Blog 1 – Saint-Etienne : entre stabilité et ambitions

Le 5 juin 1956, à Saint-Etienne, on a mis les petits plats dans les grands. Bien que démissionnaire du Groupement des joueurs professionnels, Paul Nicolas a effectué le déplacement dans la Loire pour inaugurer le nouveau local de l’ASSE situé au 13 rue de la Résistance.

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Programme du match ASSE-OM – Musée des Verts.

Devant un parterre composé de personnalités locales telles que M. Fraissinette, maire de la ville, M. Paret, secrétaire du club, mais aussi Roger Rocher et Jean Snella, le président Pierre Faurand prononce une brève allocution. Après avoir remercié M. le Maire, il a promis, à travers son club de football, de faire tout son possible pour promouvoir la ville tant en France qu’à l’étranger. « Après avoir sorti l’ASSE d’un mauvais pas, reconnaît-il, reconstitué l’équipe, formé des jeunes, organisé ce siège et apporté quelques aménagements secondaires au stade Geoffroy-Guichard, notre premier souci est maintenant d’avoir un stade digne de Saint-Etienne. »

A l’issue de cette cérémonie, Paul Nicolas remet à Jean Snella, l’entraîneur stéphanois, la médaille du Groupement.

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Saint-Etienne-Nantes : duel au sommet

Ce dimanche 12 avril 2015, l’AS Saint-Etienne reçoit le FC Nantes pour le compte de la 32e journée de Ligue 1. Après leur élimination en demi-finale de la Coupe de France mercredi contre le Paris-SG (1-4), les Verts ont désormais un seul objectif : une qualification pour une place européenne en 2015-16.

Le 9 octobre 1966, le champion de France nantais se déplaçait au stade Geoffroy-Guichard. Snella et Arribas, les co-entraîneurs d’une équipe de France se disputaient la première place de Division 1. Récit.

Football Magazine
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Le départ d’Henri Guérin du poste de sélectionneur de l’équipe de France et la démission de Jacques Georges le 3 septembre, avaient contraint la Fédération Française de Football à mettre en place une Commission de l’équipe de France comprenant entre autres, MM. Clerfeuille et Rocher, respectivement présidents de Nantes et de Saint-Etienne.

Jean Snella et José Arribas au chevet des Bleus

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(blog mai 2014)

HONGRIE-FRANCE (4-2)
José Arribas (à gauche) et Jean Snella (à droite) au chevet de l’équipe de France. A Budapest, Hervé Revelli connaît sa première sélection avec les Bleus.

Le 5 octobre 1966, la Commission de l’équipe de France, chargée de trouver les meilleurs moyens de la diriger, décide de poursuivre l’aventure avec les hommes en place.

L'Equipe, 6 octobre 1966.
L’Equipe, 6 octobre 1966.

« Il ne nous feront pas de cadeaux »

En marge de la réorganisation de l’équipe de France, Jean Snella et José Arribas ne se quittent plus. A la différence que cette fois-ci, ils sont adversaires. En effet, le 9 octobre au stade Geoffroy-Guichard, Saint-Etienne reçoit le le champion de France en titre : le FC Nantes. Récent vainqueur de Reykjavik (5-2) en seizièmes de finale de la Coupe d’Europe des Clubs Champions, l’actuel leader a bien préparé ce match au sommet. Arribas et ses joueurs savent qu’ils sont attendus. Pour eux, la partie s’annonce difficile  comme le reconnaît Francis Magny, l’avant-centre du FC Nantes, auteur d’un doublé contre les Islandais : « Les Stéphanois voudront absolument gagner contre nous, car ils ont été mortifiés dimanche dernier contre Lyon. Ils retrouveront leur public, ce que constituera un atout non négligeable ; de plus, une nouvelle défaite les reléguerait à trois points… Pour toutes ces raisons, il ne nous feront pas de cadeaux. »

L'Equipe, 7 octobre 1966.
L’Equipe, 7 octobre 1966.

« Nous saurons si les ambitions étaient démesurées »

A Saint-Etienne, Snella veut effacer la désillusion du week-end précédent. Au stade de Gerland, les Verts se sont lourdement inclinés 3 à 0. Di Nallo, Rambert et consorts ont mis à mal la défense stéphanoise qui n’avait encaissé jusque-là que cinq buts en huit rencontres. Malgré ce revers, Snella ne souhaite rien remettre en question pour autant : « Je fais confiance à cette équipe pour recevoir Nantes. Par contre, j’ai tenu ce langage à mes joueurs : ce match contre Nantes est un tournant dans notre saison. Il est capital pour nous plus que pour les Nantais. Nous saurons si les ambitions qu’avait fait naître notre beau début de saison étaient démesurées, ou si elles étaient valables. A vous de le démontrer. »

FranceFootball, 4 octobre 1966.
FranceFootball, 4 octobre 1966.

Cette défaite dans le derby ne semble pas avoir affecté les supporters. Durant toute la semaine, un va-et-vient continuel au siège du club a fait penser que l’on s’apprêtait à battre des records d’affluence. Charles Paret, le secrétaire du club, avait même de bonnes raisons de penser que le précédent record, vieux de dix ans avec la venue du Stade de Reims, tomberait. Le 24 février 1957, 23 000 billets avaient alors été vendus avant l’ouverture des guichets.

En ce début octobre, la meilleure affluence pour un match de football au stade Geoffroy-Guichard est toujours détenue par le derby entre l’ASSE et l’OL. Le 16 février 1964, 33 526 spectateurs avaient franchi les barrières du stade.

L'Equipe, 8 octobre 1966.
L’Equipe, 8 octobre 1966.

Clerfeuille est confiant

A Nantes, tous les feux sont au… vert. Qualifiés en Coupe d’Europe, le leader de la Division 1 s’est défait de Valenciennes (3-1) lors de la dernière journée. Le président Clerfeuille aborde ce déplacement sans pression particulière : « Si nous avions été battus et que Saint-Etienne eût triomphé de Lyon, une seconde défaite, dimanche, aurait eu des conséquences catastrophiques : cinq points de retard. »

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Pour ce déplacement, Arribas ne sait pas encore s’il pourra compter sur la présence de Robert Budzinski, touché à une hanche. Son forfait entraînerait naturellement la titularisation de Claude Robin au poste d’arrière central.

La révélation Henri Michel

Le 28 octobre, Henri Michel fêtera ses 19 ans. Et déjà, José Arribas place en lui de grands espoirs. Transfuge d’Aix-en-Provence, il semble être le digne successeur d’un certain Boukhalfa, Nantais de 1962 à 1965. Meilleur junior français aux tournois internationaux en Allemagne en 1965 et en Yougoslavie en mai 1966, ce futur grand joueur peut évoluer à plusieurs postes. Aussi bien à l’aise à l’aile droite qu’à gauche, son poste de prédilection se situe au milieu de terrain. Les Stéphanois sont prévenus.

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Le jeune Henri Michel, transfuge d’Aix-en-Provence, se pose en futur titulaire chez les Champions de France 1966.
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L’Equipe, 8 octobre 1966.

Le discours de Jean Snella

Jean Snella prépare dans le calme ce match au sommet. Pour répondre présent et s’éviter un nouvel écueil, il sait que ses hommes devront être prêts psychologiquement. « Bien sûr qu’il n’y a pas de déshonneur à se faire battre par le Champion de France qui est aussi le leader actuel du Championnat, a-t-il dit à ses joueurs. Mais il y a beaucoup plus de gloire à glaner en obtenant sur lui la victoire. Vous nous avez démontré au cours des huit premiers matches que vous pouviez prétendre à la succession des Nantais au titre de champion. L’occasion vous sera belle de le démontrer. Sinon, il faudra reconnaître que vos adversaires sont les plus forts et travailler encore pour parvenir à les égaler. »

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Jean Snella, l’entraîneur de Saint-Etienne, en grande discussion avec Pierre Bernard, son gardien de but.

Snella et Revelli honorés

L’entraîneur des Verts reste persuadé que ses joueurs peuvent réaliser l’exploit. Comme il sait que l’attente est grande à Saint-Etienne. Si les onze titulaires contre Lyon devraient être reconduits, en revanche, il ne sait pas encore s’il pourra compter sur Hervé Revelli. Touché dans le derby, le meilleur buteur du club (8 buts) boitait bas à la fin du match. Le souci pour Snella, c’est que dès la fin de la rencontre, son joueur avait dû abandonner ses coéquipiers pour rejoindre le Bataillon de Joinville où il est incorporé. Son absence serait préjudiciable à son équipe bien sûr, mais également aux organisateurs de la remise de l’Oscar Byrhh.

L'Equipe, 10 octobre 1966.
L’Equipe, 10 octobre 1966.

Budzinski renonce

Robert Herbin, en délicatesse avec un genou récalcitrant, devrait bien tenir sa place, ce qui ne sera pas le cas de Robert Budzinski. souffrant d’une entorse à la hanche et déjà absent contre Reykjavik. Budzinski n’est pas le seul pensionnaire de l’infirmerie nantaise. A Saint-Etienne, Arribas devra composer sans son gardien titulaire Eon mais également sans Gondet et Prou, tous les deux opérés d’un genou et absents depuis de longues semaines. Enfin, Magny (problèmes d’adducteurs) semble apte pour le service.

Ce Saint-Etienne-Nantes sera, à coup sûr, l’évènement sportif le plus commenté du week-end. Tous les quotidiens nationaux ont dépêché un envoyé spécial qui prendra place dans la tribune suspendue au-dessus de celle des officiels. Aux diverses radios également présentes, Thierry Roland sera aux commentaires pour la télévision.

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Musée des Verts.
Musée des Verts.

Au point de vue arithmétique, Nantes ne compte qu’une seule défaite et n’a inscrit que quatre buts à l’extérieur. Malgré cela, il possède une différence de buts de + 8. Saint-Etienne, son second, a inscrit 13 buts (dont 7 à domicile). Avec 13 buts marqués en 9 matches, les attaquants stéphanois n’est qu’en 6e position au classement de la meilleure attaque loin derrière Lens (22 buts).

Le duel entre les deux entraîneurs de l’équipe de France, la dizaine d’internationaux que comptent les deux formations peut donc commencer.

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Ce dimanche 9 octobre, la foule des grands jours se presse au stade Geoffroy-Guichard pour voir tomber le leader nantais.

Grosse affluence à Geoffroy-Guichard

Ce dimanche 9 octobre, les 28 175 spectateurs présents au stade Geoffroy-Guichard ne vont pas regretter de s’être déplacés. Hervé Revelli, bien que grippé, est également présent.

France Football, 4 octobre 1966.
France Football, 4 octobre 1966.

D’entrée, les Stéphanois emballent la partie. Entre la 1ère et la 25e minute, tour à tour, Revelli, Mekloufi sur coup franc, Bosquier, N’Doumbé et Fefeu mettent à mal André Castel, l’étonnant gardien nantais. Ces derniers littéralement étouffés par le rythme frénétique des Stéphanois, s’en sortent tant bien que mal.

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Les quelques 30 000 spectateurs présents au stade Geoffroy-Guichard sont conquis par la domination stéphanoise durant les trente premières minutes.

A la 20e minute, Herbin entend son genou droit craquer. Il glisse alors à l’aile droite et se contente d’un rôle de figurant. Invectivé par deux spectateurs assis sur des chaises au bord du terrain, Jean Snella se lève de son banc et s’explique sèchement avec les personnes concernées.

France Football, 11 octobre 1966.
France Football, 11 octobre 1966.
L'Equipe, 11 octobre 1966.
L’Equipe, 11 octobre 1966.

Deux minutes plus tard, l’excellent ailier « de métier » André Fefeu ouvre la marque pour les Verts. Il profite d’une incroyable mésentente entre le défenseur nantais Grabowski et Castel pour ouvrir le score (1-0, 22e).

ST ETIENNE-NANTES (3-3)
André Fefeu, félicité par Hervé Revelli, a profité d’une grosse domination stéphanoise pour ouvrir le score pour les siens (22e).

Saint-Etienne domine, Nantes mène au score

Les Nantais, piqués au vif, se reprennent quelque peu. A la 27e minute, Simon envoie un missile dans les buts de Bernard et crée la panique dans la surface de réparation stéphanoise. Après un énorme cafouillage, le gardien international des Verts est tout heureux de voir le ballon s’éloigner de ses cages. Trois minutes seulement après cet énorme raté nantais, De Michèle tire un coup franc qui provoque un nouveau cafouillage devant le but de Bernard. Cette fois, Magny ne laisse pas passer l’aubaine pour égaliser (1-1, 30e).

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Francis Magny, égalise pour le champion de France nantais à la 30e.

Les Stéphanois accusent le coup et les Nantais en profitent pour aggraver la marque par Blanchet (1-2, 36e) dans des conditions similaires. En six minutes, la défense stéphanoise vient de craquer à deux reprises. Sa solidité est mise à rude épreuve.

L'Equipe, 10 octobre 1966.
L’Equipe, 10 octobre 1966.

Le coup de pouce de M. Carette

Après le repos, les vingt-deux acteurs tentent d’imprégner le même rythme mais accusent nettement le coup après la débauche d’énergie dépensée en première mi-temps. A la 60e minute, Mekloufi, le maître à jouer à des Verts, tente une reprise de volée qui touche involontairement la main de Grabowski. M. Carette, l’arbitre de la rencontre, désigne immédiatement le point de penalty. La sanction est contestée par les Canaris qui estiment que c’est le ballon qui a été à la main de l’infortuné Grabowski et non l’inverse. Bosquier ne se pose pas la question et remet les deux équipes à égalité (2-2, 60e).

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A la 60e minute, Bosquier égalise pour Saint-Etienne et relance ce match au sommet.

Jacquet réussit le geste parfait

Ce coup du sort redonne un moral d’acier aux joueurs de Snella. La dernière demi-heure va ponctuer une rencontre magnifique. Ragaillardis, les Verts se lancent à l’assaut des buts de l’excellent Castel. A l’entame du dernier quart d’heure, Aimé Jacquet reçoit un centre millimétré de N’Doumbé. Le jeune Stéphanois, d’une reprise de volée parfaite, redonne l’avantage aux siens et fait lever comme un seul homme les 30 000 spectateurs présents (3-2, 75e). Le buteur est ovationné pendant de longues minutes.

Aimé Jacquet, d'une magistrale reprise de volée à la redonne l'avantage aux Stéphanois.
Aimé Jacquet, d’une magistrale reprise de volée à la 75e minute, redonne l’avantage aux Stéphanois.

Kovacevic à la conclusion

On s’achemine vers la fin du match. Saint-Etienne tient son exploit mais Nantes ne veut pas en rester là. Tour à tour, Grabowski, Le Chenadec et De Michèle prêtent main-forte à leurs attaquants. Sur l’une de leurs dernières contre-attaques, un long centre de Michel trouve Kovacevic, assez effacé jusque-là et pas encore adapté au football français. L’attaquant nantais, en position idéale, trompe Bernard de la tête et arrache le match nul somme toute mérité (3-3, 86e).

Football Magazine
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Quand M. Carette siffle la fin de cette rencontre, Stéphanois et Nantais ont la satisfaction du devoir accompli. A Saint-Etienne, les vingt-deux acteurs ont démontré, s’il en était besoin, que le football français avait encore de beaux jours devant lui.

L'Equipe, 10 octobre 1966.
L’Equipe, 10 octobre 1966.

A Saint-Etienne, le FC Nantes a franchi le premier quart du Championnat. A huit jours près (le 17 octobre 1965), les futurs champions de France avaient bouclé leur premier cycle de dix matches. Ils comptaient alors 18 points sur 20 possibles (8 victoires et 2 nuls). A la différence de la saison précédente, Nantes n’est pas seul en tête du classement puisque Lens le devance seulement au goal average. Le club du président Clerfeuille compte 14 points.

Saint-Etienne suit à un point (13) et reste à l’affût des deux leaders. A pareille époque, les Verts comptaient également 13 points mais n’occupaient que la 6e place. En revanche, ils avaient inscrits 25 buts contre 16 aujourd’hui. L’absence de Robert Herbin se fait durement sentir du côté de Geoffroy-Guichard.

L'Equipe, 13 octobre 1966.
L’Equipe, 13 octobre 1966.

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photo : asse.fr

Plus de 76 000 visiteurs ont parcouru le Musée des Verts
depuis son ouverture le 20 décembre 2013. Et vous ?

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Metz-Saint-Etienne : dernier test avant Cologne

Ce samedi 14 mars 2015, l’AS Saint-Etienne se déplace à Metz. Après leur victoire contre Lorient (2-0), les hommes de Christophe Galtier iront au stade Saint-Symphorien avec la ferme intention de s’y imposer. Le 11 septembre 1971, les Verts d’Albert Batteux répétaient leurs gammes à Metz avant de recevoir Cologne quatre jours plus tard en Coupe UEFA. C’était aussi l’occasion pour le gardien André Castel de disputer son premier match sous ses nouvelles couleurs. Récit.

Le mercredi 1er septembre 1971, Saint-Etienne s’impose 4 à 0 face à Angoulême lors de la 5e journée de Division 1. Malgré l’ampleur du score, l’équipe d’Albert Batteux y laisse quelques forces vives. Georges Bereta, blessé à une cheville, quitte ses partenaires en boitillant. Dans les dernières minutes du temps réglementaire, c’est le tour de Samardzic de se faire une entorse du genou.

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L’Equipe, 8 septembre 1971.

Pour compléter ce tableau, Gérard Migeon, le gardien stéphanois, termine la rencontre avec une belle entorse à la cheville droite. Plâtré dès le lendemain, sa participation contre Cologne en Coupe UEFA semble très compromise.

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L’Equipe, 4 septembre 1971.

Salif Keita, l’homme en forme

Après un premier match difficile à domicile contre Nîmes (1-3), les Stéphanois sont en progression constante. Bien que défaits à Nantes (4-3, 2e j.), ils restent sur trois victoires consécutives : contre Reims (9-1), Sochaux (2-0) et  Angoulême (4-0). En cinq rencontres, Salif Keita a inscrit 7 buts et partage la première place du classement des buteurs avec le Nîmois Jacky Vergnes.

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L’Equipe, 11 septembre 1971.

Metz veut faire trinquer les Verts

A Metz, ce match contre les Verts est attendu comme une réhabilitation. Jacques Favre et ses joueurs n’ont toujours pas digéré la défaite subie contre Nancy (0-1) dans le derby lorrain. Ils espèrent bien faire trinquer les Verts qui n’ont plus connu la défaite depuis le 31 décembre 1961 (6-0). Pour changer le cours de l’histoire, l’entraîneur messin compte sur les retours de Zvunka, Sondergaard et Jeitz. Mais le plus attendu est celui de Nestor Combin. A lui seul, l’ancien Lyonnais est capable de faire basculer une rencontre.

Jacques Favre espère beaucoup du retour de Nestor Combin à la pointe de l'attaque messine.
Jacques Favre, l’entraîneur messin, espère beaucoup du retour de Nestor Combin pour dynamiser l’attaque messine.

 Après-midi télé pour les Stéphanois

Arrivés le samedi en fin de matinée, la délégation stéphanoise se repose l’après-midi à son hôtel. Au menu : une rencontre du Championnat d’Europe de basket opposant l’équipe de France à la Roumanie suivie de quelques résumés de matches de Bundesliga. Albert Batteux, de son côté, est tout heureux de converser avec une vieille connaissance « rémoise ». Roger Piantoni a fait le court déplacement de Nancy pour venir saluer son ancien partenaire de la grande époque rémoise.

Faute de bus, les Stéphanois arrivent en taxis

Saint-Etienne n’est plus le champion de France en titre mais l’affiche fait toujours recette. Ce samedi 11 septembre, 19 050 spectateurs garnissent les travées du stade Saint-Symphorien.

Il est 20 h 30, les deux équipes pénètrent sur la pelouse. Pourtant, cette rencontre a bien failli débuter avec plusieurs minutes de retard, voire être ajournée. En effet, le car qui devait conduire les joueurs stéphanois de leur hôtel au stade accusait un retard assez conséquent. Les joueurs stéphanois ont dû se résoudre à prendre des taxis. Alors que tous les véhicules étaient arrivés, un seul manque à l’appel : celui qui emmène le docteur Minasso, Keita, Parizon et Castel. Finalement, tout rentre dans l’ordre et Batteux est rassuré.

Il ne fallait pas arriver en retard

Le match débute sur un coup de théâtre. Sur l’engagement, Bereta, libre de tout marquage, s’enfonce dans le camp messin et sert Parizon qui n’a aucune difficulté à tromper Schuth. Après dix secondes de jeu, les Stéphanois mènent déjà 1 à 0 ce qui fait dire à Merchadier : «Les Messins ne touchèrent le ballon que pour le replacer au centre ».

Sous la houlette du duo très complémentaire Larqué-Bereta, et d’un Keita totalement libéré, les Verts imposent leur griffe sur ce match. « Nous nous entendons merveilleusement avec Jean-Michel, explique Bereta. Keita est heureux que je sois « derrière » car j’essaie de lui donner de bons ballons ».

André Castel (assis à côté de Christian Sarramagna) dispute ce 11 septembre 1971, son premier match avec l'AS Saint-Etienne.
André Castel (assis à côté de Christian Sarramagna) dispute ce 11 septembre 1971, son premier match avec l’AS Saint-Etienne.

Keita sur sa lancée

Metz tente de réagir par Combin et Bauda mais Castel veille aux grains et justifie la confiance placée en lui par les dirigeants stéphanois. Quelques minutes avant la mi-temps, Herbin sert Keita qui inscrit le deuxième but de Saint-Etienne (0-2, 35e). L’international malien conforte ainsi sa place de meilleur buteur de Division 1.

A la reprise, les Messins jouent leur va-tout. Nastouri et Bourgeois par deux fois et Atamaniuk inquiètent Castel. Mais Keita, sur un nouveau caviar d’Herbin, refroidit un peu plus les velléités mosellanes (0-3, 52e).

Les Stéphanois, décidément insatiables, trompent une quatrième fois Schuth par le jeune Patrick Revelli sur un action personnelle de Parizon (0-4, 70e). L’addition aurait pu être encore plus lourde si Keita n’avait pas vu son coup franc renvoyé par la transversale de Schuth.

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Salif Keita (ici avec Georges Bereta et Albert Batteux), auteur de deux nouveaux buts, conforte sa place de meilleur buteur de Division 1.

Bereta admiratif

A l’issue de cette soirée, l’international malien s’octroie la première place du classement des buteurs avec neuf réalisations. A 25 ans, il est le véritable leader d’attaque et apporte toute son expérience à ses jeunes coéquipiers que sont Parizon (21 ans), Revelli (20) et Sarramagna (19). Bereta, très admiratif dit de lui : « Il pourrait très certainement jouer au Brésil, il n’y a que lui pour pouvoir faire ce qu’il fait. »

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L’Equipe, 13 septembre 1971.

A quatre jours de recevoir Cologne en Coupe UEFA, les Verts ont retrouvé de leur éclat. L’alchimie entre les « anciens » et les jeunes pousses du club s’est opérée. Larqué, Herbin, Bereta et Keita s’affirment comme des leaders techniques. Lucien Jasseron a dit un jour qu’il suffisait dans une équipe de quatre leaders techniques pour que tout le monde suive. Saint-Etienne semble les avoir trouvés.

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FranceFootball, 14 septembre 1971.

Thierry CLEMENCEAU

 

André Castel chez les Verts

« Lorsqu’on est venu me dire à Nantes que M. Garonnaire souhaitait me voir pour me faire signer à Saint-Etienne, j’ai d’abord cru à une mauvaise plaisanterie. » André Castel, le nouveau gardien stéphanois n’en revient toujours pas. « Pensez, il était plus de 23 heures ! J’avais joué un match l’après-midi avec Laval contre Le Mans et j’étais couché. Je ne pouvais croire qu’un club comme Saint-Etienne puisse s’intéresser à moi. Enfin, je me suis levé et j’ai rejoint M. Garonnaire à son hôtel. Là, il m’a effectivement confirmé la nouvelle. J’ai mis un certain temps, je l’avoue, à réaliser. Pour moi, c’était tellement inespéré, inattendu, un rêve. »

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André Castel

Une nouvelle ère s’ouvre à Saint-Etienne

A Saint-Etienne, l’intersaison 1970-71 marque le début d’une nouvelle ère. Les expérimentés Carnus, Bosquier, Camérini, Durkovic et Hervé Revelli quittent le club. Pour les remplacer, Roger Rocher, en accord avec Albert Batteux, son entraîneur et Robert Herbin, son capitaine, décide de faire confiance aux jeunes du centre de formation. Sont ainsi promus : Alain Merchadier, Pierre Repellini, Christian Synaeghel, Christian Sarramagna, Jacques Santini et Gérard Migeon.

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La nouvelle génération stéphanoise : de d. à g. : Alain Merchadier, Christian Sarramagna, Christian Synaeghel, Gérard Migeon, Patrick Revelli, Jacques Santini et Pierre Repellini.

L’inquiètude du président Rocher

Les rencontres amicales d’avant-saison sont plutôt encourageantes avec notamment deux victoires sur Lyon (6-2) et Newcastle (2-1). Mais la lourde défaite encaissée face à Bratislava (1-5) fait l’effet d’une douche froide. Roger Rocher et Albert Batteux comprennent très vite que leur équipe est trop inexpérimentée. C’est ainsi que le défenseur central grenoblois Daniel Sanlaville est engagé pour seconder Merchadier. Désireux de posséder deux bons gardiens de but, le staff stéphanois recherche également une doublure à Gérard Migeon.

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Gérard Migeon, le jeune gardien stéphanois, fait partie de la génération montante.

« Notre préférence va à Castel »

Le junior Ollivain, malgré des qualités évidentes, est jugé encore un peu tendre pour la Division 1. Rocher demande alors à Pierre Garonnaire, le recruteur attitré des Verts, de prendre contact avec plusieurs gardiens. Sur les trois noms que lui présente ce dernier, Rocher jette son dévolu sur André Castel. « Notre préférence va à Castel, actuellement à Laval qui est désireux de venir chez nous. Il nous reste à nous mettre d’accord avec lui. » dit le président stéphanois. Rachid Mekloufi, de passage à Saint-Etienne conforte le président stéphanois dans son choix : « Vous pouvez le prendre. D’abord parce que c’est un excellent gardien. Ensuite parce qu’il a la baraka. » Il se souvient encore d’un Saint-Etienne-Nantes (3-3) au stade Geoffroy-Guichard le 9 octobre 1966. Ce jour-là, Castel avait effectué un grand match malgré ses trois buts encaissés.

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André Castel s’impose dans les airs, lors d’un match entre Nantes et les Girondins de Bordeaux.

Alors qu’il a débuté la saison en National avec Laval, Castel fait un voyage éclair à Saint-Etienne. L’entrevue avec les dirigeants stéphanois se passe bien et les deux parties se mettent d’accord sur les modalités du futur contrat. Pourtant, il repart à Laval sans donner son accord. Il ne souhaite pas quitter la Mayenne sans que son club lui ait trouvé un remplaçant. Ce qui sera fait avec la signature de Jacques Rose.

Dans l’ombre de Daniel Eon

Il part l’esprit libéré et paraphe, à 28 ans, un contrat de 2 ans avec l’AS Saint-Etienne. Après une absence de près de deux ans en Division 1, ce gardien audacieux s’apprête à vivre une nouvelle aventure. Son rôle de remplaçant ne le perturbe nullement d’autant qu’il a connu pareille situation à Nantes. De 1964 à 1967, il a vécu dans l’ombre de Daniel Eon, le titulaire du poste. Pourtant, l’occasion de s’affirmer lui sera donnée le 10 octobre 1964 lors d’un Nantes-Nîmes. « C’était mon premier match en Division 1 et je n’étais pas très fier. Un trac sournois me paralysait et Nîmes l’avait emporté 2 à 0. A 70%, j’étais responsable de ces deux buts encaissés et je ne souhaitais qu’une chose : prouver que c’était un accident et que je valais beaucoup mieux. Hélas, l’occasion ne m’en fut pas laissée car le dimanche suivant, Daniel, rétabli, reprenait normalement son poste. Et c’est comme cela que pendant longtemps, j’ai attendu et espéré. »

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André Castel, le nouveau gardien stéphanois, a été chaudement recommandé par Rachid Mekloufi au président Roger Rocher.

« Ils m’ont chaudement recommandé à Saint-Etienne »

José Arribas et les dirigeants nantais ne lui font que rarement confiance. Après Eon, c’est au tour de Fouché de le supplanter dans les cages nantaises. « Je ne leur en veux absolument pas, concède volontiers le néo-Stéphanois, d’autant qu’ils m’ont chaudement recommandé à Saint-Etienne. »

Son statut d’ «éternel» remplaçant le pousse à quitter Nantes en novembre 1970 pour signer un contrat amateur à Laval. Il ne restera que six mois en National mais cela le réconciliera avec le football.

Le coup de fil de Pierre Garonnaire constitue pour lui une opportunité de sortir de l’ombre. « On répète souvent qu’un gardien arrive à pleine maturité vers 28 ou 30 ans. Je n’ai plus de temps à perdre. J’ai progressé en confiance, en stabilité. Il me semble que j’ai plus de sûreté et de présence, que je commande mieux ma défense. A Nantes, j’étais trop jeune pour m’imposer. »

« Je me sens Stéphanois à part entière »

Son adaptation à Saint-Etienne se déroule normalement. « Mes nouveaux dirigeants m’ont réservé un accueil chaleureux et ont tout mis en oeuvre pour faciliter mon intégration, concède-t-il. Dès mon arrivée, M. Batteux m’a exposé avec une grande franchise ce qu’il attendait exactement de moi. Je me sens Stéphanois à part entière. J’ai un peu la sensation de débuter ici une seconde carrière. Contrairement à ce que je craignais, le passage du National à la Division 1 s’est effectué sans heurts. »

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André Castel profite de la blessure de Gérard Migeon pour s’imposer dans les buts stéphanois. En 1970-71, il dispute 26 rencontres.

Durant cette saison de transition pour les Verts, Migeon se blesse à plusieurs reprises. Le malheur des uns faisant le bonheur des autres, Castel profite de l’aubaine et dispute 26 rencontres dont les deux de Coupe d’Europe contre Cologne.

Migeon part, Curkovic arrive

Lors de l’intersaison suivante, Migeon, bien qu’encore lié avec Saint-Etienne pour quatre ans, demande à quitter le club.

Castel a enfin l’opportunité d’être le numéro 1 en Division 1. C’est sans compter sur l’arrivée d’un grand gardien en provenance de Yougoslavie : un certain Ivan Curkovic. Déçu, il accepte malgré tout de repartir pour une saison comme remplaçant. Mais las de cirer le banc de touche, il quitte définitivement Saint-Etienne en janvier 1973.

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Gérard Migeon, assis à côté de Salif Keita, quitte l’AS Saint-Etienne pour Toulon à la fin de la saison 1971-72.

Avec Nantes, André Castel avait fait ses grands débuts en professionnel contre Nîmes (0-2). Avec Saint-Etienne, il a disputé son dernier match… à Nîmes le 27 mai 1972. Comme avec Nantes, il connut également la défaite (0-4).

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L’Equipe, 15 décembre 1972.

Thierry CLEMENCEAU

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Plus de 73 000 visiteurs ont parcouru le Musée des Verts
depuis son ouverture le 20 décembre 2013. Et vous ?

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Saint-Etienne-Metz : le dernier match de M. Snella

Ce dimanche 26 octobre 2014, l’AS Saint-Etienne reçoit le FC Metz à l’occasion de la onzième journée de Ligue 1. En 1979, Jean Snella devenait le grand patron sportif du club lorrain. Son dernier club. Bonne lecture.

FRANCE CHEZ ESSO
Jean Snella, un homme au service du football.

« Nous voulons Jean Snella« . Aimé Dumartin, le successeur de Carlo Molinari à la présidence du FC Metz depuis 1978, souhaite structurer son club et lui faire franchir une nouvelle étape vers le professionnalisme. En France, ses modèles s’appellent Nantes et Saint-Etienne. Pour cela, il souhaite s’attacher les services d’un technicien de haut niveau, un véritable patron sportif.

Premiers contacts avec Metz

Depuis le mois de mars 1979, il est entré en contact avec Jean Snella, l’ancien entraîneur de Saint-Etienne et Nice entre autres. Grand pédagogue, ennemi de la manière forte, il a toujours préféré convaincre à imposer. Avec un technicien de cette qualité doublé d’un homme de grande valeur humaine, le FC Metz pourrait envisager l’avenir avec sérénité.

ENTRAINEMENT NICE
Jean Snella, libre de tout contrat, est en contacts avancés avec le FC Metz.

Le 5 mai 1979, Roger Rocher a réservé une place en tribune d’honneur à son ancien entraîneur pour assister au match de Division 1 entre Saint-Etienne et Metz (1-0, but de Rocheteau, 25e). Pour lui, c’est un véritable come-back puisqu’il assiste pour la première fois depuis cinq ans à une rencontre en France. Au stade Geoffroy-Guichard, Aimé Dumartin et Jean Snella se sont parlés et le président lorrain est désormais pleinement  convaincu qu’il est l’homme de la situation.

Jean Lauer, l’ami de Snella

Pour le persuader un peu plus de rejoindre son club, il compte sur un atout de poids et non négligeable. Jean Lauer, l’ex joueur de Metz (1937-39) et Saint-Etienne (1943-49), installé dans le Forez et ami personnel de Snella, est chargé de convaincre ce dernier d’accepter le rôle de directeur sportif que souhaite lui confier Dumartin. S’il ne donne pas un « oui » définitif au dirigeant messin, en revanche, il semble emballé par l’envie de bâtir sur du solide et du durable chez les Lorrains.

La Division 1 à la radio ou dans la presse

Depuis le mois de mars, il n’est plus lié au club algérien d’Hussein Dey qu’il entraînait depuis plus de quatre ans. Enrichi par ce séjour, il déclare : « Pour un homme de terrain, le travail est passionnant dans ce pays. Le football est là-bas une seconde religion. » S’il a été coupé du football français pendant quelques années, cela ne l’a pas empêché de suivre les matches de Division 1 à la radio ou lire les comptes-rendus par voie de presse.

NICE-NANTES (3-0)
Jean Snella s’engage pour une saison avec Metz.

Snella signe pour un an

Retenu plus longtemps que prévu en Algérie pour régler les conditions de sa séparation à l’amiable, il donne son accord au FC Metz le 2 juillet et appose sa signature pour une année. Les conditions financières proposées lui conviennent parfaitement. Dès le lendemain, il part à Berne assister à la Coupe des Alpes où joue le FC Metz. A cette occasion, Rastoll, l’entraîneur lorrain, fait confiance à Patrick Battiston dans le rôle de libéro. Le Néerlandais Suurbier parti aux Etats-Unis et ni Kasperczak ni Mahut n’ayant convaincu à ce poste, « Battiste » hérite donc du numéro 5.

MARSEILLE-METZ
Le jeune Patrick Battiston, valeur montante du football français.

« Quand je sème quelque chose, je veux voir la récolte« 

Jean Snella a encore le virus du football dans le sang. A 65 ans, cet amoureux du beau jeu souhaite toujours faire partager sa passion. « Quand je sème quelque chose, je veux voir la récolte » aime-t-il à répéter. Son seul regret est de n’avoir pu suivre quelques joueurs et gérer au mieux la période des transferts.

Sa venue en Lorraine n’a cependant pas eu pour conséquence le départ de tel ou tel entraîneur en poste. Avec Marc Rastoll, l’entraîneur de l’équipe première et Marcel Husson, celui du centre de formation, les relations sont au beau fixe. A Metz, ville ouvrière, il retrouve un peu la chaleur qu’il a connue durant les vingt ans passés à Saint-Etienne.

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Après vingt ans passés à Saint-Etienne, Jean Snella n’a gardé que des amis dans la ville dont sa femme est originaire.

La joie de revenir à Saint-Etienne

Le vendredi 17 août, Metz se déplace à Saint-Etienne. Snella et son équipe s’inclinent 2-1 dans le Chaudron devant 33 225 spectateurs. Platini le Lorrain et néo-Stéphanois, inscrit son premier but à domicile. Pour Snella, cette rencontre est l’occasion d’émouvantes retrouvailles avec un club qui l’a vu connaître ses plus belles joies. « C’est toujours une joie pour moi de revenir à Saint-Etienne qui est la ville de mon épouse. Pour ma part, j’y ai passé environ vingt ans de ma vie et, chaque fois que je la revois, j’ai l’impression de ne l’avoir jamais quittée. Ce qui me fait plaisir, c’est que le temps n’a pas effacé les sentiments d’amitié. A l’hôtel, pendant deux jours, j’ai reçu de nombreuses visites et j’y ai été très sensible. Ce qui me fait plaisir également, c’est que la foi, la passion du football n’ont pas quitté le public stéphanois. Il est tel que je l’ai connu et apprécié avec toutefois plus d’agressivité dans le comportement. »

Il revoit avec plaisir Robert Herbin pour lequel il a le plus grand respect : « Roby est un homme qui n’a pas changé moralement. Les succès ne lui ont pas tourné la tête. Il reste le même et sa conduite vis-à-vis des hommes n’a jamais changé. »

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A l’occasion de la venue de Metz, Michel Platini inscrit son premier but à Geoffroy-Guichard avec ses nouvelles couleurs.

Fin septembre, les Messins se traînent dans les profondeurs du classement. Curioni et Braun n’ont pas été remplacés et l’absence d’un buteur est criante. Malgré cette situation, Jean Snella ne doute pas.

L’ami Kees Rijvers

Mi-octobre, il reçoit la visite d’un homme qu’il n’avait pas revu depuis longtemps. Le Hollandais Kees Rijvers, l’un des stratèges du premier titre de champion de France de l’ASSE en 1957, n’a pas oublié son entraîneur : « Je suis très heureux d’avoir repris contact avec Jean, que je n’avais pas vu depuis longtemps, et auquel me lie une grande amitié« . Son ancien joueur en profite pour l’inviter à assister, le 24 octobre, au seizième de finale aller de la Coupe UEFA qui va opposer le PSV Eindhoven à … l’AS Saint-Etienne. Snella, poliment, décline l’invitation et préfère se déplacer à Nantes pour y superviser son futur adversaire qui dispute un match aller de Coupe des Coupes contre le Steaua Bucarest (3-2). Snella ne laisse jamais rien au hasard.

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Photo : ASSE-Actualités du 28 novembre 1979

Le samedi 10 novembre, lors de la 16e journée de Division 1, Laval s’impose à Metz 4-1. Jean Snella est absent. Le matin même, il a été hospitalisé pour un mal incurable qui le ronge depuis des mois. Sur son lit d’hôpital, il regardera à la télévision, une dernière fois l’AS Saint-Etienne disputer un match de Coupe d’Europe chez son ami Kees. Il décède le 20 novembre 1979. Les hommages affluent du monde entier : « Un homme d’exception » revient souvent dans les témoignages. Roger Rocher, qui a été son président à Saint-Etienne, a appris la nouvelle alors qu’il était en déplacement professionnel à Conakry. Bouleversé, il ne trouve les mots pour exprimer son émotion. Robert Herbin, quant à lui, perd son maître et la France du football un grand entraîneur.

Thierry CLEMENCEAU

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L’Equipe du 21 novembre 1979
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France Football du 27 novembre 1979.

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Abbes : la patience récompensée (3/4)

Claude Abbes est sélectionné pour la Coupe du monde en Suède. Comme en 1954, il part avec le statut de remplaçant. Pour cet avant-dernier volet consacré au gardien stéphanois, je vous propose aujourd’hui de revivre la première partie de la Coupe du monde de l’équipe de France. Bonne lecture.

L'équipe de France au grand complet.
L’équipe de France au grand complet.

Le 13 mai 1958, l’équipe de France prépare activement la Coupe du monde qui se déroulera en Suède. Une semaine avant son départ pour Stockholm, Albert Batteux, l’entraîneur des Bleus, procède à une revue d’effectif contre une sélection parisienne. Ce jour-là, le gardien n’est ni Colonna ni Abbes mais Taillandier. Les Bleus, peu convaincants, s’imposent 2-1 au Parc des Princes.

Abbes, seul Stéphanois sélectionné

Pourtant, le mercredi 22 mai, à l’annonce des 22 -à l’exception de Kopa, vainqueur avec le Real Madrid de la Coupe des Clubs Champions- qui s’envoleront pour la Suède une semaine plus tard, les trois gardiens se nomment Remetter, Colonna et… Abbes. Comme en Hongrie en 1954, lors de la Coupe du monde en Suisse, le gardien stéphanois est convoqué pour la phase finale de cet évènement mondial.

FF 20 MAI 1958
Dessin extrait de l’hebdomadaire FranceFootball daté du 20 mai 1958

Le 19 mai, les heureux élus se retrouvent à 20 heures pour un dernier dîner sur le sol français. Claude Abbes, arrive à la brasserie du Roule en taxi, comme la majorité de ses camarades à l’exception des Rémois, partis fêter leur victoire en Coupe à Reims.

MAGAZINE FRANCE
Remise des équipements de la Coupe du monde.

Le lendemain, ce sont donc 26 hommes (Paul Nicolas, le docteur Copin, les deux entraîneurs, Albert Batteux et Jean Snella, le masseur Louis Hainaut et les 21 joueurs) qui décollent de l’aéroport d’Orly à 10 heures.

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Photo L’Equipe

A bord du Vicker d’Air-France, l’équipe de France est la première nation a toucher le sol de l’aéroport de Bromma à 14 h 45. Le premier Français à sortir de l’avion est Paul Nicolas.

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Ils sont accueillis par une délégation suédoise parmi laquelle Brorr Mellberg, l’ancien coéquipier de François Remetter à Sochaux, reconverti dans l’import-export.

« Nous salutons l’équipe française ! »

A peine le temps d’apercevoir la capitale suédoise qu’ils la quittent en car direction Kopparberg, leur lieu de villégiature. Située à 270 kilomètres de Stockholm, cette petite bourgade qui signifie « la montagne du cuivre » est composée de chalets en bois. Elle ressemble, toute proportion gardée, à la station de sports d’hiver de Megève. Visiblement, les Français sont attendus avec impatience. A l’entrée du village, une banderole porte l’inscription : « Nous salutons l’équipe de France. »

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Banderole de bienvenue à Kopparberg pour la délégation française. Photos L’Equipe.

Cinq heures de vol et cinq autres de bus plus tard; les Français sont contents de gagner leurs appartements.

Claude Abbes le matheux

Le lendemain est consacré à la détente. Les Rémois en profitent pour aller pêcher le saumon pendant que d’autres s’adonnent à la lecture ou aux prises de photos-souvenirs. Claude Abbes, lui, se replonge encore et toujours dans ses bouquins de mathématiques. Le héros malheureux de Wembley, après une interruption de plus de dix ans, ne comprend pas que l’on puisse arrêter ses études pour le football. Il estime que les deux sont compatibles. A Saint-Etienne, il se levait deux heures avant l’entraînement pour potasser ses cours.

Dans la chambre n° 21 de l’hôtel Laxbrogarden, le « matheux » révise sous l’oeil amusé de Roger Marche, son compagnon de chambre.

Dessin L'Equipe.
Dessin L’Equipe.

C’est de Suède, le samedi 24 mai que Claude Abbes fête ses 31 ans.

Quelques jours plus tard, à cinquante kilomètres de Kopparberg, c’est dans la petite ville de Nora que les Bleus s’imposent 12-0 contre une sélection locale. Les douze réalisations sont toutes l’oeuvre de Rémois dont quatre de Piantoni et quatre de Fontaine.

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De gauche à droite : Wisnieski, Fontaine, Kopa, Piantoni et Vincent.

Les Bleus régalent

Le 26, pour garder le rythme, Batteux et Snella mettent sur pied un petit match entre les sélectionnés. Sitôt le petit déjeuner avalé, un bus mis à la disposition des Français durant leur séjour par les cheminots de la région emmènent joueurs et entraîneurs à Nora, un hameau situé à cinquante kilomètres de Kopparberg. A cette occasion, les Bleus pulvérisent le record d’affluence de cette petite bourgade qui datait de 1944. Avec 1 818 spectateurs payants, la délégation française empoche au passage 40 % de la recette soit la coquette somme de 150 000 francs. Les Bleus s’imposent 12-0, tous les buts sont l’oeuvre de Rémois. « Fonthine« , comme l’écrit la presse suédoise (alias Fontaine), se fait remarquer en inscrivant quatre buts, soit le même nombre que Piantoni. Remetter garde les buts et nul doute que pour Nicolas, c’est lui qui débutera le Mondial.

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Abbes joue avec les Suédois

Dans l’après-midi, ceux qui n’ont pas joué le premier match disputent une rencontre contre une sélection de 5e division. Claude Abbes et Colonna se partagent le poste de gardien de but. Score final : 15-0. Paul Nicolas, pour permettre à Abbes de disputer les 90 minutes, le fait jouer une mi-temps avec l’équipe adverse. Contre ses coéquipiers, il encaisse pas moins de six buts.

En deux rencontres, les hommes de Batteux ont donc inscrit la bagatelle de 27 buts. Paul Nicolas est tout sourire et pour cause : sa délégation est, selon une enquête, la plus courtoise de toutes celles qui l’ont précédée à Kopparberg. Leur popularité se mesure aussi par le nombre de lettre et cartes postales qu’ils reçoivent à leur hôtel.

Le 29 mai après-midi, les tricolores prennent la destination de Vasteraas. Après la reconnaissance du terrain où ils disputeront leur match contre la Yougoslavie le 11 juin, une petite opposition est programmée.

Le lendemain, Raymond Kopa, tout auréolé de la victoire du Real Madrid en Coupe des Clubs Champions, rejoint ses partenaires.

Raymond Kopa a rejoint ses compatriotes en Suède. En arrière-plan, Claude Abbes est affûté.
Raymond Kopa a rejoint ses compatriotes en Suède. En arrière-plan, Claude Abbes.

Claude Abbes, buteur inattendu

Rien n’est laissé au hasard chez les Bleus. Dans l’optique de rencontrer leur futur adversaire qu’est l’Ecosse, ils partent s’entraîner dans la petite ville d’Orebro, située à 80 kilomètres de leur camp de base. Pas de doute, le match contre les Britanniques aura bien lieu dans le stade Eyravallen. Sur les portes, on peut lire : « Franckrike-Skottland« . Jonquet et Marche ont la surprise de retrouver leur ex-partenaire du Stade de Reims, Lundquist, venu voir les hommes de Batteux s’entraîner. Une opposition contre l’équipe locale est au menu des Bleus. Claude Abbes évolue dans les buts puis au poste inhabituel… d’ailier droit. Il participe à la fête en inscrivant la bagatelle de trois buts. Les Français s’imposent 13-1.

Détente dans le camp français

Le 3 juin, la délégation française au grand complet, quitte, avec un petit pincement au coeur, Kopparberg pour Finspang, une petite ville de 10 000 âmes. Si le lieu a changé, en revanche, les Bleus peuvent toujours s’adonner à la pêche, le ping-pong ou la pétanque pour occuper leur temps libre entre deux entraînements. Claude Abbes, fidèle à ses habitudes, s’évade dans ses livres.

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Photo L’Equipe

Festival de buts contre le Paraguay

Le 8 juin, la France lance parfaitement sa Coupe du monde contre le Paraguay. A Norrkoeping, François Remetter garde les buts et les tricolores réalisent une performance de premier plan en s’imposant 7-3. Just Fontaine inscrit à cette occasion ses trois premiers buts.

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L’équipe de France vainqueur du Paraguay (7-3). En haut (de g. à d.) : Kaelbel, Penverne, Jonquet, Marcel, Remetter, Lerond. Accroupis : de g. à d. : Wisnieski, Fontaine, kopa, Piantoni, Vincent.

 

Vidéo INA : le 8 juin 1958, la France bat le Paraguay : 7-3.

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Les réservistes dont Abbes, disputent le lendemain une rencontre contre l’équipe locale. Le remplaçant de Remetter joue… en attaque aux côtés de Colonna et Albert Batteux. Ils s’imposent 2-0.

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Programme du match France-Paraguay du 8 juin 1958 (collection personnelle de Philippe Gastal, conservateur du Musée des Verts)

Jamais deux sans trois !

Cinq jours plus tard, pour leur deuxième match, les hommes de Batteux et Snella se mesurent à la Yougoslavie qu’ils n’ont plus battu depuis huit ans. Il faut dire que la victoire contre le Paraguay a fait naître beaucoup d’espoirs. Lors des deux précédentes Coupes du monde, les Yougoslaves se sont chaque fois imposés contre les Français.

Jamais deux sans trois. A Vaesteraas, les Yougoslaves s’imposent 3-2 et demeurent invaincus face aux Bleus. Au cours de ce match, Remetter rencontre quelques difficultés et n’est pas exempt de tous reproches sur les trois buts yougoslaves.

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Just Fontaine inscrit un nouveau but dans cette Coupe du monde.

Vidéo du match Yougoslavie-France : 3-2.

Les Bleus pleurent Gaston Barreau

A leur retour à l’hôtel, la délégation française apprend la disparition d’une grande figure du football français. En effet, Gaston Barreau, président du Comité de sélection, s’est éteint dans sa 75e année. Il venait d’apprendre la victoire des Bleus contre le Paraguay. Une minute de silence est observée.

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Gaston Barreau pose dans son bureau.

Paul Nicolas, Alex Thépot et Albert Batteux échangent leurs impressions sur cette défaite. François Remetter et Lerond sont sur la sellette. Le nom de Colonna est même évoqué pour lui succéder. Il est en concurrence avec Abbes.

Remetter condamné un vendredi 13

Le vendredi 13, Paul Nicolas annonce à François Remetter que Claude Abbes sera le titulaire au poste de gardien pour le match décisif contre l’Ecosse. Bien qu’il s’y attendait un peu, pour le gardien sochalien, tout s’écroule. Il sait que sa Coupe du monde est terminée.

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Ecosse-France (1-2). Ce x, Claude Abbes dispute son premier match en Coupe du monde.

« Content de pouvoir jouer »

Devant les attaquants écossais, l’athlétique Claude Abbes, semble le plus apte à contrer ces derniers. Le Stéphanois possède une longueur d’avance sur Colonna pour faire ses grands débuts en Coupe du monde. Plusieurs facteurs plaident en faveur du Stéphanois notamment la meilleure fin de saison que celle du portier rémois. Aussi, lors des matches d’entraînement, Abbes a paru plus affûté. « C’est un périlleux honneur, dit le Stéphanois, mais je suis tout de même bien content de pouvoir jouer. »

En 1954, il faisait partie de l’équipe de France qui avait disputé la Coupe du monde en Suisse. Les Bleus y avaient disputé deux matches pour autant de défaites et Abbes n’avait pas disputé la moindre minute de jeu.

De son côté, Jean Snella, le mercredi précédent, a fait le déplacement à Norrkoeping pour décortiquer le jeu écossais. Ses carnets de notes sont remplis et seront disséqués avec Albert Batteux.

Battre l’Ecosse pour prendre le quart

En six confrontations, la France n’a battu l’Ecosse qu’à une seule reprise en 1948 (3-0).

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Albert Batteux, l’entraîneur des Bleus avant Ecosse-France (1-2).

Le 15 juin, à Oerebro, les hommes d’Albert Batteux s’imposent 2-1 et se qualifient pour les quarts de finale grâce à deux buts de Kopa (21e) et Fontaine (45e). Ce dernier, auteur de son 6e but, est déjà l’une des grandes révélation de cette Coupe du monde.

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Claude Abbes, par son assurance et son autorité, en a donné par la même occasion à ses défenseurs. A la fin du match, tous les joueurs se précipitent vers leur gardien pour le féliciter. La rentrée du portier stéphanois a été concluante. Contrairement à Remetter, le facteur chance a été de son côté. En repoussant les charges répétées de Mudie et Baird, il a sauvé à plusieurs reprises les Bleus d’une égalisation écossaise en fin de rencontre.

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Oerebro. – La guerre des goals n’a pas eu lieu au sein de l’équipe de France. Remetter, même été le premier à féliciter Abbes pour son bon match. Photo L’Equipe.

« Comment ne serais-je pas fou de joie? »

Dans L’Equipe du 16 juin, il ne cache pas sa satisfaction sur la qualification des Bleus : « Je suis revenu en équipe de France sur une victoire, et quelle victoire, puisque c’est celle qui nous assure notre place en quart de finale ! Comment ne serais-je pas fou de joie ? Nous avons joué aujourd’hui avec un moral extraordinaire. Nous nous sommes tous battus. (…) Je ne pouvais rien sur le but que j’ai concédé. Il fallait bien que je sorte au-devant de Baird. Mais je n’ai pas vu le penalty sifflé contre nous par l’arbitre en première mi-temps. J’ai eu, bien sûr, de la chance sur ce penalty mais je crois qu’il était un peu injustifié.« 

Thierry Clemenceau

NICOLAS ABBES
L’Equipe du 16 juin 1958

Vidéo du match Ecosse-France : 1-2.

A suivre : Claude Abbes, l’un des « héros de Suède »

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La Coupe du monde en bleu et vert

Le Musée des Verts se met à l’heure de la Coupe du monde en proposant une exposition unique dans laquelle des objets d’exception racontent  l’épopée des Bleus 98.

La scénographie du Musée des Verts a été conçue autour de 8 salles d’exposition dont une de 135 m2 consacrée aux expositions temporaires. Jusqu’au 10 octobre 2014, l’épopée de l’équipe de France championne du monde est au cœur d’une magnifique exposition temporaire consacrée à la Coupe du monde et à l’histoire qu’ont écrite des Verts d’hier et d’aujourd’hui dans cette compétition.

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Du fameux carnet noir d’Aimé Jacquet aux manches coupées des maillots de Fabien Barthez en passant par des documents jusque-là confidentiels et des photos inédites prises par Jean Bibard et Stéphane Meunier dans l’intimité des vestiaires ou de Clairefontaine, l’exposition réunit de très nombreux objets soigneusement conservés par Philippe Tournon, l’incontournable chef de presse de l’équipe de France.

En plus de la collection de Philippe Tournon, laquelle comprend des maillots, billets, programmes et fanions, le Musée des Verts a rassemblé des pièces appartenant à de grands témoins :
– Henri Emile, entraîneur adjoint d’Aimé Jacquet ;
– Dominique Rocheteau, Coordinateur sportif de l’ASSE et 49 fois international de 1975 à 1986 ;
– Fabrice Grange, entraîneur des gardiens de l’équipe de France de 2006 à 2012 et membre du staff technique des Verts depuis 2012.

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C’est également l’occasion de mettre en avant l’ASSE avec Aimé Jacquet, entraîneur de l’équipe championne du monde et ambassadeur à vie du club mais aussi le stade Geoffroy-Guichard, terre de football par excellence qui a abrité des matches de la Coupe du monde 1998.

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Le Musée des Verts, inauguré le vendredi 20 décembre 2013, a déjà accueilli plus de 38 000 visiteurs. L’ASSE est le premier club de football français à ouvrir un musée. Impulsée par le Conseil général de la Loire, la création de cet espace exceptionnel de 800 m2 répond à la volonté de l’ASSE de valoriser son histoire, de promouvoir ses valeurs et de satisfaire la passion de tous ses supporters. Elle s’inscrit dans le projet de rénovation du stade Geoffroy-Guichard, porté par Saint-Étienne Métropole. Ce projet exprime une volonté partagée de voir vivre un ensemble muséal unique autour d’un club de football mythique.

Claude Abbes : le héros du Heysel (1/4)

La Coupe du monde bat son plein au Brésil. En 1958, lors de l’épopée suédoise, à l’instar de Stéphane Ruffier aujourd’hui, un seul Stéphanois figurait parmi les 22 Bleus. Je vous propose aujourd’hui de vous faire revivre la première sélection de Claude Abbes en 1957. Bonne lecture.

 

En cette deuxième quinzaine d’octobre 1957, les Français attendent fébrilement que MM. Paul Nicolas et Albert Batteux annoncent la liste des internationaux français convoqués pour affronter l’équipe nationale de Belgique. Le match du dimanche 27 octobre au stade du Heysel s’annonce très lourd de conséquences. En effet, jamais un Belgique-France n’aura eu une telle importance. Le vainqueur gagnera son ticket pour la Coupe du monde qui aura lieu en Suède du 8 au 29 juin 1958.

Epidémie de grippe en Europe

Les sélectionneurs français sont préoccupés par deux choses : la méforme de certains de ses internationaux et surtout la grippe qui sévit en Europe.

Quand la liste des 22 est annoncée, un seul joueur de l’AS Saint-Etienne est retenu : Claude Abbes. Le gardien stéphanois, excellent avec son club, a été appelé pour suppléer, en cas de forfait de dernière minute, Dominique Colonna, le titulaire.

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Claude Abbes, le gardien stéphanois, et ses célèbres pulls qui font office de maillot, lors d’un match au stade Geoffroy-Guichard (photo : L’Equipe)

Depuis le 23 octobre, les Bleus sont réunis à Rueil, dans leur lieu de villégiature.

Mais deux jours après leur arrivée, la psychose de la grippe continue à exercer ses ravages sur l’équipe de France. A midi, Dominique Colonna est pris d’une forte fièvre. Un peu plus tard, Pierre Cahuzac, se plaint d’une douleur au genou. En début de soirée, Ujlaki ressent les mêmes symptômes que le gardien tricolore. Pour ces trois-là, le match de Bruxelles s’éloigne.

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Première cape à 30 ans

Claude Abbes, de son côté, même s’il se tenait prêt, n’y croyait plus vraiment. A 30 ans, il va enfin connaître sa première sélection en équipe nationale. « Dire que j’y croyais à cette sélection serait exagéré, explique le néo-international dans L’Equipe daté du 25 octobre. J’ai eu 30 ans au mois de mai, pas mal de malchance et des concurrents très sérieux. Ainsi, lorsque l’équipe des Espoirs battit le Luxembourg par 8 buts à 1, je devais en faire partie, mais je me suis cassé le bras quelques jours avant.

En revanche, j’ai failli jouer la Coupe du monde 54. J’étais seulement le 4e gardien de la liste, mais les trois autres furent un moment indisponibles ! Mais Remetter put quand même tenir le poste. C’est peut-être ce qui m’arrivera encore dimanche. En tout cas, je le souhaiterai, si cela pouvait remettre Dominique plus vite sur pied. » Tout cela dit avec une bonne humeur et un sourire perpétuel. »

Pour fêter la première sélection de leur gardien, les joueurs stéphanois ont offert au futur ingénieur en électronique un « Traité en mathématiques ».

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Billet du match Belgique-France du 27 octobre 1957 au stade du Heysel. (collection personnelle de Philippe Gastal, conservateur du Musée des Verts)

Seul gardien de métier au Heysel

En Belgique, il sera le seul véritable gardien français de la délégation puisque le Sedanais Pierre Bernard, également convoqué, est alité avec 39 de fièvre et a dû déclarer forfait. Si le Stéphanois venait à se blesser, il serait alors remplacé par le Sedanais Célestin Oliver, un joueur de champ. Du statut de remplaçant, Abbes devient le titulaire indispensable et surtout irremplaçable. Dans L’Equipe du 26 octobre 1957, Paul Nicolas ne dit-il pas sur le ton de la plaisanterie : « Je ferai venir demain matin une balle de coton pour mettre Abbes dedans. ». Et Albert Batteux de surenchérir : « Le gardien stéphanois est actuellement le joueur le plus cher sur le marché ! »

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L’équipe de France : debout : Kaelbel, Oliver, Zitouni, Penverne, Abbes, Lerond. Accroupis : de g. à d. : Brahimi, Marcel, Bruey, Leblond, Vincent.

Ce dimanche 27 octobre, le stade affiche complet : les 80 000 places ont trouvé preneurs. Abbes connaît l’enjeu de ce match et ne veut pas se rater.

Le plat pays qui est le sien

Au cours des 47 précédentes confrontations entre les deux nations, les « coqs » français ont été plumés à 20 reprises (contre 17 victoires). Dans ce plat pays cher à Jacques Brel, les Bleus n’ont ramené que 5 petites victoires.

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Programme du match Belgique-France du 27 octobre 1957 au stade du Heysel. (collection personnelle de Philippe Gastal, conservateur du Musée des Verts)

Le nouveau gardien des Bleus ne laisse rien au hasard. La couleur fétiche de son maillot est le jaune et le staff tricolore a oublié ce petit détail. Abbes, la veille du match court tout Bruxelles pour trouver le maillot adéquat.

BELGIQUE-FRANCE (0-0)
Au stade du Heysel, Claude Abbes connaît enfin sa première sélection en Bleu.

Pour cette 48e confrontation entre les deux nations, l’équipe de France ne brille pas. Elle obtient un triste 0-0 qui lui assure pourtant l’essentiel : une participation à une Coupe du monde. Pour sa première sélection, le gardien stéphanois a été le meilleur joueur français. A lui seul, il décourage adversaires et spectateurs acquis à la cause des Belges. Tout au long du match, il est brillant dans ses interventions, plonge à plusieurs reprises dans les pieds des attaquants belges Delire et Orlans et quand il manque son intervention, c’est Zitouni, son défenseur, qui le supplée. Il ne peut rêver meilleurs débuts sous le maillot tricolore. A la fin de la rencontre, Armand Penverne, le capitaine tricolore, félicite son gardien qui a su résister aux assauts belges et conservé sa cage inviolée. M. Helge, l’arbitre de la rencontre, déclare qu’Abbes est le meilleur gardien français qu’il n’ait vu.

BELGIQUE-FRANCE
Le gardien français, comme ses coéquipiers, est concentré pendant les hymnes. Une place en Coupe du monde est en jeu.

« Le plus heureux des gardiens »

Dans L’Equipe du 28 octobre, Paul Nicolas, le patron de l’équipe nationale est satisfait de son gardien et ne le cache pas : « Pour moi, la défense a été, dans son ensemble, remarquable. Abbes a été parfait dans le buts. Il a effectué des interventions d’une netteté totale. »

De son côté, le principal intéressé avec son accent chantant confie : « Durant les trois jours qui avaient précédé la rencontre, j’étais nerveux comme un gamin, malgré les apparences. Et quelques instants avant la rencontre, cet état fébrile a rapidement disparu. Voyez-vous, j’ai joué devant la Belgique comme je l’aurais fait avec Saint-Etienne contre une autre équipe de club et je crois que c’est cela qui m’a sauvé. (…) Bref, je suis aujourd’hui le plus heureux des gardiens. »

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FranceFootball consacre sa Une aux deux « Bleus » que sont Abbes et Bruey.

Sur la pelouse du Heysel, celui que les supporters stéphanois surnomment Yachine, a conquis de haute lutte ses galons en Bleu. En moins de trois jours, Claude Abbes est passé du rang de joyeux remplaçant à celui de vedette du match de l’année.

BELGIQUE-FRANCE
Lors de ce Belgique-France (0-0), Claude Abbes sauve les Bleus à plusieurs reprises.

« Ma chance, c’est d’être allé de Béziers à Saint-Etienne »

« Ce ne fut certainement pas un beau match mais ils se sont qualifiés pour la « vraie » Coupe du monde. C’est l’essentiel. Après tout, c’était pire qu’un match de Coupe : un véritable match de barrage. Et on sait ce que ça veut dire. Et puis, Abbes était là, et bien là. Ca n’a rien d’étonnant : il y a des années qu’il est très bon. » L’homme qui prononce ces paroles n’est autre que l’habituel gardien titulaire et ami du Stéphanois, un certain… Dominique Colonna. Il est venu attendre les Bleus à la Gare du Nord. Le héros de Bruxelles descend du train tout sourire. Lui qui a connu tant de mésaventures déclare : « Je me suis cassé le bras, le pied droit, les deux index. Ces deux derniers sont d’ailleurs encore déformés et ça me gêne… pour donner les cartes ! Il est vrai que je n’avais pas encore beaucoup de métier quand j’ai eu ces blessures. Car si on me considère presque comme un « vieux » avec mes trente ans, je suis quand même un jeune professionnel, car j’ai débuté tard, à 24 ans. Ma chance, c’est d’être allé de Béziers à Saint-Etienne. J’y ai appris beaucoup et j’ai surtout trouvé un climat moral exceptionnel. Je crois que ce climat joue un rôle encore plus important pour le gardien que pour n’importe quel autre équipier. »

Belgique-France : 0-0. 80 000 spectateurs. Arbitrage : M. Helge (Danemark).

Belgique : Leysen – Dries, Nelissen, Van Brandt – Mees, Mathonet – Piters, Givard, Delire, Vandenberg, Orlans.

France : ABBES – Kaelbel, Zitouni, Lerond – Penverne, Olivier – Brahimi, Marcel, Bruey, Leblond, Vincent.

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Photos et légendes : L’Equipe.

A suivre : Claude Abbes, le « héros de Wembley »

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http://www.museedesverts.fr/

La Coupe du monde en bleu et vert

Le Musée des Verts se met à l’heure de la Coupe du monde en proposant une exposition unique dans laquelle des objets d’exception racontent  l’épopée des Bleus 98.

La scénographie du Musée des Verts a été conçue autour de 8 salles d’exposition dont une de 135 m2 consacrée aux expositions temporaires. Jusqu’au 10 octobre 2014, l’épopée de l’équipe de France championne du monde est au cœur d’une magnifique exposition temporaire consacrée à la Coupe du monde et à l’histoire qu’ont écrite des Verts d’hier et d’aujourd’hui dans cette compétition.

Du fameux carnet noir d’Aimé Jacquet aux manches coupées des maillots de Fabien Barthez en passant par des documents jusque-là confidentiels et des photos inédites prises par Jean Bibard et Stéphane Meunier dans l’intimité des vestiaires ou de Clairefontaine, l’exposition réunit de très nombreux objets soigneusement conservés par Philippe Tournon, l’incontournable chef de presse de l’équipe de France.

En plus de la collection de Philippe Tournon, laquelle comprend des maillots, billets, programmes et fanions, le Musée des Verts a rassemblé des pièces appartenant à de grands témoins :
– Henri Emile, entraîneur adjoint d’Aimé Jacquet ;
– Dominique Rocheteau, Coordinateur sportif de l’ASSE et 49 fois international de 1975 à 1986 ;
– Fabrice Grange, entraîneur des gardiens de l’équipe de France de 2006 à 2012 et membre du staff technique des Verts depuis 2012.

C’est également l’occasion de mettre en avant l’ASSE avec Aimé Jacquet, entraîneur de l’équipe championne du monde et ambassadeur à vie du club mais aussi le stade Geoffroy-Guichard, terre de football par excellence qui a abrité des matches de la Coupe du monde 1998.

Le Musée des Verts, inauguré le vendredi 20 décembre 2013, a déjà accueilli plus de 38 000 visiteurs. L’ASSE est le premier club de football français à ouvrir un musée. Impulsée par le Conseil général de la Loire, la création de cet espace exceptionnel de 800 m2 répond à la volonté de l’ASSE de valoriser son histoire, de promouvoir ses valeurs et de satisfaire la passion de tous ses supporters. Elle s’inscrit dans le projet de rénovation du stade Geoffroy-Guichard, porté par Saint-Étienne Métropole. Ce projet exprime une volonté partagée de voir vivre un ensemble muséal unique autour d’un club de football mythique.

 

OL-ASSE : derby par-ci, derby par là

Dimanche 30 mars, le stade de Gerland accueille le 108e derby entre l’Olympique Lyonnais et l’AS Saint-Etienne. La rivalité entre les deux clubs est vieille de soixante-deux ans. Souvent mouvementée, elle n’en demeure pas moins passionnée. Bonne lecture.

 

Woehl premier buteur d’un derby

28 octobre 1951. Lyon b. Saint-Etienne 4-2.
En 1946, Lyon et Saint-Etienne s’étaient quittés sur un score nul de 3 à 3. Un résultat qui précipitait un peu plus les Rhodaniens vers la Division 2. Mais Lyon n’était pas encore l’Olympique Lyonnais mais le Lyon Olympique Universitaire (LOU). Le 3 août 1950, l’Olympique Lyonnais voit le jour.

Le 28 octobre 1951, le stade municipal de Gerland accueille le premier derby dans l’histoire des deux clubs que sont l’Olympique Lyonnais (OL) et l’Association Sportive de Saint-Etienne (ASSE). Historique. A cette occasion, l’engouement est réel comme le relate le journal L’Equipe du 26 octobre 1951 :

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Oscar Heisserer, l’entraîneur lyonnais, lance dans le grand bain le jeune Bonvin chargé de marquer le stratège et meneur de jeu stéphanois Kees Rijvers. Du côté stéphanois, Jean Snella place l’ailier droit René Alpsteg au poste… d’arrière droit. En revanche, il se prive des services de Tamini, natif de Lyon mais aussi de Leduc et Dececco alors que Cuissard est toujours indisponible. Jean Rigal, membre du comité de sélection de l’équipe de France, assiste à cette rencontre. Deux heures avant la rencontre, la pluie s’invite à la fête et tombe sur le stade sans discontinuer. Malgré cet aléa de la météo, 17 252 spectateurs s’acquittent du précieux sésame. Les deux équipes, certes voisines mais néanmoins rivales, jouent un football de bonne qualité.

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Le gardien stéphanois s’empare du ballon devant Fernandez et Ninel sous l’œil attentif de Domingo.

Un triplé pour Woehl

Les deux inters lyonnais, Pierre Flammion et Fritz Woehl, marquent ce match de leur empreinte. Ce dernier entre même dans la grande histoire des derbys en inscrivant, à la 23e minute, le premier but de l’histoire des derbys. Celui que l’on surnomme « le Tank » pour sa vélocité s’offre même un triplé. Côté stéphanois, l’expérience d’Alpsteg en défense n’est pas une franche réussite. Nola, le seul des trois Brésiliens sur le terrain, paraît lent malgré une technique certaine.

L’OL remporte la première édition d’un match entre deux villes séparées seulement par cinquante-huit kilomètres.

Buts.- Lyon : Woehl (23e, 36e et 83e, s.p.), Dupraz (63e) ; Saint-Etienne : Rijvers (44e), R. Alpsteg (66e).
Lyon : Lergenmuller – Grillon, Rodriguez, Bonvin – Juillard, Tichy – Woehl, Flammion- Ninel, Dupraz, Roland. Entr.: Heisserer.
Saint-Etienne : Ferrière – R. Alpsteg, Huguet, Fernandez – Bini, Domingo – Ferry, Rijvers – Haond, Nola, L. Alpsteg. Entr. : Snella.

 

     Lyon a gagné le 42e derby
                                                 Saint-Etienne le 69e

 

Le fanion du100e derby. Photo : Musée des Sports.
Le fanion du100e derby exposé au Musée des Verts. Photo: Musée des Verts.

 

Chiesa séduit l’ASSE mais signe à l’OL

La saison 1968-69 n’est pas encore terminée que l’ASSE, comme la majorité des clubs, prépare déjà la saison suivante.

Un nom revient avec insistance : Serge Chiesa. Lors d’une rencontre amicale contre l’AS Montferrandaise (CFA), le petit international Juniors avait séduit le staff stéphanois.

Le 15 avril 1969, L’Equipe titre :

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Le vendredi 25 avril, les Verts disputent une rencontre amicale contre le Partizan Belgrade, l’un des meilleurs clubs de Yougoslavie. A cette occasion, Albert Batteux veut voir à l’oeuvre le petit numéro 8 contre les Yougoslaves. Robert Herbin abandonne le temps d’un match son poste d’inter droit au profit du jeune international de Clermont-Ferrand.

L'Equipe du 25 avril 1969
L’Equipe du 25 avril 1969

Les 10 000 spectateurs de Geoffroy-Guichard comprennent très vite le choix de l’ASSE pour ce jeune joueur talentueux. Principale attraction de cette rencontre, il fait étalage de ses qualités techniques. Sa pointe de vitesse laisse plusieurs fois sur place les joueurs yougoslaves. Ses passes millimétrées à destination de Revelli ou Keita ne trompent pas. Le public séduit scande son nom. Ses coéquipiers d’un jour ne tarissent pas d’éloges à son encontre. L’ASSE s’impose 3-1.

L'Equipe du 26 avril 1969
L’Equipe du 26 avril 1969

Alors Chiesa à Saint-Etienne ? Malgré les propositions alléchantes des dirigeants stéphanois, rien n’est signé.

Mais le 29 avril, coup de tonnerre. L’Equipe annonce en Une :

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Angers, club pensionnaire de Division 2, domine son championnat en compagnie d’Angoulême et prépare son retour parmi l’élite. Comme Saint-Etienne, le club de l’Anjou a fait de Serge Chiesa l’une de ses priorités. L’un de ses dirigeants a fait le déplacement en Auvergne pour discuter d’un éventuel transfert avec son mentor et entraîneur, Jules Sbroglia… qui a joué à Angers dans les années 50.

L’OL entre dans la danse

Mais c’était sans compter sur un troisième club qui lui aussi porte un intérêt certain pour l’Auvergnat. L’Olympique Lyonnais entre dans la danse et les arguments déployés par le club rhodanien séduisent Serge Chiesa.

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Courtisé par Saint-Etienne, le jeune Chiesa donne sa préférence à l’OL.

Le 14 mai, il se déplace à Lyon en compagnie de son père et de son entraîneur. Si les trois hommes assistent au match qui oppose Lyon à Valenciennes le soir même, c’est bien pour parler transfert avec leurs homologues lyonnais qu’ils ont fait le déplacement. Les pourparlers sont bien engagés et un accord de principe est sur le point d’être trouvé. De son côté, Roger Rocher déclare qu’il ne fera aucune surenchère pour ce transfert.

Le lendemain, L’Equipe annonce le transfert définitif du jeune espoir français à Lyon.

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 Le staff stéphanois est déçu. Albert Batteux tente une dernière tentative et déclare que « Chiesa à Saint-Etienne serait un titulaire à part entière. » Pierre Garonnaire, de son côté, n’y croit plus et se tourne vers la Hollande où Kees Rijvers, ex-gloire des Verts des années 50, lui a signalé quelques jeunes talents.

Dans son édition du 27 mai, L’Equipe titre :

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Dans son papier, Jacques Etienne rapporte les propos de Roger Rocher : « Tant que rien n’est signé, l’espoir reste permis, nous a-t-on dit. Les dirigeants de Lyon ont laissé entendre au père de Chiesa que son fils ne jouerait pas en pros chez nous, et qu’il avait, par conséquent, tout intérêt à le faire venir à l’Olympique Lyonnais. C’est un argument qui ne tient pas. Pourquoi gagerions-nous un garçon d’une telle valeur, pour en fin de compte le laisser sur la touche. Chiesa nous intéresse et nous ferons tout dans toute la mesure du possible pour qu’il vienne à Saint-Etienne. »

Serge Chiesa lors d'un derby
Serge Chiesa lors d’un derby. En arrière-plan, Salif Keita.

Finalement, le samedi 31 mai, tard dans la soirée, le transfert de Serge Chiesa trouve son épilogue. Il s’engage pour quatre ans avec l’OL et signe le premier contrat à temps en France malgré d’ultimes propositions de Saint-Etienne et Marseille. Pour Chiesa, la proximité de Lyon et Clermont-Ferrand et les retrouvailles avec ses copains de l’équipe de France Juniors, notamment Bernard Lacombe ont joué en faveur du club lyonnais.

Dans le Miroir du Football d’août 1971, il déclare : « De Montferrand, club évoluant en CFA, au professionnalisme, je savais que le pas à franchir ne se limitait pas à une signature sur le bas d’un contrat. Une période d’adaptation allait m’être nécessaire mais je la voulais la moins longue possible. L’effectif riche en vedettes de Saint-Etienne m’aurait contraint à faire antichambre dans la réserve tandis qu’à Lyon, mes chances d’être immédiatement titulaire étaient plus conséquentes. Pour s’adapter, il faut jouer. J’ai donc signé là où je serais sur les terrains… Je ne le regrette d’ailleurs nullement. »

Serge Chiesa a joué quatorze saisons à l’OL. A ce jour, il détient le record de derbys disputés avec trente participations (dont deux en Coupe). Il devance Yves Chauveau (26) et Robert Herbin (25).

« Le derby, ça ne s’explique pas, ça se vit »
Fleury Di Nallo

 

Entente OL-ASSE contre la Hongrie

6 juin 1956. Sélection Lyon-Saint-Etienne-Hongrie : 3-7.
Pour clore la saison 1955-56, la Ligue du Lyonnais a réussi un coup de maître : réunir le temps d’un match les joueurs de l’ASSE et de l’OL pour affronter la Hongrie, finaliste de la Coupe du monde 1954.

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Les deux capitaines : René Domingo pour l’entente Lyon-Saint-Etienne et Ferenc Puskas pour la Hongrie entrent sur la pelouse du stade Gerland.

Pour ce match inédit, les entraîneurs des deux clubs, Jean Snella pour Saint-Etienne et Lucien Troupel pour Lyon, ont retenu leurs meilleurs éléments, principalement des internationaux A et B auxquels ils ont joint les deux étrangers : le Suisse Jacky Fatton (OL) et le Hollandais Kees Rijvers (ASSE). Sur le papier, l’équipe stéphano-lyonnaise a fière allure. Le mardi 5 mai, aux alentours de 14 heures, c’est l’effervescence à la gare de Perrache à Lyon. Le train en provenance de Paris arrive enfin à quai. Puskas et ses coéquipiers descendent du wagon avec vingt-quatre heures de retard. Mais qu’importe, ils sont bien là.

L'Equipe du 7 juin 1958
L’Equipe du 7 juin 1958

Battus à Bruxelles quelques jours plus tôt, la sélection hongroise ne fait pas cette fois dans la demi-mesure. Parmi les 14 000 spectateurs qui garnissent les tribunes de Gerland, Paul Nicolas et Pierre Pibarot, respectivement directeur de l’équipe de France et entraîneur fédéral, ont fait le déplacement.

La traditionnelle poignée de mains entre René Domingo et Ferenc Puskas avant ce match inédit.
La traditionnelle poignée de mains entre René Domingo et Ferenc Puskas avant ce match inédit.

Mais il ne fallait pas arriver en retard : après sept minutes de jeu, les Hongrois mènent déjà 3-0 grâce à des buts de Machos (1ère), Mouynet (5e, c.s.c.) et Domingo (7e, c.s.c.). Ils surclassent les Français dans tous les compartiments du jeu et inscrivent un quatrième but par Hidegkuti sur un bel exploit technique (23e). Ferry réduit le score (36e) avant que le capitaine Domingo ne l’imite avant la pause (43e). Le score est lourd mais logique à la mi-temps.

Claude Abbes, le gardien de la sélection, n'est pas à la fête.
Claude Abbes, le gardien de cette sélection, n’est pas à la fête. Après sept minutes, les Hongrois mènent 3-0.

A la reprise, Puskas enfonce un peu plus le clou et inscrit un cinquième but (47e). Les rentrées de Knayer, Ninel et Mekloufi impulsent un nouveau souffle à cette équipe. Cela se concrétise par un superbe but du Suisse Fatton (59e). Mais les Hongrois ne veulent pas revivre leur mésaventure de Bruxelles le dimanche précédent (défaite 5-4) et Tichy, coup sur coup (81e et 83e) porte le score à 7-3. Puskas a joué pendant une heure tandis que Kocsis, réclamé par le public, a foulé la pelouse la dernière demi-heure du match.

Buts.- Hongrie : Machos (1ère), Mouynet (5e, c.s.c.), Domingo (7e, c.s.c.), Hidegkuti (23e), Puskas (47e), Tichy (81 et 83e) ; Sélection Lyonnais : Ferry (36e), Domingo (43e), Fatton (59e).
Sélection Lyon-Saint-Etienne : Abbes (Alberto) – Mouynet, Dececco, Novak (Wicart) – Domingo (Ninel), Ferry (Knayer) – Foix, Antonio (Mekloufi), Schultz, Rijvers, Fatton. Entr. : Snella et Troupel.
Hongrie : Geller (Ilku)) – Karpati, Teleki, Lantos – Palotas, Szojka (Berendi) – Budai, Machos (Kocsis), Hidegkuti (Tichy), Puskas, Fenivessy. Entr.: Titkos.

 

« Le public de Lyon était plus sévère »
                                                                 Kees Rijvers

 

 

Le derby s’invite à « Télé-Dimanche »

PARIS/ROUBAIX

 23 mars 1969. Lyon-Saint-Etienne : 1-2.
Le dimanche 23 mars, le football fait son grand retour sur le petit écran. Dans le cadre des accords foot-TV signés entre la Fédération Française de Football et l’ORTF, « Télé-Dimanche » retransmet en direct à partir de 16 h 30 la deuxième mi-temps du derby au stade de Gerland. C’est la première fois qu’un match du championnat de France est retransmis à la télévision. Les commentaires sont assurés par un jeune téléreporter : Michel Drucker. Au début de la retransmission, il annonce que le coup d’envoi est retardé. En effet, la clé du vestiaire des Stéphanois a été égarée. Pour faire patienter les téléspectateurs, il interviewe deux joueurs blessés : Fefeu et Di Nallo, respectivement joueurs de l’ASSE et de l’OL.

Vidéo INA :

http://player.ina.fr/player/embed/I08144990/1058813/0d738dc1a75988da48900212e15cb897/560/315/0/148db8

 

« J’aime ce derby, car il y a à la fois du respect et de l’amour vache »                                

                                                                   Robert Duverne

 

 

La der…bye ! de Domenech

Le 9 septembre 1977. Lyon-Saint-Etienne : 2-2.
Lyon accueille les Verts. Ce soir-là, Raymond Domenech dispute son dernier match sous le maillot lyonnais. De 1970 à 1977, il a disputé 15 derbys. Joueur de caractère, il a marqué ces rencontres par ses interventions souvent musclées et ses sorties verbales « fleuries ». Pour son dernier match à Gerland, il s’échauffe avec le numéro 13 correspondant au numéro de son placard de vestiaire.

Raymond Domenech quitte l'OL après un
Raymond Domenech quitte l’OL après un match nul lors du derby (2-2).

 

« Ces matches dépassent largement le strict cadre
du football
 »
                                                              André Lerond

 

« Mamie » Toutain n’avait jamais vu ça !

Le 9 septembre 1980. Lyon-Saint-Etienne : 1-1.
Chaque derby disputé à Lyon voit des records de spectateurs tomber. Le 23 mars 1977, 38 439 personnes assistent à la victoire des Verts 2-0. Le 9 septembre de la même année, ce sont 39 851 spectateurs qui assistent au match nul 2-2 entre Lyonnais et Stéphanois.

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But de Jacques Zimako (44e) pour les Verts.

Trois ans plus tard, jour pour jour, l’OL reçoit l’ASSE. Dès le mercredi, la vente de billets à la brasserie de « l’Ours Blanc » à Lyon bat son plein. A midi, toutes les places sont vendues. A 71 ans, « Mamie » Toutain, la patronne du lieu situé au pied de la gare de Perrache, n’avait encore jamais vu ça. Bien connue des joueurs comme Bernard Lacombe ou l’Uruguayen Maneiro chez qui il trouva refuge à son arrivée à Lyon. Cela fait plus de trente ans qu’elle vend des billets et sert la cause des « Rouge et Bleu ».

Pendant de longues années, « Mamie » Toutain ne ratait pour rien au monde un déplacement de l’OL. Les stades de France n’avaient aucun secret pour elle.

Des problèmes de santé l’ont privée ce 9 septembre 1980 d’assister à un nouveau derby entre les « Bleu et Rouge » et les Verts. Si le match se termine par un nouveau match nul, 48 852 personnes garnissent le stade de Gerland. Un nouveau record !

 

« J’ai toujours voulu battre Lyon, même quand j’étais gamin »
                                                         Georges Bereta

 

 

Water-foot à Gerland

23 mars 1977 : Lyon-Saint-Etienne : 0-2.
Ce 23 mars, il valait mieux se rendre au stade de Gerland avec parapluie. Un quart d’heure avant le coup d’envoi, les 42 000 personnes sont suspendues à la décision de M. Kitabjian de faire jouer ou non la rencontre. L’orage qui s’abat sur Lyon rend le terrain impraticable. Le match a pourtant lieu. Les hommes de Robert Herbin, fraîchement éliminés par Liverpool en Coupe d’Europe, en ont vu d’autres. Larqué de la tête (61e) et Rocheteau (88e) font trinquer leurs voisins Lyonnais.

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Le stade Gerland transformé en piscine. Bernard Lacombe tente un crochet sur Christian Lopez, le défenseur stéphanois.

 

 

« La culture du derby m’a servi à devenir champion du monde »
                                                               Aimé Jacquet

 

 

Rollerball à Gerland

13 octobre 1971. Lyon-Saint-Etienne : 2-0
Un derby n’est décidément pas un match comme les autres. La rivalité est prononcée, la suprématie régionale tourne parfois au règlement de compte. Le 13 octobre 1971, on dénombre pas moins de sept joueurs blessés : quatre dans le camp stéphanois (Sarramagna, Keita, Larqué et Bereta) et trois dans celui des Lyonnais (Ravier, Trivic et Mihajlovic).

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Jean-Michel Larqué, balle au pied, échappe à Raymond Domenech et Serge Chiesa.

25 octobre 1975. Lyon-Saint-Etienne : 0-0.
Quatre ans plus tard, le 25 octobre 1975, le match tourne en véritable bagarre de rue. Robert Wurtz, le très spectaculaire arbitre, souffrant, est à deux doigts de s’évanouir en première mi-temps. Les grosses fautes se succèdent, les coups bas pleuvent. Maneiro, en grande forme, sèche Janvion et tente de lui asséner un coup de pied au visage… Piazza, lui aussi à terre, se fait cracher au visage par Mariot. Janvion, cède sa place à Santini.

LYON-ST ETIENNE

Les Stéphanois terminent la partie à dix après la sortie sur blessure de Patrick Revelli. Robert Wurtz, en fin de match est à nouveau pris d’un malaise. Les 33 148 spectateurs étaient venus voir un match de football, c’est à une partie de rollerball qu’ils eurent droit. Les Verts repartent finalement de Lyon avec le point du match nul 0-0. Le président Rocher , à la fin du match, accuse l’entraîneur lyonnais d’avoir incité ses joueurs à produire un tel spectacle. Pas mécontent du résultat vu le contexte, il décide alors de doubler la prime de match. Le quotidien L’Equipe du 27 octobre montre en Une Patrick Revelli quitter le terrain sur blessure aidé par le staff stéphanois.

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Paris-SG-Saint-Etienne : soirs de premières

Dimanche soir, le Paris-SG reçoit l’AS Saint-Etienne au Parc des Princes pour le compte de la 29e journée de championnat de Ligue 1. En 1977, Jean-Michel Larqué, en conflit avec Robert Herbin, son entraîneur à l’AS Saint-Etienne, quitte les Verts pour embrasser la carrière d’entraîneur au PSG. Un an plus tard, Laurent Paganelli, jeune prodige du football français, fait ses premiers pas en Division 1 au Parc des Princes. Il est âgé de… 15 ans et 309 jours. Un record. Enfin, en 2006, Ilan illumine le stade de la Porte de Saint-Cloud d’un but venu d’ailleurs. Bonne lecture.

 

Larqué : un Vert à Paris

15 003. C’est le nombre de spectateurs qui ont vu pour la dernière fois Jean-Michel Larqué disputer un match de Division 1 avec l’AS Saint-Etienne. Ce 28 avril 1977, l’ASSE vient de faire match nul avec le Stade de Reims (0-0) à domicile. Personne n’imagine alors qu’on ne reverra plus l’emblématique capitaine des Verts avec l’équipe professionnelle stéphanoise. Ni lui-même qui annonce dans L’Equipe du 2 mai 1977 avant un futur déplacement à Nice que l’ASSE va jouer « un match à quatre points ». Pourtant, le mardi 3 mai L’Equipe titre :

Larqué herbin c la guerre

Convoqué dans le bureau de Robert Herbin le jeudi matin à son arrivée à l’entraînement, le milieu de terrain stéphanois apprend de la bouche de son entraîneur qu’il ne fera pas partie du déplacement sur la Côte d’Azur. Depuis le match retour à Liverpool, l’entraîneur des Verts lui reproche des performances décevantes, notamment sur le plan défensif. Larqué s’en défend en expliquant qu’il n’a jamais été un demi défensif, contrairement à Bathenay et Synaeghel, plus habitués à ce type de poste.

Jean-Michel Larqué capitaine des Verts.
Jean-Michel Larqué, le capitaine des Verts, est en conflit avec son entraîneur Robert Herbin.

Premières frictions entre Larqué et Herbin

Durant cette saison 77, le climat au sein de la maison verte n’est pas des plus sereins. L’élimination en quarts de finale de la Coupe des Clubs Champions laisse apparaître des dissensions. Robert Herbin a souvent cherché la bonne formule tactique… en vain.
L’éviction du Palois n’est pas la première de la saison : après une lourde défaite à Sochaux (4-0) le 5 février, le « Sphinx » avait déjà écarté son capitaine. Raison invoquée : le joueur devait souffler après les efforts fournis pour revenir à son meilleur niveau après son opération du genou droit. Il ne fera son retour dans le onze de départ que lors d’un déplacement à Rennes le 26 février, soit cinq jours avant la réception de Liverpool en quarts de finale aller de la Coupe des Clubs Champions. Ce soir-là, Herbin lui confie le rôle d’avant-centre. Pas vraiment habituel pour lui.

Larqué contre Liverpool

 

Dans son édition du 8 mars, L’Equipe annonce que la paix est signée entre Herbin et son joueur.

paix signée

Après la victoire contre le Paris-SG (1-0) trois jours auparavant, les deux hommes se sont expliqués. Le 16 mars, les Verts se déplacent à Liverpool pour défendre le petit but d’avance inscrit par Dominique Bathenay quinze jours plus tôt en quarts de finale de la Coupe des Clubs Champions. Les Verts, dans une ambiance des grands soirs, sont éliminés par Keegan et sa bande 3-1.  Jean-Michel Larqué, capitaine de l’ASSE depuis le départ de Georges Bereta pour l’OM en 1975,  dit définitivement adieu à la Coupe d’Europe.

Vidéo de Liverpool-Saint-Etienne dans une ambiance incroyable.

Contre Liverpool, à Anfield, Jean-Michel Larqué (avec Merchadier) joue son dernier match européen avec Saint-Etienne. Ici, il dispute un ballon de la tête à John Toshack.
Contre Liverpool, à Anfield, Jean-Michel Larqué joue son dernier match européen avec Saint-Etienne. Ici, il dispute un ballon de la tête à John Toshack.

Revenons à ce mois de mai 77. Larqué accuse le coup. C’en est trop : c’est officiel : malgré une dernière année de contrat à honorer, il souhaite terminer la saison et partir. Des rumeurs l’envoient à Bordeaux, ce qui le rapprocherait géographiquement de son Pays Basque natal.
Après les affaires Bosquier-Carnus, Keita et Bereta, Larqué devient à son tour le personnage central d’une « affaire » à la stéphanoise. Pour ce dernier, si l’on parle beaucoup de la politique des jeunes de l’ASSE, on évoque beaucoup moins de celle des « Vieux ». Il prend comme référence le Real Madrid qui sait préparer le « troisième âge » de ses joueurs, ce qui en fait un grand club.

 

Un capitaine en réserve

En attendant, celui qui a obtenu son diplôme d’entraîneur l’été précédent à Vichy, va donc aider les jeunes du centre de formation à obtenir le titre de champion de France de Division 3.
Herbin a remplacé dans le groupe Larqué par Larios mais cela ne change pourtant rien aux performances de son club le week-end suivant puisqu’il s’incline à Nice 2-0. Roger Rocher, en vacances dans sa maison sur la Côte d’Azur, s’est entretenu avec Larqué par téléphone. Pourtant, le soir du match à Nice, il déclare à L’Equipe : « On ne va pas faire de comparaison avec le Real Madrid. Le Real a peut-être payé son sentimentalisme. La réussite de Saint-Etienne est basée sur une qualité d’ambiance, de rapports personnels, et j’y tiens, mais aussi une exigence dans les performances. Sinon l’épopée des Verts en Coupe d’Europe n’aurait jamais existé ! »

Le 6 mai, dans L’Equipe, Larqué dévoile quelques bribes de son entretien avec le président Rocher :

A ROCHER de décider

Larqué, joue donc en équipe réserve. Après une victoire contre Troyes et une autre contre Viry-Châtillon où il a pu constater sa cote de popularité, Herbin n’a nullement l’intention de le réintégrer dans le groupe professionnel. Les déclarations virulentes du milieu de terrain à l’encontre de son entraîneur par médias interposés ne sont pas faites pour apaiser le climat.
Saint-Etienne dispute un quart de finale aller de Coupe de France à Sochaux (1-1), L’Equipe du 13 mai sous forme d’encadré titre :

Larqué c'est presque fini

Le 17 mai, il assiste en tribune de presse à la victoire des Verts contre Sochaux (3-1) qui les qualifie pour les demi-finales et surtout au centième match des Verts sans connaître la moindre défaite à Geoffroy-Guichard.

 

Premiers contacts avec Paris

Le 26 mai, L’Equipe fait état de contacts entre Larqué et le Paris-SG qui vient d’achever le championnat à la 9e place de Division 1. Daniel Hechter, son président, est à la recherche d’un entraîneur en remplacement de Vasovic. Il dresse une short-list parmi lesquels figurent en bonne place Lucien Leduc, l’entraîneur de Monaco et … Jean-Michel Larqué, en disgrâce avec l’ASSE. Si l’entraîneur de Monaco était choisi, cela permettrait à Larqué de poursuivre sa carrière de joueur encore un ou deux ans avant d’endosser celle d’entraîneur.
La question est de savoir si Larqué endossera la casquette d’entraîneur ou s’il continuera de jouer tout en entraînant l’équipe. Dans sa tête, Larqué est prêt à jouer encore trois ans.

 

Contrat de 3 ans au Paris Saint-Germain

Dans son édition du 3 juin 77, L’Equipe annonce que Larqué va s’engager pour 3 ans avec le Paris Saint-Germain.
Il vient de passer deux jours dans la capitale pour discuter des modalités de son contrat. Avant de reprendre l’avion pour Saint-Etienne, en tant qu’amateur de tennis, il s’est octroyé un petit détour par la Porte d’Auteuil et Roland-Garros, où il a assisté au match Ramirez-Panatta. Un endroit qui devrait lui être bientôt familier.
De retour à Saint-Etienne, il reprend le chemin de l’entraînement sous les ordres de Robert Philippe, le coach de l’équipe réserve. Professionnel jusqu’au bout, il souhaite décrocher avec ses camarades le titre de champion de France de troisième division. Un petit but et une victoire contre Poissy (5-0) et l’objectif est atteint. Les Verts disputeront la finale contre Nantes.

En championnat, Jean-Michel Larqué joue son dernier match contre Poissy.
En championnat, Jean-Michel Larqué joue son dernier match contre Poissy.

Pendant ce temps, les professionnels stéphanois s’imposent deux fois contre Nantes en demi-finales de la Coupe de France et se qualifie pour une septième finale à Paris.

 

Le dernier titre d’un capitaine

Tandis que ses ex-partenaires s’apprêtent à rejoindre Paris pour y disputer la finale le 18 juin, Larqué, lui, se prépare à disputer son dernier match sous le maillot vert… à Nantes. Il veut partir sur une bonne note et même si un titre de champion de Division 3 n’a pas la même saveur qu’une finale de Coupe de France, le professionnel obéit à ses obligations jusqu’à leur terme. Après une double confrontation (3-2 pour les Verts  à l’aller grâce à trois buts de Sarramagna), les Verts s’imposent au stade Marcel-Saupin 3-1. Mission accomplie pour le numéro 10 des Verts. Il met un terme à son chapitre stéphanois avec un nouveau trophée.

Les Verts champions de France de Division 3

Finale retour au stade Marcel-Saupin : 3 541 spectateurs.
Buts.- Nantes : Bassi (24e) ; Saint-Etienne : Schaer (25e), Boury (56e et 89e).
Nantes : Desrousseaux – Madani, Benion, Fenillat, Bidard – Vendrely, Steck, Bassi – Lacombe, Triantafilos, Gadocha. Entr.: Zaetta.
Saint-Etienne : Dugalic – Borel, Modeste, Lacuesta, Deschamps – Vesir, Larqué, Larios – Derigon (Fournier, 71e), Schaer, Boury. Entr.: Philippe.

 

Nommé entraîneur à 29 ans et 10 mois

Le 18 juin, les hommes de Robert Herbin disputent la finale de la Coupe de France contre Reims au… Parc des Princes. La dernière occasion pour eux d’accrocher l’Europe via la Coupe des Coupes. Les deux clubs comptabilisent 15 titres de champion de France et 7 Coupes. Un stade que Jean-Michel Larqué aura l’occasion de côtoyer régulièrement puisqu’il a été choisi par Hechter pour diriger  le Paris-SG. Il lui donne également les pleins pouvoirs, y compris dans le recrutement. Hechter prend un risque en confiant les rênes du club à un entraîneur qui n’a encore jamais entraîné. Certes, il est sorti major de sa promotion d’entraîneur en juillet 1976 mais a tout à prouver dans cette fonction. Aimé Jacquet avait 35 ans et 6 mois quand il a pris en main la section professionnelle de l’OL en 1976, et Robert Herbin, 33 ans et 4 mois en 1972 quand il a succédé à Albert Batteux. Ce dernier a remporté la Coupe de France avec Reims en 1950 en tant que joueur avant de succéder le soir même à Roessler, son entraîneur. Batteux avait alors 31 ans. Alors Larqué entraîneur à 29 ans et 10 mois pourquoi pas !

 

Privé de finale de Coupe de France

Il souhaite engager des vedettes pour faire vibrer le Parc. Ironie du sort, c’est contre Reims qu’il a disputé son dernier match en pro en championnat avec les Verts. Quel plus bel hommage pour lui avant d’embrasser une carrière d’entraîneur que de jouer et gagner la finale de la Coupe de France contre… Reims. Robert Herbin ne lui laisse pas cette chance. Il regarde les Verts s’imposer devant les Rémois des tribunes. La page est définitivement tournée.
Le 21 juin 1977, alors qu’il n’a toujours pas signé son contrat avec le Paris-SG, il prend place pour la première fois sur le banc de son nouveau club à l’occasion du Tournoi de Paris. A bientôt 30 ans, une nouvelle carrière débute pour celui qui avait redonné espoir à Saint-Etienne et à la France du football un soir de… 17 mars 1976 en inscrivant un magnifique coup-franc contre le Dinamo Kiev. Il part de Saint-Etienne en laissant de beaux souvenirs.
Le vendredi 15 juillet 1977, il dirige son premier entraînement avec le Paris-SG. A l’instar de ce qui a été instauré au Bayern Munich, le nouvel entraîneur parisien estime que la préparation de ses nouveaux joueurs est insuffisante et leur impose trois entraînements quotidiens. Comme s’il voulait imposer d’emblée son « image de marque ».

PSG
Jean-Michel Larqué quitte l’AS Saint-Etienne pour le Paris-SG où il endosser la casquette d’entraîneur.

Malgré cette cadence, le début de saison du PSG version Larqué n’est pas à la hauteur des espérances. L’absence d’un organisateur au milieu du terrain se fait cruellement sentir, le petit Lyonnais Serge Chiesa a refusé de rejoindre la capitale. Larqué décide donc de rechausser les crampons et endosse du coup la casquette de joueur-entraîneur. A 30 ans, il peut rendre encore bien des services sur le terrain.
Un autre problème se pose pour le PSG : la Fédération Française de Football (FFF) lui demande de trouver un entraîneur-instructeur conformément aux règlements, Larqué ne possède pas ce diplôme et doit par conséquent trouver un prête-nom. Pierre Alonso occupe cette fonction.
En janvier 1978, suite à une affaire de double billetterie, le couturier parisien quitte la présidence du club parisien. Il est remplacé par Francis Borelli. Le PSG termine le championnat à la onzième place.

 

Bathenay : un deuxième Vert au PSG

En août 1978, Dominique Bathenay, son ex-partenaire à Saint-Etienne, le rejoint dans la capitale après la Coupe du monde en Argentine. Fin août, Jean-Michel Larqué décide de quitter son poste d’entraîneur pour se consacrer uniquement à celui de joueur. Comme un certain… Robert Herbin avant lui, qui avait rechaussé les crampons un 3 juin 1975 contre Troyes (5-1, avec un but de Herbin sur penalty) alors qu’il avait abandonné son statut de joueur à la fin de la saison 1972.

Un an après Jean-Michel Larqué, Dominique Bathenay rejoint le PSG à son tour.
Un an après Jean-Michel Larqué, Dominique Bathenay rejoint à son tour le PSG.

L’entraîneur rechausse les crampons

Le début de championnat du PSG n’est pas bon : le club parisien compte trois défaites après cinq journées. Le 22 août, Larqué officie une dernière fois à Nice (3-1) avant de laisser la place sur le banc à Pierre Alonso. Il n’est pas heureux dans cette fonction et le fait savoir à son président Francis Borelli. Douze mois après avoir endossé l’habit d’entraîneur, il redevient simple joueur avec pour entraîneur celui qui était son adjoint. Une première.

debout de gauche à a droite : bernard (daniel) / redon (philippe) / renault (eric) / pilorget (jean marc) / adams (jean pierre)  assis de g a d : brisson (francois) / justier (lionel) / larque (jean michel) / bianchi (carlos) / m pele (francois) / dalheb (mustapha)
Le PSG version 77 :  Debout : de g. à d. : Bernard, Redon, Renault, Pilorget, Adams.
Accroupis de g. a d. : Brisson, Justier, Larqué, Bianchi, Mpelé, Dalheb.

Le 25 août, le Paris-SG accueille Saint-Etienne. L’Equipe du jour titre :

Bathenay larqué le défi

Pour sa grande rentrée, le désormais ex-entraîneur Larqué joue cinquante-cinq minutes et s’il ne possède pas encore le rythme pour tenir un match entier, il impose sa patte sur le match. Les spectateurs n’ont pas les yeux fixés sur l’ancien capitaine des Verts. Mais sur un jeune Stéphanois qui fait ses grands débuts en professionnel (voir par ailleurs). Les deux équipes se quittent sur un score nul d’un but partout.

Jean-Michel Larqué à l'entraînement (avec Carlos Bianchi à sa droite)
Jean-Michel Larqué à l’entraînement (avec Carlos Bianchi à sa droite)

Au terme de la saison, le PSG perd deux nouvelles places et termine à une très décevante 13e place.
Larqué décide alors de mettre un terme à sa carrière professionnelle le 2 juillet 1979 alors qu’il est encore sous contrat avec le club parisien.
Il reste au club en tant que manager général avant de le quitter définitivement au début de l’automne 1980 pour embrasser une carrière de commentateur sportif sur Antenne 2 au côté de Thierry Roland.
Clin d’oeil de l’histoire : le 5 mars 1980, Saint-Etienne reçoit Mönchengladbach à Geoffroy-Guichard en Coupe de l’UEFA.Ce soir-là, dans le Forez, Thierry Roland est au micro assisté d’un débutant dénommé Jean-Michel Larqué.

 

 

Paganelli : de Montaigu au Parc des Princes

Depuis 1973, la ville de Montaigu organise un « mini Championnat d’Europe » qui rassemble des footballeurs en herbe âgés de 13 à 14 ans issus de clubs professionnels ou non des quatre coins de l’Europe. C’est grâce notamment à ce tournoi que la FFF a décidé de créer une sélection nationale catégories minimes.
Ce week-end de Pâques d’avril 1977, un jeune minime d’Avignon attire particulièrement l’attention. Le garçon s’appelle Laurent Paganelli et possède un talent indéniable. Avec la sélection des minimes, il remporte le tournoi avec brio.

 

Un but pour une Coupe

Le samedi 18 juin 1977, Saint-Etienne et Reims jouent la finale de la Coupe de France au Parc des Princes. A 18 heures, le lever de rideau met aux prises les minimes de Méditerranée à ceux d’Alsace. Dans les rangs sudistes, Ceccarelli garde les buts mais c’est encore Paganelli qui éclabousse la finale de toute sa classe. Après un passage en revue de la défense alsacienne, il inscrit le seul but de cette finale (60e). Quelques heures plus tard, les Verts s’imposent devant Reims 2-1 et s’adjugent leur sixième Coupe de France.

Dans son édition du 20 juin, L’Equipe titre :

PAGA A LA 60e

Le samedi 8 octobre, au Parc des Princes, en lever de rideau du match amical France-URSS, l’équipe de France Cadets (garçons ayant moins de seize ans dans l’année en cours) rencontre son homologue du Pays de Galles. Georges Boulogne, son responsable depuis deux ans, convoque deux Laurent : Roussey et… Paganelli, le benjamin de la troupe. La rencontre se dispute sous l’oeil attentif de Pierre Garonnaire, le recruteur des Verts. Une nouvelle fois, le jeune Paganelli étonne les spectateurs.

 

Le petit Mozart du Parc

La France partage les points avec les Gallois (1-1) mais une nouvelle fois, il se transforme en chef d’orchestre de l’équipe française. Il égalise à la 62e minute pour les jeunes Bleus. Paganelli, ce soir-là, est le seul joueur qui ne soit pas licencié dans un club professionnel. Issu d’une famille très impliquée dans le rugby, l’Avignonnais, alors âgé de 8 ans, se casse un bras un jour à l’école de rugby de la ville. S’il met un temps de côté la pratique de ce sport, en revanche, il peut s’adonner au football avec les copains à l’école. Finalement, il opte définitivement pour le ballon rond.
Joueur de la Maison des Jeunes et de Culture d’Avignon (MJC), il fait preuve d’une grande maturité puisqu’il entraîne la section pupilles du club. Plus pour très longtemps puisqu’il vient de signer un contrat de non-sollicitation avec l’AS Saint-Etienne. Il rejoindra dans le Forez, des joueurs comme Lestage ou Roussey avec qui il joue déjà en sélection. Pierre Garonnaire a convaincu le père du jeune prodige, cheminot de métier, et M. Blum, son éducateur à la MJC, de rejoindre Saint-Etienne, qui n’est qu’à deux heures d’Avignon. Il devance des clubs comme le PSG ou Nice également intéressés par le jeune Avignonnais.

Laurent Paganelli et Laurent Roussey
Laurent Paganelli et Laurent Roussey, deux jeunes talent à l’AS Saint-Etienne.

 

Quand Platini donne la leçon

Le 8 février 1978, les cadets nationaux se déplacent avec l’équipe de France A à Naples en Italie, en amical. Si la bande à Platini obtient un match nul (2-2), les Cadets s’imposent quant à eux 2-1. Paganelli inscrit le but victorieux à quatre minutes de la fin… sur coup franc. Le lendemain, sur le stade de Fuorigrotta, le maître en la matière, Michel Platini, alors joueur de l’AS Nancy-Lorraine, fait une démonstration à deux de ses « élèves » : Roussey et Paganelli.
En mai, Les Verts de Robert Herbin terminent le championnat à une peu habituelle 7e place.

 

L’ASSE rajeunit ses cadres

Pour la première fois depuis quatre ans, les Verts ne participent pas à une coupe d’Europe.
L’entraîneur stéphanois laisse partir quelques joueurs qui ont contribué aux succès du club : Bathenay rejoint Larqué au Paris-SG, Synaeghel part à Metz, Patrick Revelli file à Sochaux et son frère Hervé rejoint la Suisse et Le Chenois dans un rôle d’entraîneur-joueur. Enfin, Merchadier signe à Nancy. Une page se tourne. Au rayon des arrivées, Larios revient de Bastia fort de son expérience européenne avec le club corse, Lacombe quitte le voisin lyonnais et Elie arrive de Lens.

Rocher entouré de Larqué (à gauche) et Hervé Revelli (à droite). Les deux hommes
Roger Rocher entouré de Larqué (à gauche) et Hervé Revelli (à droite). Les deux hommes ont quitté le club. Les Verts tournent une page.

Premier entraînement pour Paga avec le groupe pro

Le 28 juin, c’est la rentrée des classes. Robert Herbin dirige l’entraînement. Dans son groupe, il incorpore le jeune Paganelli. Au cours d’un match d’entraînement, avec toute l’insouciance de ses 15 ans, il impressionne l’entraîneur stéphanois. Jamais un joueur aussi jeune n’avait fait naître autant d’espoirs. Mais, fidèle à ses habitudes, Roby observe.

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Paganelli fait ses premiers pas avec l’équipe réserve des Verts.

Les voyages forment la jeunesse et les Verts

Le 21 juillet, les jeunes du centre de formation s’envolent pour l’Île de la Réunion. En novembre 1977, Roger Rocher, en voyage d’affaires sur l’île de l’océan indien, avait promis au président de la Ligue de football de la Réunion d’envoyer son équipe réserve. Les Wolff, Roussey, Lestage, Rampillon, Garande, Colleu, Zanon ou encore Oleksiak sont du déplacement. Bien sûr, Guy Briet, l’entraîneur a également convié Paganelli à ce voyage. Deux victoires et un nul ponctuent cette expédition.

Laurent Paganelli et son coach de l'équipe réserve, Guy Briet.
Laurent Paganelli et son coach de l’équipe réserve, Guy Briet.

Test probant contre le FAR du Maroc

Le 15 août, Herbin programme une rencontre amicale contre l’équipe des Forces Armées Royales du Maroc pour compenser la mini-trêve imposée par le match international amical : France-Anderlecht. Dans l’optique du prochain derby contre le voisin lyonnais entraîné par Aimé Jacquet le vendredi qui suit, il veut voir à l’oeuvre les remplaçants ainsi que deux joueurs qui brillent avec l’équipe réserve : Laurent Paganelli (15 ans) et Patrice Garande (17 ans).

 

Soirée des premières au Parc

Le 25 août, les Verts se déplacent à Paris pour y affronter le Paris-SG d’un certain Jean-Michel Larqué qui a revêtu son habit de joueur à cette occasion. Robert Herbin convoque Laurent Paganelli pour ce grand rendez-vous. Le Parc des Princes, il connaît déjà pour y avoir évolué déjà trois fois, mais c’était avec les cadets nationaux. 47 000 spectateurs garnissent le stade de la Porte de Saint-Cloud. Au coup d’envoi, il est remplaçant. Mais l’attraction de ce match est la grande rentrée de Larqué, l’ex-capitaine des Verts, en tant que joueur du PSG. Dans la semaine, il a délaissé son habit d’entraîneur pour rechausser les crampons. Il n’a rien perdu de ses qualités techniques. Son coéquipier Carlos Bianchi apprécie l’apport de son désormais ex-entraîneur.

 

15 ans et 309 jours

L’autre fait marquant de ce match se situe à la 46e minute : A la Paganelli, le « bizuth » de cette soirée, fait sa première apparition en Division 1. A 15 ans et 309 jours exactement, il remplace Dominique Rocheteau, victime d’une élongation. Un gamin parmi les grands, les spectateurs du Parc n’ont d’yeux que pour lui.

Laurent Paganelli fait ses premiers pas en Division 1 au Parc des Princes contre le PSG.
Laurent Paganelli fait ses premiers pas en Division 1 au Parc des Princes contre le PSG.

Dans un papier d’ambiance, Bernard Dolet, l’un des envoyés spéciaux du quotidien L’Equipe, décrit parfaitement l’ambiance qui entoure cette soirée.

QUAND LES COEURS BALANCENT DOLET
Laurent Paganelli détrône ainsi l’autre Laurent, Roussey, qui avait débuté le 25 février 78 en Division 1 à l’âge de 16 ans et 68 jours.
Parisiens et Stéphanois se quittent sur un score nul de 1-1, Bathenay (39e) répondant à Rocheteau (37e), le premier buteur des Verts à l’extérieur de la saison.

Paris Saint-Germain-Saint-Etienne : 1-1 (1-1).
Buts.- Paris-SG : Bathenay (39e) ; Saint-Etienne : Rocheteau (37e).

Paris-SG : Baratelli – Pilorget, Morin, Renaut, Lokoli – Bathenay, Adams, Larqué (Lemoult, 57e) – M’Pelé, C. Bianchi, F. Brisson. Entr.: Alonso.

Saint-Etienne : Curkovic – Janvion, Piazza, Lopez, Repellini – Larios (Modeste, 67e), Santini, Elie – Rocheteau (Paganelli, 46e), L. Roussey, Zimako. Entr.: Herbin.

 

 

Trente-cinq ans d’attente

Depuis leur première confrontation en championnat au Parc des Princes le 27 février 1972, les Verts ne se sont jamais imposés dans la capitale. Jusqu’à ce 25 février 2007 et la victoire 2-0 contre un PSG qui lutte pour ne pas descendre en Ligue 2.

Grâce à cette victoire historique des hommes d’Ivan Hasek, les Verts sont plus que jamais candidats aux places européennes. Ils attendaient ce moment depuis… 35 ans. Certes, ils avaient bien battu le PSG le 27 février 1972, mais le match se déroulait au stade Bauer à Saint-Ouen. Le Parc des Princes était alors en travaux. Depuis, les Verts avaient essuyé seize revers et glané huit nuls.

 

Ilan soulève le Parc

On joue la 32e minute. L’ASSE mène 1-0 grâce à une tête de Damien Perquis sur un centre de Sablé. Sur la première occasion de son équipe, le défenseur stéphanois, au point de penalty, devance Armand et trompe Landreau (1-0).

Mais le plus beau est à venir. Il reste une poignée de secondes quand Feindouno centre côté gauche au second poteau pour Gomis. Ce dernier remise de la tête sur Ilan. Dos au but, le Brésilien, aux six mètres, lève le ballon sur son contrôle orienté et, d’une magnifique reprise acrobatique croisée, trompe le portier parisien. Les Verts mènent 2-0 à la mi-temps. Il vient d’inscrire l’un des plus beaux buts de la saison.

Vidéo : le chef d’oeuvre d’Araujo Ilan :

http://youtu.be/clGFCMs58g4

 

 

Toulouse-Saint-Etienne : un parfum de violette

Vendredi, en match avancé de la 24e journée de championnat, Toulouse accueille Saint-Etienne au Stadium. Cette rencontre est l’occasion de revenir sur le Challenge des Champions disputé le 7 juin 1957 ainsi qu’une défaite « salutaire » des Verts à Toulouse en 1963. Christian Lopez, joueur emblématique de l’épopée des Verts des années 70, a quitté Sainté pour le Téfécé en 1982. Récit d’un transfert. Bonne lecture.

 

A la bonne franquette

7 juin 1957. Challenge des Champions. Toulouse-Saint-Etienne : 1-2.
Depuis sa création en 1954-55, le Challenge des Champions oppose le champion de France au vainqueur de la Coupe de France. Les bénéfices de ce match sont reversés à la Caisse de sécurité et de secours des joueurs.

Saint-Etienne est dirigé par Manuel Fernandez, l’entraîneur des amateurs stéphanois, appelé à remplacer temporairement Jean Snella parti dans le Nord au chevet de sa mère, gravement malade. Fernandez doit composer sans Njo-Léa, retenu pour des épreuves universitaires et Lefèvre, blessé. Aussi, parmi les cinq militaires partis en Grèce, seuls Ferrier et Goujon sont rentrés indemnes. Pour Toulouse, ce match est l’occasion de présenter à son public la Coupe de France remportée face à Angers (6-3) au stade de Colombes.

L’ambiance est bon enfant et les 11 254 spectateurs découvrent deux nouveaux joueurs. Le premier est toulousain : il s’agit de Casanova, tout juste arrivé de Casablanca, qui remplace Di Loretto, parti en vacances en Argentine. Le second est Cristobal, un avant-centre en provenance d’Orléans mis à l’essai par les Verts.

A Toulouse, Richard Tylinski était dans un jour "sans".
A Toulouse, Richard Tylinski était dans un jour « sans ».

D’entrée, les deux équipes jouent l’attaque et s’octroient quelques libertés avec le marquage. Dès la 6e minute, les Stéphanois ouvrent la marque par Oleksiak mais Casanova signe ses débuts en égalisant dix neuf minutes plus tard. Avant la pause, Fouillen, de la tête, sur un centre de Goujon, redonne l’avantage aux Verts. Malgré une nette domination des locaux en deuxième mi-temps, le score n’évolue plus.

Saint-Etienne remporte le Challenge des Champions et peut préparer sereinement la Coupe latine. Les Toulousains, dès le lendemain, s’envolent pour une tournée en Turquie.

Buts.- Toulouse : Casanova (25e) ; Saint-Etienne : Oleksiak (6e), Fouillen (38e). Toulouse : Roussel – Boucher, Pleimelding, Nungesser – Bouchi, Cahuzac – Brahimi, Dereuddre, Casanova, Rytkonen, Bouchouk. Entr. : Bigot.
Saint-Etienne : Abbes – Cassado, R. Tylinski, Wicart – Domingo (Vernier), Ferrier – Rijvers, Goujon, Fouillen, Oleksiak, Cristobal. Entr. : Fernandez.

 

Christian Lopez : Ô Toulouse

« Qu’il est loin mon Forez, qu’il est loin,
Parfois au fond de moi se raniment
L’âme verte du Stade Geoffroy-Guichard
et la fumée de ses cheminées »

Si Claude Nougaro chantait Toulouse, Christian Lopez aurait pu entonner ce couplet quand il a quitté l’AS Saint-Etienne, son club formateur, pour le TFC.

Christian Lopez au milieu de ses coéquipiers sous les ordres de Robert Herbin.
Christian Lopez au milieu de ses coéquipiers sous les ordres de Robert Herbin.

En 1970, l’AS Saint-Etienne remporte la Coupe Gambardella. Dans ses rangs, elle compte une bande de jeunes talentueux recrutés par Pierre Garonnaire, parmi lesquels Merchadier, Patrick Revelli, Sarramagna, Synaeghel, Santini et… Christian Lopez. A l’âge de huit ans, en pleine guerre d’Algérie, il quitte son pays natal avec sa famille direction Cannes. Mais c’est à l’Entente Cannet-Rocheville qu’il débute dans le football. Le jeune homme ne laisse pas indifférents les recruteurs, notamment marseillais. C’est alors que Pierre Garonnaire, dénicheur de jeunes talents pour les Verts, flaire la bonne affaire et le fait venir dans le Forez en novembre 1969, avec l’accord de son père. Début juillet 1972, le club dirigé par le président Rocher fait signer à tous ces jeunes joueurs prometteurs un contrat « longue durée. »

Le 7 juillet 1972, L’Equipe révèle la signature de la « promotion stéphanoise »

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Avec l’ASSE comme avec l’équipe de France, il gravit tous les échelons qui le mènent à la gloire. Avec les Verts, il a tout connu ou presque jusqu’à ce printemps 1982 et la crise qui a secoué la maison verte. Il est très attaché au maillot vert qui a fait grandir l’homme et le footballeur et façonné son image.

Le 12 septembre 1981, Christian Lopez confie à ASSE-Actualités, le magazine officiel du club : « Mon contrat s’achèvera en juin 1983. J’aurai alors 30 ans et je l’espère, quelques bonnes années encore devant moi. Je souhaiterai évidemment à cette époque signer un nouveau  contrat de 3 ans avec l’ASSE. Si ça n’est pas possible, j’envisagerai de jouer ailleurs au plus haut niveau, mais je n’y pense pas car j’ai le plus vif désir de rester à Saint-Etienne non seulement parce qu’il s’agit  du meilleur club de France, que j’y suis profondément attaché mais aussi parce que j’y ai confectionné ma vie. »

Christian Lopez avec Jacques Santini lors d'une séance d'étirements à Geoffroy-Guichard.
Christian Lopez avec Jacques Santini lors d’une séance d’étirements à Geoffroy-Guichard.

Un an plus tard, le discours n’est plus le même. La belle idylle avec le club du président Rocher bat de l’aile. Ce dernier apprécie toujours celui qui a débarqué un jour de novembre 1969 en provenance de Rocheville. A bientôt trente ans, Lopez souhaite prolonger son contrat chez les Verts et pour cela, s’entretient avec son président. Embarrassé, ce dernier lui conseille d’aller voir Herbin pour en discuter. Si « Roby » n’est pas contre le fait que son défenseur accomplisse sa dernière année de contrat, sans doute comme titulaire, en revanche, il ne peut lui promettre pareil confort pour la suite s’il reste à l’ASSE. Sa défense centrale ne lui donne pas entière satisfaction et il envisage de la remodeler. Dans l’esprit de l’entraîneur stéphanois, Patrick Battiston sera amené à moyen terme à occuper son poste.

L'AS Saint-Etienne. De g. à d. :
L’AS Saint-Etienne 1980. De g. à d. : Gardon, Janvion, Battiston, Santini, Castaneda, Lopez. Accroupis : Rep, Larios, Paganelli, Roussey, Platini.

Lopez sur le marché des transferts

A un an du terme de son contrat, le libéro des Verts acquiesce et se dit que s’il veut encore jouer quelques années au plus haut niveau, il doit quitter Saint-Etienne. Le désarroi est grand. Plus proche de son président que de son entraîneur, est-il victime du différend qui oppose Rocher à Herbin dans la crise stéphanoise ? Toujours est-il que pour favoriser son futur transfert, le conseil d’administration du club, réuni le 24 mai au soir, lui fait cadeau de sa dernière année de contrat. Triste consolation.

Derniers matches en Vert

Moins d’un mois après les premiers remous au club, une rumeur fait état d’un intérêt de l’AS Monaco pour le Stéphanois . Très attaché à la Côte d’Azur, il ne lui déplairait pas de se rapprocher de son milieu familial. Le 8 mai 1982, Monaco remporte le titre de champion de France au nez et à la barbe des Stéphanois pourtant larges vainqueurs de Metz (9-2). Lopez qui vient de disputer les trente-huit rencontres de championnat fait ses adieux, ce soir-là, aux supporters du stade Geoffroy-Guichard. Le titre envolé, le défenseur stéphanois espère bien décrocher une quatrième victoire en Coupe de France le 15 mai contre Paris-SG, histoire de boucler la boucle. Mais là encore, elle lui échappe lors de la séance des tirs au but. Son penalty est détourné par Dominique Baratelli, son coéquipier en Bleu. Fin de l’histoire en Vert.

PSG-ST ETIENNE (2-2 (6-5))
Baratelli, le gardien parisien détourne le penalty de Lopez, la Coupe de France s’envole pour le Verts.

 L’heure est à la réflexion

Le 18 mai. Sa décision est prise : après treize ans de bons et loyaux services, il quitte les Verts. Lui qui souhaitait prolonger et négocier un dernier bon contrat avec les Verts ne verra pas son voeu exaucé. Il est en contact avec quelques clubs de Division 2 : Cannes, le Montpellier du président Nicollin qui lui propose une reconversion après sa carrière ou Nice. Néanmoins, les clubs de Monaco, Paris-SG et Metz, clubs de Division 1, sont les plus en rapport avec ce qu’il recherche. Les négociations sont bien avancées avec Monaco mais elles traînent en longueur. L’Espagne l’attire également d’autant qu’il possède la double-nationalité par son grand-père.

bathenay (dominique) lopez (christian)

Sélectionné avec l’équipe de France qui va disputer le Mondial en Espagne, il part trois semaines en stage en altitude à Font-Romeu. Il est donc libre comme l’air qu’il va humer dans les Pyrénées Orientales.

Le 19 mai. Toulouse vient d’accéder à la Division 1 et recherche des joueurs expérimentés. Parmi ceux susceptibles de rejoindre la ville rose, Philippe Mahut.

Vidéo INA : Christian Lopez prépare le Mondial avec les Bleus à Font-Romeu. Il évoque ses contacts en vue de son futur transfert (minute 4 : 40).

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Le 27 mai, les Tricolores sont en pleine préparation. Ils reçoivent la visite de Daniel Visentin, le président toulousain. Le but avoué de ce dernier est clair : concrétiser verbalement les pourparlers avec plusieurs joueurs parmi lesquels Gérard Soler, Philippe Mahut et… Christian Lopez. L’homme fort du TFC repart de son court séjour avec un seul accord : celui du Bordelais Soler. Concernant le Stéphanois, une petite divergence concerne la durée de son contrat. Lui souhaite un bail de quatre ans alors que Toulouse ne lui en propose que trois. Aussi, il émet une condition : jouer libero au côté du Hongrois Balint, un autre libero mais qui occupe le poste de stoppeur. Il s’accorde un temps de réflexion d’autant qu’un autre club, le Servette de Genève, verrait d’un bon oeil son arrivée sur les bords du lac Léman. Mais sa préférence va finalement au club toulousain.

Toulousain pour 4 ans

Le mercredi 2 juin, les Bleus sont au Stadium de Toulouse pour y disputer un match de préparation contre le Pays de Galles. Si les joueurs de Michel Hidalgo s’inclinent 1-0, en revanche, pour Christian Lopez, ce voyage dans la ville rose s’annonce décisif. Le lendemain matin, il est reçu par le président haut-garonnais. Les deux hommes s’entendent sur un contrat de quatre ans comme le relate le journal L’Equipe dans son édition du 4 juin :

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Une page se tourne pour le célèbre défenseur des Verts. Avec l’AS Saint-Etienne, « Jeannot » comme l’appellent encore les Stéphanois, surnom que lui avait donné Bernard Bosquier en 1969 qui lui trouvait une ressemblance avec Jean Baeza, le joueur de l’OM, possède un des plus beaux palmarès du football français. En treize ans à l’ASSE, il a remporté une Coupe Gambardella (1970), quatre titres de champion de France (1974, 1975, 1976 et 1981), trois Coupes de France (1974, 1975 et 1977) et disputé une finale de Coupe d’Europe (1976).

 

Une défaite salutaire

7 septembre 1963. Toulouse-Saint-Etienne : 4-0.
Toulouse est leader après la première journée de championnat ! Rien d’anormal. Saint-Etienne est onzième : rien d’étonnant après un match nul contre Valenciennes (1-1). Le promu stéphanois, à l’occasion de la deuxième journée, se déplace en Haute-Garonne. Blessé lors du premier match, Pierre Bernard, leur nouvelle recrue au poste de gardien, effectue ses grands débuts. Malgré cette rentrée, Jean Snella dénombre beaucoup de blessés, ce qui l’oblige à emmener deux joueurs amateurs : le défenseur Georges Polny et l’attaquant Jean Masson. Mais ces deux joueurs se sont rendus à Toulouse sans licence. Ils ont dû apposer leur signature sur la feuille de match pour pouvoir jouer. Toulouse ne fait d’ailleurs aucun problème à cet oubli malencontreux. Autre époque !

Robert Herbin, l'une des rares satisfactions stéphanoises de ce match.
Robert Herbin, l’une des rares satisfactions stéphanoises de ce match.

Côté toulousain, Baraffe joue avec le poignet gauche bandé suite à une chute lors d’une séance d’entraînement au Bataillon de Joinville. D’entrée, Toulouse imprime un rythme soutenu que les Stéphanois ont du mal à suivre. Groschulski (5e) malgré une position de hors-jeu, Dorsini (27e), Baraffe (38e) scellent le sort de ce match en première mi-temps. Richard Tylinski n’est pas dans un bon jour et l’absence de Ferrier se fait sentir au fil des minutes. Le quatrième but de Groschulski (78e) est anecdotique. Sans un Bernard en grande forme et un Herbin omniprésent, l’addition aurait été beaucoup plus lourde. A l’issue de cette rencontre, Toulouse s’empare seul de la première place et les Stéphanois ferment le classement avec un seul petit point.

Le train n’attendant pas, les hommes de Snella n’ont pas le temps de gamberger. Dès le coup de sifflet final, ils ont vingt-cinq minutes, pas une de plus, pour se doucher et regagner la gare de Montabiau. Escortée par une voiture de police-secours, la délégation stéphanoise repart à temps. Visiblement, cette défaite a été salutaire pour eux. Le retour des blessés et une meilleure organisation de la défense redonnent des couleurs au promu. Pour preuve, après le naufrage toulousain, ils alignent sept victoires et quatre nuls, soit onze matches sans connaître la défaite.

Buts.- Groschulski (5e),Dorsini (27e), Baraffe (38e), Groschulski (78e).
Toulouse : Roussel – Mouthon, Simon, Redin – Bocchi, Bruneton – Wojciak, Mahi, Groschulski, Baraffe, Dorsoni. Entr. : Deladerrière.
Saint-Etienne : Bernard – Cassado, Tylinski, Polny – Domingo, Herbin – Foix, Hartmann, Guy, Mekloufi, Masson. Entr. : Snella.

Saint-Etienne-Valenciennes : il suffira d’un « cygne »

Samedi prochain, Valenciennes sera l’hôte de Saint-Etienne pour le compte de la 23e journée. Depuis leur première confrontation dans le Chaudron en 1935, les oppositions entre Stéphanois et Valenciennois ont souvent été animées.

Plusieurs entraîneurs ont également connu leur premier match contre le club valenciennois, symbolisé par le cygne blanc. C’est ainsi que Jean Snella, après un passage en Suisse, retrouve en 1963, le banc stéphanois à l’occasion d’un « Sainté-VA » . En novembre 1981, quelques jours après la victoire des Bleus contre les Pays-Bas (2-0) qualificative pour le Mondial espagnol, Platini éclabousse de toute sa classe le match Saint-Etienne-Valenciennes en inscrivant quatre buts. Enfin, lors de la deuxième journée de championnat en 2007, Laurent Roussey prend place pour la première fois sur le banc à Geoffroy-Guichard. Bonne lecture.

 

Une première pour Valenciennes à Geoffroy-Guichard

14 avril 1935. Saint-Etienne-Valenciennes : 0-1.
Saint-Etienne et Valenciennes ne se sont jamais rencontrés au stade Geoffroy-Guichard avant ce 14 avril 1935. Ils ont néanmoins un point commun : celui d’avoir adhéré en 1933 au statut professionnel. Les deux clubs sont alors en deuxième division et ont un but avoué : accéder à la division supérieure.
Corrigés au match aller 6-0 dans le Nord, les Verts de Saint-Etienne ont à coeur d’effacer cette déroute.

Kovacs, l'attaquant stéphanois, aux prises avec le gardien adverse.
Kovacs, le milieu offensif stéphanois, aux prises avec le gardien adverse.

Malgré toute leur bonne volonté, les hommes de Rivers sont surclassés dans tous les domaines de jeu et s’inclinent logiquement 1-0 sur un but de Whitehouse inscrit à la 9e minute.
Au terme de cette saison 1934-35, Saint-Etienne se classe 9e avec 23 points dans une division qui comporte quinze clubs.
But.- Whitehouse (9e)
Saint-Etienne : Guillard – Kovacs, Magnon, Stévanovitch, Odry, Woehl – Polge, Szeman, Chalvidan, Guillon, Saint-Georges. Entr.: Rivers.
Valenciennes : Parmentier – Heil, Thiéry – Poliak, Peiffert, Tison – Pinteau, Whitehouse, Moëtschmann, Ignace, Waggi. Entr. : Griffiths.

 

Course poursuite dans le Chaudron

10 mars 1957. Saint-Etienne-Valenciennes : 5-4
Il y a des matches qui méritent d’être vécus. Ce Saint-Etienne-Valenciennes fait partie de cette légende. Les spectateurs sont passés par toutes les émotions : de la joie aux sueurs froides.
Eliminés sans gloire par Roubaix (4-1) en Coupe Drago le week-end précédent, les Verts ne sont pas au mieux malgré une place de leader.

Le Bataillon retient Mekloufi et Ferrier

Pour recevoir le club entraîné par Robert Domergue, Jean Snella ne sait quelle équipe il alignera pour affronter les Nordistes. En effet, Mekloufi et Ferrier, deux pièces maîtresses, sont retenus par le Bataillon de Joinville pour disputer le Challenge Kentish. En revanche, l’Armée a libéré Oleksiak, Peyroche et Michel Tylinski. Njo-Léa, blessé, est forfait. Seule bonne nouvelle à ce tableau pour le technicien stéphanois : les rentrées de Rijvers et Lefèvre.
Valenciennes, en revanche, se déplace dans la Loire avec un effectif au complet.

Rachid Mekloufi retenu par le Bataillon de Joinville ne peut participer à cette rencontre.
Rachid Mekloufi retenu par le Bataillon de Joinville ne peut participer à cette rencontre.

Trois buts en six minutes

Les 9 763 spectateurs du stade Geoffroy-Guichard sont vite rassurés. A la pause, les Verts mènent… 4-0. Fouillen par deux fois (31e et 39e) et Rijvers (42e), le petit lutin hollandais, régalent le public pour sa rentrée. Juste avant le repos, Peyroche enfonce un peu plus des Valenciennois (45e) aux abois.

Le vent tourne

A la reprise, Saint-Etienne pêche par excès de confiance. Les Nordistes entament une véritable course-poursuite. Ils réduisent d’abord la marque par Statko (48e) avant que Van Rhijn ne redonne espoir à son équipe. L’autre Hollandais de ce match, ne trompe Abbes à deux reprises en cinq minutes (71e et 76e). Il n’y a pas encore le feu dans la maison verte mais la menace se fait de plus en plus pressante. Jean Snella n’est pas au bout de ses émotions.
La défense stéphanoise cède une quatrième fois avec un but de Puccar (77e). Menés 4-0, les Valenciennois reviennent à 4-4.

Quatre buts en sept minutes

Alors que les hommes de Domergue ont pris l’ascendant sur les Stéphanois, contre toute attente, leur capitaine René Domingo inscrit le cinquième but des Verts malgré les protestations de leurs adversaires. Ces derniers estiment qu’il y a une faute sur leur gardien. Finalement, le match se termine dans la confusion.

René Domingo, l'emblématique capitaine des Verts, inscrit le cinquième but, synonyme de victoire.
René Domingo, l’emblématique capitaine des Verts, inscrit le cinquième but, synonyme de victoire.

Cette victoire constitue une première pour Saint-Etienne contre Valenciennes en championnat. En effet, les Verts n’avaient jamais gagné contre les Nordistes.
Grâce à ce succès, Saint-Etienne maintient son écart avec ses poursuivants Lens et Reims et continue sa course en tête, celle qui mène au titre de champion de France.

Le 11 mars 1957, Le journal L’Equipe titre :

11 mars 1957

Buts.- Saint-Etienne : Fouillen (31e, 39e), Rijvers (42e), Peyroche (45e), Domingo (78e) ; Valenciennes.- Statko (48e), Van Rhijn (71e et 76e), Puccar (77e).
Saint-Etienne : Abbes – M. Tylinski, R. Tylinski, Wicart – Cassado, Wassmer – Peyroche, Domingo, Fouillen, Rijvers, Lefèvre. Entr. : Snella.
Valenciennes : Hugues – Cauwelier, Foix, Kryske – Toris, Chiarelli – Césari, Puccar, Westwood, Stako, Van Rhijn. Entr. : Domergue.

 

Le grand retour de Snella à Saint-Etienne

Samedi 31 août 1963. Saint-Etienne-Valenciennes : 1-1

Saint-Etienne retrouve la Division 1 après un an de purgatoire à l’étage inférieur. Roger Rocher est un homme heureux. Il a réussi à convaincre Jean Snella de revenir à Saint-Etienne. Quatre ans d’exil pour celui qui a conduit les Verts à leur premier titre de champion de France en 1957, c’est long. Mais depuis Genève où il entraînait le Servette, il s’est toujours tenu au courant de ce qui se passait dans la cité minière. Comme s’il savait qu’il reprendrait sa place sur le banc du stade Geoffroy-Guichard.

Jean Snella est de retour à Saint-Etienne. Il est assis à côté de Roger Rocher, son président.
Jean Snella est de retour à Saint-Etienne. Il est assis à côté de Roger Rocher, son président.

Place aux jeunes

Le club n’a pas les moyens de pratiquer une politique de vedettes, Aux Mekloufi, Foix, Ferrier, Tylinski, Herbin, Domingo, il compte bien associer les jeunes Polny, Epalle, Mitoraj, Sbaïz ou encore Veggia. La seule « entorse » que s’est autorisé l’ASSE concerne l’arrivée du gardien international nîmois Pierre Bernard. Comme à son accoutumée, le club stéphanois pourra compter sur un grand gardien.

Pierre Bernard blessé

En ouverture du championnat, Saint-Etienne reçoit Valenciennes. Son nouveau gardien s’est blessé contre Grenoble en Coupe de la Ligue. Pour le remplacer, il peut compter sur Donoyan dont le statut amateur n’en fait pas moins un gardien d’un bon niveau.
Snella préfère Sbaïz à Polny qui effectue son service militaire.

Pierre Bernard, un gardien international dans les buts stéphanois.
Pierre Bernard, un gardien international dans les buts stéphanois.

Le tandem Herbin-Mekloufi

7 241 spectateurs se sont déplacés pour le retour de « Monsieur Jean » à Saint-Etienne. Parmi eux, Henri Guérin, le sélectionneur de l’équipe de France, est venu superviser quelques prétendants à la sélection.
Face à une valeureuse équipe valenciennoise, Saint-Etienne impose son jeu grâce à l’inspiration et le dynamisme de son duo Herbin-Mekloufi qui s’entendent comme larrons en foire.
Contre le cours du jeu, les hommes de Domergue ouvrent le score par Bonnel sur un tir anodin. Le gardien remplaçant des Verts juge mal la trajectoire du ballon et concède un but « stupide ».
Il faut attendre la 42e minute pour voir Epalle, pourtant dans un jour « sans », égaliser. Malgré des tentatives de Mekloufi, Foix ou Domingo, les Verts se contentent d’un match nul. Jean Snella espérait sûrement mieux pour son grand retour à Geoffroy-Guichard.
Henri Guérin, quant à lui, a été impressionné par la vitalité de Robert Herbin qui a une nouvelle fois éclaboussé par son talent le match.

Buts.- Epalle (42e) pour Saint-Etienne ; Bonnel (31e) pour Valenciennes.
Saint-Etienne : Donoyan – Casado, Tylinski, Sbaïz – Domingo, Ferrier – Hartmann, Herbin, Epalle, Mekloufi, Foix. Entr. Snella.
Valenciennes : Labalette – Mayet, Provelli, Matzki – Piumi, Kocik – Valnet, Bonnel, Preseau, Breuvart, Guillon. Entr. : Domergue.

La belle semaine de Michel Platini

22 novembre 1981. Saint-Etienne-Valenciennes : 5-1.

Le 18 novembre 1981, L’équipe de France de Michel Hidalgo affronte les Pays-Bas de l’ancien stratège des Verts des années 50, Kees Rijvers.
Si les Bleus s’imposent, les portes du Mondial espagnol seront grandes ouvertes. Pourtant, il faut attendre la 51e minute pour voir les Bleus obtenir un coup franc bien placé sur la droite du but de Van Breukelen, le gardien néerlandais. Michel Platini se charge de le tirer. D’un tir brossé au dessus du mur à mi-hauteur, il laisse le portier adverse sans réaction. Six (82e) achève les coéquipiers du Stéphanois Johnny Rep. Une dernière victoire contre Chypre et la France obtiendra son ticket pour le Mondial.

Vidéo de l’INA : le coup-franc de Michel Platini contre les Pays-Bas le 18 novembre 1981.

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Quatre jours après ce match international, les Stéphanois reportent leurs efforts sur le championnat. Robert Herbin retrouve ses cinq internationaux pour recevoir Valenciennes. Avant cette dix-neuvième journée, ils sont déjà champions d’automne.

Dans L’Equipe du 21 novembre 1981, Jean-Louis Zanon, le défenseur des Verts, parle des coup-francs de son « professeur ».

ZANON

A domicile, les Stéphanois sont intraitables depuis quelques mois. Castaneda n’a encaissé qu’un seul but dans le Chaudron depuis le début du championnat.
Il ne faut que vingt-six minutes aux Verts pour voir le Danois Benny Nielsen tromper Bas, le gardien nordiste avant que le sauveur des Bleus ne commence son show. Il inscrit quatre buts tous aussi différents les uns des autres. Le numéro 10 des Verts est en état de grâce et achève sa semaine de la plus belle des manières.

Michel Platini auteur de quatre buts contre Valenciennes. En second plan, Jean-Louis Zanon.
Michel Platini auteur de quatre buts contre Valenciennes. En second plan, Jean-Louis Zanon.

Le 12 mai 1973, Michel Platini a inscrit ses deux premiers buts en Division 1 avec Nancy contre… Lyon. Avec ce quadruplé contre Valenciennes, il porte son total à 148 réalisations dont 50 sous le maillot vert.

Au terme des matches allers, Saint-Etienne est champion d’automne avec 29 points, soit trois de plus que ses poursuivants Monaco et Sochaux, possède la meilleure attaque (43 buts), la meilleure défense (17 buts) et le meilleur buteur avec Platini (14 buts).

Buts.- Saint-Etienne : Nielsen (26e), Platini (37e, 45e, 60e, 76e) ; Valenciennes : Jacques (58e).
Saint-Etienne : Castaneda – Battiston, Oleksiak, Lopez, Janvion – Zanon, Larios, Platini, Nogues (Paganelli, 46e), Nielsen, Rep. Entr. : Herbin.
Valenciennes : Bas – Duez, Gillot, Sokal, Tihy – Rabier, Zaremba (Lefebvre, 65e), Pesin – Jacques, Tyc, Nagiel. Entr. : Wilczek.

 

Laurent Roussey seul aux commandes

Le 11 août 2007. Saint-Etienne-Valenciennes : 3-1.

Le 1er juin 2007, Laurent Roussey, l’ex-prodige des années 80 de l’AS Saint-Etienne, devient le nouvel homme fort du domaine technique stéphanois. Âgé de quarante-cinq ans, l’ancien adjoint du Tchèque Ivan Hasek, démis de ses fonctions, ne manque pas d’ambition et espère bien le démontrer au sein du club qui l’a révélé le 19 novembre 1975, alors qu’il n’avait pas encore quatorze ans.

Le 21 novembre 1975, L’Equipe relate les premiers pas de Laurent Roussey à Geoffroy-Guichard à l’occasion d’un match amical entre les juniors de Saint-Etienne et ceux du Dynamo Kiev .

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Un peu moins de trente-deux ans après sa première apparition en vert, Laurent Roussey va connaître son baptême du feu sur le banc de Geoffroy-Guichard à l’occasion de la venue de Valenciennes lors de cette deuxième journée de championnat. Il veut s’inscrire dans la lignée de ses illustres prédécesseurs qu’étaient Herbin, Batteux ou encore Snella.

Laurent Roussey, le nouvel entraîneur des Verts.
Laurent Roussey, le nouvel entraîneur des Verts.

Pour ses débuts à Geoffroy-Guichard devant plus de 30 000 spectateurs, ses joueurs ne le déçoivent pas. Gomis (19e) puis Feindouno (70e et 90 +1) enchantent le Chaudron en offrant à leur nouvel entraîneur une victoire annonciatrice d’une belle saison.

Buts.- Saint-Etienne : Gomis (19e), Feindouno (70e, 90 + 1) ; Audel (87e) pour Valenciennes.
Saint-Etienne : Janot – Perrin (cap.), Varrault, Nivaldo, Tavlaridis, Dabo – Matuidi, Landrin, Payet (Guarin, 59e), Feindouno – Ilan, Gomis (Sall, 72e). Entr. : Roussey.
Valenciennes : Penneteau – Ducourtioux, Ouaddou (cap.), Chelle, Mater (Rippert, 77e) – Doumeng, Jeovanio, Sanchez, Bezzaz (Belmadi, 57e)- Savidan (Audel, 68e), Pujol. Entr. : Kombouaré.