appris durant la visite. J’avais plein de questions. L’ASSE a-t-elle toujours joué en vert ? C’est un exemple, il y a tant à découvrir sur ce club. Lorsque Dominique Rocheteau et moi nous sommes rencontrés à Paris pour parler de cette étape à Saint-Étienne, je lui ai bien entendu confirmé que nous viendrions au Musée des Verts. C’était un passage obligé. »
Vincent Duluc, journaliste à L’Equipe, en visite le 17 octobre 2014: « Que le premier musée consacré à un club de foot réside à Saint-Etienne, c’est logique par rapport à la passion. Le club est une culture à Saint-Etienne. Dans une ville où il y a un musée de la mine, c’est normal qu’il y ait aussi un musée du foot. Ce sont les deux identités de la ville. Je regrette que les stades français ne soient pas assez personnalisés. A l’étranger, le stade fait partie de l’identité du club. Quand on y entre, on y voit des photos d’anciens joueurs. Pendant longtemps, en France, le foot a été méprisé par nos élites intellectuelles. Pas par nos élites industrielles, qui ont même parfois permis son développement, comme par exemple à Saint-Etienne avec le groupe Casino. »
Ce samedi 6 décembre 2014, l’AS Saint-Etienne reçoit le Sporting Club de Bastia. Le 21 mai 1975, Herbin et ses joueurs recevaient les Corses dans leur antre de Geoffroy-Guichard. Un point suffisait pour les sacrer Champions de France. Récit.
Le 17 mai 1975, Saint-Etienne profite de la trêve internationale pour disputer le premier de ses deux matches en retard de Division 1. Elle s’impose devant Nice (2-0) et se projette dans la confrontation à venir contre Bastia cinq jours plus tard. A deux journées de la fin du championnat, un match nul avec les insulaires leur suffirait alors pour conserver leur titre de Champion de France. Pour bien préparer cette rencontre, Robert Herbin, l’entraîneur stéphanois, accorde deux jours de repos complet à ses hommes .
Herbin récupère ses blessés
Le lundi matin, il retrouve ses joueurs au stade Geoffroy-Guichard. Sarramagna, Farison et Bathenay reviennent de blessure tout comme Yves Triantafilos, guéri de sa tendinite aux adducteurs. En revanche, il ne peut compter sur Alain Merchadier qui souffre de la cuisse droite.
Yves Triantafilos revient de blessure.
A la veille d’une fin de saison très chargée pour les Verts, Herbin apprécie de disposer de la quasi-totalité de son effectif même si l’abondance de joueurs n’est cependant pas sans lui poser quelques soucis : « Nous sommes quinze et comme je ne peux en faire jouer que onze, il y en a donc quatre qui devront se faire une raison ». Pour la réception de Bastia, Bathenay et Farison, jugés à court d’entraînement, seront remplacés par Santini et Repellini.
L’Equipe du 22 mai 1975
Le mardi 20 avril, à l’issue de l’ultime séance d’ entraînement, Herbin annonce la titularisation du droitier Dominique Rocheteau en lieu et place de Christian Sarramagna… à l’aile gauche. Mais pour les attaquants stéphanois, la grosse satisfaction ne vient pas de Saint-Etienne mais de Bastia ou plutôt de Montrond-les-Bains, ville thermale située près de la cité stéphanoise où l’équipe corse a établi ses quartiers.
Pour ce déplacement à Saint-Etienne, Pierre Cahuzac, l’entraîneur bastiais, doit composer sans son rugueux défenseur allemand, Paul-Ferdinand Heidkamp.
Paul-Ferdinand Heidkamp, absent
En effet, la formation corse ne pourra compter sans son Allemand Paul-Ferdinand Heidkamp, sorti sur blessure à la 75e minute à Bordeaux (0-1). Réputé pour être un joueur rugueux, Bastia perd là un sérieux atout. « Je ne sais pas encore comment je vais remplacer Heidkamp qui est le pilier de notre défense. Il est probable que ce soit Broissart qui tienne le poste. » Sauf que l’ancien milieu de terrain stéphanois (1969-1973) souffre d’une cheville et sa participation au match reste incertaine.
Christian Lopez avec Jacques Santini lors d’une séance d’étirements à Geoffroy-Guichard.
Malgré ses tracas de dernière minute, Bastia se déplace à Saint-Etienne sans la moindre pression comme le souligne Pierre Cahuzac : « Notre objectif au début de la saison, c’était de nous qualifier pour les quarts de finale de la coupe de France et nous voici en demi-finale. Avec une bonne place en Championnat, notre objectif est dépassé. »
Larqué et Lopez appelés chez les Bleus
S’il y en a deux qui espèrent une victoire contre les Corses, ce sont bien Jean-Michel Larqué et Christian Lopez. Appelés chez les Bleus par Stefan Kovacs, ils doivent s’envoler pour Reykjavik le vendredi 23 mai pour y affronter l’Islande en match qualificatif pour le Championnat d’Europe mais les deux Stéphanois se verraient bien prendre l’avion auréolés d’un nouveau titre de Champion de France.
Musée des Verts.
L’orage menace
Le 21 mai, malgré un gros orage et une pluie battante, 12 152 spectateurs garnissent les tribunes du stade Geoffroy-Guichard pour assister au sacre des leurs. José Broissart, Bastiais depuis deux saisons, se rappelle au bon souvenir de son ancien public. L’ancien Stéphanois refroidit même un peu plus une atmosphère déjà bien fraîche. Dès la 12e minute, il centre pour son attaquant Jacky Vergnes lequel, d’une pichenette, loge la balle hors de portée de Curkovic. (0-1, 12e).
Ce but récompense une équipe corse jusque-là dominatrice. Les Verts tentent de réagir mais les frappes de Jean-Michel Larqué et de Patrick Revelli n’échappent pas à la vigilance de Marc Weller, le gardien bastiais. C’est sur cet avantage pour Bastia que M. Wurtz, l’arbitre, renvoie les vingt-deux acteurs aux vestiaires.
Jean-Michel Larqué, le maître à jouer des Verts, se démène mais reste sans réussite.
José Broissart, l’ancien Vert
Dès le début de la seconde mi-temps, les hommes de Herbin tentent de refaire leur retard mais ils bafouent quelque peu leur football. A ce jeu-là, ils s’exposent à quelques contres rondement menés par un certain… José Broissart. Ce dernier, omniprésent, tire un corner pour Neuman, qui, dans la confusion générale, inscrit un second but (0-2, 70e). Les Verts sont douchés par ce scénario qu’ils n’avaient nullement imaginé.
Il reste un quart d’heure de jeu. Cahuzac décide alors de faire souffler Broissart en le remplaçant par Claude Papi. Trois minutes plus tard, Vergnes manque d’un rien le but du 3 à 0 et le point du bonus qui récompense les victoires acquises par un écart minimum de trois buts.
Hervé Revelli tente d’inquiéter Marc Weller, le gardien bastiais.
Le coup de tonnerre
Il reste dix minutes à jouer et l’orage, qui n’a cessé de s’abattre sur le stade, provoque une panne d’électricité. Les joueurs rentrent aux vestiaires et quelques spectateurs, déçus par la tournure des évènements, quittent le stade. Sans doute, ne veulent-ils pas assister à la fin de règne de leurs joueurs dans leur antre où les Verts n’ont plus perdu depuis le 23 mars 1973 et une défaite contre Nantes (1-2).
Après vingt-cinq minutes d’interruption, la lumière rejaillit. Les joueurs reviennent sur la pelouse pour finir enfin ce match. Moins d’une minute après la reprise, Synaeghel, au milieu de plusieurs joueurs, profite d’une passe de Larqué pour réduire le score (1-2, 82e).
Oswaldo Piazza, le défenseur argentin, d’une tête rageuse, égalise pour les Stéphanois.
Dix minutes pour un titre
Etrangement revigorés par ce but, les Verts se sentent pousser des ailes. Larqué, très actif sur le côté gauche, centre pour le robuste Piazza qui, d’une tête rageuse, trompe le gardien bastiais pour la seconde fois en deux minutes (2-2, 84e). Les Stéphanois tiennent le point qui fait d’eux les Champions de France 1974-75. Les Bastiais sont désabusés et les signes de fébrilité perceptibles.
Pierre Repellini, auteur du troisième but des Verts, assure définitivement le titre aux Stéphanois.
Rien ne semble désormais résister aux Verts. Repellini, monté aux avant-postes, trompe une troisième fois l’infortuné Weller (3-2, 86e). C’est fini, Saint-Etienne remporte son huitième titre de Champion de France. Bien malin celui qui peut dire si sans cette panne d’électricité, les Stéphanois auraient arraché la victoire.
Une de L’Equipe du 22 mai 1975.
« Nous avons pris une bonne leçon de football ! »
« Eh bien voilà, nous avons remporté notre huitième titre de Champion de France et pourtant pendant quatre-vingts minutes, nous avons pris une bonne leçon de football ! » Après cette folle soirée, Robert Herbin savoure ce succès même s’il a longtemps pensé que le ciel n’était décidément pas avec les Stéphanois.
L’Equipe du 23 mai 1975
Les 13 000 fidèles du stade Geoffroy-Guichard n’ont pas eu à le regretter. A une exception près peut-être… Le préfet de la Loire, M. Cousier, marié à une Bastiaise- n’a pas attendu le retour de la lumière pour quitter l’enceinte stéphanoise et annoncer la victoire… des Corses à son épouse. Pourtant, il aurait dû se rappeler que durant cette saison 1974-75, les Verts n’en étaient pas à leur coup d’essai comme en atteste le renversement de situation contre le Paris-SG (3-2) en championnat puis l’exploit contre Split (1-4, 5-1) en Coupe d’Europe.
L’Equipe du 21 mai 1975
Pour Roger Rocher, c’est un titre tous les deux ans
Pour Roger Rocher : « Cette dramatique manquait à notre extraordinaire saison. Ce titre récompense la saison la plus pleine que nous ayons jamais connue. Il nous ouvre de nouvelles perspectives. » Le président stéphanois est d’autant plus heureux qu’en quatorze ans de présidence, il vient de s’octroyer son septième titre. « C’est-à-dire un titre tous les deux ans » déclare-t-il fièrement.
Extrait de L’épopée 1974-75.
La saison de tous les records
A l’issue de ce Championnat, Saint-Etienne a remporté son huitième titre de Champion de France en réalisant un exploit sans précédent, le coup parfait sur son terrain : 19 matches, 19 victoires. Les Verts terminent avec 9 points d’avance sur Marseille (58 contre 49). Meilleure attaque (70 buts), meilleure défense (39 buts encaissés), les Verts ont réalisé à quatre reprises au cours de cette saison magnifique trois victoires consécutives.
Lopez et Larqué reprennent la route
Après la panne salvatrice qui a engendré la folle soirée stéphanoise, Jean-Michel Larqué et Christian Lopez rejoignent la sélection tricolore auréolés d’un nouveau titre. Ce qu’ils ne savent pas encore, c’est que la route qui mène à Saint-Germain-en-Laye est tout aussi semée d’embûches que le match qu’ils ont disputé la veille contre Bastia.
Thierry CLEMENCEAU
http://museedesverts.fr/
60 000
C’est le nombre de visiteurs qui ont parcouru le Musée des Verts depuis son ouverture le 21 décembre 2013.
Ce dimanche 26 octobre 2014, l’AS Saint-Etienne reçoit le FC Metz à l’occasion de la onzième journée de Ligue 1. En 1979, Jean Snella devenait le grand patron sportif du club lorrain. Son dernier club. Bonne lecture.
Jean Snella, un homme au service du football.
« Nous voulons Jean Snella« . Aimé Dumartin, le successeur de Carlo Molinari à la présidence du FC Metz depuis 1978, souhaite structurer son club et lui faire franchir une nouvelle étape vers le professionnalisme. En France, ses modèles s’appellent Nantes et Saint-Etienne. Pour cela, il souhaite s’attacher les services d’un technicien de haut niveau, un véritable patron sportif.
Premiers contacts avec Metz
Depuis le mois de mars 1979, il est entré en contact avec Jean Snella, l’ancien entraîneur de Saint-Etienne et Nice entre autres. Grand pédagogue, ennemi de la manière forte, il a toujours préféré convaincre à imposer. Avec un technicien de cette qualité doublé d’un homme de grande valeur humaine, le FC Metz pourrait envisager l’avenir avec sérénité.
Jean Snella, libre de tout contrat, est en contacts avancés avec le FC Metz.
Le 5 mai 1979, Roger Rocher a réservé une place en tribune d’honneur à son ancien entraîneur pour assister au match de Division 1 entre Saint-Etienne et Metz (1-0, but de Rocheteau, 25e). Pour lui, c’est un véritable come-back puisqu’il assiste pour la première fois depuis cinq ans à une rencontre en France. Au stade Geoffroy-Guichard, Aimé Dumartin et Jean Snella se sont parlés et le président lorrain est désormais pleinement convaincu qu’il est l’homme de la situation.
Jean Lauer, l’ami de Snella
Pour le persuader un peu plus de rejoindre son club, il compte sur un atout de poids et non négligeable. Jean Lauer, l’ex joueur de Metz (1937-39) et Saint-Etienne (1943-49), installé dans le Forez et ami personnel de Snella, est chargé de convaincre ce dernier d’accepter le rôle de directeur sportif que souhaite lui confier Dumartin. S’il ne donne pas un « oui » définitif au dirigeant messin, en revanche, il semble emballé par l’envie de bâtir sur du solide et du durable chez les Lorrains.
La Division 1 à la radio ou dans la presse
Depuis le mois de mars, il n’est plus lié au club algérien d’Hussein Dey qu’il entraînait depuis plus de quatre ans. Enrichi par ce séjour, il déclare : « Pour un homme de terrain, le travail est passionnant dans ce pays. Le football est là-bas une seconde religion. » S’il a été coupé du football français pendant quelques années, cela ne l’a pas empêché de suivre les matches de Division 1 à la radio ou lire les comptes-rendus par voie de presse.
Jean Snella s’engage pour une saison avec Metz.
Snella signe pour un an
Retenu plus longtemps que prévu en Algérie pour régler les conditions de sa séparation à l’amiable, il donne son accord au FC Metz le 2 juillet et appose sa signature pour une année. Les conditions financières proposées lui conviennent parfaitement. Dès le lendemain, il part à Berne assister à la Coupe des Alpes où joue le FC Metz. A cette occasion, Rastoll, l’entraîneur lorrain, fait confiance à Patrick Battiston dans le rôle de libéro. Le Néerlandais Suurbier parti aux Etats-Unis et ni Kasperczak ni Mahut n’ayant convaincu à ce poste, « Battiste » hérite donc du numéro 5.
Le jeune Patrick Battiston, valeur montante du football français.
« Quand je sème quelque chose, je veux voir la récolte«
Jean Snella a encore le virus du football dans le sang. A 65 ans, cet amoureux du beau jeu souhaite toujours faire partager sa passion. « Quand je sème quelque chose, je veux voir la récolte » aime-t-il à répéter. Son seul regret est de n’avoir pu suivre quelques joueurs et gérer au mieux la période des transferts.
Sa venue en Lorraine n’a cependant pas eu pour conséquence le départ de tel ou tel entraîneur en poste. Avec Marc Rastoll, l’entraîneur de l’équipe première et Marcel Husson, celui du centre de formation, les relations sont au beau fixe. A Metz, ville ouvrière, il retrouve un peu la chaleur qu’il a connue durant les vingt ans passés à Saint-Etienne.
Après vingt ans passés à Saint-Etienne, Jean Snella n’a gardé que des amis dans la ville dont sa femme est originaire.
La joie de revenir à Saint-Etienne
Le vendredi 17 août, Metz se déplace à Saint-Etienne. Snella et son équipe s’inclinent 2-1 dans le Chaudron devant 33 225 spectateurs. Platini le Lorrain et néo-Stéphanois, inscrit son premier but à domicile. Pour Snella, cette rencontre est l’occasion d’émouvantes retrouvailles avec un club qui l’a vu connaître ses plus belles joies. « C’est toujours une joie pour moi de revenir à Saint-Etienne qui est la ville de mon épouse. Pour ma part, j’y ai passé environ vingt ans de ma vie et, chaque fois que je la revois, j’ai l’impression de ne l’avoir jamais quittée. Ce qui me fait plaisir, c’est que le temps n’a pas effacé les sentiments d’amitié. A l’hôtel, pendant deux jours, j’ai reçu de nombreuses visites et j’y ai été très sensible. Ce qui me fait plaisir également, c’est que la foi, la passion du football n’ont pas quitté le public stéphanois. Il est tel que je l’ai connu et apprécié avec toutefois plus d’agressivité dans le comportement. »
Il revoit avec plaisir Robert Herbin pour lequel il a le plus grand respect : « Roby est un homme qui n’a pas changé moralement. Les succès ne lui ont pas tourné la tête. Il reste le même et sa conduite vis-à-vis des hommes n’a jamais changé. »
A l’occasion de la venue de Metz, Michel Platini inscrit son premier but à Geoffroy-Guichard avec ses nouvelles couleurs.
Fin septembre, les Messins se traînent dans les profondeurs du classement. Curioni et Braun n’ont pas été remplacés et l’absence d’un buteur est criante. Malgré cette situation, Jean Snella ne doute pas.
L’ami Kees Rijvers
Mi-octobre, il reçoit la visite d’un homme qu’il n’avait pas revu depuis longtemps. Le Hollandais Kees Rijvers, l’un des stratèges du premier titre de champion de France de l’ASSE en 1957, n’a pas oublié son entraîneur : « Je suis très heureux d’avoir repris contact avec Jean, que je n’avais pas vu depuis longtemps, et auquel me lie une grande amitié« . Son ancien joueur en profite pour l’inviter à assister, le 24 octobre, au seizième de finale aller de la Coupe UEFA qui va opposer le PSV Eindhoven à … l’AS Saint-Etienne. Snella, poliment, décline l’invitation et préfère se déplacer à Nantes pour y superviser son futur adversaire qui dispute un match aller de Coupe des Coupes contre le Steaua Bucarest (3-2). Snella ne laisse jamais rien au hasard.
Photo : ASSE-Actualités du 28 novembre 1979
Le samedi 10 novembre, lors de la 16e journée de Division 1, Laval s’impose à Metz 4-1. Jean Snella est absent. Le matin même, il a été hospitalisé pour un mal incurable qui le ronge depuis des mois. Sur son lit d’hôpital, il regardera à la télévision, une dernière fois l’AS Saint-Etienne disputer un match de Coupe d’Europe chez son ami Kees. Il décède le 20 novembre 1979. Les hommages affluent du monde entier : « Un homme d’exception » revient souvent dans les témoignages. Roger Rocher, qui a été son président à Saint-Etienne, a appris la nouvelle alors qu’il était en déplacement professionnel à Conakry. Bouleversé, il ne trouve les mots pour exprimer son émotion. Robert Herbin, quant à lui, perd son maître et la France du football un grand entraîneur.
Thierry CLEMENCEAU
L’Equipe du 21 novembre 1979France Football du 27 novembre 1979.
Dimanche, l’AS Saint-Etienne reçoit Toulouse à 14 heures au stade Geoffroy-Guichard. Trois jours après leur match nul en Ligue Europa contre Dnipropetrovsk (0-0), les coéquipiers de Loïc Perrin retrouvent la Ligue 1. En 1937, l’ASSE accueillait pour la première fois le club haut-garonnais. Retour sur ce match d’avant-guerre. En 1992, contre Toulouse, Maurice Bouquet a inscrit l’un des plus beaux buts de sa carrière. Bonne lecture.
Photo : Nos Sports.
Le dimanche 3 octobre 1937, l’AS Saint-Etienne reçoit le Toulouse FC pour le dernier match de la phase aller de la poule Sud de la Deuxième Division. Après sa victoire à Montpellier (3-1), club contre lequel les joueurs de la Cité Rose s’étaient lourdement inclinés 5-0, les Stéphanois partagent la première place avec Nice.
Pasquini, le grand absent
L’ossature de cet outsider toulousain, dirigé par M. Cazal, est composée d’anciens « Dauphins » sétois parmi lesquels on peut citer Blanco, Camarata, Sintès, Monsallier, Stévanovitch et Chalvidan.
L’Auto du 3 octobre 1937
M. Vago, l’entraîneur stéphanois, a fait le choix de Guillard au détriment de Favier pour garder les buts. En revanche, il doit se passer de son attaquant Pasquini, alors que Beck, est légèrement grippé. Le jeune Varraud, grand espoir et pur produit stéphanois, fait ses grands débuts en Vert.
André Guillard, le gardien stéphanois. Photo : Nos Sports.
Charbit en lever de rideau
En ce dimanche d’automne, près de 6 000 spectateurs se sont déplacés au stade Geoffroy-Guichard laissant la somme de 37 246 francs aux guichets. En lever de rideau, la réserve stéphanoise était opposée à l’équipe de Côte Chaude, un quartier situé à l’ouest de Saint-Etienne. C’est l’occasion de retrouver Max Charbit, le demi stéphanois, qui après avoir été en conflit avec ses dirigeants, a signé une nouvelle licence avec l’ASSE.
Les Verts frappent d’entrée contre le TFC
D’entrée, les coéquipiers de Rolhion prennent le jeu à leur compte. Dès la 5e minute, Roux, l’attaquant des Verts, bien servi par Hermann, trompe son homonyme méridional (1-0). Il inscrit par la même occasion, son premier but sous le maillot vert. Les Stéphanois usent et redoublent de passes courtes qui gênent considérablement les Toulousains. Hermann, le demi-centre autrichien des Verts, élimine deux adversaires et loge le ballon sous la barre de Roux qui ne peut que constater les dégâts. Après une demi-heure de jeu, les hommes de Vago mènent déjà 2 à 0.
Quelques minutes plus tard, Roux, à la lutte avec Laurent, s’écroule au grand dam du défenseur toulousain. M. Vézolles, l’arbitre de la rencontre, siffle un coup franc en faveur du premier buteur de la soirée. Biéchert l’exécute pour Beck, plutôt discret jusqu’alors. D’une belle tête, il inscrit le troisième but des Verts. La mi-temps survient sur le score logique de 3 à 0.
Tax inscrit son 30e but avec Saint-Etienne
A la reprise, le scénario ne varie pas, les Verts enfoncent définitivement leurs hôtes par Beck qui réalise un doublé. Tax alourdit un peu plus l’addition en reprenant de la tête un centre de Roux (5-0). Il porte ainsi son total de buts sous le maillot stéphanois à 30.
L’Auto du 4 octobre 1937
Les Verts seuls leaders
Sans un hors-jeu contestable du jeune Varraud, Roux aurait même pu inscrire son deuxième but de la soirée. Avec cette victoire, Saint-Etienne s’empare seul de la première place avec 9 points devant Alès et Nice (7).
Beck : premier Stéphanois titulaire en équipe de France
Le lendemain, Gaston Barreau, le directeur de l’équipe de France, dévoile l’équipe qui sera amenée à jouer contre les Suisses. A cette occasion, il a décidé d’abandonner la tactique du W.M. Yvan Beck sera confiné dans un rôle de relayeur au poste d’inter-droit. C’est la première fois que l’AS Saint-Etienne aura un joueur titulaire en équipe de France. Charbit avait failli connaître cette joie mais il était resté sur le banc. Beck retrouve les Tricolores deux ans après les avoir quittés. Il évoluait alors à Sète. Il s’agit d’une belle récompense pour ce joueur qui évolue en Deuxième Division.
L’Auto du 5 octobre 1937
♦ Le coin des anecdotes ♦
Le chef d’œuvre de Bouquet
Le 22 août 1992, Saint-Etienne reçoit Toulouse en Division 1. Maurice Bouquet s’échauffe longuement derrière les buts de Joseph-Antoine Bell. Le public du stade Geoffroy-Guichard, qui l’apprécie énormément, scande son nom et souhaite le voir sur le terrain. A 21 minutes de la fin, Jacques Santini, l’entraîneur stéphanois, décide de remplacer Moravcik, fatigué, par Bouquet. Dans la minute qui suit, il s’illustre déjà en lançant Molnar qui obtient un corner. Sur celui-ci, la défense toulousaine renvoie le ballon sur Gérald Passi qui sert « Momo » à 30 mètres. Le remplaçant de Lubo ne se pose pas de questions et envoie un bolide qui ricoche sur l’arête intérieure droite des buts gardés par Pédemas. Les Verts s’imposent 3-2.
Le 28 mai 1961, Saint-Etienne s’impose 1-0 devant Toulouse au stade Geoffroy-Guichard. A la 78e minute, Roussel, le gardien toulousain, hésite à quitter sa ligne de but pour se porter au devant d’une balle haute expédiée par Ferrier, en position de demi-gauche. Quand il se décide à y aller, il se heurte à Aimé Jacquet, en position d’avant-centre. Le gardien toulousain relâche le ballon qui file doucement derrière sa ligne. Jacquet inscrit alors son premier but avec l’équipe professionnelle stéphanoise.
Aimé Jacquet, inscrit son premier but en Vert contre Toulouse. Il permet à Saint-Etienne de s’imposer 1-0.
Le chiffre : 1
Le 2 avril 1997, l’AS Saint-Etienne a perdu l’un de ses présidents historiques : Roger Rocher. Le samedi 5 avril, les Verts ne peuvent faire mieux qu’un match nul (1-1) face au Toulouse FC. Avant la rencontre, les quelques 10 000 supporters stéphanois présents au stade Geoffroy-Guichard sont invités à rendre un dernier hommage à l’homme à la pipe et honorer par une minute de silence celui qui a contribué à la gloire du club. « Merci pour votre passion des Verts » peut-on lire sur l’une des banderoles qui fleurissent dans les tribunes.
Roger Rocher, l’homme de plusieurs décennies glorieuses des Verts.
La photo
Patrice Lestage
Patrice Lestage à joué à l’AS Saint-Etienne de 1977 à 1983. Après deux ans passés à Tours sous les ordres de Guy Briet, il rejoint le Toulouse Football Club où il reste six saisons (1985-1991).
Dimanche 17 août 2014, l’AS Saint-Etienne reçoit le Stade de Reims. Un joueur, international de surcroît, a évolué dans les deux clubs : François Heutte. Recruté à l’intersaison 1964, peu de temps après son ami Maryan Wisnieski, il fait ses grands débuts avec les Verts le 15 août 1964 contre Cologne. Son passage chez le champion de France en titre, n’est pas à la hauteur de ses espérances et de celles de ses… dirigeants. Bonne lecture.
François Heutte avec le maillot du Racing CP lors d’un match contre Monaco.
Juin 1964, le RC Paris descend en Division 2. François Heutte, l’attaquant parisien, ne souhaite pas évoluer ailleurs qu’en Division 1. Patiemment, il attend dans sa chemiserie du XVIIe arrondissement d’éventuelles propositions. Parmi les pistes évoquées, l’une mène à Saint-Etienne. Jean Snella n’a pas oublié celui qu’il voulait déjà enrôler en 1957. Cette année-là, le Normand, vice-lauréat du concours du plus jeune footballeur en 1955, avait le choix entre le Stade de Reims qui venait de faire l’acquisition de Roger Piantoni pour 25 millions de francs, le LOSC ou l’AS Saint-Etienne. Mais Rouen, le club où il s’est révélé, se montre gourmand et exige pas moins de 20 millions pour son jeune attaquant.
Le président rémois Henri Germain, faute de liquidités, renonce à l’engager. L’ASSE, tout auréolé de son titre de champion de France, propose 17 millions pour enrôler cet élément d’avenir. Mais c’est au LOSC qu’il opte pour un peu plus de 16 millions de francs. Le Normand représente alors le deuxième plus gros transfert de cette intersaison derrière Roger Piantoni.
Le 11 août 1964, le quotidien L’Equipe titre : « Heutte à Saint-Etienne : tout a été très vite« . Le club stéphanois, qualifié pour la Coupe d’Europe des Clubs Champions, doit parer au plus pressé s’il veut que son nouvel attaquant soit qualifié pour cette compétition européenne.
Le 10 août, aux alentours de 13 heures, le joueur du RC Paris, âgé de 26 ans, débarque à Saint-Etienne. Il a juste le temps de signer son contrat et de repartir illico pour Paris vers 18 heures. « Nous avons été dans l’obligation d’agir très rapidement », déclare Roger Rocher, le président des Verts.
Le RC Paris qui demandait 270 000 F. pour le rachat du contrat de son joueur, le cède finalement pour environ 200 000 F. Une aubaine.
A Saint-Etienne, il occupera un appartement loué par un ancien de la maison verte, Georges Peyroche. A contrario, celui qu’il occupait à Epinay-sur-Seine, en région parisienne, a été loué à Henri Biancheri, le néo-racingman.
Alors que l’on attendait plutôt un inter dans le rôle de stabilisateur du milieu de terrain tenu par René Domingo avant sa grave blessure à Valenciennes, c’est donc, après Wisnieski, transfuge de Gênes, un nouvel attaquant international qui signe pour le club forézien. Le champion de France s’offre ainsi une aile droite nouvelle pour la saison 1964-65.
Les Espoirs 1955-56 réunis sous le maillot vert
Avec Wisnieski, Heutte, Herbin, Mekloufi, Ferrier et Richard Tylinski, toute la promotion d’Espoirs 1955-56 est ainsi reconstituée dans l’équipe stéphanoise. Heutte comme Wisnieski ont aussi l’avantage de connaître la plupart de leurs nouveaux coéquipiers pour les avoir côtoyés au Bataillon de Joinville.
François Heutte (au premier rang à gauche) joue au babyfoot au Bataillon de Joinville sous l’œil de Roland Guillas (de face, avec le survêtement France).
Bien que reparti à Paris pour saluer une dernière fois ses anciens coéquipiers, le Normand, à la demande de Jean Snella, s’entraîne à Colombes. L’entraîneur stéphanois compte bien utiliser son joueur au plus vite, à commencer par le match amical du 15 août à Vichy contre Cologne, l’une des meilleures équipes européennes et champion d’Allemagne 1964.
Maryan Wisnieski et François Heutte, deux internationaux à Saint-Etienne.
Dans l’Allier, devant 5 339 spectateurs, les Stéphanois obtiennent un match nul honorable. Comme convenu, François Heutte joue les quarante-cinq premières minutes sur l’aile droite à la place de Robert Herbin, déplacé au poste de demi.
Heutte au côté de Wisnieski et Ferrier à Vichy contre Cologne le 15 août 1964.
Wisnieski et Heutte, deux individualistes réunis sous le maillot vert, ne manquent pas de talent. Pourtant, ils ne font pas l’unanimité aux yeux des supporters. Jean Snella n’est pas de cet avis et fonde même de grands espoirs en eux. Dans l’hebdomadaire FranceFootball du 18 août 1964, il déclare : « Je suis très heureux de les avoir. Je les connais tous les deux depuis fort longtemps, avant même qu’ils aient été Juniors. Wisnieski, quoique souvent discuté, a quand même été 34 fois international et il est dans la pleine force d’âge. Quant à Heutte, qu’on avait mis à l’index, je veux lui faciliter ses débuts chez nous au maximum. Je le laisserai jouer comme il l’entend, à la place où il veut. J’ai énormément confiance en lui. Il doit retrouver un rayonnement d’international, et à 27 ans bientôt, sa carrière, pour moi, ne fait que commencer. »
Malgré cette confiance indéfectible, Heutte semble quand même poser problème, notamment vis-à-vis du rôle de Robert Herbin, bien plus à l’aise en attaque qu’en demi. En deuxième mi-temps contre les Allemands à Vichy, dès que le duo Herbin-Mekloufi a été reconstitué, l’équipe stéphanoise a repris sa marche en avant, réalisant de beaux mouvements offensifs. La complicité des deux joueurs ne souffre d’aucune contestation. Cela n’a d’ailleurs pas échappé à leur entraîneur ainsi qu’à Roger Rocher.
Blessé à Casa, sa rentrée est différée
Fin août, les Verts disputent un tournoi international à Casablanca. Plusieurs joueurs reviennent blessés de ce périple au Maroc dont Heutte, touché à la cheville droite. Cette blessure retarde ses grands débuts en championnat avec l’ASSE.
Ses premiers pas en Division 1 sous le maillot vert, il les réalise au stade Marcel-Saupin contre Nantes lors de la deuxième journée de championnat. Il occupe alors le poste d’inter gauche. Défaits 4-1, Heutte et ses coéquipiers sombrent. Se ressentant de sa cheville blessée à Casa, il est forfait pour le premier match de Coupe d’Europe des Clubs Champions contre les Suisses de la Chaux-de-Fonds. Titularisé par Snella au retour, il ne peut éviter l’élimination des siens.
3 victoires en 14 matches…
Les résultats ne sont pas au rendez-vous. La crise couve à l’ASSE. En quatorze matches (toutes compétitions confondues), les Stéphanois n’ont remporté que trois petites victoires depuis le début de la saison.
François Heutte, malgré ces piètres résultats, est ravi de jouer à Saint-Etienne : « L’entraînement est formidable varié, intéressant. En trois quarts d’heure, je fais plus de travail qu’en une heure et demie au Racing. Tout est basé sur le changement de rythme. »
Le derby pour lancer sa saison
Malgré tout, entre blessures et inefficacité, l’adaptation du Normand semble plus difficile que prévue. Le 25 octobre, il réussit son match le plus accompli : son réveil correspond à celui de son équipe qui écrase l’Olympique Lyonnais (6-0). Lors de ce derby, il inscrit un doublé. FranceFootball lui accorde la note exceptionnelle de 6 étoiles. Henri Guérin, le sélectionneur national, présent au match lance alors : » Ah ! Si le François Heutte de cet après-midi pouvait être celui de tous les dimanches ! »
Heutte, après sa performance de premier plan déclare : « J’ai maintenant compris que, pour bénéficier des passes de Mekloufi, il faut partir du côté opposé à celui de Rachid semble s’engager. »
Photo L’Equipe
Malheureusement, la joie est de courte durée. Le week-end suivant, à Angers, le Stéphanois est à nouveau supervisé par Guérin en prévision du match international contre la Norvège. Sa prestation en demi-teinte ne convainc pas le sélectionneur qui lui préfère le Valenciennois Bonnel pour remplacer Combin.
Après la seizième journée de championnat, Saint-Etienne, le champion de France en titre, est classé à un point des derniers que sont Lille, Angers, le Stade Français et Toulon.
Jean Snella souhaitait déjà la venue de François Heutte en 1957.
Snella se justifie
Dans L’Equipe du jeudi 10 décembre, Jean Snella dresse le bilan du mauvais début de saison stéphanois.
« Nous ne voulons pas nous plaindre et gémir sans cesse en invoquant la malchance. Pourtant, les excuses ne nous manquent pas. Je crois pourtant que si nous en sommes là, c’est parce que nous traînons comme un boulet notre piteuse élimination de la Coupe d’Europe. Certes, nous n’étions pas, comme on l’a écrit, un grand champion de France et nous avons su profiter au mieux des défaillances de nos adversaires les plus dangereux pour nous attribuer un titre que nous étions loin d’espérer, alors que nous venions de quitter la seconde division. C’est ce qui nous a incités à renforcer notre équipe en engageant Heutte et Wisnieski, au cours de l’intersaison afin de représenter la France en Coupe d’Europe. Hélàs, ces deux joueurs n’ont jamais pu s’exprimer, à mon avis, parce que Mekloufi débuta la saison avec une angine, puis fut blessé au genou. Heutte, entorse d’une cheville, avait dû stopper son entraînement. Bref, nous avons été éliminés sans gloire d’une Coupe d’Europe sur laquelle nous avions basé notre saison et dont nous attendions beaucoup.
Je crois surtout en la valeur de Heutte et de Wisnieski qui n’ont que 27 ans et totalisent près de soixante sélections en équipe de France. Ou alors il faudrait admettre que ceux qui les ont sélectionnés, comme Paul Nicolas et Albert Batteux, s’étaient trompés sur leur valeur. D’ailleurs, ils n’ont pas joué à Sedan et notre équipe n’a pas été plus efficace pour cela, ce qui démontre qu’ils ne sont pas responsables de la stérilité actuelle de notre ligne d’avants. »
Le 20 décembre, lors de la réception de Monaco, alors qu’il n’est plus titulaire depuis près d’un mois, Snella relance son international en l’incorporant d’entrée de jeu. Les Verts s’imposent 2-0 et Heutte inscrit le premier but.
Heutte heureux à Saint-Etienne
Le 24 décembre, avant de partir passer les fêtes en famille à Paris, il déclare à Pierre Legalery, le correspondant de L’Equipe à Saint-Etienne : « Je ne regrette pas d’être venu à Saint-Etienne où j’ai trouvé l’excellent climat et la chaude ambiance qui me manquaient à Paris. Bien sûr, j’ai eu la malchance tout d’abord d’être blessé au début de la saison, puis d’être intégré dans une équipe qui n’avait pas retrouvé son équilibre. M. Snella l’a d’ailleurs compris et m’a demandé de rester sur la touche en attendant que tout aille mieux.
Dimanche, j’ai repris ma place dans cette équipe et nous avons battu Monaco. Une fois de plus, M. Snella s’était montré compréhensif à mon égard, me donnant le numéro 8. J’ai en effet les numéros 7 et 11 en horreur. Je crois que la période d’adaptation est terminée et que je vais pouvoir m’intégrer davantage dans une équipe qui, peu à peu, redevient ce qu’elle avait été la saison dernière. Je n’ai que 27 ans et je veux tout sacrifier à ma carrière de footballeur qui peut, à mon avis, aller au-delà de 35 ans. »
Sur le terrain, Rachid Mekloufi s’entend de mieux en mieux avec Heutte.
Son début d’année est plutôt convaincant. Snella semble avoir trouvé la bonne formule. Son association avec Rachid Mekloufi est aussi redoutable que le duo qu’il forme avec Guy.
La Coupe de France pour sauver une saison décevante
Après vingt-quatre journées, Saint-Etienne accuse dix points de retard sur le leader du moment Bordeaux. A dix journées de la fin du championnat, le titre semble hors de portée. Seule la Coupe de France peut sauver une saison bien loin des attentes du club ligérien.
Le 7 mars, malgré une victoire en huitièmes de finale de la Coupe de France contre Rouen au Parc des Princes (1-0), l’attaque stéphanoise demeure toujours un problème aux yeux de Jean Snella.
François Heutte ne peut empêcher la défaite contre Nîmes (0-1) en championnat.
Mekloufli est moins rayonnant qu’en 1963-64
Dans une interview accordée à Jean-Philippe Rethacker pour FranceFootball, il concède à ce sujet : « Rachid (Mekloufi) n’est plus aussi décisif que l’an dernier. Il reste au milieu de terrain, il appelle moins le ballon en profondeur et marque moins de buts. Il n’a pas retrouvé sa confiance en lui, ni le moral qui lui permettaient d’être rayonnant sur le terrain.
Pour François, c’est un autre problème. Je suis obligé de l’utiliser à l’aile droite en ce moment bien qu’il ait réalisé d’excellents matches au centre il y a quelques temps. Mais je n’ai pas d’ailier droit. François est un garçon trop timide, trop craintif encore. Contre les Rouennais, il a réussi d’excellents débordements pourtant. Mais il s’est laissé trop souvent oublier à l’aile en première mi-temps. . Car, je crois qu’il s’est isolé plus qu’on ne l’a isolé, Et puis, s’il est très redoutable balle au pied, il ne parvient pas encore à bien se placer et à bien appeler la passe du partenaire. »
En demi-finale de Coupe, les Verts affrontent Rennes. Heutte retrouve un Parc des Princes qu’il connaît bien.
L’Equipe du 30 avril 1965
Trente ans après leur première finale, les Rennais, vainqueurs 3-0 de Stéphanois dépassés, ont mis fin à leurs dernières illusions de sauver leur saison.
L’ASSE termine le championnat à la septième place. Guy termine meilleur buteur du club avec 17 réalisations. Heutte est auteur de 10 buts (dont 2 doublés) pour 28 matches disputés.
Les caisses du club sonnent creux
C’est l’heure des comptes. Saint-Etienne accuse un déficit qui s’élève à près de 50 millions de francs. Pour Charles Paret, le directeur sportif de l’ASSE, la descente du Racing et de Reims ont porté préjudice au club. Ces deux formations, après Lyon, faisaient rentrer de grosses recettes dans les caisses. Ce manque à gagner, ajouté à une élimination précoce en Coupe d’Europe contre la Chaux-de-Fonds, oblige l’ASSE à tirer les enseignements d’une saison ratée.
Heutte souhaite quitter le Forez
De son côté, François Heutte n’envisage pas de continuer l’aventure en Vert. Le Red Star, pour remplacer Groschulski, s’intéresse de près à l’ex-Racingman. Ce dernier ne serait pas contre retrouver la région parisienne où il a gardé son magasin de chemises à Paris. Les Audoniens, à court de liquidités, souhaitent un prêt avec option d’achat ; les dirigeants stéphanois veulent un transfert définitif.
Rouen, à son tour, entre dans la danse. Mais c’est avec un autre club que l’affaire semble la mieux engagée.
François Heutte n’a pas réussi à s’imposer à Saint-Etienne. Pour relancer sa carrière, il souhaite quitter le club stéphanois.
Le Red Star, Lille, Rouen souhaitent l’engager
Le 17 août, date butoir pour les clubs pour réaliser un transfert, les dirigeants stéphanois et audoniens doivent se rencontrer pour discuter des modalités de la venue de François Heutte au Red Star. Après deux mois de tractations, il ne manque plus que la signature du joueur.
Les dirigeants lillois font le déplacement à Paris pour rencontrer leurs homologues stéphanois. Les Nordistes souhaitent revoir celui qui avait marqué de nombreux buts sous le maillot lillois de 1957 à 1959. Après s’être mis d’accord avec le joueur qui a eu l’assurance de pouvoir à nouveau tenir un commerce, il reste à trouver un accord avec les dirigeants stéphanois.
François Heutte a le choix entre le Red Star, Lille et Rouen, le club de ses débuts.
18 h 50 : un accord est trouvé avec Lille
Celui-ci intervient à 18 h 50. Le compte-à-rebours est lancé : sitôt la signature apposée en bas du contrat, l’enveloppe est postée pour que le joueur puisse débuter sous ses nouvelles couleurs le dimanche suivant.
Le Red Star ne décolère pas
Les dirigeants audoniens se sentent lésés. Furieux de voir partir le joueur dans le Nord, ils décident de faire appel devant le Comité directeur de la Ligue nationale. En offrant 40 000 francs aux dirigeants stéphanois (contre 20 000 de la part des Lillois), ils pensent conclure le transfert. Ils portent l’affaire devant la Ligue nationale.
Le 22 août 1965, l’instance suspend le joueur jusqu’au 17 septembre. Elle accuse ce dernier d’avoir touché une prime à la signature, ce qui aurait fait pencher la balance en faveur du club lillois.
Roger Rocher, étonné, déclare : « Si l’on doit condamner Heutte pour avoir touché une prime à la signature, il faut en faire autant pour tous les joueurs. Car, à qui fera-t-on croire qu’aucun autre n’a demandé et obtenu cette prime ? »
Son départ de Saint-Etienne se règle à la Ligue nationale.
« Je comptais beaucoup sur M. Snella pour me pousser »
En France, quand un joueur est transféré d’un club à l’autre, contrairement à la Belgique, par exemple, il ne peut toucher de prime à la signature.
Finalement, Heutte, une fois sa suspension purgée, peut donc à nouveau porter les couleurs lilloises où il n’est que prêté par l’AS Saint-Etienne. Après sa saison en demi-teinte dans le Forez, il espère relancer sa carrière dans le Nord.
Pour FranceFootball daté du 5 octobre 1965, il revient sur son année stéphanoise qu’il considère comme un « échec mais pas total. Je comptais beaucoup sur M. Snella pour me pousser. Pour Saint-Etienne, on peut le dire, l’équipe a moins bien marché que l’année précédente. Dans ce cas-là, je ne pense pas que Maryan Wisnieski et moi-même ne pouvions apporter quelque chose. Cette année, elle tourne mieux. »
Heutte et Guy ouvrent une chemiserie
Il n’est pas le seul à avoir rejoint le Nord. André Guy a également fait ses valises. Les deux hommes qui s’apprécient beaucoup, tant sur le terrain qu’en dehors, ont investi ensemble dans un magasin de chemises et d’articles de sport près du centre de Lille.
En juin 1966, François Heutte ne souhaite pas revenir à Saint-Etienne où il ne se plaisait pas. Il quitte Lille et le Nord pour la Champagne et le Stade de Reims où il est à nouveau prêté. Il évolue au côté de Kopa qu’il a côtoyé à plusieurs reprises en équipe de France.
François Heutte (accroupis, le dernier en partant de la droite) avec le maillot rouge et blanc du Stade de Reims.
En juin 1967, au terme de son prêt, le club stéphanois le place définitivement sur la liste des transferts.
Le 2 juillet 1967, François Heutte confie à Victor Peroni pour l’hebdomadaire FranceFootball : « C’est maintenant, à trente ans que je commence à comprendre à quel point je suis sans doute passé à côté d’une grande carrière, parce qu’au fond jusqu’à maintenant, j’ai toujours manqué de maturité. Je suis peut-être trop longtemps resté un « grand enfant », le junior qui en 1955 à Colombes s’entraînait avec l’équipe des Espoirs contre l’équipe de France sous les yeux de Paul Nicolas et Albert Batteux. »
Après un essai avec Chaumont entraîné par Pierre Flamion, il signe un dernier contrat avec le club haut-marnais. Heutte quitte définitivement le club stéphanois.
Thierry Clemenceau
La vidéo bonus de l’INA
10 décembre 1961– Match amical France-Espagne à Colombes : à la 13ème minute, François HEUTTE ouvre le score après deux tirs de Guy Van Sam repoussés par le gardien de but espagnol José Araquistain.
Le 3 décembre 1957, Saint-Etienne (5e) reçoit le leader Reims au stade Geoffroy-Guichard. Après quinze journées de championnat, les Verts sont toujours invaincus. A l’issue de la rencontre, les deux équipes se quittent sur un 0-0 de bonne facture. Si les Rémois gardent la tête du championnat, les Verts, avec ce douzième partage des points, gagnent une place (4e) et sont ex aequo avec le voisin lyonnais.
Domingo et les Stéphanois, champions des matches nuls.
Quand Kopa faillit être Stéphanois
M. Roger Rocher, président de Saint-Etienne depuis dix ans, aurait pu avoir dans son effectif un dénommé Raymond Kopa. Le Rémois aurait pu en effet devenir Stéphanois bien avant Albert Batteux qu’il a connu à Reims.
En effet, alors que Kopa débutait à Angers, un émissaire de Saint-Etienne -qui n’était pas encore Pierre Garonnaire- avait été dépêché à Angers pour superviser un « petit attaquant » dont on commençait à parler. L’envoyé « spécial » stéphanois revint avec deux noms couchés sur son calepin mais celui de Kopa n’y figurait pas.
La première de Monsieur Guigne
Le 24 août1952, l’arbitre du match Saint-Etienne-Reims (2-6) se nomme M. Guigne. C’est sa première saison à ce niveau de la compétition. Malgré son inexpérience en Division 1, il dirigea les débats avec autorité… ce qui est normal puisqu’il était gendarme de son métier.
Le Stade de Reims en huit dates
Lors de la remontée du Stade de Reims en mai 2012, le quotidien L’Equipe est revenu sur les grandes dates qui ont marqué l’histoire de ce club.
Samedi soir, l’AS Saint-Etienne accueille l’AC Ajaccio pour le compte de la 38e et dernière journée du championnat de Ligue 1. Après sa belle victoire à Nantes, en cas de victoire, les hommes de Christophe Galtier espèrent monter sur la troisième marche du podium. Mais ils ne sont pas les seuls maîtres de cérémonie.
En 1967, les Verts d’Albert Batteux n’avaient pas fait de sentiment en s’imposant 4-0, trois jours après leur élimination en Coupe des Clubs Champions contre le Benfica d’Eusébio. Ce jour-là, un joueur faisait ses grands débuts au stade Geoffroy-Guichard : Salif Keita. En 1999, les hommes de Robert Nouzaret reçoivent les Corses. S’ils ne peuvent faire mieux qu’un match nul (2-2), ils retrouvent la Division 1. Enfin, tous les taxis mènent à Geoffroy-Guichard. Salif Keita et Adrien Ponsard ne diront pas le contraire… Bonne lecture.
Intouchables
Dimanche 3 décembre 1967. Saint-Etienne-Ajaccio : 4-0. Trois jours après sa courte victoire contre Benfica (1-0), insuffisante pour la qualification en Coupe des Clubs Champions, les Verts reçoivent l’AC Ajaccio en championnat.
En quittant le stade le vendredi matin, Albert Batteux fait la moue. Le match musclé contre les Portugais a laissé des traces. En effet, pas moins de six de ses joueurs sont blessés. Le docteur Nicolas et le soigneur Minasso s’évertuent donc à soigner les éclopés, à savoir N’Doumbé, Bereta, Bosquier, Mitoraj, Jacquet et Revelli. Batteux ne peut également oublier que Herbin est toujours blessé. Seul rayon de soleil dans ce paysage obscurci pour l’entraîneur stéphanois, la naissance de sa petite fille. Il est grand-père pour la première fois.
Pour Bernard Bosquier et quelques joueurs stéphanois, le match contre Benfica a laissé des traces.
C’est donc une équipe très éprouvée qui affronte l’AC Ajaccio. Les joueurs Corses, de leur côté, sont à Saint-Etienne depuis le jeudi. Ils ont profité de ce séjour pour assister au match contre Benfica. Albert Muro, l’entraîneur ajaccien, et ses hommes en ont aussi profité pour superviser leurs adversaires du week-end.
Document : Musée des Verts
Des absences compensées
9 002 spectateurs ont fait le déplacement, malgré le froid, pour voir les Verts disputer leur troisième match en sept jours. Après Metz (4-0) et Benfica (1-0), quel sort allaient-ils réserver à Ajaccio ? Bien qu’handicapée par l’absence d’un tiers de son équipe (Herbin, Jacquet, Fefeu et Revelli), l’équipe stéphanoise joue d’entrée de jeu avec détermination. Les rares velléités ajacciennes sont contenues sans grande difficulté par le duo Bosquier-Durkovic.
La jeunesse au pouvoir
Au milieu, deux jeunes joueurs se font remarquer : Jean-Michel Larqué et Francis Camerini. Seulement âgés de 20 ans, les deux complices de l’équipe de France Juniors alimentent en bons ballons leurs attaquants dont un certain Salif Keita. Le Malien effectue contre Ajaccio ses grands débuts à Geoffroy-Guichard. Rapide et doté d’une technique hors pair, il fait souffrir ses adversaires.
Contre Ajaccio, Salif Keita effectue son premier match à Geoffroy-Guichard, son deuxième sous le maillot vert.
Dès la 25e minute, sur un centre millimétré de Bereta, Mitoraj ouvre le score de près (1-0, 25e). Les tentatives de Larqué et N’Doumbé font passer quelques frayeurs aux Ajacciens. Après la pause, Keita continue son festival. Après une série de dribbles qui laissent deux défenseurs corses sur place, il embarque Baratelli et loge la balle au fond des filets (2-0, 54e). Quatre minutes plus tard, c’est au tour de Larqué, d’un tir canon, d’envoyer Baratelli chercher le ballon au fond des filets (3-0, 58e).
Mekloufi dans un jour « sans »
Si Mekloufi, le capitaine des Verts, se montre particulièrement maladroit dans la finition, Bereta, ne se fait pas prier pour dribbler à son tour trois défenseurs ajacciens et y aller de son petit but (4-0, 75e). Après une telle démonstration de puissance et d’efficacité, les champions de France s’installent confortablement en tête du championnat. Comme à son retour de Lisbonne deux semaines plus tôt, les Verts se sont imposés aisément sans trembler.
Albert Batteux, félicite Georges Bereta et Salif Keita, deux des buteurs stéphanois.
Keita réussit ses débuts à « G.G. »
Cette rencontre a surtout montré que l’ASSE possède un réservoir de jeunes performants et de qualité. N’Doumbé pour son second match de la saison n’a pas déçu. Jean-Michel Larqué a fait apprécier sa belle technique et sa vision du jeu a fait merveille. Quant à Francis Camérini, incorporé au Bataillon de Joinville, il jouait son premier match avec les Verts cette saison. L’ex-transfuge du Cavigal de Nice(comme Herbin) semble avoir atteint la maturité. Enfin, le jeune malien Salif Keita, pour ses grands débuts en match officiel à Geoffroy-Guichard, a séduit. Deux mois après avoir foulé pour la première fois la pelouse du stade en lever de rideau. Ses dribbles dévastateurs et son but annoncent des jours heureux.
Après sa prestation de grande classe contre Ajaccio, Jean-Paul Oudot, l’envoyé spécial dans le journalL’Equipe, retrace, dès le mardi 5 décembre, l’arrivée de Salif Keita à Saint-Etienne.
L’Equipe du 5 décembre 1967
Vidéo INA : Albert Batteux évoque l’arrivée de Salif Keita à Saint-Etienne. Il loue aussi ses grandes qualités.
Nuit d’ivresse
1er mai 1999. Saint-Etienne-Ajaccio : 2-2.
Le 24 avril, Saint-Etienne quitte le stade Francis Le Basser avec un sentiment de frustration. Malgré leur match nul (1-1) à Laval, les hommes de Robert Nouzaret ne peuvent encore officialiser leur accession parmi l’élite. Lille vient en effet de s’imposer à Ajaccio (2-0). Bien qu’ils possèdent onze points d’avance sur les Nordistes ( 4e), les Verts ne sont pas encore assurés du sacre. Il faut donc attendre une semaine supplémentaire.
Objectif remontée
Pour la fête du muguet, l’équipe entraînée par Robert Nouzaret accueille… l’AC Ajaccio. Dans L’Equipe du 25 avril, l’entraîneur stéphanois a prévenu : « Plus le droit de décevoir« . Un petit point suffira aux Stéphanois pour retrouver sa place parmi l’élite. Le président Bompard surenchérit : « Il nous manque mathématiquement un point, cela nous autorise donc à un nul en quatre matches. Si on ne marque pas ce point, on ne mérite pas de monter en D1, mais on va le marquer. »
Le président Alain Bompard attend l’officialisation de la remontée en Ligue 1 depuis plusieurs semaines.
Pour préparer la venue des Corses à Geoffroy-Guichard, Nouzaret a même programmé un match amical contre Dijon en Côte d’Or le mardi soir. Une rencontre finalement annulée pour éviter toute pression inutile. La dernière victoire à domicile remonte au 20 mars contre Lille (3-2). Depuis, Nice est venu s’imposer dans le Chaudron (2-0), ce qui a quelque peu refroidi les ardeurs. Ajaccio, de son côté, reste sur trois revers à l’extérieur. En début de semaine, l’attroupement devant les guichets du stade laisse présager que le match se jouera à guichets fermés.
Les fans des Verts se sont arrachés les derniers billets pour participer à ce Saint-Etienne-Ajaccio.
Côté stéphanois, Nestor Subiat (7 buts), claqué à Laval, manque à l’appel. C’est Samba N’Diaye (arrivé de Nantes au Mercato d’hiver) qui est appelé à le suppléer pour former le duo d’attaque avec Patrick Revelles (actuel meilleur du club avec 12 buts).
Les supporters stéphanois ont répondu présent pour cette grande soirée au stade Geoffroy-Guichard. Ils étaient 35 350 à soutenir leurs protégés.
L’ambiance des grands soirs
Ce 1er mai 1999, le stade Geoffroy-Guichard est plein à craquer pour célébrer ses héros. 35 350 supporters sont prêts à s’enflammer pour le moindre exploit, la moindre envolée des siens. Les drapeaux s’entremêlent, les chants résonnent comme aux plus beaux jours. Tous espèrent la consécration. C’est sûr, cette fois, les petits hommes Verts ne peuvent gâcher la fête. Sarr s’y emploie dès la 6e minute. Sur un corner de Revelles, il place sa tête hors de portée de Klein, le portier ajaccien (1-0, 6e).
Les joueurs sortent du tunnel du stade de Geoffroy-Guichard, Patrick Guillou et Lucien Mettomo en tête.
A la 25e minute, Faderne égalise suite à une belle glissade de Janot (1-1, 25e). Malgré des tentatives de Sablé, Ferhaoui ou N’diaye, les Verts ne parviennent pas à « corser » l’addition avant la pause. Les supporters, durant ce quart d’heure de pause, peuvent découvrir « La marche verte« , un nouvel hymne à la gloire de leurs protégés, entonné par deux chanteurs locaux.
Gilles Leclerc, l’expérience au service des Verts.
Au retour des vestiaires, les Verts veulent offrir la victoire à leurs supporters, pour les remercier d’avoir toujours été là dans les moments difficiles depuis trois ans. Ils ont souffert avec leurs joueurs sans pour autant les abandonner.
Le capitaine stéphanois Kader Ferhaoui mène ses troupes vers la Division 1.
Revelles envoie les Verts au paradis
Il faut attendre la 84e minute : Revelles, accroché par Maroselli, obtient un penalty. Il se fait lui-même justice et délivre le « peuple vert » (2-1e, 84e). Ce n’est pas l’égalisation de Prso (2-2, 89e) qui change le cours de l’histoire. Certes, les Verts n’ont pas gagné, mais qu’importe. Ils obtiennent l’essentiel : leur billet pour la Division 1.
Les Verts retrouvent la Division 1. Les Stéphanois se congratulent.
A trois journées de la fin, ils ne peuvent plus être rejoints par Lille, battu à domicile par Amiens (1-0). L’AS Saint-Etienne connaît donc sa troisième remontée en Division 1 de son histoire après celles de 1963 et 1986.
Scène de liesse au coup de sifflet final.
Au coup de sifflet final, c’est la délivrance. Les supporters envahissent la pelouse, s’embrassent, communient avec leurs joueurs. Une trentaine de personnes finissent même aux urgences du CHU de Saint-Etienne pour avoir escaladé les grillages posés pour la Coupe du monde un an plus tôt.
Les joueurs stéphanois communient avec leur fidèle public.
Jusqu’au bout de la nuit
Les Magic Fans, habitués de la tribune Nord, ne s’y étaient pas trompés, eux qui avaient déployé avant le match une banderole sur laquelle on pouvait lire : « La légende est de retour« . Pour les joueurs, le staff et de nombreux supporters, la nuit est courte : dîner et Karaoké lancent les festivités. Un peu plus tard dans la nuit, les joueurs arrosent la montée dans un établissement nocturne de la ville.
Gérard Soler (de dos) tombe dans la bras de Robert Nouzaret, l’entraîneur stéphanois.
Les réactions se succèdent
Les réactions sont nombreuses dans le monde français du football. A commencer par les ex-Verts. Dominique Rocheteau : « Cette saison, j’ai vu les Verts une fois à Geoffroy-Guichard, c’était contre le Red Star. C’était fabuleux. J’ai retrouvé l’ambiance stéphanoise. ». Pour Dominique Bathenay : « Cela fait plaisir à la France entière (…) Je suis content pour tous ceux qui ont fait des efforts depuis deux ans. »
Bertrand Fayolle est l’une des grandes révélations stéphanoises de la saison avec Adrien Ponsard.
Michel Platini : « C’est bien pour Saint-Etienne, pour les Stéphanois, pour la région. Là-bas, le foot est une vraie tradition. » Pour Daniel Leclercq, l’entraîneur de Lens : « Saint-Etienne, c’est un stade et une passion qui méritent la D1. ». Enfin, pour Bernard Bosquier : « Je suis très heureux pour cette ville car elle manquait au foot français. »
Explosion de joie dans le vestiaire stéphanois après le match nul entre les Verts et Ajaccio (2-2), synonyme de remontée en Division 1.
De Kader à Adrien
Le trio Bompard-Soler-Nouzaret a donc réussi son pari : l’alchimie entre les trentenaires (Captain Ferhaoui en tête, Leclerc, Fichaux, Robert ou encore Subiat) et les « enfants du pays » tels Adrien Ponsard (natif de Firminy) débarqué du Puy alors en Division d’Honneur, Bertrand Fayolle, chauffagiste de son métier quelques temps avant, arrivé de l’Etrat, également pensionnaire de DH, sans oublier l’infatigable international Juniors Julien Sablé et le besogneux Patrick Guillou, idolâtré par Geoffroy-Guichard. Après avoir connu la relégation en 1996, frôlé le dépôt de bilan et la descente en National, ce 1er mai, c’est toute une ville qui a retrouvé sa fierté.
A l’instar de Salif Keita, l’histoire d’Adrien Ponsard est peu banale. Encore joueur de l’USF Le Puy en 1998, le jeune attaquant de l’AS Saint-Etienne passe de la Division d’Honneur à la Division 2 en moins d’un mois. Le meilleur buteur du dernier championnat d’Auvergne (30 buts lors de sa dernière saison en Haute-Loire) profite d’un concours de circonstances incroyable.
Adrien Ponsard, du Puy à l’ASSE.
Après un stage d’avant-saison à Albertville, les hommes de Robert Nouzaret peaufinent leur préparation au Puy-en-Velay. Adrien Ponsard sert de chauffeur aux joueurs stéphanois. Tous les matins, il les emmène de leur hôtel au centre d’entraînement et vice-versa. Durant ce séjour, Robert Nouzaret, en guise de remerciements, accepte de disputer un match amical contre l’équipe locale au stade Massot. Adrien Ponsard se fait alors remarquer en inscrivant un but à Jérôme Alonzo. L’attaquant Nestor Subiat étant indisponible suite à claquage à une cuisse contre Valence, les dirigeants foréziens, sur les conseils de Maurice Bouquet et Alain Blachon, alors entraîneurs du Puy et ancien milieu des Verts, proposent un contrat pro d’un an à « Titi » Ponsard. Une telle aubaine ne se refuse pas.
Adrien Ponsard, devenu en quelques mois, la coqueluche de Geoffroy-Guichard.
A 23 ans, il fait ses grands débuts avec l’ASSE le 22 août 1998 contre Guingamp (0-0) à Geoffroy-Guichard en remplacement de Fabrice Lepaul à l’heure de jeu. Mais c’est au stade de l’Aube contre Troyes, une semaine plus tard, qu’il inscrit son premier but en professionnel (1-1). Au fil des matches, il devient la coqueluche du public stéphanois. A la boutique des Verts, les maillots floqués « Ponsard » s’arrachent comme des petits pains. Assurément, Saint-Etienne a déniché un oiseau rare.
Courts métrages
Le prix du danger
Le 6 août 1969, Saint-Etienne accueille Ajaccio en championnat. A la mi-temps, les Verts mènent 2-0 grâce à des buts signés Hervé Revelli (10e) et Samardzic (15e). En seconde mi-temps, M. Poncin, l’arbitre du match, interrompt une première fois la rencontre. Hervé Revelli, blessé dans un choc avec un défenseur ajaccien, est évacué hors du terrain.
Quelques minutes plus tard, Bernard Bosquier, le défenseur stéphanois, envoie un boulet de canon hors de portée de Dominique Baratelli, le gardien corse. Pourtant, l’homme en noir refuse le but de « Bobosse ». En effet, en même temps qu’il armait sa frappe, M. Poncin siffle. Stupéfaction dans les tribunes. une bouteille en verre, en provenance des tribunes atterrit sur la pelouse. Malgré ce contre-temps, les Verts, grâce à un nouveau but de Bereta (87e) s’imposent 3-1.
A la fin du match, Charles Paret, le secrétaire du club stéphanois, explique : « Voilà une bouteille qui nous coûte cher. Elle nous prive d’un but et nous vaudra une amende de 500 F. » C’est le tarif… Et s’il y a récidive, l’amende sera portée à 2 000 F. »
Document : Musée des Verts
The artist
Le 3 décembre 1967, Salif Keita réchauffe les spectateurs du stade Geoffroy-Guichard en produisant un véritable récital pour son premier match devant son public. Les Verts s’imposent 4-0 avec un but du grand Salif.
Le 19 juin 1971, le Malien se transforme cette fois en magicien. Saint-Etienne est à la lutte avec l’OM pour le titre de champion de France à une journée de la fin. Josip Skoblar et Salif Keita se tirent la bourre pour l’obtention du titre de meilleur buteur de Division 1.
Georges Bereta déborde Marius Trésor, le défenseur ajaccien. L’ailier gauche stéphanois est l’un des principaux pourvoyeurs de ballons de Keita.
Pour leurs adieux à domicile, les Stéphanois accueillent les Ajacciens. Keita, rejoint le Marseillais en tête du classement en inscrivant quatre buts. Bien aidé par ses coéquipiers, il réalise une véritable performance. Avant le dernier round, Keita et Skoblar sont à égalité avec 41 buts chacun. Le record de Gondet qui était de 36 buts (1966), tombe. L’écart entre les deux premiers et le troisième n’a jamais été aussi grand (16 buts). Après sa performance, Keita reçoit nombre de lettres en provenance d’Afrique où l’on peut lire sur les enveloppes : « Salif Keita, le dieu Saint-Etienne« .
Salif Keita réussit quatre buts et rejoint Josip Skoblar en tête du classement des buteurs de Division 1.
Au terme de ce championnat 1970-71, Marseille remporte le championnat et Skoblar termine meilleur buteur avec 44 buts devant… Salif Keita (42). Après 22 journées, le Yougoslave de Marseille avait pris une avance confortable de 7 buts (25 contre 18). Mais le Malien de Saint-Etienne revient dans son sillage en inscrivant le 24 mars 4 buts contre les Corses de… Bastia. C’est donc la dernière journée qui les a départagés.
Le 3 juillet 1971, Salif Keita reçoit le premier Ballon d’Or africain décerné par FranceFootball.
Ce dimanche 6 avril, les Verts de Saint-Etienne accueillent les Aiglons niçois en championnat. Après leur belle victoire au stade de Gerland lors du derby, les hommes de Galtier entendent maintenir leur avance sur leurs poursuivants.
En 1957, après un transfert à rebondissements, le jeune Robert Herbin joue son premier match contre Nice. En octobre 1971, Jean Snella et Hervé Revelli, respectivement entraîneur et avant-centre niçois, reviennent pour la première fois à Geoffroy-Guichard. Ce même jour, Christian Lopez effectue ses grands débuts en Vert. Bonne lecture.
Herbin enfin !
29 septembre 1957. Saint-Etienne-Nice : 1-1. Ce samedi 29 septembre, Saint-Etienne reçoit l’OGC Nice. Les Verts sont invaincus depuis le début de la saison. Ils comptent un point d’avance sur leur hôte du jour au classement (8 contre 7). A cette occasion, Jean Snella titularise pour la première fois Robert Herbin, sa jeune recrue, afin de dynamiser son équipe.
Robert Herbin et Georges Bereta à l’entraînement.
La Ligue donne son feu vert
Depuis le 20 septembre et la validation par la Ligue nationale professionnelle de son transfert du Cavigal de Nice à Saint-Etienne, le jeune Niçois peut jouer avec l’AS Saint-Etienne (voir le post intitulé So Nice, novembre 2013).
Robert Herbin attend le feu vert de la Ligue pour faire ses grands débuts avec les Verts. En attendant, il suit attentivement Saint-Etienne-Glasgow Rangers sur le bord du terrain.
Tout semble s’accélérer pour lui qui évoluait il y a quelques mois encore au Cavigal de Nice. Le 25 septembre, Jean Snella hésite à le lancer contre les Glasgow Rangers en match retour de la Coupe des Clubs Champions. Finalement, à dix-huit ans, Herbin fait ses grands débuts quatre jours plus tard contre… l’OGC Nice.
Document : Musée des Verts.
Premiers pas en Division 1
Ce 29 septembre, le benjamin des champions de France ne déçoit pas les 18 359 spectateurs présents à Geoffroy-Guichard. Pour ses grands débuts en Vert, il est nullement impressionné comme le décrit le quotidien L’Equipe dans son édition du 30 septembre :
Les Stéphanois entament bien la rencontre. Après deux minutes de jeu, Mekloufi trouve la barre de Lamia. A la 14e minute, le même Mekloufi, bien lancé par Oleksiak, ouvre le score en inscrivant dès la 14e minute un but par l’inévitable Mekloufi. A la 47e minute, Barrou se joue des frères Tylinski et égalise pour Nice (1-1). La fin de match est débridée, chaque équipe tente de forcer la décision mais le score en reste là.
Les Verts viennent de disputer leur septième match durant ce mois de septembre. Après sept journées de championnat, les Verts n’ont toujours pas gagné sur leur pelouse, obtenant même avec ce résultat un quatrième match nul consécutif à domicile. La conclusion revient à celui que l’on compare déjà à Jonquet ou à Bonifaci, l’ancien joueur de Nice du début des années 50. Avec un caractère déjà bien trempé, il ne cache pas son plaisir d’être à Saint-Etienne : « Je ne suis pas venu à Saint-Etienne pour admirer le paysage. J’y suis pour y faire le métier que j’ai définitivement choisi. »
Robert Herbin, après ses grands débuts en Division 1 avec Saint-Etienne.
Le 24 octobre 1971, Saint-Etienne s’impose à Marseille (3-2). Un mois plus tard, les Stéphanois accueillent l’OGC Nice. Durant ce laps de temps, les coéquipiers de Bereta n’ont pas confirmé leur succès au stade Vélodrome. Un seul petit point glané à Angers au cours des trois derniers matches : le bilan est donc maigre. Malgré cela, cette rencontre entre Stéphanois et Niçois revêt un caractère particulier.
Programme du match (document Musée des Verts)
Jean Snella, l’homme qui a apporté la culture du beau football à l’ASSE en même temps que ses premières lettres de noblesse, revient pour la première fois dans une ville qu’il connaît bien. Après un exil au Servette de Genève durant quatre ans, il revient en France et entraîne désormais l’OGC Nice depuis peu. Son adversaire du jour, l’ASSE, est entraîné par un certain Albert Batteux, son successeur à la direction technique de l’équipe quand il l’a quittée en 1967. Les deux hommes sont des amis de longue date. Ensemble, ils ont dirigé l’équipe de France à la Coupe du monde en Suède en 1958. Ce sera le premier affrontement entre les deux entraîneurs. C’est aussi la garantie d’assister à un beau spectacle tant les deux entraîneurs sont des amoureux du beau jeu.
Albert Batteux à (droite) a succédé à Jean Snella (à gauche).
Autres retrouvailles : celles des frères Revelli qui défendaient, la saison passée, les mêmes couleurs, celles de l’AS Saint-Etienne. En effet, Hervé, transféré à Nice fin juin (voir post So Nice, novembre 2013), revient lui aussi pour la première fois à Geoffroy-Guichard. Son retour est accompagné de Monsieur Snella, l’entraîneur qui l’a découvert en 1965, alors qu’il n’avait que dix-sept ans. Il occupait alors le poste d’ailier droit. Revelli apprécie énormément Snella et depuis le retour en France de ce dernier, il semble avoir retrouvé la forme. La psychologie de son entraîneur n’y est pas étrangère.
Hervé et Patrick Revelli adversaires d’un jour.
Un Revelli peut en cacher un autre
La place laissée libre par l’aîné des Revelli a été récupérée par Patrick, le cadet de la famille. Ce duel fratricide promet un match dans le match et pour cause : Patrick, le Stéphanois, est à égalité au classement des buteurs avec Hervé, le Niçois. Les deux totalisent 7 buts chacun. Hervé est international (17 sélections) et avec les Verts, il a remporté quatre titres de champion (1967, 68, 69 et 70) et deux Coupes de France (1968 et 70). Son frère Patrick, qui progresse à pas de géant, n’est à ce jour qu’international Espoirs et compte une seule ligne à son palmarès : la Coupe Gambardella (1970). A 20 ans, ses progrès sont considérables et il s’affirme progressivement dans l’équipe d’Albert Batteux.
Les grands débuts de Christian Lopez
Si ce match est donc celui des grandes retrouvailles, Albert Batteux lance dans le grand bain, un jeune joueur, encore méconnu du grand public : Christian Lopez. Auteur d’excellentes prestations avec l’équipe amateurs des Verts, l’entraîneur stéphanois considère que le moment est venu pour le jeune défenseur, également vainqueur de la Coupe Gambardella en 1970 avec les Merchadier, Santini et autre Synaeghel.
Christian Lopez et les Stéphanois, vainqueurs de la Coupe Gambardella en 1970 contre Lyon.
Lopez au marquage de… Revelli
Ce dimanche 28 novembre 1971, entre averses et neige, les conditions météorologiques ne sont pas réunies pour disputer un bon match de football. Jusqu’à la mi-journée, nul ne savait si la rencontre allait se dérouler.
Lopez évolue en stoppeur au côté de Herbin, le libero. Il est au marquage… d’Hervé Revelli.
Après vingt-huit minutes de jeu, les Stéphanois, dominateurs, mènent logiquement 1-0 grâce à un exploit technique de leur ailier gauche international Bereta. Il est imité deux minutes plus tard par Salif Keita. Sur un service du même Bereta, le Malien, de la tête, devance Quittet, le capitaine et gardien azuréen (2-0).
Albert Batteux en discussion avec Georges Bereta et Salif Keita, les deux buteurs de la première mi-temps contre Nice.
Hervé Revelli marque contre les siens
Forts de leurs deux buts d’avance, les Stéphanois baissent le pied et se font rejoindre une première fois par le débutant et malchanceux Lopez. Sur un centre de Huck, plus offensif qu’en première mi-temps, il glisse le ballon dans son propre but. Carnus, le gardien stéphanois, malgré quelques interventions décisives, ne peut rien contre ce coup du sort. La malchance des uns galvanise les autres. Nice en profite et égalise à la suite d’un beau une-deux entre Kaltenbrunner et Revelli. L’ancien avant-centre des Verts, plein de sang-froid, trompe Migeon (2-2). Keita, moins performant en deuxième mi-temps, reçoit quelques sifflets des tribunes. Une habitude pour le pauvre Malien, pourtant auteur jusque-là de seize buts en championnat. A la fin du match, Snella se contentait pleinement de ce match nul contrairement à Batteux, son homologue stéphanois.
Patrick Revelli a remplacé son frère Hervé au sein de l’attaque stéphanoise.
La grimace des Revelli
Dans le clan des Revelli, les deux frères ne font pas la grimace pour la même raison. Hervé, bien que buteur sur l’égalisation niçoise, se plaint de douleurs aux reins. Patrick, en bon battant qu’il est, ne digère pas que son frère ait marqué un but contrairement à lui. Le cadet des Revelli repart à Nice avec une unité de plus (8 buts contre 7).
Dans son édition du 30 novembre, Hervé confie à Robert Vergne, l’envoyé spécial pour le journal L’Equipe : « Et bien, je suis très fier de Patrick. Il me semble qu’il a très bien tenu son rôle ; d’ailleurs, mes camarades de la défense peuvent en témoigner , il est hargneux, combatif, « empoisonnant » en somme ! » Ce à quoi Patrick a répondu : « Hervé, ah le s….. : sans lui, on aurait gagné ! » Les deux frères ne cachent pas à la fin de la rencontre leur désir d’être à nouveau réunis sous le même maillot. Il faut dire qu’ils n’ont évolué qu’une seule fois ensemble sous le maillot Vert, c’était lors de la saison 1970-71 et une victoire 2-1 à Ajaccio.
Bons débuts de Lopez
Le jeune Christian Lopez, malgré ses déboires sur le premier but niçois, réussit ses débuts avec l’équipe professionnelle. Excellent en première mi-temps, il a le malheur de se faire une entorse au genou qui le prive du match amical à venir entre l’ASSE et le Bataillon de Joinville, deux équipes auxquelles il appartient. En effet, joueur de l’ASSE, il effectue son service militaire au Bataillon.
Le jeune Lopez a marqué des points pour son premier match avec les professionnels.
Quelques minutes après la fin du match, Jean Snella n’oublie pas d’aller saluer ses anciens protégés dont Robert Herbin et Georges Bereta, entre autres.
Enfin, pour conclure cette rencontre pas comme les autres, Roger Rocher, le président stéphanois, remet à son ancien entraîneur, lors d’une réception privée, un diplôme d’honneur pour sa contribution au premier titre de champion de France du club en 1957.
Le 19 août 1977, les Niçois de Léon Rossi, emmenés par Huck, Guillou et Bjekovic, s’imposent à Geoffroy-Guichard (1-2). Nice met fin à l’invincibilité des Verts. Le dernier revers des Stéphanois à domicile remontait au… 25 mars 1973, soit 106 matches sans connaître la défaite.
La phrase :
« Boudiou ! J’ai encore passé un drôle d’après-midi sur ce terrain du stade Geoffroy-Guichard ! Je vais finir par croire que les Stéphanois veulent ma mort même. « Bobosse » (Bosquier) se met de la partie maintenant ! »
Marcel Aubour (gardien de l’OGC Nice) après Saint-Etienne-Nice : 3-1. (FranceFootball du 27 février 1968)