DERNIER BLOG : Glasgow Rangers – Saint-Etienne :
Revelli et Rocheteau sont de retour (1/3)
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Ce mardi 4 novembre, la délégation stéphanoise s’est envolée pour Glasgow. Dans l’avion, Robert Herbin est songeur. A vingt-quatre heures d’une rencontre aussi importante pour son club, il livre la tactique qu’il compte adopter à Ibrox Park : « J’ai bien réfléchi et je pense de plus en plus qu’il faudra marquer un but pour se qualifier. Si nous ne pensons qu’à défendre, nous ne tiendrons pas jusqu’au bout. J’ai confiance en mes gars. Ils sont gonflés et ils savent jouer de la tête, ce qui n’était pas le cas de nos défenses lorsque nous avons affronté le Celtic en 1968. Ce qui compte avant tout, c’est que nous confirmions nos performances et notre place de demi-finaliste 1974-75. »
« Nous devrons prendre des initiatives et tenter de marquer. Ce serait une grave erreur de se contenter de défendre. Voyez Split au stade Geoffroy-Guichard. »
Jean-Michel Larqué

Fixer les défenseurs écossais
Dans cette optique, Roby a choisi de jouer avec trois attaquants de pointe : Hervé Revelli, Dominique Rocheteau et Jean-Marc Schaer. Le premier, positionné à l’aile gauche, sera utile dans un rôle de relayeur capable d’ouvrir des brèches à ses coéquipiers du milieu de terrain. Rocheteau, son pendant sur l’aile droite, de par ses dribbles et sa vivacité, peut affoler à lui seul une défense alors que Schaer, positionné au centre, devra permuter avec Revelli et troubler un peu plus l’organisation des défenseurs écossais. Pour Herbin : « Les permutations entre Schaer et Hervé seront recommandées. Mais je vois mieux Schaer, plus athlétique et plus fonceur qu’Hervé, dans un rôle de sape sur les défenseurs centraux écossais, Revelli constituer un relais capital sur notre flanc gauche, sans négliger les travaux de finition. »

Le propos de l’entraîneur en chef stéphanois est relayé par Gérard Farison. Celui qui a disputé son premier match de Coupe d’Europe le 30 septembre 1970 contre Cagliari (1-0), estime que si son équipe défend trop, elle court à sa perte : « On ne sait pas défendre massivement comme certaines équipes, pense le défenseur stéphanois. Lorsque nous sommes sept ou huit en défense, nous ne sommes pas efficaces et nous encaissons des buts. » La défense aura un rôle prépondérant dans la bataille d’Ibrox Park. Elle devra contenir les assauts adverses sans qu’à aucun moment, ses nerfs ne craquent. Et si elle demeure imperméable durant la première demi-heure, ses chances de qualification seront alors réelles.
Bathenay et l’ambiance britannique
Le grand milieu de terrain aux yeux bleus ne craint pas l’ambiance promise par Wallace. « Je sais que l’ambiance des stades britanniques est infernale. Je n’ai vu qu’une fois un match fort calme en Angleterre, un Coventry-Manchester City en 1971, à l’occasion d’un voyage effectué avec les juniors de Saint-Etienne. J’espère et je pense que nous serons prêts désormais à affronter n’importe quel public et n’importe quelle ambiance. D’ailleurs, si nous devons en souffrir alors c’est que nous ne sommes pas dignes de jouer un rôle important dans la compétition. »

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Chez les Rangers
Après le match nul contre le Celtic (1-1) en Championnat d’Ecosse, Jock Wallace était satisfait à plus d’un titre : « Nous avons joué le meilleur football depuis des semaines. » Au sujet du but inscrit par son attaquant Parlane lors de ce derby, il le considère comme une mauvaise nouvelle pour les Verts : « Depuis ce but, la tension chez lui a disparu. Nous allons jouer pour marquer rapidement un but qui mettra la pression sur les Français. »
S’il essaie de rassurer et de se rassurer par la même occasion, l’entraîneur écossais craint Saint-Etienne. Le parcours européen des Stéphanois lors de la campagne 1974-75 n’est pas passée inaperçue en Europe, y compris en Ecosse : « Saint-Etienne était demi-finaliste de la Coupe d’Europe l’an dernier. On ne parvient pas à ce niveau en bénéficiant à chaque fois des bienfaits du hasard, reconnaît-il. Les champions de France sont solides, bien armés physiquement et techniquement. » S’il se méfie de cette équipe stéphanoise, il pense, en revanche, que son homologue stéphanois joue l’intox en annonçant que son équipe va attaquer : « Bien que Herbin ait désigné trois attaquants, je m’attends à ce que Saint-Etienne évolue en 4-4-2. C’est d’ailleurs de bonne guerre : c’est ce que nous avons appliqué au stade Geoffroy-Guichard. »
« Je promets trente minutes infernales, les trente premières. Je serais vraiment surpris si Curkovic n’encaissait pas deux buts durant cette période. »
Jock Wallace
Ce mercredi 5 novembre, à Glasgow, c’est jour de foot. Dans le Celtic Park, 70 000 supporters espéreront une victoire des leurs contre Boavista en Coupe des Coupes. A un mile de distance, 50 000 à 60 000 fans des Rangers prendront place dans le stade d’Ibrox Park.
Jock Wallace, l’entraîneur écossais, espère mener son équipe en quarts de finale. Pour cela, il doit d’abord franchir l’obstacle stéphanois. Pour préparer ses dix-sept joueurs dans les meilleures conditions, il a décrété une mise au vert de deux jours à Largs dans les vallons verdoyants d’Ayshire. « Nous n’avons jamais été dans le match au cours de la première édition, reconnaît-il. Mais cette fois, nos joueurs vont allumer le feu. » Et pour cela, il lance un appel à ses supporters :
« Je demande simplement aux supporters d’avoir la même foi que les joueurs. Je suppose que les Français sont un peu effrayés par l’ambiance qui les attend. Si nos fans nous supportent constamment, je suis sûr que nous irons en quarts de finale. »
Jock Wallace
« L’objectif, c’est 3 à 0 »
La victoire contre le Celtic a redonné du baume au cœur et un moral d’acier aux Rangers. Les Stéphanois doivent s’attendre à une tactique très différente de celle adoptée par Wallace au stade Geoffroy-Guichard. Pour Willy Waddell, le directeur du club : « L’objectif, c’est 3 à 0 ou 3 buts d’avance. » Pour refaire leur retard de deux buts, ce ne sont pas deux mais trois voire quatre attaquants qui seront alignés au coup d’envoi : Mac Lean, Stein, Parlane, Johnston et Young. Les Rangers se présenteront avec un visage résolument offensif. Ivan Curkovic s’est préparé à cette hypothèse : « C’est automatique, dit le Yougoslave. Mais de fait, ils seront plus faibles au milieu de terrain et donc plus vulnérables en défense. Il faudra donc contre-attaquer très vite. »

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Depuis quelques temps, Robert Herbin s’est remis à fumer. Est ce un moyen de conjurer le mauvais sort ? A quelqu’un qui lui demandait pourquoi il avait replongé, l’entraîneur stéphanois a avancé la réponse suivante :
« Regardez la marque, c’est tout simplement… une Celtic ! »
Robert Herbin
Le Celtic, ennemi des Rangers, a marqué Roby. Le 18 septembre 1968, en seizième de finale aller, les Stéphanois s’étaient imposé 2 à 0 au stade Geoffroy-Guichard. Le 2 octobre, ils sont balayés 4 à 0 et quittent la scène européenne. Sept ans plus tard, Herbin n’est plus sur le terrain mais il souhaite que ses joueurs effacent cette déroute en terre écossaise : « Ce sera une revanche que tous désireront ardemment, un peu comme devant Chorzów la saison dernière, alors que nous nous souvenions du Legia de Varsovie qui nous avait éliminés. D’ailleurs notre élimination devant le Celtic a été surtout l’œuvre d’un arbitre malhonnête qui nous avait véritablement « volés ». Durant toute ma carrière, je n’avais vu un aussi mauvais arbitrage. »

Chez les Stéphanois, ce match est préparé dans la plus grande sérénité. L’après-midi, après la traditionnelle sieste, les joueurs ont pris leur collation aux alentours de 16 heures. Herbin s’adresse ensuite à son équipe pour lui prodiguer ses derniers conseils et lui rappeler que l’AS Saint-Etienne formait une famille unie. « Les trois joueurs absents, Sarramagna, Merchadier et Patrick Revelli ont tenu à nous envoyer des télégrammes d’encouragement. » Les trois joueurs ne sont pas les seuls à envoyer leurs encouragements. Outre MM. Sastre et Sadoul, Michel Durafour, ministre stéphanois du travail, n’a pas oublié les siens : « Tous mes vœux de succès. Je serai comme tous les Français devant mon poste de télévision. » Enfin, un seul club français a tenu à encourager les Verts : le FC Nantes.
250 supporters stéphanois ont fait le déplacement jusqu’à Glasgow. Tous croient à la qualification de leur équipe. Un des vœux les plus chers pour les supporters stéphanois qui ont fait le déplacement jusqu’à Ibrox Park, c’est bien sûr que leurs protégés se qualifient pour les quarts de finale de la Coupe des Clubs Champions. Pour le tour suivant, ils n’ont qu’un souhait : le Dynamo Kiev. Dans 90 minutes, voire 120 en cas de prolongation, une partie de leur vœu sera peut-être exaucée.
Thierry CLEMENCEAU
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« C’est notre plus belle victoire… »
Quatorze anciens Verts se sont retrouvés au Musée des Verts pour le vernissage de l’exposition « 40 ans après… Retour sur l’épopée des Verts », visible jusqu’au 15 mai 2016. L’occasion pour les instigateurs de la meilleure saison de l’histoire du club de se remémorer les moments qui ont façonné l’une des plus belles pages du sport français. Retrouvez les anciens Verts sur :