Saint-Etienne – Guingamp : la der de Potillon

Ce samedi 23 mai 2015, l’AS Saint-Etienne accueille l’En Avant Guingamp. A l’occasion de cette dernière journée de Ligue 1, les hommes de Christophe Galtier peuvent encore rêver d’une place sur le podium. Le 19 mai 2001, les Verts, lors de l’ultime journée de Division 1, jouaient leur survie contre les Costarmoricains. Récit.

MAGAZINE ST ETIENNE
Lionel Potillon dispute contre Guingamp son 204e et dernier match sous le maillot stéphanois.

Le samedi 19 mai 2001, Saint-Etienne reçoit Guingamp. Pour les Verts, la saison a été éprouvante. Le problème extra-sportif des faux-passeports est venu gâcher une saison pleine de promesses. Finies les belles illusions où le club stéphanois rêvait à nouveau d’Europe après la remarquable saison ponctuée d’une 6e place. « Nous voulions finir dans les trois premiers », dit Lionel Potillon. Au lieu de quoi, les Verts s’apprêtent à vivre une nouvelle descente en Division 2, la troisième en dix-sept ans.

AUXERRE-ST ETIENNE

Un départ teinté de regrets

Pour Potillon, c’en est trop. A l’instar de nombreux Verts, et après huit ans de bons et loyaux services à l’ASSE, il a décidé de changer d’air. Il n’avait pourtant pas conçu son plan de carrière avec une telle issue. « Cela ne m’aurait pas déplu de faire toute ma carrière à Saint-Etienne. » A 27 ans, il s’apprête donc à tourner la page stéphanoise. Sa décision est mûrement réfléchie puisqu’il l’a prise en début de saison. « Quand vous vous investissez très longtemps dans un club, il me semble normal que l’on vous rende la monnaie de la pièce. Les dirigeants stéphanois ne l’ont pas fait, et c’est pour ça que je pars. », déclare-t-il, avec un brin d’amertume.

L'Equipe, 16 avril 2001.
L’Equipe, 16 avril 2001.

« Je me suis attaché à ce club et à cette région »

Au même titre que Björn Tore Kvarme et Jean-Guy Wallemme, Lionel Potillon est en fin de contrat. Courtisé par de nombreux clubs de Ligue 1, parmi lesquels Sochaux et Montpellier, c’est au Paris-SG qu’il a décidé de poursuivre sa carrière. Mais avant de quitter définitivement Saint-Etienne, en guise d’adieu, il veut offrir au public stéphanois une dernière victoire.

Cette ultime rencontre au stade Geoffroy-Guichard a un goût de nostalgie. « Ca fait un peu bizarre de se dire que c’est ma dernière dans ce stade en tant que joueur de Saint-Etienne. Je me suis attaché à ce club et à cette région. C’est ici que j’ai rencontré mon épouse. Toutes les conditions étaient réunies pour que je me sente bien ici. »

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Ce samedi 19 mai, à l’entrée des vingt-deux joueurs, Lionel Potillon foule le premier la pelouse du stade Geoffroy-Guichard devant Jérôme Alonzo. Le gardien des Verts dispute son centième et dernier match en vert alors que Potillon, pour ses grands adieux, arbore fièrement le brassard de capitaine.

S’ils veulent entretenir un mince espoir de se maintenir, les hommes du tandem Wallemme-Garcia n’ont d’autre alternative que de vaincre alors que dans le même temps, l’OM, en déplacement à Troyes, doit s’incliner.

Le X décembre XXXX, Lionel Potillon ouvre le score pour Saint-Etienne devant Marseille. Pour lui, ce match constituera son meilleur souvenir sous le maillot vert.
Le 12 décembre 1999, Lionel Potillon inscrit le deuxième but pour Saint-Etienne devant Marseille. Pour lui, ce match constituera son meilleur souvenir sous le maillot vert.

La décision du tribunal administratif de Lyon de suspendre la sanction prononcée par la Commission fédérale d’appel (retrait de trois points) dans le cadre de l’affaire des faux passeports de Levitsky et Alex a redonné un peu d’espoir aux Stéphanois. « C’est bien ! On va jouer le tout pour le tout face à Guingamp et on verra bien, concède le défenseur des Verts. Mais c’est toujours une bonne chose que de mettre un peu de piment sur ce dernier match. Dommage que ce jugement intervienne à la veille de la dernière journée. Car on ne peut pas contester que depuis cinq mois, on ne joue pas comme on aurait dû le faire en temps normal. Cela dit, en se préparant en conséquence, on va jouer cette infime dernière chance à fond. Et on verra bien ce qu’il adviendra… »

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Les Verts au purgatoire

Les Verts concèdent le match nul contre Guingamp. Dans le même temps, l’OM partage les points à Troyes (1-1). Le match nul des Olympiens leur assure le maintien en même temps qu’il condamne les Stéphanois. Deux ans seulement après avoir retrouvé l’élite, revoilà les Verts à l’étage inférieur.

L'Equipe, 20 mai 2001.
L’Equipe, 20 mai 2001.

 

FranceFootball, 4 mai 2001.
FranceFootball, 4 mai 2001.

Thierry CLEMENCEAU

JOHNNY REP sera en dédicaces ce samedi 23 mai, au Musée des Verts, à 14h30.

12 décembre 1979, 8ème de finale retour de coupe de l’UEFA Aris Salonique – ASSE, 3-3.

Auteur de 61 buts en 178 matches officiels disputés avec l’ASSE, Johnny Rep a laissé une trace indélébile lors de son passage chez les Verts. Il demeure une figure incontournable de l’attaque stéphanoise entre 1979 et 1983, période durant laquelle il est champion de France en 1981. Il reste à ce jour le meilleur buteur du club en coupe d’Europe avec 11 réalisations.

Sous le maillot de l’Ajax Amsterdam, il remporte à deux reprises la coupe d’Europe des clubs champions en 1972 et 1973.

Avec l‘équipe nationale des Pays-Bas, il dispute deux finales de Coupe du monde en 1974 et 1978. Il est l’auteur de 15 buts en 42 sélections.

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Evian-T.G. – Saint-Etienne : La Savoie en fête

Samedi 16 mai 2015, l’AS Saint-Etienne se déplace à Annecy pour y rencontrer Evian-Thonon-Gaillard. La rencontre promet d’être passionnante entre une équipe stéphanoise, toujours en course pour la 3e place de Ligue 1, et des Savoyards qui luttent pour éviter la relégation. Le 12 janvier 1969, les Stéphanois d’Albert Batteux, derniers vainqueurs de la Coupe de France, se déplaçaient à Annecy pour y disputer un 32e de finale de Coupe de France contre Albertville. Récit.

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L’AS Saint-Etienne, vainqueur de la Coupe de France 1968, remet son trophée en jeu. La première étape conduit les Verts à Annecy.

Ce vendredi 20 décembre 1968, la Chambre de l’Agriculture, avenue Georges-V, à Paris, connaît une certaine effervescence. En effet, à 11 heures, Antoine, une idole des années Yéyés, et Christine Caron, la grande championne française de natation, sont les deux préposés au tirage au sort des 32e de finale de la Coupe de France.

Contrairement aux autres années, ce tirage au sort ne s’est pas déroulé de façon intégrale entre les 64 clubs qualifiés. La Commission de la Coupe de France a réparti en quatre poules géographiques les clubs encore en lice.

Pour leur entrée dans la compétition, Albert Batteux et ses joueurs se satisfont pleinement de l’adversaire que leur a désigné Christine Caron et Antoine. Ils seront opposés à Albertville, club qui évolue dans le Championnat de Promotion d’Honneur du Lyonnais.

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L’Equipe, 21 décembre 1968.

La douceur monégasque

Avant de penser à Albertville, les Verts doivent disputer le dernier match de la phase aller de Division 1. En déplacement à Monaco le 5 janvier, ils s’imposent difficilement 2 à 1. Habitués à s’entraîner par des températures négatives, la douceur de la Côte d’Azur les a quelque peu surpris. « Nous avons accusé la différence importante de température, dira après coup, Bernard Bosquier. Durant la semaine, le thermomètre était descendu à 10 degrés au-dessous alors qu’à Monaco, il était à 15 au-dessus. Moi-même, je suis Méridional, j’ai ressenti ce brusque changement de température. »

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L’Equipe, 8 janvier 1969.

Contre Albertville, Albert Batteux a décidé de faire souffler quelques-uns de ses joueurs. Georges Polny, blessé à la hanche au stade Louis-II, n’est pas du déplacement en Savoie. Autre forfait de taille : Salif Keita, en délicatesse avec ses adducteurs. Pour les remplacer, l’entraîneur stéphanois a fait appel à Francis Camérini et Jean-Michel Larqué. Enfin, Georges Bereta, victime d’un coup sur un genou à Monaco, semble apte pour cette rencontre.

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Albert Batteux, l’entraîneur stéphanois, est privé de Salif Keita pour le 32e de finale de Coupe de France contre Albertville à Annecy.

La mise en garde de Rocher

Le vendredi après-midi, à l’issue du dernier entraînement, le président Roger Rocher réunit ses joueurs et les met en garde contre un excès de confiance :  « Je vous demande de l’efficacité, c’est-à-dire de ne pas ralentir vos efforts dès que vous aurez pris l’avantage à la marque. Vous devez jouer en pros et démontrer la différence qu’il y a entre vous et les amateurs. »

« Je ne pense jamais à l’accident »

Albert Batteux n’en pense pas moins. Il se rappelle de la mésaventure qu’il avait connue avec le Stade de Reims contre le club d’El Biar. Le 2 janvier 1957, les modestes amateurs algérois avaient alors créé la sensation en disposant du dernier finaliste de la Coupe d’Europe par 2 à 0. « Lorsque je prends l’avion, dit-il, je ne pense jamais à l’accident qui pourrait arriver. »

Dès le samedi matin, et forts de ces recommandations, les Stéphanois prennent la route direction Grenoble. A midi, ils font une halte pour déjeuner avant de faire un crochet par Albertville. Dans la sous-préfecture savoyarde, ils sont reçus en grande pompe par leurs futurs adversaires. Le docteur Mathias, sénateur-maire de la ville, organise une cérémonie en leur honneur. A cette occasion, Roger Rocher se voit remettre la médaille d’or de la ville. En fin de soirée, le car des Verts emmène les joueurs à leur hôtel à Annecy.

La Savoie en effervescence

Depuis l’annonce du tirage au sort, la cité albertvilloise connaît une effervescence sans précédent. Le siège de l’Union Olympique est le théâtre de belles bousculades. Les habitants de la ville et des alentours s’arrachent les billets. Les casquettes aux couleurs du club confectionnées à cette occasion, ont toutes trouvé preneurs. La fête promet d’être belle.

Si toute la Savoie rêve d’un exploit face au dernier vainqueur de l’épreuve, Pryslak et ses joueurs ne semblent pas touché par cette ferveur. Etonnamment décontractés, ils préparent dans la plus grande sérénité cette rencontre.

Ce dimanche 12 janvier, la température du stade municipal d’Annecy est plutôt fraîche. La neige qui est tombée une partie de la nuit a recouvert partiellement la pelouse. Pour M. Debroas, l’arbitre de la rencontre, il en faut plus pour reporter ce 32e de finale de Coupe de France.

Fefeu éteint la flamme

D’entrée, les Stéphanois imprègnent leur rythme aux joueurs locaux. Décidés, à se mettre rapidement à l’abri, ils pressent leurs adversaires. Les valeureux joueurs d’Albertville, bien regroupés autour de leur défenseur central Diop, opèrent en contres. Sur l’un deux, ils manquent d’un crampon par Perrot d’ouvrir le score. A la demi-heure de jeu, les Stéphanois enlèvent une partie de leurs illusions aux 7 014 spectateurs présents. La faute à Bereta, dont les centres distillés au cordeau, dépose le ballon sur la tête de Fefeu (0-1, 30e).

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A la 30e minute, André Fefeu, l’ailier stéphanois, a ouvert le score sur un centre de Bereta.

Revelli tue le suspense

A la 53e minute, Peysson, l’ailier gauche savoyard, se crée à son tour une grosse occasion mais il échoue par maladresse. Albertville vient de laisser passer sa chance. Fatigués des efforts produits en première mi-temps, les joueurs de Pryslak accusent le coup. Hervé Revelli, libre comme l’air pur des montagnes, met fin aux velléités savoyardes (0-2, 55e). A un quart d’heure de la fin, ce même Revelli donne le coup de grâce aux joueurs de Promotion d’Honneur (0-3, 76e).

La logique est respectée. Les joueurs d’Albertville, malgré leur abnégation, tombent avec les honneurs. Les Stéphanois, satisfaits de leur prestation même si elle n’a pas atteint des sommets, repartent avec le sentiment du devoir accompli.

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Sport Actualités, 18 janvier 1969.

Au tour suivant, Juliette Greco n’a pas eu la main aussi légère avec les Stéphanois. En Seizièmes de finale, la chanteuse de Saint-Germain-des-Prés leur a désigné comme adversaire le Stade de Reims. Nul doute qu’en apprenant ce tirage, Albert Batteux, s’est remémoré la rencontre face aux Algérois d’el Biar.

Thierry CLEMENCEAU

L'Equipe, 17 janvier 1969.
L’Equipe, 17 janvier 1969.

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Saint-Etienne-Nice : sept buts pour un festival

Ce dimanche 10 mai 2015, l’AS Saint-Etienne reçoit l’OGC Nice au stade Geoffroy-Guichard. A cette occasion, les Verts de Christophe Galtier, plus que jamais en course pour une qualification en Coupe d’Europe, auront à cœur d’effacer leur contre-performance à Bastia. Le 24 janvier 1967, après plus d’un mois d’absence au stade Geoffroy-Guichard, les Stéphanois recevaient une équipe de Nice en proie au doute. Récit.

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L’Officiel de l’ASSE.

Robert Herbin, formé au Cavigal de Nice comme le jeune Camérini, va regoûter aux joies du Championnat. Blessé lors du match contre Nantes (3-3) le 9 octobre 1966, il a passé avec succès le test contre Toulon (1-0) disputé à Marseille.

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FranceFootball, 8 novembre 1966.

Au stade Vélodrome, Rachid Mekloufi a honoré de la plus belle des façons son Oscar offert par Byrrh. en inscrivant le seul but des Stéphanois contre Toulon. Bien évidemment, Jean Snella est satisfait de cette qualification mais doit déplorer quelques blessés. Robert Herbin qui effectuait à cette occasion sa grande rentrée après son opération à un genou, a reçu un coup juste au-dessus de la cicatrice.

L'Equipe, 14 janvier 1967.
L’Equipe, 14 janvier 1967.

N’Doumbé forfait

Le défenseur central Bernard Bosquier s’est donné une légère entorse à la cheville droite. Enfin, N’Doumbé, victime d’un claquage, est forfait pour la venue de Nice au stade Geoffroy-Guichard. Ces nombreux pépins ne semblent pourtant pas contrarier l’entraîneur stéphanois. Son équipe, en tête de la Division 1 avec 29 points, est invaincue à domicile depuis le début de la saison.

ST ETIENNE
L’AS Saint-Etienne 1966-67 : debout (de g. à d.) : Jacquet, Bosquier, Sbaiz, Bernard, Polny, Gonzales . Accroupis : Fefeu, Herbin, Revelli, Mekloufi, N’Doumbé.

 Bosquier-Herbin en défense centrale

Le vendredi, à l’issue de l’ultime entraînement, Snella arbore un large sourire. Jean-Michel Larqué, son jeune inter droit, qui souffrait d’une tendinite contre Toulon, est apte pour affronter les Aiglons niçois. Son forfait aurait contraint Snella à positionner Herbin au poste de numéro 8. L’entraîneur stéphanois veut associer Bosquier à Herbin en défense, ce qui constituerait l’une des plus belles charnières centrales de ce Championnat. « Nos joueurs ont besoin de se sentir chaudement appuyés par nos spectateurs, de communier avec eux au cours de leurs efforts, explique Snella. Cette saison, nos supporters ont été parfaits et je crois qu’ils ont été récompensés puisque notre équipe a toujours bien joué à Saint-Etienne et n’y a pas encore connu la défaite. »

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Le match contre Toulon (1-0) en Coupe de France a laissé des traces. Bernard Bosquier, le défenseur stéphanois a été touché à une cheville Sa participation pour le match conte Nice est compromise.

Nice, l’hôte de Saint-Etienne, a soufflé le chaud et le froid lors de la première moitié de Championnat. Après avoir occupé la dernière place avec Nîmes en début de saison, l’équipe de Cesar Gonzales, surnommé « Pancho », a aligné une série de dix victoires consécutives, faisant d’elle l’une des prétendantes au podium. Mais depuis le 11 décembre, la belle mécanique s’est déréglée. Avant la trêve, la défaite à Paris contre le Stade où évolue Georges Carnus (0-2) a été ressentie comme un coup d’arrêt. Bruno Rodzik, l’ex-Rémois promu capitaine depuis le 9 octobre, connaît sa première défaite depuis qu’il porte le brassard. Pour ne rien arranger, les Aiglons ont été éliminés de la Coupe de France par Monaco, l’avant-dernier de D1. Jean Snella, fidèle à ses principes, ne veut pas tomber dans un excès d’optimisme et prévient ses joueurs : « Méfiez-vous. Souvent, une équipe accablée en Coupe puise dans son malheur une énergie inattendue lors du match suivant. »

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Jean-Pierre Serra, Rafael Santos, André Cristol, Yvon Giner, Horacio Barrinuevo, Charly Loubet.

Avec 21 points à son actif, Nice compte 9 victoires pour autant de défaites. 6e attaque du Championnat avec 35 buts marqués, ses meilleurs buteurs se nomment Jean-Pierre Serra (10) et Charly Loubet (8), les deux ailiers. Pour tenter de surprendre Pierre Bernard, le gardien de l’ASSE, l’entraîneur niçois a décidé de titulariser Lions et Roger Jouve alors que l’Argentin Santos, remis d’une jaunisse, effectue sa rentrée. Enfin, Bruno Rodzik, à nouveau blessé, cède sa place d’arrière gauche à Albert.

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L’Officiel de l’ASSE, 22 janvier 1967.

Au stade Geoffroy-Guichard, les Aiglons se déplacent avec l’idée de faire douter le leader stéphanois et effacer leur lourde défaite (1-5) de la saison précédente.

Jean Snella, l'entraîneur stéphanois, aime bichonner ses ballons.
Musée des Verts

Ce dimanche 22 janvier, le beau soleil d’hiver accompagne les 13 120 supporters stéphanois, avides de football. Ces derniers n’ont plus vu leur équipe depuis le 18 décembre et la victoire contre Lille 4 à 1. A 15 h 30, heure initialement prévue pour le coup d’envoi, les guichets ne désemplissent pas. Pour ne pas flouer ceux qui sont encore en dehors de l’enceinte, le match est retardé d’une grosse demi-heure.

Jean Snella, l’entraîneur stéphanois, offre le ballon du match.

Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’ils ne vont pas le regretter. Compte tenu de l’état du terrain gras du stade Geoffroy-Guichard, Jean Snella, l’homme qui bichonne toujours ses ballons, a donné aux vingt-deux acteurs un ballon suédois, ramené lors de la Coupe du monde en 1966.

FranceFootball, 24 janvier 1967.
FranceFootball, 24 janvier 1967.

« Je sais ce que c’est qu’un mauvais match »

A la fin du match, la joie des Stéphanois contraste avec le dépit des Niçois. La mi-temps « historique » des Verts a vu l’infortuné Marcel Aubour ramasser six fois le ballon au fond de ses filets. Pareille mésaventure lui était déjà arrivé alors qu’il gardait les buts de l’Olympique Lyonnais. « Je sais ce que c’est qu’un mauvais match, compatit Pierre Bernard. Dans ce cas-là, les quatre-vingt-dix minutes semblent interminables. »

Robert Herbin, pour son grand retour devant son public, n’a pas souffert de son genou : « Je suis content que mon genou ait tenu malgré deux ou trois situations difficiles, content pour l’ensemble de l’équipe, et voyez-vous, contrairement à ce que l’on pourrait croire, lorsqu’elle marche de cette façon, je n’ai pas spécialement envie de revenir à l’attaque. »

Rachid Mekloufi sous le maillot de Saint-Etienne.
Rachid Mekloufi, auteur d’un match exceptionnel contre Nice.

Mekloufi élogieux envers les jeunes Verts

Rachid Mekloufi, impliqué dans les sept buts de son équipe, n’en a pourtant inscrit aucun. Pour lui, ce n’est qu’un détail. Son équipe a gagné et cela suffit amplement à son bonheur. Cette victoire et le jeu pratiqué lui rappellent la saison 1956-57 et l’obtention du premier titre de Champion de France par l’ASSE. Néanmoins, il considère que l’AS Saint-Etienne 1967 est une équipe plus collective que les précédentes. D’ordinaire peu bavard, il a un petit mot pour chacun : « Voyez-vous, ce qu’il nous faut toujours, ce sont deux appuis : un homme en pivot, un autre qui s’engage autour du porteur du ballon. Mais pour que ça marche, il ne faut pas que les rôles soient distribués une fois pour toutes. C’est ce que j’aime bien  en Revelli : il alterne très bien le rôle de pivot et le démarrage, ce qui ne l’empêche pas de marquer des buts. » S’il considère que Bereta est encore un peu timide sur son aile, en revanche, il ne tarit pas d’éloges pour Jean-Michel Larqué. Mekloufi, qui joue en quelque sorte un rôle de grand frère, dit du jeune Stéphanois :  « Il a de grosses qualités mais il demeure encore un peu « étudiant ». Lorsqu’il aura professionnalisé son jeu, il pourra faire une très grande carrière car son calme est remarquable pour un garçon de âge. »

Pour conclure, il avoue modestement que Saint-Etienne avec ou sans Mekloufi « ça tournerait quand même très bien. » En attendant, ce Mekloufi-là semble bien indispensable à l’ASSE.

Thierry CLEMENCEAU

Déjà publié : le 6 avril 2014 :

Saint-EtienneNice : jour de retrouvailles

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Musée des Verts
Musée des Verts

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http://www.museedesverts.fr/

photo : asse.fr

Plus de 81 000 visiteurs ont parcouru le Musée des Verts
depuis son ouverture le 20 décembre 2013. Et vous ?

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Bastia-Saint-Etienne : Mekloufi retrouve les siens

Ce samedi 2 mai 2015, Saint-Etienne se déplace sur l’île de Beauté pour le compte de la 35e journée de Ligue 1. Contre Bastia, les Verts auront à cœur de conforter leur quatrième place, synonyme de qualification pour l’Europa League. Le 24 novembre 1968, les Stéphanois d’Albert Batteux se déplaçaient pour la première fois de leur histoire à Bastia où évoluaient René Ferrier et Rachid Mekloufi. Récit.

FranceFootball, 26 novembre 1968
FranceFootball, 26 novembre 1968

Le 12 mai 1968, l’AS Saint-Etienne affronte les Girondins de Bordeaux en finale de la Coupe de France. Si Mekloufi a perdu de son efficacité en attaque, Albert Batteux, l’entraîneur stéphanois, se rappelle d’une finale gagnée par Reims contre le Racing (2-0) à Colombes en 1950, où, lui-même, joueur en fin de carrière à Reims, avait été aligné par son entraîneur non seulement pour « services rendus » mais aussi pour ses qualités indéniables. Le flair de Batteux offre à Mekloufi, qui n’a plus remis les pieds à Colombes depuis un certain France-Belgique en 1956, la possibilité de quitter les Verts avec le trophée manquant à son palmarès. Le natif de Sétif, recommandé à Jean Snella en 1954, éblouit de son talent cette finale en inscrivant les deux buts victorieux de son équipe et réussit le match rêvé pour refermer sa belle page stéphanoise. Saint-Etienne remporte ainsi un nouveau titre de champion de France devant Nice et clôt une saison particulièrement riche.

Vidéo INA :

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Dans le même temps, le Championnat de Division 2 livre son verdict : Bastia termine à la première place et accède à l’étage supérieur. Après avoir manqué en 1966-67 l’accession automatique en Division 1, le S.E.C.B. a cette fois atteint son objectif.

La rumeur Mekloufi

Pour faire bonne figure et obtenir des résultats en Division 1, le club corse se met tout de suite en quête de joueurs d’expérience. Et le premier se nomme… Rachid Mekloufi. La rumeur fait son chemin mais le principal intéressé reste évasif sur cette possible destination. Roger Rocher, le président de l’ASSE, ne souhaite pas voir partir Rachid dans un éventuel club concurrent et évoque avec lui la possibilité d’une reconversion au sein du club s’il décidait de mettre un terme à sa carrière professionnelle. Dans son édition du 20 juin 1968, le quotidien L’Equipe relate une conférence de presse du premier dirigeant stéphanois. Ce dernier évoque l’avenir de son joueur. IMG_0657

Le samedi 3 août 1968, c’est la grande rentrée à l’ASSE. Dirigeants, staff et joueurs se retrouvent au stade Geoffroy-Guichard pour un apéritif en guise de premier contact. Pour Mekloufi, de retour de vacances de Tunis, ce rassemblement amical est le dernier. Il prend en effet contact avec Bastia et le Servette de Genève entraîné par un certain Jean Snella. Dans un premier temps, le club suisse a la faveur du président Rocher mais exigerait que le joueur ne lui coûte pas un franc, ce que Rocher refuse naturellement. Le numéro 10 stéphanois repart en vacances en Algérie. Dans son édition du 23 août 1968, L’Equipe annonce le transfert de Mekloufi à Bastia « fait à   99 % ».

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René Ferrier comme intermédiaire

Lucien Jasseron et les dirigeants bastiais ne manquent pas d’idées. Ils demandent à René Ferrier, Bastiais depuis 1965 et ex-coéquipier de Rachid lors de l’obtention du premier titre des Verts en 1957, de contacter le milieu de terrain des Verts afin de tenter de le convaincre de s’installer en Corse. Jules Filippi, le directeur sportif du club corse, reprend contact avec le président Rocher et effectue plusieurs allers et retours à Saint-Etienne avec l’espoir de trouver un accord. Le dimanche 25 août, de retour de vacances, Mekloufi s’envole pour la Corse afin d’y parapher un contrat de quatre ans.

Rachid Mekloufi entouré de Jean-Claude Blanchard à sa gauche et Jean-Pierre Serra à sa droite.
Rachid Mekloufi (au centre) est entouré de l’ex-Rémois  Jean-Claude Blanchard (à gauche) et l’ancien Niçois Jean-Pierre Serra (à droite).

Mekloufi n’est plus Stéphanois mais son cœur est toujours teinté de Vert. Lors de la rencontre de Coupe d’Europe entre l’ASSE et le Celtic, le 18 septembre, il assiste en spectateur passionné, à la victoire de ses ex-coéquipiers (2-0). Quinze jours plus tard, après l’élimination des Verts au Celtic Park (0-4), il déclare : « L’an passé, après le 1 à 0 devant Benfica, nous pensions avoir compris jusqu’où il fallait parfois aller pour se qualifier. La défaite de Glasgow montre que nous ne savons pas encore jouer à ce terrible jeu-là. » Pas de doute, Rachid a toujours la fibre verte.

Mekloufi : « La tension va monter »

Fin novembre, Bastia s’apprête à recevoir pour la première fois de son histoire l’AS Saint-Etienne. Depuis quelques jours, deux hommes sont impatients d’y être. René Ferrier et Rachid Mekloufi, champions de France en 1957 avec l’ASSE, ont quitté les brumes du Forez pour le soleil de l’île de Beauté. Pour eux, recevoir le club qui les a formés reste un honneur. Face à leurs anciens coéquipiers, ils auront à coeur de briller de mille feux. « C’est la première fois que je jouerai contre mes anciens coéquipiers, dit Mekloufi. Pour l’instant, je n’y pense pas tellement. Je me dis que c’est une rencontre comme une autre, qu’il faudra gagner parce que c’est vital pour notre équipe. Mais dans les prochaines heures, la tension va monter. J’aborderai ce match avec un peu plus de conviction, non pas parce que je suis un ancien Stéphanois, mais parce que cette confrontation pour nous, a des chances de marquer un nouveau point de départ. Il faut bien avouer que ce match sortira de l’ordinaire, ne serait-ce que parce que je me trouverai pour la première fois en face de mes amis stéphanois. A Bastia, on ne parle que de cette rencontre. »

Rachid Mekloufi sous le maillot de Saint-Etienne.
Rachid Mekloufi sous le maillot de Saint-Etienne.

Ferrier : « Un pincement au coeur »

Avant de s’engager avec Bastia à l’été 1965, René Ferrier a tout connu avec Saint-Etienne. « Avant de venir à Bastia, je n’avais pas connu d’autre club que Saint-Etienne, où j’ai passé onze ans. Qu’on le veuille ou non, ce n’est pas sans un pincement au coeur que je me produirai, moi aussi pour la première fois, contre mon ancien club. Je crois que l’on peut s’attendre à une grande partie, puisque nous trouverons en face de nous une équipe qui ne triche pas. »

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René Ferrier a joué à l’AS Saint-Etienne de 1954 à 1965. Sous le maillot vert, il a disputé 315 matches officiels.

Carnus retrouve sa place

A Saint-Etienne, Albert Batteux dispose de tout son effectif pour ce déplacement difficile en Corse. Georges Carnus, victime d’une entorse à une cheville, n’a pas disputé les trois derniers matches de son équipe. Néanmoins, il espère être du voyage et succéder à Gérard Migeon dont l’intérim a été particulièrement réussie.

MARSEILLE-ST ETIENNE (2-2)
Georges Carnus, après plusieurs semaines d’absence, retrouve sa place pour le premier match entre Bastia et l’ASSE.

Robert Herbin qui ne souffre plus de problèmes musculaires, réintègre le milieu de terrain aux côtés de Jacquet, Camérini et Larqué. Ce dernier, qui récupère le numéro 10, est bien remis de son voyage au Mexique avec l’équipe de France amateurs. Batteux compte sur son jeune joueur pour redonner du punch à un secteur offensif en mal d’inspiration depuis quelques matches.

N’Doumbé et Bereta écartés

Pour le coach stéphanois, l’heure des choix est venue en attaque. Cinq joueurs se disputent trois places : Fefeu, N’Doumbé, Revelli, Keita et Bereta. Si l’abondance de biens ne nuit pas, Batteux n’est pas complètement satisfait de leur rendement, a tranché : N’Doumbé et Bereta, les deux ailiers, cèdent leur place à Fefeu et Keita. « Je dois faire des roulements, explique l’entraîneur stéphanois. Alors, je commence par celui de mes avants qui m’a semblé le plus émoussé. Cela me permet de faire l’essai à l’aile gauche de Keita qui s’y est avéré très à l’aise. »

FRANCE-SUEDE
Georges Bereta ne jouera pas le premier Bastia-Saint-Etienne de l’histoire. Albert Batteux, l’a écarté au profit de Fefeu.

Une attaque en panne d’efficacité

A Bastia, c’est la douche froide. Les espérances d’un recrutement prometteur ont laissé place à la déception. Les Corses n’ont glané que 9 points en autant de journées et occupent une piètre 14e place peu conforme avec les ambitions de leurs dirigeants. Le quartet offensif Serra, Blanchard, Mekloufi et Blezziri n’arrive pas à dynamiter les défenses adverses.

L'Equipe, 23 novembre 1968.
L’Equipe, 23 novembre 1968.

Ce forfait de dernière minute contraint Batteux à modifier son milieu de terrain. Les supporters bastiais seront donc privés d’un duel qui s’annonçait très prometteur. En effet, durant une douzaine d’années, Herbin et Mekloufi ont constitué une doublette exceptionnelle au sein du club stéphanois. Le duel entre les deux hommes était attendu. Herbin absent, Camérini aura la lourde tâche de faire déjouer l’ex-meneur de jeu stéphanois.

ST ETIENNE-CAGLIARI
Frappé par un deuil familial, Robert Herbin n’a pas pris l’avion avec la délégation stéphanoise.

Comme à l’accoutumée en déplacement, les Stéphanois ont utilisé la voie des airs. Ils ont atterri à Bastia le samedi vers 16 h 30. A leur hôtel, ils ont eu la visite d’un certain… Rachid Mekloufi.

FranceFootball, 24 novembre 1968.
FranceFootball, 24 novembre 1968.
le jeune Claude Papi, joueur péti de talent, est promis à un grand avenir.
Le jeune Claude Papi, joueur pétri de talent, est promis à un grand avenir. – Photo L’Equipe.

Albert Batteux est déçu par ce résultat nul mais reconnaît toutefois : « On a à la fois bien et… mal joué. C’était assez bon dans l’élaboration, mais insuffisant dans la finition, même si nous avons marqué trois buts. » Le Saint-Etienne du premier tiers du Championnat est loin du niveau de celui, plutôt fringant, qui a remporté le doublé Coupe-Championnat six mois plus tôt.

Avant de raccompagner les Stéphanois à l’aéroport, Rachid Mekloufi qui a conservé de nombreuses attaches au sein du club, tente un début d’explication. « Je suis à la fois bien et mal placé pour juger. Cela se comprend. Ce qui m’a frappé chez eux, après le match chez nous, c’est leur absence à peu près complète d’accélérations dans le cours du jeu. L’aspect collectif est toujours aussi fouillé, sérieux, la défense toujours aussi précise dans les renvois, mais ce qui s’élabore à une certaine cadence au centre du terrain se termine à peu près au même rythme devant les buts. Il y a peut-être certains garçons qui accusent leur fatigue à la suite des matches de Championnat, Coupe d’Europe et de l’équipe de France. »

« C’est peut-être moi qui ne convient pas »

Bastia, avec ce nouveau point abandonné sur son terrain, fait du surplace. Mekloufi, la voix posée, tente un début d’explication : « C’est peut-être moi qui ne convient pas exactement au SECB à l’heure actuelle. Je veux dire que je ne suis pas encore très bien adapté au jeu de cette équipe ou réciproquement, ce qui revient au même. J’ai toujours joué, en quelque sorte, dans un triangle, en prenant appui sur l’une ou l’autre des deux têtes de ce triangle. Or, je n’ai pas encore trouvé cette troisième tête. Et cela me dépayse sur le terrain. Il y a des fois où je sens comme un grand vide dans le dos sans même avoir à me retourner. »

L'Equipe, 26 novembre 1968.
L’Equipe, 26 novembre 1968.

« On ne remplaçait pas Mekloufi »

Le 29 juin 1998, en pleine ferveur de la Coupe du monde, Aimé Jacquet, dans le journal L’Equipe, confiait à propos de son ex-coéquipier stéphanois : « Quand Mekloufi a quitté Saint-Etienne, personne ne voulait porter son maillot. Alors, je l’ai pris, j’ai pris ce numéro 10, mais sans songer à faire ce qu’il faisait. On ne remplaçait pas Mekloufi. »

Thierry CLEMENCEAU

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Rencontrer Salif Keita (à gauche) et Rachid Mekloufi (à droite), deux légendes stéphanoises des années 50 et 60, quel beau moment. Merci Messieurs.

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photo : asse.fr

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