Saint-Etienne-Toulouse : En 1937 déjà…

Dimanche, l’AS Saint-Etienne reçoit Toulouse à 14 heures au stade Geoffroy-Guichard. Trois jours après leur match nul en Ligue Europa contre Dnipropetrovsk (0-0), les coéquipiers de Loïc Perrin retrouvent la Ligue 1. En 1937, l’ASSE accueillait pour la première fois le club haut-garonnais. Retour sur ce match d’avant-guerre. En 1992, contre Toulouse, Maurice Bouquet a inscrit l’un des plus beaux buts de sa carrière. Bonne lecture.

 

022
Photo : Nos Sports.

Le dimanche 3 octobre 1937, l’AS Saint-Etienne reçoit le Toulouse FC pour le dernier match de la phase aller de la poule Sud de la Deuxième Division. Après sa victoire à Montpellier (3-1), club contre lequel les joueurs de la Cité Rose s’étaient lourdement inclinés 5-0, les Stéphanois partagent la première place avec Nice.

Pasquini, le grand absent

L’ossature de cet outsider toulousain, dirigé par M. Cazal, est composée d’anciens « Dauphins » sétois parmi lesquels on peut citer Blanco, Camarata, Sintès, Monsallier, Stévanovitch et Chalvidan.

001
L’Auto du 3 octobre 1937

M. Vago, l’entraîneur stéphanois, a fait le choix de Guillard au détriment de Favier pour garder les buts. En revanche, il doit se passer de son attaquant Pasquini, alors que Beck, est légèrement grippé. Le jeune Varraud, grand espoir et pur produit stéphanois, fait ses grands débuts en Vert.

016
André Guillard, le gardien stéphanois. Photo : Nos Sports.

Charbit en lever de rideau

En ce dimanche d’automne, près de 6 000 spectateurs se sont déplacés au stade Geoffroy-Guichard laissant la somme de 37 246 francs aux guichets. En lever de rideau, la réserve stéphanoise était opposée à l’équipe de Côte Chaude, un quartier situé à l’ouest de Saint-Etienne. C’est l’occasion de retrouver Max Charbit, le demi stéphanois, qui après avoir été en conflit avec ses dirigeants, a signé une nouvelle licence avec l’ASSE.

Les Verts frappent d’entrée contre le TFC

D’entrée, les coéquipiers de Rolhion prennent le jeu à leur compte. Dès la 5e minute, Roux, l’attaquant des Verts, bien servi par Hermann, trompe son homonyme méridional (1-0). Il inscrit par la même occasion, son premier but sous le maillot vert. Les Stéphanois usent et redoublent de passes courtes qui gênent considérablement les Toulousains. Hermann, le demi-centre autrichien des Verts, élimine deux adversaires et loge le ballon sous la barre de Roux qui ne peut que constater les dégâts. Après une demi-heure de jeu, les hommes de Vago mènent déjà 2 à 0.

Quelques minutes plus tard, Roux, à la lutte avec Laurent, s’écroule au grand dam du défenseur toulousain. M. Vézolles, l’arbitre de la rencontre, siffle un coup franc en faveur du premier buteur de la soirée. Biéchert l’exécute pour Beck, plutôt discret jusqu’alors. D’une belle tête, il inscrit le troisième but des Verts. La mi-temps survient sur le score logique de 3 à 0.

Tax inscrit son 30e but avec Saint-Etienne

A la reprise, le scénario ne varie pas, les Verts enfoncent définitivement leurs hôtes par Beck qui réalise un doublé. Tax alourdit un peu plus l’addition en reprenant de la tête un centre de Roux (5-0). Il porte ainsi son total de buts sous le maillot stéphanois à 30.

004
L’Auto du 4 octobre 1937

Les Verts seuls leaders

Sans un hors-jeu contestable du jeune Varraud, Roux aurait même pu inscrire son deuxième but de la soirée. Avec cette victoire, Saint-Etienne s’empare seul de la première place avec 9 points devant Alès et Nice (7).

Beck : premier Stéphanois titulaire en équipe de France

Le lendemain, Gaston Barreau, le directeur de l’équipe de France, dévoile l’équipe qui sera amenée à jouer contre les Suisses. A cette occasion, il a décidé d’abandonner la tactique du W.M. Yvan Beck sera confiné dans un rôle de relayeur au poste d’inter-droit. C’est la première fois que l’AS Saint-Etienne aura un joueur titulaire en équipe de France. Charbit avait failli connaître cette joie mais il était resté sur le banc. Beck retrouve les Tricolores deux ans après les avoir quittés. Il évoluait alors à Sète. Il s’agit d’une belle récompense pour ce joueur qui évolue en Deuxième Division.

L'Auto du 5 octobre 1937
L’Auto du 5 octobre 1937

 

♦ Le coin des anecdotes ♦

 

Le chef d’œuvre de Bouquet

Le 22 août 1992, Saint-Etienne reçoit Toulouse en Division 1. Maurice Bouquet s’échauffe longuement derrière les buts de Joseph-Antoine Bell. Le public du stade Geoffroy-Guichard, qui l’apprécie énormément, scande son nom et souhaite le voir sur le terrain. A 21 minutes de la fin, Jacques Santini, l’entraîneur stéphanois, décide de remplacer Moravcik, fatigué, par Bouquet. Dans la minute qui suit, il s’illustre déjà en lançant Molnar qui obtient un corner. Sur celui-ci, la défense toulousaine renvoie le ballon sur Gérald Passi qui sert « Momo » à 30 mètres. Le remplaçant de Lubo ne se pose pas de questions et envoie un bolide qui ricoche sur l’arête intérieure droite des buts gardés par Pédemas. Les Verts s’imposent 3-2.

//rutube.ru/play/embed/1176808

 

Premier but en Division 1 pour Aimé Jacquet

Le 28 mai 1961, Saint-Etienne s’impose 1-0 devant Toulouse au stade Geoffroy-Guichard. A la 78e minute, Roussel, le gardien toulousain, hésite à quitter sa ligne de but pour se porter au devant d’une balle haute expédiée par Ferrier, en position de demi-gauche. Quand il se décide à y aller, il se heurte à Aimé Jacquet, en position d’avant-centre. Le gardien toulousain relâche le ballon qui file doucement derrière sa ligne. Jacquet inscrit alors son premier but avec l’équipe professionnelle stéphanoise.

JACQUET
Aimé Jacquet, inscrit son premier but en Vert contre Toulouse. Il permet à Saint-Etienne de s’imposer 1-0.

 

Le chiffre : 1

Le 2 avril 1997, l’AS Saint-Etienne a perdu l’un de ses présidents historiques : Roger Rocher. Le samedi 5 avril, les Verts ne peuvent faire mieux qu’un match nul (1-1) face au Toulouse FC. Avant la rencontre, les quelques 10 000 supporters stéphanois présents au stade Geoffroy-Guichard sont invités à rendre un dernier hommage à l’homme à la pipe et honorer par une minute de silence celui qui a contribué à la gloire du club. « Merci pour votre passion des Verts » peut-on lire sur l’une des banderoles qui fleurissent dans les tribunes.

BASTIA-ST ETIENNE (1-6)
Roger Rocher, l’homme de plusieurs décennies glorieuses des Verts.

 

La photo

Patrice Lestage

lestage

Patrice Lestage à joué à l’AS Saint-Etienne de 1977  à 1983. Après deux ans passés à Tours sous les ordres de Guy Briet, il rejoint le Toulouse Football Club où il reste six saisons (1985-1991).

 

LOGO MUSEE_horizontal_avec logo ASSE

http://museedesverts.fr/

Déjà plus de 54 000 visiteurs au Musée des Verts en neuf mois.

– See more at: http://surlaroutedesverts.blogs.lequipe.fr/?p=2299#sthash.izImISDS.dpuf

Publicité

Toulouse-Saint-Etienne : un parfum de violette

Vendredi, en match avancé de la 24e journée de championnat, Toulouse accueille Saint-Etienne au Stadium. Cette rencontre est l’occasion de revenir sur le Challenge des Champions disputé le 7 juin 1957 ainsi qu’une défaite « salutaire » des Verts à Toulouse en 1963. Christian Lopez, joueur emblématique de l’épopée des Verts des années 70, a quitté Sainté pour le Téfécé en 1982. Récit d’un transfert. Bonne lecture.

 

A la bonne franquette

7 juin 1957. Challenge des Champions. Toulouse-Saint-Etienne : 1-2.
Depuis sa création en 1954-55, le Challenge des Champions oppose le champion de France au vainqueur de la Coupe de France. Les bénéfices de ce match sont reversés à la Caisse de sécurité et de secours des joueurs.

Saint-Etienne est dirigé par Manuel Fernandez, l’entraîneur des amateurs stéphanois, appelé à remplacer temporairement Jean Snella parti dans le Nord au chevet de sa mère, gravement malade. Fernandez doit composer sans Njo-Léa, retenu pour des épreuves universitaires et Lefèvre, blessé. Aussi, parmi les cinq militaires partis en Grèce, seuls Ferrier et Goujon sont rentrés indemnes. Pour Toulouse, ce match est l’occasion de présenter à son public la Coupe de France remportée face à Angers (6-3) au stade de Colombes.

L’ambiance est bon enfant et les 11 254 spectateurs découvrent deux nouveaux joueurs. Le premier est toulousain : il s’agit de Casanova, tout juste arrivé de Casablanca, qui remplace Di Loretto, parti en vacances en Argentine. Le second est Cristobal, un avant-centre en provenance d’Orléans mis à l’essai par les Verts.

A Toulouse, Richard Tylinski était dans un jour "sans".
A Toulouse, Richard Tylinski était dans un jour « sans ».

D’entrée, les deux équipes jouent l’attaque et s’octroient quelques libertés avec le marquage. Dès la 6e minute, les Stéphanois ouvrent la marque par Oleksiak mais Casanova signe ses débuts en égalisant dix neuf minutes plus tard. Avant la pause, Fouillen, de la tête, sur un centre de Goujon, redonne l’avantage aux Verts. Malgré une nette domination des locaux en deuxième mi-temps, le score n’évolue plus.

Saint-Etienne remporte le Challenge des Champions et peut préparer sereinement la Coupe latine. Les Toulousains, dès le lendemain, s’envolent pour une tournée en Turquie.

Buts.- Toulouse : Casanova (25e) ; Saint-Etienne : Oleksiak (6e), Fouillen (38e). Toulouse : Roussel – Boucher, Pleimelding, Nungesser – Bouchi, Cahuzac – Brahimi, Dereuddre, Casanova, Rytkonen, Bouchouk. Entr. : Bigot.
Saint-Etienne : Abbes – Cassado, R. Tylinski, Wicart – Domingo (Vernier), Ferrier – Rijvers, Goujon, Fouillen, Oleksiak, Cristobal. Entr. : Fernandez.

 

Christian Lopez : Ô Toulouse

« Qu’il est loin mon Forez, qu’il est loin,
Parfois au fond de moi se raniment
L’âme verte du Stade Geoffroy-Guichard
et la fumée de ses cheminées »

Si Claude Nougaro chantait Toulouse, Christian Lopez aurait pu entonner ce couplet quand il a quitté l’AS Saint-Etienne, son club formateur, pour le TFC.

Christian Lopez au milieu de ses coéquipiers sous les ordres de Robert Herbin.
Christian Lopez au milieu de ses coéquipiers sous les ordres de Robert Herbin.

En 1970, l’AS Saint-Etienne remporte la Coupe Gambardella. Dans ses rangs, elle compte une bande de jeunes talentueux recrutés par Pierre Garonnaire, parmi lesquels Merchadier, Patrick Revelli, Sarramagna, Synaeghel, Santini et… Christian Lopez. A l’âge de huit ans, en pleine guerre d’Algérie, il quitte son pays natal avec sa famille direction Cannes. Mais c’est à l’Entente Cannet-Rocheville qu’il débute dans le football. Le jeune homme ne laisse pas indifférents les recruteurs, notamment marseillais. C’est alors que Pierre Garonnaire, dénicheur de jeunes talents pour les Verts, flaire la bonne affaire et le fait venir dans le Forez en novembre 1969, avec l’accord de son père. Début juillet 1972, le club dirigé par le président Rocher fait signer à tous ces jeunes joueurs prometteurs un contrat « longue durée. »

Le 7 juillet 1972, L’Equipe révèle la signature de la « promotion stéphanoise »

IMG_6294

Avec l’ASSE comme avec l’équipe de France, il gravit tous les échelons qui le mènent à la gloire. Avec les Verts, il a tout connu ou presque jusqu’à ce printemps 1982 et la crise qui a secoué la maison verte. Il est très attaché au maillot vert qui a fait grandir l’homme et le footballeur et façonné son image.

Le 12 septembre 1981, Christian Lopez confie à ASSE-Actualités, le magazine officiel du club : « Mon contrat s’achèvera en juin 1983. J’aurai alors 30 ans et je l’espère, quelques bonnes années encore devant moi. Je souhaiterai évidemment à cette époque signer un nouveau  contrat de 3 ans avec l’ASSE. Si ça n’est pas possible, j’envisagerai de jouer ailleurs au plus haut niveau, mais je n’y pense pas car j’ai le plus vif désir de rester à Saint-Etienne non seulement parce qu’il s’agit  du meilleur club de France, que j’y suis profondément attaché mais aussi parce que j’y ai confectionné ma vie. »

Christian Lopez avec Jacques Santini lors d'une séance d'étirements à Geoffroy-Guichard.
Christian Lopez avec Jacques Santini lors d’une séance d’étirements à Geoffroy-Guichard.

Un an plus tard, le discours n’est plus le même. La belle idylle avec le club du président Rocher bat de l’aile. Ce dernier apprécie toujours celui qui a débarqué un jour de novembre 1969 en provenance de Rocheville. A bientôt trente ans, Lopez souhaite prolonger son contrat chez les Verts et pour cela, s’entretient avec son président. Embarrassé, ce dernier lui conseille d’aller voir Herbin pour en discuter. Si « Roby » n’est pas contre le fait que son défenseur accomplisse sa dernière année de contrat, sans doute comme titulaire, en revanche, il ne peut lui promettre pareil confort pour la suite s’il reste à l’ASSE. Sa défense centrale ne lui donne pas entière satisfaction et il envisage de la remodeler. Dans l’esprit de l’entraîneur stéphanois, Patrick Battiston sera amené à moyen terme à occuper son poste.

L'AS Saint-Etienne. De g. à d. :
L’AS Saint-Etienne 1980. De g. à d. : Gardon, Janvion, Battiston, Santini, Castaneda, Lopez. Accroupis : Rep, Larios, Paganelli, Roussey, Platini.

Lopez sur le marché des transferts

A un an du terme de son contrat, le libéro des Verts acquiesce et se dit que s’il veut encore jouer quelques années au plus haut niveau, il doit quitter Saint-Etienne. Le désarroi est grand. Plus proche de son président que de son entraîneur, est-il victime du différend qui oppose Rocher à Herbin dans la crise stéphanoise ? Toujours est-il que pour favoriser son futur transfert, le conseil d’administration du club, réuni le 24 mai au soir, lui fait cadeau de sa dernière année de contrat. Triste consolation.

Derniers matches en Vert

Moins d’un mois après les premiers remous au club, une rumeur fait état d’un intérêt de l’AS Monaco pour le Stéphanois . Très attaché à la Côte d’Azur, il ne lui déplairait pas de se rapprocher de son milieu familial. Le 8 mai 1982, Monaco remporte le titre de champion de France au nez et à la barbe des Stéphanois pourtant larges vainqueurs de Metz (9-2). Lopez qui vient de disputer les trente-huit rencontres de championnat fait ses adieux, ce soir-là, aux supporters du stade Geoffroy-Guichard. Le titre envolé, le défenseur stéphanois espère bien décrocher une quatrième victoire en Coupe de France le 15 mai contre Paris-SG, histoire de boucler la boucle. Mais là encore, elle lui échappe lors de la séance des tirs au but. Son penalty est détourné par Dominique Baratelli, son coéquipier en Bleu. Fin de l’histoire en Vert.

PSG-ST ETIENNE (2-2 (6-5))
Baratelli, le gardien parisien détourne le penalty de Lopez, la Coupe de France s’envole pour le Verts.

 L’heure est à la réflexion

Le 18 mai. Sa décision est prise : après treize ans de bons et loyaux services, il quitte les Verts. Lui qui souhaitait prolonger et négocier un dernier bon contrat avec les Verts ne verra pas son voeu exaucé. Il est en contact avec quelques clubs de Division 2 : Cannes, le Montpellier du président Nicollin qui lui propose une reconversion après sa carrière ou Nice. Néanmoins, les clubs de Monaco, Paris-SG et Metz, clubs de Division 1, sont les plus en rapport avec ce qu’il recherche. Les négociations sont bien avancées avec Monaco mais elles traînent en longueur. L’Espagne l’attire également d’autant qu’il possède la double-nationalité par son grand-père.

bathenay (dominique) lopez (christian)

Sélectionné avec l’équipe de France qui va disputer le Mondial en Espagne, il part trois semaines en stage en altitude à Font-Romeu. Il est donc libre comme l’air qu’il va humer dans les Pyrénées Orientales.

Le 19 mai. Toulouse vient d’accéder à la Division 1 et recherche des joueurs expérimentés. Parmi ceux susceptibles de rejoindre la ville rose, Philippe Mahut.

Vidéo INA : Christian Lopez prépare le Mondial avec les Bleus à Font-Romeu. Il évoque ses contacts en vue de son futur transfert (minute 4 : 40).

http://player.ina.fr/player/embed/CAA8201067001/1/1b0bd203fbcd702f9bc9b10ac3d0fc21/560/315/0/148db8

Le 27 mai, les Tricolores sont en pleine préparation. Ils reçoivent la visite de Daniel Visentin, le président toulousain. Le but avoué de ce dernier est clair : concrétiser verbalement les pourparlers avec plusieurs joueurs parmi lesquels Gérard Soler, Philippe Mahut et… Christian Lopez. L’homme fort du TFC repart de son court séjour avec un seul accord : celui du Bordelais Soler. Concernant le Stéphanois, une petite divergence concerne la durée de son contrat. Lui souhaite un bail de quatre ans alors que Toulouse ne lui en propose que trois. Aussi, il émet une condition : jouer libero au côté du Hongrois Balint, un autre libero mais qui occupe le poste de stoppeur. Il s’accorde un temps de réflexion d’autant qu’un autre club, le Servette de Genève, verrait d’un bon oeil son arrivée sur les bords du lac Léman. Mais sa préférence va finalement au club toulousain.

Toulousain pour 4 ans

Le mercredi 2 juin, les Bleus sont au Stadium de Toulouse pour y disputer un match de préparation contre le Pays de Galles. Si les joueurs de Michel Hidalgo s’inclinent 1-0, en revanche, pour Christian Lopez, ce voyage dans la ville rose s’annonce décisif. Le lendemain matin, il est reçu par le président haut-garonnais. Les deux hommes s’entendent sur un contrat de quatre ans comme le relate le journal L’Equipe dans son édition du 4 juin :

IMG_6287

Une page se tourne pour le célèbre défenseur des Verts. Avec l’AS Saint-Etienne, « Jeannot » comme l’appellent encore les Stéphanois, surnom que lui avait donné Bernard Bosquier en 1969 qui lui trouvait une ressemblance avec Jean Baeza, le joueur de l’OM, possède un des plus beaux palmarès du football français. En treize ans à l’ASSE, il a remporté une Coupe Gambardella (1970), quatre titres de champion de France (1974, 1975, 1976 et 1981), trois Coupes de France (1974, 1975 et 1977) et disputé une finale de Coupe d’Europe (1976).

 

Une défaite salutaire

7 septembre 1963. Toulouse-Saint-Etienne : 4-0.
Toulouse est leader après la première journée de championnat ! Rien d’anormal. Saint-Etienne est onzième : rien d’étonnant après un match nul contre Valenciennes (1-1). Le promu stéphanois, à l’occasion de la deuxième journée, se déplace en Haute-Garonne. Blessé lors du premier match, Pierre Bernard, leur nouvelle recrue au poste de gardien, effectue ses grands débuts. Malgré cette rentrée, Jean Snella dénombre beaucoup de blessés, ce qui l’oblige à emmener deux joueurs amateurs : le défenseur Georges Polny et l’attaquant Jean Masson. Mais ces deux joueurs se sont rendus à Toulouse sans licence. Ils ont dû apposer leur signature sur la feuille de match pour pouvoir jouer. Toulouse ne fait d’ailleurs aucun problème à cet oubli malencontreux. Autre époque !

Robert Herbin, l'une des rares satisfactions stéphanoises de ce match.
Robert Herbin, l’une des rares satisfactions stéphanoises de ce match.

Côté toulousain, Baraffe joue avec le poignet gauche bandé suite à une chute lors d’une séance d’entraînement au Bataillon de Joinville. D’entrée, Toulouse imprime un rythme soutenu que les Stéphanois ont du mal à suivre. Groschulski (5e) malgré une position de hors-jeu, Dorsini (27e), Baraffe (38e) scellent le sort de ce match en première mi-temps. Richard Tylinski n’est pas dans un bon jour et l’absence de Ferrier se fait sentir au fil des minutes. Le quatrième but de Groschulski (78e) est anecdotique. Sans un Bernard en grande forme et un Herbin omniprésent, l’addition aurait été beaucoup plus lourde. A l’issue de cette rencontre, Toulouse s’empare seul de la première place et les Stéphanois ferment le classement avec un seul petit point.

Le train n’attendant pas, les hommes de Snella n’ont pas le temps de gamberger. Dès le coup de sifflet final, ils ont vingt-cinq minutes, pas une de plus, pour se doucher et regagner la gare de Montabiau. Escortée par une voiture de police-secours, la délégation stéphanoise repart à temps. Visiblement, cette défaite a été salutaire pour eux. Le retour des blessés et une meilleure organisation de la défense redonnent des couleurs au promu. Pour preuve, après le naufrage toulousain, ils alignent sept victoires et quatre nuls, soit onze matches sans connaître la défaite.

Buts.- Groschulski (5e),Dorsini (27e), Baraffe (38e), Groschulski (78e).
Toulouse : Roussel – Mouthon, Simon, Redin – Bocchi, Bruneton – Wojciak, Mahi, Groschulski, Baraffe, Dorsoni. Entr. : Deladerrière.
Saint-Etienne : Bernard – Cassado, Tylinski, Polny – Domingo, Herbin – Foix, Hartmann, Guy, Mekloufi, Masson. Entr. : Snella.

L’arbre de Noël des Verts

L’arbre de Noël de l’AS Saint-Etienne est une tradition. C’est l’occasion pour les joueurs accompagnés de leurs femmes et enfants de rencontrer le Père Noël avant de passer les fêtes de fin d’année loin des terrains. Organisé sous la présidence de Roger Rocher au début des années 70, le club délègue ensuite la prise en charge de l’évènement à M. Georges Elbeck, le président des Associés supporters. Ces derniers sont répartis en fédération régie par la loi 1901 qui a pour objectif de rassembler et fédérer les supporters et clubs de supporters de l’ASSE.

Jean-Michel Larqué, Patrick et Hervé Revelli, Georges Bereta à l'occasion de l'Arbre de Noël.
Jean-Michel Larqué, Patrick et Hervé Revelli, Georges Bereta et leurs enfants à l’occasion de l’arbre de Noël en 1973.

En décembre 1973, l’emblématique président de l’ASSE profite de cette réception pour féliciter les joueurs pour leur titre honorifique de champions d’automne mais aussi encenser Robert Herbin pour son excellent travail, notamment auprès des jeunes qu’il a lancés. Mais l’arbre de Noël chez les Verts, c’est aussi l’occasion de remettre la médaille du travail au gardien du stade pour services rendus pendant plus de vingt-cinq ans.

En décembre 1975, une tête de Piazza et une victoire 1-0 contre Metz pour clore les matches aller rend l’arbre de Noël encore plus beau. Les politiques ne manquent pas ce rendez-vous. Si M. Durafour, ministre du Travail et maire de Saint-Etienne, n’est pas présent, en revanche, M. Neuvirth, député de la Loire, ne manque pas cette réunion organisée de main de maître par les membres associés du club. L’occasion est aussi propice pour y présenter une brochure sur l’épopée des Verts.

Les joueurs de l'ASSE et leurs enfants autour du président Rocher
Les joueurs de l’ASSE et leurs enfants autour du président Rocher fin décembre 1976.

Alex Mahinc, ancien président des membres Associés de Saint-Etienne, est supporter des Verts depuis l’âge de neuf ans. Il en a aujourd’hui soixante-quinze. A la demande de Pierre Garonnaire, il filme tous les matches de l’ASSE à Geoffroy-Guichard depuis 1972. Pour lui qui a organisé nombre de ces arbres de Noël, ces moments privilégiés représentent des bons souvenirs  : « A l’époque, il était ouvert uniquement aux joueurs professionnels. Ils se présentaient à l’arbre de Noël dans leur plus beau costume. Cela se déroulait dans les salons du stade Geoffroy-Guichard. Les joueurs venaient avec leurs enfants. Le père Noël distribuait les jouets, c’était une vraie fête pour les enfants mais aussi pour les joueurs. »

Dominique Rocheteau et le Père Noël.
Dominique Rocheteau et le Père Noël fin décembre 1978

Quand Michel Platini et Johnny Rep signent à l’ASSE en 1979, leur premier arbre de Noël est une véritable réussite. Jamais la fête n’a été aussi joyeuse qu’en cette fin d’année. Il est vrai que tout est réuni pour qu’elle soit belle. Quatre jours auparavant, les Verts se qualifient pour les quarts de finale de la Coupe d’Europe, et la veille, ils  s’imposent devant l’OM (3-1) pour s’octroyer la deuxième place du classement.

Alex Mahinc raconte : « Je me souviens d’un arbre de Noël animé avec un orchestre où Michel Platini jouait de la trompette. Tout près du célèbre numéro 10, Bernard Pivot fumait le cigare. C’était l’occasion pour les joueurs de faire « un boeuf » et surtout de bien finir l’année. La fête prit fin au petit matin. Aujourd’hui, l’arbre de Noël est ouvert à tous les enfants du club, des poussins aux enfants des joueurs professionnels. Je pense que c’est une belle évolution. Cette année, les festivités se sont déroulées dans un parc d’attraction. »

En 1980, on assiste à l’intronisation au rang de « l’Ordre des grands amis de l’ASSE » de cinq personnalités qui ont œuvré le plus pour la réputation des Verts. Parmi celles-ci, Pierre Legalery, journaliste et correspondant au journal L’Equipe, Bernard Pivot, critique littéraire, ou Jacques Monty, compositeur de la chanson « Allez les Verts ».

Enfin, en décembre 1981, l’arbre de Noël de l’AS Saint-Etienne est l’occasion de fêter le titre de champion de France. Le dernier des dix remportés par les Verts.

Saint-Etienne-Nantes : retour vers le futur

 

 

 

Un match entre Saint-Etienne et Nantes, c’est toujours un rendez-vous particulier. On l’attend un peu comme on attend un derby. On se remémore les confrontations des années 60-70, voire du début des années 80 où les deux clubs se disputaient les premières places, glanaient les titres, alimentaient l’équipe de France. Aujourd’hui, si l’affiche a perdu de son lustre, elle ne demande qu’à reverdir. En attendant, je vous propose de replonger dans  l’histoire de quelques matches ou anecdotes qui ont alimenté les rencontres de championnat entre les deux clubs.

 

Naissance d’une rivalité

5 mai 1963. Saint-Etienne-Nantes : 0-1.

Ce jour de mai, Saint-Etienne et Nantes s’affrontent pour la première fois en championnat de Division 2 à Geoffroy-Guichard. Nantes possède un point d’avance sur les Verts mais compte trois matches de plus à trois journées de la fin. Privés de plusieurs titulaires, José Arribas et ses hommes vont se charger de réparer l’humiliation subie au match aller (0-4). Bien aidé par Philippe, le gardien stéphanois, Boukhalfa signe la victoire nantaise (47e) devant les 16 711 spectateurs présents. Il a donc fallu attendre la 36e journée pour voir les hommes de François Wicart subir leur première défaite de la saison à domicile. Au terme de cet exercice, les deux clubs accèdent logiquement à la Division 1. L’ASSE termine champion avec 58 points, soit quatre de plus que Nantes, beau second.

But.- Nantes : Boukhalfa (47e).

Saint-Etienne : Philippe – Courbon, Tylinski, Sbaiz – Domingo, Ferrier – Balboa, Herbin, Guy, Mekloufi, Foix. Entr. : Wicart.

Nantes : Eon – Bout, Gonzales, Jort – Le Chenadec, Markiewicz – Gondet, Guillot, Blanchet, Suaudeau, Boukhalfa. Entr. : Arribas.

6263
L’AS Saint-Etienne 1962-63

Feu d’artifice pour les 49 ans de M. Snella

8 décembre 1963. Saint-Etienne-Nantes : 6-1.

C’est le match des deux promus. Saint-Etienne est leader devant Monaco après quatorze journées. Snella enregistre la rentrée de Ferrier et reconstitue à l’occasion le trio Ferrier-Herbin-Mekloufi. Arribas, l’entraîneur nantais, en revanche, ne peut compter sur Le Chenadec et Boukhalfa, blessés. A la veille de ses 49 ans, Jean Snella ne pensait pas que ses joueurs allaient tirer un véritable feu d’artifice. Grâce à son fameux tandem Mekloufi-Herbin, les futurs champions de France dynamitent leur hôte d’un soir 6-1.  Le score est très lourd pour des Nantais qui ont inquiété à plusieurs reprises Pierre Bernard, le gardien stéphanois, notamment en première mi-temps. A Geoffroy-Guichard, si les Nantais n’ont pas été à la fête, Jean Snella et René Ferrier, nés le même jour, peuvent fêter leur anniversaire ensemble dans la joie.

Buts.- Saint-Etienne : Herbin (13e), Mekloufi (33e), Foix (38e), Guy (73e, 83e), Ferrier (85e) ; Nantes : Gondet (63e).

Saint-Etienne : Bernard – Casado, Tylinski, Courbon – Domingo, Ferrier – Baulu, Herbin, Guy, Mekloufi, Foix. Entraîneur : Snella.

Nantes : Eon – De Michele, Budzinski, Siatka, Le Chenadec, Suaudeau – Simon, Guillot, Santos, Gondet, Blanchet. Entraîneur : Arribas.

 

« Tintin » de retour chez les siens

Le 17 octobre 1975 : Saint-Etienne-Nantes : 2-2.

Le 20 septembre, Nantes décroche enfin sa première victoire en championnat contre Bastia (1-0). Malgré cela, les dirigeants nantais se réunissent sitôt le match terminé pour discuter d’un éventuel transfert de Triantafilos sur les bords de l’Erdre. L’idée est venue de Stefan Kovacs, le sélectionneur, qui avait soufflé son nom aux dirigeants nantais lors d’un stage de l’équipe de France à La Baule quelques semaines auparavant. Cependant, le Stéphanois, qui est en concurrence avec Patrick Revelli, est également annoncé aux Girondins de Bordeaux. M. Fonteneau, président du FCN, doit faire vite et traiter directement avec M. Rocher, son homologue ligérien. La venue du « Grec » (surnom donné en référence aux origines grecques de son père), permettrait de compenser le départ d’Hugo Curioni et faire taire les critiques qui se sont abattues après le transfert de l’Argentin au FC Metz à l’intersaison. Le 23 septembre, Yves Triantafilos effectue plusieurs aller-retours au siège du club stéphanois. Les tractations battent leur plein. Fort d’un contrat de cinq ans à l’ASSE, il n’en est qu’au début de sa deuxième saison. Les Verts laisseront-ils partir celui qu’ils avaient été chercher à l’Olympiakos ? Finalement, le lendemain matin, il donne son accord pour rejoindre les Canaris et paraphe un contrat de trois ans et dix mois, soit la même durée qu’il lui restait à effectuer dans le Forez.

Yves Triantafilos le Stéphanois.
Yves Triantafilos le Stéphanois.

Débuts de Schaer, retour de « Tintin » à Geoffroy-Guichard

Ce 17 octobre, un avant-goût de coupe d’Europe plane sur Geoffroy-Guichard. Avant de recevoir les Glasgow Rangers, les Verts reçoivent le FC Nantes. Pour les hommes de Claude Arribas, l’exploit serait de faire tomber les champions de France en titre sur leur pelouse. En effet, les Verts sont invaincus depuis cinquante matches à domicile. Il faut remonter au 24 mars 1973 pour voir un adversaire repartir victorieux de Geoffroy-Guichard et cet adversaire  s’appelle … Nantes vainqueur 2-1. Cette rencontre n’attire que 15 639 spectateurs. La faute au mauvais temps et surtout à une grève des tramways. Robert Herbin, l’entraîneur des Verts, lance dans le grand bain un petit nouveau : Jean-Marc Schaer. Mais ce soir-là, tous veulent revoir « Tintin » (autre surnom de Triantafilos). Moins d’un mois après son départ, le nouveau Canari revient sur les terres de ses exploits. Personne n’a oublié ses deux buts contre Split en Coupe des Clubs Champions le 6 novembre 1974 pour l’un des plus beaux renversements de situation du football français. Ni Schaer, le débutant, ni Triantafilos, le revenant, n’ont marqué… Et les Verts augmentent d’une unité leur invincibilité à domicile.

"Tintin" revient à Geoffroy-Guichard avec le FC Nantes.
« Tintin » revient à Geoffroy-Guichard avec le FC Nantes.

Buts.- Saint-Etienne : P. Revelli (77e et 85e) ; Nantes : Lopez (43e, c.s.c.), Bargas (89e).

Saint-Etienne : Curkovic – Janvion, Piazza, Lopez, Farison – Larqué, Bathenay, Synaeghel – Rocheteau, Schaer, P. Revelli. Entraîneur : Herbin.

Nantes : Bertrand-Demanes – Osman, Bargas, Rio, Bossis – Michel, Van Straelen, Rampillon – Amisse, Triantafilos, Gadocha. Entraîneur : Arribas.

 

Décor de Noël pour match de gala

12 décembre 1976. Saint-Etienne-Nantes : 2-0.

Tradition oblige, à l’occasion du dernier match de l’année à Saint-Etienne, un immense arbre de Noël trône dans les salons du stade Geoffroy-Guichard. Mais il n’y a pas que dans les salons que le décor est planté. Ce 12 décembre, il fait un temps à ne pas mettre un Canari dehors. C’est par une température négative (-7 degrés) et une pelouse couverte d’un manteau blanc que se déroule ce Saint-Etienne-Nantes. En cette période de fête, les deux équipes ne se font pourtant aucun cadeau. Portés par plus de 30 000 supporters qui ont bravé les intempéries, les hommes de Robert Herbin s’imposent 2-0 grâce à ses défenseurs Farison (22e) et Lopez (82e).

Buts.- Saint-Etienne : Farison (22e), Lopez (82e).

Saint-Etienne : Curkovic – Janvion, Piazza, Lopez, Farison – Larqué, Bathenay, Santini – Rocheteau (Sarramagna, 46e), P. Revelli, Synaeghel. Entraîneur : Herbin.

Nantes : Bertrand-Demanes – Denoueix, Rio, Bargas, Bossis (Tusseau, 87e) – Michel, Rampillon, Sahnoun – Gadocha (Triantafilos, 56e), Baronchelli, Amisse. Entraîneur : Vincent.

Dominique Bathenay échappe à Rampillon sous les yeux de Gadocha.
Dominique Bathenay échappe à Gilles Rampillon sous les yeux de Robert Gadocha.

 

Fin de carrière pour Tibeuf

24 février 1991 : Saint-Etienne-Nantes : 1-3.

Avant de se déplacer à Geoffroy-Guichard, Nantes n’a pris que deux points à l’extérieur. Jean-Claude Suaudeau a remplacé Blazevic à la tête de l’équipe professionnelle. Sarramagna, l’entraîneur des Verts, aligne Etienne Mendy et Philippe Tibeuf en attaque. Tout est prêt pour un beau dimanche de football. Seul bémol : moins de 10 000 spectateurs sont présents pour cette affiche On joue la dixième minute de jeu, Philippe Tibeuf est à la lutte avec Marraud, le gardien nantais. Après une tentative de tir en pivot, il s’écroule. Le capitaine des Verts sort du terrain à cloche-pied. Le bilan est terrible : rupture des ligaments croisés du genou gauche. Son indisponibilité est estimée dans un premier temps à six mois. Des complications post-opératoires l’éloignent définitivement des terrains. Il met un terme à sa carrière de footballeur à l’âge de 30 ans.

Buts.- Saint-Etienne : Kastendeuch (26e, s.p.) ; Nantes : Ferri (25e), Fernier (56e, s.p., 62e).

Saint-Etienne : Ceccarelli – Deguerville – Sivebaek, Kastendeuch, Gros – Pouliquen, Laurey, Lambert – Moravcik, Tibeuf (Corroyer, 12e), E. Mendy. Entraîneur : Sarramagna.

Nantes : Marraud – Ferri, Desailly, Bossis, Capron – Eydelie, Le Guen, Fernier (Lima, 80e), N’Doram (Loko, 63e) – Jacovlevic, Youm. Entraîneur : Suaudeau.

Dernier match en professionnel pour Philippe Tibeuf.
Dernier match en professionnel pour Philippe Tibeuf.

 

18 titres de champion de France à leur palmarès

Entre 1957 et 2013, l’AS Saint-Etienne et le FC Nantes se sont partagé la bagatelle de dix-huit titres à eux deux. Si le dernier titre des Nantais remonte à 2001, en revanche, pour les Verts, il faut remonter à 32 ans pour voir inscrite la dernière ligne de champion.

Saint-Etienne : 10 : 1957, 1964, 1967, 1968, 1969, 1970, 1974, 1975, 1976 et 1981.

Nantes : 8 : 1965, 1966, 1973, 1977, 1980, 1983, 1995, 2001.

Champagne Monsieur Batteux !

Champagne Monsieur Batteux !

Saint-Etienne reçoit Reims ce week-end. Une rencontre qui a une saveur particulière entre des clubs à la recherche de leur passé glorieux. L’occasion aussi d’évoquer une figure emblématique du football français : Albert Batteux, entraîneur à succès, passé dans les deux camps.

Le 20 avril 1967 : Roger Rocher déclare aux journalistes présents à l’habituel point-presse que Jean Snella ne sera plus l’entraîneur de l’AS Saint-Etienne la prochaine saison. L’ASSE est donc en quête d’un nouvel entraîneur. Mais avant cela, il reste six journées de championnat à disputer et pour les Verts, l’objectif reste un troisième titre de champion de France.
C’est alors que le journaliste Pierre Marey, ancien directeur sportif du club, écrit : « Et pourquoi pas Batteux ? » Cette interrogation ne reste pas lettre morte.
En effet, le 9 mai, Roger Rocher rencontre Albert Batteux à Lyon. L’ancien mentor du grand Stade de Reims des années 50 s’est entretenu plus d’une heure avec le président stéphanois qui sort satisfait de cet entretien. Grenoble, pensionnaire de Division 2, en proie à de graves difficultés financières, est prêt à libérer son entraîneur à qui il reste une année de contrat.

Jean Snella (à gauche) et Albert Batteux (à droite) : un passage de témoin en douceur.
Jean Snella (à gauche) et Albert Batteux (à droite) : un passage de témoin en douceur.

Début juin, on assiste à une première en France. Albert Batteux assiste aux entraînements de Jean Snella, lequel lui voue une admiration sans limites. Ils ont dirigé ensemble l’équipe de France qui a terminé troisième de la Coupe du monde en Suède en 1958. L’ancien Rémois souhaite s’imprégner de son nouvel environnement, découvrir les joueurs qu’il va diriger quelques semaines plus tard. La passation de pouvoir s’effectue dans les meilleures conditions.

Parmi ces joueurs, Jean-Michel Larqué, Stéphanois à l’époque, a accepté de me parler de celui qui fut son entraîneur durant cinq ans.
« Je me souviens bien des débuts au club d’Albert Batteux. Quand il arrive à Saint-Etienne en 1967, nous venions de conquérir notre troisième titre de champion de France avec M. Snella. M. Batteux, non seulement a conservé l’effectif de la saison précédente mais l’a renforcé considérablement avec Georges Carnus, Vladimir Durkovic et un peu plus tard, Salif Keita, soit trois internationaux. Un effectif expérimenté aidé par des jeunes, comme Francis Camérini qui avait mon âge, international Junior et Espoir de surcroît, Georges Bereta et moi-même, à qui M. Snella avait permis de goûter aux joies de la Ligue 1. M. Snella était un grand Monsieur, un très très grand Monsieur. On n’a pas très bien compris son départ.

Jean-Michel Larqué en action.
Jean-Michel Larqué en action.

Il possédait donc une équipe supérieure à celle qui avait décroché le titre. Son prédécesseur et lui-même avaient la même philosophie. Il faisait énormément confiance aux joueurs, tout d’abord parce qu’il avait entraîné le grand Reims. Les joueurs se prenaient en charge. Il a donc reproduit cela à Saint-Etienne.
La seule petite anicroche durant les cinq années passées à la tête du club a été le petit différend avec Rachid Mekloufi qui était en fin de carrière en 1968. Alors qu’il n’était plus titulaire, M. Batteux a eu l’intelligence de lui faire jouer la finale de la Coupe de France contre Bordeaux. Et c’est lui qui a inscrit les deux buts de la victoire (2-1). C’est bien la preuve qu’il avait du nez ! »
Grâce à cette victoire doublée quelques semaines plus tard du titre de champion, Albert Batteux et Robert Herbin reçoivent la médaille d’or de la Ville de Saint-Etienne.

Pour Jean-Michel Larqué : « L’ASSE avait une équipe fabuleuse. Je pense qu’en terme de talent, elle était équivalente voire supérieure à celle de 1976. Si en 1971, on n’est pas champion, ce n’est pas uniquement à cause de « l’affaire Carnus-Bosquier » mais parce que l’OM a réalisé une saison fantastique. On échoue au pied du podium à un petit point des Marseillais. »
Entre 1967 et 1972, sur le plan national, Albert Batteux remporte avec l’ASSE trois titres consécutifs de champion (1968,1969 et 1970) et deux Coupes de France (1968 et 1970). Sur la scène européenne, on retiendra surtout la qualification contre le Bayern Munich en 1969 (0-2 au match aller, 3-0 au match retour).

Les joueurs et dirigeants stéphanois reçus à l'Elysée par le président Georges Pompidou après leur doublé en 1970.
Le 25 juin 1970, les joueurs et dirigeants stéphanois sont reçus à l’Elysée par le président Georges Pompidou après leur doublé.

En 1967, Jean Snella avait transmis le témoin de l’A.S.S.E. à Albert Batteux avec beaucoup d’élégance. En 1972, Albert Batteux a lancé Robert Herbin dans des conditions aussi parfaites. Question de classe…

Dans L’Equipe du 23 mai 1972, Philippe Tournon, journaliste au quotidien, raconte le dîner d’adieu d’Albert Batteux. Assis à côté de Robert Herbin, son digne successeur, le désormais ex-entraîneur des Verts déclare : « Je n’ai pas la prétention de vous avoir appris à jouer au football. Ce n’était d’ailleurs pas mon rôle. J’espère seulement vous avoir aidé à vous accomplir dans votre profession de footballeur, à faire et à prendre votre place dans la collectivité du football et dans la vie. »

Vidéo : Après la finale de la Coupe de France remportée devant Nantes (5-0) au stade Yves du Manoir le 31 mai 1970, Michel Drucker invite toute l’équipe de l’ASSE sur son plateau de Télé dimanche.

http://player.ina.fr/player/embed/I00017232/1/1b0bd203fbcd702f9bc9b10ac3d0fc21/560/315/0/148db8

Vous reprendrez bien quelques « bulles »…

 

« Et dire que nous n’avions jamais été battus à Saint-Etienne ! »

30 mai 1948. Saint-Etienne-Reims : 3-2.
Dernier match de la saison 1947-48. L’équipe d’Ignace Tax reçoit le Stade de Reims qui joue pour le titre. Les Stéphanois avaient prévenu les Rémois : « Méfiez-vous de Cuissard « . Visiblement, ils n’ont pas écouté. L’international stéphanois, Antoine Cuissard, dit « Tatane » a ajouté en cinq minutes deux nouvelles unités à son compteur. Henri Roessler, l’entraîneur rémois ne décolérait pas : « Toi, Petitfils, les Stéphanois eux-mêmes t’avaient pourtant mis en garde gentiment… contre le « danger Cuissard. » Ils t’avaient recommandé de ne pas lâcher Cuissard d’un pouce, faute de quoi, ils t’avaient promis que Cuissard marquerait un but ! »
Les joueurs et dirigeants pestaient également contre M. Fauquemberghe, l’arbitre de la rencontre, qui, d’après eux, avait écourté le jeu d’une minute au moins et sifflé la fin presque aussitôt après le deuxième but de Sinibaldi (88e), auteur, lui aussi, d’un doublé.
« Le pire de l’histoire, c’est que nous venons de concéder notre première défaite à Saint-Etienne en championnat national ! Elle nous a fait perdre non seulement la première place, mais encore… la seconde au profit des Lillois. »
Reims se classe 3e et Saint-Etienne 4e.
Une mauvaise journée pour Reims que ce 30 mai 1948 !

La composition des équipes :
Saint-Etienne : Jacquin – Huguet, Calligaris, Mathieu – Cuissard, Vernay – Firoud, Jancowski – Alpsteg, Lauer, Rodriguez. Entraîneur : Tax.
Reims : Favre – Jacowski, Joncquet, Marche – Kuta, Belver – Batteux, Petitfils – Bini, Sinibaldi, Flamion. Entraîneur : Roessler.

 

A couper le sifflet…

24 août 1952. Saint-Etienne-Reims : 2-6.

Ce match entre Stéphanois et Rémois est arbitré par un néophyte à ce niveau national. M. Guigne a une particularité : il est gendarme de profession. Par conséquent, un as du sifflet sachant se faire respecter… Toujours est-il qu’il n’a pas évité aux Stéphanois de se prendre… un carton à domicile.
Une mauvaise journée pour Saint-Etienne que ce 24 août 1952 !

« Terminus, tout le monde descend ! »

Toujours le 24 août 1952. Le président du Stade Rémois, M. Canard, proche de son équipe, avait décidé de faire le déplacement à Saint-Etienne. Le moyen de transport le plus rapide étant le train, il monta, par erreur, dans une voiture étiquetée Clermont-Ferrand.
Seul problème, à Saint-Germain-des-Fossés, des voitures directes pour Clermont sont détachées du train Paris-Saint-Etienne. M. Canard, croyant être dans le bon train, entendit crier : « Clermont-Ferrand, tout le monde descend!
Ni une, ni deux, il sauta à la hâte dans un train qui partait de Clermont vers… Saint-Germain-des-Fossés où il changea à nouveau de train. Il arriva à Saint-Etienne vers… 5 heures du matin.
Sacrée expédition.

 

Y’avait le feu à Saint-Etienne

Le 20 avril 1954. Saint-Etienne-Reims : 0-1
Le lendemain soir de la défaite de Saint-Etienne devant Reims, un incendie éclatait dans l’immeuble du Café de la Paix. C’est précisément où se trouve le siège de l’AS Saint-Etienne. Il y a des défaites qui partent en fumée.

 

Autre époque…

24 février 1957 : Saint-Etienne-Reims : 0-0

30 968 spectateurs au stade Geoffroy-Guichard. Un record. Plus une place à vendre. L’engouement pour cette rencontre est tellement forte que MM. Faurand et Fontanilles, les dirigeants stéphanois, ont fait installer 4 000 chaises supplémentaires, dont 2 000 ont été prêtées par la municipalité lyonnaise. Les 2 000 autres ont été réquisitionnées dans les parcs et jardins publics de Saint-Etienne.

Record de spectateurs à Geoffroy-Guichard pour la venue de Reims
Record de spectateurs à Geoffroy-Guichard pour la venue de Reims.

Cadeaux à gogo…

28 mai 1967. Saint-Etienne-Reims : 3-0.
Hervé Revelli a supplié Jean Snella de lui donner le ballon du « sacre », c’est-à-dire celui de Saint-Etienne-Reims. Jean Snella le lui a promis : « Je te le nettoierai et tu pourras le garder. » Quand on sait avec quel soin l’entraîneur stéphanois s’occupait de ses ballons, il faut reconnaître que le cadeau a son prix.
Quant au jeune défenseur stéphanois Georges Polny, le 19 juin, il a pu présenter dans sa corbeille de mariage, le titre de champion de France.

Les Verts so Nice

Nice et Saint-Etienne s’affrontent ce week-end pour le compte de la quatorzième journée. Avec dix titres de champion de France pour les Verts, quatre pour les Aiglons, ce classique de la Ligue 1 entre deux clubs au passé prestigieux est attendu comme on attend les feuilles mortes en automne ou les bourgeons au printemps. Attachez vos ceintures, « Sur la route des Verts », c’est un long voyage dans le passé.

 

Nice-Saint-Etienne : une première et un drame

1er mai 1949. Pour cette première au stade du Ray entre l’OGC Nice et l’AS Saint-Etienne en Division 1, le public venu nombreux, retrouve ses deux nouveaux internationaux Mindonnet et Bonifaci et découvre les trois autres capés, Cuissard, Alpsteg ou Huguet côté stéphanois.

Le duel tourne rapidement à l’avantage des Aiglons qui ouvrent le score dès la 7e minute par Rolland. Sans un Jacquin des grands jours, l’addition aurait pu être plus lourde.

Mais en marge de ce match, un deuil frappe l’ASSE. En effet, l’international tchécoslovaque, Miroslav Jankowski, qui avait préféré rester au Chambon-Feugerolles pour suivre une course cycliste, plutôt que de se rendre à Nice avec l’équipe stéphanoise, est victime d’un accident de moto. Le club stéphanois perd l’un de ses meilleurs joueurs.

La composition des équipes :

Nice : Favre – Firoud, Mindonnet, Gaillard – Luciano, Belver – Bonifaci, Gallard -Rolland, Carré, Ben Tifour. Entraîneur : Marek.

Saint-Etienne : Jacquin – Huguet, Calligaris, Fernandez – Vialleron, Rémy – Cuissard, Lauer – Alpsteg, Hanus, Rodriguez. Entraîneur : Tax.

Antoine Cuissard, le milieu de terrain stéphanois
Antoine Cuissard, le milieu de terrain stéphanois

 

Hervé Revelli : de Saint-Etienne à Nice

Juin 1971. Francis Camérini, natif de Marseille, souhaite quitter l’AS Saint-Etienne pour des raisons personnelles. Nice, qui dispose d’une enveloppe conséquente pour effectuer son mercato estival, l’engage.

Dans la foulée de ce transfert, un autre Stéphanois demande à partir. Et non des moindres : Hervé Revelli. L’éclosion de Salif Keita ainsi que son repositionnement sur le terrain ont contribué à le rendre moins efficace, ce qui lui vaut le courroux des supporters. Mécontent, Hervé vit mal cette situation.

Hervé Revelli, le Stéphanois
Hervé Revelli, le Stéphanois

J’ai contacté l’aîné des Revelli qui a gentiment accepté de revenir sur cette période et de me raconter le déroulement de son transfert :
« Quand je demande à M. Batteux, mon entraîneur, et à M. Rocher, mon président, de me transférer, je reçois une fin de non-recevoir. Ils ne comprennent pas ma décision de quitter le club. Mais devant mon obstination, ils finissent par céder à ma requête et me placent sur la liste des transferts. » Immédiatement, les offres affluent : Nice entre dans la danse, Reims surenchérit sur la proposition niçoise, Marseille, et quelques autres se manifestent à leur tour.
Les discussions sont âpres, M. Loeuillet, le président niçois, ne veut pas dépasser le budget qu’il s’est fixé : « Hervé me fait dépasser mon enveloppe allouée pour les transferts. »

Rocher menace alors de transférer son joueur à Reims si les conditions ne sont pas réunies. Finalement, sur les conseils de Charly Loubet qui connaît bien le joueur Stéphanois, le président niçois cède et la transaction est conclue moyennant 73 millions d’anciens francs. «Une somme rondelette pour l’époque. M. Rocher m’a ensuite appelé pour me dire qu’il s’était mis d’accord avec son homologue niçois.

En vacances à Cannes, j’ai rencontré celui qui allait devenir mon futur président le 30 juin et j’ai paraphé un contrat de quatre ans. »

Revelli fait partie au même titre que Baratelli, Camérini, Loubet et Huck de l’équipe des « Millionnaires de la Côte ».

Hervé Revelli sous le maillot niçois avec Roger Jouve.
Hervé Revelli sous le maillot niçois avec Roger Jouve.

Le téléphone sonne à minuit

« J’ai passé deux très bonnes saisons à Nice. L’entente était parfaite avec mes partenaires, le soleil était au rendez-vous, j’étais chez moi. Mais un soir d’été 73, je reçois un coup de téléphone à minuit. Pierre Garonnaire au bout du fil. » Le recruteur stéphanois n’a pas oublié celui qui fut par deux fois le meilleur buteur du championnat (1967, 31 buts et 1970, 28 buts). Il souhaite son retour au club. D’autant que sur la Côte d’Azur, il n’a rien perdu de ses qualités de buteur : 41 matches disputés pour… 41 marqués. Garonnaire lui demande : « Hervé, on va monter une grosse équipe à Saint-Etienne. »

Etonné de cet appel aussi tardif, je lui réponds que je suis content pour eux. Mais « Garo » enchaîne : « Avec Roby (Herbin), on aimerait bien que tu reviennes à Saint-Etienne. » Surpris, je lui demande quelles sont les ambitions du club. « L’Europe » répond Garo. « L’Europe ? Mais avec quels joueurs ? Je n’ai pu m’empêcher de rire. » s’esclaffe le Niçois.

Le recruteur stéphanois déroule une liste peu convaincante, dans un premier temps, aux yeux de Revelli : « Il y a des cadres que tu connais comme Yvan (Curkovic), Oswaldo (Piazza) contre qui tu as joué en Argentine, Jean-Michel (Larqué) et Georges (Bereta) et… toi en attaque.

Toujours aussi sceptique, je lui rétorque : « Et les autres ? »

– « Les autres ? Eh bien ce sont les jeunes du centre de formation. »

– Attendez ! On va jouer l’Europe avec les jeunes du centre de formation?

– Oui et tu les connais. Janvion, Lopez, Bathenay, Synaeghel, ton frère Patrick… Ecoute Hervé, je suis sûr que l’on va réussir. Reviens à Sainté. Roby va te parler des méthodes d’entraînement qu’il préconise… On va s’entraîner comme les Anglais ou les Allemands. Réfléchis, M. Rocher t’appellera demain matin, il est dans le Sud. »

Le lendemain matin, le président stéphanois en vacances à Antibes avec sa femme lui fixe un rendez-vous à 11 h 30 sur leur bateau. Rocher annonce à Revelli qu’il s’est arrangé avec M. Loeuillet. Mais le néo-Stéphanois, cette fois en position de force, négocie au mieux son retour. « Sur le coup, il a tiqué, c’est à prendre ou à laisser. Moi, je suis bien à Nice. » L’homme à la pipe lui tape dans la main, en homme d’honneur qu’il est. Revelli revient à « Sainté ».

Ultime offensive de Monaco et Reims

« Je repars à Cannes où je passe mes vacances. En fin d’après-midi, Le téléphone sonne. M. Campora, le président de l’AS Monaco.

« M. Revelli, j’ai appris que vous étiez transférable…

– Désolé M. Campora, je ne le suis plus.

– Vous avez signé ailleurs?

– Non, je n’ai signé nulle part mais j’ai donné ma parole à M. Rocher et je repars à Saint-Etienne.

– Ce que vous donne Saint-Etienne, moi, je le double…

– Vous savez, M. Campora, même si je suis du Midi, je suis Stéphanois avant tout.

– Réfléchissez encore, je vous rappelle en fin de soirée. »

« Finalement, M. Germain, le président du Stade de Reims l’appelle, lui aussi, informé d’un éventuel transfert du Niçois, lui dit :

« Reims a des moyens financiers importants. M. Revelli, votre prix sera le nôtre. »

Hervé Revelli ne se reniera pas. Il signera bel et bien à Saint-Etienne.

Herbin : du Cavigal à Saint-Etienne

Le 29 septembre 1957, un jeune joueur prometteur de dix-huit ans joue son premier match sous le maillot des Verts : il s’agit de Robert Herbin, « Roby » pour les intimes. Le premier d’une histoire qui va durer près de trente ans entre le joueur et l’AS Saint-Etienne.

Le jeune Robert Herbin.
Le jeune Robert Herbin.

Evoluant comme amateur au club du Cavigal de Nice, son arrivée dans le monde des professionnels ne fut pas simple. En ce printemps 1957, les spécialistes du football français s’accordent à penser et dire que Robert Herbin sera un joueur de talent. Il vient de faire ses preuves au tournoi international européen en Espagne. La presse de l’époque le compare à Robert Jonquet : il est décontracté, souple, doté d’une bonne détente, possède un sens aigu du jeu et de l’anticipation et d’une bonne frappe de balle. Il est de surcroît plus solide que le Rémois. Toutes ces qualités réunies attisent les convoitises des plus grands clubs français du moment. La proximité avec son club d’origine fait qu’il est d’abord sollicité par l’O.G.C Nice. Ce dernier voulait intégrer au sein de son équipe le jeune prodige issu de leur propre ville. Les premières tractations sont conduites sous l’égide du père du jeune « Roby », alors mineur, qui souhaite assurer à son fils un véritable avenir professionnel tout en lui offrant de réels avantages financiers.

L’affaire semble bien engagée. Mais c’est sans compter sur l’intervention de Pierre Garonnaire, recruteur de jeunes talents pour les Verts. Robert Herbin, sur les conseils de Bob Rémond, son « père spirituel » au Cavigal, prend contact avec l’AS Saint-Etienne et reçoit comme garantie de Jean Snella un contrat professionnel et une place de titulaire en équipe première. Fort de cette proposition faite à « Roby », Pierre Garonnaire décide de se rendre en ce début de juillet 1957 à Nice, chez ses parents, afin de lui faire signer un premier contrat professionnel avec les Verts.

A son arrivée chez les Herbin, il est d’abord reçu par sa mère. Son père qui se reposait accepte de rencontrer le recruteur. M. Herbin père informe Pierre Garonnaire qu’un accord vient d’être trouvé avec l’O.G.C Nice. Consterné par cette nouvelle, « Garo » essaie de convaincre le chef de famille de changer d’avis d’autant qu’il vient d’apprendre que le contrat entre le club de Nice et Robert Herbin n’a pas encore été signé. Il vante les qualités du club de Saint-Etienne mais son père reste sur ses positions. A ce moment précis, Mme Herbin, retirée dans une pièce voisine, décide d’intervenir. Elle réussit à convaincre son mari de changer d’avis en lui disant qu’il sera bien mieux à Saint-Etienne. « Roby », par la conviction de sa mère, penche ainsi du côté des Verts plutôt que des Aiglons.

Ce 2 juillet 1957, au restaurant Le Mac-Mahon, M. Herbin signe avec Pierre Garonnaire le contrat professionnel de Robert. Ce contrat est négocié pour deux millions et demi d’anciens francs.

Apprenant cette nouvelle, les dirigeants de l’O.G.C Nice, furieux, décident de contester le contrat signé et portent l’affaire devant la Ligue nationale professionnelle. « Le comité des cinq », réuni une première fois le 13 septembre 1957 pour trancher cette affaire, demande de nouvelles pièces et renvoie sa décision. Finalement, le 20 septembre, le comité valide le contrat du jeune joueur avec le club de Saint-Etienne. Comble de l’histoire, le premier match des 382 de Robert Herbin oppose Saint-Etienne… à Nice. Il se solde par un match nul (1-1).

Le jeune Herbin avec son père (à droite), attend dans les couloirs de la Ligue, boulevard de Courcelles à Paris d'être entendu par le "comité des cinq".
Le jeune Herbin avec son père (à droite), attend dans les couloirs de la Ligue, boulevard de Courcelles à Paris d’être entendu par le « comité des cinq ».

Quatorze ans  plus tard, Robert Herbin retrouve « son » Cavigal de Nice où l’équipe de Bob Rémond dispute un tournoi international juniors à Saint-Etienne. « Rien n’a changé, dit-il, même le capitaine qui m’a remplacé comme arrière central a les cheveux de la même couleur que les miens ! »

L’Histoire est un éternel recommencement.