Dernier blog : Sainté-Eindhoven : le PSV occupe les esprits
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Jeudi 25 mars. Depuis quelques jours, un frémissement s’est de nouveau emparé de la ville de Saint-Etienne. A moins d’une semaine du match aller contre le PSV Eindhoven, il risque de se transformer en véritable fièvre verte. Au siège de l’ASSE, depuis le tirage au sort de la Coupe d’Europe des Clubs Champions à Zurich, Charles Paret ne compte plus les heures passées dans son bureau. Le secrétaire général de l’ASSE est sollicité de toutes parts. Quand il ne décroche pas au téléphone « Allô ! Le stade Geoffroy-Guichard… », il prend son stylo pour répondre aux multiples sollicitations qui arrivent un peu plus chaque jour sur son bureau. Certains jours, il se dit qu’il n’a jamais eu autant d’amis…
« Nous aurions rempli un stade de 100 000 places. »
Charles Paret
Depuis le match contre Chorzów au printemps 1975, l’engouement des Français pour les Verts n’est plus à prouver. Après l’exploit contre Kiev, ce sera la deuxième fois consécutive qu’un match à domicile se jouera à guichets fermés. Charles Paret aura donc dû attendre vingt-cinq ans pour voir cela. Pour lui, la semaine qui s’annonce risque d’être encore éreintante mais passionnante pour ce fidèle serviteur de l’ASSE.
La coupe d’Europe ne laisse personne indifférent. Et la renommée que les Verts sont en train de tailler dépassent les frontières nationales. Désormais, ils suscitent un gros intérêt sur le Vieux Continent. Au siège du club, la maîtrise de plusieurs langues est ardemment souhaitée. Les demandes d’accréditation affluent des quatre coins de l’Europe. 150 d’entre elles ont déjà été enregistrées parmi lesquelles celle du Telegraf d’Amsterdam. Le journaliste hollandais est déjà à pied d’œuvre. Accompagné d’un photographe, il espère relater chaque fait et geste des joueurs français jusqu’au 29 mars. La tribune de presse, pourtant agrandie pour la campagne européenne 75, ne devrait pas pouvoir accueillir tout le monde.
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Chez les Bleus…
Du côté de Saint-Germain, Michel Hidalgo affine sa première équipe de France. « Ce stage, explique Michel Hidalgo, a surtout pour but de créer avec un ensemble de nouveaux joueurs un climat de confiance et d’amitié indispensable aux bons résultats. L’exemple de Saint-Etienne est là pour prouver qu’on peut arriver à éliminer chez les joueurs les complexes et les sentiments d’infériorité pour trouver la stabilité et pouvoir ensuite travailler dans une certaine continuité. »
Platini est bien là…
Michel Platini, de retour de Roumanie, a rejoint la sélection aux alentours de 13 heures. Très heureux d’être du premier rassemblement version Hidalgo, le meneur de jeu nancéien se trouve pourtant face à un dilemme. S’il dispute le match contre la Tchécoslovaquie au Parc des Princes, il perdra son statut Amateur et ne pourra donc pas, en cas probable de qualification avec la sélection Amateurs, participer au Jeux Olympiques. Interrogé sur le sujet, le néo-international, un peu las par la répétition des matches depuis le mois d’août, est très clair : « C’est possible à condition que je rempile dans l’armée pour deux ou trois mois. Je conserverai ainsi mon statut amateur. Je suis saturé de football et ça fait plusieurs années que je n’ai pas pris de vacances. Depuis le début de la saison, j’en suis à 53 ou 54 matches officiels. Mais participer aux Jeux Olympiques, pour un sportif, c’est quelque chose de très important. Quelque chose qu’on ne refuse pas. »
« Savez-vous que nous n’avons touché aucune prime pour nos victoires ? Notre seule prime, c’est d’aller à Montréal. Et pour tous, elle suffit. »
Michel Platini
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Vendredi 26 mars. Ce vendredi matin, au stade Geoffroy-Guichard, les 3 000 derniers billets pour la demi-finale contre Eindhoven sont mis en vente. Les premiers arrivants ont débarqué sur le parking la veille au soir. Elles se comptent par dizaines pour ne pas dire plus. Les plaques d’immatriculation des voitures ne trompent pas. On est venu de très loin pour s’arracher les précieux sésames. Certaines voitures sont immatriculées de Dunkerque, d’autres de Mimisan, Metz ou Perpignan pour ne citer qu’elles. Pour cette demi-finale aller, l’AS Saint-Etienne sera soutenue par toute la France.
Rue de la Tour, des barrières métalliques ont été dressées. Pas moins de quinze agents de police assurent la sécurité, si besoin est. Au fil des heures, les supporters se sont rangés en file indienne. Tout se déroule dans le calme absolu. A 9 heures, sous le panneau « Ville de Saint-Etienne » pas moins de 300 personnes trépignent en attendant d’atteindre le guichet tant convoité. Tous espèrent repartir avec le précieux billet. Si pour certains, c’est la délivrance, en revanche pour d’autres, c’est la déception. A 10 heures, plus une place assise n’est à vendre. Les plus chanceux auront encore la possibilité d’acquérir moyennant 20 F des places en Populaires debout.

Côté terrain, Robert Herbin a renouvelé l’opération « huis clos » qui avait si bien fonctionné contre les Ukrainiens quinze jours plus tôt. L’accès aux entraînements est donc fermé au public pour permettre aux joueurs de se préparer en toute tranquillité. Seuls les dirigeants de l’ASSE et les journalistes accrédités peuvent accéder au terrain d’entraînement. Malgré ce « décret », les inconditionnels des Verts n’hésitent pas monter sur le mur pourtant ficelé de barbelés pour voir leurs protégés répéter leurs gammes.
Sur la touche, Roger Rocher, la pipe vissée au coin de la bouche, suit la séance avec attention. Le président de l’ASSE semble plutôt détendu. Homme de caractère, il est aussi un vainqueur dans l’âme. Contrairement à la campagne européenne de la précédente saison, il croit en une qualification de ses joueurs. « Contre Munich, c’était pour nous une sorte de sommet, dit-il. Maintenant, les gars sont motivés pour viser plus haut. Je n’ai jamais vu une équipe aussi soudée à huit jours d’un grand évènement. J’attends vraiment un bon résultat, tout au moins de cette première manche. Et elle sera peut-être décisive. »
Le Dr Poty s’occupe de tout
Christian Sarramagna fait admirer son adresse sur les reprises de volée. Pourtant, au milieu de la séance, le docteur Poty, présent sur le bord du terrain, change de visage. Christian Synaeghel loupe le ballon et se tord la cheville. Heureusement pour le « Chti », la douleur disparaît rapidement. Le docteur Poty peut pousser un « Ouf ! » de soulagement. Depuis le début de la saison, il est sur le qui-vive en permanence : les joueurs le sollicitent très souvent pour des problèmes multiples et variés. Ils peuvent être d’ordre musculaire ou bien psychologique. A ceux qui ne dorment pas avant ou après un match, il prescrit des somnifères, souvent à dose homéopathique. « C’est souvent trop dangereux, reconnaît-il. L’avenir d’un homme est plus important que celui de la Coupe d’Europe. Il faut entre nous une grande confiance. Le médecin doit aussi faire partie de l’équipe. »

Son rôle ne s’arrête pas à guérir les mauvaises blessures. C’est également lui qui s’occupe de la diététique. Il établit ainsi les menus d’avant et d’après-match pour chaque joueur. Enfin, pour permettre une meilleure récupération, il a concocté une tisane directement importée de Scandinavie, notamment chez les coureurs de fond. Les mauvaises langues parlent de drogue, ce à quoi il répond sans détour : « Je laisse dire. C’est un peu de vitamines, de sels minéraux et beaucoup de glucose. »
Hervé Revelli méfiant

Le PSV Eindhoven intrigue. Les joueurs stéphanois connaissent peu ou rien de cette équipe entraînée par Kees Rijvers. Les bribes rapportées ici ou là ne suffisent pas à se faire une idée précise de leur jeu. Hervé Revelli s’attend à deux matches très serrés. Entre les champions de France et des Pays-Bas, il sait que cela se jouera à des détails. « Ce sera dur. Le PSV est le représentant du football hollandais et le successeur de l’Ajax d’Amsterdam. Le PSV a éliminé Chorzów et Split, comme l’ASSE l’an dernier. Il a écarté les Yougoslaves en demi-finales en l’emportant 3 à 0 à domicile après avoir perdu 2 à 0 à l’extérieur, comme l’ASSE contre Kiev ! »
Contrairement au quart de finale, les Verts n’auront pas la chance de disputer leur deuxième match à domicile. L’aîné des Revelli le sait bien et c’est pourquoi il veut que son équipe se mette à l’abri dès le match aller. « Le mieux pour nous mercredi soir, dit-il, serait de marquer assez rapidement deux buts aux Hollandais. Ils seraient obligés de se découvrir un peu et de nous permettre alors de creuser un écart plus important nécessaire d’ailleurs avant le match retour. »
Hervé Revelli et ses coéquipiers n’ont plus pour très longtemps à attendre. Ce samedi, une délégation composée de Pierre Garonnaire, Robert Herbin, Jean-Claude Schamberger, Jean-Michel Larqué et Ivan Curkovic se déplacent à Eindhoven pour y superviser le PSV.
Thierry CLEMENCEAU
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Pendant ce temps-là…
♦ La famille Soler est inconditionnelle des Verts. Jean-Louis, directeur sportif du club de Poissy et frère de Gérard, le nouvel international français, a obtenu l’autorisation de son épouse pour aller supporter Saint-Etienne à… Eindhoven.

Th.C.
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Le Chaudron se visite aussi
Le Musée des Verts a fêté son deuxième anniversaire. Vous pouvez visiter le stade Geoffroy-Guichard. Le billet d’entrée combiné « stade Geoffroy-Guichard/Musée des Verts » permettra aux supporters de visiter le stade et le musée le même jour ou de visiter le musée ultérieurement, votre ticket étant valable un an à compter de la date d’achat.
Pendant une heure, les supporters des Verts pourront découvrir les coulisses du Chaudron au cours d’une visite guidée exceptionnelle: salle de presse, vestiaire de l’ASSE, couloir d’accès au terrain avec la mythique inscription « Ici, c’est le Chaudron », bord de pelouse, salon des Présidents… Ils pénétreront ainsi dans les lieux habituellement réservés aux joueurs, staffs, dirigeants et officiels.
Rénové dans le cadre des quatre rencontres de l’Euro 2016 programmées à Saint-Etienne, le stade Geoffroy-Guichard appartient à la communauté d’agglomération Saint-Etienne Métropole. Cette rénovation est l’œuvre des architectes de Chaix & Morel et Associés et une réalisation de la société Léon-Grosse. Geoffroy-Guichard est un stade mythique mais désormais également design et écologique.
TARIFS
Plein tarif : 15€.
Tarif réduit : 12€ (+ de 60 ans, -18 ans, étudiants, PMR, demandeurs d’emploi, CE de 20 personnes et plus, groupes de 10 personnes et plus).
Etablissements scolaires et clubs de football amateurs : 10€.
Pack « famille » (2 adultes + 2 enfants) : 42€.
« C’est notre plus belle victoire… »
Quatorze anciens Verts se sont retrouvés au Musée des Verts pour le vernissage de l’exposition « 40 ans après… Retour sur l’épopée des Verts », visible jusqu’au 15 mai 2016. L’occasion pour les instigateurs de la meilleure saison de l’histoire du club de se remémorer les moments qui ont façonné l’une des plus belles pages du sport français. Retrouvez les anciens Verts sur :
Plus de 113 200 visiteurs ont parcouru le Musée des Verts depuis son ouverture le 20 décembre 2013. Et vous ?
http://www.museedesverts.fr