Dernier blog : Nice-Saint-Etienne : un choc sous haute tension
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Lundi 15 mars. Le compte-à-rebours a commencé à Saint-Etienne. Après leur résultat nul à Nice (1-1), les Verts s’apprêtent à vivre l’un des moments les plus importants de leur carrière. Tenter de faire tomber le grand Dynamo Kiev considéré par beaucoup comme la meilleure équipe d’Europe.
« Cette équipe de Kiev ne peut être battue que si on lui empêche de pratiquer sa tactique qui lui fait conserver le ballon et en priver l’adversaire. Pour cela, il faut prendre les Russes à la gorge, leur imposer un rythme plus élevé, les harceler sans cesse. »
Roger Rocher
Par ces mots, le président stéphanois lance le match retour. Il sait que son équipe, encouragée par 40 000 supporters, peut faire vivre un enfer à ces Russes que l’on dit invincibles.
Les supporters de l’ASSE y croient, eux qui aiment à rappeler qu’au stade Geoffroy-Guichard, rien n’est impossible. « A Munich, notre équipe avait été ridiculisée par cette équipe du Bayern qui aurait pu marquer six buts, qui n’en réussit que deux. Or, le Bayern fut éliminé à Saint-Etienne au match retour par 3-0. »
Dans les rues de la ville, les habitants ne vivent plus qu’au rythme de « leurs Verts ». Les voitures sont enrubannées aux couleurs du club, les pare-soleil « Allez les Verts » fleurissent sur les pare-brise des véhicules. Le président Rocher se réjouit d’une telle effervescence. « D’après un sondage et une estimation, dit-il, ce match Saint-Etienne-Kiev devrait rapporter au commerce local plus d’un milliard de chiffre d’affaires tant l’on viendra de loin pour y assister. »
La tribune de presse refuse du monde
A évènement exceptionnel, affluence exceptionnelle. Comme pour la vente de billets, les accréditions pour cette rencontre ont afflué au siège de l’ASSE. La tribune de presse du stade Geoffroy-Guichard ne peut accueillir plus de journalistes que de places assises. Trop petite pour satisfaire les nombreuses demandes, les dirigeants stéphanois ont dû refuser du monde. Sur les 200 demandes d’accréditations demandées, seules 120 ont reçu l’aval du club. Parmi les heureux bénéficiaires, on note un journaliste de Madrid, un autre de Barcelone, ainsi que quatre Suisses, deux Belges et un Polonais. Les télévisions seront bien présentes puisqu’on en dénombre trois sans oublier cinq radios françaises et une Suisse.
Herbin décrète le huis clos
Robert Herbin souhaite préparer en toute tranquillité ce quart de finale retour de la Coupe des Clubs Champions. Pour cela, il a décidé d’appliquer la même méthode que les jours qui avaient précédé le départ pour Simferopol. Les supporters sont ainsi privés d’entraînement. Les plus débrouillards contournent sans scrupule les consignes et n’hésitent pas à escalader le mur de l’enceinte parsemé de barbelés, quitte à y laisser un vêtement en route. Seuls les journalistes, radio-reporters et photographes sont autorisés à approcher les joueurs.
La première bonne nouvelle de la semaine concerne les conditions météorologiques. Alors que les bulletins prévoyaient des chutes de neige sur le Massif Central, en ce début de semaine, Saint-Etienne a été épargnée. L’entraîneur stéphanois y voit comme un signe. Il sait qu’un terrain enneigé avantagerait à coups sûrs les Soviétiques.

A l’abri des regards, les joueurs stéphanois se préparent sans se soucier de l’extérieur. Pour ce premier entraînement matinal de la semaine, Il a composé trois équipes de cinq réparties comme suit : la première compte dans ses rangs Janvion, Hervé Revelli, Farison, Santini et Schaer. La deuxième, reconnaissable avec son chasuble blanc, est emmenée par Bathenay, Synaeghel, Patrick Revelli, Repellini et Vesir. Enfin, la troisième, en chasuble vert, est composée de Sarramagna, Larqué, Piazza et Lopez… Rocheteau resté aux soins, Robert Herbin fait office de cinquième homme. L’absence de son joueur ne veut pas dire pour autant qu’il s’inscrira sur la feuille de match !
« Bats-toi, Christian »
Sur un mini-terrain, les équipes s’affrontent à tour de rôle où les joueurs ne peuvent marquer que de la tête. Christian Sarramagna veut rattraper le temps perdu et fait admirer la précision de ses frappes. Cela ne semble pourtant pas suffire aux yeux de son entraîneur qui ne le lâche pas d’une semelle. « Bats-toi, Christian », lui lance-t-il d’un ton claquant.
A deux jours du rendez-vous contre Kiev, la nervosité prédomine. La tension chez les joueurs monte d’un cran. Sarramagna est réprimandé à plusieurs reprises par ses coéquipiers, ce qui finit par l’excéder. Sitôt l’entraînement terminé, il fonce aux vestiaires tête baissée en bougonnant. « J’en ai marre ! » Après la douche, il semble plus détendu même s’il a du mal à excuser les invectives qui lui ont été adressés.
« Je sais que je ne possède pas l’expérience internationale des autres Stéphanois. Mais moi, je dis que je me suis préparé comme jamais pour cette rencontre. »
Christian Sarramagna
Dans deux jours et pour la première fois de sa carrière, le Bayonnais sera titulaire pour un match de Coupe d’Europe. Face à Trochkine, le latéral droit du Dynamo qu’il s’apprête à croiser sur sa route, s’attend à un combat âpre : « J’ai longuement regardé comment jouait Trochkine, dit « Sarra ». Il n’est pas le plus méchant des Soviétiques, ni le plus facile à tromper. Il doit pourtant bien y avoir un moyen. »

Ivan Curkovic et Esad Dugalic s’entraînent à part. Sur le terrain synthétique, les deux gardiens sont soumis à rude épreuve par Robert Philippe, l’adjoint d’Herbin. Le gardien numéro un des Verts est déjà dans son match : « Pour moi, dans un tel match, les occasions ne comptent pas. Ce sont les buts. Je n’accepte pas que l’on parle de chance ou de malchance. Ca n’existe pas dans le vocabulaire du football. »
« Blokhine est plus fort que Surjak »

Depuis Simferopol, Gérard Janvion ne pense plus qu’au duel à venir avec Oleg Blokhine. Contrarié au match aller par le décès de sa mère et une cheville douloureuse, il espère bien prendre sa revanche ce 17 mars. « Blokhine n’est pas un véritable attaquant. On le voit aussi bien à droite qu’à gauche. Il est plus fort qu’un Surjak qui reste sur l’aile gauche. Vous le croyez derrière vous, lorsque vous vous tournez, il est à l’aile droite ou au milieu de terrain. Il est aussi rusé qu’un renard ! S’il opère au stade Geoffroy-Guichard, la peur au ventre, en se repliant, ma tâche sera facilitée. »
« Mon adversaire direct ne m’impressionne pas le moins du monde. Je le suivrai comme mon ombre. Et si ca veut rire… »
Gérard Janvion
Rocheteau inquiète
Dominique Rocheteau n’a pas pris part à la séance d’entraînement matinale. Allongé sur la table de massage, il fait grise mine. Victime d’une belle charge du Niçois Douis au stade du Ray, l’ailier stéphanois souffre d’un gros hématome au mollet droit. Le kiné Filiol s’active avec ses compresses chaudes pour tenter de le remettre sur pied. « La douleur est toujours vive, grimace Rocheteau. Si ça ne s’améliore pas d’ici mercredi matin, je serais obligé de déclarer forfait la mort dans l’âme. » Info ou intox ? Toujours est-il que le président Rocher, peiné par cette situation, avait tenu publiquement à rassurer son joueur :
« Il est préférable que tu ne joues pas, car à choisir, nous préférerions perdre la Coupe d’Europe que de te perdre pour le reste de la saison. »
Roger Rocher
Pierre Poty ne l’entend pas de cette oreille. Pour lui, il ne fait aucun doute que Rocheteau sera au coup d’envoi contre Kiev. « Je crois qu’il pourra s’aligner au coup d’envoi mercredi. Pour ma part, sauf complications, je donnerai le feu vert. »
Comme à chaque veille de grand rendez-vous, le docteur de l’ASSE s’attend à quelques jours bien chargés. En bon habitué des soirées européennes qu’il est, il sait que quelques joueurs vont lui rendre visite pour des pépins, qu’ils soient d’ordre physique ou tout simplement moral.
« Je suis agité et m’endors difficilement. Je vois des ballons partout… et je shoote à longueur de nuit… en manquant souvent la cage ! Il m’arrive même au premier poteau de faire une tête et de tomber du lit ! »
Hervé Revelli
Après le match contre Nice, Hervé Revelli se plaignait d’un mal de reins. Après auscultation, l’avant-centre stéphanois s’est entendu dire : « Ce n’est rien, c’est le printemps. » Il est reparti en sifflotant.

« Nous avons une chance de nous qualifier »
Pierre Garonnaire a vu jouer le Dynamo Kiev à de nombreuses reprises. Pour l’homme à tout-faire stéphanois, le sort de son équipe pourrait venir de la météo. Il espère que le temps clément va se poursuivre jusqu’à jeudi. « Je viens à nouveau d’entendre les commentaires que j’ai faits, alors que notre caméraman fixait sur la pellicule les phases du match de Simferopol, et je suis persuadé que nous avons joué en dessous de nos possibilités, mais que les Russes ont souvent mieux joué aussi. Je crois que l’état du terrain, très lourd, y a été pour quelque chose. Si la pelouse reste aussi bonne qu’aujourd’hui, je crois que nous avons une chance de nous qualifier pour les demi-finales comme l’an dernier. »

Les Ukrainiens sont arrivés
Il est 14 h 30 ce lundi quand le Tupolev en provenance de Tchécoslovaquie se pose sur le sol français. A son bord, la délégation soviétique est composée de 24 passagers dont 16 joueurs. Un seul journaliste a accompagné le Dynamo Kiev : M. Maslatchenko, commentateur de la télévision, parle correctement le français. Ancien international, il compte 20 sélections. « J’ai joué en équipe nationale en tant que remplaçant de mon ami Yachine dans les buts quand celui-ci était indisponible. » A ceux qui s’interrogent pourquoi il est le seul à avoir fait le déplacement, il explique que « les journalistes russes préfèrent travailler devant leur poste de télévision et se contenter de mes commentaires. »
La délégation soviétique est accueillie par M. Hubermann, un dirigeant de l’ASSE, qui est lui-même accompagné d’un interprète. Après avoir rempli les formalités d’usage, elle quitte l’aéroport de Lyon-Satolas direction le bel hôtel Astoria de Saint-Etienne. Onitchenko que l’on disait blessé est bien présent. A leur arrivée, Blokhine et ses coéquipiers ne tardent pas à prendre possession de leurs chambres qu’ils jugent suffisamment spacieuses. Roger Rocher qui s’était plaint du manque de confort à Simferopol, avait prévenu :
« Ils logeront dans l’un des meilleurs hôtels de la ville et ce n’est pas moi qui les en empêcherait. Ce serait ridicule. »
Roger Rocher
Premières foulées au stade Geoffroy-Guichard
Après une sieste réparatrice, à 19 heures, Valeri Lobanovski emmène ses joueurs au stade Geoffroy-Guichard pour une première prise de contact. Devant une centaine de curieux, il leur concocte un footing en guise de décrassage. A l’issue de ce premier galop en terre stéphanoise, l’entraîneur ukrainien, à défaut de dévoiler ses plans, ne cache pas l’objectif avoué : « Nous sommes venus dans l’intention d’obtenir le match nul qui nous qualifierait pour les demi-finales. Un score de 2-2 par exemple donnerait satisfaction aux spectateurs et cela prouverait que le jeu a été très bon. » Pas sûr que les Stéphanois l’entendent de cette oreille.
De retour à l’hôtel Astoria, ils se mettent à table à 21 heures. Pour leurs hôtes, le maître d’hôtel est aux petits soins. On apprend notamment que les Soviétiques n’aiment pas les pommes rissolées mais adorent en revanche les crudités. Autre met apprécié des pensionnaires de l’Astoria, le « Sarrasson », le poulet rôti ou encore la salade niçoise. En revanche, ils ne goûtent guère à l’eau plate, préférant de loin l’eau minérale.

Thierry CLEMENCEAU
Pendant ce temps-là…
♦ Félix Lacuesta est « out » pour une bonne quinzaine de jours. En voulant effectuer un ciseau contre le Red Star, il s’est fracturé une vertèbre. Quant à Boury, auteur d’un quadruplé contre cette même équipe audonienne, il souffre d’un ongle incarné.
♦ Saint-Etienne fait des émules. En avril, le Stade de Reims va effectuer une tournée au Cameroun. Et comme les Stéphanois, les Champenois joueront deux matches amicaux, l’un à Douala et l’autre à Yaoundé
Th.C.
Le Chaudron se visite aussi
Le Musée des Verts a fêté son deuxième anniversaire. Vous pouvez visiter le stade Geoffroy-Guichard. Le billet d’entrée combiné « stade Geoffroy-Guichard/Musée des Verts » permettra aux supporters de visiter le stade et le musée le même jour ou de visiter le musée ultérieurement, votre ticket étant valable un an à compter de la date d’achat.
Pendant une heure, les supporters des Verts pourront découvrir les coulisses du Chaudron au cours d’une visite guidée exceptionnelle: salle de presse, vestiaire de l’ASSE, couloir d’accès au terrain avec la mythique inscription « Ici, c’est le Chaudron », bord de pelouse, salon des Présidents… Ils pénétreront ainsi dans les lieux habituellement réservés aux joueurs, staffs, dirigeants et officiels.
Rénové dans le cadre des quatre rencontres de l’Euro 2016 programmées à Saint-Etienne, le stade Geoffroy-Guichard appartient à la communauté d’agglomération Saint-Etienne Métropole. Cette rénovation est l’œuvre des architectes de Chaix & Morel et Associés et une réalisation de la société Léon-Grosse. Geoffroy-Guichard est un stade mythique mais désormais également design et écologique.
TARIFS
Plein tarif : 15€.
Tarif réduit : 12€ (+ de 60 ans, -18 ans, étudiants, PMR, demandeurs d’emploi, CE de 20 personnes et plus, groupes de 10 personnes et plus).
Etablissements scolaires et clubs de football amateurs : 10€.
Pack « famille » (2 adultes + 2 enfants) : 42€.
« C’est notre plus belle victoire… »
Quatorze anciens Verts se sont retrouvés au Musée des Verts pour le vernissage de l’exposition « 40 ans après… Retour sur l’épopée des Verts », visible jusqu’au 15 mai 2016. L’occasion pour les instigateurs de la meilleure saison de l’histoire du club de se remémorer les moments qui ont façonné l’une des plus belles pages du sport français. Retrouvez les anciens Verts sur :
Plus de 112 250 visiteurs ont parcouru le Musée des Verts depuis son ouverture le 20 décembre 2013. Et vous ?
http://www.museedesverts.fr