Saint-Etienne-URSS : Les Verts sous les projecteurs

Ce dimanche 29 mars 2015, l’équipe de France dirigée par Didier Deschamps rencontre le Danemark au stade Geoffroy-Guichard. En 1965 déjà, une équipe nationale, l’URSS du grand Lev Yachine, avait disputé un match à Saint-Etienne. Ce soir-là, le Chaudron brillait de mille feux. Récit.

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Roger Rocher. Photo L’Equipe.

Ce vendredi 22 octobre 1965, à 19 heures, à l’instar du match en nocturne qui oppose l’équipe d’U.R.S.S à celle de Saint-Etienne, M. Roger Rocher, président de l’A.S.S.E, en présence de nombreuses personnalités parmi lesquelles M. Durafour, sénateur-maire de Saint-Etienne et de plus de 20 000 spectateurs, s’apprête à inaugurer un nouvel équipement du stade Geoffroy Guichard et non des moindres puisqu’il s’agit du nouvel éclairage. Rocher commande alors le bouton qui illumine le terrain de ces 600 lux. La réalisation de ces nouvelles infrastructures a constitué une véritable aventure commencée quelques mois auparavant.

En avril 1964, lors de son assemblée générale, la Ligue Nationale de Football a décidé de modifier l’organisation du Championnat de France professionnel pour la saison 1965-1966. Un des points majeurs concerne l’obligation pour les clubs de 1ère division de pouvoir disputer sur leurs terrains un certain nombre de rencontres en nocturne. Or, à cette époque, tout comme Rennes, Saint-Étienne ne dispose d’aucun stade permettant le déroulement de tels matches.

Fort de ce constat, le 10 mai 1965, l’administration municipale, nouveau propriétaire du stade Geoffroy Guichard, décide de pourvoir le stade d’un nouvel éclairage et ce dans un délai très bref puisqu’il est fixé au 22 octobre, date de la rencontre entre l’équipe d’U.R.S.S et l’équipe de Saint-Etienne. Dans sa séance du 17 mai 1965, le conseil municipal de Saint-Etienne décide que les travaux d’éclairage du stade en nocturne seront adjugés par voie de concours et dégage les crédits nécessaires pour leur réalisation. Les travaux prévus comprennent le poste de transformation et de livraison, génie civil et équipement, les pylônes, les projecteurs, les raccordements électriques, le tableau de commande, l’éclairage des abords, des tribunes, des annexes et de l’éclairage de secours. Le délai d’exécution ne peut excéder trois mois avec une mise en service des installations fixée au 10 octobre.

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Photo : Ingénieurs des villes de France – mars 1967.

La commission du jury du concours, composée des membres de l’administration municipale, de l’A.S.S.E (dont M. Rocher), des Ponts et Chaussées, d’E.D.F et des services techniques ont reçu les propositions de 17 installateurs représentant une quarantaine de projets allant de 405 000 à 920 000 francs. La variété et le nombre de projets déposés montrent l’intérêt que portent les spécialistes de ce domaine pour l’éclairage des grands espaces en y apportant leurs propres solutions. Une proposition a néanmoins attiré l’attention du jury : un seul projet préconise un éclairage de l’ordre de 550 lux au lieu des 250 souhaités par la Fédération Internationale de Football tout en respectant l’enveloppe budgétaire impartie. Ce projet de 550 lux a incité le jury à laisser aux entreprises un délai de huit jours supplémentaires pour revoir leurs copies.

Durant cette période, afin de mieux percevoir les impacts d’un tel éclairage, une délégation s’est rendue dans les stades les plus modernes d’Allemagne, de Suisse et d’Italie. Au final, dans sa séance du 23 juin 1965, le jury a décidé de ne prendre en compte que les propositions comportant un éclairement de 550 lux au sol à l’horizontal et d’attribuer finalement le marché aux entreprises Minjard de Saint-Etienne et Richard A. Ott de Wiesbaden. Ce choix a été validé par le conseil municipal de Saint-Etienne du 19 juillet 1965.

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Photo : Ingénieurs des villes de France – mars 1967.

Le coût des travaux est fixée à 650 000 francs et répartie de la façon suivante :
– 150 000 francs pour la fourniture et la pose des pylônes,
– 175 000 francs pour la fourniture et la mise en place des projecteurs,
– 260 000 francs pour les équipements électriques,
– 65 000 francs pour le poste de transformation.

Cette dépense a été financée par la vente d’une installation sportive municipale désaffectée.

Un contre-la-montre s’amorce alors. Dès le 25 août, les fondations béton des quatre pylônes sont coulées avec leurs soubassements métalliques. Le 15 septembre, les premiers éléments métalliques des pylônes sont disposés sur le chantier ainsi que les appareillages de commande, distribution et contrôle des installations. Le 1er octobre, pas moins de quatre équipes de monteurs s’attellent à l’édification des pylônes terminés pour le 12 octobre. A compter de ce jour, la mise en place des batteries de projecteurs, le tirage des câbles en aérien, les connexions et raccordements ainsi que les essais d’éclairage et le calage des projecteurs sont donc rendus possibles.

Le challenge a été relevé et honoré. La qualité de ces installations est sans appel : la hauteur de 60 mètres des pylônes supprime l’éblouissement tant pour les joueurs que pour les spectateurs et le mixage des lampes donne un rendu des couleurs parfait. Grâce à ces travaux, Saint-Etienne vient de se doter d’installations parmi les plus modernes d’Europe et cette réalisation est accueillie très favorablement par l’ensemble de la presse sportive.

 

L’URSS de Yachine en pleine lumière

Une équipe nationale au stade Geoffroy-Guichard. L’évènement est inédit pour que l’on s’y attarde.

FranceFootball, 19 octobre 1965.
FranceFootball, 19 octobre 1965.

Après sa victoire au Danemark (3-1) synonyme de qualification pour la Coupe du monde en Angleterre, l’équipe soviétique n’a pas regagné son pays et fait une première escale à Paris. A son programme : deux matches amicaux. Le premier contre le Stade Français au Parc des Princes le mercredi 20 octobre et le second deux jours plus tard au stade Geoffroy-Guichard contre l’ASSE.

Voronine est avec Yachine, l'autre grande vedette de l'équipe nationale d'URSS.
Voronine est avec Yachine, l’autre grande vedette de l’équipe nationale d’URSS.

Snella refuse de prêter Herbin et Mekloufi

Les dirigeants stadistes, pour bien figurer face aux Russes, ont demandé à leurs homologues stéphanois le prêt de deux de leurs joueurs et non des moindres : Robert Herbin et Rachid Mekloufi. En contrepartie, Philippe Pottier renforcerait l’ASSE contre ces mêmes Russes deux jours plus tard. L’idée a fait son chemin sans pour autant y voir son aboutissement. Face aux échéances importantes qui attendent l’ASSE, Jean Snella a préféré décliner l’échange de bons procédés formulés par les dirigeants stadistes.

ST ETIENNE-MONACO (4-1)
Robert Herbin et Rachid Mekloufi ont été pressentis pour renforcer le Stade Français. Jean Snella n’a pris aucun risque et a refusé la demande des dirigeants stadistes.

Pour disputer leurs deux rencontres, les Soviétiques se sont déplacés en France avec dix-huit joueurs. Au Parc des Princes comme au stade Geoffroy-Guichard, Lev Yachine, légèrement blessé à Copenhague, ne disputera qu’une mi-temps.

A Paris, devant 8 332 spectateurs, les coéquipiers de Voronine s’imposent 2 à 1 face à l’équipe du Stade Français dans laquelle évoluent Georges Carnus et André Fefeu.

L'Equipe, 21 octobre 1965.
L’Equipe, 21 octobre 1965.

Après ce premier test, le jeudi après-midi, la délégation russe poursuit sa route qui la mène dans la Loire. Alors que se profile un match important entre Saint-Etienne et Lille le dimanche après-midi en Championnat, la population stéphanoise ne parle que de la venue des Soviétiques.

VIDEO INA :

Le 21 octobre 1956,
Lev Yachine et l’URSS s’inclinait face à l’équipe de France en amical (2-1).

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Une grande première à Saint-Etienne

Il faut bien dire que l’évènement revêt un caractère exceptionnel : pour la première fois de son histoire, l’AS Saint-Etienne affronte une équipe nationale au stade Geoffroy-Guichard.

Pour cette rencontre de prestige, Jean Snella, l’entraîneur stéphanois, doit composer avec un forfait de dernière minute : Pierre Bernard. Le gardien international des Verts, frappé par un deuil familial, a déjà repris la route pour Castres. Son remplaçant, Robert Philippe, est blessé alors que le jeune amateur Martin, bien que talentueux, est jugé un peu tendre pour une rencontre de cette envergure.

LYON-ST ETIENNE (0-1)
Marcel Aubour (à gauche) serre la main de Pierre Bernard, le gardien stéphanois. Le premier avait été pressenti pour garder les buts des Verts face à l’URSS. Finalement, c’est Varini qui occupera le poste de numéro 1.

Aubour pressenti, Varini titulaire

C’est donc dans l’urgence que les dirigeants stéphanois se réunissent pour étudier la meilleure solution possible. Ils décident à l’unanimité de demander à leur voisin de l’Olympique Lyonnais le prêt pour quelques heures de Marcel Aubour. Finalement, le poste de numéro 1 reviendra à Daniel Varini, prêté par le Racing.

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Varini, le gardien du Racing, va revêtir le maillot vert le temps d’une rencontre.

Si cette rencontre suscite un engouement exceptionnel dans la région, c’est aussi parce que le stade Geoffroy-Guichard s’apprête à vivre un évènement. Pour la première fois de son histoire, l’enceinte stéphanoise accueille un match en nocturne.

L’éclairage le plus performant d’Europe

Les demandes de places affluent de toutes parts : de Lyon comme de Clermont-Ferrand. Plusieurs délégations de clubs comme celui du Stade Rennais ont annoncé leur venue pour venir constater et s’inspirer de l’éclairage nouvellement installé. Seuls ceux de Hambourg et du Real Madrid, selon l’avis de techniciens, seront aussi performants en Europe. A titre de comparaison, le Parc des Princes n’apporte une luminosité que de 200 lux alors que celui du stade Geoffroy-Guichard en portera environ 500.

La victoire étriquée pour ne pas dire décevante des Soviétiques à Paris n’a nullement refroidie l’enthousiasme du côté de Saint-Etienne. Le télégramme assurant la présence de l’immense Lev Yachine contribue nettement à ce succès populaire.

Deux nouveaux dans le « grand bain »

Hormis le remplacement de Pierre Bernard, Jean Snella a renoncé à renforcer son équipe. Le technicien stéphanois a même décidé de lancer dans le grand bain deux jeunes joueurs. Formés au Cavigal de Nice, comme un certain Robert Herbin, Francis Camérini et Mercati figurent dans le groupe.

Francis Camérini, formé au Cavigal de Nice, est appelé par Jean Snella pour disputer la rencontre contre l'URSS.
Francis Camérini, formé au Cavigal de Nice, est appelé par Jean Snella pour disputer la rencontre contre l’URSS.

Et la lumière fut…

Ce vendredi 22 octobre, le stade Geoffroy-Guichard brille de mille feux. Les 15 000 à 20 000 spectateurs pour ne pas dire supporters stéphanois sont prêts à assister à la première rencontre nocturne à domicile. Le célèbre gardien Yachine est bien présent, conformément au télégramme qu’avaient reçu les dirigeants stéphanois.

Avant la rencontre, M. Durafour, le sénateur-maire de la ville, suivi de M. Rocher, président de l’ASSE, prononcent une brève allocution en forme inaugurale. Rien n’est laissé au hasard. Hormis une invitée de dernière minute : une brume « londonienne » traverse le stade d’un but à l’autre. La visibilité réduite n’empêche pas M. Barberan, l’homme en noir, de donner le coup d’envoi de la rencontre.

Les Russes assurent

La première mi-temps voit les Stéphanois faire jeu égal avec la sélection russe. Pourtant, à la pause, le score est déjà lourd pour les hommes de Jean Snella. Après un quart d’heure de jeu, le redoutable avant-centre Banichevski fait parler son talent. Ce leader d’attaque, gros travailleur et doté d’une belle frappe de balle, réussit une succession de dribbles pour tromper Varini, l’appelé de la dernière heure (0-1, 16e).

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Photo : Ingénieurs des villes de France – mars 1967.

Dix minutes, plus tard, M. Barberan accorde généreusement un coup franc à Voronine. Ce dernier l’exécute et Khousaïnov transperce le « fog » et les filets de l’infortuné Varini (0-2, 26e).

Côté stéphanois, Herbin a une occasion en or de briller. A la suite d’un centre en retrait de Salen, le capitaine tricolore effectue une magnifique reprise de volée. Malgré un modèle de précision, ce geste technique quasi parfait rencontre sur sa trajectoire toute la classe du talentueux Yachine. Le jour de ses 36 ans, le gardien russe vient de démontrer au public stéphanois qu’il n’est pas le meilleur gardien du monde par hasard.

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Lev Yachine, un gardien d’exception.

Richard Tylinski contre son camp

Après la pause, le calvaire continue pour les Verts. Banichevski inscrit un doublé (0-3, 63e) alors que Richard Tylinski, en voulant rattraper une erreur de son jeune coéquipier Camérini, trompe son propre gardien (0-4, 73e). Le score est trompeur, et comme à Paris, les joueurs de l’Est n’offrent pas le spectacle que les 15 à 20 000 fidèles du stade Geoffroy-Guichard sont en droit d’attendre. Seuls Yachine et Khousaïnov se montrent à la hauteur de l’évènement. Même en-deça, cela leur suffit à dominer une équipe stéphanoise qui est loin de sa forme optimale. Varini, est tout heureux de voir deux tirs signés Meski et Metrevelli renvoyés par ses poteaux.

A dix minutes de la fin, Osianine jaillit de la lumière lui aussi pour inscrire d’un tir canon le cinquième et dernier but de la soirée (0-5, 81e).

Avant cette rencontre de gala, Jean Snella, avait déclaré : « Ah ! oui, nous jouons contre Lille dimanche. Je n’ai pas encore eu le temps de songer à la formation que je vais aligner. D’ailleurs, je ne peux rien faire avant que soit joué ce match contre l’URSS. » La note positive de la soirée pour l’entraîneur stéphanois, ce sont les débuts réussis de son jeune poulain Camérini. Comme en 1957, Saint-Etienne s’oriente de nouveau vers une politique de jeunes. Après Aimé Jacquet et Hervé Revelli, Francis Camérini et Jean-Michel Larqué semblent prêts à leur emboîter le pas.

Avant de s’envoler pour Cardiff et poursuivre leur périple, le samedi après-midi, la délégation russe a fait une nouvelle escale à Paris. Le temps pour Yachine et Voronine de recevoir chacun une distinction.

L'Equipe, 23 octobre 1965.
L’Equipe, 23 octobre 1965.

 Thierry CLEMENCEAU

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Saint-Etienne-Lille : Piazza s’en va

Ce dimanche 22 mars 2015, l’AS Saint-Etienne reçoit Lille pour le compte de la 30e journée. Le 3 août 1979, Oswaldo Piazza faisait ses grands adieux au public du stade Geoffroy-Guichard après sept ans de bons et loyaux services.

ST ETIENNE-LILLE
Le 3 août 1979, ce Saint-Etienne-Lille est l’occasion pour Oswaldo Piazza de dire « au revoir » au public du stade Geoffroy-Guichard.

L’hommage à Oswaldo Piazza

3 août 1979. Saint-Etienne-Lille : 0-0.

Ce 3 août 1979, une nouvelle ère s’ouvre à Saint-Etienne. Contre Lille, Michel Platini et Johnny Rep font leurs grands débuts au stade Geoffroy-Guichard.

Les 31 620 spectateurs présents ne se sont pas déplacés uniquement pour découvrir leurs nouvelles recrues.

ST ETIENNE-LILLE
A l’occasion de Saint-Etienne-Lille, Oswaldo Piazza (ici avec Pierre Garonnaire et Robert Herbin) es ému par l’hommage qui lui est rendu avant la rencontre.

En préambule de cette deuxième journée de Division 1, l’ASSE a réservé une sortie des plus glorieuses à l’un de ses meilleurs défenseurs de tous les temps.

Sur le coup de 19 h 30, Oswaldo Piazza fait son apparition sur la pelouse où l’attendent dirigeants et officiels de la ville de Saint-Etienne.

ST ETIENNE-LILLE
Roger Rocher remet une statuette à l’Argentin en remerciements de tous les services rendus à l’ASSE.

Il reçoit, pour la circonstance, la médaille d’or de la ville de Saint-Etienne ainsi qu’un objet d’art. Le président Roger Rocher lui remet à son tour une très belle Coupe en hommage à ses 311 matches officiels disputés sous le maillot vert.

ST ETIENNE-LILLE
A l’occasion du match Saint-Etienne-Lille (0-0) du 3 août 1979, Oswaldo Piazza donne le coup d’envoi de la rencontre et reçoit une ovation du public du stade Geoffroy-Guichard.

 

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FranceFootball, 6 août 1979.
ST ETIENNE-LILLE
Oswaldo Piazza reçoit des mains du président Rocher une belle coupe sous l’œil attentif des 31 620 spectateurs.

Thierry CLEMENCEAU

 

Le cigare de la discorde

2 mai 1948. Saint-Etienne-Lille : 8- 3.

Avant le match Saint- Etienne-Lille, une même table réunit des dirigeants des deux camps, y compris le Stéphanois M. Charbonnier et le Lillois M. Véroone.

Et M. Charbonnier, qui prédit une nette victoire de ses poulains, s’apitoie sur le sort des Nordistes :

— Vraiment, je suis navré à l’avance de ce qui vous attend. Car je ne suis pas de ceux qui se réjouissent des malheurs qui arrivent à leurs amis.

— Bah ! répond M. Véroone, je vous offrirai quand même un cigare.

— Un cigare, reprend M. Charbonnier, mais où avez-vous vu qu’on fume le cigare aux enterrements ?

Th.C.

Vive le roi !

6 janvier 1952. Saint-Etienne-Lille : 1-3.

Avant le match Saint-Etienne-Lille, l’avant centre stéphanois Haond a été fêté à l’égal des « « Grands » de ce monde.

Une couronne dorée, que le joyeux Lucien Leduc avait apportée fut placée sur la tête du jeune avant-centre, et des cris nourris de « Vive le Roi ! » firent trembler les parois du vestiaire.

On se serait presque cru au Louvre, au temps des Bourbons. Haond parut très touché par cette manifestation, mais il eut le tort de ne pas garder sa couronne sur la tête pour affronter les Lillois.

Qui .sait ? Prévost, ou « l’Empereur » -puisqu’il a le style impérial- aurait peut-être eu des égards pour le nouveau roi.

Th.C.

 

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Metz-Saint-Etienne : dernier test avant Cologne

Ce samedi 14 mars 2015, l’AS Saint-Etienne se déplace à Metz. Après leur victoire contre Lorient (2-0), les hommes de Christophe Galtier iront au stade Saint-Symphorien avec la ferme intention de s’y imposer. Le 11 septembre 1971, les Verts d’Albert Batteux répétaient leurs gammes à Metz avant de recevoir Cologne quatre jours plus tard en Coupe UEFA. C’était aussi l’occasion pour le gardien André Castel de disputer son premier match sous ses nouvelles couleurs. Récit.

Le mercredi 1er septembre 1971, Saint-Etienne s’impose 4 à 0 face à Angoulême lors de la 5e journée de Division 1. Malgré l’ampleur du score, l’équipe d’Albert Batteux y laisse quelques forces vives. Georges Bereta, blessé à une cheville, quitte ses partenaires en boitillant. Dans les dernières minutes du temps réglementaire, c’est le tour de Samardzic de se faire une entorse du genou.

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L’Equipe, 8 septembre 1971.

Pour compléter ce tableau, Gérard Migeon, le gardien stéphanois, termine la rencontre avec une belle entorse à la cheville droite. Plâtré dès le lendemain, sa participation contre Cologne en Coupe UEFA semble très compromise.

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L’Equipe, 4 septembre 1971.

Salif Keita, l’homme en forme

Après un premier match difficile à domicile contre Nîmes (1-3), les Stéphanois sont en progression constante. Bien que défaits à Nantes (4-3, 2e j.), ils restent sur trois victoires consécutives : contre Reims (9-1), Sochaux (2-0) et  Angoulême (4-0). En cinq rencontres, Salif Keita a inscrit 7 buts et partage la première place du classement des buteurs avec le Nîmois Jacky Vergnes.

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L’Equipe, 11 septembre 1971.

Metz veut faire trinquer les Verts

A Metz, ce match contre les Verts est attendu comme une réhabilitation. Jacques Favre et ses joueurs n’ont toujours pas digéré la défaite subie contre Nancy (0-1) dans le derby lorrain. Ils espèrent bien faire trinquer les Verts qui n’ont plus connu la défaite depuis le 31 décembre 1961 (6-0). Pour changer le cours de l’histoire, l’entraîneur messin compte sur les retours de Zvunka, Sondergaard et Jeitz. Mais le plus attendu est celui de Nestor Combin. A lui seul, l’ancien Lyonnais est capable de faire basculer une rencontre.

Jacques Favre espère beaucoup du retour de Nestor Combin à la pointe de l'attaque messine.
Jacques Favre, l’entraîneur messin, espère beaucoup du retour de Nestor Combin pour dynamiser l’attaque messine.

 Après-midi télé pour les Stéphanois

Arrivés le samedi en fin de matinée, la délégation stéphanoise se repose l’après-midi à son hôtel. Au menu : une rencontre du Championnat d’Europe de basket opposant l’équipe de France à la Roumanie suivie de quelques résumés de matches de Bundesliga. Albert Batteux, de son côté, est tout heureux de converser avec une vieille connaissance « rémoise ». Roger Piantoni a fait le court déplacement de Nancy pour venir saluer son ancien partenaire de la grande époque rémoise.

Faute de bus, les Stéphanois arrivent en taxis

Saint-Etienne n’est plus le champion de France en titre mais l’affiche fait toujours recette. Ce samedi 11 septembre, 19 050 spectateurs garnissent les travées du stade Saint-Symphorien.

Il est 20 h 30, les deux équipes pénètrent sur la pelouse. Pourtant, cette rencontre a bien failli débuter avec plusieurs minutes de retard, voire être ajournée. En effet, le car qui devait conduire les joueurs stéphanois de leur hôtel au stade accusait un retard assez conséquent. Les joueurs stéphanois ont dû se résoudre à prendre des taxis. Alors que tous les véhicules étaient arrivés, un seul manque à l’appel : celui qui emmène le docteur Minasso, Keita, Parizon et Castel. Finalement, tout rentre dans l’ordre et Batteux est rassuré.

Il ne fallait pas arriver en retard

Le match débute sur un coup de théâtre. Sur l’engagement, Bereta, libre de tout marquage, s’enfonce dans le camp messin et sert Parizon qui n’a aucune difficulté à tromper Schuth. Après dix secondes de jeu, les Stéphanois mènent déjà 1 à 0 ce qui fait dire à Merchadier : «Les Messins ne touchèrent le ballon que pour le replacer au centre ».

Sous la houlette du duo très complémentaire Larqué-Bereta, et d’un Keita totalement libéré, les Verts imposent leur griffe sur ce match. « Nous nous entendons merveilleusement avec Jean-Michel, explique Bereta. Keita est heureux que je sois « derrière » car j’essaie de lui donner de bons ballons ».

André Castel (assis à côté de Christian Sarramagna) dispute ce 11 septembre 1971, son premier match avec l'AS Saint-Etienne.
André Castel (assis à côté de Christian Sarramagna) dispute ce 11 septembre 1971, son premier match avec l’AS Saint-Etienne.

Keita sur sa lancée

Metz tente de réagir par Combin et Bauda mais Castel veille aux grains et justifie la confiance placée en lui par les dirigeants stéphanois. Quelques minutes avant la mi-temps, Herbin sert Keita qui inscrit le deuxième but de Saint-Etienne (0-2, 35e). L’international malien conforte ainsi sa place de meilleur buteur de Division 1.

A la reprise, les Messins jouent leur va-tout. Nastouri et Bourgeois par deux fois et Atamaniuk inquiètent Castel. Mais Keita, sur un nouveau caviar d’Herbin, refroidit un peu plus les velléités mosellanes (0-3, 52e).

Les Stéphanois, décidément insatiables, trompent une quatrième fois Schuth par le jeune Patrick Revelli sur un action personnelle de Parizon (0-4, 70e). L’addition aurait pu être encore plus lourde si Keita n’avait pas vu son coup franc renvoyé par la transversale de Schuth.

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Salif Keita (ici avec Georges Bereta et Albert Batteux), auteur de deux nouveaux buts, conforte sa place de meilleur buteur de Division 1.

Bereta admiratif

A l’issue de cette soirée, l’international malien s’octroie la première place du classement des buteurs avec neuf réalisations. A 25 ans, il est le véritable leader d’attaque et apporte toute son expérience à ses jeunes coéquipiers que sont Parizon (21 ans), Revelli (20) et Sarramagna (19). Bereta, très admiratif dit de lui : « Il pourrait très certainement jouer au Brésil, il n’y a que lui pour pouvoir faire ce qu’il fait. »

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L’Equipe, 13 septembre 1971.

A quatre jours de recevoir Cologne en Coupe UEFA, les Verts ont retrouvé de leur éclat. L’alchimie entre les « anciens » et les jeunes pousses du club s’est opérée. Larqué, Herbin, Bereta et Keita s’affirment comme des leaders techniques. Lucien Jasseron a dit un jour qu’il suffisait dans une équipe de quatre leaders techniques pour que tout le monde suive. Saint-Etienne semble les avoir trouvés.

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FranceFootball, 14 septembre 1971.

Thierry CLEMENCEAU

 

André Castel chez les Verts

« Lorsqu’on est venu me dire à Nantes que M. Garonnaire souhaitait me voir pour me faire signer à Saint-Etienne, j’ai d’abord cru à une mauvaise plaisanterie. » André Castel, le nouveau gardien stéphanois n’en revient toujours pas. « Pensez, il était plus de 23 heures ! J’avais joué un match l’après-midi avec Laval contre Le Mans et j’étais couché. Je ne pouvais croire qu’un club comme Saint-Etienne puisse s’intéresser à moi. Enfin, je me suis levé et j’ai rejoint M. Garonnaire à son hôtel. Là, il m’a effectivement confirmé la nouvelle. J’ai mis un certain temps, je l’avoue, à réaliser. Pour moi, c’était tellement inespéré, inattendu, un rêve. »

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André Castel

Une nouvelle ère s’ouvre à Saint-Etienne

A Saint-Etienne, l’intersaison 1970-71 marque le début d’une nouvelle ère. Les expérimentés Carnus, Bosquier, Camérini, Durkovic et Hervé Revelli quittent le club. Pour les remplacer, Roger Rocher, en accord avec Albert Batteux, son entraîneur et Robert Herbin, son capitaine, décide de faire confiance aux jeunes du centre de formation. Sont ainsi promus : Alain Merchadier, Pierre Repellini, Christian Synaeghel, Christian Sarramagna, Jacques Santini et Gérard Migeon.

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La nouvelle génération stéphanoise : de d. à g. : Alain Merchadier, Christian Sarramagna, Christian Synaeghel, Gérard Migeon, Patrick Revelli, Jacques Santini et Pierre Repellini.

L’inquiètude du président Rocher

Les rencontres amicales d’avant-saison sont plutôt encourageantes avec notamment deux victoires sur Lyon (6-2) et Newcastle (2-1). Mais la lourde défaite encaissée face à Bratislava (1-5) fait l’effet d’une douche froide. Roger Rocher et Albert Batteux comprennent très vite que leur équipe est trop inexpérimentée. C’est ainsi que le défenseur central grenoblois Daniel Sanlaville est engagé pour seconder Merchadier. Désireux de posséder deux bons gardiens de but, le staff stéphanois recherche également une doublure à Gérard Migeon.

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Gérard Migeon, le jeune gardien stéphanois, fait partie de la génération montante.

« Notre préférence va à Castel »

Le junior Ollivain, malgré des qualités évidentes, est jugé encore un peu tendre pour la Division 1. Rocher demande alors à Pierre Garonnaire, le recruteur attitré des Verts, de prendre contact avec plusieurs gardiens. Sur les trois noms que lui présente ce dernier, Rocher jette son dévolu sur André Castel. « Notre préférence va à Castel, actuellement à Laval qui est désireux de venir chez nous. Il nous reste à nous mettre d’accord avec lui. » dit le président stéphanois. Rachid Mekloufi, de passage à Saint-Etienne conforte le président stéphanois dans son choix : « Vous pouvez le prendre. D’abord parce que c’est un excellent gardien. Ensuite parce qu’il a la baraka. » Il se souvient encore d’un Saint-Etienne-Nantes (3-3) au stade Geoffroy-Guichard le 9 octobre 1966. Ce jour-là, Castel avait effectué un grand match malgré ses trois buts encaissés.

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André Castel s’impose dans les airs, lors d’un match entre Nantes et les Girondins de Bordeaux.

Alors qu’il a débuté la saison en National avec Laval, Castel fait un voyage éclair à Saint-Etienne. L’entrevue avec les dirigeants stéphanois se passe bien et les deux parties se mettent d’accord sur les modalités du futur contrat. Pourtant, il repart à Laval sans donner son accord. Il ne souhaite pas quitter la Mayenne sans que son club lui ait trouvé un remplaçant. Ce qui sera fait avec la signature de Jacques Rose.

Dans l’ombre de Daniel Eon

Il part l’esprit libéré et paraphe, à 28 ans, un contrat de 2 ans avec l’AS Saint-Etienne. Après une absence de près de deux ans en Division 1, ce gardien audacieux s’apprête à vivre une nouvelle aventure. Son rôle de remplaçant ne le perturbe nullement d’autant qu’il a connu pareille situation à Nantes. De 1964 à 1967, il a vécu dans l’ombre de Daniel Eon, le titulaire du poste. Pourtant, l’occasion de s’affirmer lui sera donnée le 10 octobre 1964 lors d’un Nantes-Nîmes. « C’était mon premier match en Division 1 et je n’étais pas très fier. Un trac sournois me paralysait et Nîmes l’avait emporté 2 à 0. A 70%, j’étais responsable de ces deux buts encaissés et je ne souhaitais qu’une chose : prouver que c’était un accident et que je valais beaucoup mieux. Hélas, l’occasion ne m’en fut pas laissée car le dimanche suivant, Daniel, rétabli, reprenait normalement son poste. Et c’est comme cela que pendant longtemps, j’ai attendu et espéré. »

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André Castel, le nouveau gardien stéphanois, a été chaudement recommandé par Rachid Mekloufi au président Roger Rocher.

« Ils m’ont chaudement recommandé à Saint-Etienne »

José Arribas et les dirigeants nantais ne lui font que rarement confiance. Après Eon, c’est au tour de Fouché de le supplanter dans les cages nantaises. « Je ne leur en veux absolument pas, concède volontiers le néo-Stéphanois, d’autant qu’ils m’ont chaudement recommandé à Saint-Etienne. »

Son statut d’ «éternel» remplaçant le pousse à quitter Nantes en novembre 1970 pour signer un contrat amateur à Laval. Il ne restera que six mois en National mais cela le réconciliera avec le football.

Le coup de fil de Pierre Garonnaire constitue pour lui une opportunité de sortir de l’ombre. « On répète souvent qu’un gardien arrive à pleine maturité vers 28 ou 30 ans. Je n’ai plus de temps à perdre. J’ai progressé en confiance, en stabilité. Il me semble que j’ai plus de sûreté et de présence, que je commande mieux ma défense. A Nantes, j’étais trop jeune pour m’imposer. »

« Je me sens Stéphanois à part entière »

Son adaptation à Saint-Etienne se déroule normalement. « Mes nouveaux dirigeants m’ont réservé un accueil chaleureux et ont tout mis en oeuvre pour faciliter mon intégration, concède-t-il. Dès mon arrivée, M. Batteux m’a exposé avec une grande franchise ce qu’il attendait exactement de moi. Je me sens Stéphanois à part entière. J’ai un peu la sensation de débuter ici une seconde carrière. Contrairement à ce que je craignais, le passage du National à la Division 1 s’est effectué sans heurts. »

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André Castel profite de la blessure de Gérard Migeon pour s’imposer dans les buts stéphanois. En 1970-71, il dispute 26 rencontres.

Durant cette saison de transition pour les Verts, Migeon se blesse à plusieurs reprises. Le malheur des uns faisant le bonheur des autres, Castel profite de l’aubaine et dispute 26 rencontres dont les deux de Coupe d’Europe contre Cologne.

Migeon part, Curkovic arrive

Lors de l’intersaison suivante, Migeon, bien qu’encore lié avec Saint-Etienne pour quatre ans, demande à quitter le club.

Castel a enfin l’opportunité d’être le numéro 1 en Division 1. C’est sans compter sur l’arrivée d’un grand gardien en provenance de Yougoslavie : un certain Ivan Curkovic. Déçu, il accepte malgré tout de repartir pour une saison comme remplaçant. Mais las de cirer le banc de touche, il quitte définitivement Saint-Etienne en janvier 1973.

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Gérard Migeon, assis à côté de Salif Keita, quitte l’AS Saint-Etienne pour Toulon à la fin de la saison 1971-72.

Avec Nantes, André Castel avait fait ses grands débuts en professionnel contre Nîmes (0-2). Avec Saint-Etienne, il a disputé son dernier match… à Nîmes le 27 mai 1972. Comme avec Nantes, il connut également la défaite (0-4).

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L’Equipe, 15 décembre 1972.

Thierry CLEMENCEAU

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Saint-Etienne-Lorient : la bonne pêche des Verts

Ce dimanche 8 mars à 14 heures, l’AS Saint-Etienne reçoit le FC Lorient pour le compte de la 28e journée de Ligue 1. En 2003, année du 70e anniversaire du club, les Stéphanois de Frédéric Antonetti, alors pensionnaires de Ligue 2, vivaient une intersaison agitée. Le match contre Lorient allait donner quelques certitudes à Frédéric Antonetti. Récit.

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Le 15 août, contre Lorient, les supporters ont déployé un magnifique tifo « Depuis 1933 ». 70 ans plus tard, les Verts, pensionnaires de Ligue 2, espèrent retrouver la Ligue 1 au terme de la saison.

A Saint-Etienne, l’été 2003 n’est pas un long fleuve tranquille.
Petit flash back. Le 1er mai, Alain Bompard, après six années à la tête de l’ASSE, passe la main à Henri Grange. A 48 ans, cet amoureux des Verts devient le quinzième président de l’histoire de l’ASSE. Le club stéphanois, comme de nombreux clubs français, est en proie à de grosses difficultés financières. Le nouvel homme fort des Verts réussit ses débuts en convainquant les collectivités locales de soutenir le club. Pour lui, l’ASSE, même en Ligue 2, reste malgré tout le porte-drapeau d’une ville pour ne pas dire d’une région.

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Henri Grange a succédé à Alain Bompard à la tête de l’AS Saint-Etienne. A 48 ans, il devient le quinzième président de l’ASSE.

Sacma Agencements nouveau sponsor-maillot

Alliance Intérim, le sponsor-maillot, qui s’était engagé pour une saison supplémentaire, se désengage subitement. Grange enfile alors le bleu de chauffe et parvient à pallier cette défection inattendue. Il signe un bail avec Sacma Agencements, la société d’un certain Roland Romeyer. Ancien dirigeant de l’équipe de CFA, ce dernier possède une très bonne connaissance du club. En 2003-04, les Verts porteront sur leur nouveau maillot Duarig le nom de SACMA Agencements. Pour l’ASSE, ce partenariat est une véritable bouffée d’oxygène. Il lui reste désormais à convaincre les membres de la commission d’appel de la DNCG de lever la sanction qui a vu l’ASSE placée sous recrutement contrôlé. La sanction sera finalement levée le vendredi 11 juillet.

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France-Football, 15 juillet 2003.

Quinze départs à l’intersaison

Reste le côté sportif. Et là aussi, la tâche est ardue. Frédéric Antonetti, l’entraîneur stéphanois, doit reconstruire. Les finances du club, si elles sont plus saines, ne permettent pas de faire de folies. L’ASSE doit dégraisser au plus vite et diminuer sa masse salariale d’environ 40 %. Pour y parvenir, elle enregistre le départ de gros salaires parmi lesquels Baudry ou Casagrande. Il reste encore à trouver un accord pour Alex. Le Brésilien ne souhaite pas évoluer en Ligue 2. Entre l’ancienne idole du Chaudron et ses dirigeants, le torchon brûle. Convié à s’entraîner avec l’équipe réserve, il souhaite être transféré sans indemnité ce qui n’est pas dans les intentions de ses dirigeants.

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Alex, en désaccord avec les dirigeants de l’ASSE, a été prié de s’entraîner avec l’équipe réserve.

 

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FranceFootball, 29 juillet 2003.

Pour compenser tous ces départs, les dirigeants stéphanois ont réussi à conserver une saison de plus des joueurs comme Fabrice Jau, prêté par Bastia, ou Mickaël Citony, également prêté par Rennes. « On a obtenu les prêts de joueurs sur lesquels on possède une option exclusive d’ici à juin » explique Christian Villanova, le directeur du recrutement stéphanois.

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Laurent Morestin, libre de tout contrat, arrive à Saint-Etienne pour remplacer Eduardo Oliveira.

Morestin, Marin, Ilunga, Debec en renforts

Laurent Morestin, laissé libre par la Berrichonne de Châteauroux, s’est engagé avec les Verts. Ce stoppeur de métier est amené à remplacer poste pour poste Eduardo Oliveira.

Deux joueurs en manque de temps de jeu dans leur club respectif débarquent également à Saint-Etienne : Nicolas Marin et Herita Ilunga.

Le premier, depuis deux ans à Auxerre, n’a disputé que deux matches… comme remplaçant en Ligue 1. Auteur de quinze réalisations avec l’équipe réserve bourguignonne, il possède un beau sens du but. Frédéric Antonetti compte sur lui pour dynamiser un secteur offensif bien discret la saison écoulée. Il sera chargé d’épauler Lilian Compan et Mickaël Citony. Selon Villanova : « Il est capable d’évoluer à deux postes : soit dans l’axe, soit sur le côté droit. Sa faculté à éliminer ses adversaires le rend efficace et complète les qualités de Lilian Compan. »

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Nicolas Marin est la première recrue de l’ASSE. A 23 ans, il souhaite démontrer ses qualités et aider les Verts à retrouver la Ligue 1.

L’autre recrue s’appelle Herita Ilunga. Mis à l’essai durant le stage que les Verts ont effectué à Vichy, l’international de la RD Congo a su convaincre Antonetti de l’engager. A 22 ans, ce défenseur latéral français, formé à Rennes, est prêté avec option d’achat par l’Espanyol Barcelone. Villanova ne tarit pas d’éloges sur sa nouvelle recrue : « Il est très présent dans les duels qu’ils soient au sol ou aériens. C’est un pur gaucher. Il possède des qualités athlétiques très au-dessus de la moyenne, de la vitesse et de la percussion. »

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Herita Ilunga, formé à Rennes, est prêté à l’ASSE par l’Espanyol Barcelone.

Pour compléter la case « arrivées », Fabien Debec, transfuge de Coventry, ville anglaise jumelée avec Saint-Etienne, a signé pour une saison. Libre de tout engagement, il sera la doublure de Jérémie Janot.

« Il nous manque trois joueurs »

Cet immobilisme forcé sur le marché des transferts pourrait en inquiéter plus d’un. Pourtant, l’entraîneur des Verts, qui en a vu d’autres, se veut confiant. « Le club est passé trois fois devant la DNCG et il y a eu un changement de président, les choses ont donc été difficiles à mettre en place. Par conséquence, il nous manque trois joueurs pour changer de catégorie dans le Championnat. L’équipe qui a bien fini la saison n’a quasiment pas changé mais il faudra voir sur la durée. Le Championnat est long. »

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Le départ de Dominique Casagrande pour Créteil profite à Jérémie Janot.

A défaut de nouveaux renforts, Antonetti va non seulement faire confiance à la base du dernier exercice mais aussi puiser dans son centre de formation. Plusieurs joueurs frappent à la porte de l’équipe première, à commencer par le jeune Loïc Perrin.

Lorient, l’épouvantail de la Ligue 2

Recalé de justesse lors de la précédente saison (4e), Lorient s’est donné les moyens de ses ambitions. Christian Gourcuff, après un an passé au Qatar, revient chez les Merlus avec la ferme intention d’accéder à l’étage supérieur. Pour atteindre cet objectif, il pourra compter sur le concours du petit Ivoirien Baky Koné. Avec le trio Loko, Kroupi et Robson, son équipe est armée en attaque.

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Après un an passé au Qatar, Christian Gourcuff revient à Lorient. L’objectif des Merlus est clair : la montée en Ligue 1 au terme de la saison.

Au milieu de terrain, l’expérience a également été privilégiée. Christophe Bastien (Metz) et Stéphane Pédron (PSG) sont venus grossir les rangs des Merlus. Lorient affiche clairement ses ambitions.

Une défaite et une victoire pour débuter

Les Stéphanois ont débuté la saison par une défaite à Châteauroux (0-2) et une victoire à Nancy (1-0). Avec cette victoire en Lorraine, ils égalent le nombre de matches remportés à l’extérieur lors du précédent exercice. Le 31 août 2002 , lors de la 5e journée de Ligue 2, ils s’étaient en effet imposés 2 à 0 sur le terrain de Gueugnon.

« Saint-Etienne en L2, c’est une anomalie »

Après ces deux déplacements, Frédéric Antonetti ne désarme pas et réclame haut et fort des renforts : « Il nous faut du renfort. Saint-Etienne en L2, c’est une anomalie. Il faut rectifier le tir et pour cela, on ne peut pas faire les choses au ralenti, ou alors on dit que c’est une année de transition. »

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FranceFootball, 15 août 2003.
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Après Alex, Saint-Etienne transfère Oliveira et se déleste d’un autre gros salaire.

Swierczewski approché

A la recherche d’un milieu de terrain d’expérience, les dirigeants stéphanois avaient pensé à un retour de Piotr Swierczewski. A 31 ans, le Polonais qui déjà évolué à l’ASSE de 1993 à 1995, est libre de tout contrat. « On aurait évidemment aimé faire signer Piotr parce que c’est un guerrier et qu’il correspondait à nos critères de recherche. Malheureusement, c’est financièrement impossible » lâche Antonetti.

Antonetti : « Je revis ! »

Ce match face à Lorient, Nicolas Marin l’attend avec impatience : « J’ai hâte de découvrir Geoffroy-Guichard. » La victoire à Nancy a redonné le sourire au coach stéphanois : « Le redressement entamé depuis deux ans se poursuit. On a démarré cahin-caha. Mais au moins, aujourd’hui, si on demeure un club moyen de L2, on fait du vrai football. Et moi, je revis ! Je ne me surprends plus, par exemple, à venir certains matins sans envie. » Au sujet de son adversaire du jour, il se veut lucide : « Lorient a d’autres ambitions et des moyens bien supérieurs aux nôtres, ce qui explique, par exemple, que ce club a pu se payer Pédron et Bastien, que Saint-Etienne convoitait. »

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Tchiressoua Guel, le capitaine des Merlus, revient toujours avec plaisir au stade Geoffroy-Guichard.

Retour de Guel, Gauvin et Pédron

Stéphane Pédron attendait aussi ce match avec impatience. Souffrant d’une déchirure à l’insertion du quadriceps contractée à l’occasion du match contre Le Havre (2-0), l’ancien Stéphanois a tenu à faire le déplacement à Saint-Etienne. « Je ne l’aurais pas fait pour un autre match. Mais j’avais vraiment envie de retrouver Geoffroy-Guichard ! » Contrairement à Tchiressoua Guel et Anthony Gauvin, deux autres ex-Verts, c’est des tribunes qu’il suivra la rencontre.

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Malgré sa blessure, Stéphane Pédron a souhaité effectuer le déplacement à Saint-Etienne.

L’ambiance des grands jours

Ce 15 août 2003, 21 167 âmes vertes garnissent les tribunes du stade Geoffroy-Guichard. L’ambiance dans le chaudron est magnifique : de superbes tifos géants sont dressés par les kops Nord et Sud à l’entrée des deux équipes sur le terrain. Tous espèrent voir le favori lorientais chuter pour la première fois de la saison. La rencontre est retransmise par la chaîne privée Eurosport.

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Ce 15 août 2003, les supporters stéphanois déploient imagination et énergie pour animer les tribunes du stade Geoffroy-Guichard.

Le dessein des Verts consiste à bonifier leur victoire à Nancy. Pour cela, rien de tel que la venue du prétendant le plus sérieux à la montée à la Ligue 1. D’entrée de jeu, les deux attaquants stéphanois Compan (6e) et Marin (14e) tirent les premières cartouches. Loko réplique cinq minutes plus tard mais Janot s’interpose avec brio (19e).

Loko réplique à Compan

Les Stéphanois, très offensifs, sont récompensés de leurs efforts. Peu avant la demi-heure de jeu, Jau expédie une frappe lourde qu’Audard détourne en corner. Le coup de pied arrêté est  frappé par Hellebuyck qui trouve Compan étrangement seul aux six mètres. L’avant-centre stéphanois ne laisse pas passer l’occasion pour ouvrir le score de la tête (1-0, 28e).

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A la 28e minute, Compan ouvre la voie en inscrivant le premier but stéphanois à domicile.

Les Verts savourent leur avantage six petites minutes. Le temps qu’il faut à Lorient pour égaliser par le jeune Jérémy Morel. Sur une belle ouverture de Bouard, le remplaçant de Pédron laisse sur place Carteron, le capitaine stéphanois, et s’enfonce dans la surface. Dans un angle fermé, il trompe Janot, le gardien stéphanois (1-1, 34e).

ST ETIENNE-LORIENT (2-1)

En seconde mi-temps, Saint-Etienne continue de développer un jeu alerte sans pour autant trouver la faille. A trop attaquer, ils s’exposent aux contres lorientais. Tour à tour, Loko (61e), Koné (65e) et encore Loko (66e) font passer des frissons dans les travées de Geoffroy-Guichard.

Les grands débuts de Loïc Perrin

A la 84e minute, Stéphane Hernandez, victime d’une béquille, est remplacé par Loïc Perrin. Issu du centre de formation et à seulement 18 ans (il les a eus le 8 août), il effectue ses premiers pas avec l’ASSE en Ligue 2. Déjà inscrit sur la feuille de match à Nancy, ce Stéphanois pur souche goûte durant six minutes à ce sommet de Ligue 2.

MONACO-ST ETIENNE
A la 84e minute de Saint-Etienne-Lorient, Loïc Perrin effectue ses premiers pas en Ligue 2.

Le « joker » Dogbé marque enfin

Christian Gourcuff et ses joueurs semblent se contenter de ce match nul, le deuxième en autant de déplacements.

C’est sans compter sur Mickaël Dogbé, le « joker » vert de ce début de saison. Auteur du but victorieux contre Nancy une semaine plus tôt, le remplaçant de Marin (66e) fait chavirer le stade. Fred Mendy qui avait remplacé Citony (68e) sert parfaitement Dogbé aux 18 mètres. Le Togolais, tout heureux de l’aubaine, ajuste Audard et délivre les Verts (2-1, 88e).

Auteur de son deuxième but en trois matches, Dogbé efface sa première saison chez les Verts. Arrivé en 2002-03, il n’avait inscrit aucun but. Pour lui, l’opération rachat a commencé.

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Mickaël Dogbé, le « joker-buteur » des Verts, retrouve la confiance. En inscrivant le deuxième but stéphanois à la 88e minute, il propulse les Verts dans le haut du classement.

« Pour un entraîneur, c’est une chance de diriger Saint-Etienne »

Les Verts s’imposent 2 à 1 et remontent à la 5e place au classement. Avec deux victoires en trois journées, ils réalisent l’un des meilleurs départs depuis qu’ils ont retrouvé la Ligue 2. Frédéric Antonetti y voit des signes qui ne trompent pas. « La réussite, il faut savoir la provoquer. On a une équipe d’avenir, très jeune. Il y a des joueurs qui ont faim chez nous, qui ont une grosse envie de réussir. Notre objectif, c’est de redonner de l’espoir. Pour un entraîneur, c’est quand même une chance de diriger Saint-Etienne. Le Saint-Etienne 2003-04 est composé d’éléments qui débutent, certains ont signé leur premier contrat pro. »

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Avec deux victoires et une défaite, les Verts de Frédéric Antonetti réalisent un bon début de saison. L’entraîneur stéphanois est confiant en l’avenir.

Début décembre, Loïc Perrin signe son premier contrat professionnel. Il est  désormais lié à l’ASSE jusqu’en 2008. En février 2004, Julien Sablé, le vice-capitaine des Verts, dira de son jeune milieu de terrain : « C’est l’avenir. A l’écoute, très poli, il dispose de facilités physiques étonnantes. Un silencieux qui n’a pas de soucis à se faire : il réalisera une belle carrière. »

Thierry CLEMENCEAU

Pour les retardataires, il n’est jamais trop tard…

Saint-Etienne-Lorient :

Antoine Cuissard : un mareyeur breton à Saint-Etienne

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Boulogne-Saint-Etienne : les Verts assurent l’essentiel

Ce mardi 3 mars 2015, l’AS Saint-Etienne se déplace à Boulogne-sur-Mer pour y disputer les quarts de finale de la Coupe de France. Le 3 mars 1974, soit quarante-un ans, jour pour jour, les Stéphanois se déplaçaient au stade de la Libération pour y affronter les Boulonnais de José Pelletier, un ex-Vert. Récit.

 

Le 8 février, à 11 heures, c’est un couple bien connu des Français qui a l’honneur d’effectuer le tirage au sort des seizièmes de finale de la Coupe de France.

L'Equipe, 8 février 1974.
L’Equipe, 8 février 1974.

L’animateur télé qui reconnaît ne pas être un grand amateur de football, et son épouse et actrice, Danielle Evenou, désignent deux chocs de Division 1 dont un fameux Nantes-Nîmes. Les Canaris n’ont pas la chance des Stéphanois. Dans cette épreuve, ils sont confrontés pour la onzième fois consécutivement à un club de l’élite. Les époux Martin ont la main beaucoup plus légère pour les Verts qui se voient désigner un club de Division 2 : Boulogne-sur-Mer.

L'Equipe, 9 février 1974.
L’Equipe, 9 février 1974.

Cette rencontre, si elle semble déséquilibrée sur le papier, semble satisfaire les deux parties. M. Depreux, le président de Boulogne, est très heureux de recevoir les Verts : « A priori, Saint-Etienne nous est supérieur, mais il y a toujours une petite incertitude en Coupe. Pour nous, il s’agira, de toute manière, d’un test probant. La venue des Stéphanois va nous permettre de voir si notre public répond et cela constituera une indication précieuse au cas où nous monterions en Division 1.»

L'Equipe 27 février 1974.
L’Equipe 27 février 1974.

Cette Coupe de France tient particulièrement à coeur à Robert Herbin. En tant que joueur, il l’a déjà gagné trois fois : en 1962, 1968 et 1970. Le successeur d’Albert Batteux depuis 1972 espère connaître les mêmes joies dans cette compétition.

Les joueurs et dirigeants stéphanois reçus à l'Elysée par le président Georges Pompidou après leur doublé en 1970.
Les joueurs et dirigeants stéphanois sont reçus à l’Elysée par le président Georges Pompidou après leur doublé Coupe-Championnat en 1970.

Pelletier, un ancien Stéphanois

A Boulogne, les Stéphanois vont retrouver une vieille connaissance de la maison verte. Ancien défenseur de l’ASSE de 1967 à 1970, José Pelletier évolue à l’Union Sportive du Grand-Boulogne depuis 4 ans dont il est le talentueux capitaine. Originaire de Sail-sous-Couzan comme Aimé Jacquet et Yves Triantafilos, il n’a disputé que 7 matches sous le maillot vert. Malgré des qualités indéniables, tant dans le placement que dans le jeu aérien, il n’est jamais parvenu à s’imposer dans une défense stéphanoise qui comptaient nombre d’internationaux.

José Pelletier, un capitaine heureux à Boulogne.
José Pelletier, un capitaine heureux à Boulogne.

Aux quatre coins de l’hexagone, Saint-Etienne fait toujours recette et cette confrontation dans le Nord ne fait pas exception à la règle. Avec ce tour de Coupe, les dirigeants boulonnais espèrent battre le record de spectateurs (10 035) détenu avec la venue du LOSC quand Boulogne a retrouvé le professionnalisme à la fin des années 50.

« Allez l’Union »

Un tel engouement pousse la municipalité à prendre des mesures exceptionnelles pour satisfaire le plus grand nombre. C’est ainsi que M. Degardin, l’adjoint aux Sports, a pris les choses en main. Le lundi précédant la rencontre, les camions des services municipaux ont sillonné le littoral afin de réquisitionner bancs et chaises disponibles ici et là. Plusieurs tribunes supplémentaires ont ainsi été installées. A Boulogne, les dirigeants ne veulent laisser personne en dehors du stade. Enfin, pour marquer l’évènement, les supporters ne sont pas en reste non plus. Ils ont confectionné un programme de match « Allez l’Union » vendu à un prix modique.

Si une telle effervescence a du bon, elle peut aussi rajouter de la nervosité à son équipe. Pour préparer au mieux cette rencontre, Jacques Favre, l’entraîneur boulonnais, a décidé d’emmener ses joueurs s’entraîner sur un petit terrain à quelques kilomètres de la ville. A l’abri des regards, il en profite pour mettre au point différentes tactiques destinées à contrer les attaquants stéphanois.

Rother toujours absent

Navarro, blessé, c’est Micheline qui aura la lourde tâche de marquer Hervé Revelli, l’avant-centre et buteur stéphanois. Si le doute plane toujours pour Dewilder, victime d’une déchirure musculaire, l’absence de l’ailier polonais Rother, après une fracture de la jambe contractée au stade Henri-Jooris contre Lille, est confirmée.

A Saint-Etienne, le point perdu à domicile en Championnat devant Strasbourg (3-3) n’est désormais plus qu’un mauvais souvenir. La victoire sans appel à Bordeaux (5-0) a redonné confiance aux hommes de Robert Herbin.

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Pierre Garonnaire ne prend pas ce match aller de la Coupe de France à la lègère. Il a supervisé Boulogne contre Lorient avant le déplacement des Stéphanois.

« Il ne faut pas croire que nous allons nous balader »

Dès le mercredi matin, une belle couche de neige recouvre le terrain d’entraînement. Pierre Garonnaire, présent à cette séance au côté d’Herbin, prend cette rencontre très au sérieux : « Il ne faut pas croire que nous allons nous balader car les Boulonnais, devant leur public, vont nous poser des problèmes. Leur équipe est excellente et certainement supérieure à certaines de Première Division.

Je suis allé à Boulogne la voir jouer contre Lorient. C’est dire que, depuis que le sort lui a désigné Boulogne comme adversaire en Coupe de France, l’Association Sportive de Saint-Etienne a pris ce match très au sérieux, tout comme s’il s’agissait d’une équipe de Première Division. »

Ski de fond au mont Pilat

L’après-midi, l’entraîneur stéphanois concocte à ses joueurs un programme original. A l’exception de Christian Sarramagna qui soigne un claquage, tous prennent la direction des bois enneigés du mont Pilat. Sur place, ils chaussent les skis de fond et parcourent sept à huit kilomètres à 1 200 mètres d’altitude.

A Boulogne, la neige a également fait son apparition. Cet aléa ne refroidit pourtant nullement le service billetterie. Le jeudi, plus de 6 000 billets ont déjà trouvé preneurs.

Dewilder est apte

Le vendredi, après le dernier entraînement, Favre lève le voile sur les incertitudes. L’ex-capitaine de Monaco, Robert Dewilder, est apte. En attaque, Fuchs, bien que touché à une jambe et à peine rétabli d’une bronchite, a été appelé à former le quatuor offensif en compagnie de l’espoir du club Guimard, Jankowic et Edom.

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A Saint-Etienne, les conditions climatiques ne sont pas meilleures qu’à Boulogne. Le dernier entraînement s’effectue sous une tempête de neige, ce qui oblige Herbin à organiser des petits matches sur le terrain couvert.

A Saint-Etienne, le dernier entraînement se déroule sous une tempête de neige ce qui oblige les Stéphanois à se replier sur le terrain synthétique qui jouxte le stade Geoffroy-Guichard. Herbin a concocté des petits matches à six contre six où chaque équipe n’est autorisée à marquer que de la tête. A ce jeu-là, les frères Revelli, Lopez, Piazza, Bathenay et Merchadier se montrent les plus redoutables. A propos de ce dernier, bien que remis d’une douleur à un genou, il devra encore patienter pour faire son retour dans le onze de départ. Herbin ne change pas une équipe qui gagne.

FranceFootball, 5 mars 1974.
FranceFootball, 5 mars 1974.

Le samedi, à 15 h 30, la délégation stéphanoise s’envole à destination du Nord de la France. A 18 heures, le petit avion personnel du club se pose sur l’aérodrome du Touquet. Les joueurs et dirigeants passent la nuit dans un hôtel à Hardelot, située sur la Côte d’Opale entre Boulogne-sur-Mer et le Touquet.

« Une équipe de Division 1 pourrait vivre ici »

Ce dimanche 3 mars, à 12 heures, le stade de la Libération a ouvert ses portes. Avant le « grand » match, les équipes de Corbeil et d’Evreux s’affrontent en lever de rideau.

7 316 spectateurs, pour la plupart enrubannés de rouge et noir, sont prêts pour l’exploit. Si le record d’entrées n’est pas battu, cette ferveur pour un match de football à Boulogne rend heureux René Depreux, le président de l’USGB : « Voyez-vous, dit-il, le fait de voir 8 000 spectateurs dans notre stade me donne raison et démontre qu’une équipe de Division 1 pourrait vivre ici, à condition d’obtenir de bons résultats. Il suffisait que les structures soient encore améliorées. »

Les Verts tuent le match en cinq minutes

Mais comme l’avait laissé entendre Garonnaire, les Stéphanois ne sont pas venus en touristes. Après vingt minutes de jeu, Hervé Revelli profite d’une faute de main de Conrath, le gardien boulonnais, pour ouvrir le score (0-1, 21e).

Cinq minutes plus tard, une action rondement menée par Georges Bereta et Hervé Revelli fait à nouveau mouche . Le petit gaucher stéphanois, de l’extérieur du pied, expédie un tir lobé en « feuille morte » qui surprend Conrath, légèrement avancé (0-2, 26e). En cinq minutes, les Verts viennent de mettre K.O. les valeureux boulonnais mais trop limités pour inquiéter les nouveaux leaders de la Division 1.

En une mi-temps, Georges Bereta (à gauche) et Hervé Revelli (à droite), auteurs d'un but chacun, ont assommé les Boulonnais.
En une mi-temps, Georges Bereta (à gauche) et Hervé Revelli (à droite), auteurs d’un but chacun, ont assommé les Boulonnais.

Les Verts empruntés

A la reprise, à la surprise générale, l’équipe stéphanoise semble empruntée, voire effacée. Cette baisse de régime profite à Boulogne et l’infatigable Dewilder inquiète à plusieurs reprises Curkovic (56e et 58e). A Boulogne, le duo Manon-Dewilder, très complémentaire, soutient la comparaison avec son homologue stéphanois. En fin de match, ce même Dewilder (87e) et Pelletier (89e) manquent d’un rien de réduire le score.

Malgré une seconde mi-temps apathique de la part de son équipe, Herbin a perçu quelques signes de satisfaction. Le retour de Piazza en défense centrale et surtout la présence de Bathenay au milieu de terrain ont consolidé la ligne arrières qui flottait depuis quelques matches.

E 4 MARS 74
L’Equipe, 4 mars 1974.

Au match retour, Saint-Etienne s’impose à nouveau 2 à 0 et se qualifie sans difficulté pour les huitièmes de finale de cette Coupe de France.

 

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LA PHOTO

Le 20 juin 1969, Yves Triantafilos quitte l’AS Saint-Etienne, son club formateur et s’engage avec l’US Boulougne.

L'US Boulogne 1969-70.
L’US Boulogne 1969-70. Yves Triantafilos (au centre des joueurs accroupis) a été recruté pour dynamiser l’attaque boulonnaise.

 

 

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