Le Tour de France au pays des Verts (2/2)

Ce jeudi 17 juillet 2014, le Tour de France fait escale à Saint-Etienne. De 1950 à aujourd’hui, les coureurs sont passés à vingt-deux reprises dans la capitale du cycle. Deux étapes seulement ont fait escale au stade Geoffroy-Guichard. Quand football et cyclisme se rejoignent. Bonne lecture.

Le Tour se décide à  » Sainté « 

Jeudi 17 juillet 1980 19ème étape : Voreppe-Saint-Etienne (139 km).

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L’Equipe

Exceptionnellement, le Tour arrive chez les Verts devant Geoffroy Guichard. Après la traversée des Alpes, le peloton s’offre sa traditionnelle étape de transition. Il faut attendre le bas du col de la Croix de Chaubouret pour voir Sean Kelly attaquer en compagnie d’Ismaël Lejarreta. A l’arrivée, la cité stéphanoise a l’honneur d’accueillir en vainqueur le futur numéro 1 mondial. Kelly dispose facilement au sprint de son compagnon d’échappée, le peloton sur leurs talons à 20 ».

Vainqueur final du Tour de France : Joop Zoetemelk

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Johnny Rep vient féliciter son compatriote Joop Zootemelk à l’arrivée à Saint-Etienne.

Les temps changent…

Trente ans avant cette étape, le jeune Roger Rocher pilotait une voiture de presse. A cette occasion, il éprouvait beaucoup de difficultés pour « resquiller » un laisser-passer qui lui permettait d’être sur la ligne d’arrivée des étapes du Tour de France. Jeudi, à l’occasion de l’étape Voreppe-Saint-Etienne, c’est lui qui en tant que président de l’AS Saint-Etienne, recevait coureurs et officiels sur la ligne d’arrivée placée devant le stade Geoffroy-Guichard.

 

Vendredi 18 juillet 1980 20ème étape : Saint-Etienne-Saint-Etienne (34 km c.l.m.).

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L’Equipe

Le lendemain, l’étape contre-la-montre dans la périphérie stéphanoise fixe définitivement les positions au classement général. Sur le parcours difficile – La Talaudière, Saint-Héand, La Fouillouse, l’Etrat – les cadors entrent en scène. Si Ferdinand Julien, membre d’une équipe de chômeurs constituée spécialement pour le Tour, déçoit, Zoetemelk l’emporte. Le  » vieux Joop « , Kuiper et Martin s’assoient définitivement sur le podium.

Vainqueur final du Tour de France : Joop Zoetemelk

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Lors de l’étape Voreppe-Saint-Etienne, si Johnny Rep avait pu saluer son compatriote et futur vainqueur du Tour de France, Joop Zoetemelk, en revanche, il n’a pu assister au contre la montre le lendemain. Il était convoqué pour aller disputer un match avec l’équipe réserve de Guy Briet à Gueugnon.

Laurent Fignon et Pascal Simon.
Laurent Fignon et Pascal Simon.

 

Vidéo INA : le contre-la-montre Saint-Etienne-Saint-Etienne.

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Dimanche 17 juillet 1983 16ème étape : Issoire-Saint-Etienne (144 km).

L'Equipe
L’Equipe

Cette étape est marquée par la souffrance et le sang. Suite à une chute qui lui fracture l’omoplate, le maillot jaune de Pascal Simon est en sursis et Fignon attend patiemment son heure. A Pontempeyrat, village frontière entre Puy-de-Dôme et Loire, Michel Laurent s’échappe avec Lubberding. Sur le cours Fauriel retrouvé, le final est digne de ceux de feu le Vel d’hiv, rue Denis Papin. Après une séance de surplace, Lubberding est contraint d’emmener le sprint et  » ferme brusquement la porte  » à Laurent qui chute le long des balustrades. Déclaré vainqueur par les juges, il passe le bras levé, le vélo sur l’épaule à la manière d’un cyclo-crossman, la ligne d’arrivée sous les vivats du public. A cette occasion, Hervé Vilard fête ses 40 ans place de l’Hôtel de Ville.

Vainqueur final du Tour de France : Laurent Fignon

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Laurent Fignon, brillant vainqueur de l’édition 1983.

 

Samedi 13 juillet 1985 14ème étape : Autrans-Saint-Etienne (179 km).

L'Equipe
L’Equipe

Après l’offensive du régional de l’étape Dominique Garde, Lucho Herrera, le  » petit jardinier  » de Fusagasuga s’en va seul dans le col de l’Oeillon. Derrière, la bagarre commence : Lemond, Delgado, Schepers, Parra, Rodrigues, Millar, Forest, Peeters et Weller explosent le peloton contrôlé par le maillot jaune, Bernard Hinault. Herrera l’emporte au final devant un groupe où Lemond asseoit définitivement sa place de dauphin et la mainmise de l’équipe  » La Vie Claire « . Quant à Bernard Hinault, ses relations avec le cours Fauriel deviennent célèbres. Victime d’une chute lors de l’emballage final, l’image de son visage ensanglanté contribua à sa légende.

Vainqueur final du Tour de France : Bernard Hinault

AUTRANS/ST ETIENNE
Bernard Hinault, le visage ensanglanté après sa chute sur le Cours Fauriel.

Vidéo INA : Dans la 14ème étape du tour de France entre Autrans et Saint-Etienne, le maillot jaune Bernard HINAULT fait une chute aux conséquences spectaculaires dans le sprint d’arrivée, sur Le Cours Fauriel à Saint-Etienne.

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Roger Rocher, un ancien du Tour

Un spectateur de marque à l’arrivée dans la capitale du Forez samedi après-midi : Roger Rocher, l’ancien président de l’AS Saint-Etienne. Polo léger, silhouette amincie, l’allure encore jeune, celui qui fut le personnage central des grandes heures stéphanoises n’était pas là pour se faire voir : « Le Tour de France, nous rappela t’il, c’est toute une tranche de ma jeunesse, quand j’étais le chauffeur des « Galeries » dans la caravane. C’était au début des années 50 et j’en ai fait cinq. »
Beaucoup d’eau ayant depuis lors coulé sous les ponts, Roger Rocher vit maintenant une existence paisible dans sa bonne ville, et il reste profondément attaché au club qu’il hissa au sommet de la pyramide européenne.

« Et vos démêlés  extra-sportifs avec la justice ? lui avons-nous demandé.
Réponse de l’ex-patron des Verts, tout à fait relax :
« La montagne accouchera d’une souris ! »

Roger Rocher, l'homme à la pipe et Pierre Garonnaire, le recruteur
Roger Rocher (ici avec Pierre Garonnaire) a été chauffeur pour les « Galeries » dans les années 50.

 

Mercredi 23 juillet 1986 19ème étape : Villard-de-Lans-Saint-Etienne (179 km).

L'Equipe
L’Equipe

Julian Gorospe réalise un joli numéro en parcourant 128 km d’échappée solitaire pour vaincre dans la capitale du cycle. Derrière, les régionaux animent : Dominique Garde et Gilles Mas essaient de sortir à leur tour. Le 1er, après une descente rapide, prend la 3ème place, battu au final par l’Australien Phil Anderson. Les cadors, eux, s’expliquent le lendemain…

Vainqueur final du Tour de France : Greg Lemond

VILLARD DE LANS/ST ETIENNE

 

Jeudi 24 juillet 1986 20ème étape : Saint-Etienne-Saint-Etienne (58 km c.l.m).

L'Equipe
L’Equipe

Le contre-la-montre se résume à un duel Hinault-Lemond. En dépit de la promesse faite à son équipier, Hinault joue réellement la victoire finale. Trahi par un physique qui n’est désormais plus à la hauteur de son orgueil, il fléchit spectaculairement dans les Alpes et laisse le  » yellow jersey  » à Greg Lemond. Ce dernier entend montrer sa supériorité dans l’effort individuel. Le parcours est très vallonné : en partant de Côte-Chaude, les coureurs rallient l’arrivée par Saint-Just-sur-Loire, les vallées du Furan, de l’Onzon, du Gier et du Janon. Au coude à coude tout au long du parcours avec le  » Blaireau « , Lemond chute en bas de Rochetaillée puis change de bicyclette. Il perd finalement 25 » et l’étape mais préserve l’essentiel : 2’18 » d’avance au général sur Hinault qui dépose finalement et officiellement les armes et passe pour celui qui a fait gagner son jeune équipier.

Vainqueur final du Tour de France : Greg Lemond

ST ETIENNE/PUY DE DOME
Greg Lemond félicité par Valéry Giscard d’Estaing

 Une course en jaune, rose, vert

Samedi 14 juillet 1990 13ème étape : Villard-de-Lans-Saint-Etienne (149 km).

L'Equipe
L’Equipe

Après les étapes alpestres, Claudio Chiappucci, fort de l’échappée du premier jour, compte encore 6′ sur Breukink et 7′ sur Lemond. Les  » Z « , l’équipe du champion américain, attaquent sous l’impulsion de Ronan Pensec pour isoler le maillot jaune rapidement privé d’équipiers. Chiappucci ne peut résister longtemps au harcèlement et laisse partir Chozas, Conti, Hampsten, Breukink et Lemond dans le col de la Croix de Chaubouret. Surpris, Delgado réagit avec un temps de retard en compagnie notamment de Bugno et… Indurain. Pour le maillot jaune, l’étape tourne au cauchemar : isolé durant une grande partie de l’étape, il perd 5′ et le Tour de France. Au final, Chozas, le baroudeur, devance de justesse Breukink pour le gain de l’étape. Lemond, au deux tiers de l’épreuve, entrevoit enfin la précieuse tunique jaune à 2′ devant lui.

Vainqueur final du Tour de France : Greg Lemond

 

Lundi 20 juillet 1992 15ème étape : Bourg-d’Oisans-Saint-Etienne (198 km).

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L’Equipe

Au jeu des couleurs, le rose et le vert remplacent le jaune dans cette étape stéphanoise. Car si le maillot du leader est solidement accroché sur les larges épaules d’Indurain, Jalabert et Museuw se battent  » à coups de points  » pour la conquête du maillot vert. A 36 km de l’arrivée, Chioccioli, vainqueur du Tour d’Italie en 1991 s’échappe à la manière de Fausto Coppi, le campionissimo auquel il ressemble tant. Plus personne ne le reverra. Derrière, Jalabert distance Museuw dans le col de la Croix de Chaubouret, et empoche le gain de la 4ème place. Le futur numéro 1 mondial gagne définitivement le maillot vert, Saint-Etienne un prestigieux vainqueur.

Vainqueur final du Tour de France : Miguel Indurain

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Miguel Indurain, futur vainqueur du Tour de France.

Des baroudeurs et un maillot jaune

Jeudi 13 juillet 1995 11ème étape : Bourg-d’Oisans-Saint-Etienne (199 km).

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L’Equipe

Au km 46, Armand de Las Cuevas fait la différence en compagnie d’Aldag, Tafi, Jaermann, Maassen, Buenahora et Sciandri. Après Pélussin, l’instigateur de l’échappée, victime d’une  » attaque boomerang  » ne peut suivre le Colombien Hernan Buenahora et Maximilian Sciandri. Ce dernier, citoyen du monde, né en Angleterre, vivant en Italie mais ayant opté pour la nationalité anglaise l’emporte facilement au sprint. Derrière, Jalabert se bat encore pour le maillot vert. Sur la ligne, il devance de justesse Abdoujaparov sur le braquet monumental – rappelons-nous que le cours Fauriel monte – de 53 X 11 ! Il prépare déjà un 14 juillet de feu sur les routes de Mende.

Vainqueur final du Tour de France : Miguel Indurain

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Indurain mène la course devant Riis et Zulle.

 

Vendredi 18 juillet 1997 12ème étape : Saint-Etienne-Saint-Etienne (55 km c.l.m.).

L'Equipe
L’Equipe

Entre Pyrénées et Alpes, Saint-Etienne est le lieu du rendez-vous incontournable du Tour avec le premier contre-la-montre. Le jeune champion allemand Jan Ullrich a déjà fait la différence dans les cols pyrénéens : il devance Richard Virenque de près de 3′, Olano, Riis, Pantani et Escartin de près de 5′. Dans l’ascension de la Valla-en-Gier et devant un public nombreux, il monte plus vite que Marco Pantani et Richard Virenque. Si ce dernier s’accroche courageusement à la 2ème place de l’étape, il se fait rejoindre par la mobylette allemande aux alentours de Saint-Genest-Malifaux. A la manière de Miguel Indurain, avec près de 6′ d’avance sur son dauphin Virenque, Ullrich assomme le Tour avant même le passage des Alpes.

Vainqueur final du Tour de France : Jan Ullrich

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Jan Ulrich, vainqueur du contre-la-montre à Saint-Etienne.

 

Dessel inconditionnel des Verts

Cyril Dessel, justement, est lui aussi un grand supporter des Verts. Professionnel depuis l’année 2000, il joue de malchance à plusieurs reprises. Avec son grand ami et témoin de mariage Julien Jurdie, ils n’hésitent pas à venir encourager les Verts les soirs de match au Stade Geoffroy-Guichard.

TOULOUSE/BAGNERES DE BIGORRE

Le 13 juillet 2006, après sa prise du maillot jaune dans l’étape, il confie dans L’Equipe : «  Je vis exactement entre Lyon et Saint-Étienne, à Farnay, vers Rives-de-Gier mais, à cause du foot, je me sens plus stéphanois. J’adore aller à Geoffroy-Guichard voir jouer les Verts. Il y a une ambiance dans le Chaudron qu’en vélo on ne connaît pas. » Jurdie se marre. « Hier, au départ de l’étape, on avait pour objectif le maillot à pois, observe-t-il. À l’arrivée, il l’a eu, avec le Jaune en prime. Dommage qu’il n’ait pas eu aussi le vert, ça aurait fait plaisir à Élie Baup (ex-entraîneur de Saint-Étienne) et aux joueurs ! » En décembre 2006, Dessel, toujours accompagné de Jurdie, son directeur sportif chez AG2R- Prévoyance, donne le coup d’envoi du match de championnat qui oppose Saint-Etienne à Lorient.

Mes rêves en jaune au pays des Verts

Fin 2009, son livre intitulé « Mes rêves en jaune au pays des Verts » aux éditions Phénicie décrit sa passion quasi égale pour le vélo et le foot. En 2011, cloué dans son Forez natal à cause d’une prostatite aiguë, entre deux entraînements, c’est l’écharpe verte autour du cou qu’il oublie ses ennuis de santé. Manque de chance pour lui, les Verts sont aussi mal en point que leur cycliste de supporter. Ils enchaînent quatre défaites consécutives. Malentendant, Cyril Dessel apprécie Roland Romeyer, le président du directoire de l’ASSE. Ce dernier, qui fait du tandem avec un non-voyant, apprécie Dessel et l’invite souvent à venir voir des matches.

 

Jeudi 15 juillet 1999 11ème étape : Bourg-d’Oisans-Saint-Etienne (199 km).

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L’Equipe

Les  » gros bras  » se relâchent, laissant quelques coureurs affamés de victoire à l’avant de la course. Une échappée de 7 se forme bientôt. Parmi eux, nous retrouvons des baroudeurs tels Ludo Dierckxsens, Verbrugghe ou le Kazakh Vinokourov.  » Vino « , asphyxié par sa propre accélération au pied du Pilat doit laisser partir le Belge Dierckxsens, l’ancien ouvrier de l’industrie automobile passé professionnel à 29 ans. Sa victoire dans la cité industrieuse est un clin d’oeil au destin. Vinokourov, sur le chemin d’une belle carrière, attendra !

Vainqueur final du Tour de France : Lance Amstrong

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Le point de vue de Jean-Michel Rouet – L’Equipe du 16 juillet 1999.

La der d’Amstrong

Samedi 23 juillet 2005 20ème étape : Saint-Etienne- Saint-Etienne (55 km c.l.m.).

L'Equipe
L’Equipe

Pour son retour après 6 ans d’absence, le Tour de France offre un beau cadeau à la capitale ligérienne : le contre-la-montre final, celui qui décide pour de bon de la hiérarchie de l’épreuve. Malheureusement par la supériorité manifeste des Discovery Channel de Lance Amstrong, le suspense se limite à la course pour la troisième place et sur la première victoire d’étape éventuelle du maillot jaune. Le parcours où sont massés plusieurs centaines de milliers de spectateurs, moins dur qu’en 1997, est néanmoins très nerveux et exigeant avec la côte de Saint-Héand et le col de la Gachet. Ivan Basso part le plus rapidement mais très vite Amstrong prend un avantage qu’il ne lâchera plus. Seul Jan Ullrich s’accroche pour ne débourser que 23 secondes au final et récupère in extremis une place sur le podium du Tour. Chez lui, Alexandre Vinokourov salue à sa manière la mémoire du regretté Andrei Kivilev en s’emparant de la dernière marche du podium. L’événement du jour, outre la dernière victoire de la carrière de Lance Amstrong, est le cauchemar que vit Michaël Rasmussen : jusqu’alors 3ème du classement général et maillot à pois, il chute 2 fois, change de vélo 3 fois et dégringole à la 7ème place au classement général.

Vainqueur final du Tour de France : Lance Amstrong

 

Vidéo INA : Retransmission de la 20ème étape du Tour de France, un contre-la-montre individuel de 55 kilomètres autour de Saint-Etienne. L’Américain Lance ARMSTRONG remporte l’étape et consolide son maillot jaune à la veille de l’arrivée à Paris. Il devance l’Allemand Jan ULLRICH et le Kazakh Alexandre VINOKOUROV.

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Baup sous le charme

Sur le cyclisme, Elie Baup est insatiable. Dans sa prime jeunesse, il n’hésitait pas à prendre son vélo pour assister à des courses dans son Ariège natale. En 1971, le jour de l’accident d’Ocana dans le col de Mente, il était présent. Le 13 juillet 2008, c’est à bord de la voiture de L’Equipe qu’il assiste à l’étape du Tour. Dans le journal daté du lendemain, il confie : « Ce sport est vraiment trop beau. C’est le seul spectacle gratuit. Ici, dans notre région, on vivait ça comme l’évènement de l’année. Et c’est encore le cas aujourd’hui. » Abonné à Vélo Magazine, la rubrique cyclisme de L’Equipe n’a pas de secret pour lui. Quand il connaît le tracé du Tour, il n’est pas rare qu’il organise avec le club où il entraîne un stage d’avant-saison où une étape dans les Pyrénées. « C’est pour la bonne cause. Le vélo, c’est la vie. Les coureurs méritent toute notre admiration, on a trop tendance à oublier leur souffrance. A chaque fois que je viens, je suis sous le charme. » Présent au village-départ à Toulouse, sur la place du Capitole, soutenir l’association « Un maillot pour la vie » qui pour but de venir en aide aux enfants malades, il ne cache pas son admiration pour Richard Virenque et Jacky Durand. Plutôt discret dans la vie, l’ex-entraîneur des Verts n’oublie pas de saluer Cyril Dessel qui roule pour AG2R-La Mondiale. Les deux hommes se connaissent depuis le passage de Baup à Saint-Etienne. Ils s’apprécient beaucoup et échangent souvent au téléphone sur leur métier respectif.

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Elie Baup pose avec Cyril Dessel qu’il a connu quand il entraînait les Verts.

 

Jeudi 24 juillet 2008 18ème étape : Bourg d’Oisans- Saint-Etienne (196,5 km).

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L’Equipe
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L’Equipe 24 juillet 2008

Un groupe se détache d’entrée, mais Casar, assez proche au général (15e) accepte de se relever. Sept coureurs restent en tête : Monfort, Augé, Burghardt, Lang, Schröder, Bichot et Pozzato. Les équipes Bouygues Telecom et Quick Step engagent vite la poursuite et l’écart se réduit à l’entrée de Grenoble, où seuls Augé, Bichot et Schröder insistent. Le peloton ne relâche pas la pression et l’échappée se termine au km 47. Barredo relance la course au km 65, il est pris en chasse par Burghardt et Feillu.

Dans le col de Parménie, au km 78, Barredo passe en tête avec 20 » sur Burghardt. Mais au km 80, le second rejoint le premier. Barredo tente à plusieurs reprises de surprendre son adversaire dans le final, sans y parvenir pour autant. Au sprint final, le démarrage tardif de Burghardt s’avère décisif malgré le retour de Barredo.

Vainqueur final du Tour de France: Carlos Sastre.

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Chronique de Bernard Chevalier – L’Equipe du 25 juillet 2008.

 

Les résumés d’étapes (à l’exception de celle de 2008) sont extraits du site des Archives Municipales de la Ville de Saint-Etienne que je remercie pour leur coopération.

http://archives.saint-etienne.fr/site/index.asp?rubrique=tranchesHistoire&srub_id=7

 

 

 Le pari fou de Roland Romeyer

Le 15 janvier 2013, l’AS Saint-Etienne élimine Lille en demi-finale de la Coupe de la Ligue et se qualifie pour la finale. Une première dans cette compétition pour le club du président Romeyer. La dernière finale disputée (et perdue) remonte à 1982 et la défaite contre le Paris SG (2-2, 5 tirs au but à 6) au Parc des Princes en Coupe de France. Roland Romeyer, le président du directoire de l’ASSE avait parié que si les Verts se qualifiaient, il rallierait Saint-Denis en… vélo.

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En tandem avec son ami non-voyant, Roland Romeyer, devant le stade Geoffroy-Guichard, donne les premiers coups de pédale de son défi fou : rejoindre le Stade de France à vélo.

C’est une aventure humaine unique qu’ont vécue les 42 coureurs du Défi Cœur-Vert. Conduit par Roland Romeyer, le Président du Directoire de l’ASSE, en tandem avec son ami non-voyant Yves Chaintreuil, Cyril Dessel, meilleur Français du Tour de France 2006, Bernard Vallet, meilleur grimpeur du Tour 1982 et Vivien Brisse, champion du monde de cyclisme sur piste en 2013, le peloton est entré dans le cadre majestueux du Stade de France le jeudi 18 avril après-midi, escorté par les motards de la garde républicaine après avoir traversé la place de la Bastille et la place de la République. Quatre jours de course pour autant d’étapes et plus de 500 kilomètres dans les mollets, Romeyer a tenu son pari.

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Stade de France, 16 h 30 : Roland Romeyer et les 41 autres coureurs entrent triomphalement dans l’enceinte de la finale pour un tour d’honneur bien mérité.

Solidaires jusqu’au dernier kilomètre, les 42 coureurs ont donc tenu leur pari. Un pari gagné qui a permis à l’association ASSE Cœur-Vert de reverser 42 000 euros à Mécénat Chirurgie Cardiaque et Life Priority.  En effet, grâce au soutien de nombreux partenaires et mécènes – le Crédit Agricole Loire-Haute-Loire, le Conseil général de la Loire, AG2R, Time, Ekoi, Markal, Métro, la Centrale de la Signalétique, STC Voyages-Rochette, Randstad – mais aussi de supporters, l’ensemble des kilomètres parcourus a été parrainé.

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Le 15 avril 2013, Roland Romeyer quitte Saint-Etienne pour Saint-Denis et le Stade de France.

 

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Jeudi, à l’occasion du passage du Tour de France à Saint-Etienne, si Roland Romeyer, pour des raisons de santé, ne sera pas sur son tandem, en revanche, l’AS Saint-Etienne sera bien présente sur la Grande Boucle avec l’association Cœur-Vert.

Entre Bourg-en-Bresse et Saint-Etienne, pas moins de … 42 coureurs précéderont la caravane du Tour pour l’association.

Site internet : http://www.assecoeurvert.fr/

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Roland Romeyer a tenu son pari. Les coureurs vêtus de vert ont rallié Saint-Denis en vélo.

 

Dominique Rocheteau se souvient

Dominique Rocheteau, aime le vélo et le Tour de France. En revanche, comme il le dit lui-même : « Faire du vélo, ce n’est pas mon truc. »

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Pour le site officiel du club de l’ASSE, il se remémore quelques souvenirs de la Grande Boucle.

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Le Tour en visite au Musée des Verts

A l’occasion du lancement de l’exposition sur la Coupe du monde de football, et pour célébrer le passage du Tour de France à Saint-Étienne, le Musée des Verts a accueilli, ce jeudi soir les membres de l’organisation de la Grande Boucle. Bernard Thévenet, double vainqueur du Tour de France se place, tire son pénalty et le transforme, malgré la belle détente de Stéphane Ruffier, qui effleure presque le ballon.

Le Musée des Verts a fait se croiser deux mondes, deux institutions du sport français, deux noms qui défendent une certaine idée du sport populaire et vecteur de valeurs humaines universelles. Avant l’animation du tir au but, Bernard Thévenet et ses camarades d’ASO, mais aussi des coureurs du Défi Coeur-Vert ayant parcouru les dix dernières kilomètres de l’étape du jour et des membres d’association de supporters de l’ASSE, ont voyagé dans la belle histoire des Verts. Pour célébrer le passage du Tour à Saint-Étienne, et le vernissage de l’exposition sur la Coupe du monde, le Musée des Verts était donc aux carrefour du sport : là où se croisent les légendes du ballon rond et les mythes du coup de pédale.

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La caravane du Tour s’est arrêtée au Musée des Verts. De g. à d. : Roland Romeyer, Bernard Thévenet, Christian Prudhomme, Dominique Rocheteau et Philippe Gastal. Photos : ASSE.fr

Christian Prudhomme, Directeur du Tour de France, était sans doute l’un des plus attentifs aux explications de Roland Romeyer, Président du Directoire de l’ASSE, Dominique Rocheteau, Coordinateur sportif, et Philippe Gastal, Conservateur du Musée des Verts. « Je suis né en 1960, j’ai pris de plein fouet l’épopée des Verts et la légende de l’AS Saint-Étienne», a-t-il expliqué. L’ancien journaliste sportif a également découvert d’un peu plus près la légende verte. «J’ai beaucoup appris durant la visite. J’avais plein de questions. L’ASSE a-t-elle toujours joué en vert ? C’est un exemple, il y a tant à découvrir sur ce club. Lorsque Dominique Rocheteau et moi nous sommes rencontrés à Paris pour parler de cette étape à Saint-Étienne, je lui ai bien entendu confirmé que nous viendrions au Musée des Verts. C’était un passage obligé. L’ASSE et le Tour sont ancrées dans l’imaginaire collectif. Ce sont deux institutions sportives qui se ressemblent.»

Quelques heures plus tôt, Saint-Étienne, capitale du cycle, avait fêté, pour la vingt-troisième fois, la venue du Tour de France sur ses routes. Des mythiques arrivées en bas du Cours Fauriel, jusqu’au contre-la-montre décisif de 2005 remporté par Lance Armstrong, futur vainqueur de la Grande Boucle, la cité stéphanoise «est profondément marquée par la culture vélo», selonChristian Prudhomme. «J’ai beaucoup de souvenirs du Tour à Saint-Étienne. Le premier qui me vient en tête est celui du 13 juillet 1985. La chute de Bernard Hinault, qui se casse le nez mais qui remporte quand même le Tour une dizaine de jours plus tard. Même les plus jeunes nous en parle encore.

 

Christian Prudhomme, Directeur du Tour de France, a profité de l’arrivée de la 12e étape à Saint-Etienne, pour visiter le Musée des Verts en compagnie d’une légende du cyclisme, Bernard Thévenet.

http://www.museedesverts.fr/

Ouverture exceptionnelle du Musée pour le Tour de France

A l’occasion du passage du Tour de France à Saint-Etienne, le Musée des Verts ouvrira ses portes les 17 et 18 juillet de 10h à 18h, en continu.

 

La Coupe du monde en bleu et vert

Le Musée des Verts se met à l’heure de la Coupe du monde en proposant une exposition unique dans laquelle des objets d’exception racontent  l’épopée des Bleus 98.

La scénographie du Musée des Verts a été conçue autour de 8 salles d’exposition dont une de 135 m2 consacrée aux expositions temporaires. Jusqu’au 10 octobre 2014, l’épopée de l’équipe de France championne du monde est au cœur d’une magnifique exposition temporaire consacrée à la Coupe du monde et à l’histoire qu’ont écrite des Verts d’hier et d’aujourd’hui dans cette compétition.

Du fameux carnet noir d’Aimé Jacquet aux manches coupées des maillots de Fabien Barthez en passant par des documents jusque-là confidentiels et des photos inédites prises par Jean Bibard et Stéphane Meunier dans l’intimité des vestiaires ou de Clairefontaine, l’exposition réunit de très nombreux objets soigneusement conservés par Philippe Tournon, l’incontournable chef de presse de l’équipe de France.

En plus de la collection de Philippe Tournon, laquelle comprend des maillots, billets, programmes et fanions, le Musée des Verts a rassemblé des pièces appartenant à de grands témoins :
– Henri Emile, entraîneur adjoint d’Aimé Jacquet ;
– Dominique Rocheteau, Coordinateur sportif de l’ASSE et 49 fois international de 1975 à 1986 ;
– Fabrice Grange, entraîneur des gardiens de l’équipe de France de 2006 à 2012 et membre du staff technique des Verts depuis 2012.

C’est également l’occasion de mettre en avant l’ASSE avec Aimé Jacquet, entraîneur de l’équipe championne du monde et ambassadeur à vie du club mais aussi le stade Geoffroy-Guichard, terre de football par excellence qui a abrité des matches de la Coupe du monde 1998.

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Le Musée des Verts, inauguré le vendredi 20 décembre 2013, a déjà accueilli plus de 38 000 visiteurs. L’ASSE est le premier club de football français à ouvrir un musée. Impulsée par le Conseil général de la Loire, la création de cet espace exceptionnel de 800 m2 répond à la volonté de l’ASSE de valoriser son histoire, de promouvoir ses valeurs et de satisfaire la passion de tous ses supporters. Elle s’inscrit dans le projet de rénovation du stade Geoffroy-Guichard, porté par Saint-Étienne Métropole. Ce projet exprime une volonté partagée de voir vivre un ensemble muséal unique autour d’un club de football mythique.

 

Aussi, l’exposition « Le cycle à Saint-Etienne, un siècle de savoir-faire » se tient au Musée d’Art et d’Industrie depuis le 28 juin 2014 jusqu’au 5 janvier 2015.

Site Internet : http://www.musee-art-industrie.saint-etienne.fr/content/visite-guidee-de-lexposition-cycle-a-saint-etienne-un-siecle-de-savoir-faire-0

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Le Tour de France au pays des Verts (1/2)

Ce jeudi 17 juillet 2014, le Tour de France fera escale à Saint-Etienne. De 1950 à aujourd’hui, les coureurs sont passés à vingt-deux reprises dans la capitale du cycle. Deux étapes seulement ont fait escale au stade Geoffroy-Guichard. Quand football et cyclisme se rejoignent. Bonne lecture.

 

Saint-Etienne capitale du cycle

La rencontre entre Saint-Etienne et le vélo est une histoire vieille de presque cent trente ans. C’est en effet dans cette ville en 1886 qu’est fabriquée la première bicyclette française. Très vite, l’industrie de fabrication des cycles devient florissante notamment grâce à l’armurier Etienne Mimard, célèbre créateur de la marque Hirondelle.

Affiche publicitaire Ravat "L'homme chic n'hésite pas" Dessinateur Armand Rapeno Imprimeur Gaillard, Paris, vers 1920 Collection MAI
Affiche publicitaire Ravat  « L’homme chic n’hésite pas » – Dessinateur Armand Rapeno – Imprimeur Gaillard, Paris, vers 1920 – Collection MAI

 

Les années 1920 représentent l’âge d’or du cycle à Saint-Etienne. Petites et grandes entreprises connaissent un véritable essor et assoient leur notoriété grâce à des innovations techniques comme l’invention du dérailleur.

A la veille de la seconde guerre mondiale, la France est le troisième constructeur mondial de vélos derrière la Grande-Bretagne et l’Allemagne. Saint-Etienne est alors considéré comme la capitale française du cycle. Ce succès ne se dément pas après la seconde guerre mondiale puisque 90% des roues libres françaises sont fabriquées à Saint-Etienne.

Triporteur Hirondelle pour Casino Manufracture française d'Armes et Cycles de Saint-Etienne, 1934-1939 Collection MAI © Gil Lebois / Musée d'Art et d'Industrie 2013
Triporteur Hirondelle pour Casino Manufracture française d’Armes et Cycles de Saint-Etienne, 1934-1939
Collection MAI
© Gil Lebois / Musée d’Art et d’Industrie 2013

 

Malgré quelques soubresauts et des efforts permanents en terme d’innovation, à partir des années 50, l’activité décline fortement. Même si cette branche de l’industrie stéphanoise n’est plus aussi puissante, elle demeure encore aujourd’hui un pôle d’excellence avec des entreprises telles que Stronglight, Olympic Cycle ou encore Cycles Mercier-France Loire.

Pour plus d’informations sur l’histoire du cycle à Saint-Etienne, l’exposition « Le cycle à Saint-Etienne, un siècle de savoir-faire » se tient au Musée d’Art et d’Industrie depuis le 28 juin 2014 jusqu’au 5 janvier 2015.

Site Internet : http://www.musee-art-industrie.saint-etienne.fr/content/visite-guidee-de-lexposition-cycle-a-saint-etienne-un-siecle-de-savoir-faire-0

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Le Vélodrome, un lieu mythique du vélo à Saint-Etienne

Aussi prégnant que l’activité minière, la ville de Saint-Etienne est une grande cité du vélo. Jusqu’à nos jours, elle reste un haut-lieu de la fabrication de cycles. Symbole de cette activité, la cité stéphanoise s’est dotée, dès 1924, d’un vélodrome couvert. Cet édifice pouvait accueillir jusqu’à 10 000 spectateurs ; il est resté durant des décennies le seul bâtiment de ce type en France avec le Vel’ d’Hiv’ de Paris. En hiver, les pistards profitaient de ce lieu couvert pour s’entraîner ou effectuer des compétitions.

Semaine du Cycle au Vélodrome de Saint-Etienne Photographie, 1928 Collection MAI
Semaine du Cycle au Vélodrome de Saint-Etienne
Photographie, 1928 – Collection MAI

Parmi les courses qui ont animé le Vélodrome, les 6 Jours, de mémoire d’homme, sont les plus marquantes. Organisés à dix-huit reprises entre 1928 et 1953, cette compétition est un véritable évènement populaire. Benoît Faure, originaire de Saint-Marcellin en Forez, dans la région stéphanoise, qui a terminé meilleur grimpeur du Tour de France en 1929, a participé à de nombreuses reprises aux 6 jours. C’est d’ailleurs au Vélodrome qu’il fait ses adieux au monde professionnel en 1951.

Roger Rivière, véritable enfant du Vélodrome (il habitait à deux pas), a marqué l’histoire de ce lieu. En février 1957, il est notamment recordman du monde des 10 kilomètres au Vélodrome de Saint-Etienne.

En mai 1959, dans un état de délabrement avancé, le Vélodrome ferme ses portes par décision municipale. Sa démolition est décidée deux ans plus tard. Très mal accepté par la population locale, la municipalité stéphanoise promet la construction d’un autre Vélodrome. Promesse non tenue…

 

Le Tour de France au pays des Verts

1903-1942 : les premiers passages

1903-1904 : en passant par la capitale du Forez ! Trois Stéphanois prennent le départ du deuxième Tour de France : le champion Alfred Faure, rival de Maurice Garin, vainqueur de la première édition en 1903, le père Paret, quinquagénaire à la santé vigoureuse (incroyable !) et Vassela.

C’est dans la deuxième étape Lyon-Marseille, le 10 juillet 1904, lors de l’ascension du col du Grand-Bois que se joue une tragi-comédie restée célèbre. Quelques  » excités  » supportant aveuglément le local Faure, assaillent le favori Garin qui reçoit force coups de matraque et ne doit son salut qu’à l’arrivée des organisateurs qui usent de leur revolver pour disperser les assaillants.

Paradoxalement, le Stéphanois Faure qui ne semble pas tout à fait étranger à ces incidents est déclaré vainqueur de cette étape au détriment d’Hippolyte Aucouturier dans le classement général définitif du 2 décembre. Maurice Garin, vainqueur final du Tour, sera déclassé et suspendu deux ans suite à des irrégularités. Ses trois suivants immédiats au classement général connaîtront la même infortune : c’est donc au 5e, Henri Cornet qu’échoit la victoire. Une succession d’évènements fâcheux a entaché la course qui est menacé dans son existence. Effectivement, si l’on en croit son directeur Henri Desgrange qui écrit dans le quotidien L’Auto :  » Le Tour de France est terminé et sa seconde édition aura, je le crois bien, été aussi la dernière. Il sera mort de son succès, des passions aveugles qu’il aura déchaînées, des injures et des sales soupçons qu’il nous aura valus des ignorants ou des méchants. Et pourtant, il nous avait semblé et il nous semble encore que nous avions édifié avec cette grande épreuve le monument le plus durable et le plus imposant du sport cycliste. Nous avions l’espoir, chaque année, avec elle, de faire, à travers la plus grande partie de la France, un peu de bien sportif. Les 1ers résultats de l’an passé étaient pour nous montrer que nous pensions juste et nous voici, à la fin du second Tour de France, écoeurés, découragés, ayant vécu ces trois semaines au milieu des pires calomnies et des pires injures « .

 

1942 : le Circuit de France pour oublier la guerre

Jacques Goddet se refuse à organiser, comme l’exigent les autorités allemandes, une épreuve calquée sur le Tour de France. Mais Jean Leuillot, son ancien compagnon de jeunesse du journal L’Auto, profite des circonstances pour relever le défi. Il crée une course sur route par étapes appelée le « Circuit de France « .

Le lundi 28 septembre, 69 coureurs s’élancent pour un périple d’une semaine comprenant 1 650 km, reliant Paris à Paris, via Le Mans, Poitiers, Limoges, Clermont-Ferrand, Saint-Etienne, Lyon et Dijon. On relève quelques noms connus… ou qui vont le devenir. Ils courent pour des marques : Caput pour « Dilecta », Lapebie, Louviot, Benoît Faure, le régional, et Brambilla pour « Mercier », Neuville pour « Helyett ». « Alcyon », « Genial Lucifer » et « France Sport » présentent également une équipe.

Le Circuit de France fait étape dans notre ville le jeudi 30 septembre 1942. L’étape partie de Clermont-Ferrand est longue de 213 km. Avec les Monts du Forez et son relief tourmenté, elle apparaît comme la plus difficile en l’absence des grands cols pyrénéens et alpins. Dans l’ascension du col du Béal, trois hommes se détachent irrémédiablement : Neuville, le leader du classement général, Thiétard et Brambilla. Le malheureux Benoît Faure qui voulait frapper un grand coup n’est pas dans l’échappée, un bris de pédalier l’a contraint à l’abandon.

Au stade de l’Etivallière, terme de cette étape, Neuville devance ses compagnons d’échappée. Les prisonniers rapatriés invités par le Comité de la FFC sur présentation de leur titre de mise en congé de captivité ou de libération ont pu assister à l’arrivée. Le lendemain, les coureurs se reposent à Saint-Etienne avant de gagner Lyon dans une demie étape contre la montre le samedi 3 octobre. Le dimanche 4 octobre, François Neuville remporte le  » Circuit de France « , pâle ersatz du Tour de France marqué par l’absence de tous les grands champions de l’époque (Leducq, Magne, Archambaud). Thiétard et Caput complètent le podium.

 

Géminiani dit le  » Grand fusil  » pour une première !

Jeudi 3 août 1950 19ème étape : Briançon-Saint-Etienne (291 km).

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L’Equipe

Après 46 ans d’absence, le Tour de France fait étape à Saint-Etienne. C’est le Clermontois Raphaël Géminiani qui franchit victorieusement la ligne d’arrivée sur le cours Fauriel. 8h 49’11 » lui ont été nécessaires pour vaincre les terribles difficultés d’un parcours de 291 km reliant la citadelle de Briançon à la capitale du cycle en passant par le col du Lautaret (2058 m), la côte de Saint-Nizier-de-Moucherotte et le col du Grand-Bois, appelé aussi col de la République.

BRIANCON/ST ETIENNE

C’est justement peu avant la côte de Saint-Nizier, qui permet de gagner le Vercors, que Louison Bobet passe à l’offensive, bien décidé à faire craquer le maillot jaune, le Suisse Ferdi Kubler. Mais l’écart ne grandit pas : 1′ seulement à Bourg-Argental avant d’escalader le Pilat par le col du Grand-Bois. Bobet est rejoint puis dépassé par son rival suisse, accompagné de Géminiani, Meunier, Kirchen, Piot, Verschueren, Impanis et Ockers.

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FranceFootball du 9 août 1950

A la Versanne, Géminiani contre attaque et lâche ses poursuivants. Ils ne le reverront plus. Quant à Bobet, il accusera un débours de 5’22 » à l’arrivée. Son rêve de victoire (victoire d’étape et finale) s’est envolé. Qu’importe ! Cette défaite marque plus les esprits que sa victoire à Briançon le jour précédent. Bobet ne le sait pas encore mais il vient d’entrer dans la légende et il lui reste à en écrire les plus belles pages !

Vainqueur final du Tour de France : Ferdi Kubler

Saint-Etienne.- L’international de football, Antoine CUISSARD, dans la matinée, rendit visite à son compatriote breton Louison Bobet . Les deux champions parlèrent du pays… et du Tour. Après quoi, acceptant l’invitation de Cuissard, Bobet alla déjeuner à « La Jasserie » à quelques kilomètres du col du Besat, qu’il reconnut au passage.

Vidéo Ina : Tour de France : Raphael GEMINIANI remporte l’étape de montagne Briançon-Saint Etienne devant le Suisse Ferdi KUBLER, qui conserve son maillot jaune. Résumé de l’étape.

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La revanche de Louison Bobet

Vendredi 24 juillet 1953 20ème étape : Lyon-Saint-Etienne, (70 km c.l.m.).

Le parcours de ce contre-la-montre propose  » une succession de montagnes russes sur des routes étroites et sinueuses  » dans les Monts du Lyonnais, à l’est de Saint-Etienne. Il est très difficile et seul un homme fort peut s’y imposer.

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L’Equipe

Bobet qui a reconnu le parcours en juin lors du championnat de France à Saint-Etienne l’emporte en 1h 49′, laissant Wim Van Est à 1’45 » et Fritz Schaer à 2’47 ». «  J’ai eu, pendant les 5 premiers kilomètres, l’impression que je rampais littéralement et que j’allais faire une bien mauvaise étape. Je n’y comprenais rien, j’étouffais et j’ai dû prendre sur moi-même pour retrouver mon calme. Je me suis efforcé de trouver un rythme régulier puis peu à peu ma confiance est revenue. Lorsque j’ai été remis, j’ai su que j’étais en avance. Je n’ai plus senti les pédales… Surtout lorsque j’ai enfin vu Close devant moi « .

La foule, toujours plus dense, au fur et à mesure que l’on approche du stade Geoffroy-Guichard plein à craquer, est en liesse. Pas surprenant ! La plupart des entreprises stéphanoises ont accordé un jour de congé à leurs salariés. Après sa cruelle désillusion dans l’ascension du col du Grand-Bois, dans l’étape Briançon-Saint-Etienne de 1950, Bobet tient sa revanche qui est aussi celle d’un public qui lui est entièrement acquis.

Vainqueur final du Tour de France : Louison Bobet

ST BRIEUC/BREST
Louison Bobet, le vainqueur du Tour de France pose en compagnie de l’accordéoniste Yvette Horner.

Vidéo INA : Le Tour du Cinquantenaire (1903 -1953). Résumé de la 20ème étape du Tour de France, Lyon-Saint Etienne, contre la montre individuel gagné par Louison Bobet.

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Ockers domine les grimpeurs dans le Pilat

Mercredi 25 juillet 1956 19ème étape : Grenoble-Saint-Etienne (173 km).

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L’Equipe

Gagner la capitale du cycle n’est pas chose aisée ! C’est particulièrement vrai quant on arrive par la vallée du Rhône. On aperçoit par temps clair le relais de télévision de l’Oeillon au pied duquel passe le col du même nom : 19 km d’ascension à 6 % de pente moyenne. C’est par là justement qu’arrivent les coureurs du Tour sous une chaleur accablante.

Roger Walkowiak est maillot jaune mais il peut encore tout perdre dans les terribles pentes de l’Oeillon, escaladé pour la 1ère fois, d’autant qu’il faudra aussitôt enchaîner avec le col de la République. Pélussin, 12 km du sommet, tous les grimpeurs patentés sont là : Bahamontès, Gaul, Ockers, Huot, Bauvin, Adriaenssens.  » Walko  » est aussi dans ce peloton de tête. Il chute ! Le temps de se remettre en selle, 40 » se sont écoulées. Ses rivaux en ont profité pour se faire la belle.

Aidé par ses coéquipiers, il aurait pu revenir sur l’échappée si la malchance ne l’avait pas à nouveau accablé : crevaison ! Est-ce nouvel incident qui décuple ses forces ou la soudaine clémence des Dieux du cyclisme desquels on se rapproche en même temps que du sommet ? Des 30 qui l’accompagnaient à 4 km du sommet, il n’en restait plus que 4, un km plus loin : Darrigade, Forestier, Privat et Janssens. Au sommet, Bahamontès à la lutte avec Gaul pour le classement de la montagne, passe le 1er. Bauvin et Adriaenssens les suivent de près, talonnés par un  » Walko  » survolté qui ne pointe plus qu’à 50 ». Ce dernier voltige dans la descente, reprend Bauvin pourtant réputé excellent descendeur puis rentre sur les échappés. C’est l’instant choisi par Ockers pour placer une mine : Gaul et Bahamontès s’observent,  » Walko  » et Bauvin récupèrent et Janssens ne ramène pas la meute sur son équipier.

La « puce de Bogerhaut« , surnom qui lui est attribué en raison de sa petite taille et de son lieu de naissance dans la banlieue d’Anvers, accroît rapidement son avance. Il passe en tête au col du Grand-Bois où Gaul prend sa revanche sur Bahamontès, marquant les points qui lui seront nécessaires pour finir meilleur grimpeur à Paris et plonge vers Saint-Etienne où il triomphe devant les deux  » géants  » de la montagne à 2’12 ». A plus de 3′, Walkowiak accompagné de Huot, Adriaenssens, Forestier et Bauvin franchissent à leur tour la ligne d’arrivée. Walkowiak n’a pas perdu son maillot jaune et gagnera le Tour de France.

Vainqueur final du Tour de France : Roger Walkowiak

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Félicité par Yvette Horner, Roger Walkowiak savoure la joie de recevoir une fois encore le bouquet et le maillot que dote généreusement Calor (photo L’Equipe)

Quand Faurand et Snella posent avec Le Ber

Le président de l’AS Saint-Etienne, M. Faurand, et l’entraîneur Jean Snella, sont venus au stade Geoffroy-Guichard assister au départ de l’étape contre la montre gagnée par Miguel Bover. Ils ont conversé avec l’ex-gardien de but junior du FC Rouen, Claude Le Ber, qui devait faire, ce jour-là, une excellente performance. Jean Snella, impressionné par le gabarit du Breton, lui dit :
– « Bâti comme vous l’êtes, vous auriez dû faire du football. »
– « Oui, j’ai gardé les buts du FC Rouen juniors », assure le coureur breton.

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Photo L’Equipe
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Echos extrait de FranceFootball – 31 juillet 1956

Roger Rivière donne le coup d’envoi

1957  : Saint-Etienne, champion en titre, est éliminé de la Coupe d’Europe par les « Rangers ». Au stade Geoffroy-Guichard, Roger Rivière donne le coup d’envoi de la rencontre. De g. à d. : Mekloufi, Njo-Léa, Rivière et Oleksiak (en arrière plan).

ST ETIENNE-GLASGOW RANGERS (2-1)

 

2ème bouquet pour le sprinter italien Dino Bruni sur ce Tour

Samedi 11 juillet 1959 16ème étape : Clermont-Ferrand-Saint-Etienne (210 km).

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Placée entre l’ascension du Puy-de-Dôme et le franchissement des Alpes, cette étape est qualifiée de transition. Avec le col des Pradeaux et celui de la Croix de l’Homme Mort, sitôt la traversée d’Ambert effectuée, elle pourrait pourtant sourire à un baroudeur. Il serait aussi surprenant que le régional de l’étape, Roger Rivière, ne tente pas sa chance. C’est dans le bas du dernier col qu’il essaye de surprendre un peloton vigilant qui ne le laisse pas partir.

Federico Bahamontes et Roger Rivière.
Federico Bahamontes et Roger Rivière.

C’est donc un  » paquet  » encore groupé qui traverse Saint-Marcellin-en-Forez où la caravane salue Benoît Faure, l’enfant du pays qui participa à 7 des Tours de l’Entre-deux-guerres. Plus pour longtemps ! André Darrigade, le sprinter place 2 accélérations foudroyantes ; par 2 fois, le peloton revient sur le fuyard et ses compagnons d’échappée, sauf Pauwels qui profite de la 2ème tentative pour prendre la roue. Il reçoit le concours de l’Italien Bruni, redoutable sprinter, et du Suisse Graff.

Ce dernier, formidable rouleur, assure l’essentiel du travail évitant à l’échappée d’être avalée par le peloton. Mais dans la dernière ligne droite, l’opportuniste Bruni le déborde. Pauwels, 3ème de l’étape revêt la tunique jaune abandonnée par son équipier Hoevenaers.

Vainqueur final du Tour de France : Federico Bahamontès

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La chronique du jour d’Antoine Blondin – L’Equipe

Vidéo INA : Repos pour les coureurs à Saint Etienne.

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1961-1978 : d’Anquetil à Hinault

Les sans grades vainqueurs, les gros au tapis

Dimanche 2 juillet 1961 8ème étape : Chalon-sur-Saône-Saint-Etienne (240 km).

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L’Equipe

Le peloton parti de Chalon-sur-Saône traverse le Beaujolais où il semble s’endormir. A Cours, sur les terres où il devint champion du Lyonnais amateur, Jean Forestier se joint à Stéphane Lach à l’avant de la course. Sous les yeux du malheureux Roger Rivière, leur avance atteint 5′ en plongeant sur Saint-Etienne. Là, le public stéphanois, oubliant la vieille rivalité lyonnaise acclame Forestier plus rapide au sprint.

Vainqueur final du Tour de France : Jacques Anquetil

L'Equipe
L’Equipe

Vidéo INA : 8ème étape : Châlon sur Saône-Saint Etienne. Echappée de Jean Forestier et Stéphane LACH. Le duel pour la victoire donne la victoire à Jean Forestier.

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Dimanche 7 juillet 1963 14ème étape : Aurillac-Saint-Etienne (236 kilomètres)

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Sentant l’air du pays, un maillot Mercier se détache : Jean Gainche attaque à 130 km de l’arrivée suivi par Novak, Ignolin (tous 2 équipiers d’Anquetil), Foucher et Enthoven. Gainche pense vivre son jour de gloire : il est maillot jaune virtuel et le meilleur finisseur du groupe. Pourtant,  » pancarte sur le dos « , il perd tout, surpris au sprint par Guy Ignolin. Mais la journée se termine réellement avec la colère de  » Maître Jacques « , furieux de voir des équipiers risquer son maillot jaune pour une victoire d’étape.

Vainqueur final du Tour de France : Jacques Anquetil

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Fred Mella et Jean-Louis Jaubert des Compagnons de la Chanson accompagnés d’Yvette Horner et son accordéon.

Vidéo INA : 14ème étape du Tour de France, Aurillac-Saint Etienne gagnée par Guy Ignolin.

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 La phrase

Pendant le Tour de France 1965, Anatole Novak, l’auteur d’une échappée « fleuve » ne dit-il pas au soir de sa folle équipée :

« J’aurais dû continuer à jouer au ballon plutôt que d’être cycliste. J’ai fait mon régiment au Bataillon de Joinville où j’ai été très copain avec Ferrier, Tylinski, Loncle et Goujon. Je les suis dans les journaux. Avant, j’étais supporter de Reims, maintenant, je suis plus particulièrement Saint-Etienne. »

 

Lundi 11 juillet 1966 19ème étape : Chamonix-Saint-Etienne (264 km). IMG_1609 Le cyclisme roule à l’envers : un Anglais, futur recordman du monde de l’heure, lâche un Espagnol sur les pentes de la Croix de Chaubouret. Reléguant Martin à l’arrière, Ferdinand Bracke l’emporte sur le cours Fauriel où le régional de l’étape, Maurice Benet est fêté. Mais l’essentiel est ailleurs. Anquetil, malade, abandonne dans la côte de Serrières. Une page de l’histoire du cyclisme se tourne.

Vainqueur final du Tour de France : Lucien Aimar

GALA DES SPORTS
Jacques Anquetil et Annie Cordy.

Vidéo INA : 19ème étape du Tour de France, Chamonix-Saint Etienne gagnée par Ferdinand BRACKE. Marquée par l’abandon d’ANQUETIL malade.

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Mardi 16 juillet 1968 17ème étape : Aurillac-Saint-Etienne (236 km).

L’épreuve se court pour la dernière fois par équipe nationale. Les coureurs équipés par Mercier se distinguent dans l’étape stéphanoise, siège de la célèbre marque. Après Anquetil en 1966, Poulidor abandonne à son tour. Mais Jean-Pierre Genet venge son leader en apportant enfin la victoire à Mercier. Echappé dès le début de course avec Georges Chappe et Willi Spuhler, il terrasse le 1er au sprint après s’être débarrassé du 2nd dans la vallée de l’Ondaine pour recevoir le bouquet du vainqueur des mains de Miss France.

Vainqueur final du Tour de France : Jan Janssen

 

Un sprinter, un attaquant et un jeune champion

Mardi 6 juillet 1971 9ème étape : Clermont-Ferrand-Saint-Etienne (153 km).

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L’Equipe

Au cours de cette étape de transition, Jean-Pierre Danguillaume emmène 7 hommes avec lui dès le col des Fourches. Ils sont bientôt rejoints par Genet, Wagtmans et Godefroot dans la descente sur Montbrison.

A la sortie de Saint-Just-Saint-Rambert, la côte du Chasseur est le lieu d’une 1ère sélection. Walter Godefroot, bien aidé par son équipier Danguillaume, fait le plus dur en restant au contact. Sur le cours Fauriel, le gregario de luxe sert la victoire sur un plateau au 1er, redoutable finisseur.

Vainqueur final du Tour de France : Eddy Merckx

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Annie Cordy embrasse Eddy Merckx pour sa belle victoire dans le Tour de France.

Adieu Roger !

Le 1er avril 1976, Roger Rivière n’aura pas vécu la victoire des Verts en demi-finale aller de la Coupe des Clubs Champions contre les Hollandais du PSV Eindhoven (1-0). Il est décédé d’un cancer du larynx à l’âge de 40 ans.

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Roger RIVIERE est né à Veauche en 1936. Il se révèle au grand public en 1956 dans  » la Route de France « . Très vite, il s’affirme comme un rouleur exceptionnel : champion de France de poursuite devant Anquetil et recordman de l’heure en 46,923 km en 1957. La municipalité reconnaissante lui remet par l’entremise de son maire, Alexandre de Fraissinette, la médaille d’or d’Education Physique.

En 1959, il enchaîne Paris Roubaix, record de l’heure au Vel d’Hiv et Tour de France. Il termine 4ème à 5’17 » du vainqueur après s’être imposé dans les deux contre la montre Blain-Nantes (6ème étape) et Serre-Dijon (21ème étape). Le 12 octobre 1959, il épouse Huguette Lioger.

Puis survient le drame dans le Tour de France 1960. Après avoir gagné 3 étapes (le contre la montre Bruxelles-Bruxelles, Saint-Malo-Lorient et Mont-de-Marsan-Pau), il manque un virage dans le Perjuret et s’écrase au fond d’un ravin : double fracture de la colonne vertébrale.

Carrière terminée pour celui qui aurait probablement gagné ce Tour… et tant d’autres tant il écrasait ses rivaux dans l’exercice du contre la montre. Il s’éteint dans l’indifférence générale en 1976. Quelle injustice pour celui qui avait été le plus grand rouleur du sport cycliste, pulvérisant les records de l’heure de Baldini, Coppi et Anquetil et gagnant 5 étapes du Tour de France en seulement deux participations !

Vidéo INA : A l’occasion du décès de Roger Rivière, retour en images sur la carrière de ce champion cycliste, homme du record de l’heure. Commentaire sur images d’archives.

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Les encouragements de Poulidor

Dans l’édition du journal L’Equipe du 10 mai 1976, soit deux jours avant la finale de la Coupe des Clubs Champions entre l’AS Saint-Etienne et le Bayern Munich, plusieurs sportifs ont adressé leurs encouragements aux joueurs stéphanois. Parmi ceux-ci, Raymond Poulidor.

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L’Equipe 10 mai 1976

 

Andréa Minasso du vélo à l’ASSE

Andréa Minasso est Italien. Au cours des années 60-70, il a soulagé les nombreuses tracasseries physiques des joueurs de l’AS Saint-Etienne. Né le 21 février 1910, ce n’est pas dans le football qu’il débute et accomplit sa carrière, mais bien dans le cyclisme. Minasso a effectué de nombreuses courses en Italie où il conquiert le titre de champion amateurs. Mais son heure de gloire, c’est sa victoire dans le Tour de Lombardie. Avec plus de trois cent victoires à son actif, il parcourt ses routes durant plus de vingt-cinq ans.

En 1954, il abandonne le vélo pour devenir soigneur. Ses clients s’appellent Géminiani, de Van Steenbergen, De Bruyne, de Cérami. Un moment soigneur personnel de Walkowiak lorsque celui-ci a remporté le Tour, Jacques Anquetil  a fait également appel à ses services lors d’un Tour d’Espagne. Le Stéphanois Roger Rivière, jusqu’à son grave accident, lui a confié le soin de ses muscles endoloris.

Andrea Minasso (au premier plan) est radieux après la belle victoire des Verts contre le Bayern Munich en 1969.
Andrea Minasso (au premier plan) est radieux après la belle victoire des Verts contre le Bayern Munich en 1969.

Quand Roger Rocher accepte de présider aux destinées de l’AS Saint-Etienne le 17 avril 1961, Andréa Minasso est engagé à temps complet par ce dernier dans le club stéphanois.

A la fois soigneur et confident des joueurs, il réalise des prodiges pour remettre ses protégés sur pied. Avec sa légendaire blouse blanche, celui qui a tant œuvré pour le vélo qu’il est presque devenu aussi « gaga » pour le football. C’est tout dire.

Andréa Minasso au milieu des joueurs stéphanois après une victoire contre le Racing.
Andréa Minasso au milieu des joueurs stéphanois après une victoire contre le Racing.

 

Mercredi 20 juillet 1977 18ème étape : Rossignol-Voiron-Saint-Etienne (199 km).

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L’Equipe

Menendez attaque à La Louvesc puis est rejoint et bientôt lâché par le quintuple vainqueur du Tour du Portugal : Joachim Agostinho. Si celui-ci fonce en solitaire vers la victoire, Menendez dans sa poursuite reçoit l’aide… d’Eddy Merckx ! Par une 3ème place à l’étape, le  » Cannibale  » au sortir d’une calamiteuse traversée des Alpes, s’offre une popularité inédite et tardive à défaut d’une victoire. Quelques jours plus tard, Agostinho et Menendez, contrôlés positifs sont déclassés sans pour autant qu’Eddy Merckx soit déclaré vainqueur.

Vainqueur final du Tour de France : Bernard Thévenet

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Bernard Thévenet vainqueur du Tour 1977 en compagnie de son épouse et du président de la République d’alors, Valéry Giscard d’Estaing.

 

Samedi 15 juillet 1978 15ème étape : Saint-Dier-d’Auvergne-Saint-Etienne (196 km).

L'Equipe
L’Equipe

Le Tour revient l’année suivante avec la prise de pouvoir d’une nouvelle génération de coureurs. Entre Saint-Dier-d’Auvergne et Saint-Etienne, Bernard Hinault entame son histoire passionnelle avec  » Sainté « . La course traverse l’Yssingelais où Ferdinand Julien peut embrasser les siens. Kuiper anime l’ascension du Tracol puis est repris dans la Croix de Chaubouret. On assiste alors à la 1ère arrivée groupée depuis 1950. Grâce à la légère déclivité du cours Fauriel et à son immense orgueil, Hinault, en difficulté la veille dans le Puy-de-Dôme, donne une leçon aux sprinters, Maertens et Kelly. Mais prends garde Bernard ! le cours Fauriel ne se laisse pas vaincre ainsi…

Vainqueur final du Tour de France : Bernard Hinault

AUTRANS/ST ETIENNE

Les résumés d’étapes sont extraits du site des Archives Municipales de la Ville de Saint-Etienne que je remercie pour leur coopération.

http://archives.saint-etienne.fr/site/index.asp?rubrique=tranchesHistoire&srub_id=7

 

Vidéo INA : Arrivée de la 15ème étape du tour de France, une étape de 196 km entre Chamalières et Saint-Etienne.

http://player.ina.fr/player/embed/I00009098/1058813/0d738dc1a75988da48900212e15cb897/560/315/0/148db8

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La Minute du Musée – n°1 par ASSE

Le Tour en visite au Musée des Verts

A l’occasion du lancement de l’exposition sur la Coupe du monde de football, et pour célébrer le passage du Tour de France à Saint-Étienne, le Musée des Verts a accueilli, ce jeudi soir les membres de l’organisation de la Grande Boucle. Bernard Thévenet, double vainqueur du Tour de France se place, tire son pénalty et le transforme, malgré la belle détente de Stéphane Ruffier, qui effleure presque le ballon.

Le Musée des Verts a fait se croiser deux mondes, deux institutions du sport français, deux noms qui défendent une certaine idée du sport populaire et vecteur de valeurs humaines universelles. Avant l’animation du tir au but, Bernard Thévenet et ses camarades d’ASO, mais aussi des coureurs du Défi Coeur-Vert ayant parcouru les dix dernières kilomètres de l’étape du jour et des membres d’association de supporters de l’ASSE, ont voyagé dans la belle histoire des Verts. Pour célébrer le passage du Tour à Saint-Étienne, et le vernissage de l’exposition sur la Coupe du monde, le Musée des Verts était donc aux carrefour du sport : là où se croisent les légendes du ballon rond et les mythes du coup de pédale.

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La caravane du Tour s’est arrêtée au Musée des Verts. De g. à d. : Roland Romeyer, Bernard Thévenet, Christian Prudhomme, Dominique Rocheteau et Philippe Gastal. Photos : ASSE.fr

Christian Prudhomme, Directeur du Tour de France, était sans doute l’un des plus attentifs aux explications de Roland Romeyer, Président du Directoire de l’ASSE, Dominique Rocheteau, Coordinateur sportif, et Philippe Gastal, Conservateur du Musée des Verts. « Je suis né en 1960, j’ai pris de plein fouet l’épopée des Verts et la légende de l’AS Saint-Étienne», a-t-il expliqué. L’ancien journaliste sportif a également découvert d’un peu plus près la légende verte. «J’ai beaucoup appris durant la visite. J’avais plein de questions. L’ASSE a-t-elle toujours joué en vert ? C’est un exemple, il y a tant à découvrir sur ce club. Lorsque Dominique Rocheteau et moi nous sommes rencontrés à Paris pour parler de cette étape à Saint-Étienne, je lui ai bien entendu confirmé que nous viendrions au Musée des Verts. C’était un passage obligé. L’ASSE et le Tour sont ancrées dans l’imaginaire collectif. Ce sont deux institutions sportives qui se ressemblent.»

Quelques heures plus tôt, Saint-Étienne, capitale du cycle, avait fêté, pour la vingt-troisième fois, la venue du Tour de France sur ses routes. Des mythiques arrivées en bas du Cours Fauriel, jusqu’au contre-la-montre décisif de 2005 remporté par Lance Armstrong, futur vainqueur de la Grande Boucle, la cité stéphanoise «est profondément marquée par la culture vélo», selonChristian Prudhomme. «J’ai beaucoup de souvenirs du Tour à Saint-Étienne. Le premier qui me vient en tête est celui du 13 juillet 1985. La chute de Bernard Hinault, qui se casse le nez mais qui remporte quand même le Tour une dizaine de jours plus tard. Même les plus jeunes nous en parle encore.»

 

Christian Prudhomme, Directeur du Tour de France, a profité de l’arrivée de la 12e étape à Saint-Etienne, pour visiter le Musée des Verts en compagnie d’une légende du cyclisme, Bernard Thévenet.

 

La Coupe du monde en bleu et vert

Le Musée des Verts se met à l’heure de la Coupe du monde en proposant une exposition unique dans laquelle des objets d’exception racontent  l’épopée des Bleus 98.

La scénographie du Musée des Verts a été conçue autour de 8 salles d’exposition dont une de 135 m2 consacrée aux expositions temporaires. Jusqu’au 10 octobre 2014, l’épopée de l’équipe de France championne du monde est au cœur d’une magnifique exposition temporaire consacrée à la Coupe du monde et à l’histoire qu’ont écrite des Verts d’hier et d’aujourd’hui dans cette compétition.

Du fameux carnet noir d’Aimé Jacquet aux manches coupées des maillots de Fabien Barthez en passant par des documents jusque-là confidentiels et des photos inédites prises par Jean Bibard et Stéphane Meunier dans l’intimité des vestiaires ou de Clairefontaine, l’exposition réunit de très nombreux objets soigneusement conservés par Philippe Tournon, l’incontournable chef de presse de l’équipe de France.

En plus de la collection de Philippe Tournon, laquelle comprend des maillots, billets, programmes et fanions, le Musée des Verts a rassemblé des pièces appartenant à de grands témoins :
– Henri Emile, entraîneur adjoint d’Aimé Jacquet ;
– Dominique Rocheteau, Coordinateur sportif de l’ASSE et 49 fois international de 1975 à 1986 ;
– Fabrice Grange, entraîneur des gardiens de l’équipe de France de 2006 à 2012 et membre du staff technique des Verts depuis 2012.

C’est également l’occasion de mettre en avant l’ASSE avec Aimé Jacquet, entraîneur de l’équipe championne du monde et ambassadeur à vie du club mais aussi le stade Geoffroy-Guichard, terre de football par excellence qui a abrité des matches de la Coupe du monde 1998.

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Le Musée des Verts, inauguré le vendredi 20 décembre 2013, a déjà accueilli plus de 38 000 visiteurs. L’ASSE est le premier club de football français à ouvrir un musée. Impulsée par le Conseil général de la Loire, la création de cet espace exceptionnel de 800 m2 répond à la volonté de l’ASSE de valoriser son histoire, de promouvoir ses valeurs et de satisfaire la passion de tous ses supporters. Elle s’inscrit dans le projet de rénovation du stade Geoffroy-Guichard, porté par Saint-Étienne Métropole. Ce projet exprime une volonté partagée de voir vivre un ensemble muséal unique autour d’un club de football mythique.

 

Abbes, le dernier rempart (4/4)

La France est en quarts de finale de la Coupe du monde 1958. Claude Abbes garde la confiance d’Albert Batteux. Aujourd’hui, je vous propose le dernier volet consacré au gardien stéphanois à travers ce Mondial suédois. Bonne lecture.

Il arrive parfois qu’une qualification se joue à très peu de choses. Albert Batteux aimait raconter que si Claude Abbes avait chaussé une pointure de moins, l’équipe de France aurait été éliminée. Il faisait ainsi référence au sauvetage du pied in-extremis du gardien français contre l’Ecosse.

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Claude Abbes, spécialiste du football britannique

Après l’Angleterre et l’Ecosse, Abbes s’apprête donc à affronter le 19 juin une sélection britannique, en l’occurrence l’Irlande du Nord. « A croire que je suis un spécialiste de la question. Peut-être ma taille et mon poids y sont-ils pour quelque chose. (…) Jeudi, je vais me méfier tout particulièrement du dénommé McParland, l’ailier gauche irlandais qui est, je le sais, un « goal killer« . Avec son accent chantant, Claude Abbes est un homme heureux. Depuis quelques semaines, son épouse Jeanine a mis au monde un petit Christian.

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Finspang.- Nos Tricolores ont aiguisé leur forme à l’approche du match capital contre l’Irlande du Nord. Lerond et Kopa (au premier plan) mènent le « peloton » devant Piantoni, Abbes, Kaelbel, Bellot et Fontaine.

Avant de penser à une éventuelle demi-finale, il y a un quart de finale à gagner. En quatre confrontations, les Bleus n’ont perdu qu’une seule fois contre les Irlandais. De bonne augure avant cette rencontre.

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L’équipe de France pendant les hymnes avant le match contre l’Irlande du Nord.

Une place en demi-finale en jeu

Kopa et ses coéquipiers jouent une partie importante à Norrkoeping. 11 800 spectateurs se sont acquittés du précieux sésame. En première mi-temps, les Français éprouvent les pires difficultés face à des Irlandais décidés. Mais Abbes, en gardien avisé, se montre autoritaire. Il fait même étalage de sa grande classe à plusieurs reprises. A la mi-temps, les Bleus mènent 1-0 grâce à Wisnieski (44e). En seconde période, sous l’impulsion du trio Kopa-Fontaine-Piantoni (malgré une petite crise d’appendicite pour ce dernier), ils réalisent un véritable festival. Fontaine inscrit deux nouveaux buts et porte son total à sept réalisations depuis le début de la compétition.

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Just Fontaine, le buteur français, est porté en triomphe. Avec deux nouveaux buts à son compteur, il compte sept réalisations depuis le début de la compétition.

Ce jeudi 19 juin 1958 demeurera une grande date dans l’histoire du football français. Pour la première fois de son histoire, une équipe de France s’est qualifiée pour les demi-finales d’une Coupe du monde.

France-Irlande du Nord : 4-0 (1-0). Buts.- Wisnieski (44e), Fontaine (56e, 64e) Piantoni (68e).
FRANCE : Abbes – Kaelbel, Jonquet, Lerond – Penverne, Marcel – Wisnieski, Fontaine, Kopa, Piantoni, Vincent.
IRLANDE DU NORD : Gregg – Keith, Cunningham, McMichael – Blanchflower, Cush – Bingham, Casey, Scott, McIllroy, McParland.

« J’ai vu des joueurs de grande classe chez les Brésiliens »

Dans le même temps, Jean Snella qui assiste au match Brésil-Pays de Galles, confie : « Pour la première fois depuis le début des Championnats du monde, j’ai vu des joueurs de classe et de grande classe, chez les Brésiliens. Tout d’abord, l’intérieur gauche, ou avant centre Pelé, ensuite, l’intérieur ou demi Didi. A un niveau moins élevé, Garricha et Zito, mai je me hâte de dire que tous les Brésiliens sont de très bons footballeurs. »

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L’Equipe du 21 juin 1958

Bye bye Finspang

Aussitôt après cette belle victoire, les Tricolores regagnent leur quartier général de Finspang. Le départ pour Saltjoebaden, une petite station balnéaire située à quelques kilomètres de Stockholm, est prévu pour le dimanche après-midi. L’équipe de France y avait déjà séjourné en 1953 avant un Suède-France (1-0). C’est dans cette résidence qu’il prépareront leur demi-finale contre le Brésil.

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L’Equipe du 21 juin 1958

Mais avant de faire leurs valises, les tricolores mordus de pêche se livrent à une dernière partie de pêche.

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Dernière pêche des Tricolores avant les demi-finales.

Jean Snella apprécie beaucoup Albert Batteux. Leur grande complicité rend l’équipe de France encore plus forte. Au sujet de ce dernier, le Stéphanois dit : « On ne rendra jamais assez mérite à Albert Batteux pour son rôle auprès de l’équipe de France. » Les deux hommes mènent deux séances d’entraînement, les dernières à Finspang. Snella prône deux séances courtes mais intenses que de longues séances sans enthousiasme. Comme souvent, ces entraînements sont ponctués par des petits matches.

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Dessin L’Equipe

Dans l’après-midi, la délégation française quitte Finspang et son ambiance plutôt tranquille pour Saltsjoebaden. Après un trajet de 200 kilomètres, ils prennent possession de leur hôtel. L’endroit est classieux : il n’est pas rare d’y croiser des célébrités issues des quatre coins de la planète, tant du monde de la culture que de celui des affaires. François Remetter faisait partie des Bleus qui y avaient séjourné en 1953. Il en garde un bon souvenir puisqu’à cette occasion, il avait honoré sa première sélection avec l’équipe de France.

Alex Thépot ne cache pas son inquiétude sur ce changement de décor radical. Il préférait la quiétude de Finspang.

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Les mots justes d’Albert Batteux

Albert Batteux trouve les mots justes pour conditionner ses joueurs : « Vous êtes en mesure de réaliser le coup le plus sensationnel de l’histoire du football français et peut-être du sport français. Si vous battez le Brésil, vous dépasserez l’exploit d’un Mimoun, d’un Cerdan, d’un Cochet. Jamais sans doute depuis Carpentier-Dempsey, la France aura attendu un résultat sportif avec plus de passion que demain. »

Des Brésiliens déconcertants

Dans L’Equipe du 24 juin 1958, Max Urbini, l’un des envoyés spéciaux pour le quotidien sportif, demande à Claude Abbes ce qu’il redoutait le plus dans la façon de jouer des attaquants brésiliens. Réponse du Stéphanois : « Les attaquants brésiliens, que je juge à travers ceux de Botafogo (Santos, Garrincha, Didi), sont des footballeurs déconcertants. On attend le pire, et ils ne tentent pas leur chance. On suppose qu’ils vont passer, et ils shootent. Cette façon de faire planer constamment l’incertitude à l’instant décisif use les nerfs du gardien, qui ne doit pas avoir une seconde d’inattention et être toujours prêt à intervenir. Le seul avantage, c’est qu’avec les Brésiliens, il n’y a pas, en général, à craindre de choc violent. »

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Claude Abbes, la « mascotte ». Félicité par Remetter et Colonna, le héros de Wembley est en grande forme. Son abattage et son autorité seront du plus précieux secours pour les Tricolores contre le Brésil.

En quelques chiffres, les quatre équipes demi-finalistes de ce Mondial sont celles qui sont sorties vainqueurs de leur poules éliminatoires. L’âge moyen des 44 sélectionnés est de 27 ans et 6 mois, ce qui est également celui des onze joueurs français. Cette moyenne ne s’applique pas au jeune Edson Arantes do Nascimento, dit Pelé, âgé seulement de 17 ans et demi.

Epouses et parents premiers supporters des Bleus

Le matin de la rencontre, les Bleus reçoivent la visite d’une personnalité pas comme les autres : Santiago Bernabeu, le président du Real Madrid, est venu encourager les Français. Mais les Tricolores peuvent également compter sur des supporters inconditionnels. En effet, leurs épouses et parents ont fait le voyage jusqu’à Stockholm lors d’un déplacement organisé conjointement par le quotidien L’Equipe et la radio Europe 1. Avec eux, quelques 800 000 cartes postales de Français pour soutenir leurs favoris. MS 27 JUIN 1958-9

Ce 24 juin à 19 heures, cette demi-finale entre l’équipe de France et le Brésil est télévisée. Cinq millions de Français vont donc enfin supporter leur équipe devant le petit écran.

M. Dassler, le fondateur d’Adidas, profite de cet évènement planétaire pour promouvoir sa fameuse marque aux trois bandes. Le coffre de sa petite voiture est rempli de paires de chaussures. Son souhait est de voir les joueurs français jouer avec et, par conséquent, lui faire une belle promotion.

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L’Equipe du 24 juin 1958

Au Rasunda Stadion, la Marseillaise jouée par la fanfare suédoise est entonnée à voix haute par onze tricolores fiers et pressés d’en découdre avec les Garrincha, Didi, Vava et autre Pelé.

L’arbitre de la rencontre est un Gallois : M. Griffiths. Face à des footballeurs brésiliens aussi instinctifs que talentueux, Claude Abbes, le dernier rempart des Bleus, sait qu’il va souffrir.

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Programme du match Brésil-France disputé le 24 juin 1958 (collection personnelle de Philippe Gastal, conservateur du Musée des Verts).

Cette prémonition ne tarde pas à se vérifier. Dès la 2e minute, Vava profite d’une erreur de Jonquet pour battre Abbes. Mais les Français n’ont pas le temps de gamberger. Kopa, dribble plusieurs Brésiliens et sert Fontaine qui égalise. Les hommes de Batteux montrent ainsi qu’ils ne sont pas en demi-finale par hasard.

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Dès la 2e minute, le Brésilien Vava trompe Claude Abbes.

A la 30e minute, une immense clameur résonne sur un dégagement de Abbes. La Suède qui rencontre l’Allemagne dans l’autre demi-finale vient d’égaliser.

A la 38e minute, comme le redoutait Abbes, Didi, à vingt mètres, déclenche un tir soudain qui trompe la vigilance du portier tricolore et redonne l’avantage aux artistes brésiliens. Les choses ne s’arrangent pas pour les Bleus : quatre minutes plus tard, Robert Jonquet, dans un choc avec Vava, reçoit un coup sur le péroné. Il doit quitter ses partenaires. Il revient sur la pelouse en deuxième mi-temps mais y joue un simple rôle de figurant.

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Les Bleus battus la tête haute

Le Brésil accentue son avance par le jeune Pelé sur un ballon relâché par Abbes (3-1, 53e), lequel récidive treize minutes plus tard. Le jeune prodige réussit même un triplé d’une superbe reprise de volée (76e). Piantoni ramène le score à 5-2. Cela ne suffit évidemment pas à propulser les Français en finale.

Un autre coup de tonnerre survient à la 79e minute : Gren vient de donner l’avantage aux Suédois et les conduit en finale du Mondial.

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Pelé, auteur de trois buts lors de ce France-Brésil, est la grande révélation de cette Coupe du monde.

La France encaisse cinq buts mais Claude Abbes, dans une forme digne de son match à Wembley sept mois auparavant, a sauvé son équipe d’une défaite qui aurait pu s’avérer plus lourde.

Brésil-France : 5-2 (2-1). Buts.- Brésil : Vava (2e), Didi (38e), Pelé (53e, 64e, 76e); France : Fontaine (8e), Piantoni (83e).
BRESIL : Gilmar – De Sordi, Bellini, Orlando, N. Santos – Zito, Didi – Garrincha, Vava, Pelé, Zagalo.
FRANCE : Abbes – Kaelbel, Jonquet, Lerond – Penverne, Marcel – Wisnieski, Fontaine, Kopa, Piantoni, Vincent. 

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Pelé et Vava aux prises avec Penverne et Marcel sous l’œil attentif d’Abbes

Abbes : « Quel quintette offensif extraordinaire ! »

Devant les assauts brésiliens, Claude Abbes, malgré toute sa classe, est à créditer d’un excellent match. Et ce ne sont pas ses quelques erreurs de prises de balle qui peuvent ternir sa prestation. Dans L’Equipe du 25 juin, il déclare : « Quel quintette offensif extraordinaire ! Les avants brésiliens ont joué exactement comme je le redoutais. Ils m’ont usé les nerfs par leur manière de jouer. Quelle subtilité, quelle facilité et quelle soudaineté  dans le tir ! Je ne suis pas prêt d’oublier le shoot de Didi en première mi-temps. Un but comme ça, on ne le concède pas tous les jours, vous pouvez me croire. » En souvenirs, il garde le ballon du match.

Vidéo du match Brésil-France (5-2) en demi-finale de la Coupe du monde en Suède en 1958.

Les Français sont certes battus mais pas abattus. Albert Batteux n’a rien à leur reprocher. Pour le match de classement, ils affronteront les Allemands défaits 3-1 par les Suédois. Le seul Français présent à la finale sera l’arbitre marseillais, gendarme de profession, M. Guigue.

Claude Abbes, victime d’une luxation d’un doigt, ne sait pas encore s’il pourra tenir sa place contre les Allemands.

Le 26 juin, toute la délégation française est reçue à l’ambassade de France en Suède et y reçoit les compliments de l’ambassadeur, fervent soutien des Bleus depuis leur arrivée.

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Dernier voyage avant Orly

Après quelques emplettes dans la capitale, la délégation française rejoint la ville de Goetborg par voie de chemin de fer. Elle prend possession de ce qui sera leur dernière résidence en terre scandinave : l’hôtel, Park-Avenue.

Sur les six confrontations entre les deux nations, la France mène par trois victoires à deux (et un nul). Cette ultime rencontre a un double enjeu : finir troisième et permettre à Just Fontaine de terminer meilleur buteur du tournoi.

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Dessin L’Equipe

Ce samedi 28 juin, la RTF retransmet intégralement la rencontre.

Dans le stade flambant neuf de Nya Ullevi, 32 483 spectateurs ont pris place. La France ne loupe pas sa sortie. Les deux équipes pratiquent un jeu offensif. Raymond Kopa orchestre magistralement l’attaque française. Just Fontaine, toujours aussi en verve, inscrit quatre nouveaux buts. La France s’impose 6-3 et termine ainsi 3e de cette Coupe du monde en Suède. A la fin de la rencontre, les joueurs tricolores dédient la victoire à leur mentor, M. Nicolas.  Le jour est choisi puisque le 28 juin, c’est la… Saint-Paul. En cadeau, ils lui offrent un cendrier en cristal suédois.

Après le match, Claude Abbes fait le constat suivant : « Je préfère jouer contre dix Allemands que contre un seul Brésilien. » Just Fontaine, le roi des buteurs du tournoi, entonne « La vie en rose » sur la scène de L’Iceberg, le Luna Park de Goeteborg ; accompagné d’un orchestre brésilien, il fait un véritable triomphe. A l’issue du banquet clôturant cette sixième Coupe du monde, il reçoit un fusil de chasse récompensant ses treize buts inscrits.

Si la défense tricolore termine à une peu glorieuse dernière place avec 15 buts encaissés, en revanche, elle décroche le titre de meilleure attaque avec 23 buts inscrits. Just Fontaine, avec 13 réalisations, termine meilleur buteur devant le Brésilien Pelé et l’Allemand Rahn (6).

Vidéo du match France-Allemagne (6-3) comptant pour la 3e place de la Coupe du monde en Suède.


France-Allemagne : 6-3 (3-1). Buts.- France : Fontaine (16e, 36e, 78e, 89e), Kopa (27e, s.p.), Douis (50e); Allemagne: Cieslarczyk (18e), Rahn (52e), Schaefer (85e).
FRANCE : Abbes – Kaelbel, Lafont, Lerond – Penverne, Marcel – Wisnieski, Douis, Kopa, Fontaine, Vincent.
ALLEMAGNE : Kwiatkowki – Stollenwerk, Wewers, Erhardt – Schnellinger, Szymaniak – Rahn, Sturm, Kelbassa, Schaefer, Cieslarczyk.

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L’Equipe du 30 juin 1958

Toute la délégation quitte la Suède le lundi 30 juin.

Grâce à cette Coupe du monde, Claude Abbes et Jean Snella, les deux Stéphanois, ont atteint une nouvelle dimension. Leur cote de popularité est au zénith. Lors d’une assemblée générale de la Ligue du Lyonnais à Evian, les deux hommes s’en aperçoivent très vite. Invités au banquet qui se tient le dimanche midi, ils doivent s’exécuter à une séance d’autographes qualifiée d’interminable.

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Trophée de demi-finaliste de la Coupe du monde 1958 remis à Jean Snella exposé à l’exposition temporaire sur la Coupe du monde (collections famille Snella et Philippe Gastal).

Le ballon de Brésil-France en souvenir

Cette épopée suédoise restera le meilleur souvenir de footballeur de Claude Abbes. Tant sportivement qu’humainement. Plus tard, un objet (et quel objet !) trônera sur son poste de télévision : le ballon de la demi-finale entre la France et le Brésil. Sur les ronds de cuir, les autographes de Pelé, Kopa, Didi, Gilmar, Fontaine, Piantoni  et dix-sept autres signatures de ce match figurent en bonne place.

Le pouvoir de persuasion de Paul Nicolas

Avant cette Coupe du monde, Paul Nicolas lui avait dit : « Mon petit Claude, c’est ici que tu emmagasineras les plus belles choses de ta vie, c’est là que tu vivras tes heures les plus exaltantes. » Et ce fut vrai. On est bien loin du Claude Abbes qui après un France-Espagne, voulait renoncer à sa carrière en Bleu suite à un ballon qui lui passa entre les jambes. Paul Nicolas, ce jour-là, trouva les mots justes pour l’en dissuader. Claude Abbes n’eut pas à le regretter.

Thierry Clemenceau

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http://www.museedesverts.fr/

La Coupe du monde en bleu et vert

Le Musée des Verts se met à l’heure de la Coupe du monde en proposant une exposition unique dans laquelle des objets d’exception racontent  l’épopée des Bleus 98.

La scénographie du Musée des Verts a été conçue autour de 8 salles d’exposition dont une de 135 m2 consacrée aux expositions temporaires. Jusqu’au 10 octobre 2014, l’épopée de l’équipe de France championne du monde est au cœur d’une magnifique exposition temporaire consacrée à la Coupe du monde et à l’histoire qu’ont écrite des Verts d’hier et d’aujourd’hui dans cette compétition.

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Du fameux carnet noir d’Aimé Jacquet aux manches coupées des maillots de Fabien Barthez en passant par des documents jusque-là confidentiels et des photos inédites prises par Jean Bibard et Stéphane Meunier dans l’intimité des vestiaires ou de Clairefontaine, l’exposition réunit de très nombreux objets soigneusement conservés par Philippe Tournon, l’incontournable chef de presse de l’équipe de France.

En plus de la collection de Philippe Tournon, laquelle comprend des maillots, billets, programmes et fanions, le Musée des Verts a rassemblé des pièces appartenant à de grands témoins :
– Henri Emile, entraîneur adjoint d’Aimé Jacquet ;
– Dominique Rocheteau, Coordinateur sportif de l’ASSE et 49 fois international de 1975 à 1986 ;
– Fabrice Grange, entraîneur des gardiens de l’équipe de France de 2006 à 2012 et membre du staff technique des Verts depuis 2012.

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C’est également l’occasion de mettre en avant l’ASSE avec Aimé Jacquet, entraîneur de l’équipe championne du monde et ambassadeur à vie du club mais aussi le stade Geoffroy-Guichard, terre de football par excellence qui a abrité des matches de la Coupe du monde 1998.

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Le Musée des Verts, inauguré le vendredi 20 décembre 2013, a déjà accueilli plus de 38 000 visiteurs. L’ASSE est le premier club de football français à ouvrir un musée. Impulsée par le Conseil général de la Loire, la création de cet espace exceptionnel de 800 m2 répond à la volonté de l’ASSE de valoriser son histoire, de promouvoir ses valeurs et de satisfaire la passion de tous ses supporters. Elle s’inscrit dans le projet de rénovation du stade Geoffroy-Guichard, porté par Saint-Étienne Métropole. Ce projet exprime une volonté partagée de voir vivre un ensemble muséal unique autour d’un club de football mythique.

Abbes : la patience récompensée (3/4)

Claude Abbes est sélectionné pour la Coupe du monde en Suède. Comme en 1954, il part avec le statut de remplaçant. Pour cet avant-dernier volet consacré au gardien stéphanois, je vous propose aujourd’hui de revivre la première partie de la Coupe du monde de l’équipe de France. Bonne lecture.

L'équipe de France au grand complet.
L’équipe de France au grand complet.

Le 13 mai 1958, l’équipe de France prépare activement la Coupe du monde qui se déroulera en Suède. Une semaine avant son départ pour Stockholm, Albert Batteux, l’entraîneur des Bleus, procède à une revue d’effectif contre une sélection parisienne. Ce jour-là, le gardien n’est ni Colonna ni Abbes mais Taillandier. Les Bleus, peu convaincants, s’imposent 2-1 au Parc des Princes.

Abbes, seul Stéphanois sélectionné

Pourtant, le mercredi 22 mai, à l’annonce des 22 -à l’exception de Kopa, vainqueur avec le Real Madrid de la Coupe des Clubs Champions- qui s’envoleront pour la Suède une semaine plus tard, les trois gardiens se nomment Remetter, Colonna et… Abbes. Comme en Hongrie en 1954, lors de la Coupe du monde en Suisse, le gardien stéphanois est convoqué pour la phase finale de cet évènement mondial.

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Dessin extrait de l’hebdomadaire FranceFootball daté du 20 mai 1958

Le 19 mai, les heureux élus se retrouvent à 20 heures pour un dernier dîner sur le sol français. Claude Abbes, arrive à la brasserie du Roule en taxi, comme la majorité de ses camarades à l’exception des Rémois, partis fêter leur victoire en Coupe à Reims.

MAGAZINE FRANCE
Remise des équipements de la Coupe du monde.

Le lendemain, ce sont donc 26 hommes (Paul Nicolas, le docteur Copin, les deux entraîneurs, Albert Batteux et Jean Snella, le masseur Louis Hainaut et les 21 joueurs) qui décollent de l’aéroport d’Orly à 10 heures.

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Photo L’Equipe

A bord du Vicker d’Air-France, l’équipe de France est la première nation a toucher le sol de l’aéroport de Bromma à 14 h 45. Le premier Français à sortir de l’avion est Paul Nicolas.

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Ils sont accueillis par une délégation suédoise parmi laquelle Brorr Mellberg, l’ancien coéquipier de François Remetter à Sochaux, reconverti dans l’import-export.

« Nous salutons l’équipe française ! »

A peine le temps d’apercevoir la capitale suédoise qu’ils la quittent en car direction Kopparberg, leur lieu de villégiature. Située à 270 kilomètres de Stockholm, cette petite bourgade qui signifie « la montagne du cuivre » est composée de chalets en bois. Elle ressemble, toute proportion gardée, à la station de sports d’hiver de Megève. Visiblement, les Français sont attendus avec impatience. A l’entrée du village, une banderole porte l’inscription : « Nous salutons l’équipe de France. »

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Banderole de bienvenue à Kopparberg pour la délégation française. Photos L’Equipe.

Cinq heures de vol et cinq autres de bus plus tard; les Français sont contents de gagner leurs appartements.

Claude Abbes le matheux

Le lendemain est consacré à la détente. Les Rémois en profitent pour aller pêcher le saumon pendant que d’autres s’adonnent à la lecture ou aux prises de photos-souvenirs. Claude Abbes, lui, se replonge encore et toujours dans ses bouquins de mathématiques. Le héros malheureux de Wembley, après une interruption de plus de dix ans, ne comprend pas que l’on puisse arrêter ses études pour le football. Il estime que les deux sont compatibles. A Saint-Etienne, il se levait deux heures avant l’entraînement pour potasser ses cours.

Dans la chambre n° 21 de l’hôtel Laxbrogarden, le « matheux » révise sous l’oeil amusé de Roger Marche, son compagnon de chambre.

Dessin L'Equipe.
Dessin L’Equipe.

C’est de Suède, le samedi 24 mai que Claude Abbes fête ses 31 ans.

Quelques jours plus tard, à cinquante kilomètres de Kopparberg, c’est dans la petite ville de Nora que les Bleus s’imposent 12-0 contre une sélection locale. Les douze réalisations sont toutes l’oeuvre de Rémois dont quatre de Piantoni et quatre de Fontaine.

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De gauche à droite : Wisnieski, Fontaine, Kopa, Piantoni et Vincent.

Les Bleus régalent

Le 26, pour garder le rythme, Batteux et Snella mettent sur pied un petit match entre les sélectionnés. Sitôt le petit déjeuner avalé, un bus mis à la disposition des Français durant leur séjour par les cheminots de la région emmènent joueurs et entraîneurs à Nora, un hameau situé à cinquante kilomètres de Kopparberg. A cette occasion, les Bleus pulvérisent le record d’affluence de cette petite bourgade qui datait de 1944. Avec 1 818 spectateurs payants, la délégation française empoche au passage 40 % de la recette soit la coquette somme de 150 000 francs. Les Bleus s’imposent 12-0, tous les buts sont l’oeuvre de Rémois. « Fonthine« , comme l’écrit la presse suédoise (alias Fontaine), se fait remarquer en inscrivant quatre buts, soit le même nombre que Piantoni. Remetter garde les buts et nul doute que pour Nicolas, c’est lui qui débutera le Mondial.

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Abbes joue avec les Suédois

Dans l’après-midi, ceux qui n’ont pas joué le premier match disputent une rencontre contre une sélection de 5e division. Claude Abbes et Colonna se partagent le poste de gardien de but. Score final : 15-0. Paul Nicolas, pour permettre à Abbes de disputer les 90 minutes, le fait jouer une mi-temps avec l’équipe adverse. Contre ses coéquipiers, il encaisse pas moins de six buts.

En deux rencontres, les hommes de Batteux ont donc inscrit la bagatelle de 27 buts. Paul Nicolas est tout sourire et pour cause : sa délégation est, selon une enquête, la plus courtoise de toutes celles qui l’ont précédée à Kopparberg. Leur popularité se mesure aussi par le nombre de lettre et cartes postales qu’ils reçoivent à leur hôtel.

Le 29 mai après-midi, les tricolores prennent la destination de Vasteraas. Après la reconnaissance du terrain où ils disputeront leur match contre la Yougoslavie le 11 juin, une petite opposition est programmée.

Le lendemain, Raymond Kopa, tout auréolé de la victoire du Real Madrid en Coupe des Clubs Champions, rejoint ses partenaires.

Raymond Kopa a rejoint ses compatriotes en Suède. En arrière-plan, Claude Abbes est affûté.
Raymond Kopa a rejoint ses compatriotes en Suède. En arrière-plan, Claude Abbes.

Claude Abbes, buteur inattendu

Rien n’est laissé au hasard chez les Bleus. Dans l’optique de rencontrer leur futur adversaire qu’est l’Ecosse, ils partent s’entraîner dans la petite ville d’Orebro, située à 80 kilomètres de leur camp de base. Pas de doute, le match contre les Britanniques aura bien lieu dans le stade Eyravallen. Sur les portes, on peut lire : « Franckrike-Skottland« . Jonquet et Marche ont la surprise de retrouver leur ex-partenaire du Stade de Reims, Lundquist, venu voir les hommes de Batteux s’entraîner. Une opposition contre l’équipe locale est au menu des Bleus. Claude Abbes évolue dans les buts puis au poste inhabituel… d’ailier droit. Il participe à la fête en inscrivant la bagatelle de trois buts. Les Français s’imposent 13-1.

Détente dans le camp français

Le 3 juin, la délégation française au grand complet, quitte, avec un petit pincement au coeur, Kopparberg pour Finspang, une petite ville de 10 000 âmes. Si le lieu a changé, en revanche, les Bleus peuvent toujours s’adonner à la pêche, le ping-pong ou la pétanque pour occuper leur temps libre entre deux entraînements. Claude Abbes, fidèle à ses habitudes, s’évade dans ses livres.

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Photo L’Equipe

Festival de buts contre le Paraguay

Le 8 juin, la France lance parfaitement sa Coupe du monde contre le Paraguay. A Norrkoeping, François Remetter garde les buts et les tricolores réalisent une performance de premier plan en s’imposant 7-3. Just Fontaine inscrit à cette occasion ses trois premiers buts.

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L’équipe de France vainqueur du Paraguay (7-3). En haut (de g. à d.) : Kaelbel, Penverne, Jonquet, Marcel, Remetter, Lerond. Accroupis : de g. à d. : Wisnieski, Fontaine, kopa, Piantoni, Vincent.

 

Vidéo INA : le 8 juin 1958, la France bat le Paraguay : 7-3.

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Les réservistes dont Abbes, disputent le lendemain une rencontre contre l’équipe locale. Le remplaçant de Remetter joue… en attaque aux côtés de Colonna et Albert Batteux. Ils s’imposent 2-0.

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Programme du match France-Paraguay du 8 juin 1958 (collection personnelle de Philippe Gastal, conservateur du Musée des Verts)

Jamais deux sans trois !

Cinq jours plus tard, pour leur deuxième match, les hommes de Batteux et Snella se mesurent à la Yougoslavie qu’ils n’ont plus battu depuis huit ans. Il faut dire que la victoire contre le Paraguay a fait naître beaucoup d’espoirs. Lors des deux précédentes Coupes du monde, les Yougoslaves se sont chaque fois imposés contre les Français.

Jamais deux sans trois. A Vaesteraas, les Yougoslaves s’imposent 3-2 et demeurent invaincus face aux Bleus. Au cours de ce match, Remetter rencontre quelques difficultés et n’est pas exempt de tous reproches sur les trois buts yougoslaves.

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Just Fontaine inscrit un nouveau but dans cette Coupe du monde.

Vidéo du match Yougoslavie-France : 3-2.

Les Bleus pleurent Gaston Barreau

A leur retour à l’hôtel, la délégation française apprend la disparition d’une grande figure du football français. En effet, Gaston Barreau, président du Comité de sélection, s’est éteint dans sa 75e année. Il venait d’apprendre la victoire des Bleus contre le Paraguay. Une minute de silence est observée.

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Gaston Barreau pose dans son bureau.

Paul Nicolas, Alex Thépot et Albert Batteux échangent leurs impressions sur cette défaite. François Remetter et Lerond sont sur la sellette. Le nom de Colonna est même évoqué pour lui succéder. Il est en concurrence avec Abbes.

Remetter condamné un vendredi 13

Le vendredi 13, Paul Nicolas annonce à François Remetter que Claude Abbes sera le titulaire au poste de gardien pour le match décisif contre l’Ecosse. Bien qu’il s’y attendait un peu, pour le gardien sochalien, tout s’écroule. Il sait que sa Coupe du monde est terminée.

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Ecosse-France (1-2). Ce x, Claude Abbes dispute son premier match en Coupe du monde.

« Content de pouvoir jouer »

Devant les attaquants écossais, l’athlétique Claude Abbes, semble le plus apte à contrer ces derniers. Le Stéphanois possède une longueur d’avance sur Colonna pour faire ses grands débuts en Coupe du monde. Plusieurs facteurs plaident en faveur du Stéphanois notamment la meilleure fin de saison que celle du portier rémois. Aussi, lors des matches d’entraînement, Abbes a paru plus affûté. « C’est un périlleux honneur, dit le Stéphanois, mais je suis tout de même bien content de pouvoir jouer. »

En 1954, il faisait partie de l’équipe de France qui avait disputé la Coupe du monde en Suisse. Les Bleus y avaient disputé deux matches pour autant de défaites et Abbes n’avait pas disputé la moindre minute de jeu.

De son côté, Jean Snella, le mercredi précédent, a fait le déplacement à Norrkoeping pour décortiquer le jeu écossais. Ses carnets de notes sont remplis et seront disséqués avec Albert Batteux.

Battre l’Ecosse pour prendre le quart

En six confrontations, la France n’a battu l’Ecosse qu’à une seule reprise en 1948 (3-0).

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Albert Batteux, l’entraîneur des Bleus avant Ecosse-France (1-2).

Le 15 juin, à Oerebro, les hommes d’Albert Batteux s’imposent 2-1 et se qualifient pour les quarts de finale grâce à deux buts de Kopa (21e) et Fontaine (45e). Ce dernier, auteur de son 6e but, est déjà l’une des grandes révélation de cette Coupe du monde.

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Claude Abbes, par son assurance et son autorité, en a donné par la même occasion à ses défenseurs. A la fin du match, tous les joueurs se précipitent vers leur gardien pour le féliciter. La rentrée du portier stéphanois a été concluante. Contrairement à Remetter, le facteur chance a été de son côté. En repoussant les charges répétées de Mudie et Baird, il a sauvé à plusieurs reprises les Bleus d’une égalisation écossaise en fin de rencontre.

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Oerebro. – La guerre des goals n’a pas eu lieu au sein de l’équipe de France. Remetter, même été le premier à féliciter Abbes pour son bon match. Photo L’Equipe.

« Comment ne serais-je pas fou de joie? »

Dans L’Equipe du 16 juin, il ne cache pas sa satisfaction sur la qualification des Bleus : « Je suis revenu en équipe de France sur une victoire, et quelle victoire, puisque c’est celle qui nous assure notre place en quart de finale ! Comment ne serais-je pas fou de joie ? Nous avons joué aujourd’hui avec un moral extraordinaire. Nous nous sommes tous battus. (…) Je ne pouvais rien sur le but que j’ai concédé. Il fallait bien que je sorte au-devant de Baird. Mais je n’ai pas vu le penalty sifflé contre nous par l’arbitre en première mi-temps. J’ai eu, bien sûr, de la chance sur ce penalty mais je crois qu’il était un peu injustifié.« 

Thierry Clemenceau

NICOLAS ABBES
L’Equipe du 16 juin 1958

Vidéo du match Ecosse-France : 1-2.

A suivre : Claude Abbes, l’un des « héros de Suède »

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http://www.museedesverts.fr/

La Coupe du monde en bleu et vert

Le Musée des Verts se met à l’heure de la Coupe du monde en proposant une exposition unique dans laquelle des objets d’exception racontent  l’épopée des Bleus 98.

La scénographie du Musée des Verts a été conçue autour de 8 salles d’exposition dont une de 135 m2 consacrée aux expositions temporaires. Jusqu’au 10 octobre 2014, l’épopée de l’équipe de France championne du monde est au cœur d’une magnifique exposition temporaire consacrée à la Coupe du monde et à l’histoire qu’ont écrite des Verts d’hier et d’aujourd’hui dans cette compétition.

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Du fameux carnet noir d’Aimé Jacquet aux manches coupées des maillots de Fabien Barthez en passant par des documents jusque-là confidentiels et des photos inédites prises par Jean Bibard et Stéphane Meunier dans l’intimité des vestiaires ou de Clairefontaine, l’exposition réunit de très nombreux objets soigneusement conservés par Philippe Tournon, l’incontournable chef de presse de l’équipe de France.

En plus de la collection de Philippe Tournon, laquelle comprend des maillots, billets, programmes et fanions, le Musée des Verts a rassemblé des pièces appartenant à de grands témoins :
– Henri Emile, entraîneur adjoint d’Aimé Jacquet ;
– Dominique Rocheteau, Coordinateur sportif de l’ASSE et 49 fois international de 1975 à 1986 ;
– Fabrice Grange, entraîneur des gardiens de l’équipe de France de 2006 à 2012 et membre du staff technique des Verts depuis 2012.

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C’est également l’occasion de mettre en avant l’ASSE avec Aimé Jacquet, entraîneur de l’équipe championne du monde et ambassadeur à vie du club mais aussi le stade Geoffroy-Guichard, terre de football par excellence qui a abrité des matches de la Coupe du monde 1998.

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Le Musée des Verts, inauguré le vendredi 20 décembre 2013, a déjà accueilli plus de 38 000 visiteurs. L’ASSE est le premier club de football français à ouvrir un musée. Impulsée par le Conseil général de la Loire, la création de cet espace exceptionnel de 800 m2 répond à la volonté de l’ASSE de valoriser son histoire, de promouvoir ses valeurs et de satisfaire la passion de tous ses supporters. Elle s’inscrit dans le projet de rénovation du stade Geoffroy-Guichard, porté par Saint-Étienne Métropole. Ce projet exprime une volonté partagée de voir vivre un ensemble muséal unique autour d’un club de football mythique.