Blog 3 – Les Verts vainqueurs du tournoi d’Evian

Jacques Foix et Koczur Ferry ont quitté Saint-Etienne pour Nice. Jean De Cecco est parti à Nantes alors que Joseph Ibanez a rejoint Perpignan. Au rayon des arrivées, seul le Lillois Bernard Lefèvre a posé ses valises à Saint-Etienne. Le recrutement estival stéphanois s’arrêtera-t-il à une seule arrivée pour quatre départs ? Le compte n’y est pas pour les supporters. Pourtant, ce déséquilibre ne semble nullement inquiéter Jean Snella. L’entraîneur stéphanois est bien décidé à faire confiance aux jeunes formés au sein du club. En ce début août 1956, ses seules préoccupations sont tournées vers les matches de préparation, à commencer par celui contre Grenoble qui se tiendra à Dunières. En Haute-Loire, il va pouvoir jauger des forces qu’il aura à sa disposition cette saison. S’il ne souhaite pas dévoiler l’équipe qui débutera la rencontre, il concède : « Je m’accorde encore vingt-quatre heures de réflexion, je puis tout de même vous dire que dix-sept ou dix-huit joueurs seront du déplacement et seront présents sur le terrain pendant au moins une mi-temps. »

Un avant-centre marocain à l’essai

A Dunières, outre les jeunes du club qui devraient constituer une belle curiosité, l’attraction de cette rencontre estivale contre Grenoble pourrait peut-être venir d’une potentielle recrue. « Il est possible que nous mettions à profit ce premier match de la saison pour essayer un nouveau joueur, un avant », confie Pierre Faurand. Déjà testé par Nîmes lors de l’intersaison 1955, Ali Djelloul, ex-pensionnaire du F.U.S. Rabat, pourrait être testé pour l’occasion. Les contacts avec ce joueur remontent au 8 janvier 1956 lorsque Saint-Etienne avait arraché sa qualification en Coupe de France à Casablanca contre le WAC (2-1 après prolongations).

 Saint-Etienne-Grenoble : 3-1 (2-0)

Buts.- Saint-Etienne : Lefèvre (15e, 32e), Peyroche (62e) ; Grenoble : Mendez (83e).

1ère mi-temps :
AS Saint-Etienne : Abbes – Wicart, Wassmer – Domingo, R. Tylinski, Ferrier – Goujon, Mekloufi, Fouillen, Rijvers, Lefèvre. Entr.: Snella.
FC Grenoble : Rouxel – Hermann, Matthey – Piatek, Blazyk, Tissot – Battistella, Sarrin, Lewandowitch, Carrier, Miet. Entr. : Dupraz

2e mi-temps :
AS Saint-Etienne : Ferrière – M. Tylinski, Wassmer – Domingo, Fellahi, Ferrier ; Da Silva, Oleksiak, Djelloul, N’Jo Lea – Peyroche.
FC Grenoble : Rouxel – Hermann, Matthey – Piatek, Blazyk, Tissot – Battistella, Genin, Guidoni, Passina, Mendez.

Doublé de Lefèvre

Devant une belle chambrée, a-t-on coutume de dire, Saint-Etienne s’impose 3 à 1 contre Grenoble. Le caractère amical de cette rencontre donne quelques certitudes à Jean Snella. Auteur de son premier doublé sous ses nouvelles couleurs, Lefèvre a montré en une mi-temps que l’on pouvait compter sur lui. Son entente avec Rijvers promet des lendemains enchanteurs.

Orphelin depuis peu de Ferry, joueur formé à La Combelle comme les frères Tylinski et lui entre autres, Domingo a déjà trouvé en Ferrier le parfait complément au milieu de terrain. N’Jo Lea, revenu récemment du Cameroun, semble, quant à lui, déjà très affûté. Enfin, Ali Djelloul, testé lors de la deuxième mi-temps, n’a guère convaincu. Sa condition physique précaire n’a pas permis à l’entraîneur stéphanois de se faire une idée précise des capacités du joueur.

Le rendez-vous d’Evian

Cette première revue d’effectif terminée, Jean Snella a déjà les yeux tournés vers Evian. Les 11 et 12 août, l’ASSE a été invitée au tournoi international d’Evian. Elle aura pour adversaires Bruges (Belgique), Seimering de Vienne (Autriche) et le FC Zurich (Suisse).

Jeudi 9 août. La météo est estivale à Saint-Etienne. Pour parfaire la forme de ses joueurs, Jean Snella programme un petit match d’entraînement au stade Geoffroy-Guichard. A dix jours du déplacement à Nice, il souhaite se faire une idée plus précise de l’équipe qui sera amenée à débuter le Championnat. Alors qu’il capte ses premiers ballons dans les airs et effectue ses premiers dégagements au pied, Claude Abbes se plaint de l’épaule. Le gardien des Verts vient de se froisser un muscle. L’entraîneur stéphanois décide alors de ne prendre aucun risque avec son international. Pour le premier match contre Zurich à Evian (tel en a décidé le tirage au sort), Jacques Ferrière gardera les cages.

Fouillen et Peyroche restent à la maison

Samedi 11 août. Il est 9 h 50 -pas une minute de plus- quand les joueurs convoqués par Snella prennent la direction de la Haute-Savoie. Deux joueurs manquent toutefois à l’appel : Armand Fouillen et Georges Peyroche. Le premier qui devait être essayé au poste d’avant-centre, est victime de furoncles. Le second se plaint du genou et doit se résoudre à consulter le médecin du club qui diagnostique une légère entorse du genou. Au repos pour dix jours, il ratera le déplacement à Nice le 19 août.

L’école hôtelière comme Résidence

Claude Abbes est du voyage. Il prendra une décision en fin de soirée concernant sa participation ou non au match de dimanche. A son arrivée dans la ville thermale, aux alentours de 16 heures, la délégation stéphanoise prend possession de l’école d’industrie hôtelière qui leur servira de lieu de villégiature pendant deux jours.

Les Verts impitoyables pour Zurich

Après leur succès sur Grenoble (3-1), les Verts démontrent contre Zurich qu’ils possèdent une attaque de premier plan. Victorieux 7 à 2 du club suisse, le public savoyard est conquis par les dribbles de Mekloufi, la clairvoyance et les contrepieds de Rijvers ou encore les envolées de N’Jo Lea. Jean Snella commence même à se demander si son équipe ne devrait pas disputer tous ses matches en nocturne. En finale, Saint-Etienne affrontera les Autrichiens de Vienne, difficiles vainqueurs de Bruges 3 à 2.

Saint-Etienne-Zurich : 7-2

Saint-Etienne : Ferrière – Wicart, R. Tylinski, Wassmer – Domingo, Ferrier – Goujon, Mekloufi, N’Jo Lea, Rijvers, Lefèvre.

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Le ballon de la finale du tournoi d’Evian le 12 août 1956. Musée des Verts.

Lefèvre est reparti à Lille

En finale, Jean Snella a sensiblement modifié son onze de départ. Abbes, Michel Tylinski et Oleksiak ont remplacé Ferrières, Wassmer et Lefèvre. Comme convenu, la nouvelle recrue stéphanoise est repartie à Lille pour effectuer son déménagement et prendre définitivement résidence à Saint-Etienne.

« On n’a pas tous les jours 20 ans… »

Ce dimanche 12 août 1956, Rachid Mekloufi a 20 ans. Et comme le chantait si élégamment Berthe Silva en 1935, ce dimanche d’août, Rachid Mekloufi fête son anniversaire. Cet évènement ne pouvant passer sous silence, avant cette finale contre Vienne, dirigeants et joueurs stéphanois offrent une belle gerbe de fleurs à leur coéquipier, ému par ce geste affectueux.

Mekloufi signe un doublé

Pris à la gorge d’entrée de jeu, les joueurs de Vienne n’hésitent pas à user de la force pour stopper -souvent irrégulièrement- les attaquants virevoltants de Saint-Etienne. Dès la 20e minute, François Wicart est le premier à faire les frais de la fougue autrichienne. Blessé, le défenseur stéphanois est remplacé par Assassi Fellahi. A la 25e minute, la beauté du jeu pratiquée par les Verts est récompensée par un but de Rachid Mekloufi. Le score ne bougera plus jusqu’à la pause.

A la reprise, Jean Snella procède à un changement : René Ferrier cède sa place à Emile Wassmer. A la 60e minute, Rachid, comme on l’appelle le plus souvent, déjà affûté, signe son premier doublé de la saison. Menés de deux buts, les Autrichiens se lancent -enfin- à l’assaut des cages gardées par Claude Abbes. A jouer leur va-tout, ils libèrent des espaces qui profitent aux attaquants stéphanois. Auteur de plusieurs arrêts décisifs, le gardien viennois ne peut rien en revanche sur une nouvelle tentative de Domingo (76e). Ce troisième but assure ainsi le succès des Stéphanois dans ce tournoi.

On en reste là. M. Louis, l’adjoint aux Sports de la Mairie de Saint-Etienne, félicite les vainqueurs. Puis, l’épouse du préfet de Haute-Savoie remet un magnifique objet d’art  qui récompense le club du président Faurand.

Jean Snella est tout sourire. A travers ces deux rencontres, ses joueurs lui ont démontré, s’il en était besoin, qu’ils étaient fin prêts pour débuter la saison à Nice.

Saint-Etienne-Vienne : 3-0

Saint-Etienne : Abbes – M. Tylinski, Wicart (Fellahi, 20e) – Domingo, R. Tylinski, Ferrier – Goujon, Mekloufi, N’Jo Lea, Rijvers, Oleksiak.

Le lundi matin, aux alentours de 9 heures, la délégation stéphanoise regagne la préfecture de la Loire avec un premier succès qui est amené à en appelé d’autres. Inévitablement.

Thierry CLEMENCEAU

Brèves en stock

Lors de la première journée de Championnat le 19 août, deux matches se disputeront en nocturne. Toulouse-RC Paris (21 h 30) et Toulon-Aix (21 h).

Courtisé un temps par Saint-Etienne et surtout Reims, Bruno Bollini demeurera encore stadiste lors de la saison 1956-57. Les avances du Toulouse FC (on parle de 8 millions d’anciens francs) n’ont pas réussi à faire fléchir les dirigeants parisiens.

 

Bordeaux : objectif remontée

Le 7 mai 1950, le club des Girondins de Bordeaux fêtait son premier titre de champion de France. Six ans plus tard, le club aquitain quitte à nouveau la Division 1 par la petite porte. De l’équipe du titre, il ne reste aujourd’hui que Garriga, Kargu, De Harder et Doye. Il faut remonter à la saison 1946-47 pour voir les Bordelais connaître pareille mésaventure. Remontés deux ans plus tard, ils avaient tenu dignement leur rang en se classant 1er en 1950, 2e en 1952, 3e en 1953 et 1954 et 6e en 1951 et 1955.

Les dirigeants Bordelais, convaincus que leur place est en Division 1, ont réussi à conserver De Harder, véritable métronome. Gérard est demeuré entraîneur. La ligne d’attaque a, en revanche, été recomposée. Le grand espoir Couronne (ex-Béziers) a débarqué en Gironde ainsi que l’ailier gauche paraguayen de Toulon, Unzaïn. Ils seront ainsi associés au très remuant Roland Guillas et Domenger. En défense, Gérard pourra compter sur les expérimentés Pierre Bernard et Kargu.

 

Transféré de l’Etoile Sportive de La Talaudière à l’ASSE en 1951, l’ancien attaquant stéphanois Raymond Haond revient à ses premières amours. Autrefois « chouchou » du stade Geoffroy-Guichard, il terminera sa carrière à La Talaudière.

Th.C.

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Le Chaudron se visite aussi

http://www.museedesverts.fr/

Visite guidée du Musée des Verts avec le Conservateur

Découvrez ou redécouvrez le Musée des Verts comme vous ne l’avez jamais vu !

ASSE Musée des Verts - Visite guidée du Musée des Verts avec le Conservateur

Événements marquants ou méconnus, objets de légende ou insolites, anecdotes sur les matches et les joueurs… A l’occasion d’une visite, venez  discuter et tester vos connaissances auprès du Conservateur du Musée des Verts, Philippe Gastal.

Visite guidée : mardi 8 novembre 2016 à 14h30
Public : adultes
Durée : 1h30
Tarif : de 12 € (10 € en tarif réduit)

Privilège carte membre : gratuit contre 500 étoiles. 

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Blog 2 : les vacances sont finies

Les ovations qui ont salué la victoire de Walko dans le Tour de France se sont à  peine éteintes que déjà, dans tous les clubs de football, les affaires sérieuses ont repris pour les joueurs pros.

Ce vendredi 27 juillet, du côté du stade Geoffroy-Guichard, l’agitation est un peu plus perceptible que les autres matins. Pour les joueurs de l’AS Saint-Etienne, comme pour la plupart des footballeurs français, les vacances sont terminées. René Domingo doit ranger les siennes au rayon des souvenirs. Le capitaine des Verts est rentré de Monaco où il a passé du bon temps avec quelques amis. L’heure de la reprise a donc sonné.

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Blog 1 – Saint-Etienne : entre stabilité et ambitions

Le 5 juin 1956, à Saint-Etienne, on a mis les petits plats dans les grands. Bien que démissionnaire du Groupement des joueurs professionnels, Paul Nicolas a effectué le déplacement dans la Loire pour inaugurer le nouveau local de l’ASSE situé au 13 rue de la Résistance.

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Programme du match ASSE-OM – Musée des Verts.

Devant un parterre composé de personnalités locales telles que M. Fraissinette, maire de la ville, M. Paret, secrétaire du club, mais aussi Roger Rocher et Jean Snella, le président Pierre Faurand prononce une brève allocution. Après avoir remercié M. le Maire, il a promis, à travers son club de football, de faire tout son possible pour promouvoir la ville tant en France qu’à l’étranger. « Après avoir sorti l’ASSE d’un mauvais pas, reconnaît-il, reconstitué l’équipe, formé des jeunes, organisé ce siège et apporté quelques aménagements secondaires au stade Geoffroy-Guichard, notre premier souci est maintenant d’avoir un stade digne de Saint-Etienne. »

A l’issue de cette cérémonie, Paul Nicolas remet à Jean Snella, l’entraîneur stéphanois, la médaille du Groupement.

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