Blog 11 – Reims – « Quel match ! »

Qu’il est difficile d’être leader ! Aussi paradoxal que cela puisse paraître, Saint-Etienne vient d’en faire la difficile expérience ce dimanche contre Metz. Bien que vainqueur 2 à 0, les spectateurs du stade Geoffroy-Guichard ont quitté le stade en faisant la fine bouche. Face à une équipe messine qui a souvent bétonné en défense en alignant huit joueurs dans sa moitié de terrain, les attaquants stéphanois n’ont pu trouver la faille aussi souvent qu’ils l’auraient souhaité. Jean Snella reconnaît après coup : « Je peux le dire maintenant, je craignais beaucoup cette rencontre où nous avions tout à perdre et si le résultat me satisfait, en revanche, je ne suis qu’à demi content du jeu de notre équipe. »

L’indispensable Kees Rijvers

Absent contre Metz, le Hollandais avait dû renoncer à tenir sa place. La faute à une douleur sur le coup de pied subie contre le Racing. Remplacé par le jeune Mekloufi, l’expérience tentée par Snella n’a pas été une franche réussite. Davantage buteur qu’organisateur, Rachid n’a que rarement pesé sur le jeu. Par son absence, Kees Rijvers a montré, s’il en était besoin, qu’il est pour beaucoup dans l’excellent début de saison de son équipe. La précision de ses passes et ses ouvertures en profondeur font souvent le bonheur de ses attaquants.

« Dimanche prochain, pour rencontrer Reims, nous aurons Rijvers dans nos rangs. Nous serons peut-être battus, mais de toute façon, nous jouerons beaucoup mieux. » Ce constat fait par Jean Snella est partagé par son capitaine René Domingo. « Avec l’équipe de Reims, on est certain de bien jouer. Et lorsque les adversaires jouent bien, il est rare que nous n’en fassions pas autant. »

Jean Snella ne manque d’humour. En massant consciencieusement ses joueurs avant un match, Jean Snella s’est exclamé : « Ca ne sert à rien, mais ça leur donne le moral. »

 

A match exceptionnel, préparation exceptionnelle. Ce dimanche se joue la première place au classement. Mais cette rencontre est aussi la confrontation de la meilleure attaque, celle de Saint-Etienne, à la meilleure défense, celle de Reims.

 

Bilan après six matches

Saint-Etienne est le leader incontesté de la Division 1. Avec 5 victoires et 1 match nul, le club ligérien est digne de ses prédécesseurs. Marseille et Toulouse en 1954, Reims et Bordeaux en 1953 et Roubaix en 1951 avaient fait aussi bien. Seuls Nice en 1955 et Lille en 1949 avaient fait mieux.

Depuis le 19 août, date du début de la compétition, les Verts ont inscrit 26 buts, soit une moyenne de 4,33 buts par match. Un an auparavant, le futur champion de France niçois avait inscrit le même nombre de buts. Avec 9 buts à son passif, elle occupe, en revanche, la 5e place derrière Reims (4), Nîmes (6), Lyon et Sochaux (8).

 

Depuis le milieu de la semaine, Jean Snella fait travailler durement ses joueurs à raison de deux séances quotidiennes. Les joueurs, à l’image de l’influent Kees Rijvers, ont un moral d’acier. A Reims, ils auront à cœur de démontrer que la « maigre » victoire contre Metz (2-0) n’était due qu’à une fatigue passagère engendrée par leur déplacement à Paris.

 

« En sept ans, nous n’avons été battus qu’une seule fois, à Reims, et de justesse du fait d’un penalty. Nous y avons obtenu trois victoires au cours des trois dernières saisons et trois matches nuls. Pourquoi ferions-nous plus mal cette saison, alors que notre équipe est en belle forme ? »

René Domingo, capitaine de l’ASSE

En milieu de semaine, l’Amicale des Supporters de l’ASSE a communiqué qu’elle n’organisera pas de déplacement pour ses supporters à Reims. Faute d’encouragements, les Stéphanois ont accueilli avec soulagement que Kees Rijvers tiendra bien sa place au stade Auguste-Delaune. Autre bonne nouvelle : Eugène N’Jo-Lea, victime d’une contracture à une cuisse, sera lui aussi du voyage. Son duel avec le demi-centre rémois Robert Jonquet est très attendu, surtout par ce dernier qui a en souvenir leur duel de la dernière saison qui avait tourné à l’avantage du Stéphanois, auteur d’un but.

 

Saint-Etienne peut remercier Reims

Le dimanche 10 juin 1956, Saint-Etienne peut remercier le Stade de Reims. Avant le dernier acte du Championnat de France Amateurs (CFA), Mulhouse compte 2 points d’avance sur son deuxième Saint-Etienne (4).

En déplacement à Reims, il suffit d’une victoire ou d’un nul aux Alsaciens pour s’adjuger le titre. De leur côté, les Stéphanois qui reçoivent Bordeaux n’ont d’autre alternative que de gagner pour espérer dépasser Mulhouse à la différence de buts.

Mulhouse, alors invaincu dans la poule finale de CFA, chute lourdement en Champagne 6 à 1. Dans le même temps, Saint-Etienne vainqueur de Bordeaux 3 à 0 rejoint Mulhouse à la première place. Les Stéphanois sont sacrés champions de France 56 grâce à une meilleure différence de buts (+ 8 contre – 2).

« Olek » obtient une « perm’ »

Jean Oleksiak a reçu un ordre de mutation lui demandant de quitter son régiment d’aviation d’Aulnat pour le Bataillon de Joinville où sont regroupés tous les sportifs susceptibles de participer aux matches internationaux militaires. La tuile pour l’ASSE : il devait intégrer sa nouvelle unité militaire dès ce samedi. Sur insistance de Jean Snella, le club stéphanois a demandé et obtenu que son intégration soit repoussée au lundi. L’inter droit stéphanois regagnera donc la capitale dès le dimanche soir mais contrairement à ses coéquipiers qui repartiront en wagon-couchettes à Saint-Etienne, il passera la nuit dans la capitale.

L’équipe alignée par Snella chez le co-leader sera par conséquent la même que celle qui s’était brillamment imposée à Sedan (6-2).

 

« Le terrain de Reims nous réussit si bien qu’au cours des sept dernières années, nous y avions gagné trois fois, obtenu trois matches nuls et perdu une seule fois. Encore faut-il préciser que cette défaite fut la conséquence d’un penalty immérité accordé aux Rémois et d’un but qui nous fut injustement refusé. »

Alex Fontanilles

 

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Le Stade de Reims

Début mars 56, la rumeur d’un probable transfert de l’attaquant-vedette du Stade de Reims Raymond Kopa au Real Madrid prend forme. L’international argentin Alfredo Di Stefano ne cache plus son admiration pour l’attaquant tricolore : « Kopa est déjà un ami. Je souhaite ardemment sa venue au Real, car c’est pour moi l’un des deux ou trois meilleurs joueurs du monde. Et je puis vous garantir que tous mes partenaires pensent la même chose. »

Début avril, Reims, le champion 1955, perd ses dernières illusions sur le plan national en s’inclinant 1 à 0 à Marseille. « C’est fini et bien fini », lâche le président Germain désabusé.

Le 13 juin, Raymond Kopa dispute l’un de ses derniers matches avec son club. Au Parc des Princes, le club champenois dispute la première finale de la Coupe d’Europe au Real Madrid. Devant 40 000 spectateurs, le futur club de l’international français s’impose 5 à 4. Après la rencontre, Kopa s’interroge : « Après ce que je viens de voir au Parc des Princes, je me demande si le Real a besoin de moi. » Quelques mois plus tard, Reims cède aux avances du club espagnol. Raymond Kopa s’engage avec le grand Real Madrid pour 3 ans moyennant 50 millions de francs (dont 19 pour le joueur). Autre départ estival, celui de l’ailier gauche Jean Templin pour Lens.

Avant de prendre congé du club pour quelques semaines, les Rémois s’envolent pour une tournée en Indonésie. A leur retour, Henri Germain renouvelle tous les contrats à l’exception de Jean Templin, futur pensionnaire du RC Lens et de Paul Sinibaldi.

REIMS-HIBERNIAN EDIMBOURG (2-0)
Albert Batteux (au centre) est en grande discussion avec son président Henri Germain (à gauche) et Armand Penverne (à droite). (Photo PRESSE SPORT / Reproduction interdite)

 

Ces deux mouvements confirment qu’une nouvelle ère s’ouvre à Reims. « Peut-être étions-nous tentés de nous laisser aller et de croire que les années fastes dureraient toujours, dit Henri Germain, le président rémois. Nous acceptons toutefois d’être ramenés brutalement aux réalités et nous lutterons pour maintenir notre réputation et ne pas nous laisser dépasser. »

Kopa et Templin partis, Reims, comme la plupart des clubs français, a également dû faire face au départ massif de ses militaires pour l’Afrique du Nord. Parmi les quatre jeunes réquisitionnés dont deux internationaux, l’avant-centre René Bliard et l’inter Leblond (auxquels il faut ajouter  Giraudo et Siatka). « Sur le papier, notre équipe de Championnat 1956-57 n’a pas mauvaise allure malgré l’absence de quatre militaires, a tenté de rassurer le président Germain. Avec Reims, les clubs du Championnat de France trouveront encore à qui parler. »

Vincent et Fontaine débarquent

Pour combler cette demi-douzaine de départs -dont quatre temporaires-, Henri Germain a dû dépenser l’argent récolté par le transfert du seul Kopa. Les 31 millions tombés dans l’escarcelle du club ont servi à attirer dans ses filets le Niçois Just Fontaine (10) en disgrâce à Nice. Après avoir essuyé un refus poli de Nancy pour Roger Piantoni, Reims a obtenu le transfert du Lillois Jean Vincent (21 millions de francs) après la descente du LOSC en Division 2.

Maouche l’inconnu

« Maouche, que vous ne connaissez pas, est chez nous depuis le 27 mai. Il vient de Saint-Eugène d’Alger. Il a 20 ans et tout à fait le type athlétique de Pierre Sinibaldi. » Henri Germain est fier de sa trouvaille. Si Mohamed Maouche est Rémois aujourd’hui, il peut remercier les dirigeants de Saint-Eugène. En effet, en 1953, quand le petit Maouche débarque à Paris pour y disputer le Concours du Jeune Footballeur, il est immédiatement repéré par Nice. Classé 4e, les dirigeants azuréens lui font signer un contrat de non-sollicitation. Le club algérien refuse alors de libérer son jeune talent naissant. Au fil des mois, le natif d’El Biar se fait une place dans le onze de l’équipe première alors entraînée par le Français Paul Baron. Invité à disputer une rencontre amicale à Alger contre le Gallia, Reims a tenté d’incorporer le jeune joueur… sans succès. Les dirigeants français, loin d’être résignés, ont alors fait venir Maouche à Reims pour disputer une rencontre contre les Brésiliens du Botafogo. Convaincant, il s’est engagé avec l’équipe la plus prestigieuse de ces dernières années.

 

« Encore une fois, j’ai eu l’impression que c’était le Diable qui avait la charge du but stéphanois. »

Simon Zimny maudit Claude Abbes après la défaite du Stade de Reims contre Saint-Etienne (1-2) au stade Auguste-Delaune le 15 avril 1956.

Aller-retour Reims-Lisbonne

Le Stade de Reims n’a préparé dans des conditions idéales son match contre Saint-Etienne… Large vainqueur de Sedan 4 à 0 au stade Emile-Albeau lors de la 6e journée de Championnat de D1, les joueurs et dirigeants champenois ont alors dîné ensemble avant de s’envoler dès le lundi pour Lisbonne. Invité par le club de Belenenses à inaugurer son nouveau stade de Reatelo à 23 heures, heure. Les hommes d’Albert Batteux se sont inclinés 2 à 0. Ils sont rentrés en France dès le mercredi en fin de soirée.

Le jeudi matin, au Parc Pommery, les visages paraissent fatigués. Les habitués des entraînements ont du mal à croire que leurs joueurs s’apprêtent à jouer la première place au leader stéphanois. Après une séance de culture physique, Albert Batteux propose à ses joueurs des petits matches disputés à trois contre trois. Encore las du déplacement à Lisbonne, Robert Jonquet prétexte un problème à une cheville, Léon Glovacki se contente d’arbitrer ses camarades tandis que Michel Hidalgo accepte l’exercice mais à contrecoeur : « J’ai des ampoules aux pieds », dit-il en bougonnant. Seul Vincent arbore un large sourire.

A Lisbonne, Armand Penverne a effectué sa rentrée. Il a disputé la totalité de la rencontre mais ce jeudi matin, il semble souffrir de son genou. Pour son entraîneur : « Rien d’inquiétant à ce sujet. Armand s’est ressenti de son manque d’activité et il est normal qu’il ait témoigné d’une condition physique inférieure à celle qu’exige la compétition. »

 

Quand les Verts jouaient les arbitres…

Le 29 mai 1948, au stade Geoffroy-Guichard, se joue un mélodrame. Le Stade de Reims, encore en lice pour le titre de Champion de France, se déplace à Saint-Etienne lors de l’ultime journée de la saison 1947-48. L’équipe d’Henri Roessler est classée 2e (46 points) à une unité du leader Marseille (47). « Nous gagnerons » disent en chœur Pierre Flamion et Robert Jonquet. Ce que les Rémois avaient oublié, c’est que les Stéphanois avaient corrigé Lille (8-3) le 2 mai. Bons joueurs, les Stéphanois

D’entrée de jeu, les Rémois sont dépassés et après cinq minutes, Alpsteg et ses coéquipiers mènent déjà 2 à 0 grâce à deux buts d’Antoine Cuissard (2e et 5e). Cueillis à froid, ils en encaissent un troisième vingt minutes plus tard par Lauer (19e). Albert Batteux et ses coéquipiers ne s’attendaient pas à une telle réception. Les Rémois inscrivent deux buts mais s’inclinent finalement 3 à 2. Au coup de sifflet final, Henri Roessler est furieux : « C’est votre faute, dit-il à ses joueurs. Toi, Petitfils, les Stéphanois eux-mêmes t’avaient pourtant mis en garde gentiment… contre le « danger Cuissard ». Le pire de l’histoire, voyez-vous, c’est que nous venons de concéder notre première défaite à Saint-Etienne en Championnat national ! Elle nous a fait perdre non seulement la première place, mais encore… la seconde au profit des Lillois. »

DEPART FRANCE AVANT PORTUGAL
Le 29 mai 1948, les Rémois s’inclinent à Saint-Etienne. Antoine Cuissard est le principal protagoniste de leur défaite. (Photo PRESSE SPORT / Reproduction interdite)

Ce 29 mai 1948, Reims n’a pas perdu le titre à Saint-Etienne. Marseille a obtenu le point qu’il était venu chercher à Sochaux (2-2) pour s’assurer de finir à la première place. En revanche, ce que les Rémois n’avaient pas prévu, c’est qu’ils seraient coiffés sur le poteau pour la deuxième place par Lille, vainqueur à Sète (2-1). Saint-Etienne termine, quant à lui, à une belle 4e place

♦ ♦ 

Ce dimanche 30 septembre, la Champagne est en ébullition en cette période de vendanges. Si le stade Auguste-Delaune affiche complet (15 318 spectateurs), le record d’affluence pour une rencontre de football dans l’enceinte rémoise ne tombe pas. Le précédent record détenu par un certain… Sedan-Saint-Etienne (22 046) en Coupe de France disputé le 25 février 1951 a encore de beaux jours devant lui.

Duels d’internationaux avant France-Hongrie

Paul Nicolas et Pierre Pibarot, respectivement directeur et entraîneur de l’équipe de France ont pris place dans la tribune d’honneur. En effet, se profilent à l’horizon plusieurs matches internationaux à commencer par le France-Hongrie le 7 octobre à Colombes. Plusieurs joueurs sont en balance pour un poste de titulaire en équipe de France, notamment Rachid Mekloufi (20 ans) et Léon Glovacki pour celui d’inter droit. Même si le jeune Stéphanois a été invité à rallier Paris dès le mardi suivant la rencontre pour rejoindre les Espoirs, il est probable que le plus convaincant des deux sera sélectionné pour rejoindre les « A » .

REIMS-ST ETIENNE (4-5)
A Reims, Claude Abbes a encaissé quatre buts, mais au final, c’est Saint-Etienne qui est sorti vainqueur de ce duel au sommet avec Reims. (Photo PRESSE SPORT / Reproduction interdite)

Stade de Reims-Saint-Etienne : 4-5 (3-3)

Spectateurs : 15 318. Recette : 3 930 395 F. Arbitre : M. Guigue. Buts.- Reims : Fontaine (17e, 21e, 35e), Glovacki (84e) ; Saint-Etienne : N’Jo-Lea (1ère), Rijvers (15e), Mekloufi (27e, 73e, 90e).

Reims : Jacquet – Zimny, Jonquet, Schollhammer – Cicci, Davanne – Hidalgo, Glovacki, Fontaine, Barutto, Vincent. Entr. : Batteux
Saint-Etienne : Abbes – Wicart, Tylinski, Wasmer – Ferrier, Domingo – Oleksiak, Mekloufi, N’Jo-Lea, Rijvers. Entr. : Snella.

1ère : N’Jo-Lea s’échappe sur l’aile gauche, crochète Jonquet et refroidit d’entrée le stade Delaune (0-1).
17e : Fontaine se joue de Tylinski sur le côté droit. Il se présente seul face à Abbes. Sa tentative de lob trouve Hidalgo plus prompt que Wassmer. Le but est accordé à Fontaine (1-1).
21e : Fontaine, en position d’inter gauche, évite Ferrier et décroche un tir somme toute bénin. Claude Abbes plonge mais le ballon lui passe sous le ventre. Reims prend l’avantage (2-1).
25e : N’Jo-Lea alerte Lefèvre sur son aile gauche. Lancé à toute vitesse, il élimine Zimny et sert Rijvers en position d’avant-centre. Le Hollandais ne se fait pas prier pour tromper Jacquet (2-2).
27e : Lancé en profondeur par Wassmer, Mekloufi brûle la politesse aux défenseurs rémois ; sa frappe laisse Jacquet sans réaction (3-2).
35e : Reims obtient un coup franc. Fontaine le tire et sert Glovacki qui remet à Fontaine, lequel d’une volée, loge le ballon dans la lucarne droite d’Abbes (3-3).
73e : Sur un contre rondement mené par Rijvers, Mekloufi prend de vitesse la défense rémoise et redonne l’avantage aux Stéphanois (3-4).
84e : Schollhammer centre pour Glovacki. Abbes hésite à sortir puis se jette dans les pieds de Glovacki. Les deux hommes se percutent mais le ballon roule en direction du but vide et franchit la ligne (4-4).
90e : N’Jo-Lea s’aide de la main pour emmener le ballon. Bloqué par Cicci, Domingo prend le relais et sert Lefèvre. Le gaucher stéphanois fait mine de passer le ballon à N’Jo-Lea mais sert Rachid. L’inter droit des Verts feinte Jonquet et à dix mètres de buts de Jacquet, inscrit le but victorieux pour Saint-Etienne (4-5).

 

A Reims comme à Saint-Etienne, on n’est pas prêt d’oublier cette rencontre. Les spectateurs en ont eu pour leur argent tant les renversements de situations ont été nombreux. Entre deux équipes très joueuses, il ne pouvait en être autrement. Même si beaucoup s’accordent à dire qu’un match nul aurait semblé plus équitable, à Reims, les Stéphanois ont frappé un grand coup. Depuis le début du Championnat, les hommes d’Albert Batteux n’avaient concédé que 4 buts. En 90 minutes, ils viennent d’en encaisser 5. Une fois encore, l’attaque-mitrailleuse stéphanoise a fait feu de tout bois, symbolisée par un N’Jo-Lea des grands jours.

REIMS-ST ETIENNE
Face à la concurrence de Mekloufi pour une place en équipe de France, Léon Glovacki (qui déborde René Domingo) jouait gros contre Saint-Etienne. (Photo PRESSE SPORT / Reproduction interdite)

Paul Nicolas n’a pas fait le déplacement pour rien. Même s’il se garde bien de donner quel que nom que ce soit, Mekloufi est sorti grand vainqueur ce dimanche. Le choix s’annonce délicat. Mekloufi, auteur d’un match plein, a visiblement marqué des points. « Nous allons être très embarrassés pour confectionner l’attaque, reconnaît M. Nicolas, surtout l’aile droite, mais il y aura peut-être aussi du nouveau dans la ligne de demis. Entre Mekloufi et Glovacki, il y a eu aujourd’hui la différence de l’efficacité. Autant le petit Stéphanois m’avait déçu à Nancy, autant aujourd’hui, il m’a fait bonne impression. Glovacki a été, à mon sens, moins bon. »

Mekloufi et Ferrier ont marqué des points

Dans le vestiaire rémois, les décisions de M. Guigne, l’arbitre de la rencontre, alimentent les conversations. Les buts refusés à Hidalgo puis Jonquet ainsi que le but de la victoire accordé à Mekloufi restent en travers de la gorge des dirigeants et joueurs champenois. Mais très vite, les contestations laissent place à l’analyse. Albert Batteux reconnaît que « Saint-Etienne a très bien joué. Notre défense a flanché trop fréquemment et puis nous avons manqué de réussite. Nous avons souvent dominé et trop souvent aussi nous avons été victimes de cette domination. »

Chez les vainqueurs, Jean Snella ne cache pas sa satisfaction. « Même si nous avions fait match nul, même si nous avions été battus, je serais content, car nous avons joué comme j’entends que nous jouions toujours, en attaque surtout. Ce ne sont ni le résultat ni le succès qui comptent pour moi mais l’esprit dans lequel il ont été obtenus. »

Thierry CLEMENCEAU

 

Résultats 7e journée de Division 1

Reims-Saint-Etienne : 4-5 ; RC Paris-Nancy : 6-1 ; Lyon-Nîmes : 4-1 ; Marseille-Sochaux : 2-3 ; Strasbourg-Toulouse : 0-0 ; Metz-Angers : 0-1 ; Lens-Sedan : 3-2 ; Rennes-Nice : 2-3 ; Monaco-Valenciennes : 6-0.

Classement.1. SAINT-ETIENNE : 13 pts ; 2. Reims, RC Paris, Lyon, 10 ; 5. Strasbourg, Sochaux, Marseille, Angers, 8 ; 9. Nîmes, Lens, 7 ; etc.

 

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Brèves en stock

 A Saint-Etienne, Eugène N’Jo-Lea se sentira moins seul. Arrivé à Paris en provenance du Cameroun le vendredi 30 septembre, son frère Auguste vient poursuivre ses études en France. Footballeur comme son aîné, il était pensionnaire de l’AS PTT et occupe le poste d’ailier. Mais à Saint-Etienne, Eugène aura la charge de veiller sur lui et à la question de savoir s’il jouera à l’ASSE, il répond sans ambigüité : « Probablement. Il ne jouera que si ses études sont satisfaisantes, car c’est surtout pour elles et non pour jouer au football qu’il est venu en France. »

 Le Perpignanais Abdallah Henni attise les convoitises. Parmi les clubs intéressés, figure en bonne place, l’AS Saint-Etienne. L’offre stéphanoise n’a pour le moment recueilli aucun écho de la part des dirigeants catalans. Affaire à suivre…

 Chez les Grands Amateurs, Saint-Etienne recevait Draguignan. Auteurs de trois victoires sur quatre par un seul but d’écart, les hommes de Fernandez étaient taxés de « gagne-petit ». Ce dimanche, au stade Geoffroy-Guichard, ils ont mis les choses au point en s’imposant 8 à 1 contre une équipe qui venait d’inscrire 12 buts en… 2 matches.

 Le 2e tour de la Coupe de France a fait plusieurs victimes parmi lesquelles Lorient et Roche-la-Molière.

 Dans le dernier bulletin des supporters de Valenciennes, on a pu lire :  « Si le Stade Français se rendait compte bien vite qu’il n’a plus aucune chance d’accéder à la Première division et nous vendait ainsi Baulu, nous aurions une belle attaque : Baulu, Abderrazack, Cesari, Stako, Van Rhyn. »

 Nice s’est brillamment qualifié pour les 8e de finale de la Coupe d’Europe en disposant d’Aarhus 5 à 1. L’ancien Stéphanois, Jacques Foix a ouvert le score dès la 2e minute.

Th.C.

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Si ce blog vous intéresse ou vous passionne, n’hésitez pas à en parler autour de vous. Amicalement Vert.

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Le Chaudron se visite aussi

http://www.museedesverts.fr/

Visite guidée du Musée des Verts avec le Conservateur

Découvrez ou redécouvrez le Musée des Verts comme vous ne l’avez jamais vu !

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ASSE Musée des Verts - Visite guidée du Musée des Verts avec le Conservateur

Événements marquants ou méconnus, objets de légende ou insolites, anecdotes sur les matches et les joueurs… A l’occasion d’une visite, venez  discuter et tester vos connaissances auprès du Conservateur du Musée des Verts, Philippe Gastal.

Visite guidée : mardi 8 novembre 2016 à 14h30
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Blog 10 – Metz – Un seul être vous manque…

Saint-Etienne a connu sa première défaite devant le Racing (3-2) au Parc des Princes. Visiblement, ce mercredi 19 septembre 1956, les joueurs stéphanois n’avaient pas totalement récupéré de leur voyage retour du déplacement dans les Ardennes. « Nous avons payé nos efforts de Sedan je crois, dit René Domingo. Je crois et surtout la fatigue due à une nuit passée dans le train pour rentrer à Saint-Etienne. Nous ne savions pas, en effet, que nous jouerions à Paris le mercredi suivant. Sinon, nous nous serions arrêtés dans la capitale. » A peine le temps de récupérer de la fatigue accumulée dans les Ardennes, qu’il leur fallait repartir pour Paris dès le mercredi matin.

Continuer à lire … « Blog 10 – Metz – Un seul être vous manque… »

Blog 9 – Racing CP – Une défaite salvatrice

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Avant de poursuivre avec vous la suite de la saison 1956-57, je tiens à vous souhaiter, toutes et tous, mes meilleurs vœux pour cette nouvelle année.

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Les bons résultats de l’AS Saint-Etienne ne sont pas le fruit du hasard. Si aujourd’hui, l’équipe stéphanoise vole la vedette à Nice, Reims ou le Racing, pour ne citer que ces clubs, c’est en grande partie dû au travail d’un homme : Jean Snella. Dans le quotidien L’Equipe du 18 septembre 1956, il explique clairement pourquoi Saint-Etienne réussit un excellent début de saison.

« Tout d’abord, l’amalgame parfaitement réalisé entre les anciens et les nouveaux techniquement et moralement parlant. Ensuite, l’entraînement de début de saison que je n’avais jamais imposé aussi intensément. Enfin -raisons plus lointaines- les principes techniques  et tactiques dont je n’ai jamais voulu m’écarter depuis des années ! » En fait, cette cuvée 1956-57, Jean Snella l’a façonnée depuis plusieurs années. Il n’imaginait pas que cette équipe donnerait sa pleine mesure dès cette saison. L’homme qui vit douze heures sur vingt-quatre au stade Geoffroy-Guichard -parfois plus- savait qu’il possédait en réserve des jeunes amenés à remplacer tôt ou tard les Ferry, De Cecco et Foix.

Le titre de Champion de France amateurs obtenu en juin a confirmé tout le bien qu’il pensait de ses jeunes pousses. Quand le temps lui permet, il n’hésite pas à aller jauger de ses propres yeux les équipes de jeunes, à commencer par celle des Grands Amateurs. Il connaît ainsi chaque point fort et faible de ses joueurs. Richard Tylinski, produit de La Combelle, a dû travailler inlassablement sa technique tandis que René Ferrier, transfuge de Cusset, jugé trop maigre, a travaillé sa musculature.

ST ETIENNE-LYON
Georges Peyroche (dans les airs) et Rachid Mekloufi lors du derby disputé en 1955, représentent l’avenir de Saint-Etienne. (Photo PRESSE SPORT / Reproduction interdite)

L’attaque-mitraillette

Aujourd’hui, l’ASSE possède la meilleure attaque de la Division 1. Depuis le 19 août, les Verts ont inscrit 24 buts. Là aussi, Jean Snella y est pour beaucoup. En 1954, il est tombé admiratif du jeu pratiqué par la Hongrie basé sur la rapidité et l’efficacité. « La déviation de balle est pour moi le plus magnifique des actes techniques, déclare-t-il. Car c’est l’action individuelle la plus riche et la plus utile sur le plan collectif. »

Avec Kees Rijvers, il possède dans son équipe un véritable roi du contre-pied. Avec ce meneur de jeu, Jean Snella peut également compter sur Rachid Mekloufi plus que jamais au sommet de sa forme, Bernard Lefèvre qui a bien digéré son transfert de Lille, le précieux Jean Oleksiak et l’inévitable Eugène N’Jo-Lea. Ainsi rien ne semble résister à cette attaque de feu.

Non à Lisbonne !

Le mardi  18 septembre, le Comité de sélection français a communiqué une liste de 25 joueurs appelés à composer l’équipe de France B. Le 7 octobre, elle s’envolera pour Varsovie pour y rencontrer son homologue polonaise. Cinq Stéphanois figurent dans cette liste : Claude Abbes, Richard Tylinski, René Domingo, René Ferrier et Bernard Lefèvre. En Pologne, l’équipe de France B risque fort de s’appuyer sur une ossature stéphanoise.

Ces probables sélections sont perçues comme une reconnaissance du travail accompli à l’ASSE. Cependant, elles engendrent quelques modifications dans le programme des Stéphanois, comme l’explique Pierre Faurand : « Comme Oleksiak a de grandes chances d’être retenu pour l’équipe des « Espoirs » et que Mekloufi sera dans l’équipe A, ce sont sept joueurs qui nous feront défaut. A mon grand regret, je vais être dans l’obligation d’annuler le match que nous devions jouer à Lisbonne en nocturne le 3 octobre. C’est bien dommage, mais nous ne pouvons aligner une équipe aussi affaiblie à l’étranger. Il y va du bon renom du football français. »

La presse encense les Stéphanois

Longtemps complexé par le peu d’intérêt que portait la presse parisienne à son égard, Saint-Etienne est aujourd’hui reconnu au point que les journaux n’hésitent plus à la considérer comme la meilleure équipe évoluant en France. Après la victoire contre Sedan, France-Soir ne titrait-il pas : « Saint-Etienne, nouvelle terreur du Championnat » alors que pour Le Figaro, « L’équipe de l’AS Saint-Etienne a brillamment confirmé à Sedan son actuelle supériorité sur l’élite du football français. » Enfin, L’Aurore n’hésite pas à parler de l’attaque mitraillette qui dynamite les défenses : « Saint-Etienne est toujours leader avec un point d’avance sur Reims mais son actif de buts, 24 en 5 matches est impressionnant. »

MAGAZINE ABBES
Claude Abbes, un gardien talentueux au service de l’AS Saint-Etienne. (Photo PRESSE SPORT / Reproduction interdite)

La rançon de la gloire

Le bon début de saison de Saint-Etienne semble attirer les convoitises. Après Lisbonne, les dirigeants ligériens ont reçu plusieurs offres au siège du club dont quelques-unes en provenance d’Israël. Mais la priorité du moment demeure le Championnat. Il n’est pas question de se disperser et d’accumuler de la fatigue pour de simples rencontres amicales à l’étranger. Pierre Faurand refuse poliment les sollicitations, à l’exception d’une toutefois.

Le lendemain de la victoire sedanaise, alors qu’il est assis à son bureau rue de la Résistance, son téléphone sonne. Au bout du fil, André Dehaye, son homologue parisien. « Nous avions un match amical de conclu avec le Borussia de Dortmund pour mercredi soir en nocturne, au Parc des Princes, lui explique le président parisien. Les Allemands, à la suite du succès par 5 à 0 de notre équipe sur celle de Lens dimanche, en Championnat, se sont effrayés et ils ne veulent plus venir prétendant que leur équipe n’est pas au mieux de sa forme. Voulez-vous déplacer votre équipe ? »

Le président Faurand est séduit par cette proposition aussi honorifique qu’inattendue. Mais pris de court, il ne peut donner son accord sans en avoir au préalable discuté avec Jean Snella. Avant de raccrocher, il prend le soin de négocier les éventuelles conditions financières du déplacement dans la capitale. Il obtient le partage de la recette.

Sitôt consulté, Jean Snella accepte l’idée d’aller se frotter au Racing, autre prétendant au titre, mais cette rencontre n’est pas sans poser problème. Après le match à Sedan, il avait donné l’autorisation à Bernard Lefèvre de passer quelques jours à Charleville où une partie de sa famille réside. Autre souci pour l’entraîneur stéphanois : Kees Rijvers est parti en Hollande pour y régler les derniers détails afin de rapatrier à Saint-Etienne sa femme et ses filles. Les deux joueurs sont priés par téléphone de faire escale à Paris pour rejoindre le reste de la troupe.

En revanche, le militaire Jean Oleksiak n’aura pas le loisir de découvrir le Parc des Princes. Son absence sera comblée par les rentrées des jeunes Georges Peyroche et Yvon Goujon, tous deux rétablis de leurs pépins physiques. Fellahi a été appelé pour compléter le groupe.

« La Stéphanoise de Paris » veut y croire

A l’annonce de l’organisation de la rencontre entre le Racing et Saint-Etienne, les supporters de « La Stéphanoise de Paris » ont sauté de joie. Certes, ils n’avaient plus encore longtemps à attendre pour voir leurs favoris à l’œuvre puisque les Verts devaient « monter à la capitale » un mois et demi plus tard -le 4 novembre exactement- pour y rencontrer le RCP en Championnat. Mais ces supporters avisés espèrent que Domingo et ses hommes ne les décevront pas. Les trois dernières rencontres entre Parisiens et Stéphanois ont toujours tourné à l’avantage des premiers ces dernières années. Il faut en effet remonter au 16 décembre 1951 pour voir une victoire des hommes de Snella (3-1). Depuis, ils n’ont connu que des défaites par des écarts assez importants. Leur seul succès au Parc des Princes date du 3 juin 1955. Ce jour-là, les Verts ont remporté la Coupe Drago mais c’était aux dépens de… Sedan (2-0).

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Le RC Paris

Le Racing CP est un club qui a les moyens de ses ambitions. L’objectif des « Ciel et Blanc » est clairement affiché : reconquérir un titre de Champion de France qui lui échappe depuis… 1936. Cette même année, le club avait également remporté la Coupe de France, rejoignant ainsi le FC Sète, auteur du même exploit deux ans plus tôt.

Certes, depuis ce doublé, le Racing s’est enrichi de quatre autres Coupes de France (1939, 1940, 1945 et 1949), mais cela ne suffit pas à satisfaire dirigeants et supporters parisiens.

Vincent et Piantoni contactés

A l’intersaison, le Racing place deux noms en tête des joueurs à recruter. Le premier, Jean Vincent, n’est pas insensible à la proposition parisienne mais il ne souhaite pas se précipiter. Le Lillois souhaite d’abord disputer les barrages avec son club pour savoir s’il évoluera encore en Division 1 ou à l’étage inférieur lors de la saison 1956-57. Les Nordistes s’inclinent et malgré le retour à la charge du Racing, Vincent préfère rejoindre le Stade de Reims du président Germain.

La première cible leur ayant glissé entre les doigts, les dirigeants parisiens activent leur deuxième piste qui les mène à Roger Piantoni. Pour convaincre le club de Nancy à qui le joueur appartient, le Racing est prêt à mettre … 30 millions sur la table. Une telle offre ne se refuse pas, et pourtant, les Lorrains repousse le transfert de « bout d’chou » comme ils l’appellent affectueusement. Lassé par l’échec de ces deux transactions, le président Dehaye reprend son argent et décide de faire confiance à Guy Sénac, l’ancien joueur de Sèvres.

Deux prétendants au titre

L’affiche proposée, si elle n’a qu’un caractère amical, promet d’être haute en couleurs. Les deux équipes sont invaincues depuis le début de la saison et pour l’une ou l’autre, il n’est pas question de prendre cet examen blanc à la légère. Question d’honneur et de suprématie. Pour Marcel Galey, le directeur sportif des « ciel et blanc », la venue des Verts au Parc permettra de jauger la valeur de l’adversaire avant sa réception début novembre. « Songez, dit-il, que nous recevons trois fois en quatre matches. Après avoir reçu Nancy, nous irons à Valenciennes, puis accueillerons Strasbourg. Là, on y verra plus clair avant le match du 4 novembre contre Saint-Etienne… au Parc. »

Thadée Cisowski, buteur incertain

Si Saint-Etienne peut se targuer d’être l’attaque la plus prolifique de France avec 24 buts inscrits… devant le Racing (18), ce dernier compte dans ses rangs le meilleur buteur du Championnat. Avec déjà 9 buts inscrits, Thadée Cisowski devance Mekloufi (8), N’Jo-Lea (6) et Lefèvre (5). Le Racingmen a inscrit la moitié des buts de son équipe. Mais blessé à l’aine contre Lens (5-0), l’attaquant des « Ciel et Blanc » ne devrait disputer qu’une mi-temps ce mercredi au Parc des Princes. « J’en profiterai pour essayer un joueur marocain de Casablanca recommandé par Mahjoub » lance Gusti Jordan, ancien pivot offensif du RCP, aujourd’hui entraîneur. Ce joueur en question, promis au plus bel avenir, s’appelle Brahim.

Jean Taillandier, un destin tracé

Contre Saint-Etienne, les supporters parisiens vont redécouvrir un jeune gardien de but. Blessé contre Lens, l’habituel titulaire André Pivois a dû déclarer forfait. Pour le remplacer, Auguste Jordan a décidé de faire confiance à un jeune blondinet de 19 ans : Jean Taillandier. Quelques années auparavant, dans la Creuse d’où il est originaire, tout le monde s’accordait à dire que ce surdoué était promis à un grand avenir. Sa souplesse, son bon coup d’oeil, sa grande sûreté et ses dégagements précis au pied font de lui un gardien complet. Pour qu’il puisse garder les cages de l’équipe fanion d’Auzances, ses dirigeants avaient dû changer sa date de naissance. C’est ainsi qu’à 14 ans, il s’est retrouvé champion de la Creuse, avec, à la clé, une accession à la Promotion d’Honneur Régionale. Loin de se satisfaire de cette promotion, les dirigeants creusois ont alors décidé de faire appel à un entraîneur confirmé : Angelo Fernandez, un ancien du … Racing CP. Au premier coup d’œil, le Parisien, perplexe, s’interroge sur l’âge de son gardien. Un entraînement plus tard, Jean Taillandier avait convaincu le nouveau patron technique du club que le talent n’attend pas le poids des âges. Il n’en faut pas plus à Fernandez pour décrocher son téléphone et composer le numéro du président du Racing :

« Je viens de dénicher un goal extraordinaire. Une occasion à ne pas laisser passer. Il y aura  bientôt du monde sur les rangs pour s’accaparer ses services. »

Angelo Fernandez

Averti de l’appel de son nouvel entraîneur, le jeune Taillandier se prend à rêver d’un destin similaire à ceux qu’il admire dans les magazines spécialisés. A 15 ans, il monte à Paris et là encore, une séance suffit pour convaincre ses futurs employeurs. Ces derniers voient déjà en lui le remplaçant d’un certain René Vignal. Du haut de ses 17 ans, il dispute une rencontre sous le maillot des « Ciel et Blanc » contre les Glasgow Rangers (4-1) puis contre le Honved au Parc des Princes. Les attaquants hongrois se nomment Puskas, Kocsis, Boszik, Czibor. Alors que beaucoup auraient tremblé, le jeune Creusois affiche une décontraction étonnante. Honved s’impose 5 à 3 mais qu’importe, Taillandier sort sous les applaudissements du Parc des Princes. Sa route est tracée.

RACING-LENS
Thadée Cisowski, auteur de cinq buts, a largement contribué à la victoire du Racing contre Lens (5-0). (Photo PRESSE SPORT / Reproduction interdite)

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Ce mercredi 19 septembre, il fait chaud dans la capitale. A leur arrivée à Paris aux alentours de 14 heures, les Stéphanois s’en aperçoivent rapidement. A 20 heures, quand ils foulent la pelouse du Parc des Princes, une bonne dizaine de milliers de spectateurs ont déjà pris place dans les travées de l’enceinte parisienne. Parmi eux, un homme est tout heureux d’être là. M. Fléchet, sénateur et vice-président du Conseil Général de la Loire. « Moi, dit-il, je n’ai pas le temps de voir jouer les Stéphanois à Saint-Etienne. Je suis heureux de pouvoir assister à ce match à Paris. »

Toutes les conditions sont réunies pour que l’on assiste à une bonne rencontre de football.  La lune qui éclaire le Parc n’attend plus que M. Garreau, l’homme en noir, siffle le début des hostilités.

RC Paris – Saint-Etienne : 3-2 (3-1)

Spectateurs : 13 040. Recette : 4 552 375 F. Arbitre : M. Garreau. Buts.- RC Paris : Pillard (4e, 17e), Cisowski (25e) ; Saint-Etienne : Mekloufi (2e), Lefèvre (80e).

RC Paris : Taillandier – Lelong, Sosa, Marche – Ugorenko, Mahjoub – Grillet, Guillot, Cisowski, Dalla, Cieca, Pillard. Entr. : Jordan.

Saint-Etienne : Abbes – Wicart, Tylinski, Wassmer – Ferrier, Domingo – Goujon (Peyroche), Mekloufi, N’Jo-Lea, Rijvers, Lefèvre. Entr. : Snella.

2e : Corner pour le Racing. Wassmer dégage de la tête. Lefèvre s’empare du ballon dans son propre camp et porte le danger devant, dribble Lelong et sert Rijvers. Le Hollandais centre pour N’Jo-Lea qui laisse intelligemment passer le ballon pour Mekloufi qui ouvre le score pour les Verts (0-1).
4e : La réaction parisienne est immédiate. Mahjoub sur son aile gauche centre pour Pillard qui, à 5 mètres, ne laisse aucune chance à Abbes (1-1).
17e : Mahjoub se joue de Rachid et lance Pillard qui dribble Wicart. L’ailier gauche parisien après avoir éliminé Tylinski fusille Abbes (2-1).
25e : Cisowski dribble Tylinski, évite Wicart et se présente seul face à Abbes. Le gardien stéphanois plonge dans les pieds de l’attaquant du Racing, mais le tir imparable de ce dernier fait trembler une troisième fois les filets stéphanois (3-1).
80e : La permutation entre N’Jo-Lea et Goujon porte ses fruits. Le premier s’échappe sur la droite et centre pour Peyroche dont le tir est repoussé par Taillandier. Lefèvre en embuscade, réduit le score (3-2).

La sortie de Rijvers a tout changé

Ce mercredi soir, la malédiction du Parc des Princes s’acharne sur les Verts. Une nouvelle fois, ils sont repartis avec une défaite… qui servira d’avertissement aux hommes de Jean Snella. Le 4 novembre, ils affronteront à nouveau le Racing mais cette fois pour le compte du Championnat. L’absence d’Oleksiak, le rendement médiocre de Mekloufi et N’Jo-Lea ne peuvent expliquer à eux seuls le résultat des Verts. La sortie à la mi-temps de Rijvers, victime d’un coup sur la cheville, a paru désorganiser l’entrejeu stéphanois. Durant quatre-vingt-dix minutes, les attaquants stéphanois se sont heurtés à l’expérience des expérimentés Marche, Lelong et Sosa.

« Une bonne leçon »

Dans le vestiaire stéphanois, Pierre Faurand ne cherche pas d’excuse : « Nos joueurs n’ont pas réédité leur match de Sedan. Pourtant, ils ont été courageux. L’absence de Rijvers a été un sérieux handicap. » De son côté, Alex Fontanilles y voit « Trop de mauvaises passes… Si nous avions marqué plus tôt ce deuxième but, nous aurions égalisé. Ce sera une bonne leçon pour nos joueurs. »

Thierry CLEMENCEAU

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Brèves en stock

 Le 26 septembre, lors du match aller du tour préliminaire de la Coupe d’Europe, le néo-Niçois Jacques Foix a permis à son équipe de revenir de Copenhague avec un beau match nul (1-1). Contre l’AGF Aarhus, l’ex-Stéphanois a inscrit un magnifique ciseau retourné. « C’est pour justifier la première page de Sport et Vie, car on aurait pu croire que je savais juste poser pour les photographes », dit-il après coup.

 Eugène N’Jo-Lea a passé ses vacances à Douala. La « flèche » stéphanoise s’est ressourcée dans sa famille qu’il n’avait plus revu depuis… cinq ans.

 Le mois de septembre est propice à la cueillette des raisins. C’est ainsi qu’Alberto, le réfractaire de l’OL, et Julien Darui profitent de leur temps libre pour s’adonner aux vendanges à Castel-Rossello, dans la région de Montpellier. Les deux hommes logent chez un troisième footballeur « sans emploi », un dénommé Ramon.

 Présents aux Parc des Princes, les joueurs du Red Star ont été parmi les plus assidus du match amical opposant le Racing à Saint-Etienne. Après la rencontre, Paul Baron, l’entraîneur audonien a prévenu : « Je vous accorde une heure de grasse matinée afin que vous réfléchissiez à la leçon de la veille. »

 L’Espagne semble séduire les joueurs français… ou l’inverse. Après le transfert de Raymond Kopa au Real de Madrid, c’est au tour du FC Barcelone de vouloir s’enrichir d’un nouvel international tricolore. Un émissaire catalan a même été dépêché à Nice pour discuter des conditions de la venue éventuelle de Joseph Ujlaki au FCB. Le club azuréen demanderait pas moins de 30 millions pour son joueur. Affaire à suivre…

Th.C.

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