Objectif Glasgow 76 – Tirage au sort : ce sera le PSV Eindhoven

PSPhoto pleine page

Dernier blog : Ces Verts que rien ne semble arrêter

♦ ♦ ♦

Vendredi 19 mars. A peine la qualification digérée, les Stéphanois doivent penser à leur futur déplacement à Nantes. Mais avant cela, ce vendredi, c’est du côté de la Suisse que les regards sont tournés.

Garonnaire est à Zurich

FranceFootball, 23 mars 1976.
FranceFootball, 23 mars 1976.

La dernière fois que Pierre Garonnaire s’est déplacé à Zurich, c’était le 14 janvier. Ce jour-là, Dominique Rocheteau fêtait ses 21 ans. Un peu plus de deux mois après, le directeur sportif stéphanois est de retour à l’hôtel Atlantis. C’est ici, dans le prestigieux hôtel de la ville qu’il a rendez-vous pour la cérémonie traditionnelle du tirage au sort des demi-finales de la Coupe d’Europe des Clubs Champions. Dans les salons de l’hôtel il croise un autre Français : François Remetter, l’ancien gardien de l’équipe de France des années 50.

Les pronostics vont bon train

Quel que soit le tirage effectué à midi par M. Artemio Franchi, il ne pourra donner satisfaction à l’ensemble de l’effectif de Robert Herbin. La qualification contre le Dynamo Kiev (3-0) a ouvert les appétits à Saint-Etienne. Du côté du stade Geoffroy-Guichard, les pronostics vont bon train. A commencer par les supporters qui rêvent d’un déplacement à Madrid, voire d’une revanche contre le Bayern Munich, bourreau des Verts un an auparavant. En bon capitaine, Jean-Michel Larqué souhaite retrouver le Bayern Munich alors que Patrick Revelli, Dominique Bathenay et Christian Synaeghel rêvent de rencontrer le Real Madrid « pour avoir la chance de jouer dans le temple du football qu’est le stade Bernabeu », dixit le « Ch’ti » de l’équipe. Dominique Bathenay est moins exigent puisqu’il veut rencontre les « merengues » « uniquement pour le plaisir. »

Robert Herbin, comme l’ensemble de ses joueurs, attend avec impatience son futur adversaire pour les demi-finales de la Coupe d’Europe des Clubs Champions.

A Madrid, rencontrer Saint-Etienne à ce stade de la compétition ne serait pas pour déplaire à M. Mijlanic. Quand il parle des Stéphanois, l’entraîneur yougoslave du Real ne tarit pas d’éloges à leur encontre. « C’est formidable ce que les Stéphanois ont fait là et les Français peuvent être fiers d’avoir une telle équipe. Je suis vraiment heureux, car c’est le fruit d’un travail et on peut considérer cela comme la renaissance du football français. » S’il refuse de se livrer au moindre pronostic concernant le tirage au sort, il a néanmoins une pensée amicale pour son compatriote Ivan Curkovic : « Je suis fier de lui. C’est mon garçon Curkovic ! Il a connu sa première sélection sous mes ordres et j’admire sa conscience et sa valeur professionnelles. Je connais Curkovic depuis des années et je suppose qu’il n’est pas étranger totalement à cette éclosion de Saint-Etienne. »

De son côté, Robert Herbin n’a pas de préférence. Pour lui, à ce stade de la compétition, toutes les équipes sont d’égale valeur. « Nous avons battu, mercredi, l’équipe qui était considérée comme la meilleure d’Europe. »

A Eindhoven, Hajduk Split et Tomislav Ivic ont cédé sous les coups de boutoir des frères Van de Kerkoff. Kees Rijvers, l’entraîneur du PSV et ancien joueur de l’ASSE des années 50-60, ne dissimule pas sa satisfaction. Secrètement, il espère que le tirage au sort désignera l’AS Saint-Etienne comme adversaire des « Rouges ». Cela lui donnerait l’occasion de revoir le club et un stade où il a accompli de nombreux exploits. « Je connais bien Dynamo Kiev. confie-t-il. Ce qu’ont fait les Stéphanois est vraiment formidable. »

Comme son entraîneur, Christian Lopez ne divulgue aucune préférence. Son seul souhait est de disputer le match retour à domicile. « J’avais dit avant la rencontre que si nous venions au bout de Kiev, nous irions jusqu’en finale. Je le crois un peu plus maintenant. Bien sûr, les trois équipes qui risquent de nous être opposées sont très fortes mais pas invincibles. »

Au stade Geoffroy-Guichard, « Radio-Monte-Carlo » a investi les lieux tôt dans la matinée. Quelques minutes avant l’annonce du futur adversaire de l’ASSE, Robert Herbin, Jean-Michel Larqué et Revelli, ont pris place dans le studio aménagé pour l’évènement. Munis d’un casque sur les oreilles, ils sont prêts à réagir en direct. A l’exception du président Rocher, en voyage d’affaires à Paris, joueurs et dirigeants attendent patiemment dans le grand salon du stade.

Madrid, Eindhoven ou Munich

Comme il est de coutume, on procède en premier lieu au tirage de la Coupe UEFA puis celle de la Coupe des Coupes. Arrive enfin celui de la plus prestigieuse des coupes d’Europe, la Coupe des Clubs Champions. M. Franchi plonge la main dans l’urne et prononce le mot « AS SAINT-ETIENNE ». Pierre Garonnaire fait la moue.

Dans le studio de Radio-Monte-Carlo, Herbin fait la grimace. Il ne connaît pas encore le nom de son adversaire mais il sait déjà que le match retour n’aura pas lieu dans son stade fétiche. M. Franchi replonge la main pour désigner le nom de « PSV EINDHOVEN ». Voilà, le sort est jeté.

Garonnaire est déçu

Pierre Garonnaire perd quelque peu de sa superbe. La désignation du club hollandais ne l’enchante guère : « J’aurais préféré le Real Madrid, ce club qui pour moi est synonyme de spectacle, de prestige. Disputer le premier match à domicile peut poser un problème psychologique. » A côté de lui, François Remetter est plus optimiste : « Il faut y croire. Eindhoven est une équipe solide qui lutte dans un championnat national, un des plus durs en Europe. Mais c’est aussi une équipe qui a beaucoup moins d’expérience des compétitions européennes que le Bayern ou le Real. »

Contrairement au Dynamo Kiev, Garonnaire n’aura pas beaucoup de temps pour aller superviser son adversaire et organiser le déplacement retour. En consultant le calendrier du PSV, il s’aperçoit qu’il n’aura même qu’une seule occasion d’aller voir évoluer l’adversaire des Stéphanois. Le 27 mars, Eindhoven reçoit l’Ajax en championnat. Inutile de dire que la date est déjà cochée sur son agenda.

M. Ben Van Gelder, le directeur administratif du club hollandais a du mal à cacher sa satisfaction. A l’instar de Rijvers, ses souhaits les plus profonds ont été exaucés. « Rencontrer l’AS Saint-Etienne et jouer le match aller à Saint-Etienne, c’était ce que nous espérions. C’est un avantage très important. La décision se fera chez nous, à Eindhoven. »

Aucun tirage n’est facile mais l’annonce du club hollandais redonne le sourire à l’entraîneur stéphanois. « Bien sûr, nous aurions préféré jouer d’abord en Hollande. Nous allons leur poser des problèmes à ces Hollandais. Après tout, nous avons éliminé Kiev qui la saison dernière avait battu Eindhoven en Coupe des Vainqueurs de Coupe (0-3, 2-1). Contre le Bayern, nous avions considéré que c’était une sorte d’apothéose. Cette fois, nous allons voir les choses sous un autre angle et rechercher la qualification.

Avant d’aller à Split, Rijvers m’avait téléphoné pour obtenir des renseignements sur le champion de Yougoslavie qu’il vient d’éliminer. Je vais lui demander en contrepartie des renseignements sur l’équipe du PSV Eindhoven, il me doit bien ça… », conclut Herbin en forme de boutade.

« Notre objectif, c’est Glasgow où se jouera la finale. »

Robert Herbin

A côté de lui, Jean-Michel Larqué regrette lui aussi l’ordre des rencontres : « Nous avions tous rêvé du Real Madrid mais nous ne pouvons qu’accepter notre sort. Le fait de jouer le premier match à domicile ne nous avantage pas. Mais il faut s’y faire. » Hervé Revelli semble le plus serein des trois invités. « Nous avons battu Kiev le grand favori, nous partirons donc à égalité avec les Hollandais. »

« Jouer la finale serait un beau fleuron à ma carrière. »

Hervé Revelli

Patrick Revelli
Patrick Revelli est confiant après le tirage au sort qui a désigné Eindhoven à Saint-Etienne.

Dans le grand salon, Me Fiéloux, MM. Dumas et Brunel paraissent inquiets. « Sur le plan de l’organisation, notre tâche sera très difficile, dit M. Dumas. Le délai est un peu court pour préparer un tel match. Il faut en quelque sorte continuer sur la lancée d’ASSE-Kiev. Dès ce soir, il faut commencer à travailler très sérieusement. »

Patrick Revelli, ragaillardi par sa performance de premier ordre contre les Ukrainiens, se veut optimiste. Après Kiev, quel club pourrait bien empêcher Saint-Etienne d’accéder à la finale ? « Ce sera un rude adversaire mais il ne peut pas être plus valeureux que le champion d’URSS. Nous réussirons peut-être où nous avons échoué la saison dernière à condition qu’il n’y ait pas de la neige comme contre le Bayern. »

L'Equipe, 20 mars 1976.
L’Equipe, 20 mars 1976.
rijvers_003
Kees Rijvers retrouve Saint-Etienne. Son souhait est exaucé.

Les Hollandais ont surpris nombre d’observateurs en triomphant des Yougoslaves de Split. Aux tours précédents, le PSV a éliminé Belfast (2-1, 8-0), Chorzów (3-1, 4-0) et Split (0-2, 3-0 au terme des prolongations). Si Herbin a fait la grimace, Kees Rijvers, en revanche, arbore un large sourire. « Trotinette » a vu son vœu exaucé. Il a toujours voulu rencontrer Saint-Etienne. L’homme comme le joueur n’ont laissé que de bons souvenirs. Il y a laissé aussi de nombreux amis comme Claude Abbes, Michel Tylinski mais aussi Jean Lauer. Il se réjouit déjà de les retrouver. C’est à Saint-Etienne qu’il a connu ses plus grands succès de footballeur avec notamment le premier titre de champion de France du club en 1957. Quand il parle de cette époque, les sentiments ressurgissent instantanément : « Jean Snella est le plus grand entraîneur que j’aie connu, lâche-t-il. Robert Herbin et moi avons joué ensemble devant ce public stéphanois qui, je suis certain, est encore aussi « amateur » du bon football qu’à mon époque. »

Sur sa route, il va retrouver Robert Herbin, un homme qu’il connaît bien pour avoir joué avec lui lors de la saison 1961-62. Après trois passages comme joueur à l’ASSE (1951-53, 1955-57 et 1960-62), il y reviendra cette fois en qualité d’entraîneur. Depuis, les deux hommes, devenus entraîneurs, s’apprécient énormément. Ils s’appellent de temps à autre et leur dernière rencontre remonte au mois de juin. Peu avant le début de l’été, ils avaient été conviés par Jacques Didier, un ami commun, à un grand rassemblement des anciens joueurs de l’AS Saint-Etienne pour l’inauguration du nouveau terrain de l’Etrat, . En se quittant, ils s’étaient donnés rendez-vous à Glasgow pour la finale de la Coupe d’Europe. Le sort en a décidé autrement.

L'Equipe, 20 mars 1976.
L’Equipe, 20 mars 1976.

« Si Rijvers joue, c’est moi qui le marquerai ! »

Robert Herbin

♦ ♦ ♦

Le Chaudron se visite aussi

Le Musée des Verts a fêté son deuxième anniversaire. Vous pouvez visiter le stade Geoffroy-Guichard. Le billet d’entrée combiné « stade Geoffroy-Guichard/Musée des Verts » permettra aux supporters de visiter le stade et le musée le même jour ou de visiter le musée ultérieurement, votre ticket étant valable un an à compter de la date d’achat.

Pendant une heure, les supporters des Verts pourront découvrir les coulisses du Chaudron au cours d’une visite guidée exceptionnelle: salle de presse, vestiaire de l’ASSE, couloir d’accès au terrain avec la mythique inscription « Ici, c’est le Chaudron », bord de pelouse, salon des Présidents… Ils pénétreront ainsi dans les lieux habituellement réservés aux joueurs, staffs, dirigeants et officiels.

Rénové dans le cadre des quatre rencontres de l’Euro 2016 programmées à Saint-Etienne, le stade Geoffroy-Guichard appartient à la communauté d’agglomération Saint-Etienne Métropole. Cette rénovation est l’œuvre des architectes de Chaix & Morel et Associés et une réalisation de la société Léon-Grosse. Geoffroy-Guichard est un stade mythique mais désormais également design et écologique.

TARIFS
Plein tarif :
15€.
Tarif réduit : 12€ (+ de 60 ans, -18 ans, étudiants, PMR, demandeurs d’emploi, CE de 20 personnes et plus, groupes de 10 personnes et plus).
Etablissements scolaires et clubs de football amateurs : 10€.
Pack « famille » (2 adultes + 2 enfants) : 42€.

IMG_3853

« C’est notre plus belle victoire… »

Quatorze anciens Verts se sont retrouvés au Musée des Verts pour le vernissage de l’exposition « 40 ans après… Retour sur l’épopée des Verts », visible jusqu’au 15 mai 2016. L’occasion pour les instigateurs de la meilleure saison de l’histoire du club de se remémorer les moments qui ont façonné l’une des plus belles pages du sport français. Retrouvez les anciens Verts sur :

ASSE.fr

mms_img1216502069

Plus de 112 580 visiteurs ont parcouru le Musée des Verts depuis son ouverture le 20 décembre 2013. Et vous ?

http://www.museedesverts.fr

AfficheOK

Publicité

Auteur : surlaroutedesverts

Comme Obélix, tout petit, je suis tombé dans le Chaudron. Et je n’en suis jamais sorti. Mon premier souvenir d’un match des Verts remonte au 17 mars 1976. Ce soir-là, Saint-Etienne s’offre une qualification pour les demi-finales de la plus prestigieuse des Coupes d’Europe face au Dynamo de Kiev. Quel plus beau cadeau, le jour de mes 9 ans, que de voir Dominique Rocheteau, Charentais maritime comme moi, faire exploser le stade Geoffroy-Guichard. A travers ce blog, je vous propose de revivre huit décennies de moments forts de l’histoire du club, d’anecdotes croustillantes, de personnages emblématiques et de  matches inoubliables dans une ambiance unique en France…

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s

%d blogueurs aiment cette page :