Saint-Etienne-Nantes : duel au sommet

Ce dimanche 12 avril 2015, l’AS Saint-Etienne reçoit le FC Nantes pour le compte de la 32e journée de Ligue 1. Après leur élimination en demi-finale de la Coupe de France mercredi contre le Paris-SG (1-4), les Verts ont désormais un seul objectif : une qualification pour une place européenne en 2015-16.

Le 9 octobre 1966, le champion de France nantais se déplaçait au stade Geoffroy-Guichard. Snella et Arribas, les co-entraîneurs d’une équipe de France se disputaient la première place de Division 1. Récit.

Football Magazine
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Le départ d’Henri Guérin du poste de sélectionneur de l’équipe de France et la démission de Jacques Georges le 3 septembre, avaient contraint la Fédération Française de Football à mettre en place une Commission de l’équipe de France comprenant entre autres, MM. Clerfeuille et Rocher, respectivement présidents de Nantes et de Saint-Etienne.

Jean Snella et José Arribas au chevet des Bleus

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(blog mai 2014)

HONGRIE-FRANCE (4-2)
José Arribas (à gauche) et Jean Snella (à droite) au chevet de l’équipe de France. A Budapest, Hervé Revelli connaît sa première sélection avec les Bleus.

Le 5 octobre 1966, la Commission de l’équipe de France, chargée de trouver les meilleurs moyens de la diriger, décide de poursuivre l’aventure avec les hommes en place.

L'Equipe, 6 octobre 1966.
L’Equipe, 6 octobre 1966.

« Il ne nous feront pas de cadeaux »

En marge de la réorganisation de l’équipe de France, Jean Snella et José Arribas ne se quittent plus. A la différence que cette fois-ci, ils sont adversaires. En effet, le 9 octobre au stade Geoffroy-Guichard, Saint-Etienne reçoit le le champion de France en titre : le FC Nantes. Récent vainqueur de Reykjavik (5-2) en seizièmes de finale de la Coupe d’Europe des Clubs Champions, l’actuel leader a bien préparé ce match au sommet. Arribas et ses joueurs savent qu’ils sont attendus. Pour eux, la partie s’annonce difficile  comme le reconnaît Francis Magny, l’avant-centre du FC Nantes, auteur d’un doublé contre les Islandais : « Les Stéphanois voudront absolument gagner contre nous, car ils ont été mortifiés dimanche dernier contre Lyon. Ils retrouveront leur public, ce que constituera un atout non négligeable ; de plus, une nouvelle défaite les reléguerait à trois points… Pour toutes ces raisons, il ne nous feront pas de cadeaux. »

L'Equipe, 7 octobre 1966.
L’Equipe, 7 octobre 1966.

« Nous saurons si les ambitions étaient démesurées »

A Saint-Etienne, Snella veut effacer la désillusion du week-end précédent. Au stade de Gerland, les Verts se sont lourdement inclinés 3 à 0. Di Nallo, Rambert et consorts ont mis à mal la défense stéphanoise qui n’avait encaissé jusque-là que cinq buts en huit rencontres. Malgré ce revers, Snella ne souhaite rien remettre en question pour autant : « Je fais confiance à cette équipe pour recevoir Nantes. Par contre, j’ai tenu ce langage à mes joueurs : ce match contre Nantes est un tournant dans notre saison. Il est capital pour nous plus que pour les Nantais. Nous saurons si les ambitions qu’avait fait naître notre beau début de saison étaient démesurées, ou si elles étaient valables. A vous de le démontrer. »

FranceFootball, 4 octobre 1966.
FranceFootball, 4 octobre 1966.

Cette défaite dans le derby ne semble pas avoir affecté les supporters. Durant toute la semaine, un va-et-vient continuel au siège du club a fait penser que l’on s’apprêtait à battre des records d’affluence. Charles Paret, le secrétaire du club, avait même de bonnes raisons de penser que le précédent record, vieux de dix ans avec la venue du Stade de Reims, tomberait. Le 24 février 1957, 23 000 billets avaient alors été vendus avant l’ouverture des guichets.

En ce début octobre, la meilleure affluence pour un match de football au stade Geoffroy-Guichard est toujours détenue par le derby entre l’ASSE et l’OL. Le 16 février 1964, 33 526 spectateurs avaient franchi les barrières du stade.

L'Equipe, 8 octobre 1966.
L’Equipe, 8 octobre 1966.

Clerfeuille est confiant

A Nantes, tous les feux sont au… vert. Qualifiés en Coupe d’Europe, le leader de la Division 1 s’est défait de Valenciennes (3-1) lors de la dernière journée. Le président Clerfeuille aborde ce déplacement sans pression particulière : « Si nous avions été battus et que Saint-Etienne eût triomphé de Lyon, une seconde défaite, dimanche, aurait eu des conséquences catastrophiques : cinq points de retard. »

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Pour ce déplacement, Arribas ne sait pas encore s’il pourra compter sur la présence de Robert Budzinski, touché à une hanche. Son forfait entraînerait naturellement la titularisation de Claude Robin au poste d’arrière central.

La révélation Henri Michel

Le 28 octobre, Henri Michel fêtera ses 19 ans. Et déjà, José Arribas place en lui de grands espoirs. Transfuge d’Aix-en-Provence, il semble être le digne successeur d’un certain Boukhalfa, Nantais de 1962 à 1965. Meilleur junior français aux tournois internationaux en Allemagne en 1965 et en Yougoslavie en mai 1966, ce futur grand joueur peut évoluer à plusieurs postes. Aussi bien à l’aise à l’aile droite qu’à gauche, son poste de prédilection se situe au milieu de terrain. Les Stéphanois sont prévenus.

ST ETIENNE-NANTES (3-3)
Le jeune Henri Michel, transfuge d’Aix-en-Provence, se pose en futur titulaire chez les Champions de France 1966.
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L’Equipe, 8 octobre 1966.

Le discours de Jean Snella

Jean Snella prépare dans le calme ce match au sommet. Pour répondre présent et s’éviter un nouvel écueil, il sait que ses hommes devront être prêts psychologiquement. « Bien sûr qu’il n’y a pas de déshonneur à se faire battre par le Champion de France qui est aussi le leader actuel du Championnat, a-t-il dit à ses joueurs. Mais il y a beaucoup plus de gloire à glaner en obtenant sur lui la victoire. Vous nous avez démontré au cours des huit premiers matches que vous pouviez prétendre à la succession des Nantais au titre de champion. L’occasion vous sera belle de le démontrer. Sinon, il faudra reconnaître que vos adversaires sont les plus forts et travailler encore pour parvenir à les égaler. »

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Jean Snella, l’entraîneur de Saint-Etienne, en grande discussion avec Pierre Bernard, son gardien de but.

Snella et Revelli honorés

L’entraîneur des Verts reste persuadé que ses joueurs peuvent réaliser l’exploit. Comme il sait que l’attente est grande à Saint-Etienne. Si les onze titulaires contre Lyon devraient être reconduits, en revanche, il ne sait pas encore s’il pourra compter sur Hervé Revelli. Touché dans le derby, le meilleur buteur du club (8 buts) boitait bas à la fin du match. Le souci pour Snella, c’est que dès la fin de la rencontre, son joueur avait dû abandonner ses coéquipiers pour rejoindre le Bataillon de Joinville où il est incorporé. Son absence serait préjudiciable à son équipe bien sûr, mais également aux organisateurs de la remise de l’Oscar Byrhh.

L'Equipe, 10 octobre 1966.
L’Equipe, 10 octobre 1966.

Budzinski renonce

Robert Herbin, en délicatesse avec un genou récalcitrant, devrait bien tenir sa place, ce qui ne sera pas le cas de Robert Budzinski. souffrant d’une entorse à la hanche et déjà absent contre Reykjavik. Budzinski n’est pas le seul pensionnaire de l’infirmerie nantaise. A Saint-Etienne, Arribas devra composer sans son gardien titulaire Eon mais également sans Gondet et Prou, tous les deux opérés d’un genou et absents depuis de longues semaines. Enfin, Magny (problèmes d’adducteurs) semble apte pour le service.

Ce Saint-Etienne-Nantes sera, à coup sûr, l’évènement sportif le plus commenté du week-end. Tous les quotidiens nationaux ont dépêché un envoyé spécial qui prendra place dans la tribune suspendue au-dessus de celle des officiels. Aux diverses radios également présentes, Thierry Roland sera aux commentaires pour la télévision.

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Musée des Verts.
Musée des Verts.

Au point de vue arithmétique, Nantes ne compte qu’une seule défaite et n’a inscrit que quatre buts à l’extérieur. Malgré cela, il possède une différence de buts de + 8. Saint-Etienne, son second, a inscrit 13 buts (dont 7 à domicile). Avec 13 buts marqués en 9 matches, les attaquants stéphanois n’est qu’en 6e position au classement de la meilleure attaque loin derrière Lens (22 buts).

Le duel entre les deux entraîneurs de l’équipe de France, la dizaine d’internationaux que comptent les deux formations peut donc commencer.

ST ETIENNE-NANTES (3-3)
Ce dimanche 9 octobre, la foule des grands jours se presse au stade Geoffroy-Guichard pour voir tomber le leader nantais.

Grosse affluence à Geoffroy-Guichard

Ce dimanche 9 octobre, les 28 175 spectateurs présents au stade Geoffroy-Guichard ne vont pas regretter de s’être déplacés. Hervé Revelli, bien que grippé, est également présent.

France Football, 4 octobre 1966.
France Football, 4 octobre 1966.

D’entrée, les Stéphanois emballent la partie. Entre la 1ère et la 25e minute, tour à tour, Revelli, Mekloufi sur coup franc, Bosquier, N’Doumbé et Fefeu mettent à mal André Castel, l’étonnant gardien nantais. Ces derniers littéralement étouffés par le rythme frénétique des Stéphanois, s’en sortent tant bien que mal.

ST ETIENNE-NANTES (3-3)
Les quelques 30 000 spectateurs présents au stade Geoffroy-Guichard sont conquis par la domination stéphanoise durant les trente premières minutes.

A la 20e minute, Herbin entend son genou droit craquer. Il glisse alors à l’aile droite et se contente d’un rôle de figurant. Invectivé par deux spectateurs assis sur des chaises au bord du terrain, Jean Snella se lève de son banc et s’explique sèchement avec les personnes concernées.

France Football, 11 octobre 1966.
France Football, 11 octobre 1966.
L'Equipe, 11 octobre 1966.
L’Equipe, 11 octobre 1966.

Deux minutes plus tard, l’excellent ailier « de métier » André Fefeu ouvre la marque pour les Verts. Il profite d’une incroyable mésentente entre le défenseur nantais Grabowski et Castel pour ouvrir le score (1-0, 22e).

ST ETIENNE-NANTES (3-3)
André Fefeu, félicité par Hervé Revelli, a profité d’une grosse domination stéphanoise pour ouvrir le score pour les siens (22e).

Saint-Etienne domine, Nantes mène au score

Les Nantais, piqués au vif, se reprennent quelque peu. A la 27e minute, Simon envoie un missile dans les buts de Bernard et crée la panique dans la surface de réparation stéphanoise. Après un énorme cafouillage, le gardien international des Verts est tout heureux de voir le ballon s’éloigner de ses cages. Trois minutes seulement après cet énorme raté nantais, De Michèle tire un coup franc qui provoque un nouveau cafouillage devant le but de Bernard. Cette fois, Magny ne laisse pas passer l’aubaine pour égaliser (1-1, 30e).

ST ETIENNE-NANTES (3-3)
Francis Magny, égalise pour le champion de France nantais à la 30e.

Les Stéphanois accusent le coup et les Nantais en profitent pour aggraver la marque par Blanchet (1-2, 36e) dans des conditions similaires. En six minutes, la défense stéphanoise vient de craquer à deux reprises. Sa solidité est mise à rude épreuve.

L'Equipe, 10 octobre 1966.
L’Equipe, 10 octobre 1966.

Le coup de pouce de M. Carette

Après le repos, les vingt-deux acteurs tentent d’imprégner le même rythme mais accusent nettement le coup après la débauche d’énergie dépensée en première mi-temps. A la 60e minute, Mekloufi, le maître à jouer à des Verts, tente une reprise de volée qui touche involontairement la main de Grabowski. M. Carette, l’arbitre de la rencontre, désigne immédiatement le point de penalty. La sanction est contestée par les Canaris qui estiment que c’est le ballon qui a été à la main de l’infortuné Grabowski et non l’inverse. Bosquier ne se pose pas la question et remet les deux équipes à égalité (2-2, 60e).

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A la 60e minute, Bosquier égalise pour Saint-Etienne et relance ce match au sommet.

Jacquet réussit le geste parfait

Ce coup du sort redonne un moral d’acier aux joueurs de Snella. La dernière demi-heure va ponctuer une rencontre magnifique. Ragaillardis, les Verts se lancent à l’assaut des buts de l’excellent Castel. A l’entame du dernier quart d’heure, Aimé Jacquet reçoit un centre millimétré de N’Doumbé. Le jeune Stéphanois, d’une reprise de volée parfaite, redonne l’avantage aux siens et fait lever comme un seul homme les 30 000 spectateurs présents (3-2, 75e). Le buteur est ovationné pendant de longues minutes.

Aimé Jacquet, d'une magistrale reprise de volée à la redonne l'avantage aux Stéphanois.
Aimé Jacquet, d’une magistrale reprise de volée à la 75e minute, redonne l’avantage aux Stéphanois.

Kovacevic à la conclusion

On s’achemine vers la fin du match. Saint-Etienne tient son exploit mais Nantes ne veut pas en rester là. Tour à tour, Grabowski, Le Chenadec et De Michèle prêtent main-forte à leurs attaquants. Sur l’une de leurs dernières contre-attaques, un long centre de Michel trouve Kovacevic, assez effacé jusque-là et pas encore adapté au football français. L’attaquant nantais, en position idéale, trompe Bernard de la tête et arrache le match nul somme toute mérité (3-3, 86e).

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Quand M. Carette siffle la fin de cette rencontre, Stéphanois et Nantais ont la satisfaction du devoir accompli. A Saint-Etienne, les vingt-deux acteurs ont démontré, s’il en était besoin, que le football français avait encore de beaux jours devant lui.

L'Equipe, 10 octobre 1966.
L’Equipe, 10 octobre 1966.

A Saint-Etienne, le FC Nantes a franchi le premier quart du Championnat. A huit jours près (le 17 octobre 1965), les futurs champions de France avaient bouclé leur premier cycle de dix matches. Ils comptaient alors 18 points sur 20 possibles (8 victoires et 2 nuls). A la différence de la saison précédente, Nantes n’est pas seul en tête du classement puisque Lens le devance seulement au goal average. Le club du président Clerfeuille compte 14 points.

Saint-Etienne suit à un point (13) et reste à l’affût des deux leaders. A pareille époque, les Verts comptaient également 13 points mais n’occupaient que la 6e place. En revanche, ils avaient inscrits 25 buts contre 16 aujourd’hui. L’absence de Robert Herbin se fait durement sentir du côté de Geoffroy-Guichard.

L'Equipe, 13 octobre 1966.
L’Equipe, 13 octobre 1966.

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photo : asse.fr

Plus de 76 000 visiteurs ont parcouru le Musée des Verts
depuis son ouverture le 20 décembre 2013. Et vous ?

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Saint-Etienne-Metz : le dernier match de M. Snella

Ce dimanche 26 octobre 2014, l’AS Saint-Etienne reçoit le FC Metz à l’occasion de la onzième journée de Ligue 1. En 1979, Jean Snella devenait le grand patron sportif du club lorrain. Son dernier club. Bonne lecture.

FRANCE CHEZ ESSO
Jean Snella, un homme au service du football.

« Nous voulons Jean Snella« . Aimé Dumartin, le successeur de Carlo Molinari à la présidence du FC Metz depuis 1978, souhaite structurer son club et lui faire franchir une nouvelle étape vers le professionnalisme. En France, ses modèles s’appellent Nantes et Saint-Etienne. Pour cela, il souhaite s’attacher les services d’un technicien de haut niveau, un véritable patron sportif.

Premiers contacts avec Metz

Depuis le mois de mars 1979, il est entré en contact avec Jean Snella, l’ancien entraîneur de Saint-Etienne et Nice entre autres. Grand pédagogue, ennemi de la manière forte, il a toujours préféré convaincre à imposer. Avec un technicien de cette qualité doublé d’un homme de grande valeur humaine, le FC Metz pourrait envisager l’avenir avec sérénité.

ENTRAINEMENT NICE
Jean Snella, libre de tout contrat, est en contacts avancés avec le FC Metz.

Le 5 mai 1979, Roger Rocher a réservé une place en tribune d’honneur à son ancien entraîneur pour assister au match de Division 1 entre Saint-Etienne et Metz (1-0, but de Rocheteau, 25e). Pour lui, c’est un véritable come-back puisqu’il assiste pour la première fois depuis cinq ans à une rencontre en France. Au stade Geoffroy-Guichard, Aimé Dumartin et Jean Snella se sont parlés et le président lorrain est désormais pleinement  convaincu qu’il est l’homme de la situation.

Jean Lauer, l’ami de Snella

Pour le persuader un peu plus de rejoindre son club, il compte sur un atout de poids et non négligeable. Jean Lauer, l’ex joueur de Metz (1937-39) et Saint-Etienne (1943-49), installé dans le Forez et ami personnel de Snella, est chargé de convaincre ce dernier d’accepter le rôle de directeur sportif que souhaite lui confier Dumartin. S’il ne donne pas un « oui » définitif au dirigeant messin, en revanche, il semble emballé par l’envie de bâtir sur du solide et du durable chez les Lorrains.

La Division 1 à la radio ou dans la presse

Depuis le mois de mars, il n’est plus lié au club algérien d’Hussein Dey qu’il entraînait depuis plus de quatre ans. Enrichi par ce séjour, il déclare : « Pour un homme de terrain, le travail est passionnant dans ce pays. Le football est là-bas une seconde religion. » S’il a été coupé du football français pendant quelques années, cela ne l’a pas empêché de suivre les matches de Division 1 à la radio ou lire les comptes-rendus par voie de presse.

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Jean Snella s’engage pour une saison avec Metz.

Snella signe pour un an

Retenu plus longtemps que prévu en Algérie pour régler les conditions de sa séparation à l’amiable, il donne son accord au FC Metz le 2 juillet et appose sa signature pour une année. Les conditions financières proposées lui conviennent parfaitement. Dès le lendemain, il part à Berne assister à la Coupe des Alpes où joue le FC Metz. A cette occasion, Rastoll, l’entraîneur lorrain, fait confiance à Patrick Battiston dans le rôle de libéro. Le Néerlandais Suurbier parti aux Etats-Unis et ni Kasperczak ni Mahut n’ayant convaincu à ce poste, « Battiste » hérite donc du numéro 5.

MARSEILLE-METZ
Le jeune Patrick Battiston, valeur montante du football français.

« Quand je sème quelque chose, je veux voir la récolte« 

Jean Snella a encore le virus du football dans le sang. A 65 ans, cet amoureux du beau jeu souhaite toujours faire partager sa passion. « Quand je sème quelque chose, je veux voir la récolte » aime-t-il à répéter. Son seul regret est de n’avoir pu suivre quelques joueurs et gérer au mieux la période des transferts.

Sa venue en Lorraine n’a cependant pas eu pour conséquence le départ de tel ou tel entraîneur en poste. Avec Marc Rastoll, l’entraîneur de l’équipe première et Marcel Husson, celui du centre de formation, les relations sont au beau fixe. A Metz, ville ouvrière, il retrouve un peu la chaleur qu’il a connue durant les vingt ans passés à Saint-Etienne.

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Après vingt ans passés à Saint-Etienne, Jean Snella n’a gardé que des amis dans la ville dont sa femme est originaire.

La joie de revenir à Saint-Etienne

Le vendredi 17 août, Metz se déplace à Saint-Etienne. Snella et son équipe s’inclinent 2-1 dans le Chaudron devant 33 225 spectateurs. Platini le Lorrain et néo-Stéphanois, inscrit son premier but à domicile. Pour Snella, cette rencontre est l’occasion d’émouvantes retrouvailles avec un club qui l’a vu connaître ses plus belles joies. « C’est toujours une joie pour moi de revenir à Saint-Etienne qui est la ville de mon épouse. Pour ma part, j’y ai passé environ vingt ans de ma vie et, chaque fois que je la revois, j’ai l’impression de ne l’avoir jamais quittée. Ce qui me fait plaisir, c’est que le temps n’a pas effacé les sentiments d’amitié. A l’hôtel, pendant deux jours, j’ai reçu de nombreuses visites et j’y ai été très sensible. Ce qui me fait plaisir également, c’est que la foi, la passion du football n’ont pas quitté le public stéphanois. Il est tel que je l’ai connu et apprécié avec toutefois plus d’agressivité dans le comportement. »

Il revoit avec plaisir Robert Herbin pour lequel il a le plus grand respect : « Roby est un homme qui n’a pas changé moralement. Les succès ne lui ont pas tourné la tête. Il reste le même et sa conduite vis-à-vis des hommes n’a jamais changé. »

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A l’occasion de la venue de Metz, Michel Platini inscrit son premier but à Geoffroy-Guichard avec ses nouvelles couleurs.

Fin septembre, les Messins se traînent dans les profondeurs du classement. Curioni et Braun n’ont pas été remplacés et l’absence d’un buteur est criante. Malgré cette situation, Jean Snella ne doute pas.

L’ami Kees Rijvers

Mi-octobre, il reçoit la visite d’un homme qu’il n’avait pas revu depuis longtemps. Le Hollandais Kees Rijvers, l’un des stratèges du premier titre de champion de France de l’ASSE en 1957, n’a pas oublié son entraîneur : « Je suis très heureux d’avoir repris contact avec Jean, que je n’avais pas vu depuis longtemps, et auquel me lie une grande amitié« . Son ancien joueur en profite pour l’inviter à assister, le 24 octobre, au seizième de finale aller de la Coupe UEFA qui va opposer le PSV Eindhoven à … l’AS Saint-Etienne. Snella, poliment, décline l’invitation et préfère se déplacer à Nantes pour y superviser son futur adversaire qui dispute un match aller de Coupe des Coupes contre le Steaua Bucarest (3-2). Snella ne laisse jamais rien au hasard.

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Photo : ASSE-Actualités du 28 novembre 1979

Le samedi 10 novembre, lors de la 16e journée de Division 1, Laval s’impose à Metz 4-1. Jean Snella est absent. Le matin même, il a été hospitalisé pour un mal incurable qui le ronge depuis des mois. Sur son lit d’hôpital, il regardera à la télévision, une dernière fois l’AS Saint-Etienne disputer un match de Coupe d’Europe chez son ami Kees. Il décède le 20 novembre 1979. Les hommages affluent du monde entier : « Un homme d’exception » revient souvent dans les témoignages. Roger Rocher, qui a été son président à Saint-Etienne, a appris la nouvelle alors qu’il était en déplacement professionnel à Conakry. Bouleversé, il ne trouve les mots pour exprimer son émotion. Robert Herbin, quant à lui, perd son maître et la France du football un grand entraîneur.

Thierry CLEMENCEAU

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L’Equipe du 21 novembre 1979
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France Football du 27 novembre 1979.

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Saint-Etienne-Ajaccio : Jour de fête

 

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Samedi soir, l’AS Saint-Etienne accueille l’AC Ajaccio pour le compte de la 38e et dernière journée du championnat de Ligue 1. Après sa belle victoire à Nantes, en cas de victoire, les hommes de Christophe Galtier espèrent monter sur la troisième marche du podium. Mais ils ne sont pas les seuls maîtres de cérémonie.

En 1967, les Verts d’Albert Batteux n’avaient pas fait de sentiment en s’imposant 4-0, trois jours après leur élimination en Coupe des Clubs Champions contre le Benfica d’Eusébio. Ce jour-là, un joueur faisait ses grands débuts au stade Geoffroy-Guichard : Salif Keita. En 1999, les hommes de Robert Nouzaret reçoivent les Corses. S’ils ne peuvent faire mieux qu’un match nul (2-2), ils retrouvent la Division 1. Enfin, tous les taxis mènent à Geoffroy-Guichard. Salif Keita et Adrien Ponsard ne diront pas le contraire… Bonne lecture.

 

Intouchables

Dimanche 3 décembre 1967. Saint-Etienne-Ajaccio : 4-0.
Trois jours après sa courte victoire contre Benfica (1-0), insuffisante pour la qualification en Coupe des Clubs Champions, les Verts reçoivent l’AC Ajaccio en championnat.

En quittant le stade le vendredi matin, Albert Batteux fait la moue. Le match musclé contre les Portugais a laissé des traces. En effet, pas moins de six de ses joueurs sont blessés. Le docteur Nicolas et le soigneur Minasso s’évertuent donc à soigner les éclopés, à savoir N’Doumbé, Bereta, Bosquier, Mitoraj, Jacquet et Revelli. Batteux ne peut également oublier que Herbin est toujours blessé. Seul rayon de soleil dans ce paysage obscurci pour l’entraîneur stéphanois, la naissance de sa petite fille. Il est grand-père pour la première fois.

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Pour Bernard Bosquier et quelques joueurs stéphanois, le match contre Benfica a laissé des traces.

C’est donc une équipe très éprouvée qui affronte l’AC Ajaccio. Les joueurs Corses, de leur côté, sont à Saint-Etienne depuis le jeudi. Ils ont profité de ce séjour pour assister au match contre Benfica. Albert Muro, l’entraîneur ajaccien, et ses hommes en ont aussi profité pour superviser leurs adversaires du week-end.

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Document : Musée des Verts

Des absences compensées

9 002 spectateurs ont fait le déplacement, malgré le froid, pour voir les Verts disputer leur troisième match en sept jours. Après Metz (4-0) et Benfica (1-0), quel sort allaient-ils réserver à Ajaccio ? Bien qu’handicapée par l’absence d’un tiers de son équipe (Herbin, Jacquet, Fefeu et Revelli), l’équipe stéphanoise joue d’entrée de jeu avec détermination. Les rares velléités ajacciennes sont contenues sans grande difficulté par le duo Bosquier-Durkovic.

La jeunesse au pouvoir

Au milieu, deux jeunes joueurs se font remarquer : Jean-Michel Larqué et Francis Camerini. Seulement âgés de 20 ans, les deux complices de l’équipe de France Juniors alimentent en bons ballons leurs attaquants dont un certain Salif Keita. Le Malien effectue contre Ajaccio ses grands débuts à Geoffroy-Guichard. Rapide et doté d’une technique hors pair, il fait souffrir ses adversaires.

Salif Keita affronte sa sélection avec les Verts.
Contre Ajaccio, Salif Keita effectue son premier match à Geoffroy-Guichard, son deuxième sous le maillot vert.

Dès la 25e minute, sur un centre millimétré de Bereta, Mitoraj ouvre le score de près (1-0, 25e). Les tentatives de Larqué et N’Doumbé font passer quelques frayeurs aux Ajacciens. Après la pause, Keita continue son festival. Après une série de dribbles qui laissent deux défenseurs corses sur place, il embarque Baratelli et loge la balle au fond des filets (2-0, 54e). Quatre minutes plus tard, c’est au tour de Larqué, d’un tir canon, d’envoyer Baratelli chercher le ballon au fond des filets (3-0, 58e).

Mekloufi dans un jour « sans »

Si Mekloufi, le capitaine des Verts, se montre particulièrement maladroit dans la finition, Bereta, ne se fait pas prier pour dribbler à son tour trois défenseurs ajacciens et y aller de son petit but (4-0, 75e). Après une telle démonstration de puissance et d’efficacité, les champions de France s’installent confortablement en tête du championnat. Comme à son retour de Lisbonne deux semaines plus tôt, les Verts se sont imposés aisément sans trembler.

ST ETIENNE-SEDAN
Albert Batteux, félicite Georges Bereta et Salif Keita, deux des buteurs stéphanois.

Keita réussit ses débuts à « G.G. »

Cette rencontre a surtout montré que l’ASSE possède un réservoir de jeunes performants et de qualité. N’Doumbé pour son second match de la saison n’a pas déçu. Jean-Michel Larqué a fait apprécier sa belle technique et sa vision du jeu a fait merveille. Quant à Francis Camérini, incorporé au Bataillon de Joinville, il jouait son premier match avec les Verts cette saison. L’ex-transfuge du Cavigal de Nice (comme Herbin) semble avoir atteint la maturité. Enfin, le jeune malien Salif Keita, pour ses grands débuts en match officiel à Geoffroy-Guichard, a séduit. Deux mois après avoir foulé pour la première fois la pelouse du stade en lever de rideau. Ses dribbles dévastateurs et son but annoncent des jours heureux.

Buts.- Mitoraj (25e), Keita (54e), Larqué (58e), Bereta (74e).
Saint-Etienne : Carnus – Durkovic, Mitoraj, Bosquier, Polny – Larqué, Camerini – N’Doumbé, Keita, Mekloufi, Bereta. Entr.: Batteux.
Ajaccio : Baratelli – Vanucci, Brucato, Devaux, Moise – Risso, Girod – Munoz, Sansonetti, Marcialis, Touré. Entr.: Muro.

 

Un taxi pour Geoffroy-Guichard

Après sa prestation de grande classe contre Ajaccio, Jean-Paul Oudot, l’envoyé spécial dans le journal L’Equipe, retrace, dès le mardi 5 décembre, l’arrivée de Salif Keita à Saint-Etienne.

KEITA
L’Equipe du 5 décembre 1967

Vidéo INA  : Albert Batteux évoque l’arrivée de Salif Keita à Saint-Etienne. Il loue aussi ses grandes qualités.

 

 

Nuit d’ivresse

1er mai 1999. Saint-Etienne-Ajaccio : 2-2.

Le 24 avril, Saint-Etienne quitte le stade Francis Le Basser avec un sentiment de frustration. Malgré leur match nul (1-1) à Laval, les hommes de Robert Nouzaret ne peuvent encore officialiser leur accession parmi l’élite. Lille vient en effet de s’imposer à Ajaccio (2-0). Bien qu’ils possèdent onze points d’avance sur les Nordistes ( 4e), les Verts ne sont pas encore assurés du sacre. Il faut donc attendre une semaine supplémentaire.

Objectif remontée

Pour la fête du muguet, l’équipe entraînée par Robert Nouzaret accueille… l’AC Ajaccio. Dans L’Equipe du 25 avril, l’entraîneur stéphanois a prévenu : « Plus le droit de décevoir« . Un petit point suffira aux Stéphanois pour retrouver sa place parmi l’élite. Le président Bompard surenchérit : « Il nous manque mathématiquement un point, cela nous autorise donc à un nul en quatre matches. Si on ne marque pas ce point, on ne mérite pas de monter en D1, mais on va le marquer. »

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Le président Alain Bompard attend l’officialisation de la remontée en Ligue 1 depuis plusieurs semaines.

Pour préparer la venue des Corses à Geoffroy-Guichard, Nouzaret a même programmé un match amical contre Dijon en Côte d’Or le mardi soir. Une rencontre finalement annulée pour éviter toute pression inutile. La dernière victoire à domicile remonte au 20 mars contre Lille (3-2). Depuis, Nice est venu s’imposer dans le Chaudron (2-0), ce qui a quelque peu refroidi les ardeurs. Ajaccio, de son côté, reste sur trois revers à l’extérieur. En début de semaine, l’attroupement devant les guichets du stade laisse présager que le match se jouera à guichets fermés.

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Les fans des Verts se sont arrachés les derniers billets pour participer à ce Saint-Etienne-Ajaccio.

Côté stéphanois, Nestor Subiat (7 buts), claqué à Laval, manque à l’appel. C’est Samba N’Diaye (arrivé de Nantes au Mercato d’hiver) qui est appelé à le suppléer pour former le duo d’attaque avec Patrick Revelles (actuel meilleur du club avec 12 buts).

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Les supporters stéphanois ont répondu présent pour cette grande soirée au stade Geoffroy-Guichard. Ils étaient 35 350 à soutenir leurs protégés.

L’ambiance des grands soirs

Ce 1er mai 1999, le stade Geoffroy-Guichard est plein à craquer pour célébrer ses héros. 35 350 supporters sont prêts à s’enflammer pour le moindre exploit, la moindre envolée des siens. Les drapeaux s’entremêlent, les chants résonnent comme aux plus beaux jours. Tous espèrent la consécration. C’est sûr, cette fois, les petits hommes Verts ne peuvent gâcher la fête. Sarr s’y emploie dès la 6e minute. Sur un corner de Revelles, il place sa tête hors de portée de Klein, le portier ajaccien (1-0, 6e).

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Les joueurs sortent du tunnel du stade de Geoffroy-Guichard, Patrick Guillou et Lucien Mettomo en tête.

A la 25e minute, Faderne égalise suite à une belle glissade de Janot (1-1, 25e). Malgré des tentatives de Sablé, Ferhaoui ou N’diaye, les Verts ne parviennent pas à « corser » l’addition avant la pause. Les supporters, durant ce quart d’heure de pause, peuvent découvrir « La marche verte« , un nouvel hymne à la gloire de leurs protégés, entonné par deux chanteurs locaux.

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Gilles Leclerc, l’expérience au service des Verts.

Au retour des vestiaires, les Verts veulent offrir la victoire à leurs supporters, pour les remercier d’avoir toujours été là dans les moments difficiles depuis trois ans. Ils ont souffert avec leurs joueurs sans pour autant les abandonner.

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Le capitaine stéphanois Kader Ferhaoui mène ses troupes vers la Division 1.

Revelles envoie les Verts au paradis

Il faut attendre la 84e minute : Revelles, accroché par Maroselli, obtient un penalty. Il se fait lui-même justice et délivre le « peuple vert » (2-1e, 84e). Ce n’est pas l’égalisation de Prso (2-2, 89e) qui change le cours de l’histoire. Certes, les Verts n’ont pas gagné, mais qu’importe. Ils obtiennent l’essentiel : leur billet pour la Division 1.

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Les Verts retrouvent la Division 1. Les Stéphanois se congratulent.

A trois journées de la fin, ils ne peuvent plus être rejoints par Lille, battu à domicile par Amiens (1-0). L’AS Saint-Etienne connaît donc sa troisième remontée en Division 1 de son histoire après celles de 1963 et 1986.

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Scène de liesse au coup de sifflet final.

Au coup de sifflet final, c’est la délivrance. Les supporters envahissent la pelouse, s’embrassent, communient avec leurs joueurs. Une trentaine de personnes finissent même aux urgences du CHU de Saint-Etienne pour avoir escaladé les grillages posés pour la Coupe du monde un an plus tôt.

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Les joueurs stéphanois communient avec leur fidèle public.

Jusqu’au bout de la nuit

Les Magic Fans, habitués de la tribune Nord, ne s’y étaient pas trompés, eux qui avaient déployé avant le match une banderole sur laquelle on pouvait lire : « La légende est de retour« . Pour les joueurs, le staff et de nombreux supporters, la nuit est courte : dîner et Karaoké lancent les festivités. Un peu plus tard dans la nuit, les joueurs arrosent la montée dans un établissement nocturne de la ville.

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Gérard Soler (de dos) tombe dans la bras de Robert Nouzaret, l’entraîneur stéphanois.

Les réactions se succèdent

Les réactions sont nombreuses dans le monde français du football. A commencer par les ex-Verts. Dominique Rocheteau : « Cette saison, j’ai vu les Verts une fois à Geoffroy-Guichard, c’était contre le Red Star. C’était fabuleux. J’ai retrouvé l’ambiance stéphanoise. ». Pour Dominique Bathenay : « Cela fait plaisir à la France entière (…) Je suis content pour tous ceux qui ont fait des efforts depuis deux ans. »

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Bertrand Fayolle est l’une des grandes révélations stéphanoises de la saison avec Adrien Ponsard.

Michel Platini : « C’est bien pour Saint-Etienne, pour les Stéphanois, pour la région. Là-bas, le foot est une vraie tradition. » Pour Daniel Leclercq, l’entraîneur de Lens : « Saint-Etienne, c’est un stade et une passion qui méritent la D1. ». Enfin, pour Bernard Bosquier : « Je suis très heureux pour cette ville car elle manquait au foot français. »

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Explosion de joie dans le vestiaire stéphanois après le match nul entre les Verts et Ajaccio (2-2), synonyme de remontée en Division 1.

De Kader à Adrien

Le trio Bompard-Soler-Nouzaret a donc réussi son pari : l’alchimie entre les trentenaires (Captain Ferhaoui en tête, Leclerc, Fichaux, Robert ou encore Subiat) et les « enfants du pays » tels Adrien Ponsard (natif de Firminy) débarqué du Puy alors en Division d’Honneur, Bertrand Fayolle, chauffagiste de son métier quelques temps avant, arrivé de l’Etrat, également pensionnaire de DH, sans oublier l’infatigable international Juniors Julien Sablé et le besogneux Patrick Guillou, idolâtré par Geoffroy-Guichard. Après avoir connu la relégation en 1996, frôlé le dépôt de bilan et la descente en National, ce 1er mai, c’est toute une ville qui a retrouvé sa fierté.

Buts.- Saint-Etienne : Sarr (6e), Revelles (84e, s.p.) ; AC Ajaccio : Faderne (25e), Prso (89e).
Saint-Etienne : Janot – Guillou (Zanotti, 75e), Leclerc, Mettomo, Potillon – Ferhaoui (cap.), Sablé, Fichaux, Sarr – Revelles, N’Diaye (Ponsard, 69e). Entr. : Nouzaret.
Ajaccio : Klein – Toursel, Burle (cap.) (Bibi, 19e), Maroselli, Colling, Féron – Petit, De Luca (Prso, 56e), Bonnal, Granon – Faderne. Entr.: B. Gentili.

 

Un taxi pour Geoffroy-Guichard (2)

A l’instar de Salif Keita, l’histoire d’Adrien Ponsard est peu banale. Encore joueur de l’USF Le Puy en 1998, le jeune attaquant de l’AS Saint-Etienne passe de la Division d’Honneur à la Division 2 en moins d’un mois. Le meilleur buteur du dernier championnat d’Auvergne (30 buts lors de sa dernière saison en Haute-Loire) profite d’un concours de circonstances incroyable.

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Adrien Ponsard, du Puy à l’ASSE.

Après un stage d’avant-saison à Albertville, les hommes de Robert Nouzaret peaufinent leur préparation au Puy-en-Velay. Adrien Ponsard sert de chauffeur aux joueurs stéphanois. Tous les matins, il les emmène de leur hôtel au centre d’entraînement et vice-versa. Durant ce séjour, Robert Nouzaret, en guise de remerciements, accepte de disputer un match amical contre l’équipe locale au stade Massot. Adrien Ponsard se fait alors remarquer en inscrivant un but à Jérôme Alonzo. L’attaquant Nestor Subiat étant indisponible suite à claquage à une cuisse contre Valence, les dirigeants foréziens, sur les conseils de Maurice Bouquet et Alain Blachon, alors entraîneurs du Puy et ancien milieu des Verts, proposent un contrat pro d’un an à « Titi » Ponsard. Une telle aubaine ne se refuse pas.

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Adrien Ponsard, devenu en quelques mois, la coqueluche de Geoffroy-Guichard.

A 23 ans, il fait ses grands débuts avec l’ASSE le 22 août 1998 contre Guingamp (0-0) à Geoffroy-Guichard en remplacement de Fabrice Lepaul à l’heure de jeu. Mais c’est au stade de l’Aube contre Troyes, une semaine plus tard, qu’il inscrit son premier but en professionnel (1-1). Au fil des matches, il devient la coqueluche du public stéphanois. A la boutique des Verts, les maillots floqués « Ponsard » s’arrachent comme des petits pains. Assurément, Saint-Etienne a déniché un oiseau rare.

 

Courts métrages

Le prix du danger

Le 6 août 1969, Saint-Etienne accueille Ajaccio en championnat. A la mi-temps, les Verts mènent 2-0 grâce à des buts signés Hervé Revelli (10e) et Samardzic (15e).  En seconde mi-temps, M. Poncin, l’arbitre du match, interrompt une première fois la rencontre. Hervé Revelli, blessé dans un choc avec un défenseur ajaccien, est évacué hors du terrain.

Quelques minutes plus tard, Bernard Bosquier, le défenseur stéphanois, envoie un boulet de canon hors de portée de Dominique Baratelli, le gardien corse. Pourtant, l’homme en noir refuse le but de « Bobosse ». En effet, en même temps qu’il armait sa frappe, M. Poncin siffle. Stupéfaction dans les tribunes. une bouteille en verre, en provenance des tribunes atterrit sur la pelouse.  Malgré ce contre-temps, les Verts, grâce à un nouveau but de Bereta (87e) s’imposent 3-1.

A la fin du match, Charles Paret, le secrétaire du club stéphanois, explique : « Voilà une bouteille qui nous coûte cher. Elle nous prive d’un but et nous vaudra une amende de 500 F. » C’est le tarif… Et s’il y a récidive, l’amende sera portée à 2 000 F. »

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Document : Musée des Verts

 

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Le 3 décembre 1967, Salif Keita réchauffe les spectateurs du stade Geoffroy-Guichard en produisant un véritable récital pour son premier match devant son public. Les Verts s’imposent 4-0 avec un but du grand Salif.

Le 19 juin 1971, le Malien se transforme cette fois en magicien. Saint-Etienne est à la lutte avec l’OM pour le titre de champion de France à une journée de la fin. Josip Skoblar et Salif Keita se tirent la bourre pour l’obtention du titre de meilleur buteur de Division 1.

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Georges Bereta déborde Marius Trésor, le défenseur ajaccien. L’ailier gauche stéphanois est l’un des principaux pourvoyeurs de ballons de Keita.

Pour leurs adieux à domicile, les Stéphanois accueillent les Ajacciens. Keita, rejoint le Marseillais en tête du classement en inscrivant quatre buts. Bien aidé par ses coéquipiers, il réalise une véritable performance. Avant le dernier round, Keita et Skoblar sont à égalité avec 41 buts chacun. Le record de Gondet qui était de 36 buts (1966), tombe. L’écart entre les deux premiers et le troisième n’a jamais été aussi grand (16 buts).  Après sa performance, Keita reçoit nombre de lettres en provenance d’Afrique où l’on peut lire sur les enveloppes : « Salif Keita, le dieu Saint-Etienne« .

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Salif Keita réussit quatre buts et rejoint Josip Skoblar en tête du classement des buteurs de Division 1.

Au terme de ce championnat 1970-71, Marseille remporte le championnat et Skoblar termine meilleur buteur avec 44 buts devant… Salif Keita (42). Après 22 journées, le Yougoslave de Marseille avait pris une avance confortable de 7 buts (25 contre 18). Mais le Malien de Saint-Etienne revient dans son sillage en inscrivant le 24 mars 4 buts contre les Corses de… Bastia. C’est donc la dernière journée qui les a départagés.

Le 3 juillet 1971, Salif Keita reçoit le premier Ballon d’Or africain décerné par FranceFootball.

Vidéo INA : La remise du Ballon d’Or à Salif Keita.  http://youtu.be/e2Nyj0kjtXY

Th. Clemenceau

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Document : Musée des Verts.

Nantes-Saint-Etienne : la belle affiche

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http://museedesverts.fr/

 

Samedi soir, Saint-Etienne se déplace à Nantes pour le compte de la 37e et avant-dernière journée du championnat de Ligue 1. En 1962, les Verts jouaient leur premier match dans le stade Malakoff rebaptisé plus tard Marcel-Saupin. Après la Coupe du monde en Angleterre, la FFF fait appel à un duo inédit pour relancer les Bleus : Jean Snella et José Arribas. Enfin, c’est au stade Marcel Saupin que Jean-Michel Larqué effectue ses premiers pas en professionnel. Bonne lecture.

Première au stade Malakoff

9 septembre 1962. Nantes-Saint-Etienne (0-4).

Ce 9 septembre 1962, Nantes accueille pour la première fois de son histoire Saint-Etienne. Cette quatrième journée de championnat de Division 2 provoque sur les bords de la Loire un véritable engouement. En cette belle soirée de fin d’été, le stade Malakoff accueille12 706 spectateurs parmi lesquels, Henri Guérin, le sélectionneur national. Les Stéphanois ont à coeur de se rattraper après leur défaite à Béziers (1-3) alors que ces mêmes Biterrois avaient subi la loi des Nantais (0-3) une semaine plus tôt. Wicart, l’entraîneur forézien est inquiet. Pour ce déplacement, il est privé de Herbin, Oleksiak, Bordas et Foix, soit autant de joueurs de métier. Les hommes de Wicart s’engagent rapidement dans la partie.

Stade Malakoff à Nantes.
Stade Malakoff à Nantes.

Balboa, buteur d’entrée

Dès la 2e minute, Balboa ouvre le score sur une ouverture minutieuse de Faivre (0-1). Il ne faut pas plus d’un quart d’heure pour voir Mitoraj accentuer l’avance des Verts (0-2, 16e). A la 29e minute, Baulu s’amuse des défenseurs nantais pour placer un tir qui laisse Eon sans réaction (0-3). Après une demi-heure de jeu, la cause est entendue. Bien regroupés autour de leur gardien Philippe, les défenseurs stéphanois ne laissent que très peu de chances aux attaquants nantais.

Faivre clôture la marque

A la 76e minute, une combinaison entre Faivre et Baulu permet au premier d’aggraver la marque (0-4). Le public nantais, mécontent de cette humiliation, invective les siens et applaudit Baulu, revigoré par la présence du sélectionneur. René Ferrier, l’international stéphanois, continue d’alimenter son quatuor d’attaque en bons ballons. Fidèle à sa réputation, il montre une nouvelle fois ses qualités à Guérin. En revanche, ce dernier devra encore patienter pour un autre Stéphanois, Georges Polny.

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René Ferrier, auteur d’un très bon match sous les yeux du sélectionneur.

Les Verts se relancent

Domingo et les siens, au stade Malakoff, contrairement à Béziers, ont joué sur leur vraie valeur. Cela laisse augurer d’un avenir prometteur. La mine réjouie du président Rocher et du masseur Minasso, l’ex-soigneur de Roger Rivière, en disaient long sur les possibilités de leur équipe. Grâce à cette victoire, Saint-Etienne revient à un point du Havre, le leader. L’opération « remontée en Division 1 » est commencée.
Nantes : Eon – Bout, Gonzalès, Fiori – Suaudeau, Le Chenadec – Couronne, Lhomme, Blanchet, Guillot, Boukhalfa. Entr.: Arribas.
Saint-Etienne : Philippe – Polny, Tylinski, Courbon – Domingo, Biscarrat – Baulu, Mitoraj, Faivre, Ferrier, Balboa. Entr.: Wicart.

 

 

Jean Snella et José Arribas au chevet des Bleus

Ce samedi 3 septembre 1966, le leader Saint-Etienne ne peut faire mieux qu’un match nul contre Bordeaux (1-1) lors de la 4e journée de Division 1. Dans le même temps, dans le derby breton, Nantes s’impose devant Rennes (1-0). Les Nantais détrônent les Verts sur la plus haute marche du podium. Après quatre journées de championnat, les deux équipes comptent le même nombre de points (7) mais la formation de José Arribas compte un petit but de plus (+ 6 contre + 5) que celle de Jean Snella.

Henri Guérin sur la sellette

Mais, au même moment, un autre match se joue à la Fédération Française de Football. En effet, cette dernière, après vingt-quatre heures de débats, scelle le sort d’Henri Guérin qui occupe le poste d’entraîneur-sélectionneur des équipes de France depuis le 12 juillet 1964. L’ancien entraîneur de Rennes et Saint-Etienne paie ses mauvais résultats à la tête de la sélection. L’équipe de France a raté sa Coupe du monde sur le sol anglais. Adepte du « béton », Guérin ne fait pas l’unanimité auprès de ses joueurs, notamment auprès de Robert Herbin qui fustige ce système de jeu. La FFF souhaite que cette fonction soit dorénavant occupée par un entraîneur de club.

Henri Guérin assis sur le banc du Stade Rennais.
Henri Guérin paie la mauvaise Coupe du monde des Tricolores.

Arribas et Snella plébiscités

Le choix se porte en premier lieu sur José Arribas, l’entraîneur du FC Nantes. Mais l’homme est pudique, voire discret. Le second choix se porte sur Jean Snella. L’entraîneur stéphanois a les qualités et les capacités pour diriger la sélection. N’était-il pas de l’expédition en Suède avec les Bleus de Paul Nicolas et Albert Batteux ? Un an avant, à la question de savoir s’il serait prêt à prendre en mains l’équipe de France, Snella avait répondu : « Non. Je reste fidèle à mon club. » Aujourd’hui, la donne n’est pas la même puisque Snella prendrait en charge l’entraînement de la sélection tout en conservant son poste à l’ASSE.

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L'Equipe du 9 septembre 1966
L’Equipe du 9 septembre 1966

« Pour ne pas se dérober » Dans l’esprit de Jean Snella, les choses sont très claires : s’il n’était pas candidat avant Guérin, il ne le sera pas davantage après la mission qu’il vient d’accepter. Tout comme il n’aurait pas accepté sans l’aide d’Arribas. Dans son esprit, entraîner un club absorbe à 100 % celui qui en a la charge. Il ne veut nullement négliger l’une ou l’autre de ses fonctions. Enfin, s’il est là pour rendre service, il considère que sa vie est bien à Saint-Etienne. Tout comme son homologue stéphanois, Arribas, arrivé d’Orly et sitôt emmené rue de Londres, au siège de la FFF, s’engage pour « ne pas se dérober » devant la situation d’urgence mais cela reste à titre provisoire. Et comme Snella, l’un n’aurait pas accepté sans l’autre.

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Jean Snella (à gauche) et José Arribas (à droite), les nouveaux sélectionneurs français.

Deux hommes pour une même cause

Sitôt leur nomination effective, les deux hommes se mettent au travail, se téléphonent pour effectuer un premier tour d’horizon. Snella ne souhaite pas de stages de longue durée. Pour lui, les joueurs qui arrivent en sélection sont déjà en bonne condition physique et s’ennuient au bout de quelques jours.

Une de L'Equipe du 16 septembre 1966
Une de L’Equipe du 16 septembre 1966

Onze minutes à l’aéroport de Lyon

La première liste des co-entraîneurs Tricolores est affinée dans le bar restaurant de l’aéroport de Bron à Lyon. En effet, le 15 au soir, José Arribas revient de Nice via Monaco où son équipe a disputé un match ; Snella, accompagné de Roger Rocher, son président, fait le déplacement jusqu’à l’aéroport pour rencontrer l’entraîneur nantais. La rencontre dure onze minutes. Ils confrontent leur liste et se mettent d’accord sur 25 noms dont une majorité de Nantais et quelques Stéphanois, comme convenu. Snella estime que l’équipe nantaise possède de bons joueurs qui devraient former l’ossature de l’équipe de France.

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José Arribas, co-entraîneur des Bleus.

Le 18 septembre, Saint-Etienne se déplace à Rennes pour y disputer un match de championnat. La veille, Jean Snella fait un crochet par la Loire-Atlantique. Au menu : assister au match Nantes-Sochaux et surtout rencontrer Arribas pour affiner leur première liste. Le lendemain, à Rennes, c’est Arribas qui se déplace dans l’Ille-et-Vilaine pour finaliser définitivement la liste. A la fin de leur entrevue, les deux hommes donnent une conférence de presse impromptue devant un parterre de … cinq journalistes.

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L’Equipe du 20 septembre 1966

Première liste pour Budapest

Le 19 septembre, à 19 h 25, Jean Snella communique la composition de l’équipe de France qui doit affronter la Hongrie le 28 à Budapest. Cette première formation de l’ère Snella-Arribas est à dominante « nantaise ». Deux joueurs vont connaître leur baptême du feu : le Nantais Jean-Claude Suaudeau et le Stéphanois Hervé Revelli. Son nom avait déjà été couché par Henri Guérin pour participer à la Coupe du monde en Angleterre. Mais l’ailier droit de Saint-Etienne, tout juste âgé de vingt ans, était resté dans le Forez. Son replacement au centre de l’attaque par Snella, fait de lui le meilleur buteur du championnat avec 5 buts. Contre la Hongrie, il sera associé à Gondet, l’avant-centre nantais. Des Nantais qu’il connaît assez peu pour les avoir affrontés qu’une seule fois en championnat. A ses débuts à Saint-Etienne, en provenance de Gardanne, Hervé connaît des moments de doutes, voire de détresse morale. Jean Snella est là pour le rassurer, lui redonner confiance et le protéger.

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Hervé Revelli, le novice, dans le vestiaire entre José Arribas (à gauche) et Jean Snella (à droite)

La France, malgré la défaite, retrouve le moral

Au Nepstadion de Budapest, pour la première fois de son histoire, l’équipe de France inaugure l’ère du tandem avec Jean Snella et José Arribas. Le blond stéphanois, né en Pologne, a passé une partie de sa jeunesse dans le Nord de la France. Le brun nantais, natif du Pays Basque espagnol, a fui l’Espagne pour le Sud-Ouest après la guerre civile espagnole. L’équipe de France s’incline 4-2 mais les deux hommes ont le mérite d’avoir redonné confiance à des garçons qui en manquaient cruellement dès qu’ils enfilaient le maillot tricolore. D’abord malmenés, les Bleus sont revenus deux fois au score par Gondet (25e) et Revelli (58e).

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Philippe Gondet, l’un des deux buteurs français.

Ils ne succombent qu’en toute fin de match. Le buteur stéphanois lancé dans le grand bain de la Division 1 par Snella un an plus tôt, a impressionné tout le monde à Budapest. Sa clairvoyance et ses qualités athlétiques ont séduit.

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Hervé Revelli, buteur pour sa première sélection.

Arribas et Snella démissionnaires

Malgré cette première encourageante, le 30 septembre, le quotidien L’Equipe titre en Une : « Arribas et Snella démissionnaires proposent Leduc comme « patron » de l’équipe de France ». Leurs réticences à poursuivre l’aventure connaît un nouvel épisode. Le 7 octobre, la commission responsable de l’équipe de France adjoint aux co-entraîneurs Albert Batteux, alors entraîneur à Grenoble. Ce dernier connaît bien la maison pour avoir entraîné l’équipe nationale de février 1955 à juin 1962. Adjoint de Paul Nicolas, directeur de l’équipe, il conduit les Bleus à la troisième place de la Coupe du monde 58 en Suède.

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Albert Batteux assis à côté de Jean Snella.

Batteux contacté

Si Jean Snella avait convaincu Arribas de l’aider dans sa tâche de relancer l’équipe de France, cette fois, c’est Arribas qui conduit le Stéphanois dans son sillage afin de quitter les Bleus. Les deux hommes ne peuvent cumuler les fonctions d’entraîneur national et de clubs. Le 8, le Nantais prend un peu de recul tout en restant à la disposition de Snella. Il est imité dès le lendemain par Batteux. Le Stéphanois continue donc seul l’aventure encore trois matches : contre la Pologne (2-1) au Parc des Princes puis contre la Belgique à Bruxelles (1-2) et au Luxembourg (3-0). Début décembre, il retrouve son bureau de Geoffroy-Guichard et Saint-Etienne où il vit depuis dix ans. Sa mission est terminée. Il laisse la place à Just Fontaine.

 

Débuts professionnels pour Jean-Michel Larqué

Ce 26 mars 1966, Nantes reçoit Saint-Etienne en championnat. C’est l’occasion pour le public nantais de découvrir un jeune joueur stéphanois dont la seule notoriété est d’être international Juniors. Ce soir-là, à Marcel-Saupin, Jean-Michel Larqué fait ses grands débuts en professionnel. Arrivé à Saint-Etienne en début de saison, il rejoint le lycée du Portail Rouge où il prépare son professorat d’éducation physique. Découvert par Pierre Garonnaire, le recruteur de la maison verte, alors qu’il jouait en Promotion d’Honneur, le jeune Larqué était convoité par Toulouse. Il choisit Saint-Etienne parce qu’il vient de réussir son examen au CREPS de Voiron. Il aurait pu tout aussi bien opter pour Lyon ou Grenoble mais sa préférence va au club du président Rocher.

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Son intelligence tactique et son aisance technique impressionnent ses aînés tels que Herbin, Mekloufi ou encore Pierre Bernard. . Tous voient un futur grand joueur. Certains n’hésitent pas à voir en lui, un futur Herbin. Pourtant, ses débuts en CFA avec Saint-Etienne ne sont guère convaincants. L’ex-Palois, buteur à deux reprises avec l’équipe de France Juniors à Charleroi contre la Belgique se fait également remarquer quelques jours plus tard en lever de rideau d’un France-Italie.
Dès le mois d’octobre 1965, Jean Snella, l’entraîneur des professionnels, vante ses qualités. Il le fait jouer contre le Dukla de Prague et le FC Bologne (1-3). Cela permet au public de Geoffroy-Guichard de découvrir l’étendue de ses qualités et notamment son excellente tenue de balle. Son match plein contre les Italiens lui vaut d’être convoqué par Jean Snella pour la première fois à Nantes. Mais pour jouer, il doit aussi compter sur l’autorisation de son père qui ne souhaite pas que le jeune Larqué délaisse ses études.

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Jean-Michel Larqué (accroupis, le deuxième en partant de la gauche) au sein d’un effectif stéphanois riche en individualités.

A Marcel-Saupin, les hommes d’Arribas infligent une correction à son hôte stéphanois : le futur champion de France s’impose 5-0. Malgré cette cruelle désillusion, les meilleurs joueurs ne sont pas les chevronnés Mekloufi ou Herbin, mais les deux ailiers N’Doumbé et … Larqué. FranceFootball lui attribue la note de 5, soit la note maximale de son équipe. Il aurait pu marquer mais l’un de ses tirs s’écrase sur la barre transversale.

La date-clé

28 avril 1984.  Les chocs entre Nantais et Stéphanois ont donné lieu aux plus belles soirées à Marcel-Saupin. Le calendrier a voulu que le dernier match dans le vieux stade nantais, construit en 1937, oppose les Canaris aux Verts de Saint-Etienne. Les hommes de Suaudeau ont vaincu des Verts barragistes (1-0). C’est sur cette dernière victoire nantaise que les lampions du stade Marcel-Saupin se sont éteints.

Th. Clemenceau

Vidéo INA :

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Saint-Etienne-Nice : jour de retrouvailles

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Ce dimanche 6 avril, les Verts de Saint-Etienne accueillent les Aiglons niçois en championnat. Après leur belle victoire au stade de Gerland lors du derby, les hommes de Galtier entendent maintenir leur avance sur leurs poursuivants.

En 1957, après un transfert à rebondissements, le jeune Robert Herbin joue son premier match contre Nice. En octobre 1971, Jean Snella  et Hervé Revelli, respectivement entraîneur et avant-centre niçois, reviennent pour la première fois à Geoffroy-Guichard. Ce même jour, Christian Lopez effectue ses grands débuts en Vert. Bonne lecture.

 

Herbin enfin !

29 septembre 1957. Saint-Etienne-Nice : 1-1. Ce samedi 29 septembre, Saint-Etienne reçoit l’OGC Nice. Les Verts sont invaincus depuis le début de la saison. Ils comptent un point d’avance sur leur hôte du jour au classement (8 contre 7). A cette occasion, Jean Snella titularise pour la première fois Robert Herbin, sa jeune recrue, afin de dynamiser son équipe.

Robert Herbin et Georges Bereta à l'entraînement.
Robert Herbin et Georges Bereta à l’entraînement.

La Ligue donne son feu vert

Depuis le 20 septembre et la validation par la Ligue nationale professionnelle de son transfert du Cavigal de Nice à Saint-Etienne, le jeune Niçois peut jouer avec l’AS Saint-Etienne (voir le post intitulé So Nice, novembre 2013).

Robert Herbin attend le feu vert de la Ligue pour faire ses grands débuts avec les Verts.
Robert Herbin attend le feu vert de la Ligue pour faire ses grands débuts avec les Verts. En attendant, il suit attentivement Saint-Etienne-Glasgow Rangers sur le bord du terrain.

Tout semble s’accélérer pour lui qui évoluait il y a quelques mois encore au Cavigal de Nice. Le 25 septembre, Jean Snella hésite à le lancer contre les Glasgow Rangers en match retour de la Coupe des Clubs Champions. Finalement, à dix-huit ans, Herbin fait ses grands débuts quatre jours plus tard contre… l’OGC Nice.

Document : Musée des Verts.
Document : Musée des Verts.

Premiers pas en Division 1

Ce 29 septembre, le benjamin des champions de France ne déçoit pas les 18 359 spectateurs présents à Geoffroy-Guichard. Pour ses grands débuts en Vert, il est nullement impressionné comme le décrit le quotidien L’Equipe dans son édition du 30 septembre :

Bons début de Herbin

Les Stéphanois entament bien la rencontre. Après deux minutes de jeu, Mekloufi trouve la barre de Lamia. A la 14e minute, le même Mekloufi, bien lancé par Oleksiak, ouvre le score en inscrivant dès la 14e minute un but par l’inévitable Mekloufi. A la 47e minute, Barrou se joue des frères Tylinski et égalise pour Nice (1-1). La fin de match est débridée, chaque équipe tente de forcer la décision mais le score en reste là.

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Les Verts viennent de disputer leur septième match durant ce mois de septembre. Après sept journées de championnat, les Verts n’ont toujours pas gagné sur leur pelouse, obtenant même avec ce résultat un quatrième match nul consécutif à domicile. La conclusion revient à celui que l’on compare déjà à Jonquet ou à Bonifaci, l’ancien joueur de Nice du début des années 50. Avec un caractère déjà bien trempé, il ne cache pas son plaisir d’être à Saint-Etienne : « Je ne suis pas venu à Saint-Etienne pour admirer le paysage. J’y suis pour y faire le métier que j’ai définitivement choisi. »

Robert Herbin, après ses grands débuts en Division 1 avec Saint-Etienne.
Robert Herbin, après ses grands débuts en Division 1 avec Saint-Etienne.

Buts.- Saint-Etienne : Mekloufi (14e) ; Nice : Barrou (47e).
Saint-Etienne : Abbes – M. Tylinski, R. Tylinski, Wicart – Herbin, Domingo – Goujon, Mekloufi, Njo-Léa, Oleksiak, Nyers. Entr. : Snella.
Nice : Lamia – Martinez, Mugnani, Gonzalès – Ferry, Milazzo – Foix, Ujlaki, Barrou, Muro, Nurenberg. Entr. : Luciano.

 

Un match pas comme les autres

Le 24 octobre 1971, Saint-Etienne s’impose à Marseille (3-2). Un mois plus tard, les Stéphanois accueillent l’OGC Nice. Durant ce laps de temps, les coéquipiers de Bereta n’ont pas confirmé leur succès au stade Vélodrome. Un seul petit point glané à Angers au cours des trois derniers matches : le bilan est donc maigre. Malgré cela, cette rencontre entre Stéphanois et Niçois revêt un caractère particulier.

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Programme du match (document Musée des Verts)

Jean Snella, l’homme qui a apporté la culture du beau football à l’ASSE en même temps que ses premières lettres de noblesse, revient pour la première fois dans une ville qu’il connaît bien. Après un exil au Servette de Genève durant quatre ans, il revient en France et entraîne désormais l’OGC Nice depuis peu. Son adversaire du jour, l’ASSE, est entraîné par un certain Albert Batteux, son successeur à la direction technique de l’équipe quand il l’a quittée en 1967. Les deux hommes sont des amis de longue date. Ensemble, ils ont dirigé l’équipe de France à la Coupe du monde en Suède en 1958. Ce sera le premier affrontement entre les deux entraîneurs. C’est aussi la garantie d’assister à un beau spectacle tant les deux entraîneurs sont des amoureux du beau jeu.

RENCONTRE SNELLA/BATTEUX
Albert Batteux à (droite) a succédé à Jean Snella (à gauche).

Autres retrouvailles : celles des frères Revelli qui défendaient, la saison passée, les mêmes couleurs, celles de l’AS Saint-Etienne. En effet, Hervé, transféré à Nice fin juin (voir post So Nice, novembre 2013), revient lui aussi pour la première fois à Geoffroy-Guichard. Son retour est accompagné de Monsieur Snella, l’entraîneur qui l’a découvert en 1965, alors qu’il n’avait que dix-sept ans. Il occupait alors le poste d’ailier droit. Revelli apprécie énormément Snella et depuis le retour en France de ce dernier, il semble avoir retrouvé la forme. La psychologie de son entraîneur n’y est pas étrangère.

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Hervé et Patrick Revelli adversaires d’un jour.

Un Revelli peut en cacher un autre

La place laissée libre par l’aîné des Revelli a été récupérée par Patrick, le cadet de la famille. Ce duel fratricide promet un match dans le match et pour cause : Patrick, le Stéphanois, est à égalité au classement des buteurs avec Hervé, le Niçois. Les deux totalisent 7 buts chacun. Hervé est international (17 sélections) et avec les Verts, il a remporté quatre titres de champion (1967, 68, 69 et 70) et deux Coupes de France (1968 et 70). Son frère Patrick, qui progresse à pas de géant, n’est à ce jour qu’international Espoirs et compte une seule ligne à son palmarès : la Coupe Gambardella (1970). A 20 ans, ses progrès sont considérables et il s’affirme progressivement dans l’équipe d’Albert Batteux.

Les grands débuts de Christian Lopez

Si ce match est donc celui des grandes retrouvailles, Albert Batteux lance dans le grand bain, un jeune joueur, encore méconnu du grand public : Christian Lopez. Auteur d’excellentes prestations avec l’équipe amateurs des Verts, l’entraîneur stéphanois considère que le moment est venu pour le jeune défenseur, également vainqueur de la Coupe Gambardella en 1970 avec les Merchadier, Santini et autre Synaeghel.

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Christian Lopez et les Stéphanois, vainqueurs de la Coupe Gambardella en 1970 contre Lyon.

Lopez au marquage de… Revelli

Ce dimanche 28 novembre 1971, entre averses et neige, les conditions météorologiques ne sont pas réunies pour disputer un bon match de football. Jusqu’à la mi-journée, nul ne savait si la rencontre allait se dérouler.
Lopez évolue en stoppeur au côté de Herbin, le libero. Il est au marquage… d’Hervé Revelli.
Après vingt-huit minutes de jeu, les Stéphanois, dominateurs, mènent logiquement 1-0 grâce à un exploit technique de leur ailier gauche international Bereta. Il est imité deux minutes plus tard par Salif Keita. Sur un service du même Bereta, le Malien, de la tête, devance Quittet, le capitaine et gardien azuréen (2-0).

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Albert Batteux en discussion avec Georges Bereta et Salif Keita, les deux buteurs de la première mi-temps contre Nice.

Hervé Revelli marque contre les siens

Forts de leurs deux buts d’avance, les Stéphanois baissent le pied et se font rejoindre une première fois par le débutant et malchanceux Lopez. Sur un centre de Huck, plus offensif qu’en première mi-temps, il glisse le ballon dans son propre but. Carnus, le gardien stéphanois, malgré quelques interventions décisives, ne peut rien contre ce coup du sort. La malchance des uns galvanise les autres. Nice en profite et égalise à la suite d’un beau une-deux entre Kaltenbrunner et Revelli. L’ancien avant-centre des Verts, plein de sang-froid, trompe Migeon (2-2). Keita, moins performant en deuxième mi-temps, reçoit quelques sifflets des tribunes. Une habitude pour le pauvre Malien, pourtant auteur jusque-là de seize buts en championnat. A la fin du match, Snella se contentait pleinement de ce match nul contrairement à Batteux, son homologue stéphanois.

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Patrick Revelli a remplacé son frère Hervé au sein de l’attaque stéphanoise.

La grimace des Revelli

Dans le clan des Revelli, les deux frères ne font pas la grimace pour la même raison. Hervé, bien que buteur sur l’égalisation niçoise, se plaint de douleurs aux reins. Patrick, en bon battant qu’il est, ne digère pas que son frère ait marqué un but contrairement à lui. Le cadet des Revelli repart à Nice avec une unité de plus (8 buts contre 7).

Dans son édition du 30 novembre, Hervé confie à Robert Vergne, l’envoyé spécial pour le journal L’Equipe : « Et bien, je suis très fier de Patrick. Il me semble qu’il a très bien tenu son rôle ; d’ailleurs, mes camarades de la défense peuvent en témoigner , il est hargneux, combatif, « empoisonnant » en somme ! » Ce à quoi Patrick a répondu : « Hervé, ah le s….. : sans lui, on aurait gagné ! » Les deux frères ne cachent pas à la fin de la rencontre leur désir d’être à nouveau réunis sous le même maillot. Il faut dire qu’ils n’ont évolué qu’une seule fois ensemble sous le maillot Vert, c’était lors de la saison 1970-71 et une victoire 2-1 à Ajaccio.

Bons débuts de Lopez

Le jeune Christian Lopez, malgré ses déboires sur le premier but niçois, réussit ses débuts avec l’équipe professionnelle. Excellent en première mi-temps, il a le malheur de se faire une entorse au genou qui le prive du match amical à venir entre l’ASSE et le Bataillon de Joinville, deux équipes auxquelles il appartient. En effet, joueur de l’ASSE, il effectue son service militaire au Bataillon.

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Le jeune Lopez a marqué des points pour son premier match avec les professionnels.

Quelques minutes après la fin du match, Jean Snella n’oublie pas d’aller saluer ses anciens protégés dont Robert Herbin et Georges Bereta, entre autres.
Enfin, pour conclure cette rencontre pas comme les autres, Roger Rocher, le président stéphanois, remet à son ancien entraîneur, lors d’une réception privée, un diplôme d’honneur pour sa contribution au premier titre de champion de France du club en 1957.

Buts.- Saint-Etienne : Bereta (28e), Keita (30e) ; Nice : Lopez (54e, c.s.c.), H. Revelli (68e).
Saint-Etienne : Migeon – Broissart, Lopez, Herbin, Polny – Larqué, Sanlaville – Parizon, P. Revelli, , Keita, Bereta. Entr. : Batteux.
Nice : Baratelli – Vandini, Isnard, Quittet, Chorda – Huck, Jouve – Eriksson, H. Revelli, Kaltenbrunner, Loubet.

 

Le chiffre : 106

Le 19 août 1977, les Niçois de Léon Rossi, emmenés par Huck, Guillou et Bjekovic, s’imposent à Geoffroy-Guichard (1-2). Nice met fin à l’invincibilité des Verts. Le dernier revers des Stéphanois à domicile remontait au… 25 mars 1973, soit 106 matches sans connaître la défaite.

 

La phrase :

« Boudiou ! J’ai encore passé un drôle d’après-midi sur ce terrain du stade Geoffroy-Guichard ! Je vais finir par croire que les Stéphanois veulent ma mort même. « Bobosse » (Bosquier) se met de la partie maintenant ! »

Marcel Aubour (gardien de l’OGC Nice) après Saint-Etienne-Nice : 3-1. (FranceFootball du 27 février 1968)

Saint-Etienne-Sochaux : Llense, un « dauphin » chez les Verts

Saint-Etienne reçoit Sochaux dimanche après-midi pour le compte de la 30e journée. Le 10 avril 1939, à l’occasion de leur première confrontation à Geoffroy-Guichard, le gardien stéphanois s’appelait René Llense. L’occasion de revenir sur une carrière bien remplie. Il aurait eu 101 ans le 14 juillet prochain. Le 21 décembre 1958, Michel Tylinski se fracture la jambe dans un choc avec le Sochalien Edimo. Il met un terme à sa carrière. Bonne lecture.

 

René Llense, un « Dauphin » à Saint-Etienne

Nous sommes en 1951, le 11 novembre précisément. Un match de deuxième division oppose Béziers à Toulon. Claude Abbes, le jeune gardien biterrois, alité avec plus de 40 de fièvre, ne peut tenir sa place. Pour ce match, il est remplacé au pied levé par un certain… René Llense. A 38 ans, l’entraîneur de Béziers n’hésite pas une seconde à rechausser les crampons. Toulon s’impose 2-0 mais qu’importe, c’était aussi ça René Llense.

FRANCE-BELGIQUE (5-3)
René Llense

Né le 14 juillet 1913 à Collioure dans les Pyrénées-Orientales, il quitte la région dès 1920 pour s’installer au pied du mont Saint-Clair à Sète. C’est dans la ville de Georges Brassens qu’il effectue ses premiers pas de footballeur. Son coeur balance entre le foot et le rugby. Il joue ses premiers matches au poste d’arrière droit.

A douze ans, il intègre la deuxième équipe Juniors du FC Sète. Un jour, le gardien de but titulaire de l’équipe Juniors se blesse à l’entraînement. M. Picottin, son entraîneur, lui demande de garder les buts. Il a alors quatorze ans. Sa bonne prestation fait qu’il ne les quittera jamais. A seize ans et demi, il débute dans l’équipe première du FC Sète qui dispute un tournoi international à Nancy. Il se permet même le luxe d’arrêter un penalty. Mais le club de Georges Bayrou laisse mûrir le jeune Llense. Frondas, le gardien titulaire, conserve encore quelques temps son poste. Il est donc remplaçant.

En parallèle du football, il travaille dans une maison d’exportation de vins d’Algérie, de Tunisie et du Maroc. Il participe au premier championnat professionnel en 1932-33 avec les Dauphins du FC Sète. Il s’entraîne deux fois par semaine passant du statut d’amateur à celui de professionnel avec, au passage, un salaire multiplié par trois. En 1932, René Llense devient le titulaire du FC Sète qui règne sur la planète football de France.

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René Llense, le gardien de l’équipe première du FC Sète.

En 1934, il accomplit une saison exceptionnelle avec les Dauphins sétois. Le 6 mai, il remporte la Coupe de France contre l’Olympique de Marseille à Colombes (2-1). Le capitaine des « Vert et Blanc » s’appelle alors Yvan Beck. Après un dernier tir olympien, le gardien sétois garde le ballon du match en souvenir qu’il cache sous son pull, tricoté par sa mère. Sous les yeux d’Albert Lebrun, président de la République, il fait un tour d’honneur.

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Le 20 mai 1934, une défaite de l’OM en match en retard donne le titre au FC Sète. Le club de René Llense réalise le doublé Coupe-Championnat. Une première en France. Ce double trophée rapporte à chacun des joueurs 50 F., ce qui représente une somme importante pour l’époque. Dans la foulée de ce doublé, George Kimpton, le sélectionneur français, le convoque pour la Coupe du monde mais en tant que suppléant d’Alex Thépot, le gardien titulaire.

Avec le FC Sète, René Llense réussit le doublé Coupe-Championnat en 1934.
Avec le FC Sète, René Llense réussit le doublé Coupe-Championnat en 1934.

Première sélection avec les Bleus à Rome

Le 17 février 1935, il dispute son premier match international à Rome contre les Italiens vainqueurs de la Coupe du monde en 1934. D’ordinaire, si rassurant, le gardien sétois n’est pas très à l’aise dans ses cages. Paralysé par la pression d’une première titularisation, les Italiens en profitent et marquent deux buts dans le premier quart d’heure.

René Llense connaît sa première sélection avec l'équipe de France le 17 février 1935 en Italie à Rome.
René Llense connaît sa première sélection avec l’équipe de France le 17 février 1935 contre l’Italie à Rome.

Le gardien sétois est un adepte du WM (3-2-2-3). Il préfère voir l’attaquant axial le plus loin possible de ses cages. Il impose donc ce système à ses défenseurs, ce qui lui évite les situations difficiles comme les tirs masqués ou les cafouillages. Pourtant, lors d’un France-Hollande (1-6) le 12 janvier 1936, il encaisse six buts au Parc des Princes, le pire souvenir de sa carrière internationale.

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Saint-Etienne accède à la Division 1

En 1938, l’AS Saint-Etienne accède à la première division nationale. Les Stéphanois affichent leurs ambitions : recruter de très bons joueurs pour jouer les premiers rôles. Pierre Guichard se lance dans une politique de vedettariat appelée alors « l’équipe des millionnaires ». Le gardien stéphanois André Guillard qui participe à la montée, se fait vieillissant et Favier n’apporte pas toutes les garanties pour évoluer à l’étage supérieur. Les dirigeants stéphanois se lancent alors à la recherche d’un gardien expérimenté.

FRANCE-BELGIQUE (5-3)
René Llense, un gardien international chez le promu stéphanois.

Un Méridional et un Ch’ti dans le Forez

René Llense, auteur de bonnes prestations avec Sète, est recruté par Pierre Marey. Ce méridional est petit et râblé mais possède une excellente détente. Il précède l’arrivée d’un autre joueur de talent : Jean Snella. Les deux hommes se connaissent bien pour avoir évolué ensemble au Bataillon de Joinville.

Carnet René Llense
A son arrivée à Saint-Etienne, René Llense, comme chaque joueur stéphanois, a reçu ce fascicule d’avant-saison (photo Musée des Verts).

A Saint-Etienne, il s’acclimate très bien à sa nouvelle vie, découvre un environnement différent et s’entraîne sous les ordres de l’Anglais William Duckworth. Ses coéquipiers s’appellent Tax, Pasquini, Rich ou Odry. L’équipe du président Guichard effectue un bon début de parcours, sa cote de popularité grandit au fil des matches.

ASSE 1938-39
L’ASSE 1938-39 : Debout : de g. à d. : Marey (secrétaire), Odry, Snella, Casy, Llense, Rolhion, Biéchert, Hummemberger. Accroupis : de g. à d. : Pasquini, Tax, Beck, Hess, Roux.

A la fin de cette première saison en Division 1, Saint-Etienne termine à une honorable 4e place. Llense dispute 30 matches. Le club possède la meilleure défense du championnat avec 35 buts encaissés. L’année suivante, il confirme ses bonnes dispositions et connaît de nouvelles sélections avec l’équipe de France.

Le 14 novembre 1938, Saint-Etienne dispute un match de Coupe de France contre le FC Bagnols. L’anecdote racontée dans le Miroir des Sports du 22 novembre 1938 vaut le détour.

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Le 4 décembre 1938, il est sélectionné chez les Bleus pour disputer un match contre l’Italie à Naples. A cette occasion, son grand ami Jean Snella, l’accompagne pour honorer sa première sélection. Ce sont les deux seuls Stéphanois appelés. Si Snella refuse cette sélection, Llense, habitué des rendez-vous tricolores, honore celle-ci.

 

Dernière sélection en Bleu contre la Pologne

Il connaît une dernière fois les joies de l’équipe de France le 22 janvier 1939. La France s’impose devant la Pologne 4-0 (amical).

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Sur ses onze sélections avec les Bleus, il en obtient seulement deux durant son séjour à Saint-Etienne.

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Le 22 janvier 1939, René Llense connaît sa dernière sélection avec les Bleus contre la Pologne (4-0).

 

Coup d’arrêt avec la Seconde Guerre mondiale

En 1939-40, la Seconde Guerre mondiale interrompt brutalement sa carrière. Les joueurs stéphanois mobilisés sont éparpillés dans toute la France. Le championnat se dispute alors en trois zones : Nord, Sud-Ouest et Sud-Est dont fait partie Saint-Etienne (zone libre). Il reprend le championnat avec les Verts en 1940 malgré les sollicitations de Toulouse ou Sète, son ancien club, et participe au championnat joué en zone libre avec l’ASSE. En 1940-41, il dispute à la première finale jouée par l’ASSE : la Coupe de France zone NO disputée à Marseille et perdue contre Toulouse. Parallèlement, il passe ses diplômes de moniteur sportif. Conformément aux nouvelles réglementations de Vichy, il doit justifier d’une activité en dehors du football.

Peu avant le début de la saison 1941-42, il est nommé dans un lycée stéphanois en qualité de professeur d’éducation physique. Ce qui ne l’empêche pas de participer aux championnats dits « de guerre » avec l’ASSE.

 

Joueur de « Lyon-Lyonnais »

En 1943, le Commissariat général dirigé par le colonel Pascot nationalise les joueurs professionnels et crée un championnat interrégional qui met fin aux zones. Les joueurs stéphanois sont donc appelés à jouer pour l’équipe de « Lyon-Lyonnais ». La septième ville de France perd ses meilleurs joueurs. René Llense est réfractaire comme quatre autres Stéphanois dont Jean Snella. Finalement, il participe à ce championnat interrégional avec Calligaris, Rich, Rodriguez et Rolhion. Pierre Guichard, en désaccord avec ces mesures, démissionne de son poste de président.

La saison 1944-45 n’est pas à la hauteur de ses espérances.

En 1945-46, il n’est plus titulaire mais assure l’intérim d’Ignace Tax, l’entraîneur des Verts, parti à Paris suivre une formation d’entraîneur. Cette dernière saison au club, il joue avec l’équipe réserve stéphanoise.

En juillet 1946, les inséparables René Llense et Jean Snella participent au stage d’élève-entraîneur organisé par la Fédération Française de Football.

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Jean Snella accompagne René Llense au stage d’élève-entraîneur à Reims.

Premiers pas d’entraîneur à Toulon

Il débute la saison 1946-47 comme entraîneur-joueur de Toulon. Le dimanche 22 octobre, il rechausse les crampons quelques matches pour compenser les blessures. L’ancien gardien de but se transforme alors en… centre-avant. Le 20 octobre, contre Metz, il inscrit deux buts.

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L’Equipe du 22 octobre 1946.

Llense : un avant-centre pas comme les autres…

Le 17 décembre de cette même année, il récidive en Coupe de France contre Monaco. Il contribue grandement à l’élimination des joueurs de la Principauté. Décidément, l’un des meilleurs gardiens français des deux dernières décennies est en passe de devenir leur meilleur ennemi.

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L’Equipe du 12 février 1947

Fin juin 1947, il quitte Toulon pour s’occuper de l’équipe de Vichy qui évolue dans le Championnat de France amateurs.

A l’intersaison 1950, il quitte Vichy pour le Puy-de-Dôme. Il prend en charge l’équipe du CS Puy-Guillaume.

 

A Béziers, il découvre Claude Abbes

Un an plus tard, le club de Béziers lui confie son équipe, alors pensionnaire de deuxième division. C’est lui qui remarque Claude Abbes et le signale aux dirigeants stéphanois. Le futur gardien signe chez les Verts en 1952. Cette même année, il quitte l’Hérault pour la Savoie et Saint-Jean-de-Maurienne. Il est employé par la société Péchiney dans le secteur des oeuvres sociales. En parallèle, il dispense des cours de football, natation et ski.

Claude Abbes, recommandé par René Llense à l'ASSE.
Claude Abbes, recommandé par René Llense à l’ASSE.

Llense Junior chez les Verts

Bien que retiré du monde du football, en 1956, il confie son fils, alors âgé de 18 ans et promis à un bel avenir, à son fidèle ami Jean Snella, entraîneur de Saint-Etienne. Il intègre l’équipe Juniors des Verts au poste d’inter droit.

Mais le football lui manque. Il se verrait bien reprendre en mains un club. En juillet 1970, on peut lire dans FranceFootball :

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Pigiste au Midi Libre

En 1976, René Llense prend sa retraite Et se retire à Sommières, une petite cité médiévale située entre Nîmes et Montpellier. L’année de l’épopée des Verts, il devient correspondant au journal Le Midi Libre. A Sète, un stade porte le nom de René Llense.

Il garde une haute estime de l’AS Saint-Etienne. Et pour cause, chez les Verts, on n’oublie pas ses anciens glorieux. Tous les ans, le club lui souhaite son anniversaire. Le 14 juillet prochain, René Llense aurait eu 101 ans.

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 Première à Geoffroy-Guichard

Ce 10 avril 1939 après-midi, Saint-Etienne et Sochaux se rencontrent pour la pour la première fois de leur histoire en Division 1 à Geoffroy-Guichard. Si les Stéphanois sont handicapés par les absences de Rolhion et Rich, Sochaux, de son côté, doit composer sans Courtois et Mattler. Soit deux absences préjudiciables de chaque côté. L’absence de ce dernier se fait ressentir. Pourtant ce sont les francs-comtois qui ouvrent le score dès la 3e minute par Petersen. La réplique est immédiate. A la 9e minute, Hès égalise. Bien que Cabannes n’ait pas son rendement habituel, Tax dans un rôle de meneur n’hésite pas, quand l’occasion se présente, à tenter sa chance. En seconde mi-temps, les Verts ajoute un second but par Pasquini sur un centre de Roux. L’infortuné sochalien Williams est impliqué sur les deux buts stéphanois. Le score en reste là. Saint-Etienne met fin à une belle série de victoires des Sochaliens et conforte sa quatrième place au classement.

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Carrière terminée pour Michel Tylinski 

Ce dimanche 21 décembre 1958, Saint-Etienne reçoit Sochaux à Geoffroy-Guichard. Jean Snella, l’entraîneur stéphanois, déplore le probable forfait de Ferrier, revenu blessé d’un match avec l’équipe de France Militaires à Sarrebruck le mercredi précédent. Richard Tylinski, toujours blessé est remplacé par Cassado, et par au jeu des chaises musicales, c’est Michel Tylinski qui occupe le poste d’arrière droit.

Les 9 847 spectateurs présents à Geoffroy-Guichard assistent à un match plaisant. Njo-Lea (42e) répond à Stopyra (26e). Les deux équipes regagnent leurs vestiaires sur un score de parité à la mi-temps. En deuxième mi-temps, les Stéphanois Oleksiak (63e), Braizat (65e) et Goujon (74e) assurent une avance confortable à leur équipe malgré la réduction du score par le Sochalien Mille sur coup de pied arrêté (69e).

Edimo inconsolable

Cette avalanche de buts reste pourtant comme anecdotique. Alors qu’il reste une poignée de secondes à jouer, Michel Tylinski, dans un choc avec Edimo s’écroule. Il est évacué illico-presto sur un brancard. Au coup de sifflet final, Edimo, l’auteur involontaire de ce terrible accident, accoure en larmes vers Michel Tylinski. Ce dernier, extraordinaire de courage, réconforte le Sochalien. La scène est dramatique. Le père des frères Tylinski, présent au match, n’arrive pas à consoler Edimo. Le Stéphanois est emmené en urgence à l’hôpital. Le diagnostic est impitoyable : double fracture ouverte tibia-péroné. Alors que le blessé est déjà sur la table d’opération, à Geoffroy-Guichard, dans le vestiaire, l’ambiance est pesante. La désolation se lit sur tous les visages, stéphanois comme sochaliens. Un dernier but sochalien est marqué dans l’indifférence. Les Verts viennent de gagner un match (4-3) mais surtout de perdre un coéquipier.

Michel Tylinski lors d'un Saint-Etienne-Lens
Michel Tylinski met un terme à sa carrière en 1958 à la suite d’un choc avec le Sochalien Edimo.

Paris-SG-Saint-Etienne : soirs de premières

Dimanche soir, le Paris-SG reçoit l’AS Saint-Etienne au Parc des Princes pour le compte de la 29e journée de championnat de Ligue 1. En 1977, Jean-Michel Larqué, en conflit avec Robert Herbin, son entraîneur à l’AS Saint-Etienne, quitte les Verts pour embrasser la carrière d’entraîneur au PSG. Un an plus tard, Laurent Paganelli, jeune prodige du football français, fait ses premiers pas en Division 1 au Parc des Princes. Il est âgé de… 15 ans et 309 jours. Un record. Enfin, en 2006, Ilan illumine le stade de la Porte de Saint-Cloud d’un but venu d’ailleurs. Bonne lecture.

 

Larqué : un Vert à Paris

15 003. C’est le nombre de spectateurs qui ont vu pour la dernière fois Jean-Michel Larqué disputer un match de Division 1 avec l’AS Saint-Etienne. Ce 28 avril 1977, l’ASSE vient de faire match nul avec le Stade de Reims (0-0) à domicile. Personne n’imagine alors qu’on ne reverra plus l’emblématique capitaine des Verts avec l’équipe professionnelle stéphanoise. Ni lui-même qui annonce dans L’Equipe du 2 mai 1977 avant un futur déplacement à Nice que l’ASSE va jouer « un match à quatre points ». Pourtant, le mardi 3 mai L’Equipe titre :

Larqué herbin c la guerre

Convoqué dans le bureau de Robert Herbin le jeudi matin à son arrivée à l’entraînement, le milieu de terrain stéphanois apprend de la bouche de son entraîneur qu’il ne fera pas partie du déplacement sur la Côte d’Azur. Depuis le match retour à Liverpool, l’entraîneur des Verts lui reproche des performances décevantes, notamment sur le plan défensif. Larqué s’en défend en expliquant qu’il n’a jamais été un demi défensif, contrairement à Bathenay et Synaeghel, plus habitués à ce type de poste.

Jean-Michel Larqué capitaine des Verts.
Jean-Michel Larqué, le capitaine des Verts, est en conflit avec son entraîneur Robert Herbin.

Premières frictions entre Larqué et Herbin

Durant cette saison 77, le climat au sein de la maison verte n’est pas des plus sereins. L’élimination en quarts de finale de la Coupe des Clubs Champions laisse apparaître des dissensions. Robert Herbin a souvent cherché la bonne formule tactique… en vain.
L’éviction du Palois n’est pas la première de la saison : après une lourde défaite à Sochaux (4-0) le 5 février, le « Sphinx » avait déjà écarté son capitaine. Raison invoquée : le joueur devait souffler après les efforts fournis pour revenir à son meilleur niveau après son opération du genou droit. Il ne fera son retour dans le onze de départ que lors d’un déplacement à Rennes le 26 février, soit cinq jours avant la réception de Liverpool en quarts de finale aller de la Coupe des Clubs Champions. Ce soir-là, Herbin lui confie le rôle d’avant-centre. Pas vraiment habituel pour lui.

Larqué contre Liverpool

 

Dans son édition du 8 mars, L’Equipe annonce que la paix est signée entre Herbin et son joueur.

paix signée

Après la victoire contre le Paris-SG (1-0) trois jours auparavant, les deux hommes se sont expliqués. Le 16 mars, les Verts se déplacent à Liverpool pour défendre le petit but d’avance inscrit par Dominique Bathenay quinze jours plus tôt en quarts de finale de la Coupe des Clubs Champions. Les Verts, dans une ambiance des grands soirs, sont éliminés par Keegan et sa bande 3-1.  Jean-Michel Larqué, capitaine de l’ASSE depuis le départ de Georges Bereta pour l’OM en 1975,  dit définitivement adieu à la Coupe d’Europe.

Vidéo de Liverpool-Saint-Etienne dans une ambiance incroyable.

Contre Liverpool, à Anfield, Jean-Michel Larqué (avec Merchadier) joue son dernier match européen avec Saint-Etienne. Ici, il dispute un ballon de la tête à John Toshack.
Contre Liverpool, à Anfield, Jean-Michel Larqué joue son dernier match européen avec Saint-Etienne. Ici, il dispute un ballon de la tête à John Toshack.

Revenons à ce mois de mai 77. Larqué accuse le coup. C’en est trop : c’est officiel : malgré une dernière année de contrat à honorer, il souhaite terminer la saison et partir. Des rumeurs l’envoient à Bordeaux, ce qui le rapprocherait géographiquement de son Pays Basque natal.
Après les affaires Bosquier-Carnus, Keita et Bereta, Larqué devient à son tour le personnage central d’une « affaire » à la stéphanoise. Pour ce dernier, si l’on parle beaucoup de la politique des jeunes de l’ASSE, on évoque beaucoup moins de celle des « Vieux ». Il prend comme référence le Real Madrid qui sait préparer le « troisième âge » de ses joueurs, ce qui en fait un grand club.

 

Un capitaine en réserve

En attendant, celui qui a obtenu son diplôme d’entraîneur l’été précédent à Vichy, va donc aider les jeunes du centre de formation à obtenir le titre de champion de France de Division 3.
Herbin a remplacé dans le groupe Larqué par Larios mais cela ne change pourtant rien aux performances de son club le week-end suivant puisqu’il s’incline à Nice 2-0. Roger Rocher, en vacances dans sa maison sur la Côte d’Azur, s’est entretenu avec Larqué par téléphone. Pourtant, le soir du match à Nice, il déclare à L’Equipe : « On ne va pas faire de comparaison avec le Real Madrid. Le Real a peut-être payé son sentimentalisme. La réussite de Saint-Etienne est basée sur une qualité d’ambiance, de rapports personnels, et j’y tiens, mais aussi une exigence dans les performances. Sinon l’épopée des Verts en Coupe d’Europe n’aurait jamais existé ! »

Le 6 mai, dans L’Equipe, Larqué dévoile quelques bribes de son entretien avec le président Rocher :

A ROCHER de décider

Larqué, joue donc en équipe réserve. Après une victoire contre Troyes et une autre contre Viry-Châtillon où il a pu constater sa cote de popularité, Herbin n’a nullement l’intention de le réintégrer dans le groupe professionnel. Les déclarations virulentes du milieu de terrain à l’encontre de son entraîneur par médias interposés ne sont pas faites pour apaiser le climat.
Saint-Etienne dispute un quart de finale aller de Coupe de France à Sochaux (1-1), L’Equipe du 13 mai sous forme d’encadré titre :

Larqué c'est presque fini

Le 17 mai, il assiste en tribune de presse à la victoire des Verts contre Sochaux (3-1) qui les qualifie pour les demi-finales et surtout au centième match des Verts sans connaître la moindre défaite à Geoffroy-Guichard.

 

Premiers contacts avec Paris

Le 26 mai, L’Equipe fait état de contacts entre Larqué et le Paris-SG qui vient d’achever le championnat à la 9e place de Division 1. Daniel Hechter, son président, est à la recherche d’un entraîneur en remplacement de Vasovic. Il dresse une short-list parmi lesquels figurent en bonne place Lucien Leduc, l’entraîneur de Monaco et … Jean-Michel Larqué, en disgrâce avec l’ASSE. Si l’entraîneur de Monaco était choisi, cela permettrait à Larqué de poursuivre sa carrière de joueur encore un ou deux ans avant d’endosser celle d’entraîneur.
La question est de savoir si Larqué endossera la casquette d’entraîneur ou s’il continuera de jouer tout en entraînant l’équipe. Dans sa tête, Larqué est prêt à jouer encore trois ans.

 

Contrat de 3 ans au Paris Saint-Germain

Dans son édition du 3 juin 77, L’Equipe annonce que Larqué va s’engager pour 3 ans avec le Paris Saint-Germain.
Il vient de passer deux jours dans la capitale pour discuter des modalités de son contrat. Avant de reprendre l’avion pour Saint-Etienne, en tant qu’amateur de tennis, il s’est octroyé un petit détour par la Porte d’Auteuil et Roland-Garros, où il a assisté au match Ramirez-Panatta. Un endroit qui devrait lui être bientôt familier.
De retour à Saint-Etienne, il reprend le chemin de l’entraînement sous les ordres de Robert Philippe, le coach de l’équipe réserve. Professionnel jusqu’au bout, il souhaite décrocher avec ses camarades le titre de champion de France de troisième division. Un petit but et une victoire contre Poissy (5-0) et l’objectif est atteint. Les Verts disputeront la finale contre Nantes.

En championnat, Jean-Michel Larqué joue son dernier match contre Poissy.
En championnat, Jean-Michel Larqué joue son dernier match contre Poissy.

Pendant ce temps, les professionnels stéphanois s’imposent deux fois contre Nantes en demi-finales de la Coupe de France et se qualifie pour une septième finale à Paris.

 

Le dernier titre d’un capitaine

Tandis que ses ex-partenaires s’apprêtent à rejoindre Paris pour y disputer la finale le 18 juin, Larqué, lui, se prépare à disputer son dernier match sous le maillot vert… à Nantes. Il veut partir sur une bonne note et même si un titre de champion de Division 3 n’a pas la même saveur qu’une finale de Coupe de France, le professionnel obéit à ses obligations jusqu’à leur terme. Après une double confrontation (3-2 pour les Verts  à l’aller grâce à trois buts de Sarramagna), les Verts s’imposent au stade Marcel-Saupin 3-1. Mission accomplie pour le numéro 10 des Verts. Il met un terme à son chapitre stéphanois avec un nouveau trophée.

Les Verts champions de France de Division 3

Finale retour au stade Marcel-Saupin : 3 541 spectateurs.
Buts.- Nantes : Bassi (24e) ; Saint-Etienne : Schaer (25e), Boury (56e et 89e).
Nantes : Desrousseaux – Madani, Benion, Fenillat, Bidard – Vendrely, Steck, Bassi – Lacombe, Triantafilos, Gadocha. Entr.: Zaetta.
Saint-Etienne : Dugalic – Borel, Modeste, Lacuesta, Deschamps – Vesir, Larqué, Larios – Derigon (Fournier, 71e), Schaer, Boury. Entr.: Philippe.

 

Nommé entraîneur à 29 ans et 10 mois

Le 18 juin, les hommes de Robert Herbin disputent la finale de la Coupe de France contre Reims au… Parc des Princes. La dernière occasion pour eux d’accrocher l’Europe via la Coupe des Coupes. Les deux clubs comptabilisent 15 titres de champion de France et 7 Coupes. Un stade que Jean-Michel Larqué aura l’occasion de côtoyer régulièrement puisqu’il a été choisi par Hechter pour diriger  le Paris-SG. Il lui donne également les pleins pouvoirs, y compris dans le recrutement. Hechter prend un risque en confiant les rênes du club à un entraîneur qui n’a encore jamais entraîné. Certes, il est sorti major de sa promotion d’entraîneur en juillet 1976 mais a tout à prouver dans cette fonction. Aimé Jacquet avait 35 ans et 6 mois quand il a pris en main la section professionnelle de l’OL en 1976, et Robert Herbin, 33 ans et 4 mois en 1972 quand il a succédé à Albert Batteux. Ce dernier a remporté la Coupe de France avec Reims en 1950 en tant que joueur avant de succéder le soir même à Roessler, son entraîneur. Batteux avait alors 31 ans. Alors Larqué entraîneur à 29 ans et 10 mois pourquoi pas !

 

Privé de finale de Coupe de France

Il souhaite engager des vedettes pour faire vibrer le Parc. Ironie du sort, c’est contre Reims qu’il a disputé son dernier match en pro en championnat avec les Verts. Quel plus bel hommage pour lui avant d’embrasser une carrière d’entraîneur que de jouer et gagner la finale de la Coupe de France contre… Reims. Robert Herbin ne lui laisse pas cette chance. Il regarde les Verts s’imposer devant les Rémois des tribunes. La page est définitivement tournée.
Le 21 juin 1977, alors qu’il n’a toujours pas signé son contrat avec le Paris-SG, il prend place pour la première fois sur le banc de son nouveau club à l’occasion du Tournoi de Paris. A bientôt 30 ans, une nouvelle carrière débute pour celui qui avait redonné espoir à Saint-Etienne et à la France du football un soir de… 17 mars 1976 en inscrivant un magnifique coup-franc contre le Dinamo Kiev. Il part de Saint-Etienne en laissant de beaux souvenirs.
Le vendredi 15 juillet 1977, il dirige son premier entraînement avec le Paris-SG. A l’instar de ce qui a été instauré au Bayern Munich, le nouvel entraîneur parisien estime que la préparation de ses nouveaux joueurs est insuffisante et leur impose trois entraînements quotidiens. Comme s’il voulait imposer d’emblée son « image de marque ».

PSG
Jean-Michel Larqué quitte l’AS Saint-Etienne pour le Paris-SG où il endosser la casquette d’entraîneur.

Malgré cette cadence, le début de saison du PSG version Larqué n’est pas à la hauteur des espérances. L’absence d’un organisateur au milieu du terrain se fait cruellement sentir, le petit Lyonnais Serge Chiesa a refusé de rejoindre la capitale. Larqué décide donc de rechausser les crampons et endosse du coup la casquette de joueur-entraîneur. A 30 ans, il peut rendre encore bien des services sur le terrain.
Un autre problème se pose pour le PSG : la Fédération Française de Football (FFF) lui demande de trouver un entraîneur-instructeur conformément aux règlements, Larqué ne possède pas ce diplôme et doit par conséquent trouver un prête-nom. Pierre Alonso occupe cette fonction.
En janvier 1978, suite à une affaire de double billetterie, le couturier parisien quitte la présidence du club parisien. Il est remplacé par Francis Borelli. Le PSG termine le championnat à la onzième place.

 

Bathenay : un deuxième Vert au PSG

En août 1978, Dominique Bathenay, son ex-partenaire à Saint-Etienne, le rejoint dans la capitale après la Coupe du monde en Argentine. Fin août, Jean-Michel Larqué décide de quitter son poste d’entraîneur pour se consacrer uniquement à celui de joueur. Comme un certain… Robert Herbin avant lui, qui avait rechaussé les crampons un 3 juin 1975 contre Troyes (5-1, avec un but de Herbin sur penalty) alors qu’il avait abandonné son statut de joueur à la fin de la saison 1972.

Un an après Jean-Michel Larqué, Dominique Bathenay rejoint le PSG à son tour.
Un an après Jean-Michel Larqué, Dominique Bathenay rejoint à son tour le PSG.

L’entraîneur rechausse les crampons

Le début de championnat du PSG n’est pas bon : le club parisien compte trois défaites après cinq journées. Le 22 août, Larqué officie une dernière fois à Nice (3-1) avant de laisser la place sur le banc à Pierre Alonso. Il n’est pas heureux dans cette fonction et le fait savoir à son président Francis Borelli. Douze mois après avoir endossé l’habit d’entraîneur, il redevient simple joueur avec pour entraîneur celui qui était son adjoint. Une première.

debout de gauche à a droite : bernard (daniel) / redon (philippe) / renault (eric) / pilorget (jean marc) / adams (jean pierre)  assis de g a d : brisson (francois) / justier (lionel) / larque (jean michel) / bianchi (carlos) / m pele (francois) / dalheb (mustapha)
Le PSG version 77 :  Debout : de g. à d. : Bernard, Redon, Renault, Pilorget, Adams.
Accroupis de g. a d. : Brisson, Justier, Larqué, Bianchi, Mpelé, Dalheb.

Le 25 août, le Paris-SG accueille Saint-Etienne. L’Equipe du jour titre :

Bathenay larqué le défi

Pour sa grande rentrée, le désormais ex-entraîneur Larqué joue cinquante-cinq minutes et s’il ne possède pas encore le rythme pour tenir un match entier, il impose sa patte sur le match. Les spectateurs n’ont pas les yeux fixés sur l’ancien capitaine des Verts. Mais sur un jeune Stéphanois qui fait ses grands débuts en professionnel (voir par ailleurs). Les deux équipes se quittent sur un score nul d’un but partout.

Jean-Michel Larqué à l'entraînement (avec Carlos Bianchi à sa droite)
Jean-Michel Larqué à l’entraînement (avec Carlos Bianchi à sa droite)

Au terme de la saison, le PSG perd deux nouvelles places et termine à une très décevante 13e place.
Larqué décide alors de mettre un terme à sa carrière professionnelle le 2 juillet 1979 alors qu’il est encore sous contrat avec le club parisien.
Il reste au club en tant que manager général avant de le quitter définitivement au début de l’automne 1980 pour embrasser une carrière de commentateur sportif sur Antenne 2 au côté de Thierry Roland.
Clin d’oeil de l’histoire : le 5 mars 1980, Saint-Etienne reçoit Mönchengladbach à Geoffroy-Guichard en Coupe de l’UEFA.Ce soir-là, dans le Forez, Thierry Roland est au micro assisté d’un débutant dénommé Jean-Michel Larqué.

 

 

Paganelli : de Montaigu au Parc des Princes

Depuis 1973, la ville de Montaigu organise un « mini Championnat d’Europe » qui rassemble des footballeurs en herbe âgés de 13 à 14 ans issus de clubs professionnels ou non des quatre coins de l’Europe. C’est grâce notamment à ce tournoi que la FFF a décidé de créer une sélection nationale catégories minimes.
Ce week-end de Pâques d’avril 1977, un jeune minime d’Avignon attire particulièrement l’attention. Le garçon s’appelle Laurent Paganelli et possède un talent indéniable. Avec la sélection des minimes, il remporte le tournoi avec brio.

 

Un but pour une Coupe

Le samedi 18 juin 1977, Saint-Etienne et Reims jouent la finale de la Coupe de France au Parc des Princes. A 18 heures, le lever de rideau met aux prises les minimes de Méditerranée à ceux d’Alsace. Dans les rangs sudistes, Ceccarelli garde les buts mais c’est encore Paganelli qui éclabousse la finale de toute sa classe. Après un passage en revue de la défense alsacienne, il inscrit le seul but de cette finale (60e). Quelques heures plus tard, les Verts s’imposent devant Reims 2-1 et s’adjugent leur sixième Coupe de France.

Dans son édition du 20 juin, L’Equipe titre :

PAGA A LA 60e

Le samedi 8 octobre, au Parc des Princes, en lever de rideau du match amical France-URSS, l’équipe de France Cadets (garçons ayant moins de seize ans dans l’année en cours) rencontre son homologue du Pays de Galles. Georges Boulogne, son responsable depuis deux ans, convoque deux Laurent : Roussey et… Paganelli, le benjamin de la troupe. La rencontre se dispute sous l’oeil attentif de Pierre Garonnaire, le recruteur des Verts. Une nouvelle fois, le jeune Paganelli étonne les spectateurs.

 

Le petit Mozart du Parc

La France partage les points avec les Gallois (1-1) mais une nouvelle fois, il se transforme en chef d’orchestre de l’équipe française. Il égalise à la 62e minute pour les jeunes Bleus. Paganelli, ce soir-là, est le seul joueur qui ne soit pas licencié dans un club professionnel. Issu d’une famille très impliquée dans le rugby, l’Avignonnais, alors âgé de 8 ans, se casse un bras un jour à l’école de rugby de la ville. S’il met un temps de côté la pratique de ce sport, en revanche, il peut s’adonner au football avec les copains à l’école. Finalement, il opte définitivement pour le ballon rond.
Joueur de la Maison des Jeunes et de Culture d’Avignon (MJC), il fait preuve d’une grande maturité puisqu’il entraîne la section pupilles du club. Plus pour très longtemps puisqu’il vient de signer un contrat de non-sollicitation avec l’AS Saint-Etienne. Il rejoindra dans le Forez, des joueurs comme Lestage ou Roussey avec qui il joue déjà en sélection. Pierre Garonnaire a convaincu le père du jeune prodige, cheminot de métier, et M. Blum, son éducateur à la MJC, de rejoindre Saint-Etienne, qui n’est qu’à deux heures d’Avignon. Il devance des clubs comme le PSG ou Nice également intéressés par le jeune Avignonnais.

Laurent Paganelli et Laurent Roussey
Laurent Paganelli et Laurent Roussey, deux jeunes talent à l’AS Saint-Etienne.

 

Quand Platini donne la leçon

Le 8 février 1978, les cadets nationaux se déplacent avec l’équipe de France A à Naples en Italie, en amical. Si la bande à Platini obtient un match nul (2-2), les Cadets s’imposent quant à eux 2-1. Paganelli inscrit le but victorieux à quatre minutes de la fin… sur coup franc. Le lendemain, sur le stade de Fuorigrotta, le maître en la matière, Michel Platini, alors joueur de l’AS Nancy-Lorraine, fait une démonstration à deux de ses « élèves » : Roussey et Paganelli.
En mai, Les Verts de Robert Herbin terminent le championnat à une peu habituelle 7e place.

 

L’ASSE rajeunit ses cadres

Pour la première fois depuis quatre ans, les Verts ne participent pas à une coupe d’Europe.
L’entraîneur stéphanois laisse partir quelques joueurs qui ont contribué aux succès du club : Bathenay rejoint Larqué au Paris-SG, Synaeghel part à Metz, Patrick Revelli file à Sochaux et son frère Hervé rejoint la Suisse et Le Chenois dans un rôle d’entraîneur-joueur. Enfin, Merchadier signe à Nancy. Une page se tourne. Au rayon des arrivées, Larios revient de Bastia fort de son expérience européenne avec le club corse, Lacombe quitte le voisin lyonnais et Elie arrive de Lens.

Rocher entouré de Larqué (à gauche) et Hervé Revelli (à droite). Les deux hommes
Roger Rocher entouré de Larqué (à gauche) et Hervé Revelli (à droite). Les deux hommes ont quitté le club. Les Verts tournent une page.

Premier entraînement pour Paga avec le groupe pro

Le 28 juin, c’est la rentrée des classes. Robert Herbin dirige l’entraînement. Dans son groupe, il incorpore le jeune Paganelli. Au cours d’un match d’entraînement, avec toute l’insouciance de ses 15 ans, il impressionne l’entraîneur stéphanois. Jamais un joueur aussi jeune n’avait fait naître autant d’espoirs. Mais, fidèle à ses habitudes, Roby observe.

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Paganelli fait ses premiers pas avec l’équipe réserve des Verts.

Les voyages forment la jeunesse et les Verts

Le 21 juillet, les jeunes du centre de formation s’envolent pour l’Île de la Réunion. En novembre 1977, Roger Rocher, en voyage d’affaires sur l’île de l’océan indien, avait promis au président de la Ligue de football de la Réunion d’envoyer son équipe réserve. Les Wolff, Roussey, Lestage, Rampillon, Garande, Colleu, Zanon ou encore Oleksiak sont du déplacement. Bien sûr, Guy Briet, l’entraîneur a également convié Paganelli à ce voyage. Deux victoires et un nul ponctuent cette expédition.

Laurent Paganelli et son coach de l'équipe réserve, Guy Briet.
Laurent Paganelli et son coach de l’équipe réserve, Guy Briet.

Test probant contre le FAR du Maroc

Le 15 août, Herbin programme une rencontre amicale contre l’équipe des Forces Armées Royales du Maroc pour compenser la mini-trêve imposée par le match international amical : France-Anderlecht. Dans l’optique du prochain derby contre le voisin lyonnais entraîné par Aimé Jacquet le vendredi qui suit, il veut voir à l’oeuvre les remplaçants ainsi que deux joueurs qui brillent avec l’équipe réserve : Laurent Paganelli (15 ans) et Patrice Garande (17 ans).

 

Soirée des premières au Parc

Le 25 août, les Verts se déplacent à Paris pour y affronter le Paris-SG d’un certain Jean-Michel Larqué qui a revêtu son habit de joueur à cette occasion. Robert Herbin convoque Laurent Paganelli pour ce grand rendez-vous. Le Parc des Princes, il connaît déjà pour y avoir évolué déjà trois fois, mais c’était avec les cadets nationaux. 47 000 spectateurs garnissent le stade de la Porte de Saint-Cloud. Au coup d’envoi, il est remplaçant. Mais l’attraction de ce match est la grande rentrée de Larqué, l’ex-capitaine des Verts, en tant que joueur du PSG. Dans la semaine, il a délaissé son habit d’entraîneur pour rechausser les crampons. Il n’a rien perdu de ses qualités techniques. Son coéquipier Carlos Bianchi apprécie l’apport de son désormais ex-entraîneur.

 

15 ans et 309 jours

L’autre fait marquant de ce match se situe à la 46e minute : A la Paganelli, le « bizuth » de cette soirée, fait sa première apparition en Division 1. A 15 ans et 309 jours exactement, il remplace Dominique Rocheteau, victime d’une élongation. Un gamin parmi les grands, les spectateurs du Parc n’ont d’yeux que pour lui.

Laurent Paganelli fait ses premiers pas en Division 1 au Parc des Princes contre le PSG.
Laurent Paganelli fait ses premiers pas en Division 1 au Parc des Princes contre le PSG.

Dans un papier d’ambiance, Bernard Dolet, l’un des envoyés spéciaux du quotidien L’Equipe, décrit parfaitement l’ambiance qui entoure cette soirée.

QUAND LES COEURS BALANCENT DOLET
Laurent Paganelli détrône ainsi l’autre Laurent, Roussey, qui avait débuté le 25 février 78 en Division 1 à l’âge de 16 ans et 68 jours.
Parisiens et Stéphanois se quittent sur un score nul de 1-1, Bathenay (39e) répondant à Rocheteau (37e), le premier buteur des Verts à l’extérieur de la saison.

Paris Saint-Germain-Saint-Etienne : 1-1 (1-1).
Buts.- Paris-SG : Bathenay (39e) ; Saint-Etienne : Rocheteau (37e).

Paris-SG : Baratelli – Pilorget, Morin, Renaut, Lokoli – Bathenay, Adams, Larqué (Lemoult, 57e) – M’Pelé, C. Bianchi, F. Brisson. Entr.: Alonso.

Saint-Etienne : Curkovic – Janvion, Piazza, Lopez, Repellini – Larios (Modeste, 67e), Santini, Elie – Rocheteau (Paganelli, 46e), L. Roussey, Zimako. Entr.: Herbin.

 

 

Trente-cinq ans d’attente

Depuis leur première confrontation en championnat au Parc des Princes le 27 février 1972, les Verts ne se sont jamais imposés dans la capitale. Jusqu’à ce 25 février 2007 et la victoire 2-0 contre un PSG qui lutte pour ne pas descendre en Ligue 2.

Grâce à cette victoire historique des hommes d’Ivan Hasek, les Verts sont plus que jamais candidats aux places européennes. Ils attendaient ce moment depuis… 35 ans. Certes, ils avaient bien battu le PSG le 27 février 1972, mais le match se déroulait au stade Bauer à Saint-Ouen. Le Parc des Princes était alors en travaux. Depuis, les Verts avaient essuyé seize revers et glané huit nuls.

 

Ilan soulève le Parc

On joue la 32e minute. L’ASSE mène 1-0 grâce à une tête de Damien Perquis sur un centre de Sablé. Sur la première occasion de son équipe, le défenseur stéphanois, au point de penalty, devance Armand et trompe Landreau (1-0).

Mais le plus beau est à venir. Il reste une poignée de secondes quand Feindouno centre côté gauche au second poteau pour Gomis. Ce dernier remise de la tête sur Ilan. Dos au but, le Brésilien, aux six mètres, lève le ballon sur son contrôle orienté et, d’une magnifique reprise acrobatique croisée, trompe le portier parisien. Les Verts mènent 2-0 à la mi-temps. Il vient d’inscrire l’un des plus beaux buts de la saison.

Vidéo : le chef d’oeuvre d’Araujo Ilan :

http://youtu.be/clGFCMs58g4

 

 

Toulouse-Saint-Etienne : un parfum de violette

Vendredi, en match avancé de la 24e journée de championnat, Toulouse accueille Saint-Etienne au Stadium. Cette rencontre est l’occasion de revenir sur le Challenge des Champions disputé le 7 juin 1957 ainsi qu’une défaite « salutaire » des Verts à Toulouse en 1963. Christian Lopez, joueur emblématique de l’épopée des Verts des années 70, a quitté Sainté pour le Téfécé en 1982. Récit d’un transfert. Bonne lecture.

 

A la bonne franquette

7 juin 1957. Challenge des Champions. Toulouse-Saint-Etienne : 1-2.
Depuis sa création en 1954-55, le Challenge des Champions oppose le champion de France au vainqueur de la Coupe de France. Les bénéfices de ce match sont reversés à la Caisse de sécurité et de secours des joueurs.

Saint-Etienne est dirigé par Manuel Fernandez, l’entraîneur des amateurs stéphanois, appelé à remplacer temporairement Jean Snella parti dans le Nord au chevet de sa mère, gravement malade. Fernandez doit composer sans Njo-Léa, retenu pour des épreuves universitaires et Lefèvre, blessé. Aussi, parmi les cinq militaires partis en Grèce, seuls Ferrier et Goujon sont rentrés indemnes. Pour Toulouse, ce match est l’occasion de présenter à son public la Coupe de France remportée face à Angers (6-3) au stade de Colombes.

L’ambiance est bon enfant et les 11 254 spectateurs découvrent deux nouveaux joueurs. Le premier est toulousain : il s’agit de Casanova, tout juste arrivé de Casablanca, qui remplace Di Loretto, parti en vacances en Argentine. Le second est Cristobal, un avant-centre en provenance d’Orléans mis à l’essai par les Verts.

A Toulouse, Richard Tylinski était dans un jour "sans".
A Toulouse, Richard Tylinski était dans un jour « sans ».

D’entrée, les deux équipes jouent l’attaque et s’octroient quelques libertés avec le marquage. Dès la 6e minute, les Stéphanois ouvrent la marque par Oleksiak mais Casanova signe ses débuts en égalisant dix neuf minutes plus tard. Avant la pause, Fouillen, de la tête, sur un centre de Goujon, redonne l’avantage aux Verts. Malgré une nette domination des locaux en deuxième mi-temps, le score n’évolue plus.

Saint-Etienne remporte le Challenge des Champions et peut préparer sereinement la Coupe latine. Les Toulousains, dès le lendemain, s’envolent pour une tournée en Turquie.

Buts.- Toulouse : Casanova (25e) ; Saint-Etienne : Oleksiak (6e), Fouillen (38e). Toulouse : Roussel – Boucher, Pleimelding, Nungesser – Bouchi, Cahuzac – Brahimi, Dereuddre, Casanova, Rytkonen, Bouchouk. Entr. : Bigot.
Saint-Etienne : Abbes – Cassado, R. Tylinski, Wicart – Domingo (Vernier), Ferrier – Rijvers, Goujon, Fouillen, Oleksiak, Cristobal. Entr. : Fernandez.

 

Christian Lopez : Ô Toulouse

« Qu’il est loin mon Forez, qu’il est loin,
Parfois au fond de moi se raniment
L’âme verte du Stade Geoffroy-Guichard
et la fumée de ses cheminées »

Si Claude Nougaro chantait Toulouse, Christian Lopez aurait pu entonner ce couplet quand il a quitté l’AS Saint-Etienne, son club formateur, pour le TFC.

Christian Lopez au milieu de ses coéquipiers sous les ordres de Robert Herbin.
Christian Lopez au milieu de ses coéquipiers sous les ordres de Robert Herbin.

En 1970, l’AS Saint-Etienne remporte la Coupe Gambardella. Dans ses rangs, elle compte une bande de jeunes talentueux recrutés par Pierre Garonnaire, parmi lesquels Merchadier, Patrick Revelli, Sarramagna, Synaeghel, Santini et… Christian Lopez. A l’âge de huit ans, en pleine guerre d’Algérie, il quitte son pays natal avec sa famille direction Cannes. Mais c’est à l’Entente Cannet-Rocheville qu’il débute dans le football. Le jeune homme ne laisse pas indifférents les recruteurs, notamment marseillais. C’est alors que Pierre Garonnaire, dénicheur de jeunes talents pour les Verts, flaire la bonne affaire et le fait venir dans le Forez en novembre 1969, avec l’accord de son père. Début juillet 1972, le club dirigé par le président Rocher fait signer à tous ces jeunes joueurs prometteurs un contrat « longue durée. »

Le 7 juillet 1972, L’Equipe révèle la signature de la « promotion stéphanoise »

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Avec l’ASSE comme avec l’équipe de France, il gravit tous les échelons qui le mènent à la gloire. Avec les Verts, il a tout connu ou presque jusqu’à ce printemps 1982 et la crise qui a secoué la maison verte. Il est très attaché au maillot vert qui a fait grandir l’homme et le footballeur et façonné son image.

Le 12 septembre 1981, Christian Lopez confie à ASSE-Actualités, le magazine officiel du club : « Mon contrat s’achèvera en juin 1983. J’aurai alors 30 ans et je l’espère, quelques bonnes années encore devant moi. Je souhaiterai évidemment à cette époque signer un nouveau  contrat de 3 ans avec l’ASSE. Si ça n’est pas possible, j’envisagerai de jouer ailleurs au plus haut niveau, mais je n’y pense pas car j’ai le plus vif désir de rester à Saint-Etienne non seulement parce qu’il s’agit  du meilleur club de France, que j’y suis profondément attaché mais aussi parce que j’y ai confectionné ma vie. »

Christian Lopez avec Jacques Santini lors d'une séance d'étirements à Geoffroy-Guichard.
Christian Lopez avec Jacques Santini lors d’une séance d’étirements à Geoffroy-Guichard.

Un an plus tard, le discours n’est plus le même. La belle idylle avec le club du président Rocher bat de l’aile. Ce dernier apprécie toujours celui qui a débarqué un jour de novembre 1969 en provenance de Rocheville. A bientôt trente ans, Lopez souhaite prolonger son contrat chez les Verts et pour cela, s’entretient avec son président. Embarrassé, ce dernier lui conseille d’aller voir Herbin pour en discuter. Si « Roby » n’est pas contre le fait que son défenseur accomplisse sa dernière année de contrat, sans doute comme titulaire, en revanche, il ne peut lui promettre pareil confort pour la suite s’il reste à l’ASSE. Sa défense centrale ne lui donne pas entière satisfaction et il envisage de la remodeler. Dans l’esprit de l’entraîneur stéphanois, Patrick Battiston sera amené à moyen terme à occuper son poste.

L'AS Saint-Etienne. De g. à d. :
L’AS Saint-Etienne 1980. De g. à d. : Gardon, Janvion, Battiston, Santini, Castaneda, Lopez. Accroupis : Rep, Larios, Paganelli, Roussey, Platini.

Lopez sur le marché des transferts

A un an du terme de son contrat, le libéro des Verts acquiesce et se dit que s’il veut encore jouer quelques années au plus haut niveau, il doit quitter Saint-Etienne. Le désarroi est grand. Plus proche de son président que de son entraîneur, est-il victime du différend qui oppose Rocher à Herbin dans la crise stéphanoise ? Toujours est-il que pour favoriser son futur transfert, le conseil d’administration du club, réuni le 24 mai au soir, lui fait cadeau de sa dernière année de contrat. Triste consolation.

Derniers matches en Vert

Moins d’un mois après les premiers remous au club, une rumeur fait état d’un intérêt de l’AS Monaco pour le Stéphanois . Très attaché à la Côte d’Azur, il ne lui déplairait pas de se rapprocher de son milieu familial. Le 8 mai 1982, Monaco remporte le titre de champion de France au nez et à la barbe des Stéphanois pourtant larges vainqueurs de Metz (9-2). Lopez qui vient de disputer les trente-huit rencontres de championnat fait ses adieux, ce soir-là, aux supporters du stade Geoffroy-Guichard. Le titre envolé, le défenseur stéphanois espère bien décrocher une quatrième victoire en Coupe de France le 15 mai contre Paris-SG, histoire de boucler la boucle. Mais là encore, elle lui échappe lors de la séance des tirs au but. Son penalty est détourné par Dominique Baratelli, son coéquipier en Bleu. Fin de l’histoire en Vert.

PSG-ST ETIENNE (2-2 (6-5))
Baratelli, le gardien parisien détourne le penalty de Lopez, la Coupe de France s’envole pour le Verts.

 L’heure est à la réflexion

Le 18 mai. Sa décision est prise : après treize ans de bons et loyaux services, il quitte les Verts. Lui qui souhaitait prolonger et négocier un dernier bon contrat avec les Verts ne verra pas son voeu exaucé. Il est en contact avec quelques clubs de Division 2 : Cannes, le Montpellier du président Nicollin qui lui propose une reconversion après sa carrière ou Nice. Néanmoins, les clubs de Monaco, Paris-SG et Metz, clubs de Division 1, sont les plus en rapport avec ce qu’il recherche. Les négociations sont bien avancées avec Monaco mais elles traînent en longueur. L’Espagne l’attire également d’autant qu’il possède la double-nationalité par son grand-père.

bathenay (dominique) lopez (christian)

Sélectionné avec l’équipe de France qui va disputer le Mondial en Espagne, il part trois semaines en stage en altitude à Font-Romeu. Il est donc libre comme l’air qu’il va humer dans les Pyrénées Orientales.

Le 19 mai. Toulouse vient d’accéder à la Division 1 et recherche des joueurs expérimentés. Parmi ceux susceptibles de rejoindre la ville rose, Philippe Mahut.

Vidéo INA : Christian Lopez prépare le Mondial avec les Bleus à Font-Romeu. Il évoque ses contacts en vue de son futur transfert (minute 4 : 40).

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Le 27 mai, les Tricolores sont en pleine préparation. Ils reçoivent la visite de Daniel Visentin, le président toulousain. Le but avoué de ce dernier est clair : concrétiser verbalement les pourparlers avec plusieurs joueurs parmi lesquels Gérard Soler, Philippe Mahut et… Christian Lopez. L’homme fort du TFC repart de son court séjour avec un seul accord : celui du Bordelais Soler. Concernant le Stéphanois, une petite divergence concerne la durée de son contrat. Lui souhaite un bail de quatre ans alors que Toulouse ne lui en propose que trois. Aussi, il émet une condition : jouer libero au côté du Hongrois Balint, un autre libero mais qui occupe le poste de stoppeur. Il s’accorde un temps de réflexion d’autant qu’un autre club, le Servette de Genève, verrait d’un bon oeil son arrivée sur les bords du lac Léman. Mais sa préférence va finalement au club toulousain.

Toulousain pour 4 ans

Le mercredi 2 juin, les Bleus sont au Stadium de Toulouse pour y disputer un match de préparation contre le Pays de Galles. Si les joueurs de Michel Hidalgo s’inclinent 1-0, en revanche, pour Christian Lopez, ce voyage dans la ville rose s’annonce décisif. Le lendemain matin, il est reçu par le président haut-garonnais. Les deux hommes s’entendent sur un contrat de quatre ans comme le relate le journal L’Equipe dans son édition du 4 juin :

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Une page se tourne pour le célèbre défenseur des Verts. Avec l’AS Saint-Etienne, « Jeannot » comme l’appellent encore les Stéphanois, surnom que lui avait donné Bernard Bosquier en 1969 qui lui trouvait une ressemblance avec Jean Baeza, le joueur de l’OM, possède un des plus beaux palmarès du football français. En treize ans à l’ASSE, il a remporté une Coupe Gambardella (1970), quatre titres de champion de France (1974, 1975, 1976 et 1981), trois Coupes de France (1974, 1975 et 1977) et disputé une finale de Coupe d’Europe (1976).

 

Une défaite salutaire

7 septembre 1963. Toulouse-Saint-Etienne : 4-0.
Toulouse est leader après la première journée de championnat ! Rien d’anormal. Saint-Etienne est onzième : rien d’étonnant après un match nul contre Valenciennes (1-1). Le promu stéphanois, à l’occasion de la deuxième journée, se déplace en Haute-Garonne. Blessé lors du premier match, Pierre Bernard, leur nouvelle recrue au poste de gardien, effectue ses grands débuts. Malgré cette rentrée, Jean Snella dénombre beaucoup de blessés, ce qui l’oblige à emmener deux joueurs amateurs : le défenseur Georges Polny et l’attaquant Jean Masson. Mais ces deux joueurs se sont rendus à Toulouse sans licence. Ils ont dû apposer leur signature sur la feuille de match pour pouvoir jouer. Toulouse ne fait d’ailleurs aucun problème à cet oubli malencontreux. Autre époque !

Robert Herbin, l'une des rares satisfactions stéphanoises de ce match.
Robert Herbin, l’une des rares satisfactions stéphanoises de ce match.

Côté toulousain, Baraffe joue avec le poignet gauche bandé suite à une chute lors d’une séance d’entraînement au Bataillon de Joinville. D’entrée, Toulouse imprime un rythme soutenu que les Stéphanois ont du mal à suivre. Groschulski (5e) malgré une position de hors-jeu, Dorsini (27e), Baraffe (38e) scellent le sort de ce match en première mi-temps. Richard Tylinski n’est pas dans un bon jour et l’absence de Ferrier se fait sentir au fil des minutes. Le quatrième but de Groschulski (78e) est anecdotique. Sans un Bernard en grande forme et un Herbin omniprésent, l’addition aurait été beaucoup plus lourde. A l’issue de cette rencontre, Toulouse s’empare seul de la première place et les Stéphanois ferment le classement avec un seul petit point.

Le train n’attendant pas, les hommes de Snella n’ont pas le temps de gamberger. Dès le coup de sifflet final, ils ont vingt-cinq minutes, pas une de plus, pour se doucher et regagner la gare de Montabiau. Escortée par une voiture de police-secours, la délégation stéphanoise repart à temps. Visiblement, cette défaite a été salutaire pour eux. Le retour des blessés et une meilleure organisation de la défense redonnent des couleurs au promu. Pour preuve, après le naufrage toulousain, ils alignent sept victoires et quatre nuls, soit onze matches sans connaître la défaite.

Buts.- Groschulski (5e),Dorsini (27e), Baraffe (38e), Groschulski (78e).
Toulouse : Roussel – Mouthon, Simon, Redin – Bocchi, Bruneton – Wojciak, Mahi, Groschulski, Baraffe, Dorsoni. Entr. : Deladerrière.
Saint-Etienne : Bernard – Cassado, Tylinski, Polny – Domingo, Herbin – Foix, Hartmann, Guy, Mekloufi, Masson. Entr. : Snella.

Saint-Etienne-Valenciennes : il suffira d’un « cygne »

Samedi prochain, Valenciennes sera l’hôte de Saint-Etienne pour le compte de la 23e journée. Depuis leur première confrontation dans le Chaudron en 1935, les oppositions entre Stéphanois et Valenciennois ont souvent été animées.

Plusieurs entraîneurs ont également connu leur premier match contre le club valenciennois, symbolisé par le cygne blanc. C’est ainsi que Jean Snella, après un passage en Suisse, retrouve en 1963, le banc stéphanois à l’occasion d’un « Sainté-VA » . En novembre 1981, quelques jours après la victoire des Bleus contre les Pays-Bas (2-0) qualificative pour le Mondial espagnol, Platini éclabousse de toute sa classe le match Saint-Etienne-Valenciennes en inscrivant quatre buts. Enfin, lors de la deuxième journée de championnat en 2007, Laurent Roussey prend place pour la première fois sur le banc à Geoffroy-Guichard. Bonne lecture.

 

Une première pour Valenciennes à Geoffroy-Guichard

14 avril 1935. Saint-Etienne-Valenciennes : 0-1.
Saint-Etienne et Valenciennes ne se sont jamais rencontrés au stade Geoffroy-Guichard avant ce 14 avril 1935. Ils ont néanmoins un point commun : celui d’avoir adhéré en 1933 au statut professionnel. Les deux clubs sont alors en deuxième division et ont un but avoué : accéder à la division supérieure.
Corrigés au match aller 6-0 dans le Nord, les Verts de Saint-Etienne ont à coeur d’effacer cette déroute.

Kovacs, l'attaquant stéphanois, aux prises avec le gardien adverse.
Kovacs, le milieu offensif stéphanois, aux prises avec le gardien adverse.

Malgré toute leur bonne volonté, les hommes de Rivers sont surclassés dans tous les domaines de jeu et s’inclinent logiquement 1-0 sur un but de Whitehouse inscrit à la 9e minute.
Au terme de cette saison 1934-35, Saint-Etienne se classe 9e avec 23 points dans une division qui comporte quinze clubs.
But.- Whitehouse (9e)
Saint-Etienne : Guillard – Kovacs, Magnon, Stévanovitch, Odry, Woehl – Polge, Szeman, Chalvidan, Guillon, Saint-Georges. Entr.: Rivers.
Valenciennes : Parmentier – Heil, Thiéry – Poliak, Peiffert, Tison – Pinteau, Whitehouse, Moëtschmann, Ignace, Waggi. Entr. : Griffiths.

 

Course poursuite dans le Chaudron

10 mars 1957. Saint-Etienne-Valenciennes : 5-4
Il y a des matches qui méritent d’être vécus. Ce Saint-Etienne-Valenciennes fait partie de cette légende. Les spectateurs sont passés par toutes les émotions : de la joie aux sueurs froides.
Eliminés sans gloire par Roubaix (4-1) en Coupe Drago le week-end précédent, les Verts ne sont pas au mieux malgré une place de leader.

Le Bataillon retient Mekloufi et Ferrier

Pour recevoir le club entraîné par Robert Domergue, Jean Snella ne sait quelle équipe il alignera pour affronter les Nordistes. En effet, Mekloufi et Ferrier, deux pièces maîtresses, sont retenus par le Bataillon de Joinville pour disputer le Challenge Kentish. En revanche, l’Armée a libéré Oleksiak, Peyroche et Michel Tylinski. Njo-Léa, blessé, est forfait. Seule bonne nouvelle à ce tableau pour le technicien stéphanois : les rentrées de Rijvers et Lefèvre.
Valenciennes, en revanche, se déplace dans la Loire avec un effectif au complet.

Rachid Mekloufi retenu par le Bataillon de Joinville ne peut participer à cette rencontre.
Rachid Mekloufi retenu par le Bataillon de Joinville ne peut participer à cette rencontre.

Trois buts en six minutes

Les 9 763 spectateurs du stade Geoffroy-Guichard sont vite rassurés. A la pause, les Verts mènent… 4-0. Fouillen par deux fois (31e et 39e) et Rijvers (42e), le petit lutin hollandais, régalent le public pour sa rentrée. Juste avant le repos, Peyroche enfonce un peu plus des Valenciennois (45e) aux abois.

Le vent tourne

A la reprise, Saint-Etienne pêche par excès de confiance. Les Nordistes entament une véritable course-poursuite. Ils réduisent d’abord la marque par Statko (48e) avant que Van Rhijn ne redonne espoir à son équipe. L’autre Hollandais de ce match, ne trompe Abbes à deux reprises en cinq minutes (71e et 76e). Il n’y a pas encore le feu dans la maison verte mais la menace se fait de plus en plus pressante. Jean Snella n’est pas au bout de ses émotions.
La défense stéphanoise cède une quatrième fois avec un but de Puccar (77e). Menés 4-0, les Valenciennois reviennent à 4-4.

Quatre buts en sept minutes

Alors que les hommes de Domergue ont pris l’ascendant sur les Stéphanois, contre toute attente, leur capitaine René Domingo inscrit le cinquième but des Verts malgré les protestations de leurs adversaires. Ces derniers estiment qu’il y a une faute sur leur gardien. Finalement, le match se termine dans la confusion.

René Domingo, l'emblématique capitaine des Verts, inscrit le cinquième but, synonyme de victoire.
René Domingo, l’emblématique capitaine des Verts, inscrit le cinquième but, synonyme de victoire.

Cette victoire constitue une première pour Saint-Etienne contre Valenciennes en championnat. En effet, les Verts n’avaient jamais gagné contre les Nordistes.
Grâce à ce succès, Saint-Etienne maintient son écart avec ses poursuivants Lens et Reims et continue sa course en tête, celle qui mène au titre de champion de France.

Le 11 mars 1957, Le journal L’Equipe titre :

11 mars 1957

Buts.- Saint-Etienne : Fouillen (31e, 39e), Rijvers (42e), Peyroche (45e), Domingo (78e) ; Valenciennes.- Statko (48e), Van Rhijn (71e et 76e), Puccar (77e).
Saint-Etienne : Abbes – M. Tylinski, R. Tylinski, Wicart – Cassado, Wassmer – Peyroche, Domingo, Fouillen, Rijvers, Lefèvre. Entr. : Snella.
Valenciennes : Hugues – Cauwelier, Foix, Kryske – Toris, Chiarelli – Césari, Puccar, Westwood, Stako, Van Rhijn. Entr. : Domergue.

 

Le grand retour de Snella à Saint-Etienne

Samedi 31 août 1963. Saint-Etienne-Valenciennes : 1-1

Saint-Etienne retrouve la Division 1 après un an de purgatoire à l’étage inférieur. Roger Rocher est un homme heureux. Il a réussi à convaincre Jean Snella de revenir à Saint-Etienne. Quatre ans d’exil pour celui qui a conduit les Verts à leur premier titre de champion de France en 1957, c’est long. Mais depuis Genève où il entraînait le Servette, il s’est toujours tenu au courant de ce qui se passait dans la cité minière. Comme s’il savait qu’il reprendrait sa place sur le banc du stade Geoffroy-Guichard.

Jean Snella est de retour à Saint-Etienne. Il est assis à côté de Roger Rocher, son président.
Jean Snella est de retour à Saint-Etienne. Il est assis à côté de Roger Rocher, son président.

Place aux jeunes

Le club n’a pas les moyens de pratiquer une politique de vedettes, Aux Mekloufi, Foix, Ferrier, Tylinski, Herbin, Domingo, il compte bien associer les jeunes Polny, Epalle, Mitoraj, Sbaïz ou encore Veggia. La seule « entorse » que s’est autorisé l’ASSE concerne l’arrivée du gardien international nîmois Pierre Bernard. Comme à son accoutumée, le club stéphanois pourra compter sur un grand gardien.

Pierre Bernard blessé

En ouverture du championnat, Saint-Etienne reçoit Valenciennes. Son nouveau gardien s’est blessé contre Grenoble en Coupe de la Ligue. Pour le remplacer, il peut compter sur Donoyan dont le statut amateur n’en fait pas moins un gardien d’un bon niveau.
Snella préfère Sbaïz à Polny qui effectue son service militaire.

Pierre Bernard, un gardien international dans les buts stéphanois.
Pierre Bernard, un gardien international dans les buts stéphanois.

Le tandem Herbin-Mekloufi

7 241 spectateurs se sont déplacés pour le retour de « Monsieur Jean » à Saint-Etienne. Parmi eux, Henri Guérin, le sélectionneur de l’équipe de France, est venu superviser quelques prétendants à la sélection.
Face à une valeureuse équipe valenciennoise, Saint-Etienne impose son jeu grâce à l’inspiration et le dynamisme de son duo Herbin-Mekloufi qui s’entendent comme larrons en foire.
Contre le cours du jeu, les hommes de Domergue ouvrent le score par Bonnel sur un tir anodin. Le gardien remplaçant des Verts juge mal la trajectoire du ballon et concède un but « stupide ».
Il faut attendre la 42e minute pour voir Epalle, pourtant dans un jour « sans », égaliser. Malgré des tentatives de Mekloufi, Foix ou Domingo, les Verts se contentent d’un match nul. Jean Snella espérait sûrement mieux pour son grand retour à Geoffroy-Guichard.
Henri Guérin, quant à lui, a été impressionné par la vitalité de Robert Herbin qui a une nouvelle fois éclaboussé par son talent le match.

Buts.- Epalle (42e) pour Saint-Etienne ; Bonnel (31e) pour Valenciennes.
Saint-Etienne : Donoyan – Casado, Tylinski, Sbaïz – Domingo, Ferrier – Hartmann, Herbin, Epalle, Mekloufi, Foix. Entr. Snella.
Valenciennes : Labalette – Mayet, Provelli, Matzki – Piumi, Kocik – Valnet, Bonnel, Preseau, Breuvart, Guillon. Entr. : Domergue.

La belle semaine de Michel Platini

22 novembre 1981. Saint-Etienne-Valenciennes : 5-1.

Le 18 novembre 1981, L’équipe de France de Michel Hidalgo affronte les Pays-Bas de l’ancien stratège des Verts des années 50, Kees Rijvers.
Si les Bleus s’imposent, les portes du Mondial espagnol seront grandes ouvertes. Pourtant, il faut attendre la 51e minute pour voir les Bleus obtenir un coup franc bien placé sur la droite du but de Van Breukelen, le gardien néerlandais. Michel Platini se charge de le tirer. D’un tir brossé au dessus du mur à mi-hauteur, il laisse le portier adverse sans réaction. Six (82e) achève les coéquipiers du Stéphanois Johnny Rep. Une dernière victoire contre Chypre et la France obtiendra son ticket pour le Mondial.

Vidéo de l’INA : le coup-franc de Michel Platini contre les Pays-Bas le 18 novembre 1981.

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Quatre jours après ce match international, les Stéphanois reportent leurs efforts sur le championnat. Robert Herbin retrouve ses cinq internationaux pour recevoir Valenciennes. Avant cette dix-neuvième journée, ils sont déjà champions d’automne.

Dans L’Equipe du 21 novembre 1981, Jean-Louis Zanon, le défenseur des Verts, parle des coup-francs de son « professeur ».

ZANON

A domicile, les Stéphanois sont intraitables depuis quelques mois. Castaneda n’a encaissé qu’un seul but dans le Chaudron depuis le début du championnat.
Il ne faut que vingt-six minutes aux Verts pour voir le Danois Benny Nielsen tromper Bas, le gardien nordiste avant que le sauveur des Bleus ne commence son show. Il inscrit quatre buts tous aussi différents les uns des autres. Le numéro 10 des Verts est en état de grâce et achève sa semaine de la plus belle des manières.

Michel Platini auteur de quatre buts contre Valenciennes. En second plan, Jean-Louis Zanon.
Michel Platini auteur de quatre buts contre Valenciennes. En second plan, Jean-Louis Zanon.

Le 12 mai 1973, Michel Platini a inscrit ses deux premiers buts en Division 1 avec Nancy contre… Lyon. Avec ce quadruplé contre Valenciennes, il porte son total à 148 réalisations dont 50 sous le maillot vert.

Au terme des matches allers, Saint-Etienne est champion d’automne avec 29 points, soit trois de plus que ses poursuivants Monaco et Sochaux, possède la meilleure attaque (43 buts), la meilleure défense (17 buts) et le meilleur buteur avec Platini (14 buts).

Buts.- Saint-Etienne : Nielsen (26e), Platini (37e, 45e, 60e, 76e) ; Valenciennes : Jacques (58e).
Saint-Etienne : Castaneda – Battiston, Oleksiak, Lopez, Janvion – Zanon, Larios, Platini, Nogues (Paganelli, 46e), Nielsen, Rep. Entr. : Herbin.
Valenciennes : Bas – Duez, Gillot, Sokal, Tihy – Rabier, Zaremba (Lefebvre, 65e), Pesin – Jacques, Tyc, Nagiel. Entr. : Wilczek.

 

Laurent Roussey seul aux commandes

Le 11 août 2007. Saint-Etienne-Valenciennes : 3-1.

Le 1er juin 2007, Laurent Roussey, l’ex-prodige des années 80 de l’AS Saint-Etienne, devient le nouvel homme fort du domaine technique stéphanois. Âgé de quarante-cinq ans, l’ancien adjoint du Tchèque Ivan Hasek, démis de ses fonctions, ne manque pas d’ambition et espère bien le démontrer au sein du club qui l’a révélé le 19 novembre 1975, alors qu’il n’avait pas encore quatorze ans.

Le 21 novembre 1975, L’Equipe relate les premiers pas de Laurent Roussey à Geoffroy-Guichard à l’occasion d’un match amical entre les juniors de Saint-Etienne et ceux du Dynamo Kiev .

Roussey EQ

Un peu moins de trente-deux ans après sa première apparition en vert, Laurent Roussey va connaître son baptême du feu sur le banc de Geoffroy-Guichard à l’occasion de la venue de Valenciennes lors de cette deuxième journée de championnat. Il veut s’inscrire dans la lignée de ses illustres prédécesseurs qu’étaient Herbin, Batteux ou encore Snella.

Laurent Roussey, le nouvel entraîneur des Verts.
Laurent Roussey, le nouvel entraîneur des Verts.

Pour ses débuts à Geoffroy-Guichard devant plus de 30 000 spectateurs, ses joueurs ne le déçoivent pas. Gomis (19e) puis Feindouno (70e et 90 +1) enchantent le Chaudron en offrant à leur nouvel entraîneur une victoire annonciatrice d’une belle saison.

Buts.- Saint-Etienne : Gomis (19e), Feindouno (70e, 90 + 1) ; Audel (87e) pour Valenciennes.
Saint-Etienne : Janot – Perrin (cap.), Varrault, Nivaldo, Tavlaridis, Dabo – Matuidi, Landrin, Payet (Guarin, 59e), Feindouno – Ilan, Gomis (Sall, 72e). Entr. : Roussey.
Valenciennes : Penneteau – Ducourtioux, Ouaddou (cap.), Chelle, Mater (Rippert, 77e) – Doumeng, Jeovanio, Sanchez, Bezzaz (Belmadi, 57e)- Savidan (Audel, 68e), Pujol. Entr. : Kombouaré.

Le voyage africain des Verts

La trêve hivernale est l’occasion pour les joueurs professionnels de recharger les accus. Après le temps des agapes, quelques clubs choisissent l’air de la montagne pour faire le plein d’oxygène, d’autres le soleil comme Saint-Etienne en cette fin d’année 1971. Depuis qu’Albert Batteux entraîne l’équipe professionnelle, c’est la première fois qu’elle n’est pas championne d’automne. Neuf points séparent les Verts (7e) de l’Olympique de Marseille, le leader. Cette situation n’est pas sans poser quelques interrogations au sein de l’état major stéphanois.

Albert Batteux restera-t-il à la tête des Verts ? Les rumeurs l’annoncent à Reims, à l’étranger, en équipe de France mais lui dément. Salif Keita est en discussions avec ses dirigeants pour une prolongation de contrat jusqu’en juin 1976. La tournée en Afrique noire tombe à point pour resserrer les liens et renforcer la cohésion de l’équipe mais aussi pour préparer au mieux la deuxième partie de saison.

A l’instar d’Ajaccio et Valenciennes, l’AS Saint-Etienne a choisi l’Afrique. Au programme : le Sénégal et le Mali. Ce séjour s’annonce passionnant et enrichissant à plus d’un titre : jouer contre des adversaires dont elle ignore tout ou presque mais aussi aller à la découverte de civilisations différentes.

 

Bathenay invité de la dernière heure

Tous les joueurs de l’ASSE sont convoqués pour le dimanche 26 décembre. Tous sauf un : Christian Sarramagna qui souffre d’une angine, déclare forfait pour cette tournée. Pour le remplacer, ses dirigeants pensent tout de suite à un nom : Dominique Bathenay. Alors qu’il s’apprête à réveillonner en famille près de Tournon, un télégramme lui apprend qu’il s’envolera le dimanche matin pour l’Afrique avec les professionnels. Le pensionnaire de l’équipe de troisième division dirigée par Robert Philippe ne pensait pas que le Père Noël serait aussi généreux en cette fin d’année. A 17 ans, ce milieu gauche, repéré par Pierre Garonnaire un an plus tôt dans la sélection cadets du Lyonnais, va découvrir la grande équipe professionnelle de Saint-Etienne. Sa convocation tardive fait qu’il sera le seul de la délégation à ne pas porter le costume officiel du club. Mais qu’importe…

Dominique Bathenay, de Tournon à Bamako
Dominique Bathenay, de Tournon à Bamako.

Albert Batteux emmène donc un groupe de dix-huit joueurs : Castel, Migeon, Repellini, Merchadier, Herbin, Farison, Polny, Larqué, Broissart, Sanlaville, Parizon, Revelli, Keita, Bereta, Synaeghel, Santini, Lopez et Bathenay. A cette liste, il faut ajouter le docteur Poty, Pierre Garonnaire, quelques dirigeants et journalistes.

 

Embarquement immédiat

Le 27 décembre, à peine le réveillon de Noël digéré, une délégation de vingt-six personnes s’envole vers les onze heures de l’aéroport de Lyon-Bron via Orly, pour dix jours. Première destination : Dakar, avec au menu, un match contre Jaraaf, le leader du championnat sénégalais.

 

Les imprévus de Dakar

L’arrivée à Dakar est rocambolesque. Le bus affrété par la délégation stéphanoise ne peut l’accueillir dans sa totalité. Il faut donc faire appel à plusieurs taxis pour compléter l’étroitesse du bus. Direction l’hôtel.

Là encore, les Verts ne sont pas au bout de leurs surprises. L’hôtel réservé avec soins par Pierre Garonnaire quelques mois auparavant ne contient qu’une dizaine de chambres disponibles à leur arrivée. Les joueurs sont finalement logés dans trois hôtels à des lieux différents, voire même parfois éloignés. Les plus chanceux héritent de bungalows en bord de mer. La ponctualité et la rigueur de « Garo » sont mises à mal.

Si pour la grande majorité des joueurs, Dakar est une découverte, il en est un qui connaît déjà les lieux. En effet, Georges Polny a déjà foulé la pelouse du stade de l’Amitié pour y être venu disputer un match avec l’équipe de France amateurs aux Jeux de l’Amitié en 1963.

Pierre Garonnaire
Pierre Garonnaire n’apprécie guère les péripéties sénégalaises.

Jaraaf : un bon galop d’essai

Finalement, c’est sous les yeux d’Abdou Diouf, Premier ministre du Sénégal, que les Verts disputent le premier match de leur tournée africaine contre Jaraaf de Dakar. Le leader du championnat sénégalais compte sept internationaux dans ses rangs. Un bon galop d’essai pour les Stéphanois qui s’imposent 3-1 grâce à des buts de Larqué (20e) après un une-deux avec Keita, Bereta (53e), sur un centre de Parizon et Sanlaville (59e) d’une frappe tendue de trente mètres. M’Baye Fall (35e) réduit le score pour Jaraaf.

A l’applaudimètre, Patrick Parizon remporte la palme loin devant Keita l’Africain. Ses envolées, ses débordements et centres ont séduit les 25 000 spectateurs de Dakar.

le 29 décembre, L’Equipe titre en Une : « 25 000 Sénégalais ont applaudi Saint-Etienne ».

28 décembre 1971. Saint-Etienne-Jaraaf de Dakar : 3-1 (1-1).

Buts.- Jaraaf de Dakar : M’Baye Fall (35e) ; Saint-Etienne : Larqué (20e), Bereta (53e), Sanlaville (59e).

JARAAF : Ibnouk – Tidiane, Attila, Issa, I. Ba (dit Eusebio) – Diaye (puis Da Silva), Camara (puis Sakho) – N’Diaye, Sanbon (Délégué), M’Baye Fall, Diagne.

SAINT-ETIENNE: Migeon (Castel) – Broissart, Herbin, Lopez (puis Repellini), Farison (puis Polny) – Larqué, Sanlaville – Parizon, Bereta, Keita, Synaeghel (puis Santini). Entr. : Batteux.

Patrick Parizon, le Stéphanois le plus en vue à Dakar.
Patrick Parizon, le Stéphanois le plus en vue à Dakar.

Dernières péripéties avant Bamako

Première escale, première victoire, de quoi apaiser les esprits et surtout calmer Garo. Pourtant, il n’est pas au bout de ses surprises. Le lendemain matin, il apprend que la liaison Dakar-Bamako ne peut s’effectuer qu’en deux vols espacés de vingt-quatre heures d’intervalle. Si Albert Batteux prend les choses avec philosophie, en revanche, pour l’organisateur de cette tournée, c’en est trop. Garo n’apprécie guère tous ces aléas et brandit la menace d’un retour express en France. Les joueurs voulaient voir Bamako, sous le coup de la colère, il leur promet Saint-Etienne.

Finalement, les choses s’arrangent : une heure et demie plus tard, toute la délégation stéphanoise foule le sol de Bamako.

 

Sur les terres de Salif

Les Stéphanois sont pris en charge à l’aéroport par Salif Keita. Celui qui a inscrit 17 buts en autant de rencontres lors des matches aller, est fier de recevoir ses coéquipiers sur ses terres. L’arrivée des Verts provoque un véritable engouement, notamment chez les jeunes Maliens. Depuis l’arrivée de Salif Keita à Saint-Etienne en 1967, les dirigeants stéphanois réfléchissaient à un séjour au Mali. C’est chose faite.

Salif Keita de retour dans son pays natal avec les Verts.
Salif Keita de retour dans son pays natal avec les Verts.

Des marchés de Bamako à l’ambassade de France

Salif Keita se transforme en guide auprès de ses coéquipiers. Il est fier de faire visiter sa ville, de faire partager à ses camarades de club l’ambiance de ce pays qui l’a vu naître. Grâce à lui, les joueurs stéphanois peuvent profiter des rues pittoresques, du jardin zoologique ou des nombreux marchés implantés à Bamako pour s’imprégner de la culture locale. Mais il n’oublie pas de leur montrer la maison familiale et le terrain vague où il avait fait ses premiers pas de footballeur. On est loin de Saint-Etienne et son hiver souvent rigoureux.

L’agenda est plutôt chargé pour cette deuxième étape. Ils sont reçus à l’ambassade de France. Autre moment fort de leur tournée, les joueurs stéphanois ont la surprise de voir débarquer à leur hôtel les dirigeants du Real de Bamako, club d’origine de Salif Keita. Ils ne sont pas venus les mains vides puisque chaque hôte reçoit des cadeaux de leurs visiteurs d’un jour.

A la demande de la fédération malienne, Albert Batteux, fort de son expérience, prodigue une conférence aux entraîneurs maliens sur le thème : « Le rôle et la mission de l’entraîneur de football ».

Albert Batteux distille ses bons conseils.
Albert Batteux distille ses bons conseils.

Salif Keita contre les siens

Avant le passage à la nouvelle année, les Verts disputent le premier des deux matches prévus contre la sélection nationale malienne. Comme à Dakar, le président du pays assiste à ce premier rendez-vous. Les 25 000 spectateurs veulent voir Salif Keita, l’enfant du pays. Ce dernier est la grande attraction de cette première confrontation pour des Maliens qu’ils n’ont jamais vu à l’oeuvre avec son club d’adoption. Keita se révèle de surcroît de saison en saison, comme l’un des meilleurs footballeurs au monde. L’AS Saint-Etienne s’est engagée à libérer le Malien dès la fin janvier pour la Coupe d’Afrique des Nations à laquelle son pays participe.

 

Vidéo : Albert Batteux évoque l’arrivée de Salif Keita à Saint-Etienne. Autoportrait du Malien.

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La chaleur orageuse n’a pas raison des Stéphanois moins fringants qu’à Dakar. Le public malien était impatient de revoir celui qui est la fierté de tout un continent. Ils ne le voient que par intermittence.

Rapidement menés 2-0, les coéquipiers de Bereta rétablissent l’équilibre par Revelli et Larqué. A nouveau menés, Synaeghel arrache le nul à huit minutes de la fin. Le public de Bamako reste sur une impression mitigée.

31 décembre 1971. Mali et Saint-Etienne : 3-3 (3-2).

Buts.- Mali : Diallo (5e), Touré (7e, 31e) ; Saint-Etienne : Revelli (8e), Larqué (24e), Synaeghel (82e).

Mali : M. Keita – Coulibaly, I. Maïga, C. Traoré, M. Maïga – A. Traoré (K. Keita, Yattassaye – Koné (M. Traoré), Diallo, Touré, Diakité.

Saint-Etienne : Migeon – Broissard, Merchadier  (Lopez), Herbin, Polny (Farison – Larqué, Sanlaville (Synaeghel), Parizon, Revelli (Santini), Keita, Bereta.

Les Stéphanois, bien qu’à 5 000 kilomètres de Saint-Etienne, fêtent dignement le passage à la nouvelle année. Les dirigeants, Charles Paret en tête, ont pris soin de leurs joueurs en les invitant dans l’un des meilleurs restaurants de Bamako.

Dominique Bathenay, Salif Keita et Patrick Revelli au bord de la piscine.
Dominique Bathenay, Salif Keita et Patrick Revelli se détendent au bord de la piscine avant d’affronter le Mali pour la deuxième fois en trois jours.

Keita joue et marque contre les Verts

Pour leurs retrouvailles avec le public malien, les Stéphanois sont privés de leur « perle noire ». Comme convenu, Keita joue avec la sélection malienne contre ses coéquipiers de club. La chaleur qui règne sur la capitale du Mali n’empêche pas les joueurs d’Albert Batteux de pratiquer un jeu plus conforme à leur réputation. Albert Batteux l’a dit et répété. Pour lui, cette tournée n’a rien d’un séjour touristique. Elle sert avant tout à préparer la deuxième partie de saison. Ses joueurs l’ont bien compris. A la 51e minute, Larqué douche d’un tir foudroyant l’enthousiasme des 20 000 spectateurs du stade omnisports qui n’ont d’yeux que pour Salif Keita. Chaque dribble, chaque envolée sont ponctués de clameurs. Et c’est justement le Malien de Saint-Etienne qui joue un mauvais tour à ses adversaires d’un après-midi. Comme Synaeghel deux jours auparavant, l’idole de tout un peuple profite d’un mauvais dégagement de Castel pour égaliser. Le Mali et Saint-Etienne se quittent donc en bons amis sur deux résultats nuls.

Le 2 janvier 1972. Mali-Saint-Etienne : 1-1

Buts. – Mali : S. Keita (82e) ; Saint-Etienne : Larqué (51e).

Mali : M. Keita – Coulibaly, Diane, K. Dialolo, Sangare – O. Traore, I. Maïga – C. Diallo, Salif Keita, Touré, K. Keita (puis Diakité).

Saint-Etienne : Castel – Broissart (puis Farison, Lopez, Herbin, Repellini – Synaeghel, Sanlaville – Parizon, Santini (puis Revelli), Larqué Bereta.

Salif Keita affronte sa sélection avec les Verts.
Salif Keita, le Stéphanois, auteur de l’égalisation pour sa sélection nationale.

Le bilan de cette tournée est globalement positif : une victoire à Dakar et deux nuls à Bamako. Le 4 janvier 1972, les Verts reprennent l’avion direction Lyon-Bron avec des souvenirs plein la tête. Albert Batteux, s’il ne veut tirer de conclusions hâtives de ce séjour particulier, repart tout de même avec quelques certitudes. Pour Pierre Garonnaire, le séjour se termine mieux qu’il n’avait commencé. Un moindre mal.